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Examen du Belize au CEDAW : la situation des filles et des femmes autochtones, la traite de personnes et les mariages précoces sont au cœur du dialogue

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW, selon l’acronyme en anglais) a examiné aujourd'hui le rapport présenté par le Belize sur les mesures prises par le pays pour appliquer les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Au cours du dialogue noué entre les experts membres du Comité et la délégation bélizienne venue soutenir ce rapport, a notamment été saluée la création par le Belize de la Commission nationale des femmes. Ont en outre été salués de nombreux amendements législatifs et nouvelles lois adoptés ces quinze dernières années, s’agissant notamment de la violence domestique, des crimes sexuels et du droit du travail. Le Comité reste néanmoins préoccupé par le manque de mise en œuvre de nombre de ces lois, a-t-il été souligné.

Une experte a demandé si le Belize prévoyait d'intégrer les droits des peuples autochtones dans la Constitution ou dans une législation nationale spécifique. Une autre experte a voulu savoir ce qui était fait pour assurer la participation des femmes autochtones et d'autres groupes marginalisés de femmes à l'élaboration et à l'évaluation des politiques qui les concernent. De nombreuses filles et femmes mayas ne sont pas inscrites à l’état civil, a-t-il par ailleurs été observé. Une experte a demandé comment les autorités défendaient les droits fonciers du peuple maya et, en particulier, ce qui était fait pour que les entreprises obtiennent le consentement des femmes autochtones avant d’opérer sur les terres autochtones.

Tout en saluant les mesures prises par le Belize en faveur des victimes de la traite des êtres humains, une experte a regretté qu’en dépit d’une augmentation du nombre de cas de traite, aucune nouvelle poursuite n'ait été engagée depuis deux ans, et que le plan d’action national dans ce domaine ne soit toujours pas finalisé. Le traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle au Belize touche les femmes et les filles locales et étrangères, en particulier celles venant d'Amérique centrale, a souligné cette même experte.

Une experte a estimé que les mariages et unions précoces étaient préoccupants au Belize. La loi sur le mariage stipule que les personnes doivent avoir au moins 18 ans pour se marier sans le consentement de leurs parents, mais celles qui ont 16 et 17 ans peuvent le faire avec le consentement des deux parents, a-t-elle relevé. En outre, les femmes et les jeunes filles accèdent difficilement aux solutions sûres pour les interruptions volontaires de grossesse, a-t-il été souligné.

Il a d’autre part été recommandé que le Belize adopte des mesures temporaires spéciales pour favoriser la participation des femmes dans la vie politique. Il a par ailleurs été demandé comment les autorités luttaient contre les normes patriarcales et les stéréotypes négatifs qui, a dit une experte, empêchent les femmes de réaliser leurs droits et les exposent à la violence sexiste. La prolifération des armes à feu est responsable de nombreux féminicides au Belize, a-t-il également été observé.

Une experte a constaté la persistance de disparités en matière de participation au marché du travail, où la participation des femmes atteint 43,6% contre 69,7% pour les hommes (chiffres de 2024), en grande partie en raison des responsabilités domestiques et familiales assumées par les femmes.

Une experte a regretté que le Belize ait déclaré en 2002, lors de sa ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention, qu’il ne reconnaissait pas au Comité la compétence que lui confèrent les articles 8 et 9 dudit Protocole, ce qui supprime l'accès au mécanisme d'enquête prévu au titre de ce Protocole et réduit ainsi son efficacité pour les Béliziennes.

Présentant le rapport de son pays, Mme Elvia Vega Samos, Ministre d’État au Ministère du développement humain, de la famille et des affaires des populations autochtones du Belize, a notamment présenté la politique nationale en matière d'égalité des genres 2024-2030, qui – a-t-elle déclaré – offre un cadre complet dans les domaines des soins de santé, de l'éducation, de l'autonomisation économique, du renforcement institutionnel, du leadership des femmes et de l'élimination de la violence sexiste.

La Ministre d’État a en outre indiqué que le Belize avait intensifié ses efforts pour renforcer la participation économique des femmes par le biais d'initiatives ciblées et de réformes politiques, s’agissant notamment des compétences numériques et de l’entrepreneuriat des femmes. Des mesures ciblées sont aussi destinées à favoriser l’autonomie économique des femmes autochtones, a-t-elle souligné.

S’agissant de l’éducation, Mme Vega Samos a notamment fait valoir que le pays avait créé une Académie des sciences, de la technologie, de l'ingénierie, des arts et des mathématiques (STEAM) pour encourager la participation des filles aux carrières rémunératrices.

