Fil d'Ariane
LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT DU GUATEMALA
Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd’hui le rapport présenté par le Guatemala sur les mesures que le pays a prises pour donner effet aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Présentant ce rapport, Mme Ana Leticia Aguilar Theissen, Secrétaire présidentielle à la condition féminine du Guatemala, a souligné qu’il restait des difficultés à surmonter pour garantir la jouissance des droits humains des femmes guatémaltèques. Le Secrétariat présidentiel à la condition féminine est le mécanisme principal pour promouvoir les droits des femmes et le rôle de cette institution est très important, a-t-elle rappelé.
Des retards en terme de bien-être touchent la population autochtone et la population rurale, a poursuivi Mme Aguilar Theissen. Des défis subsistent notamment en termes d’égalité de salaires et d’accès au marché du travail, a-t-elle ajouté. Plus de la moitié du pays vit en situation de pauvreté, dont 58,8% de femmes, a par ailleurs fait observer la Secrétaire présidentielle. Malgré leur prépondérance démographique, les femmes n’occupent qu’en faible proportion les postes à responsabilité et ce, dans tous les domaines, a-t-elle souligné. Mme Aguilar Theissen a ensuite insisté sur la nécessité de développer des synergies au plus haut niveau pour mettre en place des politiques d’égalité entre les hommes et les femmes. Les autorités guatémaltèques ont mis en œuvre divers programmes spécifiques pour les femmes souffrant de handicap, pour les personnes LGBTI, pour les femmes autochtones, pour les femmes rurales et pour les femmes migrantes, a précisé la Secrétaire présidentielle.
La délégation guatémaltèque était également composée, entre autres, de Mme Carla María Rodriguez Mancia, Représentante permanente du Guatemala auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants du Ministère du travail et de la protection sociale, du Ministère de la santé publique et de l’assistance sociale, du Ministère de l’intérieur, de l’organe judiciaire, de la Cour constitutionnelle, de la Commission des femmes du Congrès, et de la Mission permanente du Guatemala auprès des Nations Unies à Genève.
La délégation a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les membres du Comité s’agissant, notamment, des mesures législatives prises aux fins de l’application de la Convention ; des femmes autochtones ; de l’incendie dans un foyer de jeunes filles ayant fait une quarantaine de victimes en mars dernier ; de la situations des défenseuses des droits de l’homme et des journalistes ; de la détention préventive ; du travail des enfants ; des travailleuses du sexe ; des stéréotypes sexistes ; des questions de nationalité, d’enregistrement des naissances et d’identité sexuelle ; des questions de santé, en particulier pour ce qui est des avortements et de la malnutrition ; ou encore de l’adoption.
Une experte s’est dite préoccupée par les fortes disparités entre riches et pauvres au Guatemala. Elle a regretté que la législation interne du pays ne reprenne pas la définition et l’interdiction de la discrimination directe et indirecte telles que prévues par la Convention. Les peuples autochtones ne bénéficient pas de la reconnaissance légale de leurs droits, a-t-elle en outre déploré. Une autre experte a évoqué la surpopulation carcérale, en soulignant que plus de la moitié des détenues se trouvaient en fait en détention préventive.
Une experte a attiré l’attention sur la persistance de graves problèmes concernant la mentalité patriarcale qui porte grandement préjudice aux femmes. Une autre a relevé qu’il n’y avait pas vraiment de participation des femmes dans la vie politique du pays.
Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Guatemala, qu’il rendra publiques à l’issue de la session, le 17 novembre prochain, date de la prochaine et dernière séance publique de cette 68ème session.
Présentation du rapport du Guatemala
Le Comité était saisi du rapport combinant les huitième et neuvième rapports périodiques du Guatemala, ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter que lui avait adressée le Comité.
