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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME ENTAME SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

Au premier jour de sa quarantième-troisième session ordinaire, le Conseil des droits de l'homme a ouvert, en milieu de matinée, son débat de haut niveau en entendant les déclarations de près d’une vingtaine de hauts dignitaires venus partager leurs approches des questions de droits de l'homme.

Ont successivement fait des déclarations : le Président du Monténégro, les deux Capitaines-Régents de Saint-Marin, le Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, le Ministre des affaires étrangères du Paraguay, le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, la Ministre des affaires étrangères de la Norvège, le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, le Ministre des relations extérieures du Cameroun, le Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, le Ministre des affaires étrangères du Danemark, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, le Ministre des affaires étrangères de la Lettonie, le Vice-Premier Ministre de l’Irlande, la Ministre des affaires étrangères de la Suède, la Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, le Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’Etat de Palestine, le Secrétaire d’État pour les affaires extérieures de l’Angola, le Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, le Ministre des affaires étrangères de la Géorgie et la Ministre de la condition féminine, de la famille et des droits de l’homme du Brésil.

Le Conseil poursuivait, en milieu de journée, son débat de haut niveau.


Débat de haut niveau

M. MILO ĐUKANOVIĆ, Président du Monténégro, a rappelé l’attachement de son pays au processus d’intégration européenne, qui découle d’une tradition séculaire de multilatéralisme. L’expérience du Monténégro au Conseil des droits de l'homme lui a montré combien il est nécessaire de renforcer le dialogue, la compréhension et la tolérance, a ajouté le Président monténégrin. Il s’est dit convaincu que toute tentative d’utiliser les droits de l'homme à des fins idéologiques menace la coopération et l’efficacité. Il a en outre regretté que le rôle d’alerte et de prévention du Conseil ne soit pas utilisé de la manière la plus efficace.

Le Monténégro coopère avec tous les mécanismes de droits de l'homme ainsi qu’à la mise en place d’un cadre pour le contrôle des progrès réalisés, a poursuivi M. Dukanovic, remerciant le Haut-Commissariat aux droits de l'homme pour son soutien dans la mise en place d’un tel mécanisme pilote au Monténégro. L’état de droit et les libertés fondamentales sont des priorités dans le cadre du processus de négociations pour l’adhésion du Monténégro à l’Union européenne et le pays s’efforce d’adopter les normes les plus exigeantes en la matière, a-t-il assuré.

M. Dukanovic a ensuite évoqué l’adoption récente, après cinq années de débat, de la loi sur les libertés religieuses au Monténégro, qui garantit le principe constitutionnel de séparation entre l’Eglise et l’Etat. Durant le processus de préparation et après l’adoption de cette loi, le Monténégro a été confronté à des accusations provenant d’une communauté religieuse et à une campagne médiatique brutale, de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, a souligné le Président monténégrin, insistant sur le fait que le Monténégro est une démocratie multi-ethnique qui veut se moderniser pour faire partie de la « civilisation européenne contemporaine ».

M. LUCA BOSCHI, Capitaine-Régent de la République de Saint-Marin, a déclaré que malgré la petite taille de son pays, Saint-Marin se devait de transposer le droit international dans sa législation et de prendre des mesures efficaces en faveur des droits de l’homme. Il a souligné que la présence de Saint-Marin aujourd’hui devant le Conseil constituait une occasion privilégiée de souligner les résultats du pays et ses progrès dans le domaine de la protection des droits de l’homme ces dernières années.

MME MARIELLE MULARONI, Capitaine-Régente de la République de Saint-Marin, a expliqué que Saint-Marin avait accordé la priorité à la promotion et la protection des droits des personnes handicapées. L’introduction de l’union civile a en outre témoigné du fort respect du pays pour la démocratie et les droits de l’homme. Grâce à la loi en la matière, le système légal reconnaît les mêmes droits aux personnes homosexuelles et hétérosexuelles, a souligné Mme Mularoni., assurant que Saint-Marin entend renforcer la diversité au sein de la société. Elle a en outre rappelé que Saint-Marin avait été l’un des premiers États au monde à abolir la peine de mort et a plaidé pour un moratoire dans le monde entier sur cette peine.

