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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME UN DÉBAT DE HAUT NIVEAU ET
DÉCIDE DE RÉTABLIR SON GROUPE INFORMEL SUR LE PROGRAMME DE TRAVAIL

Compte rendu de séance
Elle entend le Président de l'Assemblée générale de l'ONU et de hauts dignitaires de l'Argentine, de la Slovaquie, de l'Italie et de la Grèce

La Conférence du désarmement a ouvert, ce matin, un débat de haut niveau qui se tient jusqu'à jeudi prochain en entendant le Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, M. John W. Ashe, ainsi que le Ministre des affaires étrangères de l'Argentine, M. Héctor Marcos Timerman, les Secrétaires d'État aux affaires étrangères de la Slovaquie et de l'Italie, MM. Peter Javorcik et Benedetto Della Vedova et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, M. Dimitris Kourkoulas. Elle a aussi décidé de rétablir son groupe de travail informel chargé d'élaborer un programme de travail.

Le Président de l'Assemblée générale a notamment souligné que la première réunion de haut niveau de l'Assemblée générale consacrée au désarmement nucléaire, qui s'est tenue en septembre dernier, a montré un impressionnant attachement et une volonté des orateurs d'avancer et de progresser s'agissant de la revitalisation du mécanisme du désarmement et des négociations multilatérales pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires. L'Assemblée générale a reconnu la nécessité d'engager des négociations multilatérales dans le but de parvenir à un accord sur des questions concrètes, en particulier eu égard aux tensions du climat international actuel et des préoccupations globales quant à la prolifération; en outre, l'Assemblée générale a noté avec préoccupation que la Conférence n'était pas parvenue à entamer des travaux de fond. M. Ashe a exhorté la Conférence à faire bon usage de son temps dans le cadre du groupe de travail informel qui vient d'être créé ce matin pour produire un programme de travail et de poursuivre des dialogues structurés sur les questions inscrites à l'ordre du jour.

Le Ministre argentin des relations extérieures a réitéré l'engagement de son pays en faveur de la Conférence; il a toujours accordé un traitement prioritaire à la question du désarmement nucléaire. L'Argentine réitère aussi son engagement en faveur de toute mesure favorisant un compromis dynamique incluant la non-prolifération et l'élimination complète des armes nucléaires, sous des principes de transparence, d'irréversibilité et de vérification des mesures de désarmement nucléaire.

Pour le Secrétaire d'État slovaque, l'incapacité de la Conférence de s'acquitter de son mandat a de graves conséquences et sape la sécurité internationale; l'impasse actuelle au sein de la Conférence est inacceptable et insoutenable. Alors que l'on cherche à promouvoir le désarmement nucléaire, il faudrait œuvrer à l'établissement d'un cadre d'instruments juridiquement contraignants qui se renforcent mutuellement, c'est pourquoi la Slovaquie continue de soutenir le lancement immédiat de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. Pour sa part, l'Italie croit fermement que le multilatéralisme et la coopération internationale sont cruciaux pour parvenir à des résultats effectifs et concrets à long terme dans les domaines du désarmement, du contrôle des armements et de la non-prolifération. Il est essentiel de redoubler d'efforts pour empêcher que de nouveaux États et des acteurs non étatiques n'aient accès à des armes de destruction massive, a souligné le Secrétaire d'État italien, qui a ajouté que la Conférence devait reprendre ses travaux dans les plus brefs délais, la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles restant une priorité. Enfin, pour la Grèce, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et ses trois piliers constituent l'un des plus importants fondements de l'édifice de la sécurité globale; le Plan d'action associé au TNP constitue le cadre le plus approprié pour traiter de l'importante question des conséquences humaines des armes nucléaires, a déclaré le Vice-Ministre grec.

La Conférence a adopté, en début de séance, le projet de décision figurant au document CD/WP/579, par lequel elle décide de rétablir son groupe de travail informel chargé d'élaborer un programme de travail, qu'elle avait déjà créé au mois d'août dernier. Ce texte est le résultat d'un accord obtenu lors de consultations officieuses menée par le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Venicio Mati de l'Italie. Ce dernier a ajouté que la décision était un message d'espoir par lequel les États membres expriment la nécessité de reprendre le travail de fond et de remédier à un certain nombre de désaccords qui l'ont empêchée de progresser par le passé. Le Mexique, l'Inde, la France, le Pakistan, l'Australie et les États-Unis se sont exprimés suite à l'adoption de ce texte.