Présentant ce rapport, MME ANA LETICIA AGUILAR THEISSEN, Secrétaire présidentielle à la condition féminine du Guatemala, a souligné qu’il restait des difficultés à surmonter pour garantir la jouissance des droits de l’homme des femmes guatémaltèques. Le Secrétariat présidentiel à la condition féminine est le mécanisme principal pour promouvoir les droits des femmes ; le rôle de cette institution est très important, a rappelé Mme Aguilar Theissen, avant de préciser qu’une stratégie a été mise en place pour en revoir les compétences. Les problèmes pour la gestion technique du Secrétariat sont encore en suspens, a-t-elle ajouté. L’objectif est que l’institution puisse améliorer les conditions de vies des femmes guatémaltèques, a-t-elle souligné. L’autre difficulté est d’assurer des financements pour les programmes d’égalité entre les hommes et les femmes, a poursuivi la Secrétaire présidentielle. L’équité homme-femme doit être intégrée dans le système national de planification, a-t-elle insisté. L’objectif est également que les financements aillent prioritairement aux personnes vulnérables dans le pays, a-t-elle déclaré.
Des retards en terme de bien-être touchent la population autochtone et la population rurale, a poursuivi Mme Aguilar Theissen. Des défis subsistent notamment en termes d’égalité de salaires et d’accès au marché du travail, a-t-elle ajouté. Plus de la moitié du pays vit en situation de pauvreté, dont 58,8% de femmes. Il est inquiétant de voir que dans l’économie informelle, il y a davantage de femmes que d’hommes ; ces femmes n’ont pas accès à la sécurité sociale, a par ailleurs fait observer la Secrétaire présidentielle à la condition féminine. Le travail non rémunéré est réalisé à hauteur de 88% par les femmes, a-t-elle indiqué, avant de préciser que 17% du PIB résultent du travail des femmes.
Le niveau de scolarité des filles est très bas ; la raison en est la faiblesse économique des femmes et le rôle de cheffe de famille qu’on leur octroie, a par ailleurs souligné Mme Aguilar Theissen. Quant au taux de fécondité, il a baissé de 5 à 3 enfants par femme, mais il reste situé à 5 enfants par femme pour celles en situation de pauvreté. Il faut prendre en compte le grand nombre de grossesses chez les adolescentes ; cela a des conséquences sur la santé physique et mentale de la mère ainsi que sur la santé des enfants, a ajouté la Secrétaire présidentielle.
Le recensement général de la population guatémaltèque enregistrait plus de 7 millions de personnes en 2016, parmi lesquelles plus de 4 millions de femmes, a ensuite précisé Mme Aguilar Theissen. Malgré leur prépondérance démographique, les femmes n’occupent qu’en faible proportion les postes à responsabilité et ce, dans tous les domaines, aussi bien au niveau des postes électifs que dans le secteur public et le secteur privé. Il y a néanmoins un progrès dans le domaine judiciaire, a fait observer Mme Aguilar Theissen.
Quelque 60% des victimes de violences sexuelles sont des filles âgées de 10 à 19 ans, a poursuivi la Secrétaire présidentielle à la condition féminine. Quelque 1988 plaintes pour féminicide ont été enregistrées depuis l’adoption de la loi qui criminalise le féminicide, a-t-elle précisé.
Mme Aguilar Theissen a ensuite insisté sur la nécessité de développer des synergies au plus haut niveau pour mettre en place des politiques d’égalité entre les hommes et les femmes ; le Secrétariat présidentiel s’efforce de renforcer ces synergies, a-t-elle indiqué. La Coordination nationale pour la prévention de la violence dans la famille et à l’égard des femmes (CONAPREVI) a été réactivée et un processus est en cours pour renforcer son mandat ; elle représente un instrument stratégique en matière de prévention et pour rendre leurs droits aux filles et adolescentes victimes de violences sexuelles.