M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a mis l’accent sur l’aspiration du peuple libyen à la paix et à une société fondée sur la justice. Or, jusqu’à ce jour, a-t-il fait observer, il n’y a pas eu de grands progrès pour faire cesser les déplacements massifs de Libyens – des Libyens qui ont pourtant fait preuve de courage et d’honneur et refusent la dictature et la violence, tout en aspirant à la démocratie par le renforcement institutionnel. M. Serraj a déploré et condamné à la fois les sièges des villes, les attaques aveugles, la perte du droit des enfants à l’éducation et autres exactions et abus perpétrés par les criminels de guerre avec des financements étrangers sous la houlette du « criminel de guerre Haftar ». Il y a trois jours, a-t-il ajouté, des villes et des ports ont été bombardés, alors qu’il s’agit de ressources essentielles pour le peuple libyen. M. Serraj a ensuite évoqué l’enlèvement d’un député et a exhibé dans l’hémicycle du Conseil des droits de l'homme une série de photos de jeunes gens prises peu avant qu’ils soient tués dans un bombardement. M. Serraj a en conséquence appelé avec insistance à l’établissement de commissions d’enquête pour répertorier les crimes commis contre la population libyenne et faire la lumière sur ces crimes.

Le Gouvernement d’entente nationale déploiera, quant à lui, tous les efforts pour parvenir à un Etat de justice et de droit, a assuré M. Serraj, appelant aussi à une mise en œuvre du droit international par un mécanisme d’obligation redditionnelle. Il a tenu à rappeler la responsabilité de tous face à cette guerre « menée par truchement imposé ». Il a aussi appelé à la responsabilité de l’ONU pour aider dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, l’assistance humanitaire et la sortie de crise.

M. ANTONIO RIVAS PALACIOS, Ministre des affaires étrangères du Paraguay, a évoqué les angoisses et la méfiance générées par la crise climatique, les avancées technologiques, les tensions commerciales, la pauvreté et les inégalités et le terrorisme. Il a rappelé que le rôle de la communauté internationale est de trouver des réponses multilatérales pour faire face à ces défis car, a-t-il insisté, il n’existe pas de solutions unilatérales efficaces. Le Ministre a jugé fondamental de renforcer le Conseil des droits de l'homme en améliorant ses ressources, sa visibilité, sa pertinence et son impact. En outre, il a considéré que les pays recevant une attention spéciale du Conseil, en raison de leur situation des droits de l'homme et de leur manque de coopération avec le système des droits de l'homme, n’ont pas la légitimité nécessaire pour jouer correctement un rôle de membre [du Conseil].

Le Paraguay cherche à accélérer la mise en place des Objectifs de développement durable, a poursuivi le Ministre. Avocat des solutions pacifiques et négociées, qui respectent les principes de non-ingérence et de libre détermination des peuples, le Paraguay est très préoccupé par la situation des droits de l'homme au Venezuela et au Nicaragua, a-t-il ajouté. En tant que membre de ce Conseil, le Venezuela a l’obligation de coopérer avec les mécanismes du Conseil, a-t-il rappelé, souhaitant que les experts de la Mission d’établissement des faits auront un plein accès au territoire vénézuélien. En conclusion, en cette Journée de la femme paraguayenne, il a lancé un appel vibrant en faveur de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles. Il a en outre annoncé que le Paraguay présente sa candidature au Conseil des droits de l'homme pour la période 2022-2024.

M. HEIKO MAAS, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a expliqué qu’à ce jour, la quête de paix et le respect des droits de l’homme demeurent les deux faces d’une même médaille. En tant que membre du Conseil des droits de l’homme et du Conseil de sécurité, l’Allemagne entend adopter une approche axée sur les droits le l’‘homme lorsqu’il s’agira de traiter des questions de paix et de sécurité. L’Allemagne entend par ailleurs lutter contre l’impunité et soutenir, notamment, la Cour pénale internationale ou encore la Commission d’enquête sur la Syrie.

