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Examen du rapport de la Slovénie devant le CEDAW : le pays est l’un des exemples de réussite en matière d'égalité des sexes, mais les situations problématiques se multiplient, est-il observé

Compte rendu de séance

La Slovénie développe traditionnellement une politique en faveur de la famille et des femmes et les mesures que le pays a prises pour harmoniser sa législation avec les normes internationales sont appréciables. Toutefois, des situations problématiques se multiplient. Les femmes et les filles migrantes, réfugiées, handicapées, issues de minorités nationales, défavorisées, rurales, LBTI et roms sont victimes de discriminations. Par ailleurs, les femmes de la sphère publique, actives dans la société civile, les partis politiques, les ONG, les syndicats, ou élues à des postes de pouvoir, font l'expérience d'une misogynie croissante, de discours haineux et de violences verbales, voire physiques.

Tel est le constat dressé par un membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) alors qu’était examiné aujourd’hui, à Genève, le rapport présenté par la Slovénie au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Plusieurs membres du Comité ont unanimement salué l’élection de de la première femme Présidente de Slovénie, en la personne de Mme Natasha Pirc Musar. Une experte a fait observer que la Slovénie était l'un des exemples de réussite en matière d'égalité des sexes au niveau mondial. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le pays se classe au douzième rang sur 146 pays en termes de participation des femmes et d'opportunités économiques pour elles.

Cependant, l’écart entre le taux de pauvreté des hommes et celui des femmes augmente significativement après l’âge de 60 ans, puisque 28% des femmes âgées de 75 ans ou plus vivent sous le seuil de pauvreté, alors que ce taux est de 12% pour les hommes de cette tranche d’âge, a relevé la même experte. En outre, a-t-elle ajouté, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes demeure. Au niveau local la représentation des femmes reste peu élevée et il va de même pour ce qui est des conseils d'administration des entreprises publiques, a observé l’experte.

Le pays a réalisé d’importants progrès en matière de santé, mais les inégalités de santé persistent, notamment pour les minorités ethniques telles que les communautés roms, a-t-il par ailleurs été souligné. Les femmes roms sont confrontées à des discriminations croisées et cette situation doit être traitée ; il en est de même pour les femmes migrantes et les demandeuses d’asile dans les centres d’accueil, a insisté un expert.

Présentant le rapport de son pays, M. Simon Maljevac, Ministre de l’avenir solidaire de la Slovénie, a indiqué que son Gouvernement restait déterminé à atteindre les normes les plus élevées dans le domaine de l'égalité des sexes et de la non-discrimination. Tandis que des efforts sont déployés pour parvenir à une plus grande égalité entre les sexes, le Gouvernement reconnaît que les femmes sont en retard par rapport aux hommes dans une série de domaines, a-t-il indiqué, avant de détailler les nouvelles mesures prises par la Slovénie depuis l’examen de son précédent rapport devant le Comité.

Malgré la politique de quotas mise en place, la participation politique des femmes en Slovénie reste en-deçà des attentes, a reconnu M. Maljevac. Néanmoins, l’année 2022 s'est avérée être une année historique pour les femmes, puisque 36 d’entre elles ont été élues députées (sur un total de 90 députés), tandis que la Présidence de l’Assemblée nationale est revenue à une femme. Plus encore, en novembre 2022, la première femme Présidente de la République a été élue à la tête du pays ; et désormais, les femmes représentent 35 % des conseillers municipaux et 13,6 % des maires élus. Pour autant, le Ministre a reconnu que la représentation équilibrée était encore loin d’être atteinte. Il a également reconnu l’existence de problèmes persistants de ségrégation sur le marché du travail.

M. Maljevac a en outre souligné que la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles reste une question prioritaire pour son Gouvernement. Les violences se sont intensifiées pendant la pandémie de COVID-19 et les appels via la ligne d’assistance téléphonique dédiée ont augmenté, a-t-il indiqué, ajoutant que les tribunaux ont classé les affaires concernant la violence à l'égard des femmes au rang des affaires urgentes. Par ailleurs, a souligné le Ministre, afin de réduire les impacts de la pandémie, le Gouvernement a financé des projets et des programmes supplémentaires pour aider les personnes les plus vulnérables.

