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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS SUR SES TRAVAUX ET SUR LA COURSE AUX ARMEMENTS DANS L'ESPACE

Compte rendu de séance
Le Président de la Conférence se dit profondément choqué et attristé par l'assassinat du Ministre sri lankais des affaires étrangères

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, une déclaration de l'Égypte qui a plaidé en faveur de l'adoption d'un instrument juridiquement contraignant visant à prévenir le déploiement d'armes de destruction massive dans l'espace extra-atmosphérique. La Finlande, dont le représentant a fait une déclaration d'adieux, est intervenue sur l'état d'avancement des travaux de la Conférence. Sri Lanka, le Japon, la France et le Canada sont également intervenus.

Au nom des membres de la Conférence, le Président, M. Masood Khan du Pakistan, s'est dit profondément choqué et attristé par l'assassinat, vendredi dernier, du Ministre des affaires étrangères de Sri Lanka, M. Lakshman Kadirgamar. Déplorant vivement cet acte terroriste et insensé, M. Khan a exprimé l'espoir que les auteurs pourront être trouvés et traduits en justice. Le Président de la Conférence a transmis ses condoléances et toute sa sympathie à la famille du défunt ainsi qu'au Gouvernement et au peuple de Sri Lanka. Sri Lanka a pris la parole pour souligner que ces expressions de soutien lui sont d'un grand secours au moment où le pays s'attaque à ces actes méprisables de terrorisme.

Le Président a par ailleurs rendu hommage à l'Ambassadeur de la Finlande, M. Markku Reimaa, qui quitte ses fonctions auprès de la Conférence. Il a également adressé ses salutations à Mme Ann Pollack, de la Mission du Canada, qui quitte également Genève.

Dans son discours d'adieu, M. Reimaa a notamment rappelé que lorsqu'elle avait présidé la Conférence, au printemps 2002, la Finlande avait alors soumis une proposition, concise mais globale, figurant dans le document CD/1670. La France a affirmé que cette proposition de 2002 comptait parmi les plus ingénieuses et les plus brillantes mais aussi parmi celles qui ont été le plus près de recueillir le consensus au sein de la Conférence. Aussi, pourrait-il être opportun de la revisiter, a-t-il suggéré.

Le Président de la Conférence a par ailleurs salué la présence, dans la salle, des Messagers de la paix de Nagasaki et des citoyens de cette ville qui les accompagnent. Comme les années précédentes, les étudiants de Nagasaki sont venus visiter la branche genevoise du Département des affaires de désarmement en apportant des pétitions en faveur de l'abolition des armes nucléaires, adressées au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies par des milliers d'étudiants de Nagasaki et d'Hiroshima, a précisé M. Khan. Le Japon est intervenu pour souligner que la présence de ces étudiants revêt cette année une signification particulière en ce soixantième anniversaire des bombardements de Nagasaki et d'Hiroshima.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi prochain, 25 août, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

MME NAÉLA GABR (Égypte) a rendu hommage au Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, M. Lakshman Kadirgamar, assassiné vendredi dernier, et a souligné que l'Égypte condamne tous les actes de terreur.

L'Égypte est disposée à appuyer tous les efforts de la présidence de la Conférence pour relancer les travaux de cette instance, a par ailleurs indiqué Mme Gabr. Se félicitant que la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique soit l'une des principales questions discutées entre les délégations au sein de la Conférence. Elle a exprimé l'espoir que la résolution sur la question que son pays présente chaque année, en alternance avec le Sri Lanka, sera adoptée, cette année comme les autres années. L'Égypte est convaincue de la nécessité de l'adoption d'un instrument juridiquement contraignant visant en particulier à prévenir le déploiement d'armes de destruction massive dans l'espace extra-atmosphérique. Il faut espérer que le comité spécial sur la question retrouvera sa place au sein de la Conférence, a poursuivi Mme Gabr. L'Égypte est convaincue que tout traité sur la question doit non seulement viser à prévenir la militarisation de l'espace mais aussi comporter des mesures de coopération et d'assistance. L'espace doit rester un domaine de coopération et n'être utilisé qu'à des fins pacifiques, a insisté Mme Gabr.

