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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DÉBAT MINISTÉRIEL ANNUEL

Compte rendu de séance

Ont pris la parole cet après-midi les représentants de Sri Lanka, du Bangladesh, de la Türkiye, du Kenya, de l'Afrique du Sud au nom du groupe des 21, et de l'Algérie

 

La Conférence du désarmement a terminé cet après-midi un débat de haut niveau de quatre jours au cours duquel sont intervenus de nombreux dignitaires de rang ministériel.

Au cours de ce débat de haut niveau qui a commencé le lundi 27 février, les intervenants ont souligné le contexte sécuritaire mondial tendu, marqué notamment par l'intervention de la Fédération de Russie en Ukraine, les tirs récents de missiles réalisés par la République populaire démocratique de Corée, l'échec de la dernière conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le retrait de la Fédération de Russie du Traité « New Start » de réduction des armes stratégiques entre les États-Unis et la Fédération de Russie.

Les délégations ont été nombreuses à souligner que la situation actuelle ne faisait que mettre en évidence la nécessité de progresser dans le désarmement mondial et le régime de non-prolifération, qui demeurent les objectifs premiers de la Conférence. Plusieurs intervenants ont aussi appelé les États dotés d'armes nucléaires à fournir aux États non dotés des garanties de sécurité juridiquement contraignantes contre l'emploi ou la menace de l'emploi d'armes nucléaires. Les ministres ont aussi été nombreux à appeler de leurs vœux des négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, certains estimant qu'un tel traité devrait porter sur les stocks existants de matières fissiles et non seulement sur la production future. Plusieurs ont également appelé de leurs vœux un traité de prévention de la course aux armements dans l'espace.

Face à la paralysie de la Conférence, certains intervenants ont en outre estimé qu'il fallait convoquer une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement destinée à réévaluer les principes et les mécanismes des Nations Unies dans le domaine du désarmement.

Les délégations suivantes ont pris la parole lors de la séance de cet après-midi : Sri Lanka, Bangladesh, Türkiye, Kenya, Afrique du Sud (au nom du groupe des 21) et Algérie. En fin de séance, les pays suivants ont exercé le droit de réponse : Fédération de Russie, République populaire démocratique de Corée, Israël, République arabe syrienne, Iran, États-Unis, République de Corée, Japon, et Chine.

 

La date de la prochaine séance ordinaire de la Conférence du désarmement sera annoncée ultérieurement.

 

Déclarations

MME HIMALEE ARUNATILAKA (Sri Lanka) a souligné que le monde était confronté à une myriade de menaces qui sont au cœur des questions examinées à la Conférence du désarmement depuis des décennies, principalement la menace d'une escalade nucléaire. D'autres défis actuels en matière de sécurité internationale, tels que la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et les vecteurs d'armes perfectionnés, ne font qu'augmenter les dangers associés à l'existence d'armes de destruction massive. Cette situation accentue la nécessité de progresser dans le désarmement mondial et le régime de non-prolifération, qui demeure l'objectif premier de la Conférence.

Sri Lanka est vivement préoccupé par l'incapacité collective à parvenir à un consensus lors de la dernière Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Compte tenu du danger croissant de prolifération des armes de destruction massive, en particulier des armes nucléaires, il est impératif que les États dotés d'armes nucléaires fournissent aux États non dotés des garanties inconditionnelles, non discriminatoires, irrévocables et juridiquement contraignantes contre l'emploi ou la menace de l'emploi d'armes nucléaires. Par ailleurs, Sri Lanka demeure fermement convaincue qu'un accord juridiquement contraignant vérifiable sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace est nécessaire et que des mesures volontaires de transparence et de confiance ne sauraient se substituer à de telles réglementations contraignantes, a-t-elle indiqué. L'ambassadrice a également souligné que Sri Lanka faisait partie des nombreux États qui ont constamment exprimé leurs préoccupations concernant les considérations juridiques, militaires, sécuritaires, technologiques et éthiques des systèmes d'armes autonomes et qui soulignent l'importance de maintenir la centralité d'un contrôle humain significatif dans tout système d'arme.

M. MOHAMMAD SUFIUR RAHMAN (Bangladesh) a exhorté tous les pays à donner un élan à la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pour promouvoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Malheureusement, les affirmations intéressées de certains États prennent en otage la possibilité d'entamer des négociations sur un instrument juridiquement contraignant offrant des garanties aux États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de l'emploi d'armes nucléaires par les États dotés. Le Bangladesh est convaincu que la création de zones exemptes d'armes nucléaires et l'adhésion à leurs protocoles sont des mesures provisoires utiles pour obtenir des garanties négatives de sécurité.

Le Bangladesh est également d'avis que les négociations sur un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles efficace, non discriminatoire, juridiquement contraignant et internationalement et effectivement vérifiable, qui inclurait les stocks existants, devraient commencer bientôt. Le Bangladesh relève également la nécessité de préserver notre espace commun de la militarisation et de la course aux armements, a-t-il indiqué.

