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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND LES DECLARATIONS DE VINGT HAUTS DIGNITAIRES

Compte rendu de séance

Cet après-midi, vingt hauts dignitaires se sont succédé à la tribune du Conseil des droits de l'homme dans le cadre du débat de haut niveau que le Conseil tient, depuis hier et jusqu’à demain, dans le cadre de sa quarante-troisième session.

Sont successivement intervenus le Ministre adjoint de l'Europe et des affaires étrangères de l’Albanie ; le Ministre adjoint des affaires étrangères de la République tchèque ; le Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l'homme ; la Ministre adjointe des affaires étrangères de la Colombie ; le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Roumanie ; le Ministre des affaires étrangères de la Grèce ; le Ministre des affaires étrangères des Maldives ; le Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie ; le Ministre des affaires étrangères du Népal ; le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq ; le Ministre des affaires étrangères du Guatemala ; le Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie ; le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Macédoine du Nord ; le Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova ; le Ministre des affaires étrangères du Nigéria ; le Vice-Président de la Commission interaméricaine des droits de l'homme ; la Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon ; le Ministre d’Etat du Royaume-Uni chargé du Commonwealth, des Nations Unies et de l’Asie du Sud et Représentant spécial du Premier Ministre du Royaume-Uni pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits ; le Commissaire aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile de la Mauritanie ; ainsi que la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement.

Les intervenants ont notamment mis en avant leurs réalisations en faveur des droits de l'homme et fait part de leurs priorités à venir, que ce soit au plan national ou au sein du Conseil des droits de l'homme. Ont également été soulignés les défis à relever. Il a à cet égard été affirmé que le coronavirus était une urgence de la communauté internationale et a été encouragée une coopération resserrée face à ce nouveau virus.


Le Conseil reprendra son débat de haut niveau demain matin, à partir de 9 heures.


Suite du débat de haut niveau

M. AGRON TARE, Ministre adjoint des affaires européennes et étrangères de l’Albanie, a indiqué que son pays avait placé la réalisation des droits de l'homme et des libertés fondamentales au cœur de ses priorités lors de sa présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), cette année. Parmi les priorités de l’Albanie au Conseil des droits de l'homme, le Ministre adjoint a cité l’égalité entre hommes et femmes et les droits des femmes. Les femmes continuent d’être démesurément affectées par les conflits : l’Albanie souhaite donc qu’elles soient davantage intégrées dans les processus de paix. Une autre priorité pour l’Albanie est la défense de la tolérance et de la non-discrimination.

M. Tare a ensuite vanté la coexistence harmonieuse entre les religions, sur la base des principes d’universalité et de non-discrimination, avec en priorité la lutte contre l’antisémitisme. Une autre des priorités de l’Albanie est la liberté d’expression et la liberté des médias, a dit M. Tare, inquiet des menaces contre les journalistes.

M. MARTIN POVEJŠIL, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République tchèque, a regretté le sous-financement de l’ONU et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, de même que les mesures budgétaires qui frappent le Conseil. Le Ministre adjoint a aussi recommandé de revoir le fonctionnement du système des organes conventionnels.

M. Povejšil a déclaré que les citoyens jouent un rôle essentiel pour faire respecter les normes des droits de l’homme, au même titre que les organisations de défense des droits de l’homme. La liberté des médias est de plus en plus mise à mal par des acteurs étatiques ou non étatiques qui visent à répandre des fausses informations afin de déstabiliser les démocraties et rompre la confiance entre les Gouvernements, les médias et la société civile. C’est pour cette raison que la République tchèque a décidé de devenir membre de la Media Freedom Coalition, a fait savoir le Ministre adjoint. La République tchèque est préoccupée par la situation des droits de l’homme en Fédération de Russie ; la situation est particulièrement désastreuse dans la péninsule de Crimée, a estimé le Ministre adjoint. Il a aussi rappelé le soutien de son pays au « président par intérim du Venezuela, M. Juan Guaidó ».