La globalisation, le changement climatique et les nouvelles technologies posent des nouveaux défis dans le domaine des droits de l’homme, a poursuivi le Ministre. Jugeant inacceptable que le Haut-Commissariat aux droits de l'homme continue à souffrir d’un sous-financement, il a indiqué que l’Allemagne allait lui apporter une contribution volontaire de six millions d’euros. M. Maas a ensuite souligné que son pays s’inquiétait des situations des droits de l’homme en « Corée du nord », en Chine, en Égypte, en Fédération de Russie, au Venezuela, au Yémen et en Syrie.

Le Ministre allemand des affaires étrangères a souligné que la haine constituait une menace pour l’humanité elle-même et a rappelé que la semaine dernière, dans la ville de Hanau, un extrémiste de droite a tué neuf innocents. Le racisme et la xénophobie ont une fois de plus montré leur visage mortel, a-t-il souligné. Le monde peut attendre que d’autres attaques, d’autres abus, d’autres violations des droits de l’homme, d’autres horreurs se produisent ; ou alors il peut décider que c’en est assez et prendre des mesures, a conclu le Ministre.

MME INE MARIE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a relevé, d’un côté, un regain alarmant du populisme et, de l’autre, des manifestations pacifiques, surtout de jeunes, aux quatre coins du monde. Nul ne devrait faire l’objet de représailles pour avoir manifesté et exprimé son opinion, a-t-elle rappelé, avant de prendre la défense du journalisme – un métier qui continue à être hautement dangereux alors que des journalistes sont exposés aux menaces et au harcèlement, entre autres. Le champ de la société civile se rétrécit, a-t-elle souligné ; chaque semaine, neuf personnes sont assassinées en raison de leurs efforts pour le mieux vivre de tous. Le renforcement du Conseil est essentiel et l’ONU doit consolider son pilier « droits de l’homme » : l’un des trois grands piliers [de l’ONU] ne saurait continuer de recueillir que 3% seulement du budget ordinaire de l’Organisation des Nations Unies, a-t-elle souligné.

La Ministre norvégienne a aussi plaidé en faveur du droit des filles et des femmes de disposer de leur propre corps, alors que 214 millions d’entre elles ne disposent pas de services adéquats de planification familiale et que, chaque jour, 810 femmes meurent de maladies évitables liées à la grossesse ou à l’accouchement. D’autre part, dans les pays en développement, près de sept millions de femmes sont hospitalisées suite à des avortements clandestins, a-t-elle ajouté. Elle a relevé que ces questions restent polémiques et difficiles à discuter, alors qu’elles n’ont pas lieu de l’être puisqu’elles traitent des droits fondamentaux des femmes. La Ministre a en outre rappelé que la Norvège est l’un des plus grands donateurs au Haut-Commissariat aux droits de l'homme.

M. STEF BLOK, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déploré la situation des réfugiés rohingya du Myanmar, affirmant qu’il s’agit de l’un des peuples les plus discriminés au monde. Il s’est dit convaincu que le Conseil existe pour changer la vie des gens : c’est en effet dans ce cadre que les victimes peuvent témoigner, que des experts indépendants peuvent être nommés et que la situation des droits de l'homme de tous les Etats Membres de l’ONU peut être évaluée.

Le Conseil peut parfois être injuste envers certains pays, comme Israël, a poursuivi le Ministre ; mais aucune organisation multilatérale n’est parfaite et il faut donc travailler à améliorer le Conseil des droits de l'homme, l’un des principaux organes des Nations Unies, qui obtient parfois des résultats, a-t-il affirmé. Les Pays-Bas ont pris l’engagement de coopérer pleinement avec le Conseil, a souligné le Ministre, ajoutant que son pays avait accru sa contribution [au Haut-Commissariat]. « Il faut réveiller la conscience du monde et être la voix de la communauté internationale », a-t-il conclu.

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a fait observer que 2019, pour le Cameroun, avait été une année de grands défis. Sur le plan du développement humain, le pays a poursuivi sa construction des grands chantiers de développement, aux fins de conforter la croissance et d’améliorer les conditions de vie des citoyens. Au plan sécuritaire, l’accueil de nombreux réfugiés, la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram et la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun ont figuré parmi les préoccupations majeures et ont constitué la trame des interventions des autorités.