À l'ouverture de la séance, la Conférence a observé une minute de silence à la mémoire de Vladimir Petrovsky, ancien Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève et Secrétaire général de la Conférence du désarmement de 1993 à 2002.

La Conférence a par ailleurs accepté la demande de l'Arménie de participer à ses travaux en tant qu'État observateur.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra cet après-midi, à 15 heures, l'Ukraine ayant demandé à prendre la parole.


Adoption d'une décision sur le rétablissement du groupe de travail informel chargé d'élaborer un programme de travail

La Conférence a adopté une décision (document CD/WP.579) sur le rétablissement d'un groupe de travail informel chargé d'«élaborer un programme de travail solide, substantiel et permettant une mise en œuvre graduelle».

M. VENICIO MATI (Italie), Président de la Conférence, qui a soumis ce texte aux délégations la semaine dernière, a indiqué que ce texte était le résultat d'un accord obtenu lors de consultations officieuses qui ont eu lieu lundi dernier. Ce texte est conforme aux attentes de toutes les délégations, a souligné le Président. Le message que nous donnons aujourd'hui est clair: c'est un message d'espoir, par lequel les États membres expriment la nécessité de reprendre le travail de fond au sein de la Conférence et de remédier à un certain nombre de désaccords qui l'ont empêchée de progresser par le passé, a souligné le Président à l'issue de l'adoption de cette décision.

Le Mexique a indiqué avoir choisi de ne pas faire obstacle au renouvellement du mandat du groupe de travail informel, mais s'est dit sceptique quant aux résultats auxquels il pourra parvenir, tant que la règle du consensus – qui préside à ses travaux – donne à tous les États membres un droit de veto de facto. Par ailleurs, le Mexique s'est dit préoccupé que ce groupe de travail ne devienne une fin en soi. L'objectif c'est un programme de travail et non ce groupe de travail, a souligné le Mexique. Le pays a toutefois indiqué qu'il allait participer de façon constructive à la recherche d'un accord permettant d'adopter un programme de travail. Son espoir le plus ardent serait qu'un consensus soit trouvé sur les questions de fond comme il en a été trouvé un sur les questions de procédures.

L'Inde a commenté l'adoption du document CD/WP.579 en soulignant que pour elle, la Conférence est une enceinte de négociation, de sorte que la seule façon de lui redonner vie serait d'adopter un programme de travail. La résolution 68/64 de l'Assemblée générale, qui concerne le rapport de la Conférence, renvoie au document CD/1864, qui est le dernier programme de travail adopté par la Conférence, a-t-elle rappelé. L'Inde a indiqué s'être associée à l'adoption du document CD/WP.579 adopté ce matin dans l'espoir que reprenne le plus rapidement possible le travail de fond, c'est-à-dire des négociations. Le mandat du groupe de travail qui vient d'être reconduit ne retire rien à la responsabilité qui incombe au Président de la Conférence en vertu du règlement intérieur et l'Inde se réjouit que le document adopté ce matin le mentionne. Enfin, l'Inde exprime ses sincères condoléances à la suite du décès de Vladimir Petrovsky.

La France a estimé que l'adoption ce matin du document CD/WP.579 était un signe d'espoir. Néanmoins, cette décision reste une décision de procédure. Pour reprendre son rôle, la Conférence du désarmement doit négocier, ce qu'elle ne peut faire que sur la base de son acquis, à savoir le dernier programme de travail adopté en 2009 dans le cadre du document CD/1864, lequel demeure pour la France «le document de référence sur lequel nous devons construire».

