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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES HAUTS DIGNITAIRES DU KAZAKHSTAN, DU JAPON, DU CANADA, DE LA HONGRIE, DE LA RÉPUBLIQUE TCHÈQUE ET DU QATAR

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations de hauts dignitaires de six pays – Kazakhstan, Japon, Canada, Hongrie, République tchèque et Qatar – ainsi qu'une intervention de la République populaire démocratique de Corée.

À l'instar du Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. Yerzhan Ashikbayev, nombre d'intervenants ont réitéré leur attachement à la Conférence en tant que seule instance internationale multilatérale dans le domaine du désarmement. Si le Canada continue de croire en la contribution potentielle de la Conférence, cela ne signifie pas qu'il lui apportera un soutien inconditionnel, a pour sa part souligné Mme Lynne Yelich, Ministre d'État aux affaires étrangères du Canada. Alors qu'aucun progrès de fond n'est réalisé au sein de la Conférence et qu'aucun signe de solution ne pointe à un horizon proche, il faut se pencher sur les entraves procédurales qui contribuent à l'impasse actuelle, estime la Canada; parmi les questions sur lesquelles il conviendrait de se pencher, figurent la règle du consensus et la rotation de la présidence. «Il ne faut pas toucher au principe du consensus», a quant à lui affirmé M. Ashikbayev.

Alors que M. Ashikbayev rappelait que le Kazakhstan a lancé le projet ATOM («Abolish Testing: Our Mission») destiné à informer l'opinion publique mondiale des conséquences humanitaires catastrophiques des essais nucléaires et à la mobiliser, le Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, M. Hirotaka Ishihara, a affirmé que l'aspect humanitaire du désarmement doit être une force motrice des efforts visant à libérer le monde des armes nucléaires. Mme Yelich, a déclaré que le Canada reconnaît les conséquences humanitaires catastrophiques d'une détonation d'arme nucléaire, mais a estimé que pour progresser, il faudra prendre en compte non seulement la dimension humanitaire des armes nucléaires, mais aussi leur dimension sécuritaire.

Plusieurs hauts dignitaires qui se sont exprimés ce matin ont rappelé l'importance qu'ils accordent aux trois piliers fondamentaux du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) – à savoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire – alors que doit bientôt se tenir la troisième et dernière réunion du Comité préparatoire de la Conférence d'examen de 2015 du TNP. Mme Yelich a appelé tous les États à assurer le succès de la Conférence d'examen de 2015. Le Secrétaire d'État adjoint de la Hongrie, M. Szabolcs Takács, a pour sa part souligné que, si le TNP a été jusqu'ici un succès, d'importantes questions importantes manquent encore à l'architecture juridique, comme par exemple l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ou encore l'accord sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire (FMCT). L'ensemble du régime de non-prolifération sera renforcé en appliquant le FMCT aussi aux États qui ne sont pas parties au TNP, a-t-il affirmé.

Le Vice-Ministre kazakh s'est quant à lui dit préoccupé par le report constant de la conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, pourtant prévue dans le document final issu de la Conférence d'examen de 2010 du TNP. Le Ministre adjoint à la coopération internationale du Qatar, M. Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, a également déploré le report de la Conférence d'Helsinki sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient: les arguments et excuses qui ont été avancés pour justifier ce report sont inacceptables, a-t-il estimé , soulignant que dans la déclaration finale du vingt-quatrième sommet arabe tenu à Doha en mars 2013, les États arabes avaient rejeté toutes les tentatives visant à les tenir pour responsables de l'échec des organisateurs de cette Conférence et avaient souligné que ce report de la Conférence était dû au refus d'Israël de respecter la volonté internationale et à son désir de conserver son monopole sur les armes nucléaires dans la région. M. Al-Thani a insisté pour que des pressions soient exercées au niveau international sur Israël afin d'assurer son accession au TNP, étant donné qu'il s'agit du seul pays de la région à ne pas y être partie.

