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DÉBAT DE HAUT NIVEAU DU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME : DE NOMBREUX HAUTS DIGNITAIRES CONDAMNENT « L’AGRESSION » DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE CONTRE L’UKRAINE

Compte rendu de séance

 

Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau en entendant les déclarations d’une vingtaine de hauts dignitaires, dont une quinzaine de Ministres des affaires étrangères. Comme ce matin, la crise ukrainienne a dominé les interventions.

Ainsi, de nombreux intervenants ont continué, cet après-midi, de dénoncer et de condamner l’« agression » et l’« attaque » menées par la Fédération de Russie contre l’Ukraine, en violation flagrante du droit international. Il s’agit de la plus grande menace pesant sur la paix et la sécurité internationales, a-t-il été affirmé.

Les hauts dignitaires ont également fait part de leurs préoccupations s’agissant de plusieurs autres situations de droits de l’homme dans le monde et ont évoqué les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les droits de l’homme.

Ont fait des déclarations des hauts dignitaires des pays suivants : Croatie, Saint-Marin, Andorre, Afrique du Sud, Luxembourg, France, Islande, Grèce, Nouvelle-Zélande, Canada, Pérou, Liechtenstein, Suède, Turquie, Finlande, Maroc, Brésil, Pakistan, Angola (au nom de la Communauté des pays de langue portugaise), République islamique d'Iran, et Philippines.

 

Le Conseil poursuit ses travaux cet après-midi en tenant son débat annuel sur la prise en compte systématique des droits de l'homme dans l'ensemble du système des Nations Unies.

 

Suite du débat de haut niveau

M. GORDAN GRLIC RADMAN, Ministre des affaires étrangères et européennes de Croatie, a affirmé que la crise ukrainienne en cours avait des conséquences dévastatrices pour le peuple ukrainien et pour la sécurité européenne et mondiale. Nous condamnons fermement l’agression militaire sans précédent de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui constitue une violation flagrante du droit international, a-t-il déclaré. Il a rappelé que son pays ne sait que trop bien ce que cela signifie d’être victime d’une agression, d’être envahi et attaqué. Nous réitérons notre soutien constant et de principe à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, a insisté le Ministre.

M. Radman a ensuite précisé que la Croatie avait fait don de plus de deux millions de doses de vaccins, dont un demi-million distribuées bilatéralement et 1,6 million via le programme COVAX.

Les conflits prolongés et l’apparition de nouveaux conflits se sont traduits par un nombre sans précédent de sessions spéciales du Conseil en 2021, a fait observer le Ministre. Il a appelé les États à autoriser les visites de pays des titulaires de mandats au titre des procédures spéciales du Conseil. Le Ministre croate a ensuite précisé que son pays, qui avait été victime lui-même d’une agression, était toujours à la recherche de 1852 personnes disparues, près de trois décennies après la guerre. Cette question demeure essentielle pour la Croatie. Concluant son propos, M. Radman a indiqué appuyer fermement les outils développés par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’holocauste (IHRA), organe dont la Croatie assurera la présidence en mars 2023 et qui confirme l’engagement du pays envers “l’enseignement, la recherche et la mémoire de l’Holocauste”.

M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères, de la coopération économique internationale et des télécommunications de la République de Saint-Marin, a dénoncé les « régressions dangereuses, qui menacent la résilience du système démocratique mondial », auxquelles on assiste, le monde étant désormais pleinement conscient que « la pandémie a exacerbé à elle seule de nombreuses situations préexistantes de fragilité et d'inégalité, causant encore plus de dommages aux groupes vulnérables et marginalisés ». Il y a deux ans, « un tel pas en arrière ne semblait pas possible, mais il s'est malheureusement produit et nous devons reconnaître que la responsabilité en est partagée », a déclaré le Ministre, avant d’insister sur la nécessité pour les pays d'inverser cette tendance dangereuse, sous les auspices du Conseil des droits de l'homme et de l'Examen périodique universel.