M. EAMON GILMORE, Représentant spécial de l’Union européenne pour les droits de l’homme, a appuyé le nouvel Appel à l’action pour les droits de l’homme lancé par le Secrétaire général des Nations Unies pour prévenir les conflits et édifier un monde juste. Le multilatéralisme n’a jamais été aussi indispensable qu’aujourd’hui, a affirmé M. Gilmore, appelant à traduire cette notion noble en actions concrètes. Il a ensuite annoncé que l’Union européenne proposerait plusieurs initiatives pendant la présente session du Conseil.

Ainsi, s’agissant de la situation en République populaire démocratique de Corée, l’Union européenne présentera un projet de résolution qui envoie un message clair au Gouvernement de ce pays pour qu’il cesse immédiatement les violations des droits de l’homme, améliore rapidement les libertés civiles et les droits économiques et sociaux, et coopère sans délai avec le système onusien des droits de l’homme. Un autre texte sur la situation des droits de l’homme au Myanmar sera déposé, aux fins du renouvellement du mandat de la procédure spéciale.

M. Gilmore a demandé que les rapporteurs spéciaux et autres titulaires de mécanismes régionaux et internationaux accèdent librement à la Crimée occupée et à la ville de Sébastopol. Il a enfin dénoncé les représailles à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme.

MME ADRIANA MEJIA, Ministre adjointe des affaires étrangères de la Colombie, a rappelé que l’état de droit s’était maintenu en Colombie malgré les années de conflit mais que nombre de défis restaient à relever après la signature de l’accord de paix avec les FARC. Elle a fait savoir que le Président Duque avait mis en place un plan d’action pour améliorer la capacité de riposte du Gouvernement et pour poursuivre le processus de reconstruction, avec la société civile et avec les ONG.

S’agissant de l’engagement du Gouvernement colombien dans l’application de l’accord de paix final, Mme Mejia a indiqué qu’il avait décidé d’adopter une vision à long terme et d’accorder la priorité aux victimes, notamment en leur donnant des garanties de non-répétition. La Colombie, dotée d’une tradition de démocratie et de respect pour les institutions, est ouverte à toutes les initiatives de coopération pour garantir les droits de l'homme et des citoyens, a fait remarquer la Ministre adjointe.

Prenant ensuite la parole au nom des pays membres du groupe de Lima, Mme Mejia a fait part de leur préoccupation au sujet des violations des droits de l'homme au Venezuela. Elle a rappelé que les membres du Conseil ont l’obligation la plus stricte de respecter les droits de l'homme. Elle a lancé un appel à la communauté internationale pour un retour de la démocratie au Venezuela et le déploiement d’observateurs indépendants. Le monde a besoin d’être uni pour mettre un terme à cette tragédie humaine, a conclu Mme Mejia.

M. CORNEL FERUTA, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Roumanie, a souligné le rôle de la coopération internationale pour créer un avenir sûr au profit des générations futures. Malheureusement, ce sont les droits humains qui souffrent les premiers dans un conflit. La Syrie en est un tragique exemple. La Roumanie est très préoccupée par l’escalade militaire en Syrie, avec son cortège de carnages et de déplacements forcés de populations. La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour mettre un terme aux pertes de vies humaines en Syrie, a demandé M. Feruta.

Dans l’est de l’Ukraine, depuis le début du conflit, 10 300 personnes ont été tuées, a ensuite déploré le Ministre adjoint. Il a demandé que la Mission de surveillance des droits de l’homme des Nations Unies en Ukraine ait un accès total à tout le territoire ukrainien, notamment à la Crimée annexée illégalement. Le Ministre adjoint a appelé toutes les parties au conflit à mettre pleinement en œuvre leurs obligations liées aux Accords de Minsk.

M. NIKOLAOS-GEORGIOS DENDIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, s’est dit convaincu qu’une démarche axée sur le consensus est fondamentale pour avancer dans le domaine des droits de l’homme. La Grèce concentre ses efforts sur des initiatives régionales. Le pays travaille avec plus de 40 pays dans le monde entier sur des initiatives, dans toute une série de domaines, couvrant notamment les droits économiques, sociaux et culturels et la liberté des journalistes. Le Ministre a ensuite évoqué le changement climatique qui met en péril la survie de l’humanité et qui a des conséquences négatives sur l’ensemble des droits de l’homme et sur le patrimoine. C’est dans ce contexte que la Grèce a décidé d’organiser cette année une conférence internationale sur le thème de la sauvegarde du patrimoine culturel.