Le Secrétariat présidentiel à la condition féminine est le référent national pour rendre opérationnel l’aspect équité dans tous les domaines au Guatemala, a poursuivi Mme Aguilar Theissen, insistant sur l’importance de disposer de référents solides pour mettre en œuvre les plans nationaux et le cadre juridique du pays et de renforcer les capacités techniques des fonctionnaires. Les efforts ne se limitent pas à la mise en œuvre de la Politique nationale de promotion et de développement intégral des femmes. Les autorités guatémaltèques ont mis en œuvre divers programmes spécifiques pour les femmes souffrant de handicap, pour les personnes LGBTI, pour les femmes autochtones, pour les femmes rurales et pour les femmes migrantes, a précisé la Secrétaire présidentielle.
Les autorités guatémaltèques travaillent sur une stratégie de contrôle de la conformité des politiques menées avec les conventions internationales auxquelles le pays est partie et de suivi systématique du respect des engagements pris dans ce contexte. Il s’agit également d’harmoniser les outils stratégiques de planification pour garantir les droits de la femme.
La Commission politique et technique des femmes, des enfants et des adolescents coordonne au niveau national, régional et départemental les politiques en matière de développement de la femme à tous les niveaux, a en outre indiqué la Secrétaire présidentielle. Le plan national de développement reprend le programme de l’accord de paix, qui est ancré dans le plan de développement durable, a-t-elle souligné. Le pays se trouve ainsi dans une situation plus positive pour harmoniser les politiques publiques avec les instruments internationaux auxquels il est partie.
Le Guatemala se félicite que le mariage des enfants ait été interdit par la loi, mais il s’agit seulement d’un premier pas, a d’autre part indiqué Mme Aguilar Theissen. Il faut mettre un terme aux mariages précoces et aux mariages forcés. Il faut prendre en compte les facteurs de pauvreté et les facteurs géographiques, car le phénomène persiste dans les zones rurales et pauvres, a insisté la Secrétaire présidentielle, soulignant que les parents pensent encore souvent que leurs enfants seront protégés grâce au mariage. La prévention implique d’agir dans plusieurs domaines, par le biais de politiques publiques et du renforcement des institutions, afin d’assurer des services de qualité dans les domaines de la santé, de l’éducation ou encore de la justice.
Pour conclure, la cheffe de la délégation a expliqué que les recommandations des organes conventionnels des Nations Unies sont au cœur de la stratégie de l’État guatémaltèque pour promouvoir les droits de l’homme.
Examen du rapport
Questions et observations des membres du Comité
Une experte s’est dite préoccupée par les fortes et graves disparités entre riches et pauvres au Guatemala. Elle a regretté que la législation interne du pays ne reprenne pas la définition et l’interdiction de la discrimination directe et indirecte telles que prévues par la Convention. Elle s’est ensuite enquise des mesures prises pour renforcer les capacités. Les peuples autochtones ne bénéficient pas de la reconnaissance légale de leurs droits, a-t-elle en outre déploré. Aussi, a-t-elle demandé si l’État entendait reconnaître l’existence des Afro-guatémaltèques dans les futures lois de recensement et de lutte contre les discriminations.
Une experte a demandé si le programme national de réparation disposait de suffisamment de fonds pour que les femmes obtiennent réparation et puissent récupérer leurs terres. Elle a en outre demandé ce qui était fait pour protéger les femmes défenseuses des droits de l’homme et les journalistes, qui font aujourd’hui l’objet de harcèlements.
Une experte a demandé si le Bureau pour la défense des droits des femmes autochtones était habilité à recevoir des plaintes émanant de ces femmes pour violation de leurs droits. Cette même experte s’est ensuite enquise des conditions de vie des détenues, compte tenu de la surpopulation carcérale, en soulignant que plus de la moitié des détenues se trouvaient en fait en détention préventive.
Une autre experte a demandé comment les autorités guatémaltèques comptaient renforcer les mécanismes de défense des droits des femmes. Elle a aussi souhaité savoir pourquoi il y avait des difficultés à mettre en place un Ministère de la femme.
Une experte a relevé qu’il y avait au Guatemala un manque de compréhension ou de connaissance quant à l’utilisation des mesures temporaires spéciales.
