Aller au contenu principal

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LES HAUTS DIGNITAIRES DE DIX PAYS PRENNENT LA PAROLE DANS LE CADRE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

 

Elle entend notamment les Ministres des affaires étrangères de l'Ukraine et de la Russie, ainsi que du Kazakhstan, de l'Égypte, de la République tchèque et de l'Afrique du Sud et plusieurs autres hauts dignitaires

 

La Conférence du désarmement a repris, ce matin, son débat de haut niveau avec les interventions de douze hauts dignitaires, dont les Ministres des affaires étrangères de l'Ukraine et de la Fédération de Russie. Sont également intervenus les Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, de l'Égypte, de la République tchèque et de l'Afrique du Sud, ainsi que des représentants des ministères des affaires étrangères de la Slovénie, de la Roumanie, de l'Italie et de la Bulgarie. Le Secrétaire exécutif de l'Organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a également pris la parole.

Le Ministre ukrainien des affaires étrangères M. Dmytro Kuleba, a demandé la convocation d'une session extraordinaire de la Conférence du désarmement avec pour principal thème l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine. Il a également proposé d'y examiner, éventuellement, les menaces biologiques, chimiques et nucléaires de cette agression. Il a dénoncé comme crimes de guerre les attaques aveugles contre la population et l'infrastructure civile de l'Ukraine par la Fédération de Russie et dénoncé les faux prétextes de la Russie pour justifier davantage l'agression.

Le ministre russe, M. Serguei Lavrov, a pour sa part estimé que les menaces que le «régime de Zelensky» représente pour les pays voisins et la sécurité internationale en général ont considérablement augmenté avec les projets d'acquisition par les autorités installées à Kiev de leurs propres armes nucléaires. Il a dénoncé les efforts menés par les États membres de l'OTAN pour exercer une dissuasion contre la Russie, notamment en attirant l'Ukraine dans son orbite tout en lui fournissant des armes. Ces pays n'ont démontré aucune volonté de fournir à la Russie des garanties de sécurité à long terme juridiquement contraignantes, notamment le renoncement à un nouvel élargissement de l'OTAN.

D'autres interventions de ce matin ont également porté, outre la situation en Ukraine, sur les travaux de la Conférence du désarmement pour cette année, plusieurs insistant sur la nécessité d'engager rapidement des négociations sur la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires. L'examen des moyens d'empêcher la militarisation de l'espace extra-atmosphérique a aussi retenu l'attention de certains intervenants.

 

La Conférence du désarmement poursuivra son débat de haut niveau cet après-midi, à partir de 15 heures.

 

Déclarations

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a souligné que le monde vivait un moment sombre et sans précédent de son histoire. Un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU a lancé une invasion à grande échelle sur un État souverain, membre de l'ONU. Les troupes russes ont traversé les frontières ukrainiennes depuis le territoire de la Russie et du Bélarus et les parties occupées de l'Ukraine, du Donbass et de la Crimée. La Russie a attaqué et continue d'attaquer l'Ukraine depuis l'Est, le Sud, le Nord et par voie aérienne. Elle lance d'horribles attaques sur des villes par les airs, avec des chars d'assaut et de l'artillerie, mène des opérations de reconnaissance et de subversion. Le ministre ukrainien a dit qu'hier encore, la Russie avait commis de nouveaux crimes de guerre en bombardant aveuglément les villes de Kharkiv et Tchernihiv, tuant et blessant un grand nombre de civils. Des navires russes ont attaqué deux vaisseaux civils et se sont emparés de deux autres en Mer noire, ce qui constitue une violation flagrante du droit international de la mer. Pour M. Kuleba, rien ne saurait justifier les tirs de missiles contre des immeubles, jardins d'enfants, orphelinats, hôpitaux, ambulances et véhicules de transports publics, ni les millions de réfugiés fuyant le feu russe. La dernière fois que son pays avait vécu une telle situation remonte à la Seconde guerre mondiale lorsqu'il était attaqué par les Nazis, a rappelé le ministre ukrainien.

