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DES ONG S'ADRESSENT À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT À L'OCCASION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES

Compte rendu de séance
La République populaire démocratique de Corée estime qu'il existe une volonté politique de bloquer toute avancée au sein de la Conférence du désarmement

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le message qui lui était adressé par le séminaire d'organisations non gouvernementales pour la paix marquant la Journée mondiale des femmes. Des déclarations sur des questions de fond ont en outre été faites par les représentants de la République populaire démocratique de Corée et de l'Algérie, qui intervenait au nom des États arabes.

Dans leur message, lu par le Président de la Conférence du désarmement, M. Tim Caughley de Nouvelle-Zélande, les organisations non gouvernementales rappellent que les femmes mobilisent le soutien au désarmement et à la paix. Les ONG estiment que davantage de dialogue et de participation des ONG dans tous les efforts de désarmement, contribuerait à une meilleure compréhension des questions de sécurité, permettant de jeter les bases de toute une série de nouveaux arrangements et instruments dans le domaine de la sécurité pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve le désarmement.

Le Président a remercié les organisations non gouvernementales et, en sa capacité de représentant de la Nouvelle-Zélande, a exprimé l'espoir qu'elles pourront à l'avenir donner elles-mêmes lecture de leur message à la Conférence. La Norvège, l'Irlande, les Pays-Bas et l'Allemagne sont brièvement intervenus pour appuyer une plus grande participation des organisations non gouvernementales aux travaux de la Conférence.

La République populaire démocratique de Corée a estimé que les problèmes que rencontre la Conférence ne relèvent pas de ses procédures mais d'une volonté politique de bloquer tout progrès en son sein. Toute forme de pourparlers ou négociations multilatéraux est condamnée à échouer si l'on persiste à adopter une politique ou une position unilatérale. La République populaire démocratique de Corée lance un appel à toutes les délégations afin qu'elles déploient tous leurs efforts pour parvenir à une solution. La Norvège a souscrit à l'affirmation selon laquelle les approches unilatérales irresponsables constituent un danger et a suggéré à la République populaire démocratique de Corée de faire un premier pas à cet égard en adhérant au Traité de non-prolifération des armes nucléaires et en reprenant contacts avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.
L'Algérie, au nom des États arabes membres et non membres de la Conférence, a souligné que les menaces dans le domaine de la sécurité n'ont fait que redoubler et que, dans ce contexte, les pays arabes sont d'autant plus attachés à trouver des solutions aux risques sécuritaires, rappelant notamment leur appel à la création d'une zone dénucléarisée au Moyen-Orient. Les pays arabes espèrent que les États membres de la Conférence feront preuve de volonté politique et de réalisme pour parvenir à un programme de travail qui réponde aux préoccupations en matière de sécurité de tous les membres en adoptant une approche équilibrée.

En fin de séance, le Président de la Conférence du désarmement a indiqué qu'au cours de ses consultations avec les délégations, il a pu constater que les délégations sont disposées à se mettre sérieusement au travail sur la base de l'une ou plus des quatre questions prioritaires, ou questions de base mentionnées dans le document de réflexion préparé par son prédécesseur à la présidence. Certaines délégations sont disposées à envisager un programme de travail comportant plus d'une question de base à condition que les travaux s'engagent sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires; d'autres au contraire sont disposées à examiner la question des matières fissiles à condition de fixer un mandat qui prévoie certains éléments minimum, en particulier s'agissant de la vérification, et un programme de travail comprenant un mandat pour l'examen des trois autres questions de base. La situation est donc, pour l'instant, celle du statu quo et de l'impasse.

La prochaine séance publique de la Conférence du désarmement se tiendra le lundi 14 mars 2005, à 11 heures, pour entendre le Ministre des affaires étrangères du Canada. Le mardi 15 mars, à partir de 10h30, les Ministres des affaires étrangères du Pérou, de la Finlande, des Pays-Bas, de la Suède et de l'Ukraine s'adresseront à la Conférence. Elle entendra, le jeudi 17 mars, les Ministres des affaires étrangères du Kazakhstan, de la Slovaquie et de la Pologne, ainsi que le Secrétaire parlementaire chargé des affaires étrangères du Japon.