M. Beccari a également fait savoir que Saint-Marin avait promu une loi visant à éliminer les obstacles à la compréhension et à la communication, pour protéger les personnes souffrant de handicaps sensoriels ainsi que leurs droits et libertés fondamentaux. Il a également indiqué que le pays avait lancé un projet d'accueil de mineurs non accompagnés, afin d'accueillir sur son territoire des jeunes vulnérables. Rappelant que Saint-Marin avait été le premier en Europe – et parmi les premiers pays au monde – à abolir et condamner la peine de mort, le Ministre a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à abolir la peine capitale ou, au moins, à observer un moratoire sur les exécutions.

Mme Esmeralda Mendonça, Secrétaire d'Etat pour les relations extérieures de la République d'Angola , au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a souligné que nombre d’États membres de la Communauté avaient été durement touchés par la crise sanitaire occasionnée par la COVID-19, mais aussi, simultanément, par des catastrophes naturelles. Ces événements ont eu des conséquences sur la jouissance d’un certain nombre de droits, notamment en ce qui concerne le droit au développement, a-t-elle regretté. Elle a insisté sur la priorité que la CLPC accorde à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et a relevé le rôle essentiel joué par les jeunes et les femmes dans ce domaine.

Mme Mendonça a insisté sur l’importance de veiller à limiter l’impact de la pandémie et du réchauffement climatique du point de vue de l’égalité entre hommes et femmes et de ne laisser personne de côté. La communauté internationale doit dresser le bilan des enseignements tirés de la pandémie pour reconstruire des économiques durables à l’avenir, a-t-elle plaidé. Elle a enfin insisté sur l’importance du multilatéralisme dans le domaine des droits de l’homme et a expliqué soutenir les candidatures du Brésil et du Timor Leste pour un prochain siège au sein du Conseil.

MME MARIA UBACH FONT, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre, a rappelé l’attachement de son pays aux valeurs promues par le Conseil et a déclaré que « les récentes attaques de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, que l’Andorre condamne fermement, nous rappellent malheureusement que ces valeurs ne doivent pas être considérées comme acquises mais qu’il appartient (…) à chacun d’entre nous de travailler sans relâche pour que le respect et la promotion des droits humains soient un axe constant de travail et de conduite ». La Ministre s’est associée à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies de « reprendre la voie du dialogue » et a demandé à la Fédération de Russie de « cesser au plus vite les opérations militaires en Ukraine ».

Mme Ubach Font a ensuite relevé que, face à une pandémie qui a mis à mal certains piliers de nos sociétés et a eu un impact profond sur le quotidien de nombreuses familles, les pays devaient employer les moyens nécessaires pour éviter que ce changement de paradigme au niveau mondial ne fasse reculer les droits des citoyennes et citoyens et la protection des personnes les plus vulnérables. En effet, les statistiques récentes prouvent que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les situations de violences envers les femmes et les enfants, a mis en garde la Ministre.

Mme Ubach Font s’est, par ailleurs, félicitée du travail réalisé par le Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance technique à l’appui de la participation des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement aux travaux du Conseil des droits de l’homme, dont on fêtera les dix ans en 2022.

MME NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération d'Afrique du Sud, s’est d’abord dite très préoccupée par la situation en Ukraine. Elle a salué la décision de l'Ukraine et de la Fédération de Russie de tenir des pourparlers sans conditions préalables et a fait remarquer que le Conseil des droits de l’homme peut être un lieu où trouver un équilibre permettant à ces deux nations de se réunir et de parvenir à la paix. Mme Pandor a recommandé de donner aux droits de l'homme une signification pratique, avec des conséquences réelles et tangibles. Quant au Conseil, il est un véritable forum multilatéral et il doit rester fidèle à son mandat et éviter les pièges qui pourraient le mener à la ruine, a-t-elle plaidé. Elle a insisté sur le fait que le Conseil devait être exempt de toute politisation et de toute partialité, chaque problème devant y être traité séparément, en examinant toutes les dimensions du problème, qu'elles soient thématiques ou propres à un pays. L'une des façons d'y parvenir serait de combler les lacunes du droit international des droits de l'homme, a recommandé Mme Pandor.

