Aller au contenu principal

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LE ROYAUME-UNI APPELLE À COMMENCER LES DÉBATS SUR UN TRAITÉ D'INTERDICTION DES MATIÈRES FISSILES

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, M. Kim Howells, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, ainsi que des déclarations des Pays-Bas et du Canada.

M. Howells a estimé que le temps est venu pour les membres de la Conférence de s'engager de manière ciblée et de s'acquitter de leurs obligations. Le Royaume-Uni estime que le Traité de non-prolifération nucléaire constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et est convaincu qu'un traité d'interdiction des matières fissiles est une étape appropriée en matière de désarmement nucléaire.

Les Pays-Bas ont souhaité que la Conférence entame des négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles et ce, sans aucun préalable. Selon les Pays-Bas, un tel traité est la condition préalable à l'instauration d'un monde exempt d'armes nucléaires.

Le Canada a insisté sur la nécessité pour les membres de la Conférence de faire preuve d'esprit de compromis pour parvenir à l'adoption d'un programme de travail.

L'Ambassadeur Doru-Romulus Costea de Roumanie, qui entame cette semaine un mandat de quatre semaines en tant que Président de la Conférence, a souligné que sa présidence s'inscrit dans le cadre de l'action déjà engagée par les deux précédentes, action qu'elle entend consolider. Il a fait part de son intention de poursuivre la pratique qui consiste à tenir des séances plénières afin de débattre de toutes les questions inscrites à l'ordre du jour, en préparant et en menant un débat structuré sur un traité d'interdiction des matières fissiles.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi prochain, 30 mars 2006, à 10 heures.



Aperçu des déclarations

M. KIM HOWELLS (Royaume Uni) a déclaré que les préoccupations relatives au Traité de non-prolifération nucléaire et à la Conférence du désarmement, loin de conduire les membres de la Conférence au pessimisme, devraient les inciter à l'action. Le temps est venu pour les membres de la Conférence de s'engager de manière ciblée et de s'acquitter de leurs obligations. Le Royaume Uni estime que le TNP représente la pierre angulaire du régime de non-prolifération nucléaire et le cadre du désarmement nucléaire et il saisira toute occasion d'encourager l'ensemble des États à adopter le Protocole facultatif de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Bien que nous reconnaissions pleinement le droit des États qui s'acquittent de leurs obligations en vertu du TNP d'utiliser la technologie nucléaire et d'en tirer parti, conformément à l'article IV du TNP, il est clair que le cycle des combustibles nucléaires présentent des risques particulièrement graves de prolifération. C'est pourquoi le Royaume-Uni, fermement engagé en faveur du désarmement nucléaire, est convaincu qu'un traité d'interdiction des matières fissiles est une étape appropriée en matière de désarmement nucléaire.

M. Howells s'est félicité des efforts déployés par les membres de la Conférence du désarmement pour sortir de l'impasse et notamment de l'initiative de son Président destinée à revigorer ses travaux. Nombre d'idées ont été exprimées et nombre d'initiatives proposées par les membres de la Conférence du désarmement lors des réunions consacrées au désarmement nucléaire. On ne peut que se féliciter de cet enthousiasme et de cette énergie mais il convient de souligner que des accords ne seront pas conclus du jour au lendemain tant les intérêts divergent et ne seront pas facilement conciliés. Un processus de renforcement de la confiance et de la compréhension mutuelle entre les membres de la Conférence sera nécessaire et le Royaume uni est prêt à y contribuer.

Aucune délégation ne s'est opposée à l'ouverture de négociations sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, a constaté M. Howells. Il ne fait aucun doute que de telles négociations ne seront pas aisées. Mais nous pouvons, sans remettre en question la position de chacun, entamer les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles sans conditions préalables. Conscient de l'existence de divergences de vues parmi les membres de la Conférence du désarmement sur les priorités en la matière, le Royaume Uni est d'avis que seul un engagement déterminé en faveur de l'interdiction de la production de matières fissiles et l'absence de conditions préalables à la négociation permettront d'avancer sur cette question. Le fait que certaines questions ne puissent pas faire l'objet de négociation ne devrait pas être une excuse pour suspendre des négociations sur des questions dont la Conférence du désarmement pourrait se saisir dès à présent. La Conférence du désarmement est un mécanisme trop important pour qu'il reste inactif et nous devons faire en sorte qu'elle réponde aux défis actuels en matière de limitation des armements et du désarmement. Le temps est venu d'adopter une approche pragmatique et d'entamer les négociations relatives à l'interdiction des matières fissiles.

