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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME CONCLUT SON DÉBAT INTERACTIF AVEC LA
HAUT-COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a terminé ce matin son débat interactif avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Louise Arbour, qui avait présenté hier son rapport annuel.

Mme Arbour, répondant aux observations et questions des membres du Conseil et d'observateurs, a notamment fait valoir, s'agissant du Népal, que le Haut Commissariat tente de renforcer sa présence sur le terrain. Concernant la République démocratique populaire de Corée, la Haut-Commissaire croit qu'un engagement avec le Rapporteur spécial serait une étape importante pour traiter de cette question. Face à la situation à Sri Lanka, Mme Arbour a rappelé que les efforts pour lutter contre l'impunité exigent un cadre précis pour protéger les témoins. En ce qui concerne la situation au Kosovo, la Haut-Commissaire a annoncé que, malgré la prochaine fermeture d'un bureau, le Haut-Commissariat restera présent dans cette région compte-tenu de la gravité de la situation des droits de l'homme. Quant à l'Iraq, le Haut-Commissariat coopère étroitement avec le ministère iraquien des droits de l'homme.

S'agissant du Soudan, Mme Arbour estime que les efforts doivent porter sur la protection des victimes et qu'il faut assurer une présence internationale plus forte. L'accès humanitaire est sans doute le facteur le plus critique qui doit être réglé pour porter secours aux victimes du conflit.

Répondant à des questions sur le phénomène de l'islamophobie, Mme Arbour a souligné que le Conseil doit rester ferme sur cette question. Mme Arbour a aussi indiqué que le Haut-Commissariat travaille étroitement avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture afin d'assurer que le droit à l'alimentation prenne forme concrètement.

Les représentants des États suivants ont participé cet après-midi au débat interactif avec la Haut-Commissaire: Ouganda, Serbie, Népal, États-Unis, Suède, Zimbabwe, Soudan, République de Corée, Espagne, Sénégal et Italie. Les organisations non gouvernementales suivantes ont ensuite pris la parole: Asian Forum for Human Rights and Development; Commission internationale de juristes; Conseil international de traités indiens; Union internationale humaniste et laïque; Lesbian and Gay Federation in Germany; Mouvement indien «Tupaj Amaru»; Association pour l'éducation d'un point de vue mondial; Pax Romana; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme et Soka Gakkai International.

Les pays suivants ont par ailleurs exercé le droit de réponse: Cuba, République populaire démocratique de Corée, Sri Lanka, Iran et Japon.


Le Conseil des droits de l'homme poursuivra ses travaux sans interruption jusqu'à 18 heures. Il entamera à midi l'examen des rapports des facilitateurs chargés des questions de consolidation institutionnelle du Conseil, s'agissant en particulier des procédures spéciales, d'un mécanisme de plaintes, de l'examen périodique universel, d'un mécanisme consultatif d'experts.


Fin du débat interactif avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme

MME CISSY TALIWAKU (Ouganda) a remercié la Haut Commissaire de ses efforts et commenté son rapport sur la situation dans son pays. Depuis les années 1980, l'Ouganda a œuvré pour asseoir l'ordre démocratique et renforcer les garanties constitutionnelles des citoyens. La démocratie ougandaise est dynamique, la presse libre, la justice indépendante. Le Gouvernement est déterminé à poursuivre les pourparlers de paix en vue de la fin du conflit. On constate à cet égard un retour à la normale dans le nord du pays, le retour des personnes déplacées se faisant dans l'ordre et la sécurité. Il appartient aux États de lutter contre la prolifération des armes, c'est pourquoi le Gouvernement a pris des mesures à l'intention des régions les plus touchées par l'insécurité. L'Ouganda appelle par ailleurs à des mesures de désarmement des groupes armés dans tous les États de la région. Pour sa part, le Gouvernement ougandais a prévu une amnistie pour les personnes rendant volontairement leurs armes.