Mme Pandor a aussi plaidé pour une réduction de la part du budget du Haut-Commissariat aux droits de l’homme financée par des deniers privés et pour une correction urgente de manque de ressources consacrées aux droits de l’homme par les Nations Unies. L’Afrique du Sud sera candidate au Conseil pour la période 2023-2025, a enfin fait savoir la Ministre.

M. Jean Asselborn, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a déclaré que l’agression injustifiable de la Fédération de Russie contre l’Ukraine de ces derniers jours a été à juste titre condamnée comme un acte inhumain et illégal qui sera lourd de conséquences. En vertu de la résolution fondatrice du Conseil des droits de l’homme, tous les membres de cet organe sont appelés à observer « les normes les plus strictes en matière de promotion et de défense des droits de l’homme », a-t-il rappelé, soulignant que l’agression russe contre l’Ukraine est l’antithèse de ces normes.

La guerre en Ukraine est loin d’être le seul conflit armé qui menace le plein respect des droits humains à l’heure actuelle, a poursuivi le Ministre. Des millions de civils en Afghanistan font face à la famine, tandis que les Taliban s’en prennent aux femmes courageuses qui osent leur tenir tête. Le conflit en Éthiopie a vu la perpétration de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité avec d’innombrables victimes civiles. La guerre au Yémen fait plus de victimes civiles que jamais. Au Myanmar, la junte militaire, qui a déjà perpétré un génocide contre les Rohingya et de nombreux crimes contre l’humanité contre d’autres populations civiles, continue de se maintenir au pouvoir par la répression brutale de la contestation populaire. Au Proche-Orient, la solution à deux États risque d’être remplacée par une réalité à un État, faite de conflit perpétuel, d’occupation et de droits inégaux, et oui, d’un risque latent d’apartheid, a ajouté M. Asselborn. Les conflits armés se multiplient au moment même où l’humanité doit faire face aux fléaux globaux multiples que sont la pandémie de COVID-19, la crise climatique ainsi que les injustices socioéconomiques et les crises politiques qui peuvent en découler, a-t-il indiqué.

Le Ministre a ensuite présenté une liste d’engagements volontaires dans le cadre du premier mandat du Luxembourg en tant que membre du Conseil, entamé le 1er janvier dernier avec quatre priorités : le soutien à l’état de droit, à l’espace civique et aux défenseurs des droits humains et la lutte contre l’impunité ; le développement durable et l’action climatique fondés sur les droits humains ; l’égalité des genres et la lutte contre les discriminations ; et la protection et la promotion des droits des enfants.

MME DAMARES ALVES, Ministre des femmes, de la famille et des droits de l'homme du Brésil, a rendu compte des mesures prises par son pays pour protéger la population brésilienne dans le contexte de la pandémie et atténuer les effets socioéconomiques de cette crise. Elle a indiqué qu’en environ un an, près de 380 millions de doses de vaccin avaient été appliquées dans le pays – en accordant la priorité aux groupes les plus vulnérables, et notamment aux peuples autochtones, dont 85% sont désormais pleinement vaccinés. Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, le Brésil a mis en place un système intégré de droits de l’homme destiné à unir toutes les institutions de niveaux fédéral, étatique et municipal afin de permettre des réponses plus rapides et efficaces aux violations des droits de l’homme.

La Ministre a également rendu compte des mesures prises par son pays s’agissant de la protection de l’Amazonie, ainsi que de la protection de des enfants et adolescents. Elle a également détaillé les nombreux programmes mis en place dans son pays pour venir en aide aux femmes et aux filles, aux personnes âgées, aux personnes handicapées ou encore aux personnes victimes de racisme. Elle a notamment fait état du lancement récent d’un plan national d’éradication du féminicide. La Ministre a conclu son propos en appelant de ses vœux à la paix et ce, partout dans le monde.