Mme Vega Samos a par ailleurs indiqué le Gouvernement bélizien avait adopté un Plan d'action national contre la violence sexiste et mis en place une campagne de communication visant à faire changer les comportements, à remettre en question les normes néfastes et à réduire la violence à l'égard des femmes et des filles.

La délégation bélizienne était également composée, entre autres, de représentants du Ministère du développement humain, de la famille et des affaires des peuples autochtones ainsi que de la Commission nationale des femmes.

Durant le dialogue, la délégation a notamment précisé que le Belize entendait maintenir sa déclaration concernant les articles 8 et 9 du Protocole facultatif. Elle a cependant assuré qu’un système rigoureux existe déjà au Belize pour garantir l’accès aux recours juridiques en cas de discrimination.

La délégation a par ailleurs fait état d’une stratégie destinée à favoriser l’accès des filles et des femmes rurales autochtones à l’éducation. Le Gouvernement a organisé plusieurs forums consacrés aux droits des femmes autochtones et à l’évaluation de leurs besoins, a-t-elle ajouté. Des protocoles ont été adoptés pour obtenir le consentement des peuples autochtones avant l’exécution de projets sur leurs terres, et les femmes autochtones sont explicitement visées par ces protocoles, a en outre souligné la délégation.

Face à l’augmentation du nombre d’allégations de traite, le Gouvernement bélizien a pour objectif de renforcer les compétences, en matière d’enquête et de poursuites, du Conseil de lutte contre la traite des personnes, a-t-il d’autre part été précisé.

Des efforts d’analyse et de plaidoyer portent spécifiquement sur l’élimination des mariages précoces, a également fait valoir la délégation, soulignant que l’âge légal du mariage a récemment été relevé de 16 à 18 ans.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Belize et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 21 février.

 

Demain, à partir de 10 heures, le Comité examinera le rapport du Congo.

 

Examen du rapport

Le Comité est saisi du document valant cinquième à neuvième rapports périodiques du Belize (CEDAW/C/BLZ/5-9), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter soumise par le Comité. Le rapport couvre la période allant de 2007 à 2021.

Présentation

Présentant le rapport, MME ELVIA VEGA SAMOS, Ministre d’État au Ministère du développement humain, de la famille et des affaires des peuples autochtones du Belize, et cheffe de la délégation bélizienne, a fait observer qu’au fil des ans, son pays avait fait des progrès importants dans l'alignement des cadres nationaux sur les normes de la Convention, grâce à des mesures et programmes législatifs et institutionnels. Malgré les difficultés, notamment les incertitudes économiques et les vulnérabilités liées au climat, le Gouvernement a fait de l'égalité des sexes une priorité en tant que pierre angulaire du développement national, a-t-elle souligné.

Depuis l’examen du précédent rapport du pays [en 2007], a poursuivi la Ministre d’État, a notamment été promulguée la loi sur la Commission nationale des femmes (2023), qui a officialisé le rôle de cette Commission dans la promotion de l'égalité des sexes et l'alignement sur les principes de la Convention. Mme Vega Samos a également mentionné la loi sur l’interdiction de la violence domestique et de la violence entre partenaires intimes, actuellement devant le Parlement, qui comblera les lacunes en matière d'accès à la justice et renforcera la protection des victimes de violences basées sur le genre. La cheffe de délégation a également attiré l’attention sur l'adoption, en 2024, de la loi sur le mariage, qui a porté l'âge légal du mariage à 18 ans et interdit le consentement parental au mariage des mineurs.

D’autre part, les textes ont été révisés afin de lutter plus strictement contre le harcèlement sexuel, a ajouté Mme Vega Samos. Ont aussi été adoptés des amendements à la loi sur les biens des femmes mariées, ainsi qu’une loi contre sur la traite des personnes, a-t-elle indiqué. Le Belize a par ailleurs adhéré à la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l'homme des personnes âgées, renforçant ainsi son engagement à protéger les droits et le bien-être des femmes âgées, a souligné la Ministre d’État.

En outre, a-t-elle poursuivi, la politique nationale en matière d'égalité des genres 2024-2030 offre un cadre complet dans les domaines des soins de santé, de l'éducation, de l'autonomisation économique, du renforcement institutionnel, du leadership des femmes et de l'élimination de la violence sexiste. Dans le même temps, la Commission nationale des femmes a été restructurée afin de renforcer sa capacité à mener des initiatives et à obtenir des progrès dans la promotion des droits des femmes.