Le Pakistan a souligné que la Conférence doit travailler en fonction de ce qui se passe dans le monde réel; il faut accepter les réalités du terrain et cette instance n'existe pas en tant qu'organe qui aurait sa propre dynamique, autre que celle du monde réel. Par ailleurs, nous devons travailler sur la base du principe d'égalité et la sécurité de certains ne saurait être atteinte au détriment de celle d'autres, a ajouté le Pakistan. La question de la sécurité est donc fondamentale lorsque nous essayons de négocier un traité sur n'importe lequel des points inscrits à l'ordre du jour de la Conférence, a insisté le pays. Un traité d'interdiction de la production de matières fissiles (FMCT) est peut-être une priorité pour certains, mais pas pour tout le monde, a poursuivi le Pakistan. Pour certains, la priorité, ce sont les garanties négatives de sécurité; pour d'autres, comme par exemple le groupe des 21, c'est le désarmement nucléaire; et pour d'autres encore, c'est la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Mais la réalité est qu'il n'y a de consensus pour négocier sur aucune de ces questions et cela provient du fait que des considérations de sécurité empêchent un tel consensus, a expliqué le Pakistan. Le document CD/1864 est devenu redondant et point n'est besoin d'essayer de ranimer cette même base, a déclaré le pays. Quatre ans après son adoption, il faut – de l'avis du Pakistan – avancer et trouver une nouvelle base qui permettra d'engager des négociations sur n'importe laquelle ou sur toutes les questions dont la Conférence est saisie. Si l'idée est de revenir en arrière et de recréer le document CD/1864, alors nous entrerions dans une impasse, a insisté le Pakistan. En l'absence d'un accord par consensus, nous serons obligés de nous engager sur la meilleure alternative, à savoir engager des négociations sur tous les points inscrits à l'ordre du jour, de manière équilibrée, a conclu le Pakistan.

L'Australie a affirmé suivre depuis trop longtemps les travaux de la Conférence pour entretenir des illusions face aux difficultés auxquelles va devoir faire face un groupe de travail chargé de produire un programme de travail; mais nous allons voir ce que nous pouvons faire et l'Australie ne ménagera aucun effort.

Les États-Unis ont indiqué souhaiter avancer sur un programme d'activités concernant les questions de fond, tout en continuant de travailler sur un programme de travail de fond. Les États-Unis vont venir participer aux travaux du groupe de travail informel remis sur pied ce matin pour y défendre leurs propres intérêts. Les États-Unis restent convaincus qu'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles reste un objectif très important pour la Conférence. Nous étions proche d'un consensus en 2009 et nous voulons travailler sur cette base pour parvenir à des négociations sur la question, ont insisté les États-Unis.

Débat de haut niveau

M. JOHN W. ASHE, Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, a rappelé que la Conférence a été établie en 1979 comme unique instance de négociation multilatérale dans le domaine du désarmement: elle a produit des instruments tels que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la Convention sur l'interdiction des armes chimiques; elle a en outre contribué à la paix et à la sécurité dans le monde, rétablissant la confiance entre les États et contribuant ainsi à un monde plus sûr. Néanmoins, le dernier succès de cette instance remonte à 1996 lorsqu'un traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires a été négocié. Dans le document final issu de la Première session spéciale de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, il a été reconnu qu'il fallait un forum unique de négociation sur le désarmement au niveau multilatéral. Je peux vous assurer que cette préférence collective reste inchangée, a souligné M. Ashe. La première réunion de haut niveau de l'Assemblée générale consacrée au désarmement nucléaire, qui s'est tenue en septembre dernier, a montré un impressionnant attachement et une volonté des orateurs d'avancer et de progresser sur les questions soulevées: revitalisation du mécanisme du désarmement et manière de faire avancer les négociations multilatérales pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires, y compris par le biais de l'initiative humanitaire. Ces mêmes sentiments trouvent un écho dans la résolution 66/66 adoptée par l'Assemblée générale, a ajouté M. Ashe. Lors de la session d'octobre de la Première Commission de l'Assemblée générale, d'intenses discussions entre les délégations ont clairement révélé que la revitalisation du mécanisme de désarmement était une priorité urgente, a-t-il insisté. L'Assemblée générale a reconnu la nécessité d'engager des négociations multilatérales dans le but de parvenir à un accord sur des questions concrètes, en particulier eu égard aux tensions du climat international actuel et des préoccupations globales quant à la prolifération; en outre, l'Assemblée générale a noté avec préoccupation que la Conférence n'était pas parvenue à entamer des travaux de fond.

Aussi, M. Ashe a-t-il ce matin fait part de sa satisfaction d'apprendre que la Conférence vient juste de décider de rétablir le groupe de travail ayant pour mandat de produire un programme de travail. Il a félicité les États membres de la Conférence pour avoir de nouveau pris cette mesure cruciale, mais a souligné des progrès réels devaient maintenant être faits. Le Président de l'Assemblée générale a rappelé aux membres de la Conférence qu'ils devaient rester concentrés sur une perspective élargie, surmonter leurs différences et assumer leurs responsabilités. Alors que les choses évoluent et avancent dans d'autres secteurs et domaines, nous ne pouvons nous permettre une impasse complète à la Conférence, année après année.