M. SLOBODAN VUKÈEVIÆ (Serbie) a salué l'engagement du Haut-Commissariat aux droits de l'homme sur le terrain, notamment s'agissant du renforcement des droits de l'homme dans les missions des Nations Unies. Cette question revêt une importance particulière pour la Serbie, a-t-il précisé, rappelant que de graves violations des droits de l'homme ont eu lieu dans la province du Kosovo et Metohija, particulièrement à l'égard des Serbes et autres Non-Albanais, en dépit de près de 8 ans de présence de l'ONU dans la province. M. Vukèeviæ a à ce titre demandé à la Haut-Commissaire de fournir davantage d'informations sur les plans qu'elle compte mettre en œuvre pour faire face aux défis et aux préoccupations s'agissant de la situation des droits de l'homme dans la province du Kosovo et Metohija, ainsi que la manière dont elle compte renforcer la présence du Haut Commissariat aux droits de l'homme dans la province, ainsi qu'elle l'a envisagé dans son plan stratégique.

M. BHAGIRATH BASNER (Népal) a fait part d'améliorations notables quant à la situation qui prévaut dans son pays. Le processus de paix en cours a remarquablement bien avancé, a-t-il précisé, ajoutant qu'une des priorités est le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales de sa population. Il s'est enorgueilli de la réussite de la mise en place de la constitution, avant de souligner que des efforts sérieux sont déployés en faveur des groupes ethniques. En cette étape cruciale de restructuration de l'État, tous doivent participer à la reconstruction de la nation, a-t-il précisé, ajoutant à cet égard qu'un amendement à la constitution visant à assurer un système de représentation proportionnelle a été adopté la semaine dernière. Le représentant népalais a d'autre part tenu à assurer que son pays lutte contre l'impunité, notamment en procédant à des enquêtes sur les abus. Pour conclure, il a reconnu que le Népal traverse une étape critique mais s'est dit optimiste devant la voie que son pays a prise.

M. WARREN W. TICHENOR (États-Unis) a tenu à saluer le travail du Haut-Commissariat, rappelant que le personnel se trouve souvent dans des situations dangereuses sur le terrain. Abordant la question du Darfour, il a souhaité savoir si la mission d'évaluation a pu discuter de la situation des droits de l'homme sur place avec les agences des Nations Unies sur place. Il s'est également dit préoccupé face aux récents événements qui se sont déroulés au Zimbabwe et s'est, à cet égard, enquis de l'évolution de la situation. Le Conseil devrait être capable d'examiner de telles urgences, a-t-il précisé. Pour conclure, le représentant des États-Unis a souhaité que le Conseil continue d'être tenu informé des situations ayant cours au Myanmar, en République démocratique populaire de Corée, en Iran et à Cuba.

M. CHRISTOPHER BENG (Suède) s'est félicité de l'accent mis par la Haut Commissaire sur la lutte contre la pauvreté. La réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement passe en effet par le respect des droits de l'homme. Le respect des droits économiques, sociaux et culturels est à cet égard tout aussi important que le respect des droits civils et politiques. Le représentant a demandé à la Haut Commissaire si elle comptait renforcer ses efforts dans ce sens.

M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) s'est dit préoccupé par le changement de ton au sein du Conseil, qui se dégrade. Le représentant a relevé que certains membres du Conseil des droits de l'homme se sont permis de juger des événements qui se produits au Zimbabwe. Il a souligné à cet égard que les chefs d'opposition se sont engagés dans une épreuve de force et que la police a dû intervenir pour rétablir l'ordre; des échanges violents ont eu lieu et des policiers ont même été blessés. Maintenant, nous voyons à nouveau dans notre pays l'émergence d'une politique dans laquelle certains occidentaux payent des Africains pour s'opposer les uns aux autres; ce qui leur permet ensuite de clamer que les Africains sont des sauvages. Le Zimbabwe souhaite participer pleinement au Conseil des droits de l'homme, a assuré le représentant avant d'ajouter qu'il paraissait extraordinaire que le Royaume-Uni n'ait pas conscience des actes que son pays commet au Zimbabwe.