«Cette agression a détruit la paix et la sécurité internationales», a affirmé M. Kuleba, dénonçant comme crimes de guerre et des violations du Statut de Rome les attaques aveugles contre la population et l'infrastructure civile, ce qui bafoue également toutes les normes relatives au contrôle des armements et au désarmement. Il a dénoncé les faux prétextes de la Russie pour justifier davantage l'agression, voire tenter de créer des risques chimiques, biologiques et nucléaires en Ukraine. Selon le chef de la diplomatie ukrainienne, l'objectif consiste à persuader la communauté internationale que l'Ukraine est à blâmer. Or, c'est bien la Russie qui a détruit le système de la sécurité internationale qui avait vu le jour sur le continent européen au lendemain de la Seconde guerre mondiale en violant tous les traités relatifs au désarmement, a souligné le ministre, ajoutant que l'architecture euro-atlantique et la sécurité mondiale étaient visées, ce qui appelle une réponse mondiale.

L'ONU, ses organes et organes subsidiaires, notamment la Conférence du désarmement, doivent prendre des mesures sans équivoque. M. Kuleba a souligné que le fait de prétendre maintenant que l'ONU et les organes et mécanismes chargés du désarmement peuvent travailler comme si de rien n'était est tout simplement immoral. Il faut accorder la priorité à mettre fin à l'assaut russe et au meurtre de citoyens ukrainiens. Le ministre a ensuite indiqué que, conformément au paragraphe 8 du Règlement intérieur de la Conférence du désarmement, l'Ukraine a demandé la convocation d'une session extraordinaire avec pour principal thème l'agression armée contre l'Ukraine. Il a également proposé d'y examiner, éventuellement, les menaces biologiques, chimiques et nucléaires de cette agression armée afin d'adopter des mesures spécifiques pour relever ce défi sans précédent. Il a souligné que l'avenir de la sécurité mondiale se jouait aujourd'hui en Ukraine. Si les graves violations de la Russie restent sans réaction, personne ne sera épargné. Nous ne pouvons rester les bras croisés alors que la Russie tente de prendre notre capitale, a poursuivi le ministre, soulignant que l'Ukraine ne cédera jamais et œuvrera sur le plan diplomatique et en faveur de sanctions économiques contre l'agresseur. Ce n'est qu'ensemble que nous gagnerons la guerre contre la Russie, a-t-il ajouté.

La représentante permanente de l'Ukraine a ensuite pris la parole pour une mise à jour des informations sur la demande qu'elle a déposée hier pour une réunion extraordinaire de la Conférence du désarmement sur l'attaque massive contre l'Ukraine. Cette demande pourrait être examinée en plénière, en toute urgence, avec le soutien des délégations.

M. MUKHTAR TILEUBERDI, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, s'est félicité de l'adoption par consensus, le 22 février, de la décision pour la création de cinq organes subsidiaires. Il a par ailleurs salué la déclaration des cinq membres permanents du Conseil de sécurité du 3 janvier dernier s'engageant à prévenir la propagation des armes nucléaires, de même que le dialogue entre les États-Unis et la Russie entamé en juillet dernier à Genève. Rappelant que le 22 février avait marqué le premier anniversaire de l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le Kazakhstan a invité les pays asiatiques à le ratifier afin de favoriser son universalisation. Les dispositions sur les obligations positives du Traité sont tout aussi importantes dans le domaine humanitaire. Le Kazakhstan et Kiribati ont rédigé un document de travail sur le Traité, qui vient renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en tant que pierre angulaire du désarmement mondial.

Le ministre kazakh a également appelé à redoubler d'efforts pour établir des zones exemptes d'armes nucléaires, comme celle d'Asie centrale, dont le Kazakhstan fait partie. Les arsenaux nucléaires qui subsistent rendent le monde moins sûr et prévisible ; c'est pourquoi il faut engager des négociations sur la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires. Il a espéré que le Groupe de travail sur la question de la course aux armements dans l'espace atmosphérique pourra avancer dans ses travaux. En outre, le Kazakhstan estime qu'il faut créer une agence internationale pour la sécurité biologique, dont la nécessité a été mise en évidence avec la pandémie de COVID-19. Le ministre a souligné qu'une réunion d'experts sera convoquée pour favoriser un climat de confiance et d'entente mutuelles et échanger des idées quant à la tenue de cette réunion. Le programme de désarmement est une entreprise vaste et complexe, qui exige d'encourager le compromis, ce à quoi le Kazakhstan compte s'employer.