Évoquant le programme de développement pour l'après 2015, M. Ashe a souligné que d'une manière ou d'une autre, toutes les questions qui sont discutées au sein de l'Assemblée générale renforcent le développement durable. Les décisions que prend la Conférence non seulement contribuent à la paix et à la sécurité, mais ont aussi un impact inévitable sur d'autres aspects du travail des Nations Unies. Il ne faut pas oublier que c'est à l'aune de ce à quoi nous consacrons notre temps, nos ressources et notre énergie que l'on peut mesurer ce à quoi nous accordons réellement une valeur, a fait observer le Président de l'Assemblée générale. Prenant note de l'attention croissante portée au niveau international aux conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires, eu égard à leur gigantesque pouvoir de destruction, le Président de l'Assemblée générale s'est dit confiant quant au potentiel de l'initiative humanitaire d'accélérer les efforts internationaux de désarmement nucléaire. Il doit s'agir d'un véritable effort collectif car c'est collectivement – et non pas en tant qu'États ayant d'étroits intérêts nationaux de sécurité – que nous sommes confrontés aux risques par ces armes, a souligné M. Ashe.

En conclusion, M. Ashe a exhorté la Conférence à faire bon usage de son temps dans le cadre du groupe de travail informel chargé de produire un programme de travail et, en l'absence d'un programme de travail, de continuer son dialogue structuré sur les questions inscrites à l'ordre du jour. Il a exhorté les membres de cette instance à n'épargner aucun effort pour revitaliser le mécanisme du désarmement, soulignant qu'il ne saurait être question de porter plus longtemps atteinte à la crédibilité de la Conférence, ni d'attendre plus longtemps que la «foudre ne frappe».

M. PETER JAVORCIK, Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a souligné que chacun est conscient des remarquables accomplissements réalisés par la Conférence par le passé ainsi que de la valeur de sa contribution à la sécurité globale. Pour autant, nous ne saurions vivre sur les réalisations du passé; nous devons nous appuyer dessus pour avancer. La Slovaquie est déçue que la Conférence ait une fois de plus échoué à établir son programme de travail au début de cette année, a poursuivi le Secrétaire d'État, soulignant que l'impasse persistante est un sujet de préoccupation. L'incapacité de la Conférence de s'acquitter de son mandat a de graves conséquences et des implications négatives, non seulement pour la Conférence elle-même, mais aussi pour l'ensemble du théâtre du désarmement, ce qui sape la sécurité internationale, a déclaré M. Javorcik. L'inactivité ne signifie pas stabilité dans le domaine du désarmement et de la sécurité, a fait observer le Secrétaire d'État slovaque. L'impasse actuelle au sein de la Conférence est inacceptable et insoutenable, a-t-il insisté. Étant donné que la flexibilité au sein de la Conférence atteint ses limites, M. Javorcik a estimé qu'il fallait que chacun fasse preuve de volonté politique pour créer de la confiance au sein de cette instance, ce qui, selon lui, permettrait d'engager des négociations. De nombreux efforts ont été investis et de nombreuses initiatives explorées pour faire avancer les négociations multilatérales dans le domaine du désarmement, a-t-il fait observer, avant de plaider en faveur d'efforts similaires pour rétablir la crédibilité de la Conférence et redonner vie aux négociations.

