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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS DE SON NOUVEAU PRÉSIDENT, DE L'ITALIE, DES PAYS-BAS, DE L'ALGÉRIE, D'ISRAËL ET DES ÉTATS-UNIS

Compte rendu de séance
Elle observe une minute de silence à la mémoire des victimes de l'ouragan Katrina, aux États-Unis, et des centaines de personnes qui ont péri hier à Bagdad

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de son nouveau Président, le Péruvien Manuel Rodriguez-Cuadros, ainsi que de l'Italie, des Pays-Bas, de l'Algérie, d'Israël et des États-Unis. Elle a également observé une minute de silence à la mémoire des victimes de l'ouragan Katrina qui vient de frapper les États-Unis ainsi qu'à la mémoire des plus de 900 personnes qui ont péri hier à Bagdad. Tous les intervenants ont exprimé leurs condoléances et leur solidarité à l'égard des États-Unis et de l'Iraq.

Dans sa déclaration, le nouveau Président de la Conférence a notamment déclaré que les énormes difficultés rencontrées pour dégager des visions partagées en matière de désarmement nucléaire et de sécurité internationale ne relèvent pas seulement d'une absence de volonté politique; il subsiste une divergence d'intérêts fondamentaux qu'il convient de reconnaître, a-t-il insisté. «Nous en sommes encore à un système international de transition, en particulier pour ce qui a trait aux aspects touchant à la paix et à la sécurité du monde», a ajouté M. Rodriguez-Cuadros.

En ce qui concerne la question du programme de travail de la Conférence, on ne peut que reconnaître qu'en dépit de sa valeur, le document «Matière à réflexion» n'est pas parvenu à recueillir le consensus, a par ailleurs déclaré M. Rodriguez-Cuadros, soucieux de faire preuve de réalisme constructif. Ce document, comme l'a été celui dit des «cinq Ambassadeurs», reste un élément de référence; mais la possibilité d'un consensus doit se fonder sur un texte qui, tout en reprenant une bonne part de ces deux documents, contienne de nouveaux apports permettant de concilier les positions. Il ne sera pas possible de sortir du blocage actuel que connaît la Conférence sans un minimum de concessions de part et d'autre, a ajouté M. Rodriguez-Cuadros.

L'Italie a exposé un certain nombre de points qui, selon elle, devraient être reflétés dans le rapport que la Conférence présentera cette année à l'Assemblée générale des Nations Unies. Le rapport devrait notamment souligner que les difficultés que rencontre la Conférence ne lui sont pas propres mais reflètent une situation générale bien plus large. En outre, la Conférence ne peut pas travailler dans le vide; elle doit être en phase avec les questions et les développements associés à l'environnement sécuritaire international actuel. Les délégations devraient donc pouvoir librement soulever ces questions et, de l'avis de l'Italie, cela aussi devrait être réitéré dans le rapport présenté à l'Assemblée générale.

En fin de séance, le Président de la Conférence a indiqué que le rapport de la Conférence à l'Assemblée générale, en cours de préparation, serait disponible dans toutes les langues officielles mercredi 7 septembre prochain. Il a précisé qu'il avait l'intention de procéder à une première lecture de ce rapport lors d'une réunion informelle qui se tiendra juste après la séance plénière du jeudi 15 septembre 2005.

M. Rodriguez-Cuadros a par ailleurs indiqué que compte tenu des fonctions de Ministre des affaires étrangères du Pérou qu'il exerçait encore il y a une semaine à peine, il devrait s'absenter assez souvent au mois de septembre; aussi, le Gouvernement péruvien a-t-il prévu de désigner M. Felix Calderon, actuel Ambassadeur du Pérou en Afrique du Sud et principal expert de la Chancellerie du Pérou en matière de désarmement, pour remplacer M. Rodriguez-Cuadros à la présidence de la Conférence.

La Conférence aurait dû tenir deux séances plénières la semaine prochaine, mais étant donné que le jeudi 8 septembre est un jour férié des Nations Unies, il n'y en aura qu'une. La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 6 septembre, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

M. MANUEL RODRIGUEZ-CUADROS, Président de la Conférence, a souligné qu'il assumait la présidence de la Conférence à un moment où le monde vit deux événements qui ont causé des centaines de morts et de nombreux blessés, à savoir, d'une part, les ravages causées par l'ouragan Katrina aux États-Unis et, d'autre part, les événements tragiques qu'a connus l'Iraq et qui ont fait plus de 900 morts. Aussi, au nom de la Conférence, M. Rodriguez-Cuadros a-t-il exprimé ses condoléances les plus sincères aux gouvernements et aux peuples des États-Unis et de l'Iraq, ainsi qu'aux familles des victimes. Il a appelé la Conférence à observer une minute de silence à la mémoire des victimes et en signe de solidarité avec leurs proches.

M. Rodriguez-Cuadros a ensuite souhaité la bienvenue au nouvel Ambassadeur des Pays-Bas devant la Conférence du désarmement, M. Johannes Landman. Il a également souhaité la bienvenue aux participants au Programme de bourse d'études des Nations Unies sur le désarmement qui assistent à la présente séance de la Conférence.