Le Ministre a par ailleurs attiré l’attention sur la modification apportée au Code pénal pour introduire dans la législation slovène un changement qui suit le concept de crime de haine.

Conseillère-analyste du Centre pour les droits de l’homme auprès du Médiateur pour les droits de l’homme (institution nationale des droits de l’homme) de la Slovénie, Mme Jerneja Turin, a complété cette présentation. L’écart de rémunération entre les sexes a diminué en Slovénie, mais il reste important dans les secteurs public et privé et ce, quel que soit le niveau d’éducation, a-t-elle notamment souligné. Elle a également souhaité attirer l’attention sur la situation des femmes roms qui, dans le sud-est du pays, vivent en grande partie dans des campements roms séparés, manquant souvent des conditions de vie de base.

La délégation slovène était également composée, entre autres, de représentants des Ministères du travail, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances; de la santé; de la justice ; de l’intérieur ; de l’éducation ; et des affaires étrangères et européennes.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la Slovénie et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 24 février prochain.

 

Demain matin, à 10 heures, le Comité achèvera l’examen du rapport de la Tunisie.

 

Examen du rapport de la Slovénie

Le Comité est saisi du rapport périodique de la Slovénie (CEDAW/C/SVN/7) ainsi que d’une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. SIMON MALJEVAC, Ministre de l’avenir solidaire de la Slovénie, a indiqué que son Gouvernement restait déterminé à atteindre les normes les plus élevées dans le domaine de l'égalité des sexes et de la non-discrimination. Il a par ailleurs souligné que les organisations non gouvernementales (ONG) étaient pleinement partenaires du Gouvernement slovène et qu’elles étaient représentées dans le Conseil d’experts pour l’égalité des genres.

La Déclaration et le Programme d'action de Beijing et le processus de suivi y associé ont constitué le principal cadre politique et juridique du Gouvernement pour concevoir et mettre en œuvre des mesures et des stratégies qui visent à éliminer toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a poursuivi le Ministre, avant de réaffirmer l’attachement de son pays au principe d'égalité et d'équité entre les femmes et les hommes. Tandis que des efforts sont déployés pour parvenir à une plus grande égalité entre les sexes, le Gouvernement reconnaît que les femmes sont en retard par rapport aux hommes dans une série de domaines, a indiqué M. Maljevac, avant de détailler les nouvelles mesures prises par la Slovénie depuis l’examen de son précédent rapport devant le Comité.

Malgré la politique de quotas mise en place, la participation politique des femmes en Slovénie reste en-deçà des attentes, a reconnu M. Maljevac. Néanmoins, l’année 2022 s'est avérée être une année historique pour les femmes, puisque 36 d’entre elles ont été élues députées (sur un total de 90 députés), tandis que la Présidence de l’Assemblée nationale est revenue à une femme. Plus encore, en novembre 2022, la première femme Présidente de la République a été élue à la tête du pays ; et désormais, les femmes représentent 35 % des conseillers municipaux et 13,6 % des maires élus. Pour autant, le Ministre a reconnu que la représentation équilibrée était encore loin d’être atteinte. Il a toutefois précisé que sept des vingt membres du Gouvernement sont des femmes, le poste de Ministre des affaires étrangères et européennes, notamment, étant occupé par une femme. Les femmes sont également présentes dans les postes diplomatiques, avec 34% de femmes parmi les ambassadeurs.

Abordant les questions d’emploi, le Ministre a précisé que l’objectif principal n’était pas seulement d’assurer aux femmes le plein accès au marché du travail, mais également d’assurer les conditions préalables qui permettent aux femmes et aux hommes d’avoir un accès égal à un emploi décent. M. Maljevac a reconnu l’existence de problèmes persistants de ségrégation sur le marché du travail. Outre les récentes modifications législatives relatives à la loi sur la protection parentale et les prestations familiales, la loi modifiant le Code de la famille vient d’entrer en vigueur, a-t-il fait valoir.