Enfin, M. Takács a exprimé l'espoir que le Traité sur le commerce des armes, adopté l'an dernier, pourrait entrer en vigueur dès cette année et a indiqué que le mois dernier, le parlement hongrois avait approuvé la loi de ratification ce cet instrument, de sorte que la Hongrie présentera bientôt son instrument de ratification. Le Ministre tchèque des affaires étrangères, M. Lubomír Zaorálek, a quant à lui indiqué que la République tchèque est en train de prendre toutes les mesures nécessaires pour ratifier ce traité.

À l'instar de M. Zaorálek, M. Al-Thani a rappelé que selon le Règlement intérieur de la Conférence, sa composition doit être réexaminée à intervalles réguliers; or, aucun élargissement de la composition de la Conférence n'a eu lieu depuis 1999, ont fait observer les deux hommes.


Lors de sa prochaine séance plénière, qui se tiendra demain matin à 11 heures, la Conférence doit entendre les déclarations de hauts dignitaires de la Finlande, de l'Espagne et de la Lituanie.


Suite du débat de haut niveau

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a déclaré que son pays considère la Conférence comme la seule instance internationale multilatérale dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armements. Pour le Kazakhstan, changer les règles de procédures de la Conférence ou encore y effectuer des réformes systémiques exige une approche prudente et soigneusement pesée. Il ne faut pas toucher au principe du consensus. Le Kazakhstan constate avec regret que la Conférence du désarmement n'a pas mené de négociations depuis l'adoption du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et le pays appuie tous les efforts tendant à relancer les activités de la Conférence, y compris la création d'un groupe de travail informel chargé de mettre en place un programme de travail. Pour le Kazakhstan, les thèmes de travail principaux de la Conférence sont le désarment nucléaire universel par un traité universel contraignant et non discriminatoire, la préparation et l'adoption d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires , la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et l'adoption de garanties négatives de sécurité pour tous les États non dotés d'armes nucléaires. Ces quatre questions clés sont liées et en ignorer une rendrait problématique la résolution des autres.

Le Kazakhstan appuie donc le début du travail effectué en vue d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles qui réduira les risques de programmes militaires nucléaires non légitimes et permettra de mieux contrôler les matériaux disponibles. C'est pourquoi le Kazakhstan a soutenu la mise en place du Groupe d'experts gouvernementaux. M. Ashikbayev, qui a rappelé que son pays abrite le cosmodrome de Baïkonour, a jugé essentiel que le projet de traité sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique reste un des principaux objectifs de la Conférence. Quant aux garanties négatives de sécurité, le Kazakhstan, qui met en place avec ses voisins une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale, est favorable à un instrument international contraignant pour les fournir. Les aspirations volontaires à la dénucléarisation doivent être non seulement approuvées mais encouragées et de telles garanties sont le seul moyen de contrer le souhait de certains États d'acquérir l'arme nucléaire, qu'ils considèrent comme le moyen de garantir leur propre sécurité. Le Vice-Ministre a en outre rappelé le soutien de son pays à la création d'un groupe de travail à composition non limitée chargé de promouvoir des négociations multilatérales de désarmement nucléaire.

Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires demeure la pierre angulaire de la sécurité internationale, a estimé M. Ashikbayev, et c'est pourquoi il faut assurer une application effective du Document final et du Plan d'action de la conférence de révision du TNP de 2010. Puisque malheureusement ni la prolifération ni la question de l'émergence de nouveaux États nucléaires n'ont pu être résolues à ce jour, il faut mettre en place des mécanismes clairs pour influencer les États qui agissent en dehors du TNP. Ce à quoi il faut parvenir, c'est à une mise en œuvre inconditionnelle par les États parties de leurs obligations dans les trois piliers fondamentaux du TNP: le désarmement, la non-prolifération et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Le Kazakhstan est en outre préoccupé par le report constant de la conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient prévue dans la conférence de révision du TNP de 2010.