Le Ministre a ensuite rappelé qu’en réponse aux « revendications corporatistes » des enseignants et des avocats initiés en 2016 – et qui sont à la base de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest –, le Cameroun avait apporté des réponses structurelles, institutionnelles et règlementaires. M. Mbella Mbella a dénoncé l’usage récurrent des populations civiles comme boucliers humains par les groupes armés. Malgré ces agissements inacceptables, les Forces de défense et de sécurité camerounaises demeurent et demeureront toujours résolument engagées à épargner, autant que faire se peut, toute vie humaine dans la conduite professionnelle de leurs missions, a indiqué le Ministre.

M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre des affaires étrangères de l’Autriche, a attiré l’attention sur la situation des droits de l’homme, des crimes de guerre à l’obstruction de l’assistance humanitaire, ayant conduit à l’une des pires crises humanitaires mondiales au Yémen et a également dénoncé l’abus de pouvoir de l’Etat au Venezuela, où des personnes sont incarcérées et exécutées sans aucune forme de procès et où les journalistes et les ONG sont attaqués et intimidés. Il a rappelé à tous les Etats leurs obligations en matière des droits de l’homme et a souligné qu’« aucun pays n’est intouchable en termes de critique ».

Le chef de la diplomatie autrichienne s’est ensuite employé à décrire les trois priorités de son pays : les droits des minorités, la liberté d’expression et la question des droits de l’homme et des nouvelles technologies. Il a notamment mis en garde contre l’utilisation des nouvelles technologies à mauvais escient, dans le but de contrôler les sociétés et les individus ou de saper les institutions publiques et faciliter de graves violations des droits de l’homme. Il faut un cadre international clair pour s’attaquer aux menaces potentielles pesant sur les droits de l’homme, s’agissant en particulier du défi croissant de la militarisation de l’intelligence artificielle. Les êtres humains doivent demeurer au contrôle de nos décisions en matière de vie et de mort, a-t-il insisté. De ce fait, l’Autriche soutiendra vivement tout instrument juridiquement contraignant visant l’interdiction des armes létales autonomes, a-t-il conclu.

M. JEPPE KOFOD, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a souligné que l’indifférence n’est jamais une réponse et n’est jamais l’amie des victimes. Membre du Conseil depuis un an, le Danemark prend son rôle très au sérieux, a-t-il assuré. Il a fait observer que l’indifférence est un péché, une punition : non seulement pour les victimes, qui sont punies une seconde fois, mais aussi pour nous-mêmes, car nous abandonnons alors notre humanité. Existe-t-il pire punition qu’être inhumain ?

Le Conseil des droits de l'homme est nécessaire, a poursuivi M. Kofod. Nous continuons d’assister à de graves menaces en termes de droits de l'homme qui requièrent l’attention du Conseil, comme cela est le cas à Bahreïn, en République islamique d’Iran, en Libye, en Syrie, en Erythrée, en Fédération de Russie et dans les régions de l’est de Ukraine contrôlées par les séparatistes ainsi qu’en Crimée illégalement annexée. Le chef de la diplomatie danoise s’est dit préoccupé par les tentatives d’établir une hiérarchie dans les droits de l'homme, par les retours en arrière (en particulier en ce qui concerne les droits des femmes et des filles) et par les tendances à réduire l’espace civique. Il s’est en revanche dit encouragé par le fait que des citoyens du monde entier utilisent leur liberté de rassemblement et d’expression.

M. MUKHTAR TILEUBERDI, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a déclaré que d’importants changements politiques ont eu lieu dans le pays l’année dernière avec l’élection de M. Kassym-Jomart Tokayev, un diplomate respecté et ancien Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève dont les principales priorités incluent la protection et la promotion des droits de l’homme, le développement d’une économie inclusive et la résolution des problèmes sociaux urgents. Sur la base du concept « différentes opinions – une nation », le Président Tokayev a organisé un dialogue entre le Gouvernement et la société, en vue d’accroître la participation des citoyens dans les réformes de l’État.

