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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DE HAUTS DIGNITAIRES DE LA
RÉPUBLIQUE DE CORÉE ET DU JAPON

Compte rendu de séance
La France et la Suisse souhaitent l'examen de la question des «infrastructures civiles critiques» dans le cadre du débat sur les nouveaux types d'armes de destruction massive

La Conférence sur le désarmement a entendu ce matin M. Ki-Moon Ban, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, et Mme Akiko Yamanaka, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon.

M. Ban a souligné que l'insécurité, réelle ou perçue, est souvent un motif principal pour chercher à acquérir des armes nucléaires. C'est pourquoi une réduction des préoccupations à cet égard devrait constituer une partie importante des efforts en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Rappelant les préparatifs de Pyongyang pour le lancement d'un missile, le ministre a déclaré que la question nucléaire de Corée du Nord constitue l'un des défis de sécurité les plus graves auxquels fait face actuellement à l'Asie du Nord-Est. Il a par ailleurs affirmé sa confiance que la Conférence pourrait bientôt parvenir à des résultats dans ses travaux, mais que cela exigeait le ferme engagement de tous en faveur de l'approche multilatérale, de la formulation d'une plate-forme commune pour renforcer la sécurité de tous les pays.

Mme Yamanaka a également constaté que la Conférence du désarmement semblait montrer, cette année, les premiers signes d'un nouvel élan. Dans cet esprit, un accord pour lancer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles sans conditions préalables répondrait aux intérêts de tous.

Entamant son débat structuré sur les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive (armes radiologiques) la Conférence du désarmement a par ailleurs entendu la Suisse et la France, qui ont abordé la question des «infrastructures civiles critiques», ainsi que la Fédération de Russie, le Bélarus et l'Allemagne. La République populaire démocratique de Corée est intervenue en réponse à la déclaration du Ministre des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée.

Demain, mercredi 21 juin, à 11 heures, M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, s'adressera à la Conférence du désarmement.

Déclarations de hauts représentants de la République de Corée et du Japon

M. KI-MOON BAN, Ministre des affaires étrangères et le commerce de la République de Corée, a affirmé sa confiance que la Conférence pourrait bientôt parvenir à des résultats dans ses travaux, mais que cela exigeait le ferme engagement de tous en faveur de l'approche multilatérale, de la formulation d'une plate-forme commune pour renforcer la sécurité de tous les pays. Un engagement mondial au plus haut niveau sur les questions de désarmement contribuerait certainement à recentrer l'attention du monde sur les menaces actuelles et futures que représentent les armes de destruction massive.

La République de Corée a pour sa part souscrit aux buts et objectifs de tous les traités de non-prolifération et de désarmement, et a activement participé à tous les efforts internationaux visant à assurer efficacement le respect des engagements politiques et juridiques de la non-prolifération. L'insécurité, réelle ou perçue, est souvent un motif principal pour chercher à acquérir des armes nucléaires. Ainsi, une réduction des préoccupations devrait constituer une partie importante des efforts en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération. «La question nucléaire de Corée du Nord» constitue, de l'avis de M. Ban, l'un des défis de sécurité les plus graves auxquels fait face actuellement à l'Asie du Nord-Est. Ces dernières semaines, les préparatifs de la «Corée du Nord» pour le lancement d'un missile ont alarmé le monde, et il y a maintenant une préoccupation profonde que le tir d'un missile à longue portée aurait des répercussions négatives sérieuses pour la stabilité sur la péninsule coréenne et l'Asie du Nord-Est, ainsi que pour des efforts internationaux contre la prolifération des armes de destruction massive.

MME AKIKO YAMANAKA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a constaté que, cette année, la Conférence du désarmement semblait montrer les premiers signes d'un nouvel élan. Les débats de fond sur un traité d'interdiction de la production des matières fissiles pour les armes nucléaires ont ouvert de nouvelles possibilités, qui doivent maintenant être transformées en action concrète. Les débats structurées ont permis un nouvel échange de vues sur les questions de fond; en revitalisant son travail, la Conférence doit s'attacher à œuvrer dans les domaines dans lesquels des progrès sont possibles, et devrait revoir l'approche qui tend à établir des liens entre les questions à l'examen. Chaque question devrait être examinée en vertu de ses propres mérites. La Conférence devrait également éviter de maintenir les approches du passé et réexaminer la situation actuelle avec des yeux neufs. Dans cet esprit, un accord pour lancer les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles sans conditions préalables répondrait aux aux intérêts de tous. Le temps est venu pour les membres de la Conférence de faire preuve de souplesse dans leur recherche d'un mode de fonctionnement créateur et pragmatique. Pendant les mois restants de la session de cette année, la Conférence devrait redoubler d'efforts de sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis si longtemps.

Déclarations dans le cadre du débat sur les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive (armes radiologiques)

M. JÜRG STREULI (Suisse), intervenant également au nom de la France sur la question des «infrastructures civiles critiques», a rappelé que, depuis maintenant deux ans, la Suisse et la France ont développé ensemble une réflexion sur les infrastructures civiles critiques. Il a attiré l'attention sur les exposés, présentations et ateliers organisés depuis 2003 sur la question. M. Streuli a également rappelé que la France et la Suisse ont mis en circulation de manière formelle, le 2 février dernier, un projet de mandat pour l'examen de la question.

C'est dans un esprit de recherche du consensus et d'enrichissement de la réflexion au sein de la Conférence que nous souhaiterions que le sujet des infrastructures civiles critiques soit examiné au sein de cette enceinte, a déclaré le représentant suisse. C'est avec cet objectif que la France et la Suisse ont fait venir aujourd'hui deux experts dont la contribution pourra enrichir les travaux de la Conférence qui se tiendront en séance officieuse cet après-midi. Elles ont aussi demandé la tenue d'une session informelle de la Conférence, qui aura lieu après cette séance, afin de partager certaines de leurs idées sur la question.

