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LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LA CONFÉRENCE À RECOUVRER SON
AUTORITÉ ET ENGENDRER LES RÉSULTATS QUI FAÇONNENT L'HISTOIRE

Compte rendu de séance

La Conférence sur le désarmement a entendu ce matin le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a invité les membres de la Conférence à oublier leurs dissensions, à renoncer à leurs argumentations rebattues et à se montrer à la hauteur de la tâche.

S'il existe un groupe qui a le pouvoir collectif de mettre en garde contre ce danger où les États sont de plus en plus nombreux à se croire obligés d'acquérir des armes nucléaires et où ceux que l'on appelle les acteurs non étatiques savent trouver les instruments du terrorisme nucléaire. «On dirait que la communauté internationale s'est engagée dans cette deuxième voie comme une somnambule», a déploré le Secrétaire général.

Déplorant que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires perd de son autorité, le Secrétaire général a souligné qu'il fallait parvenir à une conception commune des menaces nucléaires les plus imminentes et convaincre que l'arme nucléaire est une fausse valeur. Certains pays ont renoncé à l'arme nucléaire, et M. Annan a invité les autres à ne pas céder aux séductions mensongères de l'atome. Il faut aussi trouver une solution à deux situations particulières, s'agissant de la péninsule de Corée et de l'Iran. À ces deux crises, il faut en ajouter une autre, celle de l'enlisement de la Conférence elle-même. M. Annan a néanmoins perçu le frémissement d'une nouvelle dynamique. Rappelant que l'ONU du XXIe siècle est résolue à avancer sur trois fronts à la fois: celui de la sécurité, celui du développement et celui des droits de l'homme, c'est à la Conférence d'être en première ligne s'agissant de la sécurité et de veiller à ce que les décisions prises rendent réellement le monde plus sûr et plus pacifique.

Les représentants de l'Autriche au nom de l'Union européenne, de l'Indonésie au nom du Groupe des 21, de la Chine, de la Suisse au nom du Groupe occidental et de l'Ukraine au nom du Groupe d'Europe orientale ont également pris la parole, soulignant notamment le nouvel élan qui a été donné ces derniers mois dans les travaux de la Conférence. L'espoir a été émis que le signal donné ce matin par le Secrétaire général permettrait de renforcer l'esprit de coopération constructive au sein de la Conférence afin de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve encore.

La Conférence du désarmement se réunit de nouveau demain matin à 10 heures pour entendre le Ministère des affaires étrangères du Myanmar, avant de reprendre son débat thématique sur les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive (armes radiologiques).

Déclaration du Secrétaire général

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a souligné que les membres de la Conférence du désarmement savent mieux que personne qu'à cette croisée des chemins deux voies divergentes s'offrent à nous. La première, celle du dialogue actif, conduit à un monde où les armes nucléaires cessent de proliférer et même reculent parce que la confiance et la concertation ont pris le dessus. La deuxième conduit à un monde où les États sont de plus en plus nombreux à se croire obligés d'acquérir des armes nucléaires et où ceux que l'on appelle les acteurs non étatiques savent trouver les instruments du terrorisme nucléaire. «On dirait que la communauté internationale s'est engagée dans cette deuxième voie comme une somnambule», a déploré le Secrétaire général. S'il existe un groupe qui a le pouvoir collectif de mettre en garde contre ce danger, c'est bien la Conférence du désarmement, qui mène depuis des années la lutte contre la propagation des armes meurtrières. Et s'il y a jamais eu un moment opportun pour surmonter l'impasse dans laquelle vos travaux piétinent depuis longtemps et porter de nouveau le désarmement sur le devant de la scène internationale, c'est bien aujourd'hui alors que nous venons d'enregistrer deux échecs cuisants s'agissant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires; le Traité perd de son autorité. Le pacte conclu entre les puissances nucléaires et le reste de la communauté internationale, pacte qui est le fondement du Traité, est aujourd'hui remis en question. Il nous faut parvenir à une conception commune des menaces nucléaires les plus imminentes. Nous devons convaincre que l'arme nucléaire est une fausse valeur. Certains pays ont renoncé à l'arme nucléaire, et M. Annan a invité les autres à ne pas céder aux séductions mensongères de l'atome.

Nous devons aussi trouver une solution à deux situations particulières: d'abord l'impasse dans la péninsule de Corée, au sujet de laquelle le Secrétaire général a exprimé l'espoir que les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée entendront ce que le monde est en train de leur dire et qu'ils prendront grand soin de ne pas rendre la situation dans la péninsule encore plus compliquée qu'elle ne l'est; ensuite l'Iran qui doit permettre à l'AIEA de garantir au reste du monde que ses activités nucléaires n'ont que des intentions pacifiques. Dans l'un et l'autre cas, il faudra trouver un règlement qui, non seulement, sera pacifique, mais renforcera aussi l'intégrité du Traité. À ces deux crises, il faut en ajouter une autre, celle de l'enlisement de la Conférence elle-même. M. Annan a néanmoins perçu le frémissement d'une nouvelle dynamique. Pour la première fois depuis 10 ans, la Conférence travaille selon un programme convenu qui permet de structurer le débat sur les questions les plus importantes. Elle est saisie des propositions et des idées présentées par la Chine et la Fédération de Russie pour prévenir la militarisation de l'espace, ainsi que des premiers éléments d'un instrument historique sur l'arrêt de la production de matières fissiles militaires. . Les mesures prises par les États-Unis, notamment la présentation au Sénat de trois importants instruments pour ratification, sont un signe prometteur, pouvant également renforcer le Traité. Il a dit espérer que ces quelques initiatives marquent le début d'une ère où la Conférence sera de nouveau productive.

Le Secrétaire général a rappelé que l'ONU du XXIe siècle est résolue à avancer sur trois fronts à la fois: celui de la sécurité, celui du développement et celui des droits de l'homme. Aucun ne va sans les autres, ils sont interdépendants, il est impossible, et serait vain, de progresser sur l'un sans avancer sur les autres. Or, les États Membres ont créé un nouveau Conseil des droits de l'homme, qui relance la défense de la dignité humaine; et ils ont approuvé les objectifs du Millénaire pour le développement, qui proposent le schéma d'un monde de justice et de prospérité durable. Le défi que la Conférence doit relever est d'être en première ligne en matière de sécurité et de veiller à ce que les politiques de sécurité rendent réellement notre monde plus sûr et plus pacifique, au lieu de menacer d'anéantissement des sociétés entières, et à ce que les droits de l'homme et le développement soient mis à la portée de tous.

«Je vous invite donc à oublier vos dissensions, à renoncer à vos argumentations rebattues et à vous monter à la hauteur de la tâche», a conclu le Secrétaire général. Si elle en a la volonté politique, la Conférence du désarmement peut recouvrer son autorité d'antan et engendrer les résultats concrets qui façonneront l'histoire. Voilà le défi, tel est le défi que vous devez relever».

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