Il y a deux semaines, au Mexique, de nombreux pays se sont rencontrés pour discuter des conséquences humanitaires des armes nucléaires, a rappelé M. Javorcik. Bien entendu, la question des conséquences humanitaires des armes nucléaires est un élément important du discours, complexe, sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération, lequel inclut les considérations humanitaires et sécuritaires. Nous devons travailler ensemble pour prévenir l'utilisation, délibérée ou accidentelle, des armes nucléaires, a indiqué M. Javorcik, précisant que c'est pour cela que la Slovaquie continue d'appuyer un processus qui pourrait mener à l'élimination complète des arsenaux nucléaires, y compris les raisons de leur existence. La communauté internationale devrait se concentrer sur des mesures concrètes et pratiques promouvant l'objectif partagé d'un monde exempt d'armes nucléaires, a insisté le Secrétaire d'État, avant de plaider pour la pleine application du Plan d'action adopté à l'issue de la Conférence d'examen de 2010 du TNP. La Slovaquie estime qu'alors que l'on cherche à promouvoir le désarmement nucléaire, il faudrait œuvrer à l'établissement d'un cadre d'instruments juridiquement contraignants qui se renforcent mutuellement, ce qui créerait les conditions pour la réalisation et le maintien d'un monde exempt d'armes nucléaires. À cet égard, la Slovaquie continue de soutenir le lancement immédiat de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Nous ne pouvons pas retarder davantage la négociation de ce traité, a insisté M. Javorcik. Commencer les négociations sur une question ne signifiera pas négliger les autres, qui méritent également de progresser, a assuré le Secrétaire d'État.

En l'absence d'un programme de travail au sein de la Conférence, M. Javorcik a salué la décision (prise ce matin par la Conférence) de rétablir le groupe de travail informel chargé de produire un tel travail. Il a encouragé le groupe de travail à produire un résultat dans un délai limité et d'une manière qui permette d'engager des négociations au sein de la Conférence sur des questions concertées. Il a ensuite estimé que les discussions structurées autour des points inscrits à l'ordre du jour pourraient avoir une certaine valeur si elles visent à développer plus avant les questions dans la perspective de futures négociations. Le Secrétaire d'État a par ailleurs estimé que la question de l'élargissement de la composition de la Conférence méritait d'être dûment examinée et a relevé l'existence d'un soutien accru en faveur de la nomination d'un coordonnateur spécial sur cette question. Enfin, M. Javorcik a annoncé que la Slovaquie venait d'adopter le Plan d'action pour l'accession à la Convention sur les armes à sous-munitions (cluster munitions), Plan dont le but est le dépôt par la Slovaquie de l'instrument de ratification cet instrument d'ici 2015 – le pays étant alors appelé à devenir État partie à la Convention à compter du 1er janvier 2016. En outre, la Slovaquie va ratifier au début de ce printemps 2014 la Convention sur le commerce des armes, a conclu le Secrétaire d'État.

M. HÉCTOR MARCOS TIMERMAN, Ministre des relations extérieures de l'Argentine, a souligné que sa présence ce matin devant la Conférence constituait une expression réitérée de l'engagement de l'Argentine en faveur de cette instance. L'Argentine est en effet convaincue que la meilleure manière de défendre les intérêts nationaux de chacun en matière de sécurité consiste à lancer des négociations de fond au sein de la Conférence concernant les différentes questions inscrites à l'ordre du jour. La réactivation de la Conférence ne se fera pas en se concentrant sur ses règles de procédure ou ses caractéristiques institutionnelles, lesquelles – il faut le rappeler – ont permis la conclusion d'importants instruments internationaux. La revitalisation de cette instance se fera grâce à la volonté politique de ses membres de surmonter la situation actuelle, a insisté M. Timerman, avant d'ajouter que son pays accueillera avec bienveillance toute proposition novatrice impliquant un débat ouvert et susceptible d'ouvrir la voie à des solutions créatives qui tiennent compte des divers points de vue afin de sortir la Conférence de l'impasse. À cet égard, l'Argentine appuie la continuité du mandat du groupe de travail informel chargé de produire un programme de travail, ainsi que le travail du groupe de travail à composition ouverte sur le désarmement nucléaire et le lancement imminent des travaux du groupe d'experts intergouvernementaux sur un traité de cessation de la production de matières fissiles. Si elle salue la mise en place d'instances flexibles fournissant l'opportunité d'enrichir le débat sur le désarmement, l'Argentine continue néanmoins de privilégier l'inscription des processus de négociation dans le cadre des instances existantes, de manière à éviter une rupture de l'équilibre et de l'intégrité du système actuel à long terme.