M. ANTON VASILIEV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation ne s'opposait pas à la nomination d'un coordonnateur spécial pour recueillir auprès des membres de la Conférence leurs vues quant à la manière la plus appropriée de traiter la question des nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive. Un compromis possible sur le programme de travail pourrait être trouvé grâce à une approche équilibrée sur les «quatre questions centrales», a suggéré M. Vassilev, ajoutant que la question des nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive n'est qu'une de ces questions. Il est évident que la Conférence du désarmement doit s'adapter aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis du monde d'aujourd'hui; une Conférence du désarmement qui ne fonctionne pas ne peut répondre à tous les défis. Elle devrait donc reprendre ses travaux de fond aussi tôt que possible. Il a conclut en soulignant que des mesures efficaces doivent être prises pour empêcher l'apparition de nouveaux types d'armes de destruction massive.

M. SERGEI ALEINIK (Bélarus) a également estimé qu'une réactivation des travaux de la Conférence dans certains domaines n'est possible que si les questions principales ont été réglées. Néanmoins, le Bélarus estime approprié de maintenir le point 5 sur les nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive (armes radiologiques) à l'ordre du jour de la Conférence. M. Aleinik a souligné que son pays a appuyé la proposition sur l'élaboration d'un traité international universel sur la production et la mise au point de nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive qui avait été formulée au sein de la Conférence, dans la mesure ou cette question concerne l'intérêt de la communauté internationale dans son ensemble. Un tel instrument pourrait créer une base juridique forte pour lutter contre la mise au point et la production de nouvelles armes de destruction massive. La communauté internationale devrait prendre toutes les mesures possibles pour adopter un instrument juridique international avant que la production de telles armes ne devienne réalité.

M. RICHARD NARICH (France) a pour sa part fait un exposé présentant les principaux aspects de la question des «infrastructures civiles critiques», expliquant notamment que la protection des infrastructures critiques peut-être abordée sous l'angle de la «continuité des activités» ou sous celui de la sécurité interne ou nationale. La notion d'infrastructure critique vise les installations nécessaires au fonctionnement normal d'un pays, a expliqué le Conseiller du Directeur de l'Institut national des hautes études de sécurité. Il s'agit par exemple des centrales nucléaires, des ports, des routes, etc. M. Narich a notamment souligné l'importance de la protection de ces infrastructures, qui est désormais au premier plan des préoccupations des pays en matière de sécurité dans un monde où risques et menaces se sont multipliés. Il a également noté une évolution et une extension du champ de ce concept. Ainsi, une infrastructure peut être critique car elle est importante pour le fonctionnement d'un ensemble d'activités, par exemple une installation électrique. Mais une infrastructure peut également être considérée comme critique car «symbolique». On pense bien entendu au World Trade Center de New York, mais on pourrait parler aussi bien de la Tour Eiffel ou du Parlement britannique. En conclusion, M. Narich a déclaré que renforcer la prévention, la protection, la réponse et le traitement post-crise, c'est renforcer l'ensemble des mécanismes par lesquels une société peut se défendre. C'est donc indirectement décourager le terrorisme par «d'autres moyens». Enfin, la guerre et la paix sont encore pour une très large part l'affaire des gouvernements. Le traitement des nouvelles menaces est l'affaire de tous: gouvernements, organisations internationales, secteur privé, recherche, société civile.

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne) a déclaré que la question des armes radiologiques a trop longtemps été considérée par beaucoup comme une question secondaire, parce que leur utilisation ne semblait pas constituer une menace imminente. Évoquant la nécessité de protéger les centrales nucléaires civiles contre des attaques, il a souligné que la constitution d'un inventaire mondial des matières radioactives devrait constituer un objectif à à long terme et exigerait un effort soutenu et concerté. Un régime international efficace pour maintenir les armes de destruction massive hors des mains des terroristes devrait être établi sur la base des mesures multilatérales de limitation des armements et de non-prolifération, car il ne s'agit plus d'une question de responsabilité seulement nationale, mais d'intérêt international. Les solutions internationales sont donc essentielles, car un système de la protection physique de ces matières ne peut être plus efficace que son maillon le plus faible. Une convention sur les armes radiologiques pourrait établir une norme internationale importante, qui fournirait un frein à l'acquisition des armes radiologiques, et un critère pour évaluer le comportement d'un État dans ce domaine.

M. MYONG-HUN AN (République populaire démocratique de Corée) répondant à l'intervention a salué la pratique qui permet aux représentants de haut rang d'apporter des contributions aux travaux de la Conférence, dans l'espoir qu'elles puissent apporter des points de vue instructifs et constructifs pour que la Conférence réalise des progrès en faveur d'un accord sur un programme de travail. Mais ce n'est pas du tout le genre d'intervention qui a été faite par le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée. La déclaration du ministre, en particulier sur la question coréenne, a été étonnamment agressif et inattendu, alors que des évolutions positives se dessinent entre le Nord et le Sud. Si la teneur de la déclaration du ministre reflète un changement d'attitude par le Gouvernement de la République de Corée, alors ce serait une trahison de la politique qu'il a affirmée par le passé. La délégation de la République populaire démocratique de Corée rejette les déclarations du Ministre de la République de Corée sur la question coréenne et souhaite que les déclarations de haut niveau soient utiles à la Conférence.

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
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