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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : PLUSIEURS DÉLÉGATIONS APPELLENT À D'AVANTAGE DE TRANSPARENCE DANS LE DOMAINE DU DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE

Compte rendu de séance
La République de Corée, l'Allemagne, le Venezuela, les Pays Bas, l'Italie, le Canada et l'Irlande se prononcent en faveur de mesures pour améliorer la transparence dans ce domaine

La Conférence du désarmement, poursuivant son débat sur le désarmement nucléaire entamé la semaine dernière, a entendu ce matin les interventions de la République de Corée, de l'Allemagne, du Venezuela, des Pays Bas, de l'Italie, du Canada et de l'Irlande, qui se sont toutes prononcées en faveur de mesures pour améliorer la transparence dans le domaine du désarmement nucléaire.

Les intervenants ont salué les efforts de désarmement nucléaire déployés par les États-Unis et la Fédération de Russie dans le cadre de leurs arrangements bilatéraux en vertu du Traité de Moscou, ou Traité sur la réduction des armements stratégiques offensifs, signé en 2002 par les deux pays. Tout en se félicitant des informations fournies par des États dotés de l'arme nucléaire au cours des débats, ils ont toutefois appelé à davantage de transparence de la part de ces États s'agissant de leurs programmes de désarmement nucléaire. Le Canada a notamment suggéré que les États-Unis et la Russie envisagent de fournir chaque année des indications sur les réductions d'armes nucléaires ainsi que sur leurs plans futurs de réductions.

La Directrice générale des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, Mme Kang Kyung-Wha, a pour sa part souligné que les États non dotés de l'arme nucléaire sont de plus en plus préoccupés par le rôle des armes nucléaires dans les politiques et les doctrines militaires de certains États dotés de l'arme nucléaire. La République de Corée estime que des précisions de la part des États dotés de l'arme nucléaire sur le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines militaires contribuerait à dissiper des craintes inutiles au sujet de leurs intentions. La question de l'irréversibilité prend par ailleurs une importance croissante parmi les questions relatives au désarmement nucléaire face à la possibilité de terrorisme nucléaire. C'est pourquoi, notamment, les matières fissiles doivent être éliminées de manière permanente et irréversible.

Plusieurs intervenants se sont d'autre part prononcés en faveur du commencement, dans les plus brefs délais, de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires au sein de la Conférence.

Pour sa part, le Venezuela a souhaité la création d'un comité spécial pour aborder la question du désarmement nucléaire. Tout en appuyant tous les efforts en faveur de la non-prolifération nucléaire et du désarmement, il souligne qu'ils ne devraient pas faire oublier le droit légitime des États d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. C'est pourquoi le Venezuela réitère l'importance, pour tous les États, de placer leurs installations nucléaires sous le régime de garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Le Secrétaire général de la Conférence du désarmement, Secrétaire général adjoint et Représentant personnel du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies auprès de la Conférence, M. Sergei Ordzhonikidze, Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a salué les propositions intéressantes qui ont été faites aujourd'hui concernant les procédures que pourrait adopter la Conférence et qui permettraient la création d'un nouveau climat et le franchissement d'une nouvelle étape dans les travaux de la Conférence.

La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 9 mars à 10 heures.

Déclarations

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne) a salué les réductions intervenues dans les arsenaux nucléaires depuis la fin de la guerre froide, notamment dans le cadre des Accords de Moscou. Il demeure néanmoins indispensable de parvenir à des réductions globales et de réaliser des progrès en réduisant les arsenaux dans le but de procéder à un désarmement nucléaire progressif et systématique. Il faut aussi assurer l'application du principe d'irréversibilité dans la mise en œuvre de toute mesure dans le domaine du désarmement et de la limitation des armes nucléaires en tant que contribution au maintien et au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité internationales. Les mesures de limitation des armements devraient également respecter les intérêts légitimes de tous les États en matière de sécurité tout en favorisant la stabilité.

L'Allemagne ressent une frustration de plus en plus vive devant la lenteur des progrès dans le domaine du désarmement nucléaire. De son avis, la Conférence du désarmement doit commencer des négociations en vue de l'interdiction de la production des matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires. Un traité sur la question constituerait une nouvelle mesure de désarmement et de non-prolifération nucléaire, témoignant de l'efficacité du multilatéralisme et constituant un élément essentiel du système de sécurité internationale. Par ailleurs, dans le cadre du processus global de désarmement nucléaire, les armes nucléaires non-stratégiques doivent également être réduites de façon vérifiable et irréversible par tous les États concernés. L'Allemagne approuve pleinement l'établissement d'un organe subsidiaire approprié de la Conférence pour traiter la question du désarmement nucléaire. Il a souligné que surmonter l'impasse au sein de la Conférence donnerait une impulsion
décisive au processus du désarmement nucléaire.

MME KANG KYUNG-WHA, Directeur général des organisations internationales au Ministère des affaires étrangères et du commerce de la République de Corée, a déclaré que son pays reconnaît l'importance du processus de réduction du nombre des ogives nucléaires et les engagements qui ont été pris pour d'autres réductions en vertu du Traité de Moscou. Mais la République de Corée souhaiterait des réductions plus importantes et des mesures visant à assurer l'irréversibilité (empêchant une utilisation ultérieure à des fins militaires). Par ailleurs, les États non dotés de l'arme nucléaire sont de plus en plus préoccupés par le rôle des armes nucléaires dans les politiques et les doctrines militaires de certains États dotés de l'arme nucléaire. À cet égard, Mme Kang a salué les informations fournies par certains États dotés de l'arme nucléaire au cours des quatre dernières séances plénières, qui ont permis d'identifier des éléments pour l'examen de questions telles que le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité, les moyens d'améliorer la transparence, le principe de l'irréversibilité et un traité d'interdiction de la production de matières fissiles.