L’un des défis que rencontrent le pays est la migration, a poursuivi le Ministre. La Grèce, en première ligne de la crise migratoire et des réfugiés, enregistre la plus grande proportion, dans l’Union européenne, de demandeurs d’asile par rapport à la population, a-t-il souligné. Malgré cette pression, la Grèce a pu sauver des milliers de vies. Le Gouvernement a pris plusieurs décisions pour protéger les droits de l’homme des migrants, notamment l’adoption d’une nouvelle loi sur les mineurs non accompagnés. Néanmoins, le Ministre a insisté sur le fait que les pays d’entrée ne pouvaient pas assumer, seuls, tout le fardeau des migrations.

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a salué celles et ceux qui s’efforcent, de façon inlassable, de faire respecter les valeurs de la Charte, au moment où les Nations Unies célèbrent leur 75e anniversaire. Il a ensuite présenté certains des engagements de son Gouvernement. Ainsi, les Maldives ont-elles ratifié le troisième Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits de l’enfant. Elles prévoient aussi de participer, en mai prochain, au troisième cycle de l’Examen périodique universel. De plus, pour la première fois depuis 2002, il n’y a plus aucune plainte pour violation des droits de l’homme aux Maldives devant le Comité des droits de l’homme de l’Union interparlementaire, s’est réjoui le Ministre. En outre, l’âge de la responsabilité pénale a été élevé à 15 ans ; quant aux Règles Nelson Mandela sur le traitement des détenus, elles ont été intégrées à la réforme des lieux de détention. Le 12 février, le Parlement maldivien a adopté une motion déclarant l’urgence climatique, vu les conséquences du changement climatique sur le bien-être et la jouissance des droits de l’homme, a en outre fait savoir le Ministre.

M. Shahid s’est félicité, par ailleurs, des décisions prises tant par l’ONU que par des organisations régionales au sujet de la situation des Rohingya du Myanmar. Il a enfin appuyé le droit des Palestiniens à l’autodétermination et a appelé la communauté internationale à trouver, collectivement et de manière résolue, une solution à la question palestinienne.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a fait observer que « nous sommes au cœur d’une véritable transformation de l’ordre mondial, dans laquelle la démocratie est remise en question et les droits humains sont bafoués ». « Nous ne savons pas quand cela va se terminer mais nous savons qu’il y aura un prix à payer », a ajouté le chef de la diplomatie slovaque. Les droits de l'homme sont le cœur même de la paix et de la sécurité, a insisté M. Lajčák, ajoutant que la prévention des conflits passe par le respect des droits de l'homme et que les violations de ces droits sont des signes avant-coureurs qu’il faut identifier et dont il faut s’inquiéter.

Les droits de l'homme sont un moteur de paix et de prospérité, et non l’inverse, a continué le Ministre, citant le pouvoir du droit à l’éducation, de la démocratie et de la bonne gouvernance. Selon le Ministre, coalitions, alliances et partenariats sont nécessaires dans tout le système des Nations Unies pour poser les bonnes questions et y apporter de bonnes réponses. Enfin, le Ministre a évoqué le meurtre de deux journalistes slovaques l’année dernière : il a assuré que justice serait rendue dans cette affaire.

M. PRADEEP KUMAR GYAWALI, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que son pays avait intégré, à ses propres textes législatifs, les valeurs énoncées dans la Charte et dans les traités relatifs aux droits de l’homme. Ainsi, la tolérance religieuse népalaise est-elle exemplaire ; la Commission nationale des droits de l’homme est conforme aux Principes de Paris ; et le pays a été en mesure de jeter les bases d’un État démocratique et juste, a dit M. Gyawali. Les principes d’égalité et de non-discrimination s’appliquent également aux femmes et aux filles népalaises, a assuré le Ministre, ajoutant que plusieurs textes de lois ont été adoptés sur la santé génésique et procréative, de même que sur l’éducation. Le développement des enfants figure aussi parmi les grandes priorités népalaises. D’autre part, la lutte contre la traite des personnes repose sur la coopération nationale, régionale et internationale.