M. ABDUL MONEIM OSMAN (Soudan) a regretté que le rapport de la Haut-Commissaire n'accorde pas une place égale à toutes les différentes questions qui ont été soulevées en matière de droits de l'homme. Revenant sur l'appel de la Haut-Commissaire s'agissant de la nécessité d'une présence internationale destinée protéger les victimes du Darfour, il s'est demandé si cette recommandation est conforme à ce que la Charte des Nations Unies stipule s'agissant de l'importance à accorder aux arrangements régionaux et à leur rôle en matière de paix et de sécurité. Il s'est également étonné de ce que la Haut-Commissaire n'ait pas consulté le pays concerné avant de lancer cet appel. Soulignant qu'il existe actuellement un accord entre son pays, l'Union africaine et les Nations Unies, le représentant s'est dit préoccupé par les recommandations de la Haut-Commissaire. Il a ensuite dénoncé l'utilisation du principe de la responsabilité de protéger comme moyen de s'ingérer dans les affaires internes et restructurer la police nationale et le système de justice. Ce que nous voyons tous les jours à la télévision montre les conséquences négatives d'une ingérence étrangère lorsqu'elle n'a pas reçu l'aval de la communauté internationale, a-t-il souligné.

M. KIM MOON-HWAN (République de Corée) a observé que le Conseil s'emploie, depuis sa création il y a un an, à parachever sa consolidation institutionnelle. Ces délibérations doivent se poursuivre en vue de parvenir à des mécanismes forts et crédibles. La présence du Haut Commissariat aux droits de l'homme dans les pays doit être renforcée, a ajouté le représentant, ce qui contribuera à améliorer l'intégration à tous les niveaux de la perspective des droits de l'homme. Le Conseil doit fonder son action sur des informations objectives, ce qui signifie que les conseil d'experts seront appelés à jouer in rôle important. En outre, les procédures spéciales doivent être assistées de manière professionnelle pour mener à bien leurs mandats. Leur coopération avec le Haut-Commissaire et les autres organes des Nations Unies doit être renforcée. La question des femmes doit demeurer au cœur des préoccupations du Haut-Commissaire, a enfin dit le représentant.

MME SILVIA ESCOBAR (Espagne) a remercié la Haut-Commissaire pour sont travail inlassable. Les efforts déployés par le Haut-Commissariat pour appuyer les mécanismes de protection sont essentiels au bon fonctionnement du système des droits de l'homme. Le travail du Haut-Commissariat à l'égard des droits des femmes et des fillettes exige un effort déterminé de la communauté internationale. Le Conseil doit jouer un rôle fondamental, a estimé la représentante de l'Espagne. L'Espagne tient à souligner l'importance qu'il faut accorder au rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits. Enfin, l'Espagne salue la création de nouveaux bureaux sur le terrain; la coopération entre les gouvernements et le Haut-Commissariat au niveau des pays permet d'améliorer la situation des droits de l'homme. Le dialogue et la coopération s'avèrent des instruments indispensables pour permettre à tous de jouir de la dignité humaine.

M. MOUSSA BOCAR LY (Sénégal) a remercié la Haut Commissaire pour le travail accompli et pour les mesures prises pour la défense des droits économiques, sociaux et culturels et des droits des femmes. Le Sénégal est sensible à la décision prise par Mme Arbour d'instituer une unité pour la prévention des violences contre les femmes. Le Sénégal est aussi satisfait de l'intention du Haut Commissariat de lutter contre la pauvreté, une urgence au regard du principe d'indivisibilité de tous les droits de l'homme. Le représentant sénégalais s'est étonné de ce que le droit à l'alimentation ne figure nulle part dans les travaux de la Haut Commissaire. Le représentant a aussi insisté sur la nécessité de respecter le principe du multilinguisme dans tous les travaux du Haut Commissariat et du Conseil. Enfin, le représentant a affirmé que le Sénégal est fier d'abriter le deuxième bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest du Haut-Commissaire.