Le Ministre a ensuite énoncé une série d’initiatives prises pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Kazakhstan, citant notamment la décision de ratifier le deuxième Protocole au Pacte international relatif aux droits civiles et politiques, qui vise l’abolition de la peine de mort, ou encore la révision de la loi sur les rassemblements pacifiques afin de mettre en œuvre effectivement le droit du peuple à la liberté d’expression. M. Tileuberdi a par ailleurs expliqué que des peines avaient été durcies pour les auteurs de violence, de trafic d’êtres humains et autres crimes contre les individus, plus particulièrement les femmes et les enfants.

M. EDGARS RINKĒVIČS, Ministre des affaires étrangers de la Lettonie, a appelé tous les Etats Membres à respecter et protéger la Charte de l’ONU et les principes des droits de l’homme et ce, en particulier, par le renforcement de l’approche multilatérale. Il s’est inquiété de la situation dans les territoires géorgiens occupés d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et dans l’est de l’Ukraine. Trois ans après les violations des droits de la communauté LGBT en Tchétchénie, rien n’a été fait en termes d’enquête et d’obligation redditionnelle, a par ailleurs relevé le Ministre. Il a vivement invité la Fédération de Russie à se pencher sur ces questions préoccupantes.

S’agissant de la dépénalisation des relations entre personnes du même sexe, il a remarqué que plusieurs pays avaient raidi leur position. Il en va de même en ce qui concerne la violence et des attaques contre les journalistes, a-t-il ajouté. D’autre part, la menace de l’extrémisme ne devrait pas fournir un prétexte à des violations des droits de l'homme à l’encontre de personnes sur la base de leur religion, a souligné le Ministre letton. Il a rappelé que les droits des femmes demeurent prioritaires dans les politiques nationales de son pays et a encouragé tous les Etats à apporter leur appui au Conseil.

M. SIMON COVENEY, Vice-Premier Ministre de l’Irlande, s’est inquiété de la tendance globale en matière de violations des droits de l'homme, citant l’utilisation de la peine de mort et de la torture, les menaces contre les défenseurs des droits, ou encore les actes d’intimidation et de représailles contre des personnes ayant recours à l’ONU. La communauté internationale reste relativement muette face à la catastrophe en cours à Idlib, en Syrie, a-t-il déploré.

D’expérience, a poursuivi M. Coveney, l’Irlande sait que le processus d’une paix durable peut sembler impossible ; pour autant, a-t-il souligné, la seule façon réaliste de parvenir à une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens passe par une solution négociée. Aussi, a-t-il regretté les obstacles sur cette voie et plus particulièrement la poursuite de la colonisation et la menace d’une annexion unilatérale, qui ne saurait être acceptée.

En cette année de 75e anniversaire de l’ONU, a déclaré M. Coveney, il est temps de se poser des questions parfois difficiles, comme celle-ci : en toute franchise, l’architecture fondée sur les cendres de deux guerres mondiales fonctionne-t-elle toujours ? Les structures et les méthodes de travail doivent s’adapter aux défis et menaces du XXIe siècle, a affirmé le Vice-Premier Ministre irlandais, se disant convaincu que l’ONU offre toujours la meilleure plateforme pour unir la communauté mondiale et regrettant les efforts de certains pour saper le système multilatéral.

MME ANN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a plaidé pour que tous les pays appuient l’Appel à l’action lancé ce matin par le Secrétaire général. Elle a rappelé que son pays avait établi une politique étrangère féministe et que ne pas appliquer une perspective féministe signifie qu’on ne tire pas partie de la moitié du capital humain. La Ministre a assuré que son pays allait continuer à défendre les droits humains des filles, notamment les droits à la santé génésique et sexuelle pour tous ; chacun doit pouvoir décider lui-même de son corps et de sa sexualité, sans discrimination ni violence, a-t-elle insisté.