M. SERGUEÏ LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, qui intervenait par visioconférence, a d'abord regretté ne pouvoir être présent à Genève, «car l'Union européenne a refusé de respecter l'un des droits fondamentaux de l'homme – le droit à la liberté de circulation». Ayant choisi la voie des sanctions unilatérales illégitimes, les pays de l'Union européenne s'éloignent d'un dialogue honnête en face à face, de contacts directs visant à aider à trouver des solutions politiques à des problèmes internationaux urgents. La plus aiguë d'entre elles, la tragédie de l'Ukraine, est le résultat de la connivence de soutiens occidentaux avec le régime criminel qui s'y est développé après le coup d'État sanglant et inconstitutionnel de 2014, perpétré malgré les garanties fournies par l'Allemagne, la Pologne et la France en vertu de l'accord sur le règlement de la crise interne ukrainienne. Aujourd'hui, les dangers que le «régime de Zelensky» représente pour les pays voisins et la sécurité internationale en général ont considérablement augmenté avec les projets d'acquisition de leurs propres armes nucléaires par les autorités installées à Kiev. En effet, l'Ukraine dispose toujours des technologies nucléaires soviétiques et des vecteurs de ces armes. La Russie ne peut manquer de répondre à ce danger réel. La Russie, en tant que membre responsable de la communauté internationale, attachée à ses obligations de non-prolifération des armes de destruction massive, prend toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'émergence d'armes nucléaires et de technologies connexes en Ukraine. Elle exprime l'espoir que tout un chacun est conscient de la nécessité de résoudre ce problème.

M. Lavrov a par ailleurs déclaré qu'il était nécessaire de refuser toute action visant à démanteler l'architecture de la maîtrise des armements, de la non-prolifération et du désarmement. Il est de la plus haute importance de s'abstenir de mesures dangereuses dans le domaine du renforcement militaire qui pourraient être considérées comme une violation du principe de sécurité égale et indivisible. Malheureusement, ce principe très fondamental est ignoré par les États membres de l'OTAN qui redoublent d'efforts pour exercer une dissuasion contre la Russie, notamment en attirant le régime de Kiev dans l'orbite de l'Alliance tout en lui fournissant des armes meurtrières ainsi qu'en menant des exercices militaires provocateurs et d'autres activités à proximité des frontières russes. «Nos collègues occidentaux» n'ont démontré aucune volonté de fournir à la Russie des garanties de sécurité à long terme juridiquement contraignantes, notamment le renoncement à un nouvel élargissement de l'OTAN. Les pays occidentaux doivent s'abstenir d'établir des installations militaires sur les territoires des anciennes républiques de l'URSS qui ne sont pas membres de l'OTAN, y compris l'utilisation de leurs infrastructures pour toute activité militaire. Et enfin, les capacités militaires de l'OTAN doivent être ramenées aux niveaux de 1997, au moment de la signature de l'Acte fondateur OTAN-Russie. Ces objectifs sont d'une importance cruciale pour la Russie.

Le mécanisme onusien de désarmement a un rôle décisif à jouer pour ouvrir la voie à la sortie de crise du système de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération, a poursuivi le Ministre russe des affaires étrangères. La Conférence du désarmement en est l'élément clé. La Russie est particulièrement attachée à l'élaboration d'un instrument juridiquement contraignant pour prévenir une course aux armements dans l'espace et estime qu'il ne faut plus différer les négociations, sur la base notamment du projet de traité soumis par la Russie et la Chine. S'agissant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la Russie juge inacceptable que, contrairement à ses dispositions fondamentales, un certain nombre de pays européens aient encore des armes nucléaires américaines sur leur territoire. La Russie est en outre préoccupée par «l'entreprise controversée de l'Australie, du Royaume-Uni et des États-Unis visant à créer un partenariat fermé appelé AUKUS», qui ne manque pas d'avoir des effets négatifs sur le régime de non-prolifération nucléaire, provoque des tensions et crée les conditions préalables à un nouveau cycle de course aux armements. M. Lavrov a ajouté que la situation actuelle démontre clairement que l'inflexibilité de Washington coûte cher à la sécurité mondiale. Une politique basée sur la pression et le chantage est absolument sans issue.