M. ROBERTO VELLANO (Italie) a expliqué que son pays accorde une attention particulière aux groupes les plus vulnérables et œuvre à éliminer toute forme de discrimination ou d'esclavage, notamment à l'égard des femmes, ainsi que tout acte de racisme et de xénophobie. Il a également tenu à souligner l'esprit positif avec lequel le Haut-Commissariat, et la Haut-Commissaire elle-même, se sont engagés en faveur de l'abolition de la peine de mort. Il s'est à cet égard réjoui de ce qu'ils aient adopté une approche fondée sur le respect mutuel et sur un dialogue ouvert et constructif.

M. RUKSHAN FERNANDO (Asian Forum for Human Rights and Development, déclaration conjointe) a relevé qu'il n'existe que deux bureaux sous-régionaux du Haut-Commissariat en Asie. Par conséquent, le représentant a invité le Haut-Commissariat à accorder la priorité à l'établissement de nouveaux bureaux dans cette région. Il a par ailleurs invité les gouvernements asiatiques, en coopération avec le Haut-Commissariat, à prendre des mesures pour favoriser cette mesure. Le représentant a aussi salué tout le travail fait par le Haut-Commissariat au Népal et demande instamment au Gouvernement du Népal de renouveler le mandat du Haut-Commissariat pour deux ans. S'agissant de Sri Lanka, il a attiré l'attention sur la détérioration des droits de l'homme dans le pays et a demandé la mise en place d'un bureau du Haut-Commissariat. Il faut aider le Gouvernement de Sri Lanka à s'acquitter de ses responsabilités. Le Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement attend du Conseil qu'il prenne des mesures face à la grave crise humanitaire et des droits de l'homme à Sri Lanka.

MME LAILA KARIMI (Commission internationale de juristes) s'est dite préoccupée par la situation des droits de l'homme à Sri Lanka. La situation des droits fondamentaux des civils s'est en effet encore détériorée depuis six mois. Mme Arbour devrait faire des recommandations sur le rôle que le Conseil pourrait jouer dans ces circonstances, a estimé la représentante, souhaitant qu'une opération internationale soit menée sur le terrain pour protéger la vie et les droits de l'homme des civils sri-lankais. La représentante a également dénoncé la crise humanitaire et des droits de l'homme dont souffre la population colombienne du fait des activités des milices paramilitaires mais aussi des forces étatiques. Le cadre juridique adopté dans le cadre de la démobilisation entraîne une véritable impunité pour des milliers d'auteurs d'exactions, s'est inquiétée la représentante. Le Conseil pourrait émettre des recommandations à l'intention de toutes les parties afin qu'elles respectent toutes les normes du droit international.

M. ESTEBANCIO CASTRO (Conseil international de traités indiens) a attiré l'attention sur les réussites et les échecs du Groupe de travail sur les populations autochtones, avant d'insister sur l'importance de s'inspirer de ses succès. Il a souligné l'importante contribution que représente pour le système des droits de l'homme des Nations Unies la participation à ses sessions des populations autochtones sans statut consultatif. Entre autres mesures, le représentant a recommandé que le Conseil des droits de l'homme établisse un Groupe d'experts permanent chargé de la question des droits des populations autochtones qui soit composé de deux rapporteurs spéciaux et de deux experts autochtones désignés par les peuples autochtones eux-mêmes. Il a en outre préconisé que le travail de ce groupe d'experts soit coordonné par le Conseil en collaboration avec le Haut-Commissariat et que son rôle soit de faciliter les échanges d'informations entre les participants et de développer un plan de travail pour que le Conseil puisse organiser au mieux ses travaux en la matière.

