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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT: LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE RÉPOND AUX RÉACTIONS SUITE À SON ESSAI NUCLÉAIRE DU 12 FÉVRIER

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement, dont la présidence mensuelle est assurée par l'Inde à partir de cette semaine, a entendu plusieurs délégations exprimer leurs inquiétudes après l'essai nucléaire effectué, le 12 février dernier, par la République populaire démocratique de Corée. Certains intervenants ont abordé la question de l'adoption du programme de travail de la Conférence.

Intervenant à l'ouverture de la séance au nom des dix États membres regroupés dans l'«Initiative pour la non-prolifération et le désarmement», les Pays-Bas ont fermement condamné l'essai nucléaire réalisé mardi dernier par la République populaire démocratique de Corée, qui a pour sa part assuré que ses essais nucléaires sont des mesures de «légitime défense contre le chantage nucléaire exercé par les États-Unis» et contre le bras de fer militaire engagé par ce pays et ses partisans, qui ont pour objectif de bloquer son développement économique. La République populaire démocratique de Corée a ajouté n'avoir jamais reconnu les résolutions du Conseil de sécurité lui imposant des sanctions. Elle a en outre répondu à une déclaration de la République de Corée en estimant que «le comportement erratique de la Corée du Sud est annonciateur de sa destruction définitive». Plusieurs délégations se sont inquiétées des propos menaçants de la République populaire démocratique de Corée, et se sont, ainsi, interrogées sur le bien fondé de leur participation à la Conférence aux côtés d'un Etat qui profère des menaces à l'endroit des autres.

Les pays suivants ont fait des déclarations dans ce cadre: Pays-Bas (au nom de l'Initiative pour la non-prolifération et le désarmement), République populaire démocratique de Corée, États-Unis, Canada, République de Corée, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, France et Pologne.

Dans une déclaration à l'occasion de son accession à la présidence de la Conférence, Mme Sujata Mehta, ambassadrice de l'Inde, a déclaré qu'elle s'efforcera, dans ses nouvelles fonctions, de préserver la position de la Conférence en tant que seul forum international pour toutes les questions relatives au désarmement. Sa présidence œuvrera pour une reprise du travail de fond de la Conférence sur la base du consensus et s'acquittera de ses responsabilités dans le plein respect du règlement intérieur. Le précieux travail de la présidence hongroise devrait permettre une entrée en matière sans heurts dans la session 2013. Le Nigéria, le Bangladesh et l'Algérie sont intervenus sur la question du programme de travail de la Conférence pour cette année.

En début de séance, la Conférence a accepté la demande du Kirghizistan d'assister à ses travaux en tant qu'observateur.


La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le lundi 25 février, à 10 heures.



Déclaration de la nouvelle Présidence indienne

MME SUJATA MEHTA (Inde), Présidente de la Conférence du désarmement, a déclaré qu'elle s'efforcera, dans ses nouvelles fonctions, de préserver la place de la Conférence en tant que seul instance internationale pour toutes les questions relatives au désarmement. Sa présidence œuvrera pour une reprise des travaux de fond de la Conférence sur la base du consensus. Elle veillera à s'acquitter de ses responsabilités dans le plein respect du règlement intérieur. Le précieux travail réalisé par la présidence hongroise devrait permettre une entrée en matière sans heurts au cours de la session 2013. L'Inde écoutera tous les points de vue afin de faire progresser les travaux de la Conférence. Elle a rappelé que le désarmement nucléaire est une priorité pour l'Inde.

Aperçu des débats

Les Pays-Bas, au nom de l'Initiative pour la non-prolifération et le désarmement (Allemagne, Australie, Canada, Chili, Émirats arabes unis, Japon, Mexique, Pays-Bas, Pologne et Turquie) ont fermement condamné l'essai nucléaire réalisé par la République populaire démocratique de Corée le 12 février dernier, qui constitue une violation très grave des résolutions 1718, 1874 et 2087 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cet essai, qui fait suite au lancement d'un missile balistique en décembre 2012, indique que la République populaire démocratique de Corée continue de développer des capacités nucléaires et balistiques contraires à ses obligations et engagements internationaux. Cet essai inacceptable rappelle à la communauté internationale l'urgence de renforcer le cadre international de non-prolifération et de désarmement nucléaires, notamment l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