Mme Vega Samos a aussi fait savoir que le Belize s’était doté d’une Unité d'autonomisation économique, chargée de favoriser l'indépendance financière par les opportunités d’emploi, la formation professionnelle et l'accès au microfinancement. Le Gouvernement s’efforce en outre de mieux intégrer la dimension de genre dans ses activités, a-t-elle ajouté.

D’autre part, le Belize applique des protocoles sur la violence sexiste ainsi qu'un mécanisme et un parcours d'orientation vers les services spécialisés, de manière à améliorer la collaboration entre les forces de l'ordre, les prestataires de soins de santé, les services d'aide juridique et les organismes de soutien social. Pour renforcer le soutien aux victimes de violence, les lignes d'assistance téléphonique d’urgence permettent désormais d'obtenir une aide 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, a fait valoir la cheffe de délégation.

Depuis l’examen du précédent rapport, a également souligné Mme Vega Samos, le Belize a augmenté la représentation des femmes aux postes à responsabilité dans plusieurs secteurs ; dans ce contexte, les femmes représentent désormais 22% des députés de l'Assemblée nationale, soit la plus forte représentation de l’histoire du pays.

La Ministre d’État a également précisé que le Belize avait intensifié ses efforts pour renforcer la participation économique des femmes par le biais d'initiatives ciblées et de réformes politiques, s’agissant notamment des compétences numériques et de l’entrepreneuriat des femmes. Des mesures ciblées sont aussi destinées à favoriser l’autonomie économique des femmes autochtones, a-t-elle souligné.

Le Belize a par ailleurs pris des mesures pour lever les obstacles multiples auxquels sont confrontées les femmes handicapées et les personnes LGBTQI pour accéder à la justice, aux soins de santé et aux opportunités économiques, a ajouté Mme Vega Samos.

S’agissant de l’éducation, elle a notamment indiqué que le pays avait créé une Académie des sciences, de la technologie, de l'ingénierie, des arts et des mathématiques (STEAM) pour encourager la participation des filles aux carrières rémunératrices ; et que des programmes visant à réduire le taux d'abandon scolaire des filles en raison de grossesses précoces ou de mariages d'enfants avaient été lancés.

Au chapitre des défis, la Ministre d’État a relevé que malgré l'amélioration des cadres législatifs, la violence sexiste restait répandue au Belize, avec notamment une augmentation de 5% des cas de violence domestique en 2023, ce qui – a affirmé la cheffe de délégation – souligne la nécessité de renforcer les mesures préventives et les systèmes de soutien aux victimes. C’est pourquoi le Gouvernement bélizien a adopté un Plan d'action national contre la violence sexiste et mis en place une campagne de communication visant à faire changer les comportements, à remettre en question les normes néfastes et à réduire la violence à l'égard des femmes et des filles, a indiqué Mme Vega Samos.

Questions et observations des membres du Comité

Une experte a fait observer que l’examen du présent rapport se déroulait dans un contexte de violence généralisée des gangs liée au narcotrafic qui affecte le Belize et l'ensemble des Caraïbes et de l'Amérique centrale. Dans ce cadre, a-t-elle souligné en citant un rapport du Secrétaire général des Nations Unies, si les homicides de jeunes hommes sont endémiques, il reste que la violence sexiste est une tactique fondamentale utilisée par les gangs pour exercer un contrôle, faire taire l'opposition et étendre leur domination territoriale. L’experte a demandé ce que l’État faisait pour remédier à cette situation.

La même experte a ensuite regretté que le Belize ait déclaré en 2002, lors de sa ratification du Protocole facultatif se rapportant à la Convention, qu’il ne reconnaissait pas au Comité la compétence que lui confèrent les articles 8 et 9 dudit Protocole, ce qui supprime l'accès au mécanisme d'enquête prévu au titre de ce Protocole et réduit ainsi son efficacité pour les Béliziennes.

L’experte a d’autre part relevé que la Constitution du Belize protège contre la discrimination fondée sur le sexe, mais ne définit pas explicitement la discrimination à l'égard des femmes. Elle a par ailleurs demandé si l'État partie [le Belize] prévoyait d'intégrer les droits des peuples autochtones dans la Constitution ou dans une législation nationale spécifique, conformément à la Recommandation générale n°39 (2022) du Comité, relative aux droits des femmes et des filles autochtones.