La situation internationale dans le domaine de la paix et de la sécurité continue d'être caractérisée par l'instabilité, a par ailleurs relevé le Président de la Conférence; c'est une situation de défi et d'ambivalence. Certains foyers de conflit commencent à évoluer dans le bon sens, a-t-il poursuivi. Tel est le cas du Moyen-Orient, a-t-il affirmé, précisant que la ferme décision du Gouvernement israélien de concrétiser avec succès le retrait des colonies établies dans la bande de Gaza et de certaines de celles situées en Cisjordanie, ainsi que l'attitude constructive adoptée dans le cadre de ce processus par l'Entité nationale palestinienne - indépendamment de certains faits de violence condamnables - laissent augurer d'une possibilité réelle de pouvoir reprendre les négociations de paix dans le contexte de la feuille de route. Il s'agit là d'une tendance positive, a insisté M. Rodriguez-Cuadros.

En même temps, les attentats terroristes perpétrés au Royaume-Uni ont rappelé aux consciences démocratiques du monde que «le conflit asymétrique» continue de constituer un facteur d'instabilité grave pour la paix et la sécurité internationales, a poursuivi le Président de la Conférence. De la même manière, les questions relatives au difficile contrôle de la prolifération nucléaire nous rappellent que la question cruciale des armes de destruction massive est devenue le principal défi lancé à la paix et à la sécurité internationales dans la conjoncture présente, a ajouté M. Rodriguez-Cuadros. Il a rappelé la frustration suscitée par le résultat de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération, qui n'a même pas abouti à un document final. Il s'agit là de tendances négatives.

Ces événements se produisent dans le contexte du processus de réforme des Nations Unies et de la préparation des importantes décisions que les chefs d'État et de gouvernement doivent prendre sous peu à New York, durant la réunion plénière de haut niveau de l'Assemblée générale. L'évolution des travaux de la Conférence doit incontestablement être appréhendée dans le cadre de ce processus général et en relation avec les perceptions nationales de sécurité - diverses et divergentes - que nombre d'États, en particulier ceux qui sont le plus concernés par le désarmement nucléaire, maintiennent encore en des termes très singuliers. Les énormes difficultés rencontrées pour dégager des visions partagées en matière de désarmement nucléaire et de sécurité internationale ne relèvent pas seulement d'une absence de volonté politique, a souligné M. Rodriguez-Cuadros; il subsiste une divergence d'intérêts fondamentaux qu'il convient de reconnaître, a-t-il insisté. «Nous en sommes encore à un système international de transition, en particulier pour ce qui a trait aux aspects touchant à la paix et à la sécurité du monde», a-t-il déclaré. En dépit de l'immobilisme qui a caractérisé la Conférence ces neuf dernières années, il serait inapproprié de penser que les possibilités de réactiver cette instance sont épuisées, a-t-il affirmé. Au cours de la présente session de la Conférence, des mouvements sont intervenus qui, aussi peu visibles et isolés soient-ils, n'en manquent pas moins d'avoir une signification. En témoigne notamment le nombre important de ministres des affaires étrangères qui se sont exprimés cette année devant la Conférence. En outre, l'Ambassadeur Chris Sanders a présenté son document «Matière à réflexion» dans lequel sont avancées des propositions intéressantes pour sortir de l'impasse actuelle. Enfin, l'initiative de l'Ambassadeur Wegger Strommen a permis d'organiser quatre réunions officielles de discussions sur chacun des quatre thèmes identifiés comme étant prioritaires, à savoir: le désarmement nucléaire, les matières fissiles, les garanties négatives de sécurité et la course aux armements dans l'espace. Pour autant, on ne peut que reconnaître qu'en dépit de sa valeur, le document «Matière à réflexion» n'est pas parvenu à recueillir le consensus, a fait observer M. Rodriguez-Cuadros, soucieux de faire preuve de réalisme constructif. Ce document, comme l'a été celui dit des «cinq Ambassadeurs», reste un élément de référence; mais la possibilité d'un consensus doit se fonder sur un texte qui, tout en reprenant une bonne part de ces deux documents, contienne de nouveaux apports permettant de concilier les positions et de dégager des points de convergence voire de rencontre. M. Rodriguez-Cuadros a indiqué que durant sa présidence de la Conférence, qui sera suivie, à compter de janvier 2006 par celle de l'Ambassadeur Zdzislaw Rapacki de la Pologne, il entend poursuivre les consultations informelles aux fins de parvenir à la présentation d'un document qui contribuerait à la recherche d'un consensus. Il ne sera pas possible de sortir du blocage actuel que connaît la Conférence sans un minimum de concessions de part et d'autre, a souligné le Président de la Conférence. En fin de compte, ce qui est en jeu - au-delà du programme de travail -, c'est la viabilité future, dans le contexte de la réforme du système, de l'unique instance multilatérale de négociation de traités en matière de désarmement, a conclu M. Rodriguez-Cuadros.