M. Maljevac a en outre souligné que la prévention de la violence à l’égard des femmes et des filles reste une question prioritaire pour son Gouvernement. Les violences se sont intensifiées pendant la pandémie de COVID-19 et les appels via la ligne d’assistance téléphonique dédiée ont augmenté, a-t-il indiqué, ajoutant que les tribunaux ont classé les affaires concernant la violence à l'égard des femmes au rang des affaires urgentes. Par ailleurs, afin de réduire les impacts de la pandémie, le Gouvernement a financé des projets et des programmes supplémentaires pour aider les personnes les plus vulnérables.

Le Ministre de l’avenir solidaire a ensuite attiré l’attention sur deux modifications législatives importantes apportées au Code pénal. La première concerne les modifications apportées à ce Code en 2021 dans la partie traitant de l'intégrité sexuelle, que le Parlement vient d’adopter ; et la seconde concerne les modifications apportées au Code pour introduire dans la législation slovène un changement qui suit le concept de crime de haine. Il incombe aux États de veiller à ce que les victimes de crimes de haine soient protégées et qu’elles aient pleinement accès à la justice, a souligné M. Maljevac. En Slovénie, un service d'aide aux victimes a été mis en place dans les deux plus grands tribunaux de première instance, qui vise à faciliter la communication avec les victimes et à préparer des mesures pour leur protection.

Poursuivant sa déclaration, le Ministre a indiqué que la Loi sur l’enseignement supérieur avait été modifiée en 2022 pour y introduire un article sur le harcèlement sexuel. Le thème de la violence domestique est par ailleurs abordé lors d’événements organisés chaque année par le Centre de formation juridique.

Un programme a également été lancé en 2021 dans le but de sensibiliser les jeunes à la traite des êtres humains.

Rappelant l’importance de ne négliger aucun groupe de femmes vulnérables, le Ministre a d’autre part souligné que des mesures ont été prises récemment afin d'éliminer la discrimination dans la seule prison pour femmes du pays.

Enfin, la Slovénie accorde une attention particulière à l'agenda "Femmes, paix et sécurité" et le Gouvernement a déjà adopté à ce sujet deux plans d’action nationaux, dont l’évaluation du second est en cours et servira de base à la rédaction du prochain plan. Pour ce qui est de l’action préventive, une formation systématique pour tout le personnel participant aux opérations internationales et aux missions de maintien de la paix à l'étranger va être introduite, a annoncé le Ministre.

Conseillère-analyste du Centre pour les droits de l’homme auprès du Médiateur pour les droits de l’homme (institution nationale des droits de l’homme) de la Slovénie, MME JERNEJA TURIN, a indiqué qu’il s’agissait de sa première intervention devant le Comité depuis que l’institution a reçu en 2021 le statut "A" de pleine conformité aux Principes de Paris suite à l'extension de son mandat. Elle a reconnu des initiatives législatives positives en Slovénie, même si – a-t-elle ajouté – plusieurs questions méritent une attention supplémentaire pour améliorer la situation des femmes dans ce pays. Les femmes sont égales devant la loi, mais pourtant, la recherche montre que l’égalité dans la société est encore loin d’être atteinte, a souligné Mme Turin. Ainsi, a-t-elle fait observer, la Slovénie obtient un score de 67,5 points sur 100 dans l'indice d'égalité des sexes, et les progrès du pays en la matière ont été plus lents que ceux des autres États membres de l'Union européenne.

L’écart de rémunération entre les sexes a diminué, mais il reste important dans les secteurs public et privé et ce, quel que soit le niveau d’éducation : dans le secteur public, il est encore de 15% entre les hommes et les femmes ayant un niveau d’éducation tertiaire, a indiqué Mme Turin. En outre, les femmes sont davantage exposées au risque de pauvreté, a-t-elle ajouté.

D’autre part, si la proportion de femmes élues aux élections parlementaires et locales de 2022 a augmenté, la proportion de femmes élues maires n’est que de 13,7%. En outre, les femmes politiques, les femmes occupant d'autres fonctions publiques et les femmes journalistes sont régulièrement victimes de harcèlement et d'insultes sexistes.

