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Examen de l’Uruguay au Comité des droits des travailleurs migrants : en dépit de bonnes pratiques, des améliorations peuvent être apportées en ce qui concerne l’accès des migrants à certaines prestations sociales, est-il observé

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille a examiné, aujourd’hui, le rapport présenté par l’Uruguay au titre de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles.

Ont notamment été saluées pendant cet examen les bonnes pratiques de l’Uruguay que constituent la gratuité des titres de séjour pour les ressortissants des pays membres du MERCOSUR et pour les non-ressortissants ayant des liens de parenté avec des Uruguayens, de même que l’octroi de logements aux migrants en situation de vulnérabilité.

En Uruguay, des améliorations peuvent être apportées à l’exercice du droit de vote par les Uruguayens de l’étranger, ainsi qu’en ce qui concerne l’accès des migrants à certaines prestations sociales, a toutefois observé un membre du Comité à l’issue du dialogue noué avec la délégation uruguayenne venue soutenir le rapport du pays.

Les immigrants, mais aussi les Uruguayens qui rentrent au pays, doivent attendre dix ans avant d’avoir droit aux allocations sociales, a-t-il été observé. Il a été recommandé au pays d’éliminer les obstacles financiers à l’octroi des visas et à la régularisation des migrants.

Un expert a souhaité savoir quels organisme étaient chargés de contrôler les conditions de vie dans les centres administratifs chargés de gérer l’accueil des migrants. Cet expert a en outre voulu savoir si un migrant devait présenter son passeport pour accéder aux soins de santé en Uruguay et s’il existait par ailleurs dans le pays une ligne téléphonique d’urgence, ou un autre mécanisme, pour les victimes de traite des êtres humains.

Une experte a souhaité savoir ce qu’il en était en Uruguay de l’accès des travailleurs migrants au logement et autres services de base.

Un expert a par ailleurs attiré l’attention sur la discrimination dont feraient l’objet les personnes d’ascendance africaine en Uruguay : elles représenteraient 10% de la population du pays mais y seraient peu visibles, a-t-il observé.

Présentant le rapport de son pays, M. Raúl Lozano Bonet, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire de l’Uruguay, a notamment souligné que son pays était lui aussi concerné par l'augmentation progressive de la mobilité humaine et par le déplacement de personnes cherchant à résider, de manière temporaire ou permanente, dans d’autres pays, avec les problèmes – mais aussi les possibilités – que cela entraîne. L’Uruguay a donc élaboré des réglementations, plans et mesures visant à ce que les migrants aient les mêmes droits que les citoyens, a-t-il indiqué, avant de souligner que l’Uruguay ne fait pas de différence entre les migrants et les nationaux en termes de droits, comme en témoigne le fait que les premiers ont un accès immédiat à la santé, à l'éducation et au travail, entre autres droits.

L'Uruguay reconnaît qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais il est également fier d'être un initiateur de bonnes pratiques dans ce domaine – un domaine où il se distingue par ses progrès, a insisté le Ministre. Conformément au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, auquel il a adhéré, l'Uruguay fournit rapidement aux migrants les documents qui leur permettent d'exercer leurs droits, a-t-il notamment précisé. M. Lozano Bonet a par ailleurs fait savoir qu’entre 2006 et 2008, l'Uruguay avait successivement consolidé la Loi n°18076 relative aux réfugiés et la Loi n°18250 relative à la politique migratoire. En 2022, a-t-il ajouté, le premier plan national d'intégration des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés a démarré, axé notamment sur l'accès à la documentation et à la régularisation.

L’Uruguay applique aussi un programme d'appui à l'intégration socio-urbaine de la population migrante, a souligné M. Lozano Bonet. D’autres progrès ont été réalisés en ce qui concerne les délais de reconnaissance des diplômes [obtenus à l’étranger], ainsi que l'accès au logement, à la sécurité sociale, à la formation professionnelle et à l'entrepreneuriat, a fait valoir le Ministre.

Outre M. Lozano Bonet et ses collaborateurs au Ministère du logement et de l’aménagement du territoire, la délégation uruguayenne était composée, entre autres, de M. Alvaro Moerzinger Pagani, Représentant permanent de l’Uruguay auprès des Nations Unies à Genève, et de plusieurs représentants des Ministères des relations extérieures, de l’intérieur, ainsi que du travail et de la sécurité sociale. La Cour suprême de justice, l’Institut de l’enfant et de l’adolescent et la Banque de prévoyance sociale uruguayens étaient aussi représentés.