L’experte a ensuite salué les amendements apportés en 2011 à la loi sur la violence domestique ; l'amendement apporté la même année à la loi sur le travail, qui vise à protéger les travailleurs contre les licenciements abusifs et les inégalités de traitement en raison d'une grossesse, de la séropositivité ou du dépôt d'une plainte pour harcèlement sexuel ; la dépénalisation des unions entre personnes de même sexe, adoptée en 2016 ; les amendements apportés en 2013 au Code pénal afin de renforcer les sanctions associées aux crimes sexuels ; ou encore l’exonération de TVA, décidée en 2023, sur les ventes de produits d'hygiène féminine.

Cependant, a poursuivi l’experte, le Comité est préoccupé par le manque de mise en œuvre de nombre de ces lois et mécanismes importants – un problème qui avait déjà été pointé lors de l’examen du précédent rapport, a-t-elle souligné. Ainsi, malgré la création en 2007 de l'Institut de la statistique du Belize, font encore défaut non seulement des données complètes mais aussi des données ventilées par sexe, a regretté l’experte.

L’experte a félicité le Belize pour le protocole adopté en 2018 à l’intention des fonctionnaires de justice concernant l'égalité des sexes, ainsi que pour les efforts déployés afin de renforcer les capacités des tribunaux de première instance et du tribunal de la famille dans le but d'améliorer la protection des femmes et des filles.

Une autre experte, tout en saluant la création par le Belize de la Commission nationale des femmes, a demandé où en était la création d’une institution nationale de droits de l’homme conforme aux Principes de Paris. Cette experte a par ailleurs voulu savoir ce qui était fait pour assurer la participation des femmes autochtones et d'autres groupes marginalisés de femmes à l'élaboration et à l'évaluation des politiques qui les concernent.

Une autre experte a recommandé que le Belize adopte des mesures temporaires spéciales pour favoriser la participation des femmes dans la vie politique, en particulier pour augmenter rapidement le nombre de femmes députées au Parlement. Le Comité préconise une parité de 50/50 dans les postes élus, a rappelé l’experte.

Il a ensuite été demandé comment les autorités luttaient contre les normes patriarcales et les stéréotypes négatifs qui, a dit une experte, empêchent les femmes de réaliser leurs droits et les exposent à la violence sexiste. Huit plaintes pour violence domestique sur dix sont déposées par des femmes et la prolifération des armes à feu est responsable de nombreux féminicides au Belize, a-t-il été observé.

Une experte a salué les mesures prises par le Belize en faveur des victimes de la traite des êtres humains. Elle a cependant regretté qu’en dépit d’une augmentation du nombre de cas de traite, aucune nouvelle poursuite n'ait été engagée depuis deux ans, et que le plan d’action national dans ce domaine ne soit toujours pas finalisé.

Le traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle au Belize touche les femmes et les filles locales et étrangères, en particulier celles venant d'Amérique centrale, a d’autre part souligné cette même experte. Si le cadre juridique dépénalise les femmes offrant des services sexuels, les informations parvenues au Comité mettent en évidence une lacune dans sa mise en œuvre en raison de la complicité des fonctionnaires, a-t-elle indiqué. Les enfants, victimes d'abus sexuels à des fins commerciales, ainsi que les adolescentes mayas, victimes du système des ficheras [ndlr : pratique par laquelle un homme paie un prix plus élevé pour boire sa boisson en compagnie d’une adolescente ou d’une jeune femme travaillant dans un bar] restent particulièrement vulnérables, a insisté l’experte.

Une autre experte a regretté que les femmes ne représentent que 15% des membres du Parlement ; les quotas pourraient être un moyen d’améliorer la situation, a-t-elle estimé. Elle a demandé quel rôle le caucus parlementaire jouait dans le domaine de la participation des femmes, en particulier pour ce qui est des femmes autochtones. L’experte a en revanche salué le nombre élevé de femmes travaillant dans le système judiciaire, y compris au plus haut niveau de décision, estimant que cela pouvait constituer un exemple pour d’autres pays.

De nombreuses filles et femmes mayas ne sont pas inscrites à l’état civil, a par ailleurs mis en garde une experte.

Une experte a attiré l’attention sur les difficultés que rencontrent les écolières dans les zones rurales et éloignées pour accéder à l’eau potable et aux toilettes, soulignant qu’il s’agit là d’une situation particulièrement difficile pour les jeunes filles en âge de menstruer. Elle a par ailleurs fait remarquer que si la parité entre les sexes a été atteinte à certains niveaux d'enseignement, des disparités subsistent au détriment des filles, notamment dans la formation professionnelle et dans l'enseignement supérieur, en particulier s’agissant des filières scientifiques et techniques.

