Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DEMANDE À ISRAËL DE METTRE UN TERME AUX OPÉRATIONS MILITAIRES ET ÉTABLIT UNE COMMISSION D'ENQUÊTE
Le Conseil des droits de l'homme, réuni aujourd'hui à Genève en session extraordinaire sur la situation au Liban, a adopté une résolution sur «la grave situation des droits de l'homme au Liban causée par les opérations militaires israéliennes», dans laquelle il demande à Israël de mettre immédiatement un terme aux opérations militaires contre la population et les biens civils et décide d'établir de toute urgence une commission d'enquête de haut niveau comprenant d'éminents experts du droit relatif aux droits de l'homme et du droit international humanitaire afin qu'elle fasse enquête sur le ciblage et le meurtre systématique de civils par Israël au Liban.
Le Conseil décide, par cette résolution adoptée par 27 voix pour, 11 contre et 8 abstentions, que la Commission d'enquête examinera les types d'armes utilisées par Israël et leur conformité avec le droit international; et évaluera l'étendue et les effets meurtriers des attaques israéliennes sur les vies humaines, les biens, les ouvrages d'infrastructure d'importance vitale et l'environnement. La Commission d'enquête rendra compte, au plus tard le 1er septembre, des progrès qu'elle aura faits dans l'accomplissement de son mandat.
Le Conseil demande instamment à toutes les parties concernées de respecter les règles du droit international humanitaire, de s'abstenir de toute violence à l'encontre de la population civile et de traiter en toutes circonstances tous les combattants détenus et les civils conformément aux conventions de Genève. Le Conseil demande en outre à la communauté internationale d'apporter d'urgence au Gouvernement libanais l'assistance humanitaire et financière qui lui permettra de faire face à une catastrophe humanitaire de plus en plus grave et de venir en aide aux victimes, d'assurer le retour des déplacés et de restaurer les ouvrages d'infrastructure essentiels.
Plusieurs membres du Conseil sont intervenus dans le cadre de l'examen du projet de résolution. Le Liban et Israël sont intervenus en tant que pays concernés.
À l'ouverture de la session, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Louise Arbour, a affirmé que le bilan de plus en plus lourd de morts civils au Liban et en Israël, ainsi que les déplacements massifs de populations et la destruction des infrastructures civiles au Liban, exigent l'intervention du Conseil des droits de l'homme afin qu'il fasse comprendre aux parties concernées la nécessité urgente de respecter leurs obligations au regard du droit international. Tous les efforts doivent être concentrés sur l'arrêt immédiat des hostilités, a-t-elle ajouté. Des crimes contre l'humanité peuvent très bien être commis par des belligérants qui croient, à tort ou à raison, que leur combat est juste, a averti Mme Arbour.
Dans le cadre du débat général, les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Tunisie (au nom de la Ligue des États arabes), Algérie (en son nom propre et au nom du Groupe africain), Arabie saoudite, Argentine, Brésil, Bangladesh, Bahreïn, Indonésie, Maroc, Malaisie, Suisse, Canada, Philippines, Zambie, Mali, Jordanie, Sénégal, Cuba, Finlande (au nom de l'Union européenne et autres pays), Chine, Uruguay, Équateur, Inde, Fédération de Russie, Liban, Israël, Égypte, République populaire démocratique de Corée, Australie, Koweït, Qatar, Libye, Soudan, Iran, Nouvelle-Zélande, Palestine, Chili, Syrie, Venezuela, États-Unis, Yémen, Émirats arabes unis, Bélarus, Mauritanie, Saint-Siège, Norvège, Colombie et Arménie. Le représentant de la Ligue des États arabes a également pris la parole. Le Liban et la Syrie ont en outre exercé leur droit de réponse.
Face à ce qu'elles ont qualifié de «violations flagrantes et massives des droits de l'homme et du droit humanitaire international», d'«atrocités commises par Israël» voire de «crimes de guerre», plusieurs délégations ont évoqué le principe d'obligation redditionnelle en vertu duquel, selon certains, devrait être envisagée la possibilité de poursuivre, pour leur responsabilité pénale personnelle, les personnes impliquées, en particulier celles qui sont en position de commander et de contrôler. Plusieurs intervenants ont en outre demandé à Israël de lever le blocus que ce pays impose au Liban.
Les représentants des organisations non gouvernementales ci-après ont fait des déclarations:
Human Rights Watch; Amnesty International; Congrès juif mondial; Commission internationale de juristes; Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme; Comité de coordination d'Organisations juives (au nom également de B'nai B'rith International); Coalition internationale Habitat; Association internationale des juristes démocrates; Franciscain international; Pax Romana; Organisation mondiale contre la torture; Union mondiale pour le judaïsme libéral; Mouvement indien «Tupaj Amaru» (au nom également du Conseil mondial pour la paix); et United Nations Watch.
En fin de session, le Président du Conseil, M. Luis Alfonso de Alba, du Mexique a indiqué qu'en coopération avec la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, il ne ménagerait aucun effort afin que la résolution adoptée aujourd'hui par le Conseil soit suivie d'effet. Il a joint sa voix à l'appel lancé en faveur de la cessation inconditionnelle des hostilités et de la violence dans le conflit actuel.
La présente session est la deuxième session extraordinaire que tient le Conseil depuis sa création. Elle a été convoquée à la demande de l'Organisation de la Conférence islamique et du Groupe des États arabes afin que le Conseil examine «les violations flagrantes des droits de l'homme par Israël au Liban, notamment le massacre de Cana, ainsi que les attaques contre des civils et la destruction d'infrastructures civiles essentielles sur tout le territoire du pays» et prenne des mesures.
La première session extraordinaire, tenue les 5 et 6 juillet dernier, était consacrée à la situation dans le territoire palestinien occupé.
Adoption d'une résolution sur «la grave situation des droits de l'homme au Liban causée par les opérations militaires israéliennes»
Par sa résolution consacrée à la grave situation des droits de l'homme au Liban causée par les opérations militaires israéliennes (A/HRC/S-2/L.1, révisée oralement), adoptée par 27 voix pour, 11 contre et huit abstentions, le Conseil des droits de l'homme condamne énergiquement les violations des droits de l'homme et les infractions au droit international humanitaire commises par Israël au Liban. Le Conseil condamne également le bombardement massif des populations civiles libanaises particulièrement les massacres de Cana et d'autres agglomérations libanaises qui ont causé des milliers de morts et de blessés, surtout parmi les femmes et les enfants, ainsi que le déplacement de civils, qui concernerait un million de personnes selon une première évaluation. Le Conseil condamne de même les bombardements par Israël d'ouvrages d'infrastructures civils d'importance vitale, qui a provoqué des dégâts étendus. Le Conseil demande par la même résolution à Israël de respecter immédiatement et scrupuleusement les obligations que lui imposent le droit relatif aux droits de l'homme et de mettre un terme immédiatement aux opérations militaires contre la population et les biens civils qui provoquent des morts et des destructions et qui sont des graves des droits de l'homme; il demande également à toutes les parties de respecter les règles du droit international humanitaire, de d'abstenir de commettre des violences contre les civils et de traiter en toute circonstance tous les combattants détenus ainsi que les civils conformément aux Conventions de Genève.
Le Conseil décide par ailleurs d'établir de toute urgence et d'envoyer dans l'immédiat une commission d'enquête de haut niveau composée d'experts des droits de l'homme et du droit international humanitaire, avec la possibilité d'inviter des procédures spéciales des Nations Unies qui seraient désignés par la Commission d'enquête. La commission devra faire enquête sur le ciblage et le meurtre de civils par Israël au Liban. La commission examinera aussi les types d'armes utilisées par Israël et leur conformité avec le droit international et évaluera l'étendue et les effets meurtriers des attaques israéliennes sur les vies humaines, les biens, les ouvrages d'infrastructures d'importance vitale et l'environnement. Le Conseil demande à la communauté internationale d'apporter d'urgence au Gouvernement libanais l'assistance humanitaire et financière qui lui permettra de faire face à une catastrophe humanitaire de plus en plus grave.
Ont voté pour (27): Afrique du Sud, Algérie, Arabie saoudite, Argentine, Azerbaïdjan, Bahreïn, Bangladesh, Brésil, Chine, Cuba, Équateur, Fédération de Russie, Inde, Indonésie, Jordanie, Malaisie, Mali, Maurice, Maroc, Mexique, Pakistan, Pérou, Sénégal, Sri Lanka, Tunisie, Uruguay et Zambie.
Ont voté contre (11): Allemagne, Canada, Finlande, France, Japon, Pays-Bas, Pologne, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni et Ukraine.
Abstentions (8): Cameroun, Gabon, Ghana, Guatemala, Nigéria, Philippines, République de Corée et Suisse.
Plusieurs pays ont expliqué leur vote ou fait des observations sur le projet de résolution. Ces déclarations figurent en fin de communiqué.
Débat sur la situation au Liban
MME LOUISE ARBOUR, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que le bilan de plus en plus lourd de morts civils au Liban et en Israël, ainsi que les déplacements massifs de populations et la destruction des infrastructures civiles au Liban, exigent l'intervention du Conseil des droits de l'homme afin qu'il fasse comprendre aux parties concernées la nécessité urgente de respecter leurs obligations au regard du droit international. La crise, qui dure depuis près d'un mois, appelle une réaction ferme de la part du Conseil, a dit Mme Arbour. Tous les efforts doivent être concentrés sur l'arrêt immédiat des hostilités afin que des vies puissent être sauvées et que les victimes des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire recouvrent leurs droits.
Mme Arbour a rappelé à cet égard aux parties en conflit que les civils ne doivent jamais faire l'objet d'attaques délibérées. Les dommages prévisibles qu'ils pourraient subir, ainsi que leurs biens, doivent être proportionnels aux buts militaires directs et concrets. Les attaques sans discrimination sont interdites et les civils ne sauraient être utilisés comme «boucliers», a encore précisé Mme Arbour. D'autre part, a-t-elle mis en garde, des crimes contre l'humanité peuvent très bien être commis par des belligérants qui croient, à tort ou à raison, que leur combat est juste. Le 30 juillet dernier, le monde s'est ému de l'attaque israélienne contre un immeuble d'habitation à Cana, au cours de laquelle de très nombreux civils ont perdu la vie. Des centaines d'autres personnes ont été tuées au Liban, a déploré la Haut-Commissaire, relevant que les survivants doivent subir la destruction à grande échelle de leurs infrastructures civiles. Les attaques israéliennes n'ont à ce jour pas eu de répit. Quant aux attaques incessantes menées par le Hezbollah contre les zones peuplées du nord d'Israël, elles sont également source de mort et de désolation, a dit Mme Arbour, qui a fait état d'accusations d'utilisation systématique, par le Hezbollah, des populations civiles comme autant de boucliers humains. Il importe maintenant de faire la lumière sur une situation confuse et de démêler les faits derrières ces allégations. Des appels pressants ont été formulés pour le lancement d'une enquête approfondie de haut-niveau au sujet des violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire au Liban et en Israël. L'indépendance et l'impartialité d'une telle enquête doit être garantie non seulement par la crédibilité des experts qui en seront membres, mais aussi par la portée et la méthodologie de son mandat. Dans un contexte de droits de l'homme, sa mission devra concerner au premier chef les victimes de tous bords et poser les bases de possibles mesures de réparation et de responsabilité.