En tant que pays montagneux, a poursuivi le Ministre, le Népal est très préoccupé par le changement climatique et le pays organisera un forum sur les montagnes et le changement climatique. Le Gouvernement est aussi engagé dans la résolution des problèmes qui subsistent après le conflit qu’a connu le pays, conformément à l’accord de paix. Enfin, les recommandations issues du deuxième cycle de l’EPU ont été appliquées et la collaboration avec les procédures spéciales est satisfaisante, s’est félicité le Ministre, pour qui l’expérience au sein du Conseil a favorisé la transformation de cette démocratie naissante. Le Népal a pleinement confiance dans le multilatéralisme, a conclu M. Gyawali.

M. MOHAMED ALI AL-HAKIM, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a déclaré que son nouveau Gouvernement avait proposé un programme politique très ambitieux qui visait à garantir les droits de l’homme de tous les citoyens iraquiens. Toutefois, un sentiment d’insatisfaction s’est répandu au sein de la population en raison des difficultés rencontrées depuis de nombreuses années. Les jeunes sont sortis dans les rues pour exercer et réclamer leurs droits et pour exprimer leur insatisfaction face à leur quotidien et à l’absence de perspectives économiques.

Malheureusement, les tentatives des forces de l’ordre pour assurer la sécurité des manifestations ont abouti à une escalade de tensions et des actes de violences ont fait de nombreuses victimes de part et d’autre.

Le Gouvernement a chargé un Comité de faire enquête sur ces événements. Cette démarche a abouti au limogeage d’un cadre de la sécurité, en raison du manque de discipline des forces de l’ordre. Le Gouvernement a par ailleurs pris un certain nombre de mesures pour répondre aux aspirations des manifestants ; des mécanismes ont été créés pour prendre connaissance des doléances de la population.

Le Ministre a par ailleurs appelé toutes les parties à la retenue en Syrie, un pays ont il a défendu la souveraineté. M. Al-Hakim a, par ailleurs, pris note du rapport sur les activités des entreprises dans les colonies d’implantation en Palestine publié par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. « Il faut continuer à soutenir les résolutions favorables aux aspirations du peuple palestinien », a plaidé le Ministre. Il a enfin estimé qu’aucune action militaire ne pouvait être une réponse au conflit en Libye.

M. PEDRO BROLO VILA, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a fait part du plan national d’innovation et de développement présenté par le Gouvernement guatémaltèque. Ce Gouvernement est attaché à la justice et à la solidarité vis-à-vis des victimes de violence sous toutes ses formes, a-t-il souligné. Il a ensuite plaidé que les travaux du Conseil soient orientés en fonction des retombées qu’ils ont sur le terrain pour ceux et celles dont les libertés sont bafouées et les libertés non respectées. « Nous avons besoin d’un multilatéralisme efficace », a-t-il déclaré.

Au sujet des flux migratoires, M. Brolo Vila a indiqué œuvrer avec ses voisins à la formulation d’un plan régional intégral afin de résoudre les problèmes qui expliquent les migrations et de s’attaquer aux violations des droits des migrants. « La migration doit être une possibilité et non une nécessité », a-t-il souligné. Il a en outre rappelé le soutien de son pays à la mise en place du Forum permanent pour les personnes d’ascendance africaine. Sur le plan national, une commission présidentielle contre le racisme est chargée de lutter contre la discrimination et de veiller au respect des obligations internationales en la matière, a indiqué le chef de la diplomatie guatémaltèque. Par ailleurs, a-t-il fait valoir, le Président du Guatemala vient d’entamer une « grande croisade de la nutrition » afin d’améliorer la santé de la population, notamment rurale et autochtone.

M. PALAMAGAMBA KABUDI, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a assuré que les élections prévues dans son pays en octobre seraient, comme à l’accoutumée, justes, libres et transparentes. Le Gouvernement entend d’ailleurs inviter des observateurs indépendants, a-t-il ajouté. Dans sa politique de développement fondée sur les droits de l’homme, la Tanzanie accorde la priorité, entre autres, au patriotisme, à la démocratie, à l’inclusion sociale, aux femmes et aux enfants ainsi qu’à la jeunesse, a-t-il indiqué. La pauvreté, l’ignorance et la maladie sont les trois grands ennemis du développement, a-t-il par ailleurs souligné. Pour lutter contre ces fléaux, de nombreux centres médicaux et de santé ont été édifiés, tandis que deux programmes de santé publique de grande ampleur sont mis en œuvre. De son côté, l’enseignement est gratuit à tous les niveaux et l’enregistrement des enfants au cycle primaire a été nettement amélioré, a fait valoir M. Kabudi.