Une experte a attiré l’attention sur la persistance de graves problèmes concernant la mentalité patriarcale qui porte grandement préjudice aux femmes, lesquelles sont victimes de violences voire de meurtres. Cette experte a ensuite évoqué la catastrophe survenue en mars dernier dans un foyer de jeunes filles près de la capitale, qui a coûté la vie à 40 mineures ayant péri dans l’incendie de leur foyer après y avoir manifesté contre leurs conditions de vie. Elle a demandé ce qu’il en était de la protection des filles dans le pays. Elle s’est en outre enquise de ce qui est fait pour lutter contre les stérilisations forcées.
Une autre experte a estimé que les mesures prises pour lutter contre la traite d’êtres humains n’étaient pas assez orientées vers les femmes. Elle a demandé des informations sur la mise en œuvre de la loi contre la traite et sur les structures proposées aux jeunes filles dans ce contexte. Cette experte a en outre relevé que les fonctionnaires de l’Inspection du travail n’étaient pas suffisamment formés pour déceler les cas de travail forcé. Elle a par ailleurs souhaité savoir si les femmes agents de police participaient aux enquêtes sur les cas d’abus sexuels. Elle s’est ensuite enquise des mesures prises pour garantir la transparence de l’adoption internationale et mettre fin aux trafics de bébés.
Une experte a demandé des informations sur les mesures censées assurer la fin de l’impunité pour les violences faites aux femmes durant le conflit et dans la période post-conflit.
Une autre experte a souhaité savoir si l’État guatémaltèque faisait des efforts pour inclure une dimension sexospécifique dans l’ensemble de sa législation. Elle a en outre fait observer qu’il n’y avait pas assez de foyers dans le pays pour les femmes victimes de violences.
Une experte a fait observer que les campagnes de sensibilisation ne suffisent pas à mettre fin aux stéréotypes discriminatoires.
Une autre experte a relevé qu’il n’y avait pas vraiment de participation des femmes dans la vie politique du pays ; seule une femme autochtone fait aujourd’hui partie du Congrès et les femmes dirigent seulement trois des seize ministères. Toutes les femmes au Guatemala ont-elles accès à des papiers d’identité leur permettant d’exercer leurs droits de citoyennes, a-t-elle d’autre part demandé ? Elle a ensuite souhaité savoir pourquoi le Congrès refusait de mettre en œuvre une politique de quotas.
Il semble que selon la loi en vigueur, une femme qui accepte la nationalité étrangère de son mari perd sa nationalité guatémaltèque, s’est inquiétée une experte ; elle a donc souhaité savoir si la situation était identique pour un homme qui épouse une femme étrangère. Cette experte a en outre demandé si la femme guatémaltèque pouvait systématiquement transmettre sa nationalité à ses enfants et s’est enquise des facilités faites aux femmes autochtones pour qu’elles puissent enregistrer leurs enfants.
Une experte a souligné qu’il y avait encore d’importantes lacunes concernant les droits des femmes autochtones, dont très peu savent lire et écrire. En dépit de la gratuité officielle de l’éducation, les écoles demandent de l’argent pour les uniformes et les manuels scolaires, a-t-elle ajouté. Elle s’est en outre enquise des mesures prises pour inciter les parents à inscrire leurs enfants à l’école. Qu’en est-il également des mesures de soutien à l’éducation en faveur des mères adolescentes ? L’experte a souhait savoir si toutes les filles handicapées au Guatemala avaient accès à l’éducation.
Une autre experte a demandé comment les autorités envisageaient de mettre fin à la précarité des femmes. Quels sont les obstacles qui empêchent la ratification de la Convention n°189 de l’Organisation internationale du travail sur les travailleuses et travailleurs domestiques ?