Le Kazakhstan estime que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) est une condition importante du désarment nucléaire. Si les moratoires déclarés par certains États dotés d'armes nucléaires représentent des pas positifs, ils ne constituent pas une alternative à un instrument international contraignant. Pour soutenir les objectifs du TICEN, le Kazakhstan a lancé le projet ATOM («Abolish Testing: Our Mission» – «Mettre fin aux essais: Notre mission») destiné à informer l'opinion publique mondiale des conséquences humanitaires catastrophiques des essais nucléaires et la mobiliser contre ceux-ci. M. Ashikbayev a dit avoir pris note des discussions tenues sur le même thème l'an dernier à Oslo et cette année au Mexique et a souhaité qu'elles donnent un nouvel élan aux efforts visant à l'interdiction totale des essais. Rappelant que le Kazakhstan indépendant avait fermé il y a 20 ans le polygone d'essais de Semipalatinsk et renoncé au quatrième stock mondial d'armes nucléaires en importance, le Vice-Ministre a rappelé que son pays avait proposé en 2010 une déclaration universelle des Nations Unies sur un monde exempt d'armes nucléaires et l'adoption d'une convention sur l'interdiction générale et complète de telles armes.

M. HIROTAKA ISHIHARA, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a jugé regrettable que la Conférence, qui a su produire la Convention sur les armes chimiques, la Convention sur les armes biologiques et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires soit dans l'impasse depuis maintenant 18 ans. Pour répondre aux aspirations des peuples à un monde plus sûr et sans armes nucléaires, la Conférence doit mettre fin au plus vite à cette impasse et remplir de nouveau son mandat. Certes, aux yeux du Japon, l'importance de la Conférence n'a pas diminué au fil des années car, au-delà des accords bilatéraux de réductions des armements nucléaires conclus par les États-Unis et la Fédération de Russie et des mesures unilatérales prises par le Royaume-Uni et la France, il est important de poursuivre la négociation pour un désarmement multilatéral. La Conférence est unique et joue toujours un rôle essentiel et c'est pourquoi le Japon ne ménagera aucun effort pour mettre fin à l'impasse actuelle à l'occasion de la présidence qu'il va exercer cette année. M. Ishihara a dit attendre avec intérêt le début des travaux du groupe d'experts intergouvernementaux sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, qui se réunira pour la première fois à Genève à la fin de ce mois. Le Japon en espère des résultats tangibles pouvant servir de base aux futures négociations. Le Vice-Ministre parlementaire a jugé très important que tous les États fassent preuve de davantage d'engagement au niveau politique.

Pour le Japon, le désarment nucléaire et la non-prolifération doivent être fondés sur une double notion: une compréhension claire des aspects humanitaires des armes nucléaires et une évaluation objective de la manière dont la communauté internationale fait face au risque nucléaire. Sur cette base, le Japon estime que le meilleur moyen de parvenir à notre objectif commun consiste à fournir des efforts permanents en vue de mesures pratiques et concrètes. Le Japon estime ainsi qu'il est important de mieux informer la jeunesse et a mis en place en juin dernier un projet de «jeunes communicants pour un monde sans armes nucléaires». Le Vice-Ministre parlementaire a souhaité que de telles initiatives se multiplient à travers le monde.

M. Ishihara a rappelé l'engagement politique du Japon à travers l'Initiative sur la non-prolifération et le désarmement, groupe transrégional qui se réunira les 11 et 12 avril à Hiroshima au niveau ministériel. Le Japon souhaite que les ministres des États membres de ce groupe puissent voir et ressentir directement les conséquences du bombardement atomique de la ville avant de discuter de divers aspects du désarmement nucléaire, l'objectif étant de présenter des propositions utiles à la troisième session du Comité préparatoire de la conférence de révision du TNP de 2015. En tant que seul État ayant subi des bombardements atomiques, le Japon connaît d'expérience les conséquences humanitaires désastreuses de l'utilisation d'armes nucléaires, a insisté le ministre, pour qui l'aspect humanitaire du désarmement doit être une force motrice des efforts visant à libérer le monde des armes nucléaires. M. Ishihara a conclu en invitant tous ses collègues à visiter l'exposition permanente du Palais des Nations sur les bombardements nucléaires dont on commémorera en 2015 le 70e anniversaire.

