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CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : QUATRE DÉLÉGATIONS FONT DES DÉCLARATIONS SUR LE PROGRAMME DE CETTE ANNÉE

Compte rendu de séance
La Conférence entend les déclarations de la Fédération de Russie, de la Nouvelle-Zélande, de l'Afrique du Sud et de l'Espagne

La Conférence du désarmement a entendu ce matin la Fédération de Russie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Espagne, qui ont présenté leurs positions s'agissant des travaux de la Conférence en 2005. Les questions du programme de travail et de l'ordre du jour de la Conférence pour la session de 2005 a ensuite été examinée dans le cadre d'une séance privée, sur la base notamment d'un document officieux préparé par le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Chris Sanders des Pays-Bas.

À cet égard, la Nouvelle-Zélande a souhaité que le plus grand nombre possible de délibérations de la Conférence soient menées sous l'œil critique du public. Elle a insisté sur la nécessité de se concentrer de toute urgence sur un programme de travail qui serait accepté par les principaux partisans des questions du désarmement nucléaire, de l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et, éventuellement, des autres éléments contenus dans les propositions qui se sont le plus approchées du consensus.

Pour sa part, tout en se disant ouverte à l'inclusion d'un thème spécifique qui renforcerait la sécurité commune et la lutte contre les menaces terroristes, l'Espagne a dit partager la préoccupation exprimée par certains face à une extension excessive du nombre de sujets devant être étudiés par la Conférence.

L'Afrique du Sud a souligné que ce sont les membres des Nations Unies qui paient la note de ce qui est devenu depuis huit ans l'inactivité de la Conférence, et a affirmé que si elle devait cette année encore échouer à parvenir au consensus sur un programme de travail, Prétoria envisage de proposer de suspendre les activités de la Conférence jusqu'à ce que l'Assemblée générale demande le lancement de négociations. L'Afrique du Sud estime que cela permettrait au moins de redéployer des ressources vers des secteurs qui en ont grandement besoin.

La Fédération de Russie a souligné la priorité qu'elle accordait à la question de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et a souhaité que la Conférence reprenne dès que possible ses travaux de fond afin d'engager, au sein d'un comité spécial sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, une discussion spécifique sur ce problème et sur les moyens de le résoudre, notamment s'agissant d'un instrument juridiquement contraignant dans ce domaine.


La prochaine séance publique de la Conférence se tiendra jeudi, 3 février 2005, à partir de 10 heures.


Déclarations

M. LEONID SKOTNIKOV (Fédération de Russie) a rappelé que la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique était, pour son pays, un point prioritaire de l'ordre du jour de la Conférence. Dans ce contexte, la tâche essentielle de la Conférence consiste à empêcher que des armes ne soient placées dans l'espace extra-atmosphérique; elle sert ainsi les intérêts de tous les pays sans exception, a-t-il insisté. Tout échec dans ce domaine placerait le monde dans une nouvelle situation militaire et stratégique instable, en affaiblissant la capacité d'empêcher la prolifération des armes de destruction massive, a-t-il affirmé. Si, au contraire, nous parvenons à prévenir le placement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique, alors nous devrions être en mesure d'orienter les progrès de la science et de la technologie spatiales vers une course constructive, bénéfique pour tous. La Fédération de Russie, en ce qui la concerne, souhaite que la Conférence reprenne dès que possible son travail de fond afin d'engager, au sein d'un comité spécial sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, une discussion spécifique sur ce problème et sur les moyens de le résoudre. Au nombre de ces derniers, figure, comme l'ont proposé la Chine et la Fédération de Russie, l'élaboration d'un traité sur la prévention du déploiement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique.