MME ARZU ERÇELÍK VANDEWEYER (Türkiye) a déclaré que les perspectives en matière de sécurité internationale se sont dégradées au cours de la dernière décennie. La guerre en Ukraine entraîne de graves conséquences humanitaires et a des répercussions négatives dans la région et au-delà. La Türkiye est préoccupée par le fait que la guerre en Ukraine entre dans sa deuxième année sans perspectives de paix. Mettant fortement l'accent sur le règlement pacifique de la guerre, la Türkiye soutient les initiatives diplomatiques depuis le début de la guerre, y compris l'accord céréalier de la mer Noire. Tout en réaffirmant son soutien à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, y compris la Crimée, la Türkiye réitère son appel à la fin immédiate de cette guerre dévastatrice et à la sécurité des centrales nucléaires, en particulier celle de Zaporijjia.

Les récents rapports de l'équipe d'enquête et d'identification de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) ont confirmé trois attaques à l'arme chimique en Syrie en 2017 et 2018, a relevé la Représentante permanente adjointe. L'utilisation d'armes chimiques constitue une violation grave du droit international et est inacceptable, quelles que soient les circonstances. La Türkiye condamne fermement l'utilisation répétée d'armes chimiques en Syrie. La représentante a rappelé la position de la Türkiye qui considère comme des menaces majeures pour la paix et la sécurité internationales les questions centrales que représentent le terrorisme et l'accès facilité des organisations terroristes aux matières, à la technologie et au savoir-faire relatifs aux différentes formes d'armes de destruction massive. Elle a également souligné que la Türkiye est préoccupée par la décision récente de la Fédération de Russie de suspendre sa participation au Traité « New Start ». La représentante a réitéré l'appel de son pays à la mise en œuvre de la résolution de 1995 sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de toutes autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

M. Anthony Mathenge (Kenya) a déclaré qu'en dépit de l'environnement actuel de sécurité mondiale caractérisé par des tensions géopolitiques accrues et « un système de réduction des armements en ruine », il incombe à tous d'affirmer le rôle et le mandat de la Conférence et de lui éviter de perdre sa crédibilité. M. Mathenge a indiqué que le Kenya s'associait au Groupe des 21 pour demander aux États dotés d'armes nucléaires de fournir des garanties contre l'emploi ou la menace de l'emploi d'armes nucléaires contre les États non dotés. En fin de compte, le meilleur moyen d'y parvenir serait d'adopter un instrument juridiquement contraignant dans ce domaine, a-t-il déclaré.

La persistance des arsenaux nucléaires constitue une grave menace pour l'humanité tout entière, a poursuivi le représentant kényan. Dans le même ordre d'idées, le Kenya encourage les deux plus grandes puissances nucléaires à renouveler leur attachement au Traité « New Start » et à renforcer leur dialogue et leur coopération en vue d'endosser leurs obligations au titre de ce pacte. Le Kenya soutient par ailleurs pleinement la création de zones exemptes d'armes nucléaires dans toutes les régions, en tant qu'étape importante vers l'élimination définitive et totale des armes nucléaires.

MME TSHOLOFELO GLENDA TSHEOLE (Afrique du Sud), intervenant au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), a souligné la nécessité de redoubler d'efforts afin de renforcer et de revitaliser la Conférence du désarmement et de préserver sa crédibilité par l'adoption et la mise en œuvre d'un programme de travail équilibré et complet, afin de lui permettre de s'acquitter de son mandat, notamment par la reprise de ses travaux de fond, y compris, entre autres, les négociations sur le désarmement nucléaire.

Le Groupe des 21 réitère sa préoccupation face à la situation difficile et complexe qui règne actuellement dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale. À cet égard, il appelle à redoubler d'efforts pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve actuellement la réalisation du désarmement nucléaire sous tous ses aspects. Mme Tsheole a ensuite rappelé la position du Groupe des 21 sur la question du désarmement nucléaire et sa volonté d'aboutir à l'élimination complète des armes nucléaires et sur le mandat de négociation de la Conférence, et notamment son soutien à la création de zones exemptes d'armes nucléaires.

M. LAZHAR SOUALEM (Algérie) a déclaré que son pays, partant du principe de non-alignement, insiste sur l'importance de ne pas se contenter de gérer les crises mais de faire face aux défis pour casser les cercles vicieux que connaissent ces crises qui perdurent. Il faut prendre les problèmes à la racine. L'Algérie appelle notamment à soutenir le Mali face à la crise qu'il traverse. Il faut aussi mettre fin aux interventions étrangères en Libye et aider à la réconciliation dans ce pays. L'Algérie a aussi évoqué les difficultés rencontrées au Sahel en raison du terrorisme et de l'extrémisme violents.

La situation fragile du monde jette une ombre sur les mécanismes internationaux, notamment sur la Conférence désarmement. Il faut exploiter les opportunités et rapprocher les positions afin de revitaliser le mandat de la Conférence sur les questions de désarmement et faire preuve de persévérance. L'Algérie a pris ses responsabilités dans le domaine de la non-prolifération nucléaire et estime que la Conférence doit avancer vers la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles.

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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