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a notamment insisté sur le rôle du Conseil contre « la grave dynamique de brutalisation qui est aujourd’hui à l’œuvre dans la vie de la communauté internationale ». Le Conseil peut compter sur l’engagement total de la France face au risque d’exaction qui naît toujours des crises, a-t-il assuré. Il a cité comme exemple « l’attaque militaire massive que Vladimir Poutine a choisi de lancer contre l’Ukraine », dont la population est en grave danger. Le Conseil doit faire preuve de la plus grande vigilance et de la plus grande fermeté. En outre, alors que « la guerre a fait son retour en Europe par le choix prémédité de la Fédération de Russie », a ajouté M. Le Drian, il faudra assumer collectivement les conséquences humanitaires de cette situation.

S’agissant de la crise que vit la population d’Afghanistan depuis la prise de pouvoir par les Taliban l’été dernier, la question des droits humains des femmes et des filles est au cœur des exigences de la communauté internationale envers le « régime de fait » et fait partie de toute normalisation de la relation avec l’Afghanistan, a indiqué le Ministre français. Il a ensuite évoqué le calvaire subi par le peuple syrien ; les violences sexuelles utilisées comme arme de guerre en Éthiopie ; la « sale guerre » qui déchire le Yémen ; le coup d’État perpétré en « Birmanie » l’an dernier ; et les coups d’État, ou tentative de coup d’État, en Afrique de l’Ouest – avec, au Mali, la menace constituée par la société militaire et de sécurité privée Wagner, coupable d’exactions sur d’autres théâtres, a dit le Ministre.

M. Le Drian a enfin demandé la publication d’un rapport crédible sur la situation des Ouïghours au Xinjiang, et que toute la lumière soit faite sur l’acharnement judiciaire des autorités russes contre Alexandre Navalny, de même que sur les persécutions politiques contre la société civile exercée au Bélarus.

MME PÓRDÍS KOLBRÚN REYKFJÖRÐ GYLFADÓTTIR, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et du développement international de l’Islande, a condamné « l’attaque injustifiée » de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Cette guerre est menée uniquement pour revenir en arrière, faire cesser la tolérance et la paix et faire reculer les valeurs que le monde moderne a adoptées après le totalitarisme de la Seconde Guerre mondiale, a déclaré la Ministre. Le Bélarus, dirigé par un « autocrate », est complice de cette agression, a-t-elle accusé, ajoutant que cette guerre ne cible pas uniquement l’Ukraine, mais est aussi « une guerre idéologique » qui cherche à combattre partout dans le monde les acquis des valeurs démocratiques. Dans ce contexte, il faut être plus ferme pour lutter contre cette volonté de combattre la démocratie et ses valeurs, a-t-elle plaidé. Elle a insisté sur la nécessité de défendre un multilatéralisme fondé sur le droit et le respect des citoyens.

La Ministre islandaise a indiqué que son pays est candidat pour devenir membre du Conseil des droits de l'homme pour la période 2025-2027. Si l’Islande est élue, sa délégation n’aura de cesse de demander aux États de promouvoir et de respecter l’ordre international. La délégation défendra également le droit des femmes et des personnes LGBTIQ+, partout où ces personnes se trouvent, a promis la Ministre, avant de souhaiter la paix et la liberté à tous.

M. NIKOS DENDIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a évoqué l’attaque militaire en Ukraine en faisant observer que le principe de non-recours à la force est aujourd’hui encore méprisé par un certain nombre de pays. Il a ajouté que le droit international humanitaire était véritablement mis au défi. Les attaques à l’encontre des populations civiles doivent cesser immédiatement, notamment près du port de Mariopol où des civils ont été tués, a-t-il souligné. La Grèce est pleinement engagée à protéger la population civile et à empêcher une catastrophe humanitaire, a poursuivi le Ministre, avant de rappeler qu’un flux migratoire massif était en train de prendre place.