Alors que la Conférence n'est toujours pas parvenue à se mettre d'accord sur son programme de travail, la menace de militarisation de l'espace extra-atmosphérique n'a pas diminué, a poursuivi M. Skotnikov. Aussi, la Fédération de Russie a-t-elle récemment lancé une série d'initiatives visant à réduire cette menace. Lors de la cinquante-sixième session de l'Assemblée générale, elle a proposé un moratoire sur le placement d'engins de combat dans l'espace extra-atmosphérique en attendant un accord international sur la question. Unilatéralement, la Fédération de Russie a également pris une mesure d'importance, de nature à établir la confiance et la transparence, qui consiste à fournir à l'avance toute information sur le lancement d'objets dans l'espace extra-atmosphérique, leur destination et les paramètres fondamentaux de leur orbite. En outre, a poursuivi l'ambassadeur russe, au mois d'octobre dernier, lors de la cinquante-neuvième session de l'Assemblée générale, la Fédération de Russie a lancé une nouvelle initiative majeure en matière de prévention de la militarisation de l'espace extra-atmosphérique en déclarant unilatéralement et inconditionnellement qu'elle ne serait pas la première à placer des armes de quelque sorte que ce soit dans l'espace. La Fédération de Russie a alors demandé à tous les pays ayant un potentiel spatial de suivre cet exemple. La déclaration faite par la Fédération de Russie n'implique pas une interdiction des activités militaires menées dans l'espace extra-atmosphérique conformément à la Charte des Nations Unies dans l'intérêt du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a souligné M. Skotnikov, pas plus qu'elle ne limite les possibilités de coopération internationale en matière d'exploration et d'utilisation pacifique de l'espace. Des déclarations politiques similaires à celle qu'a faite la Fédération de Russie ne sauraient, certes, remplacer un instrument juridiquement contraignant sur la prévention du placement d'armes dans l'espace extra-atmosphérique; elles pourraient néanmoins créer les conditions politiques et psychologiques favorables pour commencer les travaux concernant un tel traité, a fait valoir M. Skotnikov.

M. TIM CAUGHLEY (Nouvelle-Zélande) notant que la question de l'ordre du jour de la Conférence allait être débattue sous peu de manière informelle, a indiqué que son pays souhaiterait que le plus grand nombre possible de délibérations de cette instance soient menées sous l'œil critique du public. Tout en reconnaissant le droit de chaque délégation de faire des observations et des propositions au sujet de l'ordre du jour et l'utilité de procéder à son examen et à sa mise à jour, il a fait part de ses préoccupations quant à l'opportunité de le faire dans les circonstances difficiles que traverse la Conférence, soulignant que ces difficultés ne procèdent pas d'un ordre du jour inadapté.

M. Caughley a estimé que si les membres de la Conférence du désarmement ont la volonté de se mettre d'accord sur les éléments d'un programme de travail, l'ordre du jour actuel serait fort probablement considéré comme suffisamment souple pour l'intégrer. Ces huit dernières années, l'ordre du jour n'a pas été considéré comme un élément qui compliquerait les efforts déployés par la Conférence afin de parvenir à un consensus sur les diverses propositions relatives au programme de travail. Il ne l'est pas davantage aujourd'hui. S'il existe un problème structurel au sein de la Conférence, il découle non pas de l'ordre du jour mais du règlement intérieur, a estimé M. Caughley. Il a mis l'accent sur la nécessité pour la Conférence de se concentrer de toute urgence sur un programme de travail ou un calendrier qui serait accepté par les principaux partisans des questions du désarmement nucléaire, de l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement nucléaire, de la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique et, éventuellement, des autres éléments contenus dans les propositions qui se sont le plus approchées du consensus, notamment la «proposition des cinq ambassadeurs», que soutient la Nouvelle-Zélande. En cette année où le Traité de non-prolifération nucléaire fera l'objet d'une Conférence d'examen, la Conférence du désarmement doit répondre aux attentes placées en elle par les Nations Unies et par le TNP, a souligné l'Ambassadeur néo-zélandais.