Une experte s’est enquise des résultats des programmes de lutte contre la malnutrition, en relevant que la malnutrition restait très élevée parmi les enfants de moins de cinq ans. Cette même experte a en outre jugé trop faible la part du budget de l’État consacrée à la santé. Elle a souligné que les femmes n’ont pas suffisamment accès aux contraceptifs. Cette même experte a par ailleurs dénoncé les stérilisations forcées de femmes handicapées. Elle s’est enquise des mesures prises pour assurer l’accès des jeunes aux informations sur la santé génésique et sexuelle.
Une experte a souhaité savoir ce qui est fait pour inciter les filles à suivre des filières considérées comme non traditionnelles pour les femmes, comme les technologies ou les sciences.
Une autre experte s’est enquise du nombre d’avortements non médicalisés pratiqués dans le pays.
Qu’en est-il des mesures visant à favoriser l’accès des femmes au logement et à la terre, a demandé une experte ?
Réponses de la délégation
S’agissant de l’application de la Convention, la délégation a affirmé que des sentences étaient prononcées en cas de violation des dispositions de cet instrument. La Constitution elle-même a consigné le principe de l’égalité entre hommes et femmes et ce principe se retrouve dans le système judiciaire ainsi que dans les organes administratifs de l’exécutif. La délégation a fait état de l’existence de secrétariats de l’égalité qui veillent à l’application de ce principe au sein des ministères et dans le domaine de la justice. Des sentences de la Cour constitutionnelle mettent également en œuvre ce principe, a insisté la délégation.
La délégation a reconnu le peu d’avancées de la législation concernant les mécanismes juridiques qui pourraient contribuer à améliorer la vie des femmes guatémaltèques. Néanmoins, certaines organisations de femmes ont vu le jour comme le Forum des parlementaires femmes, a-t-elle fait valoir.
La délégation a par la suite fait état de plusieurs projets de loi, dont l’un sur la protection des enfants qui contient diverses mesures pour lutter contre les délits sexuels et la prostitution concernant les enfants. D’une manière générale, le pays a progressé dans la législation en faveur de la protection des droits des femmes et des filles et pour améliorer la participation de la société civile, a insisté la délégation.
Tous les peuples autochtones et les personnes d’ascendance africaine sont reconnus, a ensuite indiqué la délégation, avant de reconnaître la nécessité de mettre en place des systèmes permettant de recueillir des données ventilées s’agissant de la discrimination à l’encontre des femmes autochtones. Toutes les femmes sont titulaires des droits humains et de la capacité de déposer plainte en cas d’atteinte à leurs droits. Un appel a été lancé à la Commission du recensement pour que les questions liées aux discriminations et aux peuples autochtones soient incluses dans les prochains recensements, a précisé la délégation.
Les autorités sont en train de mettre en œuvre une politique concernant les droits des peuples autochtones ; la politique nationale du Président pour 2016-2020 accorde la priorité aux personnes handicapées et aux femmes autochtones, entre autres, a précisé la délégation. Sont mises en œuvre des activités de promotion des droits économiques, sociaux, culturels et politiques des peuples autochtones. Des soutiens juridiques sont apportés aux femmes autochtones. Le Bureau pour la défense des droits des femmes autochtones recueille les plaintes des femmes autochtones, a en outre rappelé la délégation.
La Cour constitutionnelle s’est prononcée pour que les enfants autochtones aient le droit d’avoir une éducation bilingue et jouissent du droit à l’intégrité culturelle. Le Comité national d’alphabétisation continue à dispenser des formations en 18 langues mayas, a ensuite précisé la délégation.
La délégation a par ailleurs attiré l’attention sur l’existence d’obstacles très importants concernant la lutte contre les discriminations dans le pays ; elle a en particulier cité la prévalence d’images culturelles (stéréotypes) qui font du tort aux femmes. Ces images sont encore présentes dans la mentalité des fonctionnaires et du personnel judiciaire, a reconnu la délégation ; des formations sont dès lors organisées à leur intention pour les sensibiliser aux dispositions de la Convention, a-t-elle ajouté.