Face aux défis d’aujourd’hui, la Suède entend continuer son plaidoyer en faveur de la démocratie, a poursuivi Mme Linde. Trois décennies après la chute du mur de Berlin, la démocratie libérale est sous pression partout dans le monde, a-t-elle fait observer. Le populisme gagne du terrain et la société civile et les médias libres voient leur espace se restreindre. L’initiative de la Suède en faveur de la démocratie est transversale dans sa politique étrangère, a souligné Mme Linde, insistant sur le caractère essentiel de l’action visant à promouvoir la liberté des médias. La démocratie est en pleine érosion et c’est pourquoi la Suède se mobilise.

MME RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a évoqué les questions du déséquilibre commercial entre les nations, de l’égalité des femmes, du conflit israélo-palestinien, de la crise budgétaire à l’ONU et du chevauchement des mécanismes au sein de l’Organisation, notamment en matière de droits de l’homme. Elle a invité à une consolidation du mandat du Conseil des droits de l’homme dans le domaine de la prévention en créant un « écosystème de paix » depuis le niveau national jusqu’à l’international, en passant par le régional.

L’Indonésie, qui a bénéficié de la coopération et de l’assistance technique, a réussi à affermir ses politiques droits de l’homme, a poursuivi la Ministre. Les femmes et les filles dans l’archipel sont encore sujettes à la violence, ce qui a encouragé l’Indonésie à œuvrer à l’amélioration de leur autonomisation en tant qu’agents de paix. Le Conseil des droits de l’homme a besoin d’alliés et de partisans, d’où l’importance des partenariats, a-t-elle en outre souligné. Elle a par ailleurs encouragé à une étroite coordination pour résoudre la question palestinienne.

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères et des expatriés de l’Etat de Palestine, a déclaré vouloir encore croire en la justice et en la primauté du droit alors même que la communauté internationale ne réussit encore pas à défendre les plus démunis, à restituer aux victimes leurs droits et à garantir la protection et l’obligation redditionnelle sur la base des principes et normes du droit international et du droit relatif aux droits de l’homme qui devraient également s’appliquer à tous les peuples, y compris le peuple palestinien, dans tous les domaines, politique, civil et diplomatique. Il a fait part de l’intention de la Palestine de faire valoir ses droits, notamment devant la Cour internationale de Justice, aux fins de confronter l’Administration américaine actuelle, qui bafoue le droit international par le transfert de son ambassade à Jérusalem occupée. L’Etat de Palestine a aussi saisi le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale pour contrecarrer les politiques d’Israël, puissance occupante, pour discrimination raciale contre le peuple palestinien, tout comme il a aussi des affaires devant la Cour pénale internationale (CPI) pour demander des comptes pour les crimes commis dans le territoire palestinien occupé.

D’autre part, la colonisation israélienne devient de « plus en plus féroce » à cause de l’appui de l’Administration américaine, a poursuivi M. Al-Malki. Les crimes de l’occupation ne cesseront qu’avec la fin de l’impunité éhontée d’Israël, a-t-il affirmé, dénonçant le « deal du siècle », qui ne vise qu’à une capitulation palestinienne pure et simple. « Nous avons rejeté ce plan inique », a insisté Al-Malki. Le peuple palestinien est enraciné dans les territoires et toute perspective de paix est anéantie avec ce nouveau plan qui n’en est pas un, a insisté le Ministre, pour qui la seule solution doit être fondée sur le droit des Palestiniens et sur le droit au retour, confirmé par la jurisprudence internationale. Dénonçant la poursuite des colonies illégales de peuplement, il a invité les entreprises qui coopèrent avec ces colonies en y menant des activités – entreprises qui sont répertoriées dans le rapport du Haut-Commissariat – à cesser de le faire. L’Etat de Palestine se fonde sur le droit international et met en œuvre une stratégie fondée sur les nomes de ce droit, a souligné M. Al-Malki. Il a affirmé que le point 7 demeurera inscrit à l’ordre du jour du Conseil jusqu’à ce que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien soit appliqué, jusqu’à ce que les réfugiés disposent du droit au retour et jusqu’à ce que l’Etat de Palestine soit établi avec Jérusalem-Est comme capitale.