M. ROY BROWN (Union internationale humaniste et laïque) a déclaré que la coopération des gouvernements était primordiale. Si un État a quelque chose à cacher, il trouvera toujours une bonne raison pour ne pas coopérer avec le Conseil des droits de l'homme, a affirmé le représentant. Les membres du Conseil ne doivent pas céder à la tentation de s'associer aux groupes régionaux. Le Conseil a déjà un problème de crédibilité considérable, a-t-il estimé. Si le Conseil ne réussit pas à examiner le rapport sur la crise du Darfour, il perdra encore de sa crédibilité.

M. HARTMUT SCHONKNECHT (Lesbian and Gay Federation in Germany) a rappelé le rôle essentiel des procédures spéciales en matière de dénonciation des violations des droits de l'homme, notamment les violations d'ordre sexuel. Le représentant s'est félicité des propositions de Mme Arbour quant à la manière dont le Conseil pourrait traiter de ces problèmes et a demandé à la Haut-Commissaire quel soutien son bureau pouvait apporter en matière de lutte contre la discrimination pour des motifs d'orientation et d'identité sexuelles. Le représentant a enfin demandé aux membres du Conseil d'aider les personnes vivant avec le sida, quelle que soit leur orientation sexuelle.

M. LAZARO PARY (Mouvement indien «Tupaj Amaru») a appelé à la fin des discriminations dont sont victimes les populations autochtones. Il a ensuite regretté que les discussions sur l'examen périodique universel mettent une fois de plus en lumière les manœuvres de politisation de la part des puissances occidentales. La dette extérieure, a-t-il poursuivi, est un fléau et constitue un mécanisme subtile s'inscrivant dans une stratégie de domination néocoloniale que les pays riches continuent d'imposer sur les pays pauvres. Il a également attiré l'attention sur le fléau de la pauvreté, avant de souligner que la pauvreté ne doit pas être considérée comme une fatalité historique.

M. DAVID LITTMAN (Association pour l'education d'un point de vue mondial) a fait valoir, s'agissant de la situation au Darfour, qu'il est urgent d'agir maintenant pour faire cesser les massacres et les déplacements de personnes. Le rapport de la mission d'évaluation confirme la situation. Les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité persistent dans la région. Le Conseil des droits de l'homme devrait souscrire aux recommandations de la mission d'évaluation qu'il a lui-même mise sur pied. Il est essentiel pour le Conseil de rester saisi de la tragédie génocidaire qui sévit au Darfour.

M. BUDI TJAHJONO (Pax Romana) a notamment approuvé l'accent mis par le Haut Commissaire sur droits humains de la femme et sa protection contre la violence. Il a voulu savoir quelle suite serait donnée à cette postion dans le cadre des activités du Haut Commissariat dans ce domaine, en particulier en matière d'assistance technique aux États. Le représentant a aussi demandé à Mme Arbour si son bureau entendait se pencher sur la situation des personnes âgées, dont le nombre va croître fortement compte tenu des tendances démographiques actuelles.

MME MARINA YUNG (Fédération internationale des droits de l'homme, FIDH) a regretté les réticences de certains gouvernements à mettre en œuvre les recommandations de la Haut-Commissaire. Faisant référence à la situation qui a cours en Guinée Conakry, elle a soutenu l'appel en faveur de l'envoi d'une mission d'investigation et appelé le Conseil à relayer cet appel et à condamner le recours excessif à la force. Pour conclure, elle a attiré l'attention sur les graves violations des droits de l'homme qui ont cours en Tchétchénie, en particulier les pillages, les disparitions forcées et les exécutions extra-judiciaires, tout comme des assassinats qui visent de nombreux militants des droits de l'homme.

M. KAZUNARI FUJII (Soka Gakkai International -déclaration conjointe) s'est félicité que la Haut-Commissaire ait insisté sur l'éducation aux droits de l'homme, qui est d'ailleurs l'une des premières responsabilités assignées au Conseil des droits de l'homme. À ce titre, le représentant aimerait savoir comment le Conseil intègre cette responsabilité dans le cadre de al consolidation institutionnelle du Conseil en cours. Le Conseil songe-t-il à proroger la première phase du Programme mondial sur l'éducation aux droits de l'homme ?