La délégation a expliqué que de grands efforts ont été déployés pour intégrer l’égalité entre hommes et femmes dans l’ensemble des politiques mises en œuvre par le Guatemala. Des stéréotypes machistes et patriarcaux persistent néanmoins dans le pays, a-t-elle de nouveau reconnu. Très peu de mesures sont prises pour infléchir les mentalités, a regretté la délégation ; la transformation des préjugés sociaux n’est pas suffisante et il est vrai que ces aspects sont très faibles dans le programme national.
La délégation a ensuite souligné que les autorités judiciaires avaient de moins en moins recours à la détention préventive, grâce à la mise en œuvre d’une politique de déjudiciarisation des dossiers. Un processus de réformes du système pénitentiaire a été lancé, a-t-elle ajouté. Elle a en outre évoqué l’unité pilote qui a été créée, au sein de laquelle 64 détenues bénéficient d’un système axé sur l’éducation et la réinsertion, l’idée étant de s’orienter vers un modèle plus éducatif du système pénitentiaire. En outre, les autorités s’efforcent de promouvoir des peines alternatives à la détention, notamment par le recours au bracelet électronique.
La délégation a reconnu que le pays avait des difficultés à comprendre le potentiel des mesures temporaires spéciales.
Une réflexion est en cours concernant la création d’un mécanisme de protection des défenseuses des droits de l’homme et notamment des journalistes, a d’autre part indiqué la délégation. Le Guatemala est préoccupé par la situation s’agissant des attentats et des difficultés auxquels sont confrontées les défenseuses et les journalistes, a-t-elle souligné. Le Président de la République s’est engagé dans la mise en œuvre d’une protection à leur égard, avec une augmentation du budget alloué aux mesures de protection, a fait valoir la délégation.
Donner au statut de la femme un Ministère continue de constituer un problème pour certains parlementaires, a d’autre part indiqué la délégation.
D’une manière générale, les femmes qui s’engagent en faveur de la promotion des droits des femmes rencontrent de grandes difficultés, a reconnu la délégation.
La catastrophe de mars dernier dans un foyer de jeunes filles a eu lieu car des jeunes filles internées ont mis le feu à leur bâtiment pour attirer l’attention sur leurs conditions de vie, ce qui a entraîné le décès d’une quarantaine d’entre elles, a expliqué la délégation. Depuis, une politique de désinternement des enfants est mise en œuvre et la situation de chaque enfant concerné est étudiée au cas par cas pour voir s’il peut rejoindre un des membres de sa famille. L’objectif est de trouver des alternatives d’accueil. Les 600 enfants qui sont encore présents dans le centre où s’est passé le drame sont suivis régulièrement et ont accès à différentes formes de soutien, a précisé la délégation.
Des mesures préventives importantes ont été prises pour lutter contre le fléau du travail des enfants, qui ont permis de diminuer l’ampleur de ce phénomène, a ensuite indiqué la délégation. Plus de 700 enfants ont été sauvés du travail forcé cette année, a-t-elle fait valoir. Le nombre d’inspecteurs du travail va par ailleurs sensiblement augmenté à court terme, a-t-elle ajouté.
Le travail sexuel est reconnu au Guatemala et un premier syndicat des travailleurs du sexe a vu le jour il y a peu, a par ailleurs indiqué la délégation. Elle a ensuite expliqué que le pays comptait 77 abris temporaires pour les femmes victimes de violence et que des alternatives sont proposées pour que les femmes quittent la prostitution ; un guichet unique dans les municipalités les accompagne pour leur reconversion et les autorités les aident à se réinsérer sur le marché du travail.
La délégation a admis que la participation des femmes s’est un peu accrue dans les postes diplomatiques, même si des femmes ont occupé le poste de Ministre des affaires étrangères ou des postes d’ambassadrices. La représentation des femmes dans les postes diplomatiques s’élève à 46%, a précisé la délégation.
La délégation a ensuite expliqué que les autorités avaient travaillé à un projet visant à éradiquer la violence politique au Guatemala, avec la participation de la société civile. Il faut qu’il y ait davantage de femmes lors de la prochaine campagne électorale, a affirmé la délégation.