Le Ministre tanzanien des affaires étrangères a fait état de plusieurs initiatives de réduction du taux de la pauvreté et a souligné que des réformes ont aussi été menées dans le système judiciaire afin de faciliter l’accès de tous à la justice, notamment dans les zones densément peuplées qui ne disposaient pas de suffisamment de tribunaux. La bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont aussi au centre des politiques nationales, a poursuivi le Ministre. La Tanzanie s’est engagée à garantir l’autonomisation économique et politique des femmes et a fixé à 30% le quota de femmes au Parlement, dans les cours d’appels et les tribunaux de première instance, a-t-il en outre souligné. Plusieurs fonds d’autonomisation ont aussi été créés pour permettre aux femmes d’avoir des entreprises. Pour compléter tous ces efforts, le Gouvernement s’efforce de consolider le cadre d’enregistrement et de fonctionnement des organisations non gouvernementales (ONG), a indiqué M. Kabudi, précisant que le Parlement avait amendé la loi sur les ONG.

M. ANDREJ ZHERNOVSKI, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Macédoine du Nord, a déclaré que la tendance généralisée à la mondialisation engendre des tensions géostratégiques elles aussi mondiales, alors qu’augmentent les inégalités entre pays développés et pays pauvres. Cette situation a aussi mené à la montée des populismes. Le changement climatique témoigne, en outre, du mépris à l’égard d’un environnement sain. Il faut mettre fin à la guerre entre l’homme et la nature, a plaidé le Ministre adjoint. Si le développement technologique ne va pas de pair avec le développement de l’humanité, alors il peut devenir une menace pour l’humanité, comme le montrent les projets d’armes autonomes, a-t-il averti.

M. Zhernovski a ensuite dénoncé la décision du Burundi de fermer le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l'homme dans le pays, malgré les graves violations des droits de l’homme, notamment les exécutions extrajudiciaires, qui y sont perpétrées. Il s’est par ailleurs dit inquiet au sujet de la situation des Rohingya du Myanmar et s’est dit préoccupé par l’escalade militaire en Syrie, qui a fait un nombre effrayant de victimes civiles. Ces situations démontrent la nécessité de voir la communauté internationale redoubler d’efforts pour mettre fin aux conflits et les prévenir, a-t-il souligné. Il a en outre salué l’accord avec la Grèce, qui a permis à la Macédoine du Nord de s’atteler à ses propres réformes, notamment dans le domaine des droits de l’homme. Il a par ailleurs expliqué que le processus d’adhésion du pays à l’Union européenne permettait d’intégrer les normes pertinentes en matière de droits de l’homme.

Pour M. AURELIU CIOCOI, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la République de Moldova, il est certes important de célébrer les réussites communes, mais il faut aussi que les anniversaires permettent de rappeler les obligations telles que le devoir de protéger. Les droits de l'homme sont confrontés à des périls de plus en plus nombreux défiant nos systèmes de valeur, a fait observer le Ministre moldove. Il a en outre jugé inacceptable, à l’heure de l’intelligence artificielle, d’être encore en proie au fléau des inégalités hommes-femmes et de la violence domestique.

Au niveau national, la République de Moldova passe par une phase de redynamisation des libertés fondamentales et des droits de l'homme, a affirmé M. Ciocoi, précisant que cela passe par la mise en place d’un système judiciaire véritablement indépendant et impartial. Le Gouvernement s’est en outre engagé en faveur de la liberté de l’information, a-t-il ajouté. Quant à la situation des droits de l'homme dans la région de Transnistrie, elle est mauvaise en raison des violations graves et systématiques commises par ceux qui assurent le contrôle effectif de cette région, a poursuivi M. Ciocoi. Les autorités de facto de cette région sécessionniste ne sont pas favorables aux droits des populations, a-t-il insisté.