Le Représentant permanent de la Fédération de Russie a ensuite pris la parole suite à l'information selon laquelle la délégation de l'Ukraine cherchait à convoquer une session extraordinaire de la Conférence du désarmement. Il a officiellement déclaré que la Russie ne donnerait pas son accord à la tenue d'une session extraordinaire.

M. SAMEH SHOUKRY, Ministre des affaires étrangères de l'Égypte, a encouragé à se pencher sur les raisons de l'absence de progrès dans la Conférence du désarmement. Il a demandé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de traduire leur déclaration conjointe dans des faits concrets en termes de dissuasion et d'élimination de l'arme nucléaire. Il a exprimé son inquiétude sur l'absence de négociations sur la sécurité négative, qui est une obligation humanitaire susceptible d'épargner à l'humanité les affres de ces armes dévastatrices.

Le ministre égyptien a appelé les États dotés de l'armes nucléaire à entamer les négociations sur un instrument d'interdiction des matières fissiles. Il a aussi encouragé à empêcher que l'espace extra-atmosphérique devienne un champ d'armement. Il a relevé que des installations nucléaires ne sont toujours pas contrôlées par l'Agence internationale de l'énergie atomique, preuve que le régime de contrôle de non-prolifération ne fonctionne pas comme il le devrait. Il a par ailleurs espéré que la dixième conférence d'examen sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires débouchera sur un document qui exprimera les points de vues de tous les pays.

M. ROBERT FLOYD, Secrétaire exécutif de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a estimé que nous vivons un moment important de l’histoire alors que nous entendons que des armes nucléaires ont été mises en alerte. Les armes de destruction massive posent des menaces existentielles et les mesures de prévention et de contrôle sont essentielles. Si les diplomates et scientifiques ont travaillé d’arrache-pied pour rédiger le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, c’est surtout la Conférence du désarmement qui a facilité son adoption, le résultat de décennies d’efforts. M. Floyd a souligné les capacités impressionnantes de détection du système de contrôle international (IMS), quasi achevé, et la sensibilité extraordinaire des senseurs déployés dans 300 stations IMS dans des points stratégiques du monde, se disant convaincu que nous continuerons à dépasser les attentes dans ce contexte. Ainsi, l’éruption du volcan Tonga-Hunga Ha’apai a été détectée par un réseau ultrason IMS et par les signaux enregistrés par chacune des 53 stations ultrason certifiées, qui ont continué à le faire plusieurs après l’éruption, ce qui prouve les capacités impressionnantes du système. Il a précisé que son organisation continuerait de développer des capacités dans l’alerte précoce des tsunamis et autres phénomènes naturels. Avec 185 signatures et 170 ratifications, M. Floyd s’est enorgueilli des progrès du Traité et s’est fixé comme objectif d'obtenir 5 nouvelles ratifications d’ici septembre, soit la fin du premier anniversaire de l’entrée en vigueur.

M. STANISLAV RAŠČAN, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de la Slovénie, a fait part de son espoir de voir la Conférence du désarmement progresser dans ses travaux, et d’élargir l’architecture de la sécurité mondiale en accueillant d’autres membres, comme la Slovénie.

La Slovénie exhorte la Russie à cesser son agression contre l’Ukraine et de s’abstenir de toute menace contre l’indépendance et la souveraineté de l’État ukrainien. La Russie a aussi été appelée à œuvrer de concert avec les États-Unis pour prévenir une guerre nucléaire et une course aux armements. Il a encouragé à la ratification, d’urgence, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et à entamer les négociations sur un instrument relatif aux matières fissiles. D’autre part, M. Raščan a demandé à la République populaire démocratique de Corée de s’abstenir de procéder à tout essai nucléaire et au lancement de missiles balistiques, et d’entamer un dialogue en vue d’une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule de Corée. Il a enfin souhaité que la Conférence du désarmement rende son règlement intérieur plus «neutre» du point de vue du genre.

