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LE MINISTRE CANADIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES S'ADRESSE À LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT

Compte rendu de séance
Il souligne qu'il faut alerter le public sur l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence et sur les conséquences négatives de cette paralysie

Le Ministre des affaires étrangères du Canada, M. Pierre Pettigrew, s'est adressé, ce matin à Genève, à la Conférence du désarmement, devant laquelle il a notamment suggéré, pour sortir de l'ornière, «d'attirer l'attention du public sur l'impasse actuelle dans laquelle se trouve la Conférence et sur les conséquences négatives de cette paralysie pour nos intérêts en matière de sécurité individuelle et collective».

M. Pettigrew a souligné les risques sérieux à la paix et à la sécurité régionales et internationales que pose le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée, ainsi que les sérieux soupçons quant aux aspirations de l'Iran au chapitre des armes nucléaires. Tout en soutenant les efforts diplomatiques en cours pour tenter de résoudre cette question, le Canada estime qu'il faut être prêts à passer de la parole aux actes en imposant des mesures plus rigoureuses au besoin.

Pour sa part, le Canada est prêt à ouvrir les négociations sur le traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires sans poser de conditions préalables. M. Pettigrew a ajouté qu'en ce qui concerne le désarmement nucléaire, le Canada aurait préféré un mandat plus ambitieux mais pour parvenir à un programme de travail qui fasse l'unanimité, le Canada est prêt à accepter la suggestion d'un simple mandat de discussion. Pour ce qui est de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, le Canada souhaite que soit prorogée l'interdiction du déploiement d'armes de destruction massive dans l'espace prévue par le Traité de 1967 sur l'espace extra-atmosphérique. Le Canada préfère que la Conférence soit l'instance chargée de ce travail, mais si elle se révèle incapable d'inclure ce sujet dans un programme de travail et de se mettre rapidement à l'œuvre, «nous devrons, avec d'autres, chercher ailleurs», a déclaré M. Pettigrew.

La prochaine séance de la Conférence se tiendra demain matin, à 10h30, pour entendre les Ministres des affaires étrangères du Pérou, de la Finlande, des Pays-Bas, de la Suède et de l'Ukraine s'adresseront à la Conférence. L'Ambassadeur de l'Égypte fera également une déclaration au nom du Groupe des 21.


Aperçu de la déclaration du Ministre canadien des affaires étrangères

M. PIERRE PETTIGREW, Ministre des affaires étrangères du Canada, a souligné que, pour que puisse progresser la coopération multilatérale dans des dossiers de toute première importance comme le désarmement, la non-prolifération nucléaire et la non-arsenalisation de l'espace, il faut qu'une valeur politique positive soit attribuée à de tels progrès et, de plus, que le manque de progrès soit sanctionné par un coût politique. «Pour sortir de cette ornière, nous pouvons, par exemple, attirer l'attention du public sur l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement et sur les conséquences négatives de cette paralysie pour nos intérêts en matière de sécurité individuelle et collective», a suggéré le Ministre canadien des affaires étrangères. Il faut que l'on comprenne, dans certaines capitales, qu'en continuant d'empêcher un accord sur un programme de travail de la Conférence, ces pays nuisent davantage à leurs objectifs de sécurité qu'ils ne les servent, a-t-il ajouté. Malheureusement, dans un organe dont les 65 membres prennent leurs décisions par consensus, il est trop facile de faire obstruction et très difficile de réunir l'appui universel nécessaire pour adopter un programme de travail. Le Canada, multilatéraliste convaincu, a toujours essayé d'être une force constructive dans la présente enceinte, et a fait preuve de souplesse en modulant ses préférences de manière à tenir compte du point de vue des autres dans l'intérêt commun, a souligné le Ministre, qui a demandé aux membres de la Conférence du désarmement de faire preuve de la même souplesse. La négociation d'un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles, l'examen de l'état actuel du désarmement nucléaire, la prévention de l'arsenalisation de l'espace sont autant de questions qui se répercutent sur notre sécurité, a poursuivi M. Pettigrew. Or, tous ces dossiers sont négligés sur le plan diplomatique alors même que se produisaient de nouveaux développements politiques et militaires inquiétants autour de ces questions, a-t-il fait observer. La Conférence offre justement un forum idéal pour progresser dans tous ces dossiers. Si les obstacles qui empêchent la Conférence du désarmement de se pencher sur ces questions ne peuvent être surmontés, le Canada estime qu'il faut explorer la possibilité de faire appel à d'autres filières multilatérales pour les traiter.