M. GEOFFREY ONYEAMA, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a souligné que l’égalité hommes-femmes et l’autonomisation des femmes contribueront à la réalisation des 17 Objectifs de développement durable et a plaidé pour que la communauté internationale soutienne les travaux et les mandats des mécanismes du Conseil. La lutte contre le terrorisme reste une priorité du Nigeria, compte tenu de la nécessité de faire respecter les droits de l’homme, a poursuivi le Ministre. Les corps d’armée sont formés et sensibilisés pour faire face aux exigences sécuritaires importantes que cela implique, a-t-il expliqué, renvoyant aux attentats et enlèvements perpétrés par Boko Haram. L’armée nigériane a ainsi obtenu que la population lui fasse confiance et la soutienne, a-t-il ajouté. Des programmes de déradicalisation et de réinsertion ont été réussis, a fait valoir M. Onyeama.

Le Ministre nigérian des affaires étrangères a par ailleurs demandé à la communauté internationale un effort de coopération grâce au rapatriement de fonds usurpés, ce qui – a-t-il affirmé – contribuerait à la jouissance des droits fondamentaux de la population.

M. JOEL HERNANDEZ, Commissaire et Vice-Président de la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l’Organisation des Etats américains (OEA), a constaté la persistance, en 2019, d’actes de violence et de discrimination à l’encontre de groupes vulnérables tels que les femmes, les migrants, les journalistes ou encore les défenseurs des droits. La contestation sociale a augmenté et, dans plusieurs cas, les Etats ont eu tendance à faire un usage excessif de la force et à imposer des restrictions au droit de manifestation et aux libertés d’association et d’expression. Les lacunes dans les systèmes judiciaires de la région [américaine] impliquent que de nombreux crimes ne sont pas punis, a ajouté M. Hernández, avant d’appeler, contre cela, à des mesures adéquates et à des enquêtes.

S’agissant plus particulièrement des migrants, le Commissaire a indiqué que Commission interaméricaine des droits de l'homme est très préoccupée par les migrations forcées des Vénézuéliens, qui concernent plus de 4,6 millions de personnes, ainsi que par la persistance des migrations forcées de personnes du Triangle Nord de l’Amérique centrale [ndlr : El Salvador, Guatemala et Honduras], s’agissant en particulier des caravanes en direction des Etats-Unis. M. Hernández a lancé un appel aux Etats de la région pour qu’ils fassent face aux causes sous-jacentes à l’origine de ces migrations forcées et qu’ils se répartissent la charge de les accueillir, en garantissant le respect des droits de l'homme des migrants et des réfugiés.

En 2019, a poursuivi le Commissaire, la Commission interaméricaine a pu répondre de manière effective et immédiate aux situations des droits de l'homme dans différents pays de la région tels que l’Equateur, le Chili, la Bolivie et Haïti. La Commission cherche à obtenir des pays qu’ils respectent leurs obligations internationales et qu’ils mettent en œuvre les recommandations conformément aux normes interaméricaines en matière de droits de l'homme, a-t-il expliqué. Le continent américain continue d’afficher des inégalités sociales extrêmes ainsi que de sérieux problèmes concernant l’accès à la justice et la discrimination contre les femmes, les peuples autochtones, les Afro-descendants, les migrants et une partie de la population en raison de son orientation sexuelle, a souligné le Commissaire.

MME OMI ASAKO, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a déclaré que le coronavirus était une urgence de la communauté internationale et a indiqué que le Japon faisait en sorte que la situation s’améliore, notamment sur le navire de croisière Diamond Princess. Elle a dénoncé les calomnies et les discriminations à l’encontre des personnes d’origine asiatique dans ce dossier. En avril, le pays va accueillir à Kyoto le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale. Le Japon va par ailleurs veiller à ce que les prochains Jeux olympiques et paralympiques soient pleinement inclusifs, a indiqué Mme Asako.

Le Japon est prêt à jouer un rôle moteur dans la promotion et la protection des droits de l’homme dans la région, a poursuivi Mme Asako. Les droits de l’homme fondamentaux doivent être garantis et la répression des défenseurs des droits de l’homme doit disparaître, a-t-elle ajouté, soulignant que le Japon attache une importance particulière à la communication avec d’autres pays dans ce domaine. Le Japon a ainsi lancé des discussions sur cette question avec le Myanmar, qui s’est dit prêt à poursuivre tous les actes criminels relevant des droits de l’homme commis sur son territoire. La question des enlèvements par la « Corée du Nord » est une autre question qui tient à cœur aux autorités nippones et la « Corée du Nord » doit prendre des mesures pour clarifier la situation dans ce domaine, a déclaré Mme Asako. Elle a enfin indiqué que le Japon élaborait un plan d’action national visant à mettre fin à la violence à l’encontre des enfants.