Le Nigéria a regretté que la dernière présidence n'ait pas été, plus que les autres, en mesure de doter la Conférence d'un programme de travail, et que cette instance n'ait su répondre aux attentes de la communauté internationale, comme il est apparu suite aux résolutions adoptées par l'Assemblée générale à sa dernière session. Le Nigéria appelle une nouvelle fois tous les États à faire preuve de souplesse et à témoigner de la volonté politique indispensable pour faire avancer la Conférence. Le Nigéria n'entend pas, ce faisant, minimiser l'importance des intérêts nationaux, en particulier les intérêts sécuritaires, dans les positions adoptées par les États membres. Le fait d'être souple ne signifie pas qu'un État abdique ses intérêts, non plus que la volonté de négocier n'est un signe de faiblesse ou de capitulation, a souligné le représentant. Le document de travail CD/1299 jette les bases de la prise en compte des intérêts de tous les États relatifs à un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, qu'il s'agisse des stocks ou de la production future. Le Nigéria est d'avis que la négociation autour du traité d'interdiction de la production de matières fissiles pourrait intégrer ces deux perspectives.

La République populaire démocratique de Corée a déploré le recours à la partialité dans les relations internationales, une attitude qui ne contribue en rien à améliorer la situation mondiale. La partialité empêche la Conférence du désarmement d'aller de l'avant en minant le climat de confiance nécessaire à tout progrès. La République populaire démocratique de Corée a décidé d'assurer son autodéfense et sa légitime défense: les mesures prises à cet égard n'ont d'autre but que d'assurer la dignité du pays et le protéger contre les actes de plus en plus hostiles et menaçants des États-Unis. Cette dissuasion nucléaire ne représente en aucune façon une menace pour États non dotés d'armes nucléaires, notamment les pays amis de la République populaire démocratique de Corée. Elle appelle les pays, y compris les Pays-Bas, d'adopter une attitude impartiale et de ne pas suivre aveuglément les pas des autres. Ces pays regretteront leur prise de position un jour s'ils continuent d'ignorer la réalité.

Les États-Unis ont déclaré que la République populaire démocratique de Corée n'obtiendra rien par la provocation, qui ne fera que l'isoler encore plus sur la scène internationale. L'essai nucléaire en cause est une violation des obligations internationales de la République populaire démocratique de Corée. Dans sa résolution 2087, le Conseil de sécurité s'est dit déterminé à prendre des mesures en cas de nouvel essai nucléaire, a rappelé l'ambassadrice.

Le Canada a assuré qu'il ne restera pas neutre face aux provocations de la République populaire démocratique de Corée, dont les déclarations contradictoires ne laissent pas d'inquiéter. Il a invité les autres Etats membres à s'interroger sur la participation à la Conférence d'un Etat qui ne respecte pas ses obligations internationales.

La République populaire démocratique de Corée a précisé que son intervention précédente se fondait sur des faits. Si les États-Unis adoptent une attitude hostile à l'égard de la République populaire démocratique de Corée, la République populaire démocratique de Corée n'aurait plus d'autre choix que de prendre successivement une deuxième puis une troisième mesure.

Le Bangladesh a espéré que la présidence indienne saura tirer la Conférence de son impasse. Il a relevé l'écart entre les aspirations des États et la capacité de s'accorder ici sur un programme de travail. Le moment est venu de faire preuve de la volonté politique forte seule capable de préserver le rôle de la Conférence en tant qu'unique instance multilatérale sur les questions de désarmement.

La République de Corée a déclaré que le troisième essai nucléaire de la République populaire démocratique de Corée réalisé la semaine dernière était une menace inacceptable pour la communauté internationale. La République de Corée demande à la République populaire démocratique de Corée de renoncer à ses ambitions nucléaires, au nom de la sécurité de tous.

La République populaire démocratique de Corée a indiqué n'avoir jamais reconnu les résolutions du Conseil de sécurité relatives aux sanctions contre elle. Le représentant a ajouté que «le comportement erratique de la Corée du Sud est annonciateur de sa destruction définitive».