Après la destruction du dernier pont sur la rivière Litani, la Haut-Commissaire est très inquiète de la situation humanitaire de la population demeurée dans le sud du Liban, qui ont un besoin urgent d'eau, de nourriture et d'aide médicale, que les travailleurs humanitaires ne sont plus en mesure de fournir. Les difficultés des populations déplacées dans les zones de combat et celles des réfugiés dans d'autres pays sont également très inquiétantes, a dit Mme Arbour, rappelant que leurs droits fondamentaux doivent être garantis. Le Conseil doit intervenir en faveur de ceux dont les droits fondamentaux ont été et continuent d'être bafoués ainsi qu'à ceux qui ont perdu des êtres chers et des parents, aux personnes déplacées et aux blessées, a encore fait valoir Mme Arbour.
M. MASOOD KHAN (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique – OCI) a jugé désastreuse la situation au Liban. Plus d'un millier de personnes ont été tuées, soit chez elles, soit sur leur lieu de travail, a-t-il rappelé. Un million de personnes ont quitté leurs foyers. Les personnes les plus vulnérables - enfants, femmes et vieillards - sont celles qui sont les plus touchées. Les infrastructures essentielles du Liban ont été détruites et Israël impose désormais un blocus au pays. Tous ces actes constituent des violations de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit humanitaire international. Le droit à la vie, à l'alimentation, à la santé et au logement, ainsi que le droit des personnes déplacées internes sont autant de droits qui ont été violés. Ces violations systématiques des droits de l'homme se font sans distinction de race ou de religion; des chrétiens et des musulmans ont été tués en toute désinvolture, a poursuivi le représentant pakistanais. Les conventions de Genève ont été violées, a-t-il insisté. Il existe des témoignages dignes de foi sur le carnage qui se poursuit au Liban, a-t-il poursuivi. Il ne suffit pas de condamner cela; ces assassinats doivent prendre fin. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme a elle-même parlé de crimes de guerre et de responsabilité pénale. Le Conseil doit faire un choix moral entre l'humanité et l'inhumanité, entre le droit et le mépris du droit. La politique ne doit pas dominer au point que l'on cesse d'entendre les cris d'un enfant qui meurt. Le Conseil doit condamner les violations des droits de l'homme flagrantes et systématiques commises par Israël au Liban et demander l'envoi d'une commission d'enquête, a affirmé le représentant pakistanais. Il faut aider le Gouvernement et le peuple du Liban à faire face aux besoins de réhabilitation des victimes, aux besoins de restauration des infrastructures, ainsi qu'au retour des personnes déplacées, a-t-il conclu. Il faut en outre assurer libre accès des convois humanitaires et médicaux aux populations et créer des couloirs humanitaires.
M. SAMIR LABIDI (Tunisie, au nom de la Ligue des États arabes) a déclaré que la situation humanitaire et les violations constantes du droit humanitaire au Liban par Israël appellent une réaction extrêmement ferme de la communauté internationale. La violence aveugle, l'embargo total du pays auquel Israël soumet le Liban ont entraîné des pertes énormes en vies humaines et en biens matériels, autant de violations flagrantes de tous les textes et principes du droit international. La Ligue arabe condamne sans appel la violence qu'Israël a infligée au Liban et qui a fait à ce jour plus de 1000 victimes civiles, en violation du droit qui interdit de prendre les civils comme cibles d'actions militaires. La Ligue demande donc un cessez-le-feu immédiat et condamne les agressions israéliennes quotidiennes qui sont autant de violations du droit humanitaire. La Ligue des États arabe estime qu'Israël commet au Liban des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité; elle demande aussi l'envoi d'une commission d'enquête pour déterminer pourquoi les civils sont pris pour cible et pour déterminer si les armes utilisées par Israël sont conformes au droit international.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie, au nom du Groupe africain) a souligné que le Groupe africain condamne avec fermeté les opérations militaires menées par Israël au Liban et en Palestine, qui constituent des violations massives et flagrantes des droits de l'homme et du droit humanitaire international. En effet, ces attaques ont ciblé et continuent de cibler des populations civiles, y compris les cortèges de civils qui fuient les bombardements. Diverses sources d'informations fiables et concordantes affirment que la population civile est de plus en plus privée de l'accès aux services de base. Pis encore, les forces militaires israéliennes ont décidé de bloquer l'acheminement des secours et tout particulièrement en ce qui concerne les personnes ensevelies sous les décombres. Face à cette situation, le Groupe africain se déclare gravement préoccupé et lance un appel fort et urgent pour que tout soit mis en œuvre afin de fournir de façon prioritaire un accès sans restriction à l'assistance humanitaire, a indiqué le représentant algérien. Le Groupe africain réaffirme sa position sur la nécessité pour l'armée israélienne de pratiquer la retenue et de respecter scrupuleusement les droits de l'homme tant au Liban qu'en Palestine. Il lance également un appel à la communauté des donateurs pour répondre massivement et généreusement à l'appel de détresse lancé par le Gouvernement libanais démocratiquement élu pour soulager les souffrances d'une population largement éprouvée, sans oublier le peuple palestinien qui subit les mêmes pratiques de la part d'Israël. Le Groupe africain demande instamment aux autorités israéliennes de lever le blocus imposé sur les frontières aériennes et maritimes du Liban et qui met en danger la vie des civils libanais. Il est urgent que le Conseil des droits de l'homme envoie une mission d'établissements des faits au Liban, a conclu le représentant algérien.
M. MOHAMMED AL-AGAIL (Arabie saoudite) a condamné les agressions aveugles commises par Israël contre le Liban, sa population et ses infrastructures. Des milliers de victimes sont à déplorer ainsi que le déplacement forcé de plus de 800 000 personnes et la destruction intégrale de l'infrastructure civile du pays - routes, ponts, installations électriques. Il convient que le Conseil agisse pour protéger les populations civiles et mettre un terme aux violations de leurs droits humains. Une commission d'enquête de haut niveau doit être dépêchée sur place pour évaluer l'ampleur des dommages causés par les graves violations du droit humanitaire international par Israël. Cette commission devra aussi se prononcer sur la légalité des armements utilisés par ce pays. Le Conseil doit adopter la résolution proposée et demander au Conseil de sécurité des Nations Unies d'imposer un cessez-le-feu immédiat et d'appliquer les sept propositions pour la résolution de la crise formulées par le Liban.
M. ALBERTO J. DUMONT (Argentine) a fait part de la préoccupation de son pays à l'égard de la crise humanitaire que subit la population civile du fait des affrontements entre Israël et le Hezbollah. L'Argentine déplore le lancement de roquettes par le Hezbollah ainsi que l'enlèvement de soldats israéliens et condamne le recours excessif à la force par Israël. L'Argentine, par principe, ne peut accepter la violence en tant qu'instrument pour atteindre des objectifs, quels qu'ils soient, a poursuivi le représentant argentin. La communauté internationale doit immédiatement assumer ses responsabilités et éviter que cette situation de violence ne continue de provoquer des victimes. Le Gouvernement argentin continuera de déployer tous les efforts diplomatiques afin de contribuer à la paix au Moyen-Orient.
M. CLODOALDO HUGUENEY (Brésil) a dit sa douleur et sa préoccupation devant la spirale de violence et de douleur qui embrase, une nouvelle fois, le Proche-Orient. Le Brésil se sent directement touché par cette violence, compte tenu de l'importante communauté libanaise émigrée au Brésil - la principale communauté libanaise après le Liban -, et du fait q'une importante communauté brésilienne vit au Liban - dont sept au moins ont été tués par les bombardements aériens. En outre, le Brésil compte une importante communauté juive et de nombreux Brésiliens vivent en Israël. Le Brésil a procédé à l'évacuation de 3000 de ses citoyens et contribué à l'aide médicale au Liban par l'intermédiaire de l'Organisation mondiale de la santé. Le Brésil déplore tant les pertes en vies humaines en Israël du fait des attaques à la roquette du Hezbollah que la réaction militaire disproportionnée d'Israël. Il demande aux forces en présence de garantir l'aide humanitaire aux populations prises dans le conflit. Le Brésil demande notamment à Israël de délimiter pour ce faire des couloirs humanitaires sécurisés. Les autorités brésiliennes appellent par ailleurs à un cessez-le-feu et demandent l'instauration d'un dialogue qui puisse conduire à une solution durable et globale au conflit. Le Conseil doit jouer son rôle en attirant l'attention sur la nécessité absolue de respecter les droits humains des populations civiles.
M. TOUFIQ ALI (Bangladesh) a rappelé qu'un millier de civils libanais ont été tués dans les attaques menées par Israël contre le Liban. La situation est très grave et se dégrade chaque jour, a-t-il ajouté. Ce recours brutal à la force contre des civils constitue une violation flagrante des droits de l'homme et du droit humanitaire international qui doit cesser immédiatement. Le massacre de Cana a choqué la conscience du monde. Israël n'en poursuit pas moins le carnage, défiant le droit humanitaire international. Le meurtre de quatre soldats de la paix au Liban témoigne du peu de cas que fait Israël des normes internationales. Le bombardement aveugle de villes constitue un ciblage inacceptable de civils, a poursuivi le représentant. Le droit international demande que des comptes soient rendus. Aussi, faut-il envisager la possibilité de poursuivre les personnes impliquées, en particulier celles qui sont en position de commander et de contrôler, pour leur responsabilité pénale personnelle. Alors que les atrocités israéliennes se poursuivent au Liban, le monde est confronté à une grave crise humanitaire, a poursuivi le représentant. Il a insisté sur la nécessité pour Israël d'assurer un accès sans restriction à l'assistance humanitaire. Quant au Conseil de sécurité, il doit agir sans plus tarder afin d'apporter un cessez-le-feu et de garantir la souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban. Le déploiement d'une force internationale le long de la frontière israélo-libanaise pourrait constituer un pas en avant appréciable; mais il doit être opéré avant qu'il ne soit trop tard. La proposition du Gouvernement libanais de déployer 15 000 soldats au Sud-Liban pour stabiliser la zone est également bienvenue. Le Bangladesh demande le retrait de toutes les forces israéliennes de tous le territoire libanais.