Pendant le dialogue avec le Comité, la délégation a notamment insisté sur le fait que les autorités peuvent demander à une personne sans papiers de régulariser sa situation mais qu’elles ne peuvent l’expulser. Elle a aussi indiqué que la Banque de prévoyance sociale accordait ses prestations à toute personne en Uruguay qui est en mesure de présenter des papiers de séjour en règle ou, à défaut, un passeport étranger.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de l’Uruguay et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 8 décembre prochain.

 

Demain après-midi, à partir de 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport du Kirghizistan.

 

Examen du rapport de l’Uruguay

Le Comité est saisi du deuxième rapport périodique de l’Uruguay (CMW/C/URY/2) ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. RAÚL LOZANO BONET, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire de l’Uruguay, a souligné que son pays était lui aussi concerné par l'augmentation progressive de la mobilité humaine et par le déplacement de personnes cherchant à résider, de manière temporaire ou permanente, dans d’autres pays, avec les problèmes – mais aussi les possibilités – que cela entraîne. L’Uruguay a donc élaboré des réglementations, plans et mesures visant à ce que les migrants aient les mêmes droits que les citoyens. L’Uruguay ne fait pas de différence entre les migrants et les nationaux en termes de droits, comme en témoigne le fait que les premiers ont un accès immédiat à la santé, à l'éducation et au travail, entre autres droits, a souligné le Ministre. L'Uruguay reconnaît qu'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais il est également fier d'être un initiateur de bonnes pratiques dans ce domaine – un domaine où il se distingue par ses progrès, a insisté le Ministre. Conformément au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, auquel il a adhéré, l'Uruguay fournit rapidement aux migrants les documents qui leur permettent d'exercer leurs droits, a-t-il notamment précisé.

Il est important de noter, a poursuivi le Ministre, que pendant la pandémie de COVID-19, l'Uruguay a permis l'entrée de populations vulnérables, de demandeurs d'asile et de demandeurs de regroupement familial.

M. Lozano Bonet a par ailleurs fait savoir qu’entre 2006 et 2008, l'Uruguay avait successivement consolidé la Loi n°18076 relative aux réfugiés et la Loi n°18250 relative à la politique migratoire. En conséquence, ont été créés le Conseil national des migrations, en tant qu'organe consultatif et de coordination des politiques migratoires, et la Commission des réfugiés, en tant qu'organe chargé de déterminer le statut de réfugié. En 2022, le premier plan national d'intégration des migrants, des demandeurs d'asile et des réfugiés a démarré, axé notamment sur l'accès à la documentation et à la régularisation, a ajouté le Ministre.

L’Uruguay applique aussi un programme d'appui à l'intégration socio-urbaine de la population migrante, comportant notamment une composante de prévention de la formation ou de l'expansion des campements à Montevideo, a poursuivi M. Lozano Bonet. Dans le cadre d’un accord de financement avec la Banque interaméricaine de développement, des aides au logement sont accordées aux migrants, a-t-il ajouté. Le programme d’appui prévoit également l’ouverture à Montevideo d'un centre de référence chargé d’accélérer le processus d'intégration sociale de la population en situation de mobilité, a-t-il poursuivi. Parallèlement, il est prévu de mettre à jour le logiciel de traitement des demandes de résidence, a indiqué M. Lozano Bonet.

D’autres progrès ont été réalisés en ce qui concerne les délais de reconnaissance des diplômes [obtenus à l’étranger], ainsi que l'accès au logement, à la sécurité sociale, à la formation professionnelle et à l'entrepreneuriat, a fait valoir le Ministre.

Questions et observations des membres du Comité

M. PABLO CERIANI CERNADAS, rapporteur du Comité pour l’examen du rapport de l’Uruguay , s’est enquis des résultats concrets du plan d’intégration lancé en 2022 qu’a mentionné le chef de la délégation uruguayenne. Il s’est dit en particulier intéressé par les mesures de ce plan concernant la lutte contre le racisme et la xénophobie envers les migrants.

M. Ceriani Cernadas a ensuite voulu savoir ce qu’il en était, d’une part, du droit de vote (lors des élections en Uruguay) pour les Uruguayens et Uruguayennes vivant à l’étranger et, d’autre part, des réformes destinées à simplifier l’accès aux titres de séjour.