La République de la Corée estime que des précisions de la part des États dotés de l'arme nucléaire sur le rôle des armes nucléaires dans leurs doctrines militaires contribuerait à dissiper des craintes inutiles au sujet de leurs intentions. Mme Kang a souligné à cet égard qu'une amélioration de la transparence contribuerait non seulement au renforcement de la confiance entre États dotés de l'arme nucléaire, mais fournirait également des références utiles afin de permettre aux États non dotés de l'arme nucléaire d'évaluer les progrès en matière de désarmement nucléaire. La question de l'irréversibilité a par ailleurs pris une importance croissante parmi les questions relatives au désarmement nucléaire face à la possibilité de terrorisme nucléaire. Les matières fissiles doivent être éliminées de manière permanente et irréversible. Tant au niveau multilatéral que bilatéral, des efforts significatifs sont en cours à cet égard. En conclusion, Mme Kang a souligné la priorité qu'accorde la République de Corée à un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Son pays estime que les négociations sur ce traité devraient commencer immédiatement.

Répondant à une question du Japon sur la position de son pays s'agissant de la «proposition des cinq ambassadeurs», la représentante de la République de Corée a rappelé la souplesse dont a fait preuve la délégation de son pays pour parvenir au consensus et a ajouté qu'elle accorde un rang prioritaire à la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles.

MME RAQUEL POITEVIEN CABRAL (Venezuela) a souligné qu'il fallait intensifier les efforts pour parvenir à un monde exempt d'armes nucléaires. Le Venezuela partage le sentiment de frustration de la communauté internationale face à l'échec de la septième Conférence du désarmement d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire. Tout en appuyant tous les efforts en faveur de la non-prolifération nucléaire et du désarmement, Mme Poitevin Cabral a souligné qu'ils ne devraient pas faire oublier le droit légitime des États d'utiliser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. C'est pourquoi le Venezuela réitère l'importance, pour tous les États, de placer leurs installations nucléaires sous le régime de garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Afin de relever les défis du désarmement nucléaire, le Venezuela invite la Conférence à établir un comité spécial pour aborder la question du désarmement nucléaire.

Mme Poitevin Cabral a souligné que le Venezuela est vivement préoccupé par l'existence de doctrines militaires qui envisagent toujours le recours aux armes nucléaires et qui affirment la nécessité de mettre au point davantage d'armes nucléaires et de les améliorer. Le Venezuela s'étonne qu'un État doté de l'arme nucléaire ait indiqué la possibilité de recourir à ses arsenaux nucléaires contre un État sans armes nucléaires. Les États dotés de l'arme nucléaire devraient accorder des assurances négatives de sécurité aux États non dotés de l'arme nucléaire par un traité internationalement contraignant.

M. JOHANNES LANDMAN (Pays Bas) a salué la transparence dont ont fait preuve certains États dotés de l'arme nucléaires lors du débat de la semaine dernière s'agissant de réductions dans leurs arsenaux nucléaires. Les Pays Bas encouragent les États dotés de l'arme nucléaire qui ne l'ont pas encore fait à suivre cet exemple. M. Landman a par ailleurs estimé que les négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles devraient commencer sans plus tarder en tant que première étape du désarmement nucléaire. Cela permettrait à la Conférence de générer un élan suffisant pour aborder les autres questions de son ordre du jour.

M. CARLO TREZZA (Italie) a salué les déclarations faites ce matin par la République de la Corée et l'Allemagne. Les deux pays ont abordé les questions relatives au principe de transparence et d'autres aspects importants du désarmement nucléaire. Tous deux ont également souligné la priorité qu'ils attachent à un traité d'interdiction de la production de matières fissiles. L'Italie salue ces interventions ainsi que celle du Venezuela.

M. PAUL MEYER (Canada) a lui aussi souligné l'importance du principe de transparence en matière de désarmement nucléaire et a estimé que la Conférence devrait se pencher plus avant sur cette question. Il a demandé à cet égard aux États dotés de l'arme nucléaire d'envisager de fournir chaque année des indications sur les réductions d'armes nucléaires depuis l'entrée en vigueur du Traité de Moscou, ainsi que sur leurs plans futurs de réductions. Un accord entre les États-Unis et la Russie pour convenir d'un nombre d'armes inférieur à celui qui est prévu serait également utile. S'agissant des défis auxquels est confrontée la Conférence du désarmement pour traiter davantage des questions de fond, il faudra faire plus, et il a salué les efforts du Président à cet égard.

MME MARY WHELAN (Irlande) s'est associée aux délégations qui souhaitent approfondir, au cours des prochaines semaines, les débats sur les quatre questions suggérées par le Président de la Conférence, à savoir le rôle des armes nucléaires dans des politiques de sécurité, l'amélioration de la transparence, le principe de l'irréversibilité et le traité d'interdiction de la production de matières fissiles. L'Irlande est particulièrement intéressée à discuter de la question du principe de transparence dans le domaine du désarmement nucléaire.


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