M. ABDULLA ABDULLATIF ABDULLA (Bahreïn) a souligné qu'un mois après le début de l'agression israélienne, un million de Libanais ont dû quitter leurs foyers tandis que plus de mille victimes civiles sont à déplorer. La destruction du pays est totale, chaque jour qui passe augmentant les souffrances des civils libanais, femmes, hommes et enfants. Le bombardement de cibles prétendument militaires a occasionné des pertes civiles importantes, ce qui est inexcusable, a dit le représentant. Le Conseil des droits de l'homme doit maintenant condamner sans détour les tueries, les expulsions, les souffrances imposée par Israël dans tout le Liban, le sort du village de Cana n'étant qu'un exemple parmi de très nombreux autres, a rappelé le représentant. De nombreuses organisations non gouvernementales et internationales ont exprimé leur désarroi devant les souffrances inutiles infligées aux populations civiles et leur impact sur la situation humanitaire. Une commission d'enquête doit être mandatée sans délai pour enquêter sur les violations du droit international commises par Israël, sur l'ampleur des dégâts humains et matériels subis par le Liban depuis le début de la crise et sur l'utilisation éventuelle par Israël d'armes interdites par le droit international, a dit le représentant.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé qu'il était grand temps de convoquer cette session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme après un mois de frappes aériennes israéliennes massives et aveugles. L'agression israélienne viole l'intégrité territoriale d'un pays voisin ainsi que les droits fondamentaux de civils innocents. Plus de mille personnes ont déjà trouvé la mort au Liban. Même le personnel onusien n'a pas échappé à ce carnage. M. Egeland s'est rendu sur les lieux et parle aujourd'hui encore d'une situation qui se détériore et qui pourrait encore s'aggraver. Il y a urgence pour le Conseil à porter son attention sur cette question. S'il n'agit pas promptement face à un tel mépris pour les normes de droits de l'homme les plus fondamentales, le Conseil manquera à son mandat. Il faut envoyer de toute urgence une équipe d'enquête sur place, a conclu le représentant indonésien. Il faudrait en outre déployer dans le Sud-Liban une force de maintien de la paix internationale de l'ONU; une part substantielle de cette force devrait être composée de personnel en provenance des pays de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI).
M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a salué la tenue de cette session extraordinaire consacrée à la situation au Liban; le Conseil doit en effet assumer ses responsabilités devant cette crise majeure touchant aux droits humains des populations civiles du Liban. L'agression que subit ce pays depuis un mois touche aussi bien les populations civiles, dont les droits les plus fondamentaux sont bafoués, que les infrastructures essentielles - routes, réseau électrique, hôpitaux, aéroports. La crise dure depuis un mois maintenant, chaque matin étant source de nouvelles inquiétudes pour les populations civiles sans défense. Or, malgré les appels de la communauté internationale, Israël n'a pas mis de frein à son agression brutale. C'est pourquoi le Maroc demande qu'il soit mis un terme à la guerre imposée au Liban. Les pratiques d'Israël sont contraires au droit international et humanitaire, a dit le représentant. Le Maroc appuie le contenu du projet de résolution et est favorable à l'envoi d'une commission d'enquête sur place; il appelle la communauté internationale à aider matériellement le Liban et demande un cessez-le-feu immédiat.
MME HSU KING BEE (Malaisie) a souligné la nécessité pour le Conseil de se montrer à la hauteur de son mandat. Depuis plus de quatre semaines, le peuple libanais est soumis à une attaque brutale de la part des militaires israéliens, a-t-elle rappelé. Elle a dénoncé le déploiement disproportionné de forces militaires contre le Liban et son peuple. Chaque jour, des enfants et des vieillards sont massacrés, a-t-elle insisté. Même les observateurs des Nations Unies n'ont pas été épargnés. La situation se détériore rapidement et l'agresseur a encore l'intention d'étendre son offensive militaire. La représentante a attiré l'attention sur les avertissements récurrents concernant la détérioration de la situation humanitaire au Liban. Il ne faut pas oublier le peuple libanais, pas plus que les atrocités israéliennes qui se poursuivent dans les territoires occupés. La communauté internationale et le Conseil des droits de l'homme ont la responsabilité morale de faire en sorte qu'Israël soit tenu pour responsable et ne continue pas en toute impunité à commettre ses atrocités. Il faut rappeler à Israël que ce pays doit respecter les droits de l'homme. Il faut que le Conseil envoie au Liban une commission d'enquête de haut niveau. En outre, la communauté internationale doit fournir une aide financière et humanitaire au Liban.
M. BLAISE GODET (Suisse) a déclaré que son pays condamne tout acte de violence et de provocation. L'attaque du Hezbollah contre une patrouille israélienne le 12 juillet dernier constituait un tel acte, Israël a le droit de protéger son territoire et sa population contre de tels actes. Mais, à la lumière du droit et des faits, la réaction des forces militaires israéliennes au Liban apparaît disproportionnée. La destruction systématique des voies de communication et des routes a ainsi non seulement causé la perte de vies humaines mais elle empêche aussi les civils de quitter les zones de combat et entrave l'aide humanitaire. En Israël aussi, a relevé le représentant, c'est en premier lieu la population civile qui est la victime des hostilités. La Suisse, a rappelé son représentant, attache la plus grande importance au respect du droit international humanitaire et à celui des droits humains. Le respect du droit n'a pas à être négocié, a-t-il fait valoir, et n'est d'ailleurs pas soumis à des conditions de réciprocité. Face à l'ampleur de la crise, la communauté internationale doit agir. Le Conseil des droits de l'homme doit trouver les moyens d'apporter une réponse à la crise humanitaire au Liban et examiner les violations des droits humains commises durant le conflit. En outre, le Conseil doit rappeler avec force et à nouveau aux parties en conflit leur obligation de respecter les droits fondamentaux de la personne humaine et du droit international humanitaire. Le Conseil doit aussi rappeler la nécessité de garantir le plein accès sans restrictions aux victimes. Il doit enfin décider de l'envoi d'une mission d'experts pour l'établissement des faits, de manière exhaustive et impartiale, a déclaré M. Godet.
M. PAUL MEYER (Canada) a déclaré qu'aujourd'hui, le Conseil est appelé à se pencher sur le conflit entre Israël et la milice terroriste Hezbollah basée au Liban. Il a souligné que son pays est préoccupé par l'impact de ce conflit sur les civils en Israël et au Liban ainsi que par son impact sur la sécurité à long terme dans la région. Il s'agit d'un conflit causé par le Hezbollah et ses États parrains, a déclaré le représentant canadien. Ce conflit armé a conduit à des actes contraires au droit international humanitaire et ceci devrait être examiné par d'autres instances appropriées de la communauté internationale, a-t-il estimé. Le projet de résolution dont est aujourd'hui saisi le Conseil est unilatéral, a déploré le représentant canadien, car il ne condamne pas le lancement de roquettes du Hezbollah contre les civils israéliens. Ce projet de résolution, tout comme cette session extraordinaire, ne prennent pas en compte les rôles respectifs de toutes les parties. Soucieux de la paix dans la région, le Canada s'opposera au projet de résolution aujourd'hui soumis au Conseil, a indiqué le représentant.
M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a dit la vive préoccupation de son pays devant les pertes humaines croissantes au Liban. Son pays condamne les attaques commises contre les populations et les biens civils au Liban et exhorte toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et les droits de l'homme et à garantir l'accès de l'aide humanitaire aux populations touchées. Les Nations Unies de leur côté doivent imposer un cessez-le-feu susceptible de permettre la reprise du dialogue. Les Philippines demandent en outre aux belligérants de tout faire pour assurer le libre passage des ressortissants étrangers en toute sécurité: les Philippines comptent ainsi trente mille de leurs ressortissants au Liban. Le représentant a ainsi demandé que les routes et les ponts ne soient plus ciblés par les bombardements israéliens.
M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a condamné vigoureusement les violations scandaleuses des droits de l'homme auxquelles se livre aujourd'hui l'État israélien avec impunité contre les populations civiles libanaises, comme il n'a cessé de le faire contre les populations civiles palestiniennes. Si véritablement la communauté internationale est sérieuse dans son affirmation d'une prépondérance des droits de l'homme dans le monde civilisé, dont la création du Conseil des droits de l'homme devait être la manifestation éclatante, elle doit condamner ces violations perpétrées par un État contre les populations civiles d'un pays voisin. En renvoyant dos à dos l'armée de l'État israélien avec un mouvement de résistance qui se défend avec des moyens rudimentaires au Liban, on neutralise la valeur morale des principes qu'on prétend affirmer, a déclaré le représentant algérien. La Cour internationale de justice a fait observer qu'un traité s'applique à l'extérieur du territoire d'un État lorsque cet État contrôle ledit territoire extérieur, a-t-il en outre rappelé. Les attaques israéliennes ont ciblé et continuent de cibler des populations civiles, a-t-il souligné. Les forces militaires israéliennes sont allées encore plus loin en décidant de bloquer l'aide humanitaire. Si la communauté internationale ne considère pas ces crimes de guerre comme des violations des droits de l'homme, c'est qu'elle se contente d'instrumentaliser les droits de l'homme à des fins politiques, a affirmé le représentant algérien. Il a lancé un appel en faveur de l'adoption par consensus du projet de résolution aujourd'hui soumis au Conseil par l'Organisation de la Conférence islamique.
M. LOVE MTESA (Zambie) a regretté que le Conseil doive se réunir à nouveau autour du conflit au Proche-Orient. Que font donc la communauté internationale et les Nations Unies pour atténuer les souffrances des civils innocents au Liban, a demandé le représentant, estimant qu'il faut maintenant prendre des mesures immédiates pour sauver des vies, objectif prioritaire de toute action internationale. Les dirigeants en général doivent adopter une attitude responsable afin que les populations n'aient plus le sentiment d'être abandonnées. La communauté internationale devra à l'avenir réagir plus vite pour empêcher des destructions telles que celles qui sont commises au Liban et qui défient l'entendement, a dit le représentant. La guerre est immorale et le fait de sauver des vies ne devrait pas dépendre de longues tractations au Conseil de sécurité, a-t-il ajouté, souhaitant que puisse s'instaurer une paix durable entre Israël et ses voisins.