Selon la dernière enquête nationale, 22% des femmes en Slovénie ont subi des violences physiques ou sexuelles, a poursuivi Mme Turin, avant d’ajouter que l’essentiel de la violence reste non rapportée à la police ou à d’autres institutions. Mme Turin a plaidé en faveur de mesures effectives visant à prévenir et éliminer les violences à l’égard des femmes.

Mme Turin a d’autre part souhaité attirer l’attention sur la situation des femmes roms qui, dans le sud-est du pays, vivent en grande partie dans des campements roms séparés, manquant souvent des conditions de vie de base, y compris en ce qui concerne l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'électricité. Elle a enfin souhaité attirer l'attention sur le lien étroit entre les conditions de vie des enfants et leurs résultats scolaires et leur employabilité (ultérieure), tandis que les filles roms ne terminent souvent pas leur scolarité.

Questions et observations des membres du Comité

Ouvrant la discussion, M. ELGUN SAFAROV, r apporteur du Comité pour l’examen du rapport de la Slovénie, a relevé que la Slovénie développait traditionnellement une politique en faveur de la famille et des femmes et a dit apprécier les mesures prises par le pays pour harmoniser sa législation avec les normes internationales. Il a toutefois déploré des situations problématiques qui se multiplient, et notamment les multiples violations des droits de l'homme, les discours de haine, ainsi que l'accès limité aux soins médicaux et sociaux et à l'assistance juridique gratuite pour les femmes durant les restrictions liées à la COVID-19.

Malheureusement, a poursuivi M. Safarov, les femmes et les filles migrantes, réfugiées, handicapées, issues de minorités nationales, défavorisées, rurales, LBTI et roms sont victimes de discriminations. Par ailleurs, a-t-il observé, les femmes de la sphère publique, actives dans la société civile, les partis politiques, les ONG, les syndicats, ou élues à des postes de pouvoir, font l'expérience d'une misogynie croissante, de discours haineux et de violences verbales, voire physiques.

L’expert a demandé si des mesures étaient prévues par le Gouvernement pour atténuer ces comportement sexistes et si des campagnes de sensibilisation allaient être menées. Il a en outre évoqué une augmentation de 26% des violences domestiques dans les familles de migrants et de réfugiés, ainsi que l’exploitation et le trafic de réfugiés ukrainiens.

M. Safarov a par ailleurs noté l’accès limité des ONG aux subventions et leur participation limitée à la résolution des problèmes communautaires. Il a interrogé la délégation sur le budget annuel alloué aux organisations de la société civile et a souhaité savoir combien d'entre elles étaient spécialisées dans les droits des femmes.

Qu’en est-il en Slovénie de la définition de la discrimination à l'égard des femmes conformément à l'article premier de la Convention, a demandé l’expert ?

Le rapporteur a relevé que le Ministère du travail, de la famille, des affaires sociales et de l'égalité des chances est l'autorité compétente, en Slovénie, pour l'élaboration de la politique en matière d'égalité des sexes. Par ailleurs, la loi sur l'égalité des chances pour les femmes et les hommes a introduit un nouveau mécanisme pour l'intégration de la dimension de genre dans les politiques gouvernementales, ainsi que pour la mise en œuvre et le suivi de cette question. L’expert a cependant demandé s’il existait des points focaux – spécialistes de ces questions – actifs au sein des différents ministères et des différentes régions du pays.

Quand le nouveau plan d'action national sur les droits des femmes va-t-il être adopté et ce dernier prévoit-il d’inclure la participation des ONG dans sa mise en œuvre, a par ailleurs demandé le rapporteur, avant de s’enquérir de ce qui a été mis en place en matière d’égalité des chances pour les femmes et les hommes ?

S’agissant des violences intrafamiliales, M. Safarov a noté que beaucoup de choses ont été mises en place et que beaucoup de changements en matière pénale sont intervenus depuis la loi de 2016 [loi modifiée sur la prévention de la violence domestique]. La délégation a été invitée à fournir des chiffres concernant la mise en œuvre des dispositions de cette loi et à préciser en outre s’il existe des instruments et des mesures prises pour lutter contre les stéréotypes à l’encontre des femmes.