MME LYNNE YELICH, Ministre d'État aux affaires étrangères du Canada, a rappelé que c'est la crainte de l'ancien premier ministre du Canada, John Diefenbaker, quant au risque posé par les armes nucléaires qui avait amené le Canada à participer activement à tous les organes multilatéraux de désarmement depuis 1946. Le Canada n'a, de longue date, cessé de plaider en faveur d'une approche graduelle du désarmement nucléaire qui stoppe la propagation des armes nucléaires, réduise les stocks existants et les élimine de manière irréversible. Le Canada reconnaît les conséquences humanitaires catastrophiques d'une détonation d'arme nucléaire – ce qui est bien entendu au cœur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) – et a participé aux récentes discussions à cet égard, a poursuivi la Ministre, ajoutant toutefois que le pays estime que pour progresser, il faudra prendre en compte non seulement la dimension humanitaire des armes nucléaires, mais aussi leur dimension sécuritaire. Mme Yelich a plaidé pour une approche pragmatique en bloc de la non-prolifération, avec le plein engagement tant des États dotés que des États non dotés d'armes nucléaires, en tant que moyen le plus susceptible de produire des mesures pratiques et réalisables pour la sécurité. Il y a trois ans, les États parties au TNP ont fixé une série d'actions ambitieuses pour contribuer à réaliser cet objectif; si certains progrès ont été réalisés s'agissant de ces actions, davantage doit être fait, a-t-elle souligné. Aussi, a-t-elle appelé tous les États à s'engager de manière constructive dans l'application du Plan d'action de 2010 et à assurer le succès de la Conférence d'examen de 2015. À cet égard, le Canada attend avec impatience le rapport des États dotés de l'arme nucléaire lors du Comité préparatoire de 2014, étant donné que l'action concrète, les mesures d'établissement de la confiance et la transparence seront essentielles.

Il faut néanmoins être clair, a poursuivi Mme Yelich: le désarmement nucléaire ne se fait pas et ne peut pas se faire dans le vide. Il doit être accompagné d'un strict respect par tous les États de leurs obligations en matière de non-prolifération. Aussi, le non-respect persistant, par une petite minorité d'États, limite les opportunités potentielles de désarmement pour la vaste majorité. Le non-respect par l'Iran et la «Corée du Nord» de leurs obligations au titre du TNP ne fait que rendre plus difficile de parvenir à mettre fin aux armes nucléaires. La gravité des menaces que posent pour tous les pays l'utilisation et la prolifération potentielles des armes de destruction massive, y compris par des acteurs non étatiques, et la nécessité de contrôles effectifs sur ces systèmes d'armement exigent l'engagement collectif continu et l'action de tous, a insisté Mme Yelich, avant d'ajouter que parmi les mesures essentielles qui devraient être prises, figure la négociation d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Le Canada espère que tous les États, parallèlement à leurs propres intérêts nationaux, tiendront sérieusement compte des meilleurs intérêts et des attentes de la communauté internationale et reconnaîtront que les préoccupations de sécurité nationale ne peuvent véritablement être traitées que par le biais de la négociation et de l'engagement. Les arguments contraires ou établissant des conditions additionnelles avant la négociation manquent de crédibilité et cachent d'autres motivations. Plus l'impasse dure à la Conférence, plus la confiance entre ses membres se perd et plus l'esprit de compromis devient difficile à instaurer.