M. SEKOU KASSÉ (Mali) a souligné que son pays est choqué par les événements tragiques qui se déroulent depuis un mois au Liban et qui constituent des violations flagrantes et massives des droits de l'homme et du droit humanitaire international. Face à cette situation, le Mali exhorte toutes les composantes de la communauté internationale à tout mettre en œuvre afin de répondre rapidement et massivement à l'appel lancé par le Gouvernement libanais pour soulager les souffrances infligées à sa population. Le Mali demande en outre la levée du blocus imposé au Liban. Le Mali appuie enfin l'envoi rapide d'une mission d'établissement des faits au Liban.
M. HUSSAM AL HUSSEINI (Jordanie) a déclaré que le Conseil s'est réuni pour traiter de la grave situation au Liban résultant des mesures de représailles illicites et disproportionnées prises par Israël contre des populations civiles. La tragédie qui se déroule actuellement au Liban équivaut à un crime de guerre, a affirmé le représentant jordanien. Le Conseil doit y mettre un terme et rétablir les populations civiles dans leurs droits. La communauté internationale a adopté un arsenal juridique destiné à sauvegarder ces droits lors des conflits: or, le droit international humanitaire est complètement bafoué par Israël au Liban. Ce n'est pas seulement le Liban qui est rejeté 20 ans en arrière: les progrès accomplis par l'humanité dans le domaine humanitaire ont reculé d'un siècle à cause des actes illégaux commis par Israël. Il est illégal de cibler des populations civiles, a rappelé le représentant, quels que soient les motifs. Tous les jours des personnes vulnérables sont impitoyablement bombardées jusque dans leurs abris. Il s'agit non seulement d'une violation des normes du droit international humanitaire et des droits de l'homme, mais aussi d'une manière déplorable de susciter un environnement propice à la haine, à la revanche et à l'extrémisme. Le Conseil, conscience de la communauté internationale, doit exiger qu'Israël s'abstienne de cibler les populations civiles, et respecte les principes du droit international. Le Conseil doit aussi faire tout son possible pour imposer un cessez-le-feu, faire aménager des couloirs humanitaires et envoyer une mission d'enquête sur place pour enquêter sur les violations commises et leurs conséquences.
M. OUSMANE CAMARA (Sénégal) a rappelé que depuis de longues semaines, les opérations militaires israéliennes au Liban provoquent l'indignation du monde entier, en raison en particulier des nombreuses victimes civiles. La violence se poursuit et s'élargit, avec son cortège de victimes innocentes tant libanaises qu'israéliennes, a-t-il ajouté. Le Sénégal n'a eu de cesse que de demander un cessez-le-feu et le Président du Sénégal a proposé la tenue d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale, a rappelé le représentant sénégalais. Avec la présente session extraordinaire, le Conseil agit conformément à son mandat qui est de procéder à un constat des violations massives et flagrantes des droits de l'homme et d'agir promptement face à ces violations. Le Sénégal tient à réaffirmer sa solidarité sans faille avec les peuples du Liban et de la Palestine; il tient également à souligner l'importance qu'il y a à préserver les vies humaines et demande donc l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes contre les populations et les infrastructures civiles au Liban.
M. JORGE FERRER (Cuba) a déclaré que son pays avait accepté d'emblée la convocation de cette session extraordinaire. Depuis le début de l'agression barbare, plus de mille personnes sont mortes et plus d'un million de Libanais sont maintenant réfugiés, a déploré le représentant. Le blocus auquel le Liban est soumis occasionne des souffrances indicibles à des milliers de personnes prises au piège. La destruction des infrastructures empêche l'arrivée de l'aide humanitaire. Les massacres commis par Israël, qui s'inscrivent dans une politique de génocide au Moyen-Orient, n'ont aucune justification, non plus que les attaques commises contre les Casques bleus. Cette attitude et l'impunité dont bénéficie Israël seraient impensables sans l'appui économique et militaire que lui accordent les États-Unis. Les États-Unis et leurs alliés, y compris en Europe, accusent ceux qui se défendent de l'agression de terrorisme, a dénoncé le représentant, estimant que l'agression contre la population libanaise relève du terrorisme d'État. Une action ferme du Conseil permettra de faire savoir au monde qu'il est disposé à promouvoir les droits humains pour tous.
M. VESA HIMANEN (Finlande, au nom de l'Union européenne), ainsi que de la Bulgarie, de la Roumanie et de l'Ukraine) a fait part de sa préoccupation face aux victimes civiles libanaises et israéliennes, ainsi que face aux destructions d'infrastructures et face au nombre croissant de personnes déplacées du fait de l'escalade des hostilités. Il a souligné que l'Union européenne condamne les tirs de roquettes du Hezbollah contre Israël ainsi que la mort de civils innocents dans la frappe aérienne contre le village libanais de Cana. Toutes les parties doivent tout faire pour protéger les populations civiles et s'abstenir d'actes disproportionnés. En outre, toute attaque contre le personnel des Nations Unies est inacceptable. L'Union européenne demande une cessation immédiate des hostilités qui serait suivie d'un cessez-le-feu durable. Le Conseil de sécurité est actuellement saisi de la situation au Liban, a rappelé le représentant de l'Union européenne. Toutes les parties doivent assurer un passage sûr au Sud-Liban afin de permettre l'acheminement de l'assistance humanitaire. Il n'y a pas de solution militaire pour régler les problèmes auxquels fait face la population de la région, a souligné le représentant.
M. SHA ZUKANG (Chine) a déclaré que la crise a provoqué une catastrophe humaine pour Israël et le Liban. Il a aussi déploré les attaques inexcusables lancées contre les observateurs des Nations Unies. Les peuples du monde entier sont effrayés par l'ampleur de la crise humanitaire et inquiets devant l'incapacité à mettre un terme aux hostilités, a-t-il déclaré. C'est pourquoi la Chine appelle les deux parties à faire preuve de mesure, à respecter les populations civiles, à ménager des couloirs pour l'accès humanitaire et à respecter strictement le droit international humanitaire. Le Conseil doit œuvrer à l'imposition d'un cessez-le-feu et veiller au respect des droits humains des populations libanaises. La Chine de son côté continuera de travailler avec la communauté internationale pour trouver une solution diplomatique à la crise.
MME ANA INES ROCANOVA (Uruguay) a rappelé que son pays s'était joint à ceux qui ont demandé la convocation de cette session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme. Depuis la dernière session extraordinaire du Conseil, la situation dans la région n'a fait que s'aggraver et s'est étendue au Liban, a-t-il rappelé. La communauté internationale doit s'efforcer de répondre aux besoins engendrés par la crise humanitaire qui se déroule au Liban. La crise humanitaire touche aussi le nord d'Israël, qui est frappé par des tirs de roquettes, a souligné le représentant de l'Uruguay. Il a insisté sur la nécessité de parvenir à un cessez-le-feu immédiat. Il faut déployer des efforts en faveur d'une paix durable dans la région en appelant les parties à faire preuve de souplesse afin de parvenir à un compromis acceptable, a conclu le représentant uruguayen.
M. ARTURO CABRERA HIDALGO (Équateur) a exprimé la vive préoccupation de son gouvernement face aux violences commises au Liban et en Israël. Les droits les plus fondamentaux de la population libanaise en particulier sont bafoués par les attaques brutales et disproportionnées menées depuis le territoire israélien. Le peuple et le gouvernement de l'Équateur sont stupéfaits par l'ampleur des destructions d'infrastructures au Liban et par le grand nombre de morts et de blessés parmi les civils libanais. Ils déplorent également les destructions commises par le Hezbollah dans le nord d'Israël ainsi que les enlèvements de militaires, actes interdits par le droit international. Le Conseil doit contribuer à l'instauration d'une paix immédiate. L'action doit être déterminée et équilibrée en faveur du rétablissement des droits de l'homme sur le territoire du Liban et d'Israël. Le Gouvernement de l'Équateur souhaite participer aux efforts qui seront déployés en ce sens, a indiqué conclu son représentant.
M. MOHINDER GROVER (Inde) a souligné que son pays est très préoccupé par le conflit qui se poursuit entre Israël et le Hezbollah. Il a rappelé que l'Inde a condamné l'enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah ainsi que les représailles militaires disproportionnées d'Israël qui ont entraîné des morts parmi les civils, en particulier parmi les femmes et les enfants. Le Parlement indien a adopté une résolution, fin juillet, demandant un cessez-le-feu immédiat, a-t-il également rappelé. Il est regrettable qu'Israël reste sourd aux appels à la retenue, a poursuivi le représentant indien. Il a plaidé en faveur d'un cessez-le-feu immédiat afin de mettre un terme à la violence et de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Le représentant indien a plaidé en faveur d'une solution négociée et globale des problèmes de la région en tenant compte des intérêts légitimes de toutes les parties concernées.
M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a déclaré que le conflit sanglant qui se poursuit au Moyen-Orient suscite l'inquiétude de la Russie. La Fédération partage la désolation exprimée devant les destructions infligées au Liban et les décès de civils innocents et pacifiques, femmes, enfants et vieillards. La récente tragédie de Cana a frappé la communauté internationale, a rappelé le représentant, qui a rappelé aussi le sort tragique des populations déplacées au Liban comme en Israël. La Russie demande aux autorités israéliennes de faire en sorte que les secours humanitaires parviennent aux populations civiles, rappelant que les attaques contre les civils sont contraires aux principes fondamentaux du droit international humanitaire. La résolution présentée devant le Conseil ne concerne qu'Israël et son libellé contient des termes très fermes, a relevé le représentant, faisant valoir que la Russie estime que le texte devrait évoquer toutes les victimes civiles du conflit, même s'il est vrai que ses effets ne sont pas comparables entre les deux côtés, a-t-il ajouté. La Russie regrette par ailleurs les atermoiements qui empêchent encore le Conseil de sécurité de se déterminer sur un cessez-le-feu. La Russie demande qu'une résolution soit adoptée rapidement par le Conseil de sécurité pour qu'au moins les secours de base puissent être fournis aux populations civiles et qu'une solution globale négociée puisse être trouvée.