Une experte a par ailleurs constaté la persistance de disparités en matière de participation au marché du travail, où la participation des femmes atteint 43,6% contre 69,7% pour les hommes (chiffres de 2024), en grande partie en raison des responsabilités domestiques et familiales assumées par les femmes. Bien qu'elles aient un niveau d'éducation plus élevé que les hommes, les femmes sont concentrées de manière disproportionnée dans les secteurs les moins rémunérateurs, a relevé l’experte.

Une experte a regretté que le Belize ne dispose pas statistiques ventilées concernant les avortements ou les grossesses non désirées dans certains groupes de population. Les femmes et les jeunes filles accèdent difficilement aux solutions sûres pour les interruptions volontaires de grossesse, a souligné l’experte. Dans un contexte où les grossesses sont nombreuses parmi les adolescentes, toutes les écoles ne dispensent pas une éducation sexuelle, a-t-elle regretté.

L’attention a par ailleurs été attiré sur la pauvreté à laquelle restent confrontés les ménages dirigés par des femmes. Une experte a voulu savoir de quelle protection sociale les femmes indépendantes, propriétaires de petites et très petites entreprises, pouvaient bénéficier. La même experte s’est également enquise des mesures prises pour permettre aux filles et aux femmes, en milieu rural comme urbain, de pratiquer, à l’instar des hommes, un sport.

Une experte a demandé comment les autorités défendaient les droits fonciers du peuple maya et, en particulier, ce qui était fait pour que les entreprises obtiennent le consentement des femmes autochtones avant d’opérer sur les terres autochtones.

Cette experte a par ailleurs voulu savoir comment étaient défendus les droits fondamentaux des femmes détenues pour avoir participé directement aux violences de gangs.

Une experte a estimé que les mariages et unions précoces étaient préoccupants au Belize. La loi sur le mariage stipule que les personnes doivent avoir au moins 18 ans pour se marier sans le consentement de leurs parents, mais celles qui ont 16 et 17 ans peuvent le faire avec le consentement des deux parents, a-t-elle relevé. Il importe de sensibiliser les parents à l’importance de respecter l’interdiction du mariage de mineurs, a souligné l’experte.

Réponses de la délégation

La délégation a précisé que son pays entendait maintenir sa déclaration concernant les articles 8 et 9 du Protocole facultatif. Elle a cependant assuré qu’un système rigoureux existe déjà au Belize pour garantir l’accès aux recours juridiques en cas de discrimination.

La délégation a ensuite décrit le mandat et l’action de la Commission nationale des femmes, évoquant notamment l’organisation de formations et de campagnes de sensibilisation dans plusieurs langues, ainsi que des mesures de soutien aux familles.

Le cadre législatif bélizien ayant été modernisé depuis cinq ans en faveur des droits des femmes et des familles – et cela dans un contexte où l’application des lois reste un obstacle pour le Belize, qui est un petit pays –, la Commission sera appelée à jouer un rôle central de suivi et de coordination dans ce domaine, a souligné la délégation.

Le Gouvernement a adopté un plan sur trois ans pour transformer le Bureau du Médiateur en institution nationale de droits de l’homme conforme aux Principes de Paris, a fait savoir la délégation.

Le caucus national des femmes a notamment pour objectif de former les femmes pour leur donner les compétences nécessaires à assumer des responsabilités et de militer pour l’application de quotas, a d’autre part précisé la délégation. Le caucus a organisé, en 2024, un forum consacré à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a-t-elle indiqué. De plus, dans le cadre des prochaines élections, le caucus a identifié des candidates potentielles, a-t-elle ajouté.

Le Gouvernement accorde la priorité à une meilleure présence des femmes dans la prise de décision au plus haut niveau, a d’autre part assuré la délégation. La création en 2023 du « caucus parlementaire des femmes » s’inscrit dans ce contexte, a-t-elle indiqué.

La délégation a fait état d’une stratégie destinée à favoriser l’accès des filles et des femmes rurales autochtones à l’éducation.

Le Gouvernement a organisé plusieurs forums consacrés aux droits des femmes autochtones et à l’évaluation de leurs besoins, a par ailleurs souligné la délégation.

