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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT REPREND LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2005

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, la première séance plénière de la troisième et dernière partie de sa session de 2005, qui se terminera le 23 septembre.

En début de séance, le Président de la Conférence, M. Masood Khan du Pakistan, a souhaité la bienvenue aux nouveaux représentants de l'Allemagne, de la Bulgarie et de l'Équateur auprès de la Conférence, respectivement MM. Bernhard Brasack, Petko Draganov et Juan Carlos Faidutti Estrada, qui ont fait des déclarations ce matin. Il a également salué la participation aux travaux de la Conférence du représentant de la Slovaquie, M. Kálmán Petöcz, qui a fait une déclaration d'adieux. Les quatre ambassadeurs ont appelé à de nouveaux efforts et à la volonté politique des États membres pour sortir la Conférence du désarmement de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis plusieurs années.

La Conférence du désarmement a par ailleurs entendu le représentant de l'Italie, qui a dit sa conviction que la Conférence du désarmement devait continuer d'être le lieu privilégié de toute évolution dans le domaine du désarmement multilatéral, et de la Suisse, qui a abordé, au nom également de la France, la question de la «protection des infrastructures critiques», notamment face à la menace terroriste, dans le cadre des «nouveaux sujets» pouvant faire l'objet d'un examen par la Conférence du désarmement.

Les États-Unis et la Fédération de Russie sont par ailleurs intervenus au sujet d'une réunion sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, organisée par ce dernier pays le 16 août prochain. Les États-Unis ont souligné que la Conférence n'avait pris aucune décision au sujet d'une telle réunion et la Fédération de Russie a invité tous les membres de la Conférence à y participer.

En fin de séance, le Président a indiqué qu'il avait rencontré les représentants des groupes régionaux au cours de la pause dans les travaux de la Conférence, et a constaté qu'aucune nouvelle proposition n'avait été présentée.

La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le jeudi 18 août, à 10 heures.

Aperçu des déclarations

M. BERNHARD BRASACK (Allemagne), dont la présente séance est la première participation en tant que représentant de l'Allemagne auprès de la Conférence du désarmement, a rappelé que son pays soutient tous les efforts qui visent à rapprocher la Conférence de l'adoption d'un programme de travail, en particulier la proposition dite des cinq Ambassadeurs, qui constitue une proposition de compromis global acceptable tenant compte des différentes priorités et préoccupations de sécurité. Comme l'atteste le vaste soutien que recueille, dans tous les groupes, la proposition des cinq Ambassadeurs, l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence ne vient pas de la structure par groupes régionaux, a estimé M. Brasack. Le représentant allemand a indiqué qu'il partageait l'analyse du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui affirmait que si le succès du multilatéralisme n'est pas toujours garanti, les États n'ont toutefois aucune alternative raisonnable que celle de travailler ensemble. Débloquer la Conférence du désarmement enverrait un signe tangible de la volonté de poursuivre de manière déterminée les efforts de désarmement global, a ajouté M. Brasack. Il a souligné que c'est avec grand plaisir et dans la confiance qu'il entendait assumer ses fonctions d'Ambassadeur de l'Allemagne en cette période pleine de défis.

M. PETKO DRAGANOV (Bulgarie), assumant également ses fonctions de représentant de son pays auprès de la Conférence, a rappelé qu'il avait déjà eu l'honneur de présider la Conférence en août 2000. À cette époque, les membres de la Conférence avaient constaté que l'environnement politique et stratégique des travaux de la Conférence du désarmement avait changé, et qu'il fallait fournir un effort politique et diplomatique plus déterminé pour parvenir à un accord pour atteindre les objectifs de la Conférence. La Conférence n'y est pas parvenue alors, et il semble donc que davantage de patience et de persévérance soient nécessaires. Aujourd'hui, cinq ans après, la Conférence du désarmement est confrontée à une situation semblable. Les membres de la Conférence devraient contribuer davantage à la formulation de la politique de leur gouvernement dans le domaine du désarmement et n'épargner aucun effort pour permettre à la Conférence d'avancer dans ses travaux.

M. KJETIL PAULSEN (Norvège) a rappelé que, le 26 juillet, le Ministre norvégien des affaires étrangères, dans une lettre au Président de l'Assemblée générale des Nations Unies, lançait un appel en faveur un engagement international plus déterminé dans le domaine de la non-prolifération et du désarmement nucléaire. La lettre transmettait une déclaration commune des Ministres des affaires étrangères de l'Australie, du Chili, de l'Indonésie, de la Roumanie, de l'Afrique du Sud, du Royaume-Uni et de la Norvège transmettant une proposition commune pour le projet de document final du Sommet des Nations Unies en septembre. Les réactions et les commentaires qui ont été reçus depuis montrent que cette initiative recueille un large appui de tous les groupes régionaux. Cet appui est très prometteur pour les efforts communs des membres de la Conférence du désarmement pour mettre fin à la prolifération des armes nucléaires et réaliser des progrès dans le domaine du désarmement nucléaire, tout en respectant pleinement le droit à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire.