MME LOUISE ARBOUR, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, répondant aux questions qui lui ont été posées, a notamment apporté des précisions sur la situation au Népal. Le Haut-Commissariat tente de renforcer sa présence sur le terrain. Il y a beaucoup d'incidents sur place qui ont débouché sur des actes de violence. Les représentants du Haut-Commissariat ont pu contribuer à réduire ces violences. À présent, les activités doivent porter sur une discrimination profondément ancrée, a déclaré Mme Arbour.

S'agissant de la République démocratique populaire de Corée, la Haut-Commissaire a indiqué qu'elle restait convaincue que permettre au Rapporteur spécial de s'acquitter de son mandat serait une étape importante pour traiter de cette question.

Revenant sur des allégations de racisme au Japon, la Haut-Commissaire a rappelé que le Rapporteur spécial sur le racisme s'est rendu dans le pays et que son rapport avait déjà fait l'objet d'un dialogue interactif au sein du Conseil.

Aux questions posées sur les problèmes dans le domaine des droits de l'homme à Sri Lanka, et notamment sur la protection des témoins, Mme Arbour a rappelé qu'il ne saurait exister des efforts sérieux pour lutter contre l'impunité sans un cadre précis pour protéger les témoins. La Haut-Commissaire est persuadée que le Gouvernement sri-lankais mesure l'importance que revêt cette démarche pour les témoins et les victimes qui doivent être protégés.

En ce qui concerne la situation au Kosovo, Mme Arbour a rappelé que le Haut-Commissariat travaille dans cette région depuis plus de vingt ans, et que, même si un bureau fermera en juin 2007, le Haut-Commissariat restera présent dans cette région compte-tenu de la gravité de la situation des droits de l'homme et notamment s'agissant des minorités.

En réponse aux remarques faites au sujet des activités du Haut-Commissariat en Iraq, Mme Arbour a indiqué que le Haut Commissariat examinait, en étroite collaboration avec le ministre iraquien des droits de l'homme, pour tenter d'améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays.

S'agissant du Soudan, Mme Arbour estime qu'il faut faire porter les efforts sur la protection des victimes mais aussi étayer les efforts de la Cour pénale internationale pour établir la responsabilité des auteurs. S'agissant de la protection indispensable des civils, il est nécessaire de marquer une présence internationale plus forte. Mme Arbour a aussi attiré l'attention sur e problème de la violence à l'égard de travailleurs humanitaires. L'accès humanitaire est sans doute le facteur le plus critique qui doit pouvoir être réglé pour porter secours aux victimes du conflit.

Répondant à de nombreuses questions sur le phénomène de l'islamophobie, Mme Arbour a rappelé le rapport présenté lors de la précédente session du Conseil, qui souligne notamment que la promotion de l'intolérance doit être traitée au niveau des instances régionales. Le Conseil doit rester ferme et continuer d'insister sur ce point. Il est primordial d'endiguer la discrimination fondée sur la foi et la religion. Tous les titulaires de droits doivent pouvoir s'adresser aux autorités de leur pays. La protection contre la violence fondée sur les préjugés doit être l'affaire des gouvernements, a souligné Mme Arbour.

Pour se qui est des efforts menés par le Haut-Commissariat dans le domaine de la lutte contre les discriminations sexuelles, des droits de femmes et de l'éradication de la pauvreté, Mme Arbour a souligné que les efforts visent œuvrer en collaboration étroite avec les procédures spéciales, les organes conventionnels et le Conseil des droits de l'homme afin de mobiliser tous les efforts. Le Haut-Commissariat effectue aussi un travail sur le terrain en partenariat avec les gouvernements et les organisations non gouvernementales.

Enfin, Mme Arbour a indiqué que l'absence de toute référence détaillée sur le droit à l'alimentation ne traduit pas un manque d'intérêt pour cette question. Le Haut-Commissariat travaille étroitement avec l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture pour s'assurer que le droit à l'alimentation trouve une forme concrète.