En ce qui concerne la traite et l’exploitation des êtres humains, l’un des problèmes posés est celui de l’identification des auteurs et des différents maillons de la chaîne, car il s’agit d’un phénomène transnational, a d’autre part fait observer le rapporteur, avant de demander à la délégation d’apporter davantage de précisions sur les méthodes d’identification employées, sur les foyers d'accueil mis en place pour les victimes, et sur l'éventuelle réintégration des victimes dans leur communauté.

Plusieurs autres membres du Comité ont unanimement salué l’élection de de la première femme Présidente de la Slovénie - une avocate des droits de l’homme –, Mme Natasha Pirc Musar. Une experte a rappelé que la Slovénie était le premier membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a avoir nommé une femme cheffe des armées. Les femmes occupent aussi les plus hautes fonctions dans le secteur législatif, a-t-elle ajouté. Cependant, au niveau local la représentation des femmes reste peu élevée et il va de même pour ce qui est des conseils d'administration des entreprises publiques, a-t-elle observé, citant les données d'Eurostat selon lesquelles les femmes n’occupent que 23,1 % des postes de

direction.

Alors qu’à peine plus de 13% de femmes sont élues maires, la délégation a par ailleurs été interrogée sur les mesures prises pour augmenter le nombre de femmes participant aux élections locales et sur les campagnes mises en place pour favoriser les femmes issues de groupes minoritaires. Si la communauté rom dispose d’un représentant garanti au sein des conseils municipaux concernés [à savoir ceux situés dans les zones où vit la communauté rom], seules quatre femmes figurent parmi les 20 Roms élus conseillers, a-t-il été relevé. Aussi, la Slovénie envisage-t-elle de prendre des mesures pour favoriser une plus grande égalité entre les sexes parmi les conseillers roms élus ?

Une experte a fait observer que la Slovénie était l'un des exemples de réussite en matière d'égalité des sexes au niveau mondial. Par ailleurs, le pays se classe au douzième rang sur 146 pays en termes de participation des femmes et d'opportunités économiques pour elles. Cependant, l’écart entre le taux de pauvreté des hommes et celui des femmes augmente significativement après l’âge de 60 ans, puisque 28% des femmes âgées de 75 ans ou plus vivent sous le seuil de pauvreté, alors que ce taux est de 12% pour les hommes de cette tranche d’âge. En outre, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes demeure et, si déjà les personnes handicapées gagnent en moyenne 25 % de moins que les autres personnes, les femmes handicapées gagnent encore 8 % de moins que les hommes handicapés, en particulier dans les zones rurales où elles sont particulièrement marginalisées. Quelles mesures l’État partie envisage-t-il de prendre pour réduire ces écarts, a-t-il été demandé ? Et quelles mesures sont-elles prises pour garantir que les groupes de femmes marginalisées, y compris les femmes roms, aient accès à un emploi à long terme ?

Si la Slovénie est partie à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides, elle n’est toutefois toujours pas partie à la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie, a-t-il par ailleurs été relevé. Aussi, le pays a-t-il été appelé à adhérer à cette dernière Convention, ainsi qu’à la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Sur ce dernier point, le pays a notamment été invité à éliminer les barrières structurelles pour les travailleuses migrantes et les réfugiées.

Une experte a salué la mise en place d’une couverture quasi universelle pour la population s’agissant des services de santé et de l’assurance maladie, ainsi que l’existence d’un ensemble très complet de services destinés aux femmes, notamment en ce qui concerne leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. Le pays a réalisé d’importants progrès en matière de santé, mais les inégalités de santé persistent, notamment pour les minorités ethniques telles que les communautés roms, a-t-il été souligné.

Les femmes roms sont confrontées à des discriminations croisées et cette situation doit être traitée ; il en est de même pour les femmes migrantes et les demandeuses d’asile dans les centres d’accueil, a insisté un expert.