MME GLAUDINE MTSHALI (Afrique du Sud) a rappelé que la première tâche de la Conférence, en ce début de session, consiste à adopter son ordre du jour pour cette année. À cet égard, elle a estimé qu'il devrait être possible d'adopter le même ordre du jour - basé sur le Décalogue - que celui qu'elle avait adopté au début de l'année 2004. Il sera en revanche plus problématique de se mettre d'accord sur le travail que la Conférence accomplira cette année, a poursuivi Mme Mtshali. Les efforts déployés par la communauté internationale pour aborder les questions de non-prolifération, de désarmement et de contrôle des armements continueront d'être compromis si la Conférence ne se remet pas au travail immédiatement, a-t-elle souligné. La Conférence ne peut pas se permettre de gaspiller une année de plus, au risque de porter atteinte à sa crédibilité, a-t-elle insisté. Les efforts déployés jusqu'ici pour réduire les divergences au sujet d'un programme de travail ont abouti à la proposition des Cinq ambassadeurs, telle qu'amendée, qui a fait l'objet de nombreuses délibérations. À cet égard, il convient d'indiquer que de nombreuses délégations, y compris celle d'Afrique du Sud, souhaiteraient, dans l'idéal, que cette proposition soit renforcée dans certains domaines. Comme chacun sait, l'Afrique du Sud, par exemple, a plusieurs fois mentionné qu'elle n'était pas satisfaite du mandat proposé pour le comité spécial sur les garanties négatives de sécurité. Néanmoins, l'Afrique du Sud estime que la proposition des Cinq ambassadeurs constitue un compromis délicat qui mérite le soutien de tous les membres de la Conférence. Elle reste l'approche la plus réaliste pour l'adoption d'un programme de travail, et l'Afrique du Sud reste donc désireuse de se joindre au consensus sur son adoption, a indiqué Mme Mtshali. Elle a lancé un appel à tous les membres de la Conférence afin qu'ils fassent preuve de la souplesse et de l'engagement nécessaires pour permettre à cette instance d'être à la hauteur des attentes que la communauté internationale place en elle.

Ce sont les membres des Nations Unies qui paient la note de ce qui est devenu depuis huit ans l'inactivité de la Conférence, a poursuivi Mme Mtshali. Tous les membres des Nations Unies ont donc le droit de demander des comptes à cette instance pour n'être pas parvenue à avancer sur la voie des négociations qui ont été identifiées par l'ensemble de la communauté internationale. Si la Conférence devait persister dans cette voie en restant incapable d'engager les négociations de désarmement requises, alors il pourrait s'avérer nécessaire d'envisager une alternative. Si nous devions cette année encore échouer en ne parvenant pas à un consensus sur un programme de travail, alors l'Afrique du Sud suggèrerait que le temps approche désormais d'examiner s'il ne serait pas plus utile et rentable de suspendre les activités de la Conférence jusqu'à ce qu'une ou plusieurs résolutions soient adoptées par l'Assemblée générale demandant le lancement de négociations, a déclaré Mme Mtshali. En attendant, cela permettrait au moins de redéployer des ressources vers des secteurs qui en ont grandement besoin, a-t-elle fait valoir, tout en se défendant de vouloir ici minimiser l'importance du rôle que la Conférence peut et doit jouer. L'Afrique du Sud reste disposée à travailler avec tous pour sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis plusieurs années.

M. JUAN ANTONIO MARCH (Espagne) a souligné que les échos dramatiques qui résonnent en ce début de session - marqué par la commémoration du soixantième anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz - devraient marquer profondément les travaux de la Conférence et la pousser vers la réalisation de son objectif essentiel qui consiste à réduire le potentiel de destruction qui pèse sur l'humanité en avançant résolument vers un désarmement contrôlé et bien négocié. Pour ce qui est de l'ordre du jour de la Conférence - et tout en se disant ouvert à l'inclusion d'un thème spécifique qui renforcerait la sécurité commune et la lutte contre les menaces terroristes - M. March a dit partager la préoccupation exprimée par certains face à une extension excessive du nombre de sujets devant être étudiés par cette instance. L'Espagne est disposée à adopter une attitude souple s'agissant de l'ordre du jour à condition que les questions qui y figurent correspondent bien aux missions confiées à la Conférence; que ces questions ne relèvent pas de la compétence d'autres instances, comme par exemple le Conseil de sécurité; qu'il n'y ait pas duplication des tâches; et que l'objectif, même indirect, de cet ordre du jour soit de débloquer les thèmes centraux et de fond qui font l'objet du travail de la Conférence. M. March a fait part de la volonté de son pays de renforcer au maximum le caractère opérationnel de la Conférence en utilisant les structures actuelles et sans créer d'autres comités ou organes techniques. Pour cette session, le succès ne viendra que si nous faisons preuve d'audace, a ajouté l'Ambassadeur d'Espagne.

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DC0503F