M. JUAN CARLOS FAIDUTTI ESTRADA (Équateur), nouveau représentant de son pays auprès de la Conférence du désarmement, a déclaré que, dans l'objectif de créer un monde plus sûr et plus stable, la politique étrangère de son pays accorde une importance croissante aux questions liées à la paix et à la sécurité internationales, notamment par des efforts en matière de non-prolifération des armes de la destruction massive, de limitation des armements et de renforcement du dialogue dans le domaine de la sécurité internationale. L'Équateur réitère son attachement à un système multilatéral de désarmement, conformément aux résolutions de l'Assemblée générale sur la question. Les pays andins se sont engagés à poursuivre ces objectifs, notamment en concluant un accord régional de création d'une zone exempte d'armes nucléaires. M. Faidutti Estrada a exprimé une préoccupation croissante s'agissant de la prolifération des armes de destruction massive et du risque que des armes nucléaires tombent aux mains de terroristes. Dans ce domaine, une action coordonnée doit être menée pour renforcer les mécanismes multilatéraux de désarmement. Le nouveau représentant équatorien a enfin rappelé que les pays d'Amérique latine ont présenté plusieurs propositions à la Conférence du désarmement dans le but de lui permettre de poursuivre ses travaux. L'Équateur estime que les États membres devraient faire preuve d'une réelle volonté politique et d'une détermination renouvelée.

M. KÁLMÁN PETÖCZ (Slovaquie), dans une déclaration d'adieux à la Conférence du désarmement, a rappelé que la Conférence n'était pas un organe ordinaire des Nations Unies. Il s'agit d'un organe semi-autonome qui a réussi avec succès à préserver les bonnes traditions diplomatiques consistant à maintenir un contact très étroit entre les délégations en dehors de la Conférence elle-même et à traiter de questions d'une grande importance pour les intérêts de sécurité nationale de ses membres. Pour sa part, la Slovaquie ne poursuit pas des objectifs susceptibles de concurrencer ou d'interférer avec les priorités des autres membres de la Conférence. Les priorités de la Slovaquie sont identiques aux principes fondamentaux des Nations Unies: préserver la paix et garantir la sécurité dans le monde. La Slovaquie est disposée à soutenir toute proposition ou initiative raisonnable qui mènerait la Conférence du désarmement plus près d'un accord sur la façon de rétablir un climat favorable à la négociation. M. Petöcz a souligné que la Slovaquie considère que la meilleure solution pour sortir de la situation que connaît la Conférence devrait être une solution globale.

M. CARLO TREZZA (Italie) a déclaré que son pays était convaincu que la Conférence du désarmement devrait continuer d'être le lieu privilégié de toute évolution dans le domaine du désarmement multilatéral. Il a exprimé sa gratitude à la présidence britannique du G8 pour avoir présenté dernièrement la position du G8 sur les questions qui intéressent les travaux de la Conférence du désarmement. L'Italie estime que l'absence de résultats de la septième Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires rend d'autant plus urgents des progrès au sein de la Conférence du désarmement, en particulier dans le domaine nucléaire. M. Trezza a salué les discussions en cours sur les quatre questions centrales qui se sont déroulées au cours de la présidence norvégienne, ainsi que le document officieux «matière à réflexion». L'Italie apporte son appui aux délégations qui ont préconisé un mandat plus long pour chaque présidence et estime avec d'autres que la responsabilité de trouver un accord sur un programme de travail relève d'un engagement collectif qui dépend de la volonté politique des membres. En outre, l'Italie estime depuis longtemps que la Conférence devrait s'occuper davantage de questions d'actualité en matière de sécurité internationale. Dans ce contexte, M. Trezza a exprimé sa satisfaction s'agissant de la reprise des pourparlers à six qui ont eu lieu le mois dernier sur la péninsule coréenne. Il a été rappelé à cet égard que l'Italie était le premier État de l'Union européenne et du G7 à établir des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée. En conclusion, le représentant italien a souligné que son pays reste fermement convaincu que les normes résultant d'accords multilatéraux peuvent servir de fondement aux efforts de non-prolifération.

M. JÜRG STREULI (Suisse, au nom également de la France), a souligné que les nouvelles menaces «non militaires», notamment le terrorisme international sous toutes ses formes, sont devenues un problème universel et stratégique. Les infrastructures critiques constituent des systèmes vitaux et des réseaux dont la dégradation porterait sérieusement atteinte au bon fonctionnement de la société. La France et la Suisse restent convaincues que la protection des infrastructures critiques nécessite une coordination au niveau international et la prise en compte de l'impact potentiel que peuvent avoir les défaillances des services critiques sur l'industrie, l'ensemble du secteur privé et le pays entier. Il a rappelé que le Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) organise depuis 2003 des forums sur ces questions et a indiqué qu'afin de faciliter la réflexion sur le thème des infrastructures critiques dans le cadre de la Conférence du désarmement, les délégations suisse et française mettent à disposition de toutes les délégations le rapport du dernier forum du GCSP publié en 2005. Les deux délégations espèrent que ces informations vont contribuer à une discussion substantielle sur un des «nouveaux sujets» qui devraient être considérés par la Conférence.

M. THOMAS CYNKIN (États-Unis) a fait observer, s'agissant de la réunion qui a été programmée pour le 16 août sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, qu'il n'y avait eu aucune décision consensuelle de la Conférence pour tenir, entériner ou appuyer cette réunion de quelque façon que ce soit.

M. ANTON VASILIEV (Fédération de Russie) a pour sa part invité tous les collègues à participer à cette rencontre que la Fédération de Russie organise le 16 août sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.

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