Si le Canada continue de croire en la contribution potentielle de la Conférence, cela ne signifie pas qu'il lui apportera un soutien inconditionnel, a poursuivi Mme Yelich. Alors qu'aucun progrès de fond n'est réalisé au sein de cette instance et qu'aucun signe de résolution ne pointe à un horizon proche, nous devons nous pencher sur les entraves procédurales qui contribuent à l'impasse actuelle, a-t-elle estimé. Parmi les questions sur lesquelles il conviendrait de se pencher, figurent la règle du consensus et la rotation de la présidence – et bien sûr, la question de son titulaire. Affirmant que les présidences nord-coréennes et iraniennes de 2011 et 2013 avaient beaucoup desservi la Conférence, elle a déclaré que de l'avis du Canada, «la crédibilité de cette organisation est entamée lorsque la présidence est assumée par ceux qui sont déclarés par le Conseil de sécurité comme étant en situation de non-respect de leurs obligations en matière de non-prolifération».

M. SZABOLCS TAKÁCS, Secrétaire d'État adjoint aux affaires internationales de la Hongrie, s'est dit convaincu que les raisons de l'impasse persistante à la Conférence ne sont pas procédurales mais de nature politique et que des efforts collectifs sont nécessaires pour sauver cette pièce importante de l'édifice du désarmement et empêcher qu'elle ne soit plus pertinente du tout. La première étape vers une Conférence qui travaille serait l'adoption d'un programme de travail conforme au Plan d'action de la Conférence d'examen de 2010 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a poursuivi M. Takács. C'est sur cela que doivent se concentrer les présidences successives de la Conférence, a-t-il insisté, avant d'exprimer l'espoir que les efforts des six présidents de cette année (le «P6») finissent par porter leurs fruits. À cet égard, le groupe de travail informel que la Conférence a décidé hier de remettre sur pied pour élaborer un programme de travail peut aider les présidences dans leurs efforts visant à faire de l'élaboration d'un programme de travail un engagement vraiment collectif. M. Takács a assuré que son pays était disposé à œuvrer à l'élaboration d'un programme de travail qui soit solide quant au fond et progressif dans le temps, précisant que pour la Hongrie, cela signifie un programme de travail qui permette le lancement de négociations sur un traité relatif aux matières fissiles.

M. Takács a ensuite souligné que son pays était engagé en faveur du renforcement du régime d'interdiction des armes biologiques et à toxines. Il a par ailleurs fait observer que les efforts internationaux visant à détruire le stock d'armes chimiques de la Syrie soulignent l'importance et la pertinence continue de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). La Hongrie est disposée à contribuer au travail de l'OIAC visant la complète destruction de toutes les armes chimiques en Syrie jusqu'à la date butoir fixée.

Secrétaire d'État adjoint de la Hongrie a ensuite affirmé que la troisième réunion du Comité préparatoire en vue de la Conférence d'examen de 2015 du TNP, qui doit se réunir le mois prochain à New York, jouera un rôle crucial pour déterminer le succès de la Conférence d'examen de l'an prochain. Soulignant que son pays a activement contribué à ce travail préparatoire, M. Takács a indiqué que le prochain document de travail que le pays présentera dans ce contexte traitera des questions de respect et de vérification, de coopération à des fins d'utilisations pacifiques de l'énergie, de sécurité et de sûreté nucléaires, de contrôle des exportations, ainsi que du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Ces questions sont, de l'avis de la Hongrie, essentielles du point de vue du TNP, a-t-il insisté. Il a ensuite exprimé son espoir que la série de réunions à Glion (Suisse) dans les semaines à venir mènerait à une conclusion fructueuse du processus visant la convocation d'une conférence sur l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient. La Hongrie accorde une grande importance à la préservation de l'intégrité du cadre du TNP dans son ensemble, a déclaré M. Takács, précisant que cela inclut non seulement le Traité lui-même, mais aussi tous les accords pertinents et autres instruments visant à faire avancer ses objectifs. L'importance de ceux-ci – et notamment du Mémorandum de Budapest – ne saurait être sous-estimée et de nouveaux efforts doivent être faits sur la voie de leur application. Bien que, de l'avis de la Hongrie, le TNP a été jusqu'ici un succès, d'importantes parties importantes manquent encore à l'architecture juridique, comme par exemple l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ou encore l'accord sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire (FMCT). Aussi, M. Takács a-t-il rappelé que son pays soutient activement l'universalité et l'entrée en vigueur du premier, ainsi que le lancement de négociations sur le second en tant que priorité au sein de la Conférence. Enfin, M. Takács a souligné que la Hongrie espère que le Traité sur le commerce des armes pourra entrer en vigueur dès cette année et exhorte donc les États membres à ne ménager aucun effort pour progresser sur la voie de cette entrée en vigueur en achevant leurs processus de ratification nationale. Le mois dernier, le parlement hongrois a pour sa part approuvé la loi de ratification à une écrasante majorité et le Président hongrois l'a signée, de sorte que la Hongrie présentera bientôt son instrument de ratification au Secrétaire général de l'ONU.