En se retirant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la République populaire démocratique de Corée a totalement ignoré les efforts de non-prolifération nucléaire et de désarmement, a affirmé M. Pettigrew. En outre, en affirmant récemment être en possession d'armes nucléaires et en hésitant à reprendre les pourparlers à six, ce pays met en évidence les risques sérieux à la paix et à la sécurité régionales et internationales que pose son programme nucléaire. Les activités nucléaires passées de l'Iran, nombreuses et non déclarées, de même que les efforts de ce pays pour acquérir le cycle complet du combustible nucléaire ont soulevé de profondes inquiétudes au sujet de son engagement à l'égard de la non-prolifération nucléaire et du désarmement et de sérieux soupçons quant à ses aspirations au chapitre des armes nucléaires, a également déclaré le Ministre canadien. La seule garantie que l'on pourrait accepter de la nature pacifique du programme nucléaire de l'Iran serait la cessation permanente de ses activités relatives à la prolifération des armes nucléaires, a-t-il affirmé. Bien que le Canada soutienne les efforts diplomatiques qui sont en cours pour tenter de résoudre cette question, comme l'a indiqué récemment le Premier Ministre Paul Martin: «Nous devons être prêts à passer de la parole aux actes en imposant des mesures plus rigoureuses au besoin».

Le Canada souhaite que, dans son pouvoir et son efficacité, le Traité de non-prolifération des armes nucléaires sorte renforcé de la Conférence d'examen qui se tiendra en mai prochain à New York. Pour cela, il faudra arriver à un résultat équilibré qui reflète des progrès concrets vis-à-vis des trois éléments majeurs du traité, à savoir la non-prolifération, le désarmement et l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. «Nous voulons aussi que les États parties assument davantage la responsabilité collective du traité et de son application, en revoyant les dispositions relatives aux réunions », a précisé le Ministre canadien. À la dernière conférence d'examen, en 2000, il a été demandé expressément à la Conférence d'entamer immédiatement la négociation d'un traité interdisant de produire de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire et de charger un organisme subsidiaire approprié de traiter la question du désarmement nucléaire. Cinq ans plus tard, la Conférence du désarmement n'a pas avancé d'un iota dans ce plan de travail. Cette absence de progrès dans deux dossiers importants, ajoutée à l'absence de résultats en ce qui concerne des mesures de désarmement déjà convenues, aura pour effet de diminuer le volet désarmement de l'équation du TNP. En raison de cet échec, il sera également plus difficile d'obtenir de nouveaux engagements importants dans le domaine de la non-prolifération, a affirmé M. Pettigrew. L'été dernier, nous avons fait valoir qu'un programme de travail simplifié, conjuguant les négociations relatives au traité sur les matières fissiles et des discussions sur le désarmement nucléaire (y compris la question des garanties négatives de sécurité) et sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace, offrirait une approche réaliste et équilibrée, a rappelé le Ministre canadien, qui a indiqué que son pays est prêt à ouvrir les négociations sur ce traité sans poser de conditions préalables. En ce qui concerne le désarmement nucléaire, le Canada aurait préféré un mandat plus ambitieux mais pour parvenir à un programme de travail qui fasse l'unanimité, il est prêt à accepter la suggestion d'un simple mandat de discussion. Pour ce qui est de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, le Canada avait proposé, en septembre dernier, une solution recommandant que soit prorogée l'interdiction du déploiement d'armes de destruction massive dans l'espace prévue par le Traité sur l'espace extra-atmosphérique de 1967. Nous continuons de préférer que la Conférence soit l'instance chargée de ce travail, mais si elle se révèle incapable d'inclure ce sujet dans un programme de travail et de se mettre rapidement à l'œuvre, nous devrons, avec d'autres, chercher ailleurs. « Si l'espace extra-atmosphérique est infini, notre patience l'est moins », a déclaré M. Pettigrew.


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