M. DORU-ROMULUS COSTEA (Roumanie), Président de la Conférence, a souligné que sa présidence s'inscrit dans le cadre de l'action déjà engagée par les deux précédentes action qu'elle entend consolider. Il a fait part de son intention de poursuivre la pratique qui consiste à tenir des séances plénières afin de débattre de toutes les questions inscrites à l'ordre du jour, en préparant et en menant un débat structuré sur un traité d'interdiction des matières fissiles. Ces deux exercices ont le même objectif final, à savoir fournir les conditions propices au lancement d'une activité de fond au sein de la Conférence.

Il y a exactement onze ans, le 23 mars 1995, a poursuivi M. Costea, l'Ambassadeur Shannon du Canada, en tant que Coordonnateur spécial, présentait son rapport sur les résultats des consultations qu'il avait menées quant à la manière la plus appropriée de négocier un traité d'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire. Il s'agit là d'une coïncidence heureuse alors que la présidence roumaine de la Conférence a la chance d'engager des discussions approfondies sur les questions en rapport avec un tel traité. M. Costea a réitéré l'appel lancé aux délégations pour qu'elles envoient des experts de leurs capitales respectives afin d'avoir un échange de vues approfondi; qu'elles préparent suffisamment à l'avance des documents de travail sur des questions spécifiques se rapportant à un traité d'interdiction des matières fissiles; et, le cas échéant, qu'elles proposent des événements parallèles, éventuellement en coopération avec les organisations non gouvernementales.

M. JOAHNNES C. LANDMAN (Pays-Bas) a souligné que la Conférence du désarmement allait ouvrir la discussion sur un instrument d'interdiction de la production de matières fissiles et émis l'espoir que les débats sur ce sujet seront fructueux. Les Pays-Bas sont d'avis que l'adoption d'un tel instrument est une étape logique, même si elle n'est pas l'ultime étape, dans l'agenda international en matière de désarmement nucléaire. Le premier objectif de cet instrument est de s'assurer que la production d'uranium enrichi et de plutonium ne soit pas utilisée à des fins d'armement nucléaire. Cet instrument devrait en outre renforcer le stockage dans des conditions de sécurité et la tenue de l'inventaire des matières fissiles afin de prévenir la prolifération de matériels nucléaires. La menace croissante résultant de l'accès d'acteurs non étatiques aux matières fissiles devrait à elle seule nous déterminer à ouvrir des négociations. Le terrorisme n'étant pas un phénomène limité à une certaine région du monde mais un phénomène global, il est dans l'intérêt de la communauté internationale dans son entier, et on pas seulement celui d'une poignée d'États, d'entamer des négociations sans conditions préalables. Un tel traité est la condition préalable à l'instauration d'un monde exempt d'armes nucléaires.

M. PAUL MEYER (Canada) a insisté sur la nécessité pour les membres de la Conférence de faire preuve d'esprit de compromis pour parvenir à l'adoption d'un programme de travail. L'objectif premier des six présidents de la Conférence de cette année (P6) est de rapprocher la Conférence d'un consensus sur un programme de travail, a-t-il rappelé. Relevant que certains États n'étaient toujours pas prêts à se saisir d'un certain nombre de questions, il a souligné la nécessité pour la Conférence de sortir de l'impasse et d'aborder la question de l'interdiction de la production de matières fissiles dans le cadre plus général de la non-prolifération nucléaire. Il a invité tous les États qui ne l'ont pas encore fait à suivre l'exemple du Viet Nam, qui vient de signer le TNP.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel


DC06018F