M. LUBOMÍR ZAORÁLEK, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a fait part du souhait de son pays de voir la Conférence reprendre la place qui est la sienne, au centre des négociations multilatérales de désarmement. Pour la République tchèque, le désarmement des armes nucléaires est un sujet de préoccupation particulier. La République tchèque a toujours fermement soutenu le droit de développer l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination, a-t-il rappelé. Toutefois, a-t-il ajouté, ce droit ne devrait être exercé pleinement que lorsque l'on adhère à toutes les obligations en matière de non-prolifération. M. Zaorálek a par ailleurs indiqué que la République tchèque était convaincue que le futur traité d'interdiction de la production des matières fissiles à des fins d'armement nucléaire (FMCT) constituerait une réalisation significative en matière de désarmement nucléaire, conformément à l'article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Le FMCT complètera le TNP et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et contribuera à rendre irréversible le processus de réduction des armes nucléaires, a-t-il affirmé. L'ensemble du régime de non-prolifération sera renforcé en appliquant le FMCT aussi aux États qui ne sont pas parties au TNP. Un tel traité contribuerait à la stabilité régionale en particulier en Asie du Sud, dans la péninsule coréenne et au Moyen-Orient, a insisté le Ministre tchèque des affaires étrangères. Ce traité réduirait en outre les risques de transferts de matières fissiles à des groupes terroristes ou à des fins d'activités terroristes. Aussi, la République tchèque se réjouit-elle d'avoir un représentant au sein du groupe d'experts intergouvernementaux.

La République tchèque estime que le renforcement du régime du TNP peut être réalisé par le biais d'une approche graduelle et équilibrée de ses trois piliers, qui se renforcent mutuellement: la non-prolifération, le désarmement et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Le cycle actuel d'examen et la Conférence d'examen à venir du TNP, prévue pour 2015, constituent une grande opportunité pour tous les États parties de renouveler et intensifier leur engagement envers le TNP, tout en cherchant de nouveaux moyens de renforcer l'édifice de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a insisté M. Zaorálek. Il a en outre indiqué que son pays considérait la Convention sur le commerce des armes comme une pierre angulaire dans le développement des normes internationales relatives au commerce mondial des armements. Il a précisé que la République tchèque est en train de prendre toutes les mesures nécessaires pour ratifier ce Traité et contribuer ainsi à l'entrée en vigueur de cet instrument dans le courant de l'année. M. Zaorálek a ajouté que son pays était fier d'avoir été choisi pour assumer la présidence de la Conférence des hautes parties contractantes au Protocole V de la Convention sur les armes classiques (Protocole qui traite des débris de guerre) et coordonner cette année la question de l'assistance et de la coopération. Alors que le Règlement intérieur de la Conférence prévoit que la composition de cette instance doit être réexaminée à intervalles réguliers, a-t-il en outre rappelé, il est regrettable qu'aucun élargissement de la composition de cette instance n'ait eu lieu depuis 1999. Le Ministre tchèque des affaires étrangères a estimé que l'élargissement de la composition de la Conférence pourrait contribuer à offrir un regain de crédibilité à cette instance en la transformant en un organe à représentation universelle.

M. MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Ministre adjoint à la coopération internationale du Qatar, a rappelé que son pays avait ratifié nombre des principales conventions internationales existantes dans le domaine du désarmement et a réaffirmé le plein engagement de son pays dans l'application de ces instruments. Il a en outre souligné que le Qatar avait accueilli un certain nombre de conférences et séminaires internationaux sur le désarmement et avait inauguré il y a deux ans, à Doha, le Centre régional de formation sur les conventions relatives aux armes de destruction massive – le premier de son genre en Asie. En dépit des difficultés actuelles auxquelles la Conférence est confrontée, son importance demeure en tant que seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. M. Al-Thani a appelé tous les États membres de la Conférence à déployer davantage d'efforts pour parvenir à un accord sur un programme de travail global et équilibré au cours de la session de 2014. Le Règlement intérieur de la Conférence indique que la composition de cette instance doit être réexaminée à intervalles réguliers, a-t-il en outre rappelé avant de relever qu'aucun élargissement de la composition de la Conférence n'a eu lieu depuis 1999. M. Al-Thani a donc demandé à tous les États membres de soutenir la nomination d'un coordonnateur spécial sur la question de l'élargissement de la composition de la Conférence.

M. Al-Thani a ensuite réaffirmé le souhait de son pays de voir renforcé le TNP et activés les trois piliers qui sous-tendent ce Traité: la non-prolifération, le désarmement et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a rappelé que le Qatar soutenait les efforts internationaux visant à établir une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient et regrettait profondément le report de la Conférence d'Helsinki sur l'établissement d'une telle zone. Les arguments et excuses qui ont été avancés pour justifier ce report sont inacceptables, a-t-il déclaré, soulignant que dans la déclaration finale du 24ème sommet arabe tenu à Doha en mars 2013, les États arabes avaient rejeté toutes les tentatives visant à les tenir pour responsables de l'échec des convocateurs de cette Conférence et avaient souligné que ce report de la Conférence était dû au refus d'Israël de respecter la volonté internationale et à son désir de conserver son monopole sur les armes nucléaires dans la région. M. Al-Thani a insisté pour que les plus grandes pressions soient exercées au niveau international sur Israël afin d'assurer son accession au TNP, étant donné qu'il s'agit du seul pays de la région à ne pas avoir adhéré au Traité.

Autre déclaration

La République populaire démocratique de Corée a réagi à certaines déclarations faites ce matin pour préciser que si la République populaire démocratique de Corée s'est retirée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, c'est par mesure d'autodéfense, pour défendre les intérêts légitimes du pays contre les États-Unis – pays qui menaçait ces intérêts. Ce sont les menaces nucléaires des États-Unis contre la République populaire démocratique de Corée qui sont à l'origine de ce problème. Techniquement et juridiquement, les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée restent en état de guerre; tant que cela perdurera, la dénucléarisation de la péninsule coréenne ne sera pas possible. En 2010, Pyongyang avait proposé un accord de paix. Si un tel accord était signé, cela serait le meilleur moteur pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule. La République populaire démocratique de Corée souhaite la reprise des pourparlers à Six sans conditions préalables.

Pendant la présidence de la Conférence par la République populaire démocratique de Corée il y a quelques années, le Canada a été le seul pays qui ait boycotté la présidence et il n'est pas certain que cela ait contribué à l'instauration de la confiance au sein de cette instance multilatérale, a en outre déclaré la République populaire démocratique de Corée.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

DC14/010F