M. CARLO TREZZA (Italie) s'est associé aux paroles de condoléances exprimées par M. Rodriguez-Cuadros à l'intention des États-Unis et de l'Iraq. Il a ensuite rappelé que l'une des tâches qui incombe désormais à la Conférence consiste à rédiger le rapport annuel qu'elle va présenter à l'Assemblée générale. Il ne saurait s'agir d'une routine, a-t-il déclaré. À la question de savoir si cette année a été pour la Conférence une année perdue, M. Trezza a répondu par l'affirmative, pour autant que l'on mesure les accomplissements à l'aune des négociations effectivement menées par cette instance dont la principale tâche est de négocier des accords dans le domaine du désarmement, du contrôle des armements et de la non-prolifération. La réponse est également affirmative si l'on mesure le succès à l'aune du compromis éventuellement réalisé s'agissant d'un programme de travail. Mais, il convient d'être plus nuancé et d'examiner l'évolution au sein de la Conférence à la lumière de la conjoncture internationale actuelle, a déclaré M. Trezza. Or, nous avons été témoins, cette année, des difficultés rencontrées par la Conférence d'examen du TNP pour parvenir à un consensus de fond sur ce qui, après tout, n'était qu'un examen régulier d'un traité existant. Aussi, ne doit-on pas se sentir trop découragé de se retrouver bloqué, au sein de la Conférence, dans un exercice bien plus ambitieux puisqu'il s'agit de légiférer au sujet de nouveaux instruments internationaux - éventuellement contraignants d'un point de vue juridique - se rapportant à des domaines qui ont des conséquences directes pour la paix et la sécurité internationales. Eu égard aux priorités divergentes qui existent aujourd'hui dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, nous ne pouvons guère être surpris de ne pas trouver un consensus. Aussi, dans son rapport à l'Assemblée générale, la Conférence devrait-elle souligner que les difficultés qu'elle rencontre ne lui sont pas propres mais reflètent une situation générale bien plus large. Il faudrait aussi que ce rapport reflète l'idée, largement exprimée durant les débats, selon laquelle la solution à nos problèmes est aussi une question de volonté politique et doit donc être abordée à un niveau politique, a ajouté M. Trezza.

Il serait également judicieux que le rapport à l'Assemblée générale indique que de nouveaux efforts ont été déployés afin de parvenir à un accord sur un programme de travail; des efforts qui étaient destinés à éclaircir les questions devant être négociées ou traitées au sein de la Conférence. Le rapport devrait souligner que la Conférence a tenu des débats thématiques constructifs sur les questions de l'ordre du jour identifiées comme essentielles. Ces séances thématiques ont permis de faire le point sur les positions des États membres. L'Italie est disposée à poursuivre de telles discussions sous la forme qui paraîtra le plus appropriée aux autres membres de la Conférence. La Conférence ne peut pas travailler dans le vide; elle doit être en phase avec les questions et les développements associés à l'environnement sécuritaire international actuel, a ajouté M. Trezza. Les délégations devraient donc pouvoir librement soulever ces questions et cela aussi devrait être réitéré dans le rapport présenté à l'Assemblée générale, a-t-il conclu.

M. JOAHNNES LANDMAN (Pays-Bas) a présenté au nouveau Président de la Conférence, M. Rodriguez-Cuadros, ses meilleurs vœux de succès. Il l'a assuré de tout l'appui de sa délégation. Il s'est également associé aux condoléances exprimées ce matin à l'intention des États-Unis et de l'Iraq.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) s'est lui aussi associé aux condoléances exprimées ce matin aux gouvernements de l'Iraq et des États-Unis. Il a également félicité M. Rodriguez-Cuadros pour son accession au poste de Président de la Conférence. La présidence de la Conférence est trop brève, a par ailleurs déclaré M. Jazaïry. Aussi, convient-il d'assurer la continuité de ce mandat et l'idée de mandats plus longs à la présidence paraît-elle logique, a-t-il estimé. Il a exprimé l'espoir qu'avec le retrait de l'occupation israélienne de Gaza, on puisse parler d'une première mesure de réalisation de la feuille de route. Il convient de rappeler que le nombre de colons installés ces dernières années en Cisjordanie est supérieur au nombre de ceux qui viennent de quitter Gaza, a poursuivi M. Jazaïry. Il a en outre souligné que les faits de violence dont M. Rodriguez-Cuadros a fait état ont surgi récemment de part et d'autre.

M. ITZHAK LEVANON (Israël) s'est lui aussi associé aux condoléances adressées ce matin aux gouvernements des États-Unis et de l'Iraq. Relevant les points de vue purement politiques exprimés par son collègue d'Algérie, il a affirmé qu'il eût été préférable d'associer à ces propos une reconnaissance du pas en avant fait par Israél, qui est un pas courageux.

M. THOMAS CYNKIN (États-Unis) a remercié le Président de la Conférence et les autres intervenants pour la solidarité qu'ils ont exprimée ce matin à l'égard des Etats-Unis et des victimes de l'ouragan Katrina.

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