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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SON DÉBAT SUR LA PRÉVENTION D'UNE COURSE AUX ARMEMENTS DANS L'ESPACE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, son débat structuré sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique en entendant des déclarations du Japon, de l'Algérie, du Canada et du Kazakhstan.

Dressant la liste d’un certain nombre de questions ayant émergé des discussions au sein de la Conférence et de différents séminaires, le Japon a notamment cité la question des débris dans l’espace, celle du partage d’informations concernant les activités opérationnelles des satellites, celle des attaques cybernétiques contre des données spatiales, celle des attaques directes contre des satellites ou encore celle du brouillage des transmissions par satellite. De l'avis du Japon, il conviendrait de classer ces questions et d’autres en fonction, notamment, de leur importance et de leur urgence. Soulignant que l'éventuel placement d’armes dans l’espace affecterait l’intérêt commun de l’humanité d’explorer l’espace à des fins pacifiques, le Kazakhstan a pour sa part appelé chacun, au sein de la Conférence, à travailler intensément pour parvenir à un accord sur les questions les plus urgentes, notamment la portée et les définitions applicables à un futur instrument juridique, la vérification, la transparence et les mesures d’instauration de la confiance.

En matière spatiale, la communauté internationale se trouve confrontée à des nouveaux défis face auxquels elle ne peut se dérober, a souligné l'Algérie; afin de relever ces défis, il faut se doter de nouveaux instruments ou mettre à jour ceux qui existent déjà, a-t-elle affirmé.

Le Canada a indiqué qu'il présentait aujourd’hui le rapport résumant la conférence qu’avait organisée au mois de mars dernier l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) sur le thème « Bâtir l’architecture d’une sécurité de l’espace durable » et a demandé que ce rapport soit distribué en tant que document officiel de la Conférence du désarmement.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi prochain, 20 juin, à 10 heures. La Conférence entendra les allocutions de plusieurs personnalités de haut rang. Elle entamera ensuite son débat consacré aux nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive; armes radiologiques. La semaine prochaine, la Conférence tiendra deux autres séances plénières, les mercredi 21 et jeudi 22 juin. Le 21 juin, à 11 heures, le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, interviendra devant la Conférence. Le lendemain, 22 juin, la Conférence poursuivra son segment de haut niveau en entendant les déclarations de personnalités de haut rang, avant de poursuivre son débat sur les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive; armes radiologiques.


Aperçu des déclarations

M. YOSHIKI MINE (Japon) a souligné que son pays, comme d’autres, s’intéresse à la sécurité dans l’espace. Du fait du rythme pris par l’innovation technique, il est devenu urgent pour la communauté internationale d’assurer le maintien de l’utilisation de l’espace à des fins pacifiques, a-t-il ajouté. Dressant la liste d’un certain nombre de questions ayant émergé des discussions sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique au sein de la Conférence et de différents séminaires, M. Mine a notamment cité la question des débris dans l’espace, celle du partage d’informations concernant les activités opérationnelles des satellites, celle des attaques cybernétiques contre des données spatiales, celle des attaques directes contre des satellites ou encore celle du brouillage des transmissions par satellite. Il conviendrait de classer ces questions et d’autres en fonction de leur importance, de leur urgence et de l’état actuel des efforts internationaux, a déclaré M. Mine, ajoutant qu’il faudrait également essayer de voir dans quelle mesure il est possible de traiter ces questions dans le cadre des institutions qui en sont responsables. M. Mine a par ailleurs rappelé que la technologie spatiale est souvent à double usage et que la formulation de règles dans ce domaine serait par nature complexe. À titre d’exemple, on peut rappeler que le système GPS peut guider une ogive vers sa cible mais peut aussi, à Tokyo, guider un chauffeur de taxi vers sa destination. M. Mine a d’autre part rappelé que le Comité des Nations Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace a mis sur pied un groupe de travail du sous-comité scientifique et technique qui a rédigé un projet de texte sur des directives de réduction des débris spatiaux ; le Japon soutient pleinement ces directives, a précisé M. Mine.

M. HAMZA KHELIF (Algérie) a indiqué que sa délégation souscrivait à la déclaration faite la semaine dernière par l’Indonésie au nom du Groupe des 21. Il a souligné que l’exploration de l’espace doit être réservée à des objectifs partagés par l’ensemble de l’humanité. Les bienfaits de l’utilisation pacifique de l’espace ont, entre autres, contribué aux progrès dans les domaines de la télédétection, de la navigation ou encore de la mise en place de systèmes d’alerte en cas de pollution ou de catastrophes naturelles. La question de la militarisation de l’espace est une question qui nous préoccupe de par son potentiel de déstabilisation et de menace pour la paix et la sécurité internationales, a poursuivi M. Khelif. Il existe un vrai danger de voir l’espace devenir un théâtre de confrontation militaire, a-t-il insisté. L’utilisation de micro-satellites dans des manœuvres à des fins de stratégie militaire est une possibilité qui ne laisse pas d’inquiéter. La communauté internationale se trouve donc confrontée à des nouveaux défis face auxquels elle ne peut se dérober. Afin de relever ces défis, il faut se doter de nouveaux instruments ou mettre à jour ceux qui existent déjà. L’Algérie attend avec impatience qu’une réunion d’experts soit organisée pour débattre des questions en rapport avec la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.

M. PAUL MEYER (Canada) a indiqué qu’il présentait aujourd’hui le rapport résumant la conférence qu’avait organisée au mois de mars dernier l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), avec le soutien de la Fédération de Russie, de la Chine et du Canada, sur le thème « Bâtir l’architecture d’une sécurité de l’espace durable ». Nombre des questions abordées ces derniers jours au sein de la Conférence du désarmement avaient déjà été étudiées par les experts de cette conférence de l’UNIDIR. M. Meyer a demandé que ce rapport, résumant la conférence susmentionnée, soit distribué en tant que document officiel de la Conférence du désarmement.

M. KAIRAT ABUSSEITOV (Kazakhstan) a rappelé que son pays est directement associé à des activités spatiales. Le Kazakhstan abrite en effet le site de lancement spatial de Baïkonour. Nous sommes en train de développer notre propre programme spatial avec nos homologues russes, a ajouté M. Abusseitov, précisant que le lancement du satellite KazSat-1, prévu le 18 juin prochain, fera date dans l’histoire du Kazakhstan. L'éventuel placement d’armes dans l’espace affecterait l’intérêt commun de l’humanité d’explorer l’espace à des fins pacifiques, a poursuivi M. Abusseitov. Aussi, a-t-il appelé chacun, au sein de la Conférence, à travailler intensément pour parvenir à un accord sur les questions les plus urgentes, notamment la portée et les définitions applicables à un futur instrument juridique, la vérification, la transparence et les mesures d’instauration de la confiance. Une définition claire de la notion d’armes dans l’espace reste la question la plus problématique, a estimé M. Abusseitov, soulignant qu’il existe une reconnaissance générale du fait que les programmes spatiaux nationaux comportent une composante de défense et que les experts auront le plus grand mal à établir une distinction entre armes offensives et besoins légitimes. M. Abusseitov a par ailleurs jugé pragmatique la proposition chinoise de mettre en suspens, pour l’instant, l’aspect vérification d’un futur traité.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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