Réponses de la délégation

La délégation a assuré de sa pleine coopération avec les organisations de la société civile, même si – a-t-elle reconnu – cette coopération pourrait davantage être renforcée ; c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle, en mai prochain, un atelier sera organisé avec le Médiateur de l’institution nationale des droits de l’homme. La délégation a par ailleurs souligné que le rapport soumis au Comité avait été examiné en premier lieu avec les ONG du pays avant d’être présenté devant le Parlement puis d’être mis en ligne. À l’heure actuelle, il existe environ 28 000 organisations de la société civile, a précisé la délégation, avant de transmettre les chiffres des budgets qui leur sont alloués.

En 2016, la Loi sur la protection contre la discrimination a été adoptée pour remplacer la Loi sur l’application du principe d’égalité de traitement, a d’autre part rappelé la délégation. Cette Loi de 2016 permet notamment à un certain nombre d’organisations de venir en aide aux personnes victimes de discriminations, a précisé la délégation, avant d’ajouter que l’institution nationale des droits de l’homme dispose d’un bureau composé de 50 personnes chargées de traiter de ces questions.

Quant aux discours de la haine, ils sont interdits, notamment en vertu du Code pénal, a précisé la délégation. Les forces de l’ordre et le bureau du Procureur sont chargés de suivre les situations relatives aux discours de la haine, a-t-elle poursuivi, avant d’indiquer que le Gouvernement envisage de mettre en place un organe consultatif chargé de formuler des propositions sur cette question, d’analyser le phénomène des discours de haine et de proposer un certain nombre d’actions pour y remédier. La délégation a indiqué qu’il y avait actuellement peu de procès pour discours de la haine car il ne s’agit souvent que de diffamation.

La délégation a indiqué que le pays comptait 5 à 10 cas par an de féminicides dans le cadre de violences intrafamiliales. Souvent, les victimes de violences domestiques ne portent pas plainte, a souligné la délégation. L’accent a donc été mis sur l’importance d’autonomiser les victimes, a-t-elle expliqué. Un système a été mis en place pour lutter contre cette violence et mieux informer les victimes quant à leurs droits. Une fois que ces dernières portent plainte, elles sont généralement satisfaites de la réponse apportée par l'État, a assuré la délégation, avant de reconnaître que davantage devait encore être fait pour lutter contre ces violences. Il a par ailleurs été précisé que les victimes de violences domestiques bénéficiaient toutes d’une aide et d’un accompagnement juridique gratuits.

La délégation a poursuivi en précisant que le Plan d’action contre les violences intrafamiliales est en réalité une résolution. En 2021, le ministère chargé de cette question a enregistré 499 victimes hommes et 1716 femmes, a-t-elle précisé, avant d’ajouter que des programmes ont été mis à disposition des quelque 2200 victimes. De nouvelles résolutions doivent être prises afin de mieux contrer ce type de violences, a poursuivi la délégation, avant de souligner que toutes les formes de violences, notamment lorsque les victimes sont des femmes, demeurent une priorité pour la police slovène.

Il est important de modifier les perceptions du grand public et de faire comprendre que le Gouvernement slovène opte pour une politique de tolérance zéro en matière de violences intrafamiliales, a insisté la délégation.

S’agissant des communautés migrantes, la prévention passe par des activités de sensibilisation, a d’autre part souligné la délégation. Étant donné que le pays a accueilli sur son territoire un grand nombre de personnes venues d’Ukraine, il s’est avéré important de préciser les mesures de protection disponibles pour ces personnes. La police a ainsi pris contact avec les lieux et les familles d’accueil afin de prêter main forte aux groupes cibles dans le cas de violences à leur encontre.

La délégation a fait savoir qu’une nouvelle résolution relative au Programme national d’égalité des chances pour les femmes et les hommes à l’horizon 2030 est en cours de préparation. Cette résolution, qui définit les objectifs à atteindre en matière d’égalité des chances, contient six domaines prioritaires d'intervention, parmi lesquels la réduction des inégalités entre les femmes et les hommes; la prévention et la protection contre toute forme de violence ; ou encore la promotion d’une représentation équilibrée des femmes et des hommes.