M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, s’est demandé ce qui justifiat la mesure extraordinaire prise par la Russie contre l'Ukraine et a demandé que ce pays soit tenu responsable de ses actes qui menacent la sécurité mondiale. Comment peut-on établir la confiance dans les institutions internationales si nous ne réagissons pas maintenant, s’est-il demandé, condamnant le comportement de la Russie, qui porte la crise actuelle à des niveaux sans précédent. Il a craint que la situation attise la haine dans les pays de la région et les voisins les plus proches de l’Ukraine. La République tchèque continuera à soutenir l’Ukraine dans sa défense d'un avenir démocratique conformément à son orientation euro-atlantique.

M. CORNEL FERUȚĂ, Secrétaire d’État pour les questions mondiales et les stratégies diplomatiques de la Roumanie, a attaché une grande importance au rôle de la Conférence du désarmement et invité à la revitaliser. Il a mis l’accent sur la confiance mutuelle et la coopération de bonne foi, dans le contexte de fragilité du monde actuel. À cet égard, il a fermement condamné l’agression militaire injustifiée et non provoquée de la Russie contre l’Ukraine et réaffirmé l’appui de son pays à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l'indépendance de l'Ukraine. Les actions de la Russie sont une violation claire du Mémorandum de Budapest. Ces derniers jours, nous nous interrogeons sur les déclarations faisant allusion à une menace nucléaire imminente, a-t-il remarqué, en incitant à la prudence. Aucun scénario nucléaire ne doit être traité à la légère, a précisé M. Feruță, qui a invité la Russie à respecter ses engagements et à renoncer à la voie qu'elle a choisie.

Pour promouvoir le désarmement, le Secrétaire d’État roumain a estimé qu'il ne fallait pas remettre à plus tard les négociations sur un instrument sur les matières fissiles. Il a aussi dit ne pas douter que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires contribuerait à plus de stabilité dans le monde et invité les États qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer. M. Feruță a aussi joint sa voix aux appels demandant d’accorder aux femmes la place qui leur revient dans les négociations sur la paix, la sécurité et le désarmement international.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères et à la coopération internationale de l’Italie, a déclaré que la Conférence du désarmement n’opère pas dans le vide et que ses travaux ne sauraient être dissociés des réalités de la sécurité et de la politique internationales. Ainsi, la semaine dernière, une grande puissance nucléaire a attaqué un pays voisin et menacé de représailles tout État qui s'aviserait de venir à son secours. Pour M. Della Vedova, l’opération militaire russe est une agression très grave, injustifiée et non-provoquée contre l’Ukraine, que l’Italie a vigoureusement condamnée car elle représente une violation du droit international et des principes fondamentaux de la coexistence humaine. Il a affirmé que l’Italie se tient donc aux côtés du peuple ukrainien, tout comme l’Union européenne et les partenaires atlantiques. Le Sous-Secrétaire d’État italien a exhorté la Russie à cesser immédiatement son opération militaire, à retirer, sans conditions, ses forces et son équipement militaires de l’ensemble du territoire ukrainien et à pleinement respecter l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine. Il a jugé d’une importance vitale que les opérations de sûreté et de sécurité des installations nucléaires de ce pays ne soient pas affectées de quelque façon que ce soit, exprimant sa profonde inquiétude au sujet de la situation de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Dans le contexte des efforts internationaux tendant au renforcement de l’architecture de non-prolifération, M. Della Vedova a souligné l'importance cruciale du Plan d’action global commun [qui vise à garantir que le programme nucléaire de l’Iran sera mené exclusivement à des fins Pacifiques] ; la mise en œuvre complète des arrangements et de dispositions de la résolution 2231 du Conseil de sécurité demeure essentielle pour la sécurité tant régionale qu’internationale. Il a demandé à tous les participants aux pourparlers de Vienne à ne ménager aucun effort en vue de résoudre les problèmes actuels par le biais du dialogue et a exhorté l’Iran à fournir à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) une pleine coopération dans les délais impartis concernant tous les engagements de garanties. L’Italie condamne par ailleurs fermement le lancement répété de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée, exhortant ce pays à s’abstenir de toutes provocations à l’avenir susceptibles de saper la paix régionale ainsi que la paix et la sécurité internationales. Le dignitaire italien s’est profondément inquiété, d’un autre côté, du paysage international en termes de sécurité, avec des tensions et des rivalités géopolitiques croissantes partout dans le monde, alors que la pandémie Covid-19 a exacerbé les conflits, avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles. Un système international reposant sur des règles et un multilatéralisme efficace s’avère d’une importance majeure pour relever les défis mondiaux et les menaces à la paix et à la sécurité internationales. Il a ainsi rappelé la nécessité fondamentale d’un engagement collectif renouvelé pour préserver les institutions internationales et garantir leur bon fonctionnement. Il a recommandé la même détermination dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armes afin de préserver les acquis et de faire progresser les processus pertinents en œuvrant de concert à l’amélioration de la sécurité mondiale.