Le Ministre grec a ensuite indiqué que la lutte contre les discriminations et les inégalités sociales constituait un impératif de son Gouvernement, qui a en outre toujours tout fait pour reconnaître les droits des demandeurs d’asile. Il a conclu son propos en rappelant les exigences de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

MME NANAIA MAHUTA, Ministre des affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, a condamné dans les termes les plus forts possibles l'invasion de l'Ukraine par la Fédération de Russie : il s'agit d'un acte d'agression manifeste, d'une violation flagrante de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et d'une violation du droit international et de la Charte des Nations Unies par un membre permanent du Conseil de sécurité, a-t-elle déploré. « Nous devons être clairs. Le Gouvernement russe a, à plusieurs reprises, ignoré les possibilités de diplomatie, de négociation et de désescalade, et a préféré l'agression », a déclaré la Ministre. « Nous sommes témoins de l'acte flagrant d'un tyran qui utilise brutalement sa puissance débridée pour atteindre des objectifs contraires au droit international », a-t-elle insisté.

La Nouvelle-Zélande appelle la Fédération de Russie à agir de manière cohérente avec ses obligations internationales, à cesser ses opérations militaires en Ukraine, à se retirer définitivement pour éviter une perte catastrophique et inutile de vies innocentes ; à prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils, conformément au droit humanitaire international ; et à revenir aux négociations diplomatiques comme voie de résolution du conflit, a indiqué Mme Mahuta.

La Ministre a ensuite évoqué d’autres conflits armés – notamment en Éthiopie, en Syrie et au Yémen – qui continuent de provoquer des violations flagrantes des droits de l'homme, des crises humanitaires, ou encore l’érosion des droits démocratiques, avec les coups d'État militaires au Myanmar et au Soudan, et l'absence d'élections libres et équitables au Nicaragua. Mme Mahuta a enfin déploré que les droits des femmes et des jeunes filles, durement acquis, aient reculé au cours de l'année écoulée, notamment en Afghanistan. Elle a également déploré les violations systématiques des droits de l'homme de groupes minoritaires - notamment les Rohingya et les Ouïghours.

MME MÉLANIE JOLY, Ministre des affaires étrangères du Canada, a déclaré que la guerre en Ukraine constitue la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales. La Fédération de Russie est la seule responsable de cette crise ; elle a choisi le mensonge et la manipulation pour appuyer sa violence et son agression illégitime, a ajouté la Ministre canadienne. Indiquant s’adresser « directement » au représentant de la Fédération de Russie, elle lui a rappelé que les droits de l'homme sont universels. Tous les Ukrainiens, russophones ou non, sont des êtres humains qui ont le droit de vivre ensemble en paix, a-t-elle insisté.

De plus, a poursuivi la Ministre, le droit international interdit l’agression militaire à l’encontre de tout État. De telles règles sont à la base du système international qu’il nous faut préserver, a-t-elle affirmé. Le Canada se tient aux côtés des Ukrainiens qui ont le droit de choisir librement leur destin, a indiqué la Ministre, ajoutant que la Fédération de Russie doit également respecter ses propres citoyens, notamment ceux qui s’opposent à la guerre. Par conséquent, le Canada demande à la Fédération de Russie de « cesser immédiatement cette attaque ».

S’agissant de « l’agression de l’Ukraine par la Fédération de Russie », M. CESAR LANDA ARROYO, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a plaidé pour l’instauration rapide d’un cessez-le-feu, chaque minute aggravant la situation de la population. Le Ministre a aussi demandé que soient appliqués des mécanismes garantissant que l’aide humanitaire parvienne aux personnes lourdement touchées et les plus vulnérables. Les membres du Conseil sont tenus d’appliquer les normes les plus élevées des droits de l’homme et de collaborer avec le Conseil, a rappelé le Ministre. Il a en outre insisté sur l’importance de respecter, dans tout conflit, les droits et les biens de civils.