M. MARKKU REIMAA (Finlande), adressant ses adieux à la Conférence, a fait observer que les arguments ne manquent pas pour souligner l'importance que revêt le dialogue au sein de cette instance. Le problème, en fait, semble résider dans la manière de hiérarchiser les questions, a-t-il estimé. Il a rappelé que lorsqu'elle avait présidé la Conférence, au printemps 2002, la Finlande n'avait ménagé aucun effort s'agissant de la question du programme de travail: en témoigne la proposition CD 1670, en date du 23 mai 2002. Cette proposition était concise mais globale, a fait valoir M. Reimaa. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, «je suis frustré mais pas outre mesure», car je ne présume pas que la Conférence doive automatiquement avoir un rôle ou un mécanisme pour résoudre les problèmes de désarmement de notre époque. Les problèmes ne sont pas à Genève, a souligné M. Reimaa; ils sont politiques et couvrent tant les approches conceptuelles que les priorités à court et moyen termes, ainsi que les objectifs à long terme et les questions de principes. Les progrès dans le domaine du désarmement devraient être facilités par des mesures visant à renforcer la sécurité des États et à améliorer la situation internationale générale, a poursuivi l'ambassadeur finlandais. L'universalité des accords pourrait également contribuer à accroître la confiance entre les États, a-t-il souligné.

Relevant que la situation internationale a beaucoup changé ces huit dernières années, M. Reimaa a rappelé que lorsque le groupe spécial sur l'interdiction des matières fissiles avait débuté ses travaux en août 1998, c'était juste après les essais nucléaires menés par l'Inde et le Pakistan. Aujourd'hui, il convient de relever que l'incapacité de la Conférence à poursuivre le travail sur l'interdiction des matières fissiles, dans les années qui ont suivi, figure au nombre des déceptions les plus vives. Lorsque la Finlande assumait la présidence de la Conférence, il y a trois ans, elle avait pu constater que ses collègues étaient disposés à engager le travail de fond; c'était juste après les attaques terroristes aux États-Unis, a rappelé M. Reimaa, et l'adoption récente d'une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le terrorisme et les armes de destruction massive. Il a déclaré qu'il avait aujourd'hui le sentiment que la Conférence en est revenue à chercher des réponses aux mêmes questions. «Nous allons certainement analyser avec grand intérêt les récentes annonces en provenance de Washington et de New Delhi», a poursuivi M. Reimaa; elles pourraient en effet avoir un impact sur les questions auxquelles nous sommes normalement censés nous attaquer ici, à Genève. Les questions relatives au Traité de non-prolifération et au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires sont aussi particulièrement importantes, a souligné l'ambassadeur finlandais. Il a pris note avec intérêt des mentions qui ont été faites quant au rôle de la Conférence, s'agissant en particulier de la nécessité de parvenir à un traité sur l'interdiction des matières fissiles. La Finlande est disposée à engager aussi des discussions sur d'autres questions de fond que d'autres délégations jugent importantes, a-t-il rappelé. S'adressant aux membres de la Conférence, il les a exhortés à ne pas donner l'impression qu'ils ont besoin de garanties quant au résultat final des négociations avant même d'avoir commencé les négociations.

MME SARALA M. FERNANDO (Sri Lanka) a remercié les membres de la Conférence pour la tristesse qu'ils ont exprimée suite au décès du Ministre sri-lankais des affaires étrangères; M. Lakshman Kadirgamar. Ces expressions de soutien nous sont d'un grand secours au moment où le pays s'attaque à ces actes méprisables de terrorisme, a-t-elle déclaré.

M. KAZUYA OGAWA (Japon) a souhaité la bienvenue aux Messagers de la paix de Nagasaki qui suivent ce matin les travaux de la Conférence. Ces étudiants viennent à la Conférence depuis 1998, mais cette année, leur présence revêt une signification particulière étant donné qu'elle marque le soixantième anniversaire des bombardements de Nagasaki et d'Hiroshima, a-t-il rappelé. Il a mis l'accent sur le rôle important que jouent ces messagers de la paix pour sensibiliser le monde à l'horreur des armements nucléaires et pour promouvoir le désarmement nucléaire. Il faut espérer que la communauté internationale écoutera le message de ces étudiants afin que la destruction provoquée par les armes nucléaires ne se reproduise plus jamais, a-t-il conclu.

M. FRANÇOIS RIVASSEAU (France) a affirmé que la Conférence perd beaucoup, tant en amitié qu'en expertise, avec le départ de l'Ambassadeur Reimaa de Finlande. Les propositions de 2002 que M. Reimaa a mentionnées dans son discours comptent parmi les plus ingénieuses et les plus brillantes, mais aussi parmi celles qui ont été le plus près de recueillir le consensus, a souligné M. Rivasseau. Il pourrait être opportun de les revisiter, a-t-il déclaré. Il a par ailleurs exprimé l'espoir que l'Ambassadeur Reimaa attachera son nom à un protocole sur les mines autres que les mines antipersonnel.

MME ANN POLLACK (Canada) a remercié les différents intervenants pour les salutations qu'ils lui ont adressées à l'occasion de son départ de la Conférence et a exprimé l'espoir que cette instance puisse arriver prochainement à un accord sur un programme de travail.

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