M. GÉBRAN SOUFAN (Liban) a rapporté les propos que lui avait tenus un jour un producteur d'Hollywood qui lui avait affirmé que l'industrie cinématographique toujours florissante était celle des films d'horreur. Depuis un mois, l'horreur au Liban est devenue pire qu'un cauchemar et le producteur, le directeur et l'acteur sont la même partie: Israël. Israël terrorise le Liban et l'accuse d'être terroriste. Israël tue délibérément et aveuglement des enfants et des femmes, prétendant avoir un permis légitime de tuer. Ainsi, un peuple victime de l'Holocauste commet à son tour les pires atrocités sur le sol libanais, a déclaré le représentant libanais. Il a rappelé que, dès le début des événements, le Gouvernement libanais avait assuré qu'il n'avait eu aucune connaissance préalable des incidents et n'avait pas approuvé l'opération menée par le Hezbollah. Ce à quoi nous assistons va bien au-delà de la question des prisonniers et des soldats capturés. C'est toute une nation dont les droits de son peuple sont foulés du pied. Les Israéliens tuent des civils libanais et commettent des massacres, a rappelé le représentant libanais. Le Liban est au bord d'une catastrophe humanitaire, a-t-il souligné. L'agression israélienne vise à détruire tout l'État du Liban, a-t-il déclaré. Il n'a souhaité à aucun pays d'endurer ce qu'endure aujourd'hui le Liban.
M. ITZHAK LEVANON (Israël) a déploré que les États arabes et de la Conférence islamique n'entendaient parler que des souffrances éprouvées par un seul côté, et nier les souffrances du peuple israélien confronté à des attaques gratuites lancées à partir du sol libanais. C'est ainsi que le 12 juillet, le Hezbollah se livrait à des provocations à la frontière avec le Liban, enlevant deux soldats et faisant pleuvoir des milliers de missiles sur les populations du nord d'Israël. Le dirigeant de ce parti appelle d'ailleurs ouvertement à la destruction d'Israël. Mais si le Hezbollah est la cause immédiate du conflit, sa cause profonde doit aussi être reconnue. Des États lâches entendent cyniquement se battre par Liban interposé en finançant et en armant les campagnes meurtrières du Hezbollah. Le dirigeant de la Syrie s'est ainsi dit prêt à s'engager aux côtés de ce parti, tandis que le chef du régime iranien a dit que la solution du conflit au Proche-Orient passait par l'élimination d'Israël, a dénoncé le représentant israélien. Les sirènes d'alarmes hurlent en ce moment même dans les villes israéliennes tandis que pleuvent les missiles du Hezbollah. Ces violations sont passées sous silence par le Conseil. Quant au Hezbollah, qui méprise les civils libanais dont il se sert pour couvrir ses activités militaires, ses ambitions génocidaires ne constituent-elles pas des violations flagrantes du droit à la vie des populations civiles israéliennes, a demandé le représentant israélien? Il a regretté qu'elles n'aient suscité aucun écho au Conseil des droits de l'homme.
M. AMIN MELEIKA (Égypte) a indiqué que son pays condamne fermement l'agression israélienne qui frappe le Liban depuis un mois. L'Égypte condamne fermement les massacres de Cana et d'ailleurs, dans lesquels des enfants ont été tués. Jusqu'à quand la communauté internationale va-t-elle être hypocrite et continuer à fermer les yeux, s'est-il interrogé ? Quel est le tort des enfants de Cana ? Quelles que soient les raisons invoquées, rien ne justifiera les massacres des enfants de Cana, a insisté le représentant égyptien. Il a appelé à l'adoption par consensus du projet de résolution dont est aujourd'hui saisi le Conseil des droits de l'homme et a indiqué que son pays était favorable à l'envoi d'une commission d'enquête qui devra aussi déterminer le type d'armes utilisées par Israël au Liban.
M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a condamné les violations des droits de l'homme commises par Israël au Liban depuis un mois. Il a dénoncé les violations flagrantes du droit humanitaire que représentent les attaques contre les civils, attaques qui s'intensifient au motif de la légitime défense, et au mépris du droit international. Cette attitude est rendue possible par l'appui dont le pays bénéficie de la part des États-Unis, a fait observer le représentant. Il a déploré qu'à ce jour, aucune mesure n'a été prise contre ce pays. Il a demandé que cesse cet appui et que les principes du droit soient appliqués.
MME CAROLINE MILLER (Australie) s'est dite préoccupé par le caractère tendancieux de cette session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme. Elle a exprimé son soutien aux initiatives diplomatiques engagées et a estimé que, dans ce contexte, la tenue de cette session extraordinaire ne contribuera pas à la paix au Moyen-Orient. Assurant que son pays partage les préoccupations de la communauté internationale face à l'impact du conflit sur les civils en Israël et au Liban, la représentante australienne a fait part de ses condoléances aux gouvernements libanais et israélien ainsi qu'aux familles de toutes les personnes touchées. La représentante australienne a mis l'accent sur le droit d'Israël de se protéger contre les actions terroristes. En dehors de cette crise, a-t-elle déclaré, il existe une occasion de parvenir à une paix durable autour d'une solution au conflit israélo-palestinien fondée sur le principe de deux États.
M. DHARAR ABDUL-RAZZAK RAZZOOQI (Koweït) a dit que son pays condamnait aussi fermement qu'il était possible l'agression d'Israël contre le Liban. Le représentant a rappelé que le droit international humanitaire, bafoué par Israël, a pour objectif de mitiger les effets des conflits armés sur les populations. L'un de ses principes les plus importants est celui de la distinction entre civils et combattants, afin que les destructions inutiles soient évitées, a aussi fait valoir le représentant, qui a évoqué le porte-parole de l'armée d'Israël informant par voie de presse les populations avant de les bombarder - une interprétation très particulière du droit international, a ironisé le représentant. Le nombre de victimes s'élève à plus de mille à ce jour, surtout des femmes et des enfants. Comment est-il possible qu'un pays puisse continuer de violer ainsi le droit international? Comment lutter contre l'impunité dont bénéficie Israël? Le représentant a espéré qu'il reste encore quelqu'un en Israël pour entendre la voix de la raison.
M. NASSER RASHID AL NUAIMI (Qatar) a dénoncé les violations de droits de l'homme causées depuis un mois par l'agression israélienne contre le Liban. Israël continue de priver les convois humanitaires d'accès aux blessés et les organisations humanitaires ne peuvent donc pas s'acquitter de leurs travailler. La communauté internationale n'a rien fait pour mettre un terme aux massacres perpétrés depuis un mois, a déploré le représentant du Qatar. Israël viole impunément les conventions internationales. Il va falloir se décider à intervenir, en particulier pour lever l'embargo qui frappe le Liban. La présente session extraordinaire du Conseil constitue un véritable test: soit on agit, soit on poursuit dans l'hypocrisie.
M. FAWZI ABUSAA (Libye) a déploré le retard que la communauté internationale a mis à répondre à la situation de crise au Liban, retard qui a permis à la situation de dégénérer avec son cortège des destructions systématiques d'infrastructures et de massacres de femmes et d'enfants innocents. La Libye demande qu'un cessez-le-feu inconditionnel soit imposé par le Conseil de sécurité; l'agression israélienne est un crime de guerre, dont les responsables devront être punis, a dit le représentant, estimant qu'une commission d'enquête doit être dépêchée au Liban pour mesurer les effets de l'agression israélienne. Des couloirs humanitaires doivent être dégagés pour que les civils puissent être secourus, a-t-il aussi fait valoir.
M. ELSADIG ALMAGLY (Soudan) a dénoncé la démarche de la délégation qui a pris la parole devant le Conseil pour tenter de cacher la vérité. Les États-Unis dominent le Conseil de sécurité, a-t-il par ailleurs affirmé. Ils sont parvenus à faire toute une affaire de la crise du Darfour alors qu'il s'agit d'une crise à caractère tribal, a poursuivi le représentant soudanais. Le Conseil de sécurité n'est même pas parvenu à condamner le massacre de Cana, a-t-il déploré. Les Nations Unies ont perdu toute utilité, a-t-il estimé. La situation est très dangereuse, a déclaré le représentant soudanais. S'il veut conserver sa légitimité, ce Conseil doit s'activer et adopter une résolution, a-t-il affirmé.
M. ALI REZA MOAIYERI (Iran) a déclaré que la punition collective brutale dont souffre le peuple libanais porte la marque de l'agression israélienne, habituelle dans la région depuis des décennies. Les mots manquent pour décrire les massacres commis à Cana, qui semblent répondre à des exactions similaires commises au même endroit il y a dix ans. Il n'y a d'autre recours aujourd'hui que l'appel, par le Conseil des droits de l'homme, au respect des droits du peuple libanais, à l'instauration d'un cessez-le-feu immédiat ainsi qu'à l'envoi d'une mission d'enquête sur place pour faire la lumière sur les massacres commis par Israël au Liban, en violation du droit international humanitaire. La Haut-Commissaire pourrait se rendre sans tarder dans la région et enquêter sur les violations des droits de l'homme au Liban, comme par exemple les bombardements des infrastructures civiles ayant entraîné des milliers de morts et de blessés civils, comme à Cana, a dit le représentant.
MME AMY LAURENSON (Nouvelle-Zélande) a exprimé sa préoccupation face à la crise actuelle au Proche-Orient. Elle a demandé un arrêt immédiat des hostilités et a condamné la perte de vies civiles innocentes. Israël a réagi à la capture de soldats israéliens en procédant à une attaque à grande échelle au Liban, a-t-elle rappelé. L'action du Hezbollah est également inacceptable et la Nouvelle-Zélande condamne les tirs de roquettes du Hezbollah contre Israël, a-t-elle poursuivi. Les attaques de la part des deux parties doivent cesser, a affirmé la représentante néo-zélandaise. Il ne fait aucun doute que chaque État a le droit de se défendre, mais il doit pour se faire respecter le principe de proportionnalité, a-t-elle rappelé. La Nouvelle-Zélande appuie l'appel lancé par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies en faveur d'une enquête sur les violations du droit humanitaire international. Toutes les parties doivent faciliter l'acheminement en toute sécurité de l'aide humanitaire.
M. MOHAMMAD ABU-KOASH (Palestine) a déclaré que le second massacre de Cana, où des civils libanais sans défense ont trouvé la mort sous les bombes lancées de sang-froid par Israël, est symptomatique du mépris que ce pays témoigne pour le droit international et les droits de l'homme. Le Secrétaire général et le Haut-Commissaire ont tous deux condamné ce massacre. Cependant l'incapacité de la communauté internationale à réagir face à ces massacres ont précipité les événements. Seule l'imposition d'un cessez-le-feu immédiat pourra mettre un terme aux crimes de guerre commis par Israël, qui devra être tenu pour responsable des tragédies infligées au Liban. Une commission d'enquête doit être dépêchée sur place conformément à la résolution dont le représentant a espéré l'adoption par consensus. Il a à cet égard déploré que la résolution adoptée précédemment par le Conseil au sujet de la Palestine n'ait pas encore été appliquée, les autorités israéliennes n'ayant pas répondu aux demandes de la commission d'enquête. Il est temps qu'Israël réalise que l'utilisation de la force au Liban ne lui apportera aucun gain politique. Israël et ses partisans doivent enfin réaliser que c'est l'occupation israélienne en Palestine, en Syrie et au Liban qui est à la source de l'instabilité et des troubles dans la région, a conclu le représentant.