M. TETE ANTONIO, Secrétaire d’État aux affaires extérieures de l’Angola, a expliqué que la Communauté des pays de langue portugaise – au nom de laquelle il s’exprimait – travaillait sur les questions d’éducation, de santé, de sciences et technologies, de justice, de culture, de sport et de communication sociale. La Communauté est attachée à la promotion et à la protection des droits de l’homme. Elle sera représentée dans les débats de haut niveau ayant pour thème la Conférence de Beijing sur les femmes et dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. L’année 2019 a été érigée en « Année de la jeunesse » par la Communauté et son plan d’action pour la jeunesse (2018-2022) est en cours de mise en œuvre, a aussi fait savoir M. Antonio.

M. AKMAL SAIDOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a déclaré que la dernière campagne électorale avait révélé un nouveau climat politique dans son pays. Ces élections ont été ouvertes et conformes aux normes internationales ; elles se sont déroulées en présence de 825 observateurs provenant de 50 pays et de dix organisations internationales, ainsi que de toute la mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a précisé le Ministre.

D’autre part, une Commission nationale pour l’égalité des sexes a été établie, a ajouté M. Saidov. Une femme préside désormais le Sénat et 32% des députés sont des femmes – ce qui place le Parlement ouzbèke au 37e rang sur 190 Parlements dans le monde. Le Gouvernement encourage par ailleurs un rôle plus actif des citoyens. L’année 2020 a été proclamée « Année du développement de la science, de l’enseignement et de l’économique numérique », a précisé M. Saidov. Le Ministre a aussi mis en avant la coopération de son pays avec les procédures spéciales des droits de l’homme des Nations Unies. L’Ouzbékistan a présenté sa candidature pour un siège au Conseil pour la période 2021-2023, a conclu le Ministre.

M. DAVID ZALKALIANI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a déploré que les représentants du Haut-Commissariat aux droits de l’homme n’aient pas pu entrer dans les zones occupées de la Géorgie, alors même qu’une série de graves violations des droits de l’homme y sont commises. Les populations locales sont privées de leurs droits fondamentaux. Quant à la pose de barbelés, elle empêche l’accès depuis le territoire géorgien tout le long de la ligne de démarcation et exacerbe les conditions humanitaires délétères sur le terrain. La vie de citoyens géorgiens dans les zones occupées est sans cesse mise en danger.

Il est important, a insisté le Ministre, que les États membres du Conseil fassent en sorte que la situation sur le terrain ne s’aggrave pas davantage. Une prise de position résolue doit être prise par le Conseil des droits de l’homme – la Géorgie présentera une résolution dans ce sens durant cette session. La cyber-attaque menée contre l’administration géorgienne n’est que l’une des dimensions de la guerre hybride menée par la Fédération de Russie et qui sape la stabilité et la sécurité de la Géorgie, a aussi déclaré M. Zalkaliani.

MME DAMARES ALVES, Ministre de la condition féminine, de la famille et des droits de l’homme du Brésil, a déclaré que son pays avait pris la bonne décision en défendant le droit à la vie et en prohibant l’avortement, ce qui a permis de sauver un nombre incalculable de vies. Le Gouvernement Bolsonaro a hérité d’un État affaibli dont les ressources publiques ont été pillées, a poursuivi Mme Alves, soulignant que plus de 25 milliards de dollars ont été récupérés dans l’effort actuel de lutte contre la corruption. Le Brésil applique aussi des lois progressistes contre la violence à l’égard des femmes et des filles, a assuré Mme Alves.

Des millions d’Amazoniens bénéficient aujourd’hui d’un interlocuteur officiel sous les espèces du Conseil pour l’Amazonie, créé récemment par le Gouvernement, a poursuivi la Ministre. D’autre part, plus d’un million de personnes ont été prises en charge à la frontière avec le Venezuela. Le Brésil reste grandement préoccupé par les abus du Gouvernement du Venezuela, a dit Mme Alves, avant de saluer la création par le Conseil d’une mission d’établissement des faits dans ce pays.

Enfin, la Ministre a indiqué que son pays avait rattrapé son retard dans la préparation des rapports dus aux organes conventionnels des Nations Unies, preuve de son engagement envers les mécanismes internationaux des droits de l’homme.


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HRC20.003F