MME VELISLAVA PETROVA, Vice-Ministre aux affaires étrangères de la Bulgarie, a dénoncé l’intervention militaire russe, planifiée depuis longue date, contre l'Ukraine. Elle a appelé la Russie à cesser immédiatement ses hostilités, à retirer ses troupes et à respecter le droit international. La Conférence du désarmement peut jouer son rôle pour mettre en œuvre le multilatéralisme, a-t-elle affirmé, regrettant que le dernier instrument à l’adoption duquel elle a présidé ne soit pas encore entré en vigueur. La Ministre bulgare a cependant estimé que la prolongation du New START montre qu’il est possible de faire des progrès.

Mais la mise en état d’alerte des forces de dissuasion de la Russie est très inquiétante pour la Bulgarie qui, en tant que membre de l’Union européenne et de l’OTAN, continue à maintenir ses engagements de non-prolifération et de désarmement. La Vice-Ministre a conseillé une approche pratique en tenant compte de la situation et du contexte actuel. En tant que membre du Conseil exécutif de l’Organisation d’interdiction des armes chimiques, la Bulgarie prend toutes les mesures pour qu’il n’y ait pas de remise en question des instruments négociés par la Conférence du désarmement.

MME NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération de l’Afrique du Sud, a mis en avant l’approche post-apartheid de son pays alors qu'en mai 1994, son gouvernement s’était engagé dans une politique en faveur de la non-prolifération et du désarmement, partie intégrante de son engagement pour la démocratie. Cela repose sur la conviction que la paix et la sécurité internationales ne sauraient être dissociées du développement. Elle a fustigé l’accumulation d’arsenaux militaires et les dépenses militaires effarantes alors que des millions de personnes vivent dans la pauvreté. La Conférence du désarmement doit résolument renouveler son engagement en faveur d’un désarmement nucléaire et dynamiser son action dans ce domaine. De par leur nature même, les armes nucléaires menacent la sécurité collective mondiale. Les États ont par conséquent une responsabilité légitime en termes de désarmement, et la Conférence doit élargir sa composition pour garantir le principe d’équité, afin que tous les États aient leur mot à dire sur une question qui les concerne tous.

L’Afrique du Sud est également très préoccupée que la Conférence du désarmement n'ait toujours pas accompli son mandat en dépit du fait qu’elle existe depuis plus d’un quart de siècle. Alors que la toute première résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, en 1946, exigeait le désarmement, certains États souhaitent encore conserver des armes de destruction massive, contrevenant ainsi aux traités auxquels ils ont souscrit et aux engagements pris. Un point de départ pour la dixième conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires consisterait à se baser sur les principes de transparence, de vérification et d’irréversibilité, comme cela fut le cas lors des conférences successives d’examen, dont les résultats demeurent valables jusqu’à leur application complète, a-t-elle souligné, insistant ensuite sur le respect des dispositions du Traité et des résultats des conférences d’examen. La ministre a espéré que les efforts déployés vers un consensus sur le programme de travail porteront leurs fruits grâce à une volonté réelle de dépasser des intérêts étroits. L’Afrique du Sud est disposée à participer à toutes les négociations concernant un instrument sur les matières fissiles et sur d’autres questions de fond.

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

CD22.0013F