M. JUAN E. EGUIGUREN (Chili) a déploré les centaines de victimes civiles au Liban suite aux actions militaires israéliennes hors de toute proportion. Il s'est inquiété des conséquences à long terme que les destructions causées auront pour la jouissance des droits de l'homme des populations. Il a également condamné les attaques du Hezbollah qui ont entraîné de nombreux déplacements de population dans le nord d'Israël. La responsabilité primordiale des parties est d'éviter toute souffrance inutile parmi les populations civiles, a-t-il rappelé. Il a demandé la cessation immédiate des hostilités et a souhaité que l'aide humanitaire puisse parvenir en toute sécurité aux populations qui en ont besoin. Le Chili appuie tous les efforts multilatéraux déployés dans le cadre de la Charte pour parvenir à une paix dans la région.
M. GHASSAN OBEID (Syrie) a déclaré que la déclaration du représentant d'Israël ne visait en fait qu'à taire la vérité sur la réalité de l'occupation illégale à laquelle se livre ce pays. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le Conseil doit se pencher sur des violations du droit humanitaire par Israël, un thème qui devrait être inscrit à l'ordre du jour permanent du Conseil des droits de l'homme, a dit le représentant. L'agression militaire israélienne n'épargne personne, a-t-il poursuivi, et s'assimile à des crimes de guerre. Israël a en effet commis massacre après massacre, à commencer par celui de Cana, les victimes étant toujours des civils de toutes les nationalités. Le représentant de la Syrie a appelé la communauté internationale à s'opposer à cette agression et à venir en aide aux nombreuses victimes.
MME RAQUEL POITEVIEN CABRAL (Venezuela) a rappelé que son pays est co-auteur du projet de résolution dont est aujourd'hui saisi le Conseil des droits de l'homme. Elle a souligné que le Venezuela a apporté une aide humanitaire avec l'envoi de trois tonnes d'aide alimentaire. Le Gouvernement vénézuélien a également lancé une campagne nationale de solidarité avec le peuple libanais, a-t-elle indiqué. Le plus important est qu'il y ait un cessez-le-feu immédiat et que ce conflit prenne fin, a souligné la représentante. Mais la décision, en la matière, ne dépend pas du Conseil des droits de l'homme mais du Conseil de sécurité, a-t-elle ajouté.
M. WARREN TICHENOR (États-Unis) a déclaré que son pays était lui aussi très préoccupé par les souffrances du peuple libanais, assurant que les États-Unis, au sein du Conseil de sécurité, œuvrent activement pour trouver une solution à ce conflit. De son côté, le Conseil des droits de l'homme doit se contenter d'agir de manière impartiale et non sélective, ce que la résolution proposée n'est pas. La situation actuelle résulte de l'attaque du Hezbollah, qui n'a pas hésité à lancer des milliers de missiles contre la population d'Israël. Ce dernier a le droit de défendre son pays et ses citoyens, dans le respect du droit international. Le Hezbollah ne respecte pas ces principes et se cache délibérément au sein de la population civile, ainsi qu'il a été relevé dans le rapport du Secrétaire général adjoint. La communauté internationale doit s'exprimer d'une seule voix et le Conseil de droits de l'homme devrait s'abstenir de prendre des initiatives qui viendraient saper l'action des membres du Conseil de sécurité, a dit le représentant.
M. ADEL AL-BAKILI (Yémen) a souligné que son pays est contre ceux qui voudraient transformer le Liban en terre brûlée sous prétexte de l'autodéfense. Ne faudrait-il pas se demander si la situation actuelle ne serait pas plutôt due à l'occupation israélienne en Palestine et au Liban, s'est-il interrogé ? Le Conseil des droits de l'homme devrait condamner fermement l'agression sanglante qui a détruit le Liban, a-t-il poursuivi. À l'heure actuelle, c'est la crédibilité du Conseil de sécurité qui est en jeu. Depuis 1948, les résolutions du Conseil de sécurité contre Israël sont restées lettre morte. En revanche, il adopte des résolutions contre les pays arabes et impose leur mise en application.
M. ADEL ESSA AL MAHRI (Émirats arabes unis) a dit qu'Israël menait une guerre disproportionnée contre le Liban, avec des bombardements au phosphore et aux obus à fragmentation, qui sont des armes illégales. Israël méprise ainsi les dispositions du droit international protégeant les civils contre les actes de guerre. Le droit à la vie du peuple libanais est compromis, avec le risque très réel d'une catastrophe humanitaire de grande ampleur au Liban. Israël commet des crimes horribles au nom de sa sécurité, mettant en péril les efforts de la communauté internationale de trouver une solution durable au conflit qui secoue la région, a dit le représentant. Ce dernier a en outre estimé qu'une commission d'enquête devrait être dépêchée au Liban pour évaluer, notamment, l'ampleur des dommages causés par l'attaque israélienne et l'utilisation d'armes interdites par les conventions internationales.
M. SERGEI ALEINIK (Bélarus) s'est dit gravement préoccupé par l'escalade de la violence au Moyen-Orient où les victimes innocentes se trouvent parmi la population civile. Il s'est dit favorable à la résolution pacifique du conflit, par la négociation. Il a dénoncé la tendance actuelle à intervenir arbitrairement sur le territoire d'un État souverain sans l'aval des Nations Unies. La communauté internationale doit mettre un terme au conflit et demander la cessation immédiate des hostilités, a-t-il affirmé. Il a souligné que le Bélarus soutient le projet de résolution aujourd'hui présenté au Conseil des droits de l'homme par l'Organisation de la Conférence islamique. En outre, le Bélarus est en train d'étudier la question de l'envoi d'une aide humanitaire au Liban, a-t-il indiqué.
M. MOHAMED SALECK OULD MOHAMED LEMINE (Mauritanie) a dit que son pays était particulièrement préoccupé par l'ampleur des pertes humaines qui touchent des civils libanais innocents et par la destruction délibérée et à grande échelle des infrastructures du Liban. La poursuite de cette escalade interpelle la conscience humaine et chaque instant qui passe sans y mettre fin constitue une défaite pour la communauté internationale, a estimé le représentant. Le Conseil des droits de l'homme doit à cet égard peser de tout son poids moral en vue d'un arrêt total, immédiat et durable des hostilités, une condition indispensable au retour à la raison. L'adoption à une large majorité du projet de résolution présenté au Conseil constituerait un signe fort et positif et marquerait du même coup un bon départ pour cet organe. Le Gouvernement libanais ne cesse de manifester sa bonne volonté et sa détermination à assumer ses responsabilités. Le plan en sept points qu'il a proposé constitue une base globale à même de parer, à l'avenir, à tout risque d'embrasement dans la région, a dit le représentant, qui a fait valoir la nécessité de relancer le dialogue et la négociation. Les conditions d'un règlement juste et durable sont bien connues: il suffit qu'Israël se retire de tous les territoires arabes occupés en 1967 et que le peuple palestinien recouvre ses droits légitimes et inaliénables, a conclu le représentant.
M. SILVANO TOMASI (Saint-Siège) s'est dit convaincu que le cercle vicieux du conflit au Liban et dans la région du Moyen-Orient peut être rompu si l'on permet à la raison, à la bonne volonté, à la confiance mutuelle, au respect des engagements et à la coopération entre partenaires responsables de prévaloir. Une première étape immédiate d'une telle approche éthique consisterait à parvenir à un cessez-le-feu immédiat, avant tout pour protéger la population civile. La violence de ces dernières semaines détruit un modèle prometteur de convivialité nationale, construit sur des siècles, alors que l'ensemble de la région pourrait tirer profit de l'application de ce modèle libanais. Aucune solution durable ne peut être trouvée en ayant recours au terrorisme ou au conflit armé.
M. SAAD ALFARARGI (Ligue des États arabes) a rappelé que la population du Liban, pays arabe fondateur de la Ligue en 1945, est aujourd'hui en butte à des violations massives de ses droits les plus fondamentaux. Les bombardements causent des morts, des destructions systématiques d'infrastructures, ainsi qu'en témoignent des organisations internationales comme Amnesty International ou la Croix-Rouge. Or, Israël doit assumer la responsabilité morale et pénale des auteurs de crimes contre l'humanité. Les États de l'Union européenne doivent être attentifs à la nécessité d'inciter Israël à respecter les droits des populations civiles protégées par le droit international, a dit le représentant. Ce dernier a enfin estimé que le Conseil, sous peine de se décrédibiliser, doit se prononcer fermement en faveur de la défense des droits de l'homme des civils libanais.
MME ASTRID HELLE AJAMAY (Norvège) s'est dite gravement préoccupée par l'escalade du conflit au Liban et a dénoncé les attaques répétées contre les civils, telles que celle de Cana. Les attaques aveugles contre des civils constituent des violations des Conventions de Genève, a-t-elle rappelé. La Norvège demande à Israël et au Hezbollah de respecter le droit humanitaire international et le droit international relatif aux droits de l'homme. La Norvège est gravement préoccupée par l'intention d'Israël d'élargir ses attaques. Aussi, la représentante norvégienne a-t-elle lancé un appel en faveur de la cessation des hostilités. Elle a également fait part de sa préoccupation face à la situation de la population civile en Cisjordanie et à Gaza qui continue d'être exposée à la violence.
MME CLEMENCIA FORERO UCROS (Colombie) a dit que son pays déplore vivement la situation au Liban, la destruction d'infrastructures civiles, les pertes humaines et le nombre immense des personnes déplacées. Il salue aussi la mémoire des quatre membres des forces des Nations Unies récemment tués en mission au Liban. La Colombie exprime ses condoléances aux familles des victimes libanaises et compte expédier vers le Liban une aide médicale. La Colombie demande l'arrêt de la violence et prône le retour du dialogue, seul moyen d'instaurer une paix durable.
M. ARTAK APITONIAN (Arménie) a souligné qu'il est difficile dans le présent conflit de démêler qui agit en représailles. Il a néanmoins condamné l'usage disproportionné de la force qui aboutit à des souffrances parmi les civils. Il a fait part de la volonté de son pays de participer à l'aide humanitaire pour soulager les souffrances des Libanais. L'Arménie appelle à une cessation immédiate et inconditionnelle des hostilités, afin d'éviter davantage de pertes civiles. Elle appelle à l'adoption rapide d'une résolution au Conseil de sécurité et appelle toutes les parties à ne ménager aucun effort pour parvenir à une solution qui mette un terme à la violence.