Message des organisations non gouvernementales à l'occcasion de la Journée internationale des femmes

Le Président de la Conférence du désarmement, M. TIM CAUGHLEY (Nouvelle-Zélande), a donné lecture d'un message adressé à la Conférence par le séminaire organisé à l'occasion de la Journée mondiale des femmes et qui, comme chaque année depuis 1984, a réunit à Genève un groupe d'organisations non gouvernementales dont le siège est à Genève et les membres du Groupe de travail des organisations non gouvernementales sur la paix. Les organisations non gouvernementales invitent le public et les gouvernements à prendre acte de la demande que font les femmes depuis des siècles pour que les nations désarment totalement et universellement. Elles rappellent que les femmes mobilisent le soutien au désarmement et à la paix. Selon elles, davantage de dialogue, avec la participation des organisations non gouvernementales dans tous les efforts de désarmement, contribuerait à une meilleure compréhension des questions de sécurité, permettant de jeter les bases de toute une série de nouveaux arrangements et instruments dans le domaine de la sécurité. Il faut dès maintenant sortir de l'impasse dans laquelle se trouve le désarmement.

Les organisations non gouvernementales soulignent que cela fait maintenant huit ans que la Conférence peine à aller de l'avant, et qu'elle ne sera pas en mesure de faire une percée tant que les Gouvernement persisteront à considérer que la sécurité va de pair avec l'armement. Les organisations non gouvernementales demandent à la Conférence de revoir la question de la participation et de l'accès des organisations non gouvernementales a toutes les instances internationales s'occupant de désarmement.

La culture militariste qui a gagné du terrain dans le monde entier menace de déloger la clé de voûte du régime de désarmement, à savoir le Traité de non-prolifération des armes nucléaires, insistent les organisations non gouvernementales. Des mesures drastiques doivent donc être prises pour enrayer cette évolution. Une occasion exceptionnelle s'offre à cet égard à la Conférence du désarmement dans le cadre de la septième conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. En effet, si la Conférence est capable d'adopter un programme de travail et d'entamer ses débats de fond sur le désarmement nucléaire, les matières fissiles, la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et d'autres questions de l'ordre du jour proposé, elle contribuerait grandement aux travaux de la conférence d'examen.


Déclarations

M. AN MYUNG HUN (République populaire démocratique de Corée) a souligné que, la Conférence étant presque paralysée, il n'était pas exagéré de considérer que son avenir est en jeu. Si la grande majorité des États membres ont déployé des efforts incessants en vue d'adopter un programme de travail et ainsi pouvoir commencer les débats de fond sur les questions principales, ces efforts n'ont pas abouti et ka Conférence est maintenant enlisée dans une situation qui l'empêche d'avancer.

La République populaire démocratique de Corée ne pense pas que les problèmes que rencontre la Conférence relèvent de ses procédures ou de ses méthodes de travail, a poursuivi le représentant. La Conférence se heurte à un obstacle politique de taille qui résulte d'une volonté politique de bloquer tout progrès au sein de la Conférence du désarmement. La Conférence est un e instance multilatérale de négociation et toute négociation multilatérale doit être fondée sur un esprit de multilatéralisme. Toute forme de pourparlers ou négociations multilatéraux est condamnée à échouer si l'on persiste à adopter une politique ou une position unilatérale. La Conférence risque d'échouer si l'on n'écoute pas les autres et que l'on continue de dire non. La République populaire démocratique de Corée a fait elle-même l'expérience des résultats malheureux de telles négociations.