Crise climatique, pandémie, incertitudes politiques, menaces contre la paix : toutes mettent au jour l’importance de la coopération internationale, a souligné le Ministre péruvien. Dans ce contexte, le Pérou mise sur le système international qui repose sur le respect des normes entérinées par tous, a-t-il indiqué. Le Pérou a lui-même pris des engagements indéfectibles pour défendre les droits et les libertés fondamentales de tous les individus, sans distinction, a affirmé le Ministre, avant d’indiquer que son pays serait candidat pour être membre du Conseil pour la période 2024-2026.

M. ABDELLATIF OUAHBI, Ministre de la justice du Maroc, a indiqué que son pays suivait avec préoccupation l'évolution de la situation entre la Fédération de Russie et l'Ukraine, et a précisé qu’il renouvelait son soutien à l'unité et l’intégrité territoriale de tous les États Membres des Nations Unies. Nous réaffirmons notre soutien au principe de non-recours à la force pour régler les différends entre les États, a-t-il ajouté.

La pandémie que nous venons de traverser a remis dans le débat les questions majeures de droits humains, notamment les droits économiques et sociaux, a souligné M. Ouahbi. Il a regretté qu’une fois encore les peuples des pays du Sud aient beaucoup souffert de la pandémie et de l'incapacité à y faire face. C’est pourquoi outre la vaccination gratuite dans son pays pour les Marocains et pour les résidents étrangers, le Royaume du Maroc s’est attaché à fournir gratuitement des doses de vaccin à d’autres pays africains, a indiqué le Ministre. Il a en outre fait valoir que lors des élections législatives, régionales et locales qui se sont tenues en septembre 2021, les femmes avaient joué un rôle central.

S’agissant de la question du « Sahara marocain », qu’il a qualifiée de « différend artificiel et illusoire », le Ministre a indiqué que le Maroc réaffirme son attachement au processus politique sous l'égide exclusif des Nations Unies, afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable. Le Ministre a ajouté que son pays avait présenté une proposition d’autonomie, que le Conseil de sécurité a qualifiée d’initiative sérieuse et crédible dans ses 18 dernières résolutions sur ce sujet et qui demeure l’horizon unique du processus politique onusien. Le Maroc appelle la communauté internationale à intervenir pour protéger les enfants et les citoyens détenus dans les camps de Tindouf, a ajouté le Ministre. Il a en outre réaffirmé l’engagement de son pays à poursuivre ses efforts pour instaurer la paix et la sécurité et lutter contre le terrorisme, l'extrémisme violent ou encore la haine et la xénophobie.

MME DOMINIQUE HASLER, Ministre des affaires étrangères, de l’éducation et des sports du Liechtenstein, a commenté l'agression de la Fédération de Russie contre l'Ukraine en réaffirmant son soutien « sans équivoque » à la souveraineté territoriale de l'Ukraine et en déclarant que cette opération militaire était "un acte d'agression répété contre l'Ukraine, mais aussi une attaque contre nous tous". Pour le Liechtenstein, le respect de la souveraineté et du droit international est d'une importance vitale, a-t-elle ajouté, considérant ainsi ce crime d'agression comme une attaque contre son pays et les valeurs qu'il représente.

La Ministre s'est ensuite dite préoccupée par la crise en Afghanistan, s’agissant notamment de la violation des droits humains des femmes et des filles, y compris le droit à l'éducation. Le Liechtenstein reste également préoccupée par la situation en Syrie, où plus de 300 000 civils ont été victimes d'un conflit qui dure depuis plus d'une décennie. La Ministre a aussi exprimé ses « profondes inquiétudes » s’agissant du Myanmar, où un coup d'État militaire inconstitutionnel s'est produit il y a un an, a-t-elle rappelé. Les autorités militaires [du Myanmar] continuent de maltraiter les civils et d’innombrables personnes fuient les attaques systématiques, a-t-elle poursuivi, avant d’exprimer son soutien aux mécanismes de justice internationale tels que la Cour pénale internationale et le mécanisme d'enquête indépendant pour le Myanmar.