MME MARIETTE GRANGE (Human Rights Watch) a insisté sur la nécessité de considérer les cas de violation du droit international humanitaire commis par les deux parties et en particulier la confusion entre combattants et civils, citant, à titre d'exemples, le stockage d'armes à proximité de zones civiles par le Hezbollah et la prise pour cible par Israël de véhicules sanitaires. Elle a prié le Conseil de mandater une commission d'enquête pour répertorier les violations commises et à appeler toutes les parties à protéger les civils. Elle a encore invité les deux parties à collaborer.
M. PETER SPLINTER (Amnesty International) a rappelé le principe d'impartialité que doit respecter le Conseil des droits de l'homme. Il a souligné qu'Israël autant que le Hezbollah ont perpétré des violations flagrantes du droit international. Israël a tué plus de 800 civils au Liban. Les allégations israéliennes selon lesquelles les attaques d'Israël sont dirigées contre des cibles légitimes ne résistent pas à l'épreuve des faits. D'autre part, plusieurs attaques du Hezbollah ont ciblé semble-t-il intentionnellement des zones résidentielles. Amnesty International souhaite que le Secrétaire général de l'ONU envoie une commission d'enquête chargée d'examiner les violations du droit international perpétrées par toutes les parties.
M. LIOR HERMAN (Congrès juif mondial) a estimé que la tenue de cette session du Conseil des droits de l'homme au moment même où le problème était examiné par une autre instance, contrevenait en elle-même à la Charte des Nations Unies. De quel droit la présente assemblée, contrevenante à la Charte, se permettait-elle de juger des tiers et particulièrement Israël, a-t-il demandé? La Syrie et l'Iran sont des sponsors massifs du Hezbollah, a-t-il affirmé, et violent ainsi la Charte des Nations Unies par leur soutien à une organisation terroriste et leur appel à la disparition d'Israël. Indiquant qu'il revenait de Londres où venait d'être déjoué un complot terroriste, il a évoqué la situation de menace dans laquelle vivait une partie du monde et en particulier Israël.
M. NICHOLAS HOWEN (Commission internationale de juristes) a déclaré que les victimes au Liban et en Israël ne peuvent pas attendre et c'est pourquoi il est bon que se tienne la présente session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme. L'objectif du Conseil n'est pas d'être équilibré mais bien d'être impartial, a-t-il souligné. L'équilibre est une notion politique, a souligné le représentant, pas une notion de droits de l'homme. Il a plaidé en faveur de l'envoi d'une commission d'enquête sur les violations perpétrées par toutes les parties dans le cadre du conflit actuel. Le représentant de la Commission internationale de juristes a indiqué que son organisation a décidé de mettre en place une enquête juridique pour enquêter sur les violations du droit humanitaire au Liban.
M. GREGORIE THERY (Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme) a appelé la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour protéger la population civile libanaise, déjà lourdement touchée par les frappes israéliennes. Il a fait mention des déplacements massifs de population et dénoncé les attaques contre des objectifs civils par les deux parties, en violation des Conventions de Genève. Il a invité à un cesser le feu immédiat, à la création d'une commission d'enquête et a demandé que les coûts pour la reconstruction des infrastructures civiles détruites dans le cadre du conflit soient imputés aux responsables.
M. KLAUS NETTER Comité de coordination d'Organisations juives au nom également de B'nai B'rith International) a appuyé les négociations en cours au Conseil de sécurité et ailleurs visant à mettre un terme aux hostilités actuelles. La présente session extraordinaire porte atteinte à la réforme des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme sans contribuer à une solution viable, tout en empêchant le Conseil des droits de l'homme de traiter d'autres questions. Israël vise des cibles militaires alors que le Hezbollah envoie des milliers de roquettes sur Israël. Le Conseil doit rejeter le projet de résolution partial dont il est aujourd'hui saisi.
M. A SCHECHLA (Coalition internationale Habitat) a relevé que l'invasion israélienne n'était pas exceptionnelle et reflétait une politique systématique visant à terroriser des populations civiles. Il a demandé que le Conseil prenne des mesures immédiates et concrètes. Il a notamment évoqué la nécessité de mesures de prévention et d'indemnisation, la démilitarisation du Sud-Liban, l'arrêt immédiat des frappes contre des civils et l'envoi d'observateurs dans la région, sous l'égide de l'ONU.
M. ZAHA HASSAN (Association internationale des juristes démocrates) a déclaré que nous sommes témoins actuellement de l'échec du Conseil de sécurité à protéger les droits de l'homme. En effet, Israël bombarde le Liban depuis un mois, sans que cela n'entraîne de réaction de cet organe. La responsabilité d'États tiers est souvent évoquée dans le financement et le soutien militaire à Israël. À cet égard, le représentant a estimé que les États qui facilitent l'occupation illégale sont coresponsables des violations des droits de l'homme commises au Liban.
MME ALLESSANDRA AULA (Franciscain international) a rappelé que les franciscains travaillent dans la région, notamment au Liban, depuis des siècles. À ce titre, ils ont été des témoins privilégiés des souffrances endurées par la population civile libanaise. Informant le Conseil que Franciscain international prévoyait d'envoyer sur place des observateurs, elle a demandé à Israël de faciliter le travail de cette délégation lors de ce voyage et de lui permettre l'accès à la population. Au nom de son organisation, elle a affirmé ses regrets et sa désapprobation à l'égard des menaces formulées contre Israël tout en relevant le caractère disproportionné de la réplique mise en œuvre par le Gouvernement israélien.
M. R. J. RAJKUMAR (Pax Romana) a déclaré que voici cinq jours, la Sous-Commission des droits de l'homme exprimaient ses condoléances aux victimes des hostilités actuelles au Liban. Aujourd'hui, après quatre semaines de conflit, la population civile du Liban et du nord d'Israël est soumise aux horreurs de la guerre. La communauté internationale a failli dans sa mission de protection, a déploré le représentant, qui s'est demandé pendant combien de temps encore les efforts pour mettre un terme à la guerre resteront vains. Le Conseil doit protéger la population civile et c'est pourquoi Pax Romana exige la fin immédiate de la guerre et l'acheminement des secours aux populations civiles.
M. ERIC SOTTAS (Organisation mondiale contre la torture) a appelé le Conseil à jouer un rôle nouveau, dans le contexte présent, en permettant de parvenir à des résultats concrets et en évitant la rhétorique et les résolutions déséquilibrées et sans suivi qui ont disqualifié la Commission des droits de l'homme, sans pour autant renoncer à sa spécificité qui est de faire respecter le droit humanitaire par toutes les parties. L'OMCT a regretté les violations graves commises par les deux parties, notamment la prise d'otage du Hezbollah ayant conduit Israël à attaquer le Liban, visant, sans distinction, population et infrastructure civiles. Au nom de l'OMCT il a finalement demandé que soit mise en place une commission d'enquête, que soient répertoriées les violations commises contre les droits de l'homme et le droit humanitaire, d'identifier les auteurs de ces violations et d'engager des poursuites à leur encontre, d'identifier les victimes et les dommages subis et à assurer la pleine réparation desdits dommages.
M. DAVID LITTMAN (Union mondiale pour le judaïsme libéral) a dit que les liens étroits entre le hezbollah et l'Iran sont bien connus, comme en témoignent plusieurs documents irréfutables. Or l'Iran, par la voie de son gouvernement, exige l'éradication de l'État d'Israël tout en niant la réalité de la Shoah. Le représentant a demandé la condamnation du Hezbollah pour avoir continuellement appelé à la destruction d'Israël, mais aussi pour être à l'origine du conflit actuel. Il est temps de prendre des mesures radicales contre le terrorisme, seule condition de survie des démocraties, a conclu le représentant.
M. LAZARO PARY (Mouvement indien «Tupaj Amaru» au nom également du Conseil mondial pour la paix) a dit que l'hypocrisie de l'ancienne Europe, complice de l'état d'Israël armé jusqu'aux dents, a permis à cet État de se lancer depuis un mois dans une entreprise meurtrière au Liban, entraînant des massacres de civils et le déplacement massif de centaines de milliers de réfugiés. Ce plan s'inscrit dans la stratégie plus vaste des États-Unis de modeler la région conformément à ses intérêts, sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Les États-Unis et l'Europe s'opposent à toute résolution du conflit au sein des Nations Unies, a dit le représentant, qui a demandé l'envoi d'une mission d'enquête sur place.
M. HILLEL NEUER (United Nations Watch) a regretté que le Conseil des droits de l'homme tienne aujourd'hui une session spéciale mettant en cause Israël alors que le conflit a été initié par le Hezbollah. Cette session se tient aujourd'hui alors que des violations se poursuivent au Soudan, à Cuba, en Arabie Saoudite et dans d'autres pays, que le Conseil ignore totalement. Il a évoqué une conspiration et mentionné la partialité des Nations Unies qui contournent certaines règles pour dénoncer certaines nations. Pas un mot n'a été dit, a-t-il regretté, sur les attaques du Hezbollah contre des femmes et des enfants israéliens. Accusant le Hezbollah d'être une organisation terroriste aux ordres de la Syrie et de l'Iran, il a affirmé que ces pays sont justifiés dans leur objectif de destruction de l'État d'Israël par les nombreuses résolutions prises par l'ONU et ses organes, noyautés par le bloc arabe et islamique.
Exercice du droit de réponse
M. GÉBRAN SOUFAN (Liban) a déclaré que, lorsque les bombes tombent sur des civils dans leurs foyers, il est hypocrite, de la part d'Israël, de parler de terrorisme. Israël n'a pas le droit de détruire un pays. Les attaques israéliennes, y compris les atrocités commises à Cana et ailleurs, constituent de graves violations. Le Liban refuse que son territoire serve à certains pour régler leurs comptes.
M. GHASSAN OBEID (Syrie) a souligné que la déclaration du représentant du Congrès juif mondial ignorait totalement les dispositions de la Charte des Nations Unies. Cet intervenant a insulté la Syrie, dont une partie du territoire est encore occupé par Israël. Israël se livre à des atrocités contre les Arabes et continue de nier leurs droits dans les territoires qu'il occupe. Il a précisé que son intervention s'adressait également à United Nations Watch et à l'Union mondiale pour un judaïsme libéral.
Examen du projet de résolution
Déclarations des pays intéressés
M. ITZHAK LEVANON (Israël), intervenant également à titre de pays concerné, a affirmé que l'appel visant à convoquer cette session extraordinaire était unilatéral car ne sont pas ici abordés tous les aspects du conflit qui touche actuellement la région. Adopter une résolution partisane constituerait un échec pour le Conseil des droits de l'homme, qui ne devrait pas distinguer entre les souffrances endurées. Il faut faire preuve de courage en votant contre cette résolution.