Des protocoles ont été adoptés pour obtenir le consentement des peuples autochtones avant l’exécution de projets sur leurs terres, et les femmes autochtones sont explicitement visées par ces protocoles, a ajouté la délégation.

La délégation a d’autre part fait état de grands progrès dans l’enregistrement des naissances, grâce notamment au déploiement de services d’état civil mobiles dans les régions isolées du sud où vivent des communautés autochtones et de nombreux migrants.

Le Gouvernement a lancé une stratégie pour lutter les contre les stéréotypes de genre et changer les comportements sociaux, a ensuite fait valoir la délégation. Dans ce cadre, la police organise des sensibilisations et des formations visant les garçons et les hommes, a-t-elle précisé.

Le Gouvernement œuvre d’autre part au renforcement des services de soutien et psychosociaux pour les victimes de la traite des êtres humains, a poursuivi la délégation, avant de préciser que plusieurs abris ont été ouverts à leur intention par des organisations de la société civile et que le Gouvernement est en train d’élaborer une stratégie nationale dans ce domaine. Face à l’augmentation du nombre d’allégations de traite, le Gouvernement bélizien a pour objectif de renforcer les compétences, en matière d’enquête et de poursuites, du Conseil de lutte contre la traite des personnes, a-t-il été précisé.

Neuf féminicides ont été recensés en 2022 et dix en 2004, a indiqué la délégation, avant de souligner que les autorités sont en train d’affiner leur capacité d’analyse dans ce domaine.

La délégation a par ailleurs mentionné un certain nombre d’initiatives menées par le Gouvernement avec la société civile pour mieux faire connaître la Convention.

Des efforts d’analyse et de plaidoyer portent spécifiquement sur l’élimination des mariages précoces, a ajouté la délégation. Elle a fait valoir que l’âge légal du mariage a récemment été relevé de 16 à 18 ans.

Revenant sur cette question, la délégation a par la suite souligné que les autorités béliziennes s’attaquent actuellement aux problèmes qui expliquent les mariages précoces. Elles cherchent dans le même temps des moyens de faire appliquer les dispositions de la loi portant l’âge du mariage à 18 ans et interdisant tout mariage précoce, sans exception, en particulier en informant correctement les personnes concernées, a-t-il été précisé. D’autres mesures de sensibilisation sont prises en direction des jeunes qui vivent en concubinage avec des personnes plus âgées.

Nombre d’activités ont été menées pour améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement dans les écoles béliziennes, a d’autre part assuré la délégation.

Le Gouvernement a à cœur d’améliorer la participation des femmes au marché du travail en levant certains obstacles à cet égard, en particulier la part disproportionnée des tâches domestiques qu’elles assument toujours, a indiqué la délégation. Les autorités encouragent en outre les entreprises privées à ouvrir des crèches et des salles d’allaitement, a-t-elle ajouté.

La délégation a mentionné le lancement d’une campagne destinée non seulement à faciliter l’accès des femmes entrepreneuses au crédit, mais aussi à leur donner des compétences de gestion.

Les autorités s’emploient aussi à lutter contre le harcèlement au travail, a fait savoir la délégation.

S’agissant des questions de santé, la délégation a notamment indiqué que le Gouvernement s’efforçait de lever les obstacles à l’accès des femmes à l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de violences sexuelles, en cas de malformation congénitale du fœtus ou si la grossesse pose un risque pour la santé de la mère – une démarche qui est désormais autorisée par la loi, a-t-il été précisé.

Le Gouvernement investit, de plus, dans l’accès gratuit aux contraceptifs, y compris par le biais de cliniques mobiles qui se rendent cinq fois par an dans les villages et fournissent simultanément des conseils en matière de santé sexuelle et procréative.

La délégation a d’autre part fait état de progrès dans l’accès aux radiothérapies et chimiothérapies pour les femmes ayant besoin de ces services, y compris par le biais de subventions offertes aux patientes qui doivent se rendre à l’étranger pour en bénéficier. La vaccination contre le HPV est déjà disponible ; et un mécanisme de dépistage annuel du cancer du sein est actif, a ajouté la délégation. De plus, le Belize a éliminé, en 2023, la transmission du VIH/sida et de la syphilis de la mère à l’enfant, a-t-il été indiqué.

Un programme a été mis au point pour appliquer les Règles de Bangkok (Règles des Nations Unies concernant le traitement des détenues et l'imposition de mesures non privatives de liberté aux délinquantes), a en outre fait savoir la délégation.

 

 

 

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