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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND DES DÉCLARATIONS DE LA COLOMBIE, DU JAPON ET DE SON PRÉSIDENT SORTANT

Compte rendu de séance
À l'issue de quatre semaines de présidence de la Conférence, le Président souligne que, dans un monde dynamique, immobilisme signifie régression

La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations de la Colombie et du Japon. M. Chris Sanders, s'adressant à la Conférence alors qu'il termine cette semaine son mandat de quatre semaine à la présidence, a a indiqué avoir décelé, parmi les membres de cette instance, un profond désir de voir la Conférence reprendre ses activités, soulignant toutefois que, dans un monde dynamique, immobilisme signifie régression.

Le Président sortant a discerné une certaine crainte face au changement, ajoutant que toute organisation qui n'innove pas se met en danger, a-t-il souligné. La Conférence doit relever les défis du monde actuel et, pour cela, faire preuve du courage nécessaire en commençant à naviguer dans des eaux inconnues, a estimé M. Sanders. Le fond du problème est politique; un petit nombre de pays n'est toujours pas prêt à accepter des solutions de compromis équilibrées sur des questions de fond, a poursuivi le Président. «Vous ne pouvez tout simplement pas continuer à dire non ou à faire des propositions dont vous savez pertinemment qu'elles n'ont aucune chance de recueillir le moindre soutien», a-t-il déclaré.

La Colombie est intervenue pour rappeler que, le 25 octobre dernier, les autorités ont procédé à la destruction des 6 784 dernières mines antipersonnel dont disposaient les forces militaires colombiennes. Elle estime que cette attitude démontrée par l'État colombien devrait amener la communauté internationale à faire pression sur les groupes armés illégaux afin d'exiger d'eux qu'ils répondent à cet acte unilatéral par une action similaire pour libérer le territoire colombien de ce danger.

Le Japon a pour sa part estimé que la durée du mandat de la présidence de la Conférence est trop courte pour une gestion efficace de ses travaux. À un peu plus de deux mois de la tenue de la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), le Japon a par ailleurs rappelé que le régime du TNP a bénéficié à tous les pays, y compris à ceux qui ne sont pas membres de ce traité. Aussi, a-t-il jugé essentiel que le régime du TNP reste à la fois solide et fiable.

Le Président de la Conférence a présenté à l'Ambassadeur Shaukat Umer du Pakistan, qui a annoncé mardi son départ de la Conférence, ses meilleurs vœux de succès et de bonheur. Il a salué l'importante contribution apportée par M. Umer aux travaux de la Conférence et a souligné qu'il avait toujours représenté la position de son pays avec autorité, élégance et diplomatie.

La Conférence tiendra sa prochaine séance plénière mardi prochain, 22 février, à 10 heures.


Aperçu des déclarations

MME CLEMENCIA FORERO UCROS (Colombie) a souligné que le 25 octobre dernier, en présence de nombreuses personnalités internationales et de militaires français et canadiens, le Gouvernement colombien a procédé à la destruction des 6 784 dernières mines antipersonnel dont disposaient les forces militaires du pays. La Colombie a ainsi achevée l'élimination des 18 501 mines que la force publique colombienne détenait pour protéger les installations à haut risque ainsi que les bases militaires contre les attaques terroristes. Désormais, les forces militaires ne détiennent plus que 986 mines qui seront utilisées à des fins de formation au déminage, a précisé Mme Forero Ucros. La décision du Gouvernement de renoncer à ce type de matériel de guerre témoigne de sa ferme volonté de respecter les engagements auxquels il a souscrit en matière de désarmement, a-t-elle insisté. Cette attitude de l'État colombien devrait amener la communauté internationale à faire pression sur les groupes armés illégaux afin d'exiger d'eux qu'ils répondent à cet acte unilatéral par une action similaire en libérant le territoire colombien de ce si grave danger.

S'agissant de l'utilisation de ce type d'armes à des fins de terrorisme, la représentante a rappelé que la Colombie est le quatrième pays au monde pour le nombre de victimes de mines antipersonnel, de pièges et de mines autres qu'antipersonnel. Depuis 1990, le nombre de victimes s'établit à 2 919, a ajouté Mme Forero Ucros. Quarante pour cent des victimes sont des civils, dont 50% sont des enfants, a-t-elle précisé.

Mme Forero Ucros a par ailleurs indiqué qu'en tant que co-auteur de la proposition de programme de travail dite des Cinq Ambassadeurs, la Colombie ne peut que regretter l'insuccès de cette tentative novatrice visant à réactiver les travaux de fond de la Conférence, après huit années de paralysie.

M. YOSHIKI MINE (Japon) a estimé que la durée du mandat de la présidence de la Conférence est trop courte pour que cette instance puisse être gérée de manière effective. Un changement de présidence à ce stade ne fait, apparemment, que témoigner des problèmes auxquels nous sommes confrontés, a-t-il ajouté. Il a cependant assuré qu'il avait entièrement confiance dans le successeur de M. Sanders, l'Ambassadeur Tim Caughley de Nouvelle-Zélande, et a exprimé l'espoir que ce dernier poursuivrait avec enthousiasme l'excellent travail de son prédécesseur.

M. Mine a par ailleurs rappelé que la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se tiendrait dans un peu plus de deux mois. Le régime du TNP a grandement contribué à un environnement international sûr; il a bénéficié à tous les pays, y compris à ceux qui ne sont pas membres de ce traité, a-t-il fait valoir. Aussi, a-t-il jugé essentiel que soit maintenu un régime du TNP à la fois solide et fiable. Certes, la Conférence n'est pas le TNP, a-t-il ajouté; mais les deux doivent œuvrer à l'objectif commun de sécurité internationale. Le Japon entend travailler étroitement avec tous les pays à cette fin, a-t-il déclaré.

M. CHRIS SANDERS (Pays-