Pour guérir la Conférence de sa paralysie, il faut que changent définitivement les approches politiques négatives, a poursuivi le représentant. Sa délégation estime que la Conférence ne sera en mesure de pouvoir dire qu'une véritable base politique a été trouvée en vue de parvenir à un accord sur le programme de travail que lorsque chacun de ses membres aura fait la preuve de sa volonté politique de faire avancer collectivement les travaux de la Conférence dans l'intérêt de toute l'humanité. Tant que la Conférence n'aura pas trouvé cette base politique, elle se heurtera à des échecs, quel que soit le nombre de réunions et de débats, et il lui sera difficile, voire impossible, de s'entendre sur quelque proposition que ce soit. C'est ainsi que la Conférence a passé ces dix dernières années sans résultats. La République populaire démocratique de Corée lance un appel à toutes les délégations afin qu'elles déploient tous leurs efforts pour parvenir à une solution.

M. IDRISS JAZAÏRI (Algérie), intervenant au nom des États arabes membres et non membres de la Conférence du désarmement, a exprimé la volonté de ces États d'œuvrer à l'établissement d'un climat favorable aux niveaux régional et international en vue d'assurer la sécurité pour tous les peuples, y compris le peuple arabe. M. Jazaïri a souligné que les menaces dans le domaine de la sécurité n'ont fait que redoubler. Dans ce contexte, les pays arabes sont d'autant plus attachés à trouver des solutions aux risques sécuritaires et expriment en particulier leur attachement à la Conférence du désarmement.

Les États arabes attachent la plus grande importance au désarmement nucléaire. Ils demandent aux États dotés d'armes nucléaires de mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies dans ce domaine et espèrent que ces États respecteront les engagements qu'ils ont pris dans le cadre de la sixième Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, en particulier les 13 mesures pratiques qui sont prévues dans le document final. Les États arabes expriment en outre l'espoir que la prochaine conférence d'examen sera l'occasion pour les États dotés d'armes nucléaires de réaffirmer et de renforcer leurs engagements à cet égard. Rappelant l'importance, reconnue par l'Assemblée générale des Nations Unies, de créer des zones dénucléarisées pour instaurer un climat de confiance et favoriser la réduction du risque nucléaire, les États arabes soulignent que les armes nucléaires au Moyen-Orient constituent une menace pour la région mais aussi pour la sécurité internationale, et c'est pourquoi les États arabes souhaitent sensibiliser tous les pays au problème de la prolifération nucléaire au Moyen-Orient. M. Jazaïri a rappelé que le document final de la sixième Conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires réaffirmait l'importance pour Israël d'adhérer au traité et de se soumettre aux inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique.

M. Jazaïri a souligné que tous ces enjeux exigent que la communauté internationale fasse des efforts au niveau de la Conférence du désarmement. Mais ses travaux s'enlisent depuis de nombreuses années à cause de positions intransigeantes. Les pays arabes se sont attachés à contribuer aux efforts visant à relancer les travaux de la Conférence et espèrent que, de leur côté, les autres États membres feront preuve de volonté politique et de réalisme pour parvenir à un programme de travail qui réponde aux préoccupations en matière de sécurité de tous les membres en adoptant une approche équilibrée. Ils soulignent enfin que, même si les négociations bilatérales montrent des signes positifs, la Conférence reste la seule instance multilatérale de négociation pour préparer les traités et Convention sur toutes les questions de désarmement. Il est par conséquent impérieux que les États membres mettent à profit le cadre de la Conférence pour un nouvel ordre international qui garantisse la paix et la sécurité dans le monde.

M. KJETIL PAULSEN (Norvège), saluant la déclaration des organisations non gouvernementales, a exprimé l'espoir, à l'instar de la Nouvelle-Zélande, que la Conférence pourra à l'avenir entendre leur message de leur propre voix. S'agissant de la déclaration de la République populaire démocratique de Corée, le représentant norvégien a souscrit à l'affirmation selon laquelle les approches unilatérales irresponsables constituent un danger. Il a suggéré que la République populaire démocratique de Corée fasse un premier pas qui serait une importante contribution à cet égard, en adhérant au Traité de non-prolifération des armes nucléaires et en reprenant les contacts avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, souhaitant répondre à la «digression» du représentant norvégien sur l'argument principal de sa déclaration, a exprimé l'espoir que la Norvège comprend que la République populaire démocratique de Corée est confrontée à un défi, à un problème, qui contraint constamment le pays à faire des choses qu'il préférerait ne pas devoir faire.


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