Mme Shireen M Mazari, Ministre pour les droits de l’homme du Pakistan, a regretté que des États puissants continuent de fouler aux pieds les droits de l’homme. Elle a aussi regretté que les puissances d’occupation soient protégées par ceux qui les parrainent au nom d’intérêts économiques. Lors de la pandémie, l’égoïsme vaccinal a pris le dessus sur la solidarité internationale, a d’autre part dénoncé la Ministre, avant d’inviter le Conseil à redoubler d’efforts pour véritablement réagir face à ces défis.

Le Pakistan s’est engagé à honorer ses responsabilités en matière de droits de l’homme malgré les difficultés qu’il rencontre, a poursuivi la Ministre. Le pays met en œuvre des législations pour lutter contre les disparitions forcées ou les arrestations arbitraires, a-t-elle indiqué. Le pays continue à créer un environnement propice aux droits de l’homme, a-t-elle insisté, précisant que des mesures ont notamment été prises pour autonomiser les femmes et les jeunes et qu’un système de soins de santé universel est en train d’être mis en œuvre. Le Pakistan s’est ensuite dit préoccupé par la situation des droits de l’homme au Jammu-et-Cachemire en raison de l’occupation par l’Inde. L’Inde a mis en œuvre une politique de peuplement de cette région pour faire des Cachemiris une minorité, a indiqué la Ministre, affirmant que l’Inde met en œuvre une politique inspirée par le nazisme.

MME ANNE LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a condamné « l'invasion de l'Ukraine par les forces armées de la Fédération de Russie », une attaque qu’elle a jugée « non provoquée, illégale et indéfendable ». « La Fédération de Russie porte l'entière responsabilité de cet acte d'agression », ainsi que des destructions et des pertes de vies humaines, a ajouté Mme Linde. La Suède condamne également « l'implication du Bélarus dans l'agression contre l'Ukraine », a-t-elle affirmé. Elle a exprimé la solidarité de son pays envers l'Ukraine et le peuple ukrainien « qui se bat en ce moment même pour préserver sa liberté, sa démocratie et son indépendance ». Mme Linde a insisté sur l’importance que les membres du Conseil respectent eux-mêmes les normes les plus élevées en matière de droits de l'homme

Les systèmes judiciaires indépendants, la société civile et les médias libres sont de plus en plus attaqués par des dirigeants autoritaires, a ensuite déploré la Ministre. Des personnes LGBTIQ et des représentants syndicaux sont privés de leurs droits, arrêtés ou même tués, tandis que l’on assiste également à des attaques contre celles et ceux qui luttent contre l'exploitation non durable de nos ressources naturelles. Pour Mme Linde, « la démocratie a prouvé à maintes reprises qu'elle était la meilleure forme de gouvernement », notamment parce qu’elle « apporte la transparence, la responsabilité, la stabilité et la prospérité dont nous avons besoin pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés. L'alternative offerte par les régimes autoritaires - obéissance aveugle, corruption ou répression brutale - n'est pas l'avenir, mais le passé », a conclu la Ministre.

M. KAZEM GHARIBABADI, Chef adjoint du pouvoir judiciaire pour les affaires internationales et Secrétaire du Haut Conseil des droits de l'homme de la République islamique d'Iran, a fermement condamné les mesures coercitives unilatérales imposés aux États qui n’obéissent pas aux volontés des puissances occidentales, en particulier par les États-Unis. Ce dernier pays se comporte comme une « soi-disant » police internationale et piétine le droit international, a-t-il affirmé. Ces mesures coercitives unilatérales ne devraient pas être tolérées, mais plutôt être considérées comme un crime contre l’humanité, tant elles touchent les populations civiles, a-t-il insisté.