Des mesures sont prises pour inciter les groupes les plus vulnérables et les personnes défavorisées à accéder au marché de l’emploi , notamment via la promotion de l’entrepreneuriat féminin, a par ailleurs indiqué la délégation. Les femmes handicapées font également partie de la population active et sont régulièrement impliquées dans les organes décisionnels, a-t-elle ajouté.

Depuis 2018, a poursuivi la délégation, des activités et des programmes de sensibilisation sur la traite des êtres humains sont organisés. Dans le cadre des formations mises en place dans ce domaine, 121 experts ont été formés pour sensibiliser les écoles primaires et 35 experts pour les écoles secondaires et les programmes couvrent notamment les questions liées aux mariages forcés et arrangés, à l’exploitation par le travail, ainsi qu’aux réfugiés et aux migrants, plus particulièrement en ce qui concerne les mineurs non accompagnés, a-t-il été précisé. Toutes les personnes faisant une demande de protection internationale sont immédiatement incluses dans un programme d’identification des victimes potentielles de la traite, tandis que les femmes et les mineurs non accompagnés sont informés de leurs droits.

La délégation a assuré que le Gouvernement slovène souhaitait être davantage ambitieux en ce qui concerne la participation des femmes à la vie politique et à des fonctions de haut niveau. Il faut avant tout veiller à ce que la situation ne se dégrade pas et, de toute évidence, le système des quotas ne suffit pas, a affirmé la délégation. C’est pourquoi, le Gouvernement examine toutes les mesures susceptibles d’être adoptées afin d’inciter à une meilleure participation des femmes à la vie politique.

Pour ce qui est de la place des femmes dans les postes à haut niveau, la délégation a précisé que l’écart entre les sexes s’est considérablement réduit entre 2009 et 2020, puisque la part des femmes y est passée de 16 à 40%, le nombre de femmes diplomates étant passé, lui, de 51 à 59%.

La délégation a en outre précisé que les femmes constituent 16,82% des membres des forces armées et que 12 700 femmes y servent, tous domaines confondus. La Slovénie a déjà connu deux femmes ministres de la défense, a-t-elle par ailleurs souligné.

D’autre part, pour ce qui est de la représentation des femmes dans les directions d’entreprises, la délégation a indiqué que quelque 27,7% de femmes occupent le poste de PDG et 26% le poste de Directrice.

Le Gouvernement s’est penché sur un projet d’ autonomisation des femmes, dont l’objectif est de faire évoluer les mentalités au sujet des femmes en politique et de leur participation à la vie civile. Cette initiative s’attaque aux stéréotypes traditionnels, a souligné la délégation. Il s’agit d’un projet sur deux ans, soutenu par l’Union européenne, qui propose des programmes de formation pour l’autonomisation des femmes, l’organisation d’ateliers pour les étudiants du secondaire, ou encore la préparation d’un manuel pour les enseignants et la production d’outils en ligne.

Concernant l’inclusion sociale des groupes vulnérables, des programmes sont également en cours d’élaboration et devraient être financés par l’Union européenne. Il existe également des fonds pour renforcer le statut des femmes dans les zones rurales, a ajouté la délégation.

S’agissant des communautés roms et de leur accès à l’éducation, le Gouvernement a mis en place une robuste politique d’intégration et un mécanisme d'assistance, a souligné la délégation. Des places dans les écoles ont notamment été réservées aux professeurs roms, mais cette mesure a accusé un certain retard dans sa mise en œuvre en raison de la pandémie de COVID-19, a ajouté la délégation.

Quant aux enfants réfugiés, ils peuvent être inscrits à l’ école dans les mêmes conditions que les enfants slovènes, a souligné la délégation.

Les femmes réfugiées ont toutes accès aux soins de santé et aux soins médicaux d’urgence, ainsi qu’aux soins psychosociaux, a ajouté la délégation.

La délégation a enfin expliqué que le Ministère de l’intérieur a émis des réserves quant à la ratification de la Convention de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie en raison de l’article 12 de cet instrument, qui prévoit une application rétroactive de l’article premier [de la même Convention] « pour les individus nés tant avant qu’après l’entrée en vigueur de la Convention ».

 

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CEDAW23.009F