L'Argentine a toujours accordé un traitement prioritaire à la question du désarmement nucléaire, a poursuivi M. Timerman. L'Argentine maintient un vigoureux programme nucléaire à des fins exclusivement pacifiques, dans le plus strict respect des normes consacrées par le TNP, a-t-il ajouté. Dans ce cadre, a-t-il précisé, l'Argentine développe, utilise et exporte la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Le Ministre argentin des relations extérieures a souligné que son pays observe avec préoccupation que les grands progrès réalisés durant quatre décennies dans le domaine de la non-prolifération ne se sont pas accompagnés de progrès équivalents dans le domaine du désarmement nucléaire, 43 ans après l'entrée en vigueur du TNP. De ce point de vue, l'Argentine pense qu'il serait mieux répondu aux défis de sécurité auxquels la communauté internationale est aujourd'hui confrontée si les États dotés d'armes nucléaires montraient leur disposition à l'élimination complète de ces armes. L'Argentine réitère son engagement en faveur de toute mesure promouvant un compromis dynamique incluant la non-prolifération et l'élimination complète des armes nucléaires, sous des principes de transparence, d'irréversibilité et de vérification des mesures de désarmement nucléaire. M. Timerman a indiqué que son pays souhaite l'entrée en vigueur rapide du Traité sur l'élimination complète des essais nucléaires, en tant que mesure importante pour «préserver la crédibilité d'un régime qui est déjà en péril». «L'impossibilité de certains États de signer ce Traité retarde son entrée en vigueur et renforce l'argument selon lequel le régime de non-prolifération s'applique selon un principe de deux poids, deux mesures», a insisté le Ministre argentin des relations extérieures.

M. Timerman a rappelé que son pays avait accueilli, l'été dernier, la dernière Conférence générale de l'Organisme pour l'interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (ONAPAL) ainsi que la Réunion des hauts fonctionnaires de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes. À ces occasions, la région a manifesté sa préoccupation face au refus du Royaume-Uni de dire si les sous-marins nucléaires qu'il envoie dans l'Atlantique Sud embarquent des armements atomiques et ce, d'autant plus qu'il existe au moins un antécédent d'introduction d'armement nucléaire britannique dans la zone du Traité de Tlatelolco – qui a été maintenu secret jusqu'à ce que des journaux le dénoncent. M. Timerman a réitéré l'appel de son pays à ce que les États ayant formulé des déclarations interprétatives aux Protocoles additionnels du Traité de Tlatelolco les retirent, conformément au but du traité. Enfin, le Ministre argentin des relations extérieures a souligné que son pays avait participé au processus lancé en mars 2013 à Oslo et qui s'est poursuivi au Mexique cette année pour attirer l'attention sur les conséquences humanitaires dévastatrices de toutes les armes nucléaires, quel qu'en soit le possesseur.

M. BENEDETTO DELLA VEDOVA, Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a souligné que son pays croit fermement que le multilatéralisme et la coopération internationale sont cruciaux pour parvenir à des résultats effectifs et concrets à long terme dans les domaines du désarmement, du contrôle des armements et de la non-prolifération. Il a souligné que, dans le domaine des armes conventionnelles, le Traité sur le commerce des armes adopté l'an dernier constituera, une fois entré en vigueur, un instrument multilatéral contraignant susceptible de favoriser le respect des droits de l'homme. S'agissant du désarmement relatif aux armes de destruction massive, M. Della Vedova a souligné que les attaques criminelles menées en Syrie en ayant recours massivement à des agents chimiques rappellent à chacun les conséquences catastrophiques de toute utilisation d'arme de destruction massive. Le plan visant la destruction des armes chimiques syriennes constitue la plus importante opération multilatérale de désarmement de cette dernière décennie et l'Italie – par le biais d'un soutien logistique, financier et technique – contribue aux efforts de la mission conjointe ONU-Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), a fait valoir le Secrétaire d'État, avant de rappeler que la Convention sur l'interdiction des armes chimiques avait été négociée au sein de la Conférence du désarmement, laquelle peut se prévaloir d'impressionnantes réalisations. Il est un fait que les menaces et les risques associés aux armes de destruction massive sont incalculables et qu'il est essentiel de redoubler d'efforts pour empêcher que de nouveaux États et des acteurs non étatiques n'aient accès à ces armes, a poursuivi M. Della Vedova, expliquant que c'est pour cela que le blocage du mécanisme du désarmement n'est plus acceptable. Cette Conférence doit reprendre ses travaux dans les plus brefs délais, a-t-il insisté, avant de se dire satisfait du renouvellement du mandat du groupe de travail informel chargé de produire un programme de travail. L'Italie est pleinement engagée avec l'Union européenne pour faire avancer les négociations en vue de l'adoption d'un code de conduite international sur les activités dans l'espace, a notamment ajouté le Secrétaire d'État.