M. GÉBRAN SOUFAN (Liban), intervenant également à titre de pays concerné, a demandé si un État avait le droit d'en détruire un autre. Le Gouvernement du Liban n'a pas été informé de l'opération menée par le Hezbollah. Il était prêt à recourir à l'arbitrage des Nations Unies à ce sujet. Israël a décidé d'avoir recours à des mesures de rétorsion complètement disproportionnées, comme en témoigne l'étendue des dommages respectifs subis par Israël et par le Liban. Si les violences et les violations des droits de l'homme ne cessent pas, le Liban a le droit de se plaindre du traitement qui lui est infligé de même qu'il a le droit d'exiger de pouvoir vivre dans la dignité. C'est pourquoi le représentant a appelé au vote en faveur de la résolution.
Déclarations des membres du Conseil sur le projet de résolution et explications de vote
M. PAUL MEYER (Canada) a souligné que le conflit israélo-libanais a entraîné des actions contraires au droit humanitaire international qui doivent donc être examinées par les parties contractantes aux conventions de Genève. Le Canada ne juge pas constructif que ce Conseil des droits de l'homme traite de questions analogues à celles traitées par le Conseil de sécurité. Le Canada votera donc contre ce projet de résolution.
M. BLAISE GODET (Suisse) a dit que son pays avait soigneusement examiné le projet de résolution et avait envisagé d'y apporter des modifications, afin que le Conseil puisse adopter une position utile et spécifique à la situation portée à son attention. La Suisse a souhaité que le Conseil réponde de manière appropriée à la situation grave résultant du conflit au Liban et fasse preuve d'une approche équilibrée et non discriminatoire. Le rôle du Conseil doit en effet de se préoccuper du sort de toutes les victimes des violations des droits de l'homme. Or, le texte proposé ne reflète pas complètement cette exigence et est encore trop sélectif, ce que regrette la Suisse, même si certains de ses éléments sont positifs. Pour cette raison la Suisse s'abstiendra lors du vote , a dit son représentant. Le Conseil devra à l'avenir renforcer ses capacités de dialogue et de recherche du consensus, a-t-il fait valoir.
M. CHOI HYUCK (République de Corée) a jugé très grave la situation au Liban et ailleurs au Moyen-Orient. La situation tragique au Sud-Liban et au nord d'Israël est préoccupante eu égard au grand nombre de victimes et de personnes déplacées et eu égard à la destruction de nombreuses infrastructures essentielles. Il faut que toutes les parties au conflit respectent les droits de l'homme et le droit humanitaire international, s'abstenant de toute violence contre les populations civiles. Il s'agit néanmoins surtout d'une question touchant la paix et la sécurité internationales. Étant donné que le Conseil de sécurité est déjà saisi de la question, il faut espérer qu'il prendra des mesures positives pour susciter une cessation des hostilités et un règlement du conflit. En outre, le projet de résolution dont est aujourd'hui saisi le Conseil des droits de l'homme n'envisage qu'un aspect du conflit et c'est pourquoi la délégation de la République de Corée s'abstiendra lors du vote sur ce texte.
M. VESA HIMANEN (Finlande, au nom de l'Union européenne), a fait part de sa grande préoccupation devant les destructions et les pertes de vies civiles au Liban. L'Union, qui appelle à la fin des hostilités, déplore qu'aucune véritable discussion n'ait eu lieu autour du texte proposé, même s'il faut saluer les efforts de dernière minute pour modifier la résolution. L'Union appuie les efforts du Secrétaire général concernant le lancement d'une enquête sur la situation au Liban. Le Conseil devrait se pencher sur toutes les violations des droits de l'homme. En l'état, la résolution ne prend en compte que le point de vue d'une seule partie. C'est pourquoi les États membres de l'Union et du Conseil s'abstiendront lors du vote.
M. MOHINDER SINGH GROVER (Inde) a indiqué que son pays aurait préféré une résolution tenant compte des préoccupations de tous afin que puisse être envoyé un message sans équivoque en faveur d'un cessez-le-feu et de la possibilité d'acheminer sans entrave l'aide humanitaire. Néanmoins, étant donné la situation, l'Inde donnera son aval à ce projet de résolution tel que révisé.
M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a dit que le projet de résolution n'était pas un document simple, même s'il faut reconnaître qu'il reflète dans une grande mesure la réalité de la situation. Le représentant a remercié les efforts de la Suisse et des coauteurs pour parvenir à une version plus équilibrée du texte, sinon parfaite. La Russie appuiera l'adoption de la résolution.
M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a indiqué que son pays a appuyé l'appel en vue de la convocation de cette session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme. Pour l'essentiel, les Philippines appuient le projet de résolution tel que révisé présenté aujourd'hui au Conseil. Elles auraient néanmoins souhaité qu'il soit plus équilibré. Aussi, les Philippines vont-elles s'abstenir lors du vote sur ce projet.
M. CARLOS RAMIRO MARTINEZ ALVARADO (Guatemala) a dit que son pays avait condamné les violences commises contre les civils dans le conflit qui oppose le Hezbollah et les forces israéliennes. Le Guatemala s'abstiendra cependant lors du vote, car il estime qu'il eut été préférable d'attendre le résultat des négociations en cours au Conseil de sécurité. D'autre part, il est difficile pour les observateurs de se faire une idée précise de la situation, le seul élément indubitable étant les souffrances des peuples israélien et libanais. En l'état actuel des choses, il faut se préoccuper du sort de ces populations dans les plus brefs délais, a dit le représentant qui a annoncé que son pays s'abstiendrait lors du vote.
M. MANUEL RODRIGUEZ CUADROS (Pérou, au nom également de l'Argentine, de l'Équateur, du Brésil et de l'Uruguay), a fait part de sa satisfaction face à la révision orale dont a fait l'objet la résolution adoptée aujourd'hui par le Conseil. Il a souligné que les pays au nom desquels il s'exprime ont voté en faveur de ce texte. Il a fait part de sa préoccupation face à la spirale de la violence des deux côtés de la frontière israélo-libanaise. Il a exhorté les parties à ouvrir des couloirs humanitaires sûrs afin de permettre l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations qui en ont besoin. Il faut espérer que les débats en cours au Conseil de sécurité aboutiront à une cessation des hostilités ouvrant la voie à une résolution durable des problèmes de la région. Les deux parties - Israël et le Hezbollah - doivent s'abstenir de recourir à la force et garantir la protection de la population civile, a insisté le représentant péruvien.
M. ICHIRO FUJISAKI (Japon) a dit sa tristesse de n'avoir pu soutenir le projet de résolution. Le Japon est conscient de la gravité de la situation et a souvent exprimé son inquiétude vis-à-vis des souffrances du peuple libanais, qui ne mérite pas le sort qui lui est fait aujourd'hui. Le Japon regrette qu'Israël continue ses bombardements malgré les appels de la communauté internationale. Il appelle à un cessez-le-feu immédiat et exhorte les parties concernées à faire preuve de la plus grande retenue. Les attaques du Hezbollah doivent être elles-aussi prises en compte, a précisé le représentant. Les amendements apportés par les coauteurs sont encore insuffisants, même s'ils vont dans le bon sens, a encore dit le représentant du Japon, regrettant que tous les efforts d'inclusion n'aient pas été consentis pour aboutir au consensus autour de la résolution.
M. MARC GIACOMINI (France) a indiqué que son pays regrette profondément qu'aucune discussion sur le texte soumis au Conseil des droits de l'homme n'ait été possible en temps utile, alors que la situation sur le terrain requiert une réaction consensuelle de la communauté internationale. Si les activités militaires d'Israël constituent une violation des droits de l'homme et du droit humanitaire international, le Hezbollah viole également, notamment par ses attaques de roquettes, le droit humanitaire. Il est regrettable que n'ait pu s'établir une démarche coopérative sur un sujet aussi grave et que le texte de la résolution n'ait pu être négocié. La France a donc dû voter contre ce texte, en dépit des efforts de dernière minute consentis par les auteurs de la résolution afin de prendre en compte ses préoccupations, efforts qui ont toutefois été insuffisants.
M. FRANCOIS NGANTCHA (Cameroun) s'est dit préoccupé par la situation au Liban et par la grave crise humanitaire qui en découle. Le Cameroun estime cependant que la résolution adoptée ce jour interfère avec les efforts en cours au Conseil de sécurité pour résoudre cette crise, c'est pourquoi il s'est abstenu lors du vote.
M. JOSE GUEVARA (Mexique) a fait part de la préoccupation de son pays face à la dégradation de la situation au Moyen-Orient. Le Mexique lance un appel en faveur de l'intensification des efforts diplomatiques afin que cessent toutes les hostilités. Il rappelle à toutes les parties leur devoir de respecter le droit humanitaire international et le droit relatif aux droits de l'homme. Les droits de l'homme ne peuvent être limités que dans des situations exceptionnelles clairement définies par le droit international. Il existe des droits de l'homme qui ne sont pas susceptibles de dérogation à des fins d'activités militaires. La résolution qu'a adoptée le Conseil met l'accent sur des faits qui ne constituent pas la totalité des faits de violence dans la région. Il aurait été souhaitable que ce texte fasse mention de la violence commise par le Hezbollah. En outre, le Mexique aurait souhaité que la résolution définisse un mandat plus large pour la commission d'enquête de haut niveau dont il appelle de ses vœux la création.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a remercié le Président du Conseil des droits de l'homme de la façon digne et efficace dont il a dirigé les travaux de la session extraordinaire et la Haut-Commissaire pour sa présence. Des hommes, des femmes et des enfants innocents sont tués tous les jours, ils doivent être sauvés, a dit le représentant. La clé de la résolution du problème se trouve à Tel Aviv, qui doit mettre un terme à ses bombardements. La cessation immédiate du conflit doit être imposée; le représentant pakistanais a demandé au Conseil de sécurité de se prononcer à ce sujet dans un délai de quelques heures, et non pas de quelques semaines comme il semble être question. Le Pakistan est par ailleurs affligé des votes négatifs enregistrés ce jour, estimant qu'ils seront difficiles à justifier dans les médias et devant l'opinion publique. La décision du Conseil ne résout rien cependant. Il importe maintenant que la commission d'enquête puisse accomplir sa mission dans les plus brefs délais, a ajouté le représentant. Il a insisté sur la nécessité d'apporter une aide humanitaire urgente au peuple palestinien, dont la situation menace de s'empirer encore. La politique ne doit pas l'emporter au point d'empêcher les membres du Conseil de rester aveugles aux souffrances des enfants libanais, a conclu le représentant pakistanais.
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