LORD AHMAD DE WIMBLEDON, Ministre d’Etat du Royaume-Uni chargé du Commonwealth, des Nations Unies et de l’Asie du Sud, et Représentant spécial du Premier Ministre du Royaume-Uni pour la prévention de la violence sexuelle dans les conflits, a présenté ses condoléances pour les personnes ayant succombé des suites du coronavirus et a encouragé à une coopération resserrée face à ce nouveau virus. Il a ensuite invoqué l’esprit des fondateurs de l’ONU qui avaient également prévu le pilier « droits de l’homme » dans la charpente – c’est-à-dire la Charte – de l’ONU. Le Royaume-Uni a par ailleurs sollicité l’appui des Etats à sa candidature au Conseil.

Le Ministre a ensuite salué la déclaration publiée aujourd’hui par la Coalition de la liberté des médias sur la liberté d’expression et des médias. Il a en outre souligné que son pays s’est aussi engagé à travailler à la prévention et à la lutte contre les répercussions du changement climatique. Il a ensuite attiré l’attention, pour les condamner, sur les violations des droits de l’homme en Syrie, en particulier à Idlib. Il a par ailleurs appelé le Gouvernement du Myanmar à appliquer les recommandations de la commission d’enquête internationale et de celle sur l’Etat de Rakhine. Il a d’autre part exhorté la « Corée du Nord » à cesser les violations systématiques des droits de sa population. Ensemble, nous avons forgé un système de reddition de comptes partout dans le monde, s’est-il enfin félicité, appelant chaque Etat à continuer de se soucier des plus vulnérables et à alléger leurs souffrances, tâches qui relèvent également du mandat du Conseil des droits de l’homme.

M. MOHAMED EL HASSEN OULD BOUKHREISS, Commissaire aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux relations avec la société civile de la Mauritanie, a mentionné les conflits armés, le terrorisme, le changement climatique et la corruption comme étant autant de défis auxquels la communauté internationale doit sérieusement faire face. C’est ce que la Mauritanie, pour sa part, s’emploie à faire, notamment avec les cinq pays du Sahel pour ce qui concerne la lutte contre l’extrémisme.

La Mauritanie est partie aux principaux instruments internationaux et régionaux en matière de droits de l'homme et a mis en place un plan de travail pour assurer le suivi des recommandations issues du deuxième cycle de l’Examen périodique universel, a ensuite fait valoir le Commissaire. Le pays a également mis en place un plan de lutte contre le trafic d’êtres humains et entend renforcer le cadre légal pour la protection des droits de l'homme, a-t-il ajouté.

MME JAN BEAGLE, Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a souligné que les droits de l’homme sont sous pression partout dans le monde. Elle a appelé à prendre conscience du pouvoir de l’état de droit comme moteur pour renforcer les droits de l’homme. Une approche centrée sur les droits et sur l’état de droit serait mieux à même de permettre la mise en œuvre d’États durables, a-t-elle insisté.

L’IDLO travaille du haut vers le bas avec les gouvernements pour les aider dans toute une série de domaines incluant la lutte contre la corruption, a indiqué la Directrice générale de l’Organisation ; mais l’IDLO travaille aussi du bas vers le haut afin de renforcer, notamment, l’accès à la justice pour les citoyens, a-t-elle ajouté. L’IDLO opère selon le principe du pluralisme juridique, tout en respectant celui de l’universalité des droits de l’homme, a-t-elle rappelé. Plus des deux tiers de la population mondiale n’ont pas accès à la justice, a déploré la Directrice générale, appelant plus particulièrement à combler d’urgence les manquements en termes d’accès à la justice pour les femmes et les filles, 25 ans après la Conférence de Beijing. L’IDLO est prête à soutenir le Conseil dans ses efforts de renforcement de l’état de droit partout dans le monde, a conclu Mme Beagle.

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