S'agissant des questions nucléaires, M. Della Vedova a souligné que les mois à venir allaient être cruciaux tant pour le désarmement que pour la non-prolifération, alors qu'approche la troisième et dernière réunion du Comité préparatoire en vue de la Conférence d'examen du TNP de 2015 et que le groupe intergouvernemental d'experts nouvellement établi dans le cadre de la Conférence du désarmement va bientôt commencer ses travaux dans le but de revitaliser les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Le Secrétaire d'État italien a mis l'accent sur les responsabilités incontestables des États dotés de l'arme nucléaire pour ce qui est de faire avancer le désarmement nucléaire et s'est réjoui, à cet égard, de la transparence accru dont témoignent ces États ainsi que des efforts déployés par les États-Unis et par la Fédération de Russie pour appliquer le nouveau Traité START. Le TNP reste le fondement essentiel pour la réalisation du désarmement nucléaire, a poursuivi M. Della Vedova, avant de rappeler que ce traité est un outil au service d'une volonté politique et d'appeler chacun à redoubler d'engagement en vue de parvenir à des progrès basés sur la prise en considération des trois piliers du TNP, qui se renforcent mutuellement. Le dernier essai nucléaire mené par la «Corée du Nord» démontre clairement la nécessité urgente d'une entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, laquelle renforcerait le régime international de non-prolifération.

Au sein de la Conférence, a déclaré M. Della Vedova, la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles reste une priorité. Ce traité serait un instrument de nature à favoriser à la fois le désarmement et la non-prolifération nucléaires, a-t-il affirmé, avant d'ajouter que du point de vue de l'Italie, c'est l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui devrait être chargée des vérifications en vertu d'un tel traité. Enfin, M. Della Vedova a souligné que ces derniers mois, des résultats tangibles ont été enregistrés sur des dossiers prioritaires: la Syrie a accédé à la Convention sur les armes chimiques et l'on est parvenu à Genève à une compréhension commune du programme nucléaire iranien. En outre, les négociations avancent sur la convocation d'une conférence visant l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. Le moment est venu d'exploiter les progrès réalisés et de redoubler d'efforts pour engager des négociations de fond et parvenir à des résultats qui se renforcent mutuellement, a conclu le Secrétaire d'État italien.

M. DIMITRIS KOURKOULAS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a affirmé que la Conférence se trouve à la croisée des chemins, appelée qu'elle est à trouver un moyen de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis longtemps en relançant des négociations sur des questions essentielles comme celle d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles qui, après tout, est la prochaine étape logique vers le désarmement nucléaire. M. Kourkoulas a ensuite attiré l'attention sur un certain nombre de faits nouveaux intervenus dans le domaine du désarmement en dehors de la Conférence, citant notamment l'adoption du Traité sur le commerce des armes; l'accession de la Syrie à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques; ou encore les progrès réalisés dans les pourparlers avec l'Iran concernant le programme nucléaire iranien. Du point de vue de la Grèce, a poursuivi le vice-ministre, l'inertie actuelle au sein de la Conférence devrait tirer profit des importantes initiatives lancées ces deux dernières années à la Première Commission de l'Assemblée générale. À cet égard, la Grèce attend avec impatience le commencement des travaux du groupe intergouvernemental d'experts et espère que ce dernier fera des recommandations de fond à la Conférence. Un autre événement important de l'agenda du désarmement cette année est la tenue de la troisième et dernière session du Comité préparatoire de la Conférence d'examen de 2015 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a rappelé M. Kourkoulas, avant de souligner que pour la Grèce, le TNP et ses trois piliers constitue l'un des plus importants fondements de l'édifice de la sécurité globale. Le vice-ministre grec a estimé que le Plan d'action associé au TNP constituait le cadre le plus approprié pour traiter de l'importante question des conséquences humaines des armes nucléaires – une question qui gagne du terrain, comme l'a montré la récente Conférence de Nayarit.

M. Kourkoulas a par ailleurs insisté sur l'importance que son pays accorde à l'élargissement de la composition de la Conférence et a plaidé en faveur de la nomination d'un coordonnateur spécial sur cette question.


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DC14/008F