Fil d'Ariane
Le Conseil des droits de l’homme poursuit son débat général sur les questions relatives au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l’intolérance qui y est associée
Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi cet après-midi son débat général, entamé ce matin, au titre du point de l’ordre jour consacré au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à l’intolérance qui est associée. Il a entendu dans ce cadre les déclarations de très nombreuses délégations*.
Nombre d’intervenants ont souligné que la Déclaration et le Programme d'action de Durban étaient un cadre essentiel pour les efforts de lutte contre le racisme et une feuille de route pour l’action. Si les États avaient pleinement et efficacement mis en œuvre ces deux documents, adoptés à l’issue de la Conférence mondiale contre le racisme tenue à Durban en septembre 2001, bon nombre des mécanismes qui font chaque année rapport au Conseil n’auraient pas été nécessaires car des progrès significatifs auraient été accomplis dans l’élimination du fléau du racisme, a estimé une délégation. Une organisation non gouvernementale (ONG) a regretté l’existence de ce qu’elle a considéré être une campagne de désinformation menée contre la Déclaration et le Programme d’action de Durban. Le manque d’avancement dans les activités associées à la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine a par ailleurs été regretté.
Des intervenants ont déploré la multiplication des manifestations de racisme, de discrimination raciale, de stéréotypes négatifs et de xénophobie dans le monde. En particulier, une délégation a déploré les lacunes dans la prévention des actes racistes visant les réfugiés et les migrants. Ont également été dénoncés l’emprisonnement excessif des personnes d’ascendance africaine, les violences policières à leur encontre, ainsi que le profilage racial. Des délégations ont fait part de leur préoccupation face à la montée des discours haineux et des manifestations d’intolérance religieuse et ont dénoncé l’autodafé de livres religieux, y compris la Bible, le Coran et la Torah.
Au cours du débat, une délégation a tenu à réaffirmer qu’il ne fallait faire aucune distinction entre les différentes formes de discrimination raciale, car – a-t-elle souligné – elles sont toutes inacceptables. Cette délégation a dénoncé les « assignations identitaires » et a rappelé que les droits sont liés à l’individu en raison de son humanité et non de son appartenance à tel ou tel groupe dont il ne pourrait s’abstraire.
Des délégations ont fait part des efforts déployés par leurs pays pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale, notamment par l’adoption de stratégies et plans d’action nationaux. Un intervenant a souligné que s’il incombait en premier lieu aux États de protéger et de mettre en œuvre les droits de l’homme, certains acteurs non étatiques, comme les organismes sportifs, ont un rôle à jouer pour prévenir la discrimination raciale et autres intolérances qui y sont liées.
Pour lutter efficacement contre le racisme et la discrimination raciale, une délégation a insisté sur la nécessité de disposer d’un cadre juridique d’ordre pénal bien étoffé et de veiller à ce que la discrimination raciale soit érigée en infraction pénale. Une autre délégation a appelé à résister et à s’opposer à toutes les manifestations de haine, en particulier celles qui sont enracinées dans les mythes, les stéréotypes et la peur de l’inconnu. À cet égard, elle a relevé la nécessité d’élaborer une législation plus complète contre les discours haineux afin de prévenir ces actes à la racine.
Il faut reconnaître que le racisme systémique contre les personnes d’ascendance africaine est l’héritage du passé colonial, a-t-il été souligné, car il est impossible de s’attaquer efficacement aux effets persistants du racisme sans combattre les séquelles du colonialisme et de l’esclavage, qui continuent d’avoir un impact négatif sur les droits des personnes d’ascendance africaine.
Il faudra bien plus qu’une simple rhétorique pour lutter efficacement contre le racisme et toutes les formes d’intolérance, a affirmé une délégation ; et seul l’esprit d’unité permettra de passer de la rhétorique à la réalité, a ajouté une oratrice. Une autre intervenante a préconisé d’éduquer les citoyens, indépendamment de leurs origines, à tendre vers le vivre-ensemble. Il a été recommandé, en outre, de favoriser la participation des personnes d’ascendance africaine dans les affaires publiques.
Les manifestations d’islamophobie et d’antisémitisme à travers le monde ont aussi été dénoncées cet après-midi. Une délégation a mis en garde contre ce qu’elle a qualifié d’ « héritage antisémite » de la Conférence de Durban. La montée en Europe de partis politiques ayant des racines nazies ou néofascistes a par ailleurs été jugée préoccupante.
Des délégations ont enfin dénoncé des crimes racistes, des situations d’apartheid, des discriminations sur la base de la caste et des persécutions de minorités dans plusieurs pays, régions et territoires sous occupation coloniale.
En fin de séance, Israël, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont exercé leur droit de réponse.
Dans la matinée de lundi prochain, le Conseil sera saisi d’une mise à jour orale du Haut-Commissariat sur la situation des droits de l’homme en Ukraine, qui sera suivie d’un dialogue.
*Liste des intervenants : Malawi, Malaisie, Allemagne, Chine, Afrique du Sud, Bangladesh, Maroc, Cuba, Algérie, États-Unis d’Amérique, Bolivie, Soudan, Honduras, France, Luxembourg, Inde, Pakistan, Gambie, Côte d'Ivoire (au nom du Groupe des États africains), Portugal (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise, CPLP), Iraq, Bahreïn, Pays-Bas, Israël, Arménie, Türkiye, Colombie, Égypte, Arabie saoudite, Irlande, État de Palestine, Fédération de Russie, Indonésie, Zimbabwe, Pérou, Namibie, Australie, Tunisie, Djibouti, Nigéria, Venezuela, Afghanistan, République populaire démocratique de Corée, Ouganda, Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), Azerbaïdjan, Madagascar, Brésil, République islamique d’Iran et Union européenne (au nom d’un groupe de pays),
Les organisations non gouvernementales suivantes ont aussi participé au débat: International Foundation Witnesses Ashoora, Institute for NGO Research, Elizka Relief Foundation, Congrès juif mondial, Legal Analysis and Research Public Union, Institut international pour les droits et le développement, Al-Haq – Law in the Service of Man, Khiam Rehabilitation Center for Victims of Torture, Global Institute for Water, Environment and Health, Coordination des associations et des particuliers pour la liberté de conscience, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies, Human Rights & Democratic Participation Center "SHAMS", Conectas Direitos Humanos, Association pour la défense des droits de l'homme et des revendications démocratiques/culturelles du peuple Azerbaidjanais-Iran - « ARC », Women's Centre for Legal Aid and Counseling, Youth Parliament for SDG, Asociacion HazteOir.org, BADIL Resource Center for Palestinian Residency and Refugee Rights, Association of Iranian Short Statured Adults, Humanists International, Union of Northwest Human Rights Organisation, ArabEuropean Forum for Dialogue and Human Rights, Agence des cités unies pour la coopération Nord-Sud, Sikh Human Rights Group, Conseil universel des droits de l'homme, Platform for Youth Integration and Volunteerism, Service international pour les droits de l'homme, China Foundation for Human Rights Development, Integrated Youth Empowerment - Common Initiative Group (I.Y.E. – C.I.G.), Association MIMAN, Asociacion Cubana de las Naciones Unidas, Amnesty International, The Regional Center for the Welfare of Ageing Persons in Cameroon, Immigration, Association Mahona, Servas International, Association pour l'intégration et le développement durable au Burundi, International Association of Jewish Lawyers, Indigenous People of Africa Coordinating Committee et International-Lawyers.Org.
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