La République de Corée a observé que la République populaire démocratique de Corée consacre beaucoup de ressources au développement de capacités nucléaires, alors même que la population de ce pays a besoin d'une assistance alimentaire de la communauté internationale. La République populaire démocratique de Corée devrait consacrer ses efforts à améliorer le sort de sa population.

Le Royaume-Uni a regretté la mauvaise tournure que prend le débat de ce jour, notamment la mention de destruction éventuelle d'États membres.

Les États-Unis ont été frappés par les menaces entendues aujourd'hui, qui vont à l'encontre des buts poursuivis par la Conférence.

La République populaire démocratique de Corée a déclaré que les essais nucléaires de son pays sont des mesures de légitime défense contre le chantage nucléaire exercé par les États-Unis et contre le bras de fer militaire engagé par ce pays et ses partisans, qui ont pour objectif de bloquer le développement économique de la République populaire démocratique de Corée.

L'Allemagne s'est associée à la déclaration des Pays-Bas. Son représentant a déclaré ne pas être sûr d'avoir bien compris les propos du représentant de la République populaire démocratique de Corée tout à l'heure au sujet de la destruction d'un autre État membre, qui ont été troublants et inappropriés.

L'Espagne s'est dite stupéfaite des propos du représentant de la République populaire démocratique de Corée, des propos qu'il n'a jamais entendus en trente ans de carrière: la menace publique de recourir à la force contre un autre État membre, explicitement interdite par le droit international.

Pour la France, certaines paroles ne devraient pas être dites dans cette enceinte, en particulier la non-reconnaissance des résolutions du Conseil de sécurité par un État membre de l'Organisation des Nations Unies. Les menaces contre d'autres États membres dépassent, quant à elles, les bornes de l'acceptable.

L'Algérie a rappelé que si la Conférence n'a pas été en mesure, la semaine dernière, d'approuver un projet de programme de travail basé sur la proposition de la présidence hongroise, elle n'en a pas pour autant refusé explicitement le document CD/1948. L'Algérie demande donc à la nouvelle Présidente de poursuivre ses consultations reposant sur les idées contenues dans ce document, entre autres, en vue de l'adoption d'un programme de travail qui soit conforme aux préoccupations sécuritaires de tous membres et qui permette l'adoption d'instruments internationaux traduisant les principes et objectifs des Nations Unies.

La Pologne s'est dite embarrassée par la tournure qu'ont pris les débats à la Conférence du désarmement. Le représentant a indiqué que son pays a toujours agi envers la République populaire démocratique de Corée avec respect et sérieux. Il est regrettable que l'attitude positive de la Conférence se solde par les menaces proférées aujourd'hui. Serait-il possible de limiter la participation de la République populaire démocratique de Corée aux délibérations de la Conférence du désarmement, s'est demandé le représentant polonais?

La République populaire démocratique de Corée a déclaré que les affirmations de délégations concernant une présumée menace de son pays contre un État membre des Nations Unies n'a d'autre but que de tromper l'opinion internationale au sujet de la République populaire démocratique de Corée. Les États-Unis ont depuis longtemps placé la République populaire démocratique de Corée dans la liste de leurs cibles nucléaires à titre préventif, a souligné le représentant, rappelant la longue liste d'essais nucléaires et mises en orbite de satellites réalisés par ce pays depuis soixante ans. Les États-Unis ont transgressé les normes internationales en planifiant les mesures de rétorsion du Conseil de sécurité des Nations Unies contre la République populaire démocratique de Corée. Le représentant a fait valoir que son pays a fait preuve de retenue. Il a ajouté que les deuxièmes et troisièmes mesures prises par son pays s'effectueront successivement à une ampleur grandissante.

La République de Corée a déclaré que les résolutions du Conseil de sécurité ont été adoptées au titre du chapitre 7 de la Charte, et qu'elles ont donc force de loi. La République populaire démocratique de Corée devrait consacrer ses ressources au bien-être de sa population.

La Présidente s'est dite convaincue que les débats de la Conférence devraient toujours être marqués par la courtoisie qui est de rigueur dans les enceintes internationales.


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DC13/006F