Droit de réponse

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que les États-Unis ont commencé, très tôt, leur travail d'épuration ethnique contre leurs populations autochtones, une histoire coloniale que ce pays tente maintenant d'exporter en Amérique latine et dans le reste du monde, comme en témoignent, notamment, la situation dans la sinistre prison de Guantánamo ou l'invasion de l'Iraq. La dictature de Washington n'est pas prête de mettre un terme à ses exactions, a déploré le représentant, estimant que la Haut Commissaire devrait maintenant concentrer ses efforts sur la dénonciation de ce régime.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les allégations des États-Unis et du Japon sur de prétendues violations commises par son pays, ces deux États commettant eux-mêmes de graves violations en ce moment même. Les cas d'enlèvements mentionnés par le Japon ont été entièrement résolus, ce qui n'est pas le cas de l'esclavage sexuel commis par les militaires japonais pendant la dernière guerre, a notamment souligné le représentant.

MME SARALA FERNANDO (Sri Lanka) a fait référence à la prétendue détérioration qui a cours dans son pays, soulignant au contraire que les statistiques du pays montrent que les assassinats et les disparitions sont en diminution grâce aux mesures qui ont été mises en place, tout comme de l'arrestation des chefs de gangs et de la LTTE, a-t-elle souligné. La représentante a affirmé que son pays a entendu les préoccupations de la communauté internationale s'agissant des personnes déplacées, avant d'expliquer que le Gouvernement veillerait à leur fournir abri et nourriture. Elle a fait observer qu'en dépit des énormes défis auxquels le pays est confronté en raison du terrorisme et des catastrophes naturelles qui frappent le pays, l'année 2006 a connu une croissance économique et que, partant, le Gouvernement a pu allouer une plus grande part de ressources à l'éducation et aux personnes déplacées. Pour conclure, elle a plaidé pour l'adoption d'une approche plus équilibrée, adaptée aux situations des différents pays.

M. SEYED HOSSEIN REZVANI (Iran) a relevé l'ironie qui veut que les États-Unis, pays qui dénonce des violations des droits de l'homme commises par d'autres pays, soient précisément celui qui viole les droits de l'homme de la manière la plus éhontée. Il a notamment fustigé à cet égard l'invasion et l'occupation de l'Iraq. Il s'agit d'un acte illicite violent qui a mené à la destruction du pays, au viol de femmes iraquiennes par les soldats américains, notamment. Le représentant iranien a fait observer que cette invasion, effectuée en trompant le Conseil de sécurité, a eu pour conséquence de décrédibiliser l'ensemble des Nations Unies.


M. ICHIRO FUJISAKI (Japon) a affirmé que la déclaration de la République populaire démocratique de Corée concernant une prétendue discrimination raciale au Japon est sans fondement. Le Japon a collaboré pleinement avec M. Doudou Diène, Rapporteur spécial sur le racisme, qui s'est récemment félicité des progrès enregistrés au Japon dans ce domaine. Le représentant a espéré que la République populaire démocratique de Corée collaborera, elle aussi, avec les Rapporteurs spéciaux, et qu'elle abordera franchement la question des enlèvements.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les allégations japonaises, estimant qu'il s'agit de simples manœuvres. Le problème est que le Japon a commis des crimes pendant la seconde guerre mondiale, dont il refuse toujours d'assumer la responsabilité juridique et morale.

M. ICHIRO FUJISAKI (Japon) a déclaré ne pas avoir bien compris l'intervention de la «Corée du Nord» qui affirme que la question des enlèvements est le seul cas résolu. Cela veut-il dire qu'il y a d'autres cas non résolus, a demandé le représentant japonais? Une coopération internationale est nécessaire pour demander à ce pays, qui continue de se livrer à de graves violations de droits de l'homme et de coopérer avec le Conseil des droits de l'homme.


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