M. Gharibabadi a ensuite souligné qu’en plus de ces mesures coercitives unilatérales, son pays était victime du terrorisme, notamment en raison des activités de l'organisation des moudjahiddines du peuple iranien. Sur les 17 000 victimes du terrorisme en Iran, 12 000 sont imputables à ce seul groupe, a-t-il précisé ; or, ses membres circulent librement aux États-Unis et dans les pays de l’Union européenne, a-t-il ajouté. Comment est-il possible que ces pays agissent ainsi, a demandé M. Gharibabadi, appelant le Conseil des droits de l'homme à reconnaître le caractère terroriste de cette organisation. M. Gharibabadi a par ailleurs dénoncé la situation d’« apartheid » dans les territoires palestiniens occupés, du fait d’Israël. Il a en outre plaidé pour le respect du droit du peuple yéménite de décider seul de son destin. Il faut cesser l’ingérence dans les affaires de pays tiers, a demandé M. Gharibabadi.

M. Mevlüt Çavuşoğlu, Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a regretté que la pandémie ait accentué encore davantage les injustices mondiales. Il a ensuite déclaré que la récente offensive militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine et la décision russe de reconnaître les soi-disant républiques de Donetsk et de Lougansk constituent une violation du droit international. La Turquie reste déterminée à préserver l’unité politique et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, y compris la Crimée. Elle continue également de soutenir le droit des Tatars de Crimée à vivre librement et en sécurité dans leur patrie.

La tendance négative à la montée de la xénophobie, du racisme et de l’intolérance religieuse se poursuit, a par ailleurs regretté le Ministre turc. Il a indiqué que son pays accueillerait la prochaine réunion du Processus d’Istanbul sur la lutte contre l’intolérance et la discrimination fondées sur la religion. Il a en outre indiqué que plus tôt ce mois-ci, 19 migrants sont morts de froid près de la frontière terrestre avec la Grèce et a appelé la Grèce et l’Union européenne à respecter le droit à la vie. La Syrie offre une image de ce qui se passe lorsque le monde ne peut pas coopérer pour préserver la dignité humaine, a ajouté le Ministre, avant de souligner que le conflit ne peut être réglé que par des moyens politiques. En Éthiopie, a-t-il par ailleurs indiqué, la Turquie travaille d’arrache-pied pour une résolution pacifique du conflit. Le Ministre turc a ensuite déclaré que les Chypriotes turcs souffrent d’un isolement inhumain et d’un embargo injuste depuis plus de 50 ans. Enfin, le Ministre a indiqué suivre avec préoccupation la situation des droits de l’homme des Ouïghours au Xinjiang, en Chine, et des Rohingya au Myanmar.

M. PEKKA HAAVISTO, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a d’abord assuré la Haute-Commissaire aux droits de l’homme du soutien indéfectible de son Gouvernement. La Fédération de Russie a agressé un État souverain indépendant et porté la guerre en Europe, a-t-il ensuite déploré, avant de souligner qu’il n’y a aucune justification à ces faits, non plus qu’aux violences commises en Ukraine depuis huit ans. La Fédération de Russie devra répondre de ses crimes, a déclaré le Ministre.

Le Ministre a ensuite insisté sur le fait que la violence contre les femmes avait des conséquences très graves non seulement pour les victimes mais aussi pour la société en général. Il a par ailleurs fait part des préoccupations de son pays s’agissant de la situation des défenseurs des droits de l’homme dans plusieurs pays.

M. MENARDO I. GUEVARRA, Secrétaire à la justice des Philippines, a assuré que son pays est engagé en faveur du respect des droits de l'homme et des sanctions contre ceux qui les violent. Les travaux du comité chargé de mener des enquêtes sur le recours excessif à la violence dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants avancent et de nombreux policiers ont déjà été traduits en justice pour avoir tué des membres de société civile hors cadre légal, a-t-il indiqué, avant de rappeler que le Gouvernement philippin a en outre invité deux rapporteurs spéciaux à se rendre dans le pays. Les Philippines, bien qu’engagées dans ce processus, feront la différence entre ceux qui veulent un dialogue sincère sur la question des droits de l'homme et ceux qui ne cherchent qu’à les instrumentaliser, a prévenu le Secrétaire à la justice.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

HRC22.004F