La délégation a par ailleurs expliqué qu’une femme qui accepte la nationalité étrangère de son conjoint peut garder sa nationalité guatémaltèque. Si les parents amènent l’enfant à l’Ambassade du Guatemala, il pourra alors obtenir la nationalité guatémaltèque, a-t-elle ajouté.
Plus de 37 000 naissances ne sont pas enregistrées en raison du manque d’accès des femmes rurales et autochtones à l’état civil. Les employés de l’état civil doivent pouvoir répondre dans la langue de l’interlocuteur, a souligné la délégation.
Une loi sur l’identité sexuelle est à l’étude afin de protéger les droits politiques de femmes transsexuelles qui rencontrent des difficultés à voter car leur identité ne correspond pas à celle qui est inscrite sur leurs papiers d’identité.
La délégation a expliqué qu’à partir de 2002, le Guatemala a mené un processus très complexe pour appliquer la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption internationale. Des défaillances ont été constatées et les auteurs de délit dans ce domaine ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison, a-t-elle ajouté.
La délégation a fait savoir que les ministères des affaires étrangères et du travail avaient donné un avis favorable à la ratification de la Convention n°189 de l’Organisation international du travail sur les travailleuses et travailleurs domestiques ; le dossier a donc été transmis au Congrès.
S’agissant des questions de santé, la délégation a notamment indiqué qu’une stratégie globale de prévention a été mise en œuvre pour garantir l’accès et le maintien dans le système scolaire des jeunes filles enceintes et des jeunes mères.
La malnutrition est un problème de santé publique qu’il convient d’affronter de manière frontale, a ensuite déclaré la délégation. Il ne s’agit pas juste d’un problème de santé ; il faut appréhender cette problématique d’une manière globale, ce qui n’a pas été le cas lors des précédentes stratégies de lutte contre la malnutrition, a-t-elle insisté.
Des campagnes de prévention sont menées afin de prévenir les maladies sexuellement transmissibles, le VIH/sida et les grossesses précoces chez les adolescentes, a d’autre part indiqué la délégation. L’avortement est un sujet en cours d’analyse ; il s’agit d’un problème dont souffre le pays et il convient donc de mener un dialogue autour des différents points de vue relatifs à cette question et en faire un problème de santé publique et sociale.
L’avortement est la quatrième cause de décès maternel ces dernières années, a fait observer la délégation. En 2015, il y a eu environ 9000 avortements au sein des services hospitaliers, a-t-elle précisé. D’autres ont lieu hors des hôpitaux, ce qui a des conséquences importantes sur la mortalité maternelle, a-t-elle ajouté.
L’émancipation économique des femmes est le sujet qui est le plus négligé et qui accuse le plus de retard, a ensuite reconnu la délégation, précisant que ce retard est dû à une discrimination historique d’une partie particulièrement pauvre de la population.
La délégation a néanmoins souligné que des progrès ont été faits concernant l’accès des femmes à l’enseignement supérieur, même si la situation reste préoccupante, notamment pour les femmes autochtones qui y sont sous-représentées.
Le pays a des problèmes structurels concernant les politiques de développement, et notamment de développement des femmes ; mais ces problèmes sont en train d’être identifiés, a insisté la délégation.
Concernant la politique agraire, le pays n’est pas encore passé à une phase active dans ce domaine ; il en est à la phase d’institutionnalisation de cette politique, a indiqué la délégation. Le recensement de la population devrait permettre de dégager des pistes pour améliorer les mesures d’accès à la terre et au logement, a-t-elle expliqué.
L’accès à l’eau est un défi pour le Gouvernement guatémaltèque, a d’autre part souligné la délégation. Depuis l’année dernière, en matière d’investissements publics, la priorité a été accordée aux questions d’eau, d’assainissement et d’éducation, a-t-elle fait valoir.
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CEDAW/17/43F