Les immigrants, mais aussi les Uruguayens qui rentrent au pays, doivent attendre dix ans avant d’avoir droit aux allocations sociales, a par ailleurs fait remarquer M. Ceriani Cernadas. Il a demandé à la délégation si elle disposait de données statistiques concernant les migrants tirées du recensement de 2023. Il a par ailleurs recommandé d’éliminer les obstacles financiers à l’octroi des visas et à la régularisation des migrants.

M. PABLO CÉSAR GARCÍA SÁENZ, également rapporteur du Comité pour l’examen du rapport de l’Uruguay , a posé des questions concernant le réseau de consulats uruguayens à l’étranger, la formation des fonctionnaires consulaires et l’existence d’accords avec des pays tiers pour faciliter l’accès à l’emploi des étrangers en Uruguay aussi bien que des Uruguayens à l’étranger.

M. García Sáenz a par ailleurs suggéré que l’Uruguay profite de ses discussions bilatérales avec le Brésil pour encourager ce dernier à ratifier la Convention.

M. EDGAR CORZO SOSA, Président du Comité et troisième rapporteur pour l’examen du rapport de l’Uruguay, a d’abord relevé que le mécanisme (SIMORE) destiné à aider le Gouvernement uruguayen à élaborer les rapports devant être remis par le pays aux organes de traités ne fonctionnait plus depuis deux ans.

M. Corzo Sosa a ensuite insisté sur le fait que les « conditions d’accueil » de migrants dans les centres administratifs ne devaient pas s’assimiler à des « conditions de détention ». Il a demandé quels organisme étaient chargés de contrôler les conditions de vie dans ces centres.

M. Corzo Sosa a également demandé si l’Uruguay appliquait de manière intégrée à la fois la Convention et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ; il a souligné que le Pacte n’est pas contraignant, contrairement à la Convention.

M. Corzo Sosa a d’autre part relevé que le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale avait recommandé au pays de renforcer les attributions de la Commission honoraire contre le racisme, la xénophobie et toutes les autres formes de discrimination, en particulier par la possibilité de recevoir des plaintes et d’évaluer l’efficacité des politiques publiques en faveur des personnes d’ascendance africaine et autochtones.

L’expert a ensuite voulu savoir si un migrant devait présenter son passeport pour accéder aux soins de santé en Uruguay. Il a également voulu savoir s’il existait dans le pays une ligne téléphonique d’urgence, ou un autre mécanisme, pour les victimes de traite des êtres humains.

Qu’en est-il du projet de loi concernant l’expulsion d’étrangers ayant commis des infractions graves en Uruguay, ou encore des transferts de fonds émanant de ressortissants uruguayens à l’étranger, a par ailleurs demandé M. Corzo Sosa?

Une autre experte membre du Comité a salué la bonne pratique que constitue la gratuité des titres de séjour pour les ressortissants des pays membres du MERCOSUR et pour les non-ressortissants ayant des liens de parenté avec des Uruguayens.

La même experte a posé des questions sur les moyens accordés à la Direction des migrations, qui centralise les questions migratoires ; et sur l’accès des travailleurs migrants au logement et autres services de base. Elle s’est interrogée sur la baisse qu’elle a constatée dans le taux d’acceptation des demandes de titres de séjour depuis quelques années.

L’experte a par ailleurs voulu savoir si des migrants n’ayant pas commis de délit pénal pouvaient être détenus avec des personnes condamnées au pénal.

Un autre expert a voulu savoir quels problèmes le Gouvernement uruguayen rencontrait dans l’application de la Convention et comment le Comité pouvait l’aider.

Un expert a attiré l’attention sur la discrimination dont feraient l’objet les personnes d’ascendance africaine en Uruguay : elles représenteraient 10% de la population du pays mais y seraient peu visibles, a-t-il observé.

Parmi les bonnes pratiques du pays qui ont été saluées durant le dialogue, figure l’octroi de logements aux migrants en situation de vulnérabilité, même si, a-t-il été observé, les données statistiques manquent pour mesurer les progrès accomplis.

Un expert a demandé si l’Uruguay entendait intégrer dans sa législation les dispositions des Conventions de l’Organisation internationale du Travail (OIT) n°190, concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, et n°189, concernant les travailleuses et travailleurs domestiques. Il a demandé pourquoi le pays n’avait pas ratifié la Convention n°143 de l’OIT sur les travailleurs migrants (dispositions complémentaires).

Évoquant la place des Afro-descendants en Uruguay, un expert a demandé si le cadre légal permettait à ces personnes de s’épanouir en Uruguay et d’y jouir de leurs droits culturels, religieux et civils.

Une experte a demandé quels étaient les droits des migrants pendant la procédure de régularisation ou d’obtention de documents en règle.

Plusieurs questions ont en outre été posées concernant la détention de migrants mineurs en Uruguay et la durée de la procédure d’asile.

Réponses de la délégation

L’Uruguay applique une politique de portes ouvertes aux migrants, a d’abord affirmé la délégation. Le fait d’être migrant, en situation régulière ou non, ne constitue pas un délit en Uruguay, un pays où il n’y a pas de centre de rétention pour migrants, a-t-elle insisté.

Le Ministère de l’intérieur a constaté une forte augmentation de la demande de permis de séjour en Uruguay, a poursuivi la délégation. La présentation d’un passeport du pays d’origine donne droit rapidement à un permis de séjour provisoire, en attendant la présentation des autres documents nécessaires à l’octroi du permis permanent. Il n’y a donc pas de refus d’octroi des documents, a insisté la délégation. Toutes les personnes originaires du MERCOSUR en situation de vulnérabilité bénéficient de la gratuité des titre de séjour, a-t-elle ajouté.

Plusieurs propositions sont à l’examen pour faciliter l’octroi de visas aux migrants partant du Venezuela et de Cuba, a fait savoir la délégation, ajoutant que l’idée du visa électronique fait son chemin. Les autorités peuvent aussi octroyer des visas de manière accélérée dans certains cas, a en outre souligné la délégation.

Les personnes qui détiennent tous les papiers nécessaires peuvent obtenir leur titre de séjour en moins de six mois, a par la suite indiqué la délégation, affirmant que le délai maximal pour la remise de la documentation complète, après délivrance d’un titre provisoire au moment de la demande de titre de séjour, est de deux ans.

Les autorités peuvent demander à une personne sans papiers de régulariser sa situation mais ne peuvent l’expulser, a en outre souligné la délégation.

L’augmentation spectaculaire des demandes d’asile en Uruguay a obligé les autorités à définir des priorités dans le traitement des dossiers, a-t-elle par ailleurs expliqué, précisant que dans les formulaires de demande d’asile, les cas d’immigration économique sont traités avec un rang de priorité inférieur.

Certains fonctionnaires sont regroupés en équipes chargées de simplifier les démarches administratives des migrants. Une équipe est spécialisée dans la défense des droits des enfants et des adolescents migrants, y compris s’agissant de les protéger contre la traite et l’exploitation au travail, a précisé la délégation. L’Uruguay est le premier pays du MERCOSUR à appliquer un protocole de prise en charge des migrants mineurs aux frontières, 919 enfants et adolescents étant suivis à ce titre, a par ailleurs indiqué la délégation.

L’Uruguay a ouvert des consulats là où vivent de nombreux Uruguayens, notamment en Espagne et aux États-Unis, a ensuite fait savoir la délégation. Les consulats offrent des services consulaires typiques ainsi que des aides aux familles et un soutien aux rapatriements, dont la demande augmente depuis quelque temps, a-t-elle indiqué.

Les Uruguayens de l’étranger peuvent venir voter au pays mais, conformément à la volonté populaire exprimée à deux reprises, le vote à l’étranger n’est pas autorisé, a-t-il été précisé.

Le Conseil national des migrations est composé de représentants de l’État et de la société civile, y compris des migrants. Il a élaboré le Plan national d'intégration des migrants axé notamment sur l’accès aux papiers et aux prestations sociales. Le Conseil mène des activités de formation et de renforcement des capacités des fonctionnaires dans tout le pays, a indiqué la délégation.

Les autorités garantissent l’accès des personnes réfugiées aux soins de santé dès leur arrivée, a ensuite fait valoir la délégation. L’accès à certaines prestations de santé spécialisées est assuré sur présentation d’un carte d’identité ou d’un titre de séjour, a-t-elle ajouté. Tous les réfugiés ont aussi accès aux soins de santé mentale, qui sont considérés comme faisant partie des soins universels, a-t-elle précisé.

Depuis 2012, l’accès aux interruptions volontaires de grossesse est soumis à un délai de résidence d’une année en Uruguay, le but étant d’éviter un « tourisme de l’avortement » depuis l’Argentine, a par ailleurs indiqué la délégation. Elle a fourni d’autres informations concernant la prise en charge sanitaire pendant la pandémie de COVID-19.

Des mesures sont aussi prises pour favoriser l’accès des migrants au logement et aux subventions dans ce domaine, a poursuivi la délégation. Le Gouvernement s’efforce d’aider toutes les catégories de migrants et applique ce faisant une approche sensible aux besoins des femmes.

L’Uruguay a passé des accords avec de nombreux pays en ce qui concerne l’accès aux prestations sociales telles que la retraite ou encore les allocations pour handicap, dont les conditions d’octroi ont été assouplies, a d’autre part indiqué la délégation. Elle a mentionné plusieurs programmes sociaux destinés aux personnes sans logement, victimes d’addiction ou encore libérées du système carcéral – autant de programmes qui sont également ouverts aux migrants, a-t-elle précisé.

S’agissant de la couverture sociale des étrangers, la Banque de prévoyance sociale accorde ses prestations à toute personne en Uruguay qui est en mesure de présenter des papiers de séjour en règle. À défaut, la présentation d’un passeport étranger donne aussi droit aux prestations. La Banque veille à ce que les migrants bénéficient de tous les droits garantis par la loi. Par ailleurs, la présentation de papiers n’est pas une condition sine qua non de l’accès aux soins de santé, a rappelé la délégation.

Le système de validation des diplômes étrangers a été entièrement repensé, les demandes d’équivalence étant actuellement traitées en quatre mois, contre plusieurs années auparavant, a par ailleurs fait valoir la délégation.

Les discours de haine contre les étrangers ont augmenté en Uruguay à mesure que le pays est devenu attirant pour les immigrés, a poursuivi la délégation. Le Code pénal condamne les actes de haine et de violence commis contre une personne pour des motifs liés à la discrimination, y compris la discrimination raciale, a-t-elle souligné, avant de préciser qu’un projet de loi est à l’étude depuis cet été pour élargir le nombre de motifs de discrimination. Quant à la promotion d’idéologies racistes, elle est interdite depuis 1942 en Uruguay. Les incitations à la violence contre certaines personnes ou certains groupes de personnes peuvent être poursuivies en justice, a ajouté la délégation.

Les migrants ayant commis des délits pénaux sont soumis au même régime de détention que les autres criminels, a indiqué la délégation. Les mécanismes chargés de contrôler les conditions de vie dans les lieux de privation de liberté – l’institution nationale de droits de l’homme et le mécanisme national de prévention – coordonnent leurs visites et travaillent en ce moment à la création d’un registre des actes de torture ou de mauvais traitements, a précisé la délégation.

S’agissant de la situation de jeunes migrants privés de liberté, il a en outre été précisé qu’ils suivaient en détention des enseignements scolaires et professionnels. Il n’y a jamais eu de cas d’enfant déscolarisé en raison de son statut migratoire, a par ailleurs assuré la délégation.

Le système SIMORE est provisoirement en maintenance et des dispositifs alternatifs de collecte des données nécessaires à l’établissement des rapports ont été mis en place, a expliqué la délégation.

L’Uruguay est intéressé par toute assistance du Comité en ce qui concerne le renforcement des capacités des fonctionnaires en matière de droits des migrants, a-t-elle aussi fait savoir.

La délégation a ensuite mentionné la publication, par le Ministère du travail, d’un guide d’action interinstitutionnelle pour lutter contre toutes les situations de traite et d’ exploitation au travail en Uruguay. Les autorités œuvrent, en coordination avec l’Organisation internationale pour les migrations, à la prise en charge des victimes, a-t-il été souligné. Des journées de formation aux différents aspects de la lutte contre la traite sont organisées à l’intention des fonctionnaires concernés, a indiqué la délégation, avant d’ajouter qu’avec plusieurs pays voisins, l’Uruguay publie un guide destiné à informer les migrants de leurs droits.

Les autorités procèdent à des inspections des lieux de travail, a poursuivi la délégation, avant de souligner que les personnes qui s’estiment victimes d’exploitation peuvent déposer plainte auprès des autorités d’inspection, lesquelles sont tenues d’ouvrir une enquête dans les 24 heures. Tout constat d’infraction donne lieu à des sanctions, a assuré la délégation. La ligne d’appel d’urgence existe toujours : elle permet de recevoir des conseils, mais elle ne peut recevoir de plaintes, a-t-il été précisé.

La délégation a insisté à plusieurs reprises sur le rôle joué, dans la réduction du problème de la traite, par l’obligation faite aux ressortissants de certains pays d’obtenir un visa pour entrer en Uruguay.

La délégation a précisé – entre autres données statistiques – que le taux d’activité des migrants arrivés depuis cinq ans (en 2022) était supérieur à celui des Uruguayens, le taux de chômage étant légèrement supérieur parmi les migrants, mais en forte baisse depuis cinq ans également. Le Gouvernement offre par ailleurs aux entreprises des subventions pour qu’elles recrutent des jeunes ainsi que des personnes d’ascendance africaine, a ajouté la délégation.

La délégation a par ailleurs souligné que l’inspection du travail s’efforçait aussi de contrôler le respect de la loi dans le secteur informel.

Le Parlement est saisi d’un projet de loi visant à intégrer dans la législation uruguayenne la Convention de l’OIT concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail, a-t-il été précisé. Le Ministère du travail n’a pas encore progressé dans l’évaluation de la ratification de la Convention n°143 de l’OIT, a d’autre part indiqué la délégation.

Toute personne détentrice d’un titre de séjour ou d’un passeport peut suivre les formations de reconversion professionnelle, a en outre fait valoir la délégation.

Le recensement de 2023, dont les résultats préliminaires viennent d’être publiés, montre notamment qu’une part de 3% de la population uruguayenne est née à l’étranger, a précisé la délégation. Ce recensement informe également de la répartition territoriale des migrants et de leurs nationalités d’origine.

Les immigrés en Uruguay peuvent très facilement transférer des fonds à l’étranger, a d’autre part assuré la délégation.

La délégation a dit ne pas avoir connaissance de projet de loi sur l’expulsion de migrants. En l’état, a-t-elle précisé, la loi permet l’ expulsion de personnes ayant commis des crimes contre l’humanité ou d’autres crimes graves, de même que de personnes condamnées pour trafic de drogue et ayant purgé leur peine.

Les autorités accordent une grande importance à la formation et à la sensibilisation des fonctionnaires appelés à traiter les situations des migrants et des requérants d’asile, a insisté la délégation.

Toute personne peut exercer sa religion sans problème en Uruguay, a assuré la délégation, en réponse à une question d’un expert sur le respect des cultes des personnes d’ascendance africaine.

Remarques de conclusion

M. CERIANI CERNADAS a expliqué que le Comité était très préoccupé par la tendance de certains politiciens à considérer les migrants comme une menace, ce qui explique que l’intégration des migrants passe souvent à la trappe. Il faut rappeler que les migrants sont des êtres humains dont il faut s’efforcer d’améliorer le quotidien et les conditions de vie, a-t-il ajouté. En Uruguay, des améliorations peuvent être apportées à l’exercice du droit de vote par les Uruguayens de l’étranger, ainsi qu’en ce qui concerne l’accès des migrants à certaines prestations sociales, a estimé l’expert.

M. GARCÍA SÁENZ a déclaré que le Comité pensait pouvoir aider l’Uruguay à venir en aide aux travailleurs migrants qui viennent frapper à sa porte.

M. CORZO SOSA a souligné que le Comité avait pour intention d’accompagner l’Uruguay dans la promulgation de lois ou d’amendements visant à donner effet à la Convention, le but étant de faire avancer la cause des personnes en situation de migration.

Enfin, M. LOZANO BONET a insisté sur la longue tradition de son pays dans l’accueil de migrants venus d’Europe, d’Afrique et, de nos jours, de pays limitrophes ou du Venezuela, notamment. L’Uruguay n’a pas de population autochtone colonisée par des tiers : tous ses habitants sont des enfants d’immigrants, ce qui se voit dans les noms de famille des membres de la délégation, a fait remarquer le Ministre. C’est pourquoi l’Uruguay accueille les migrants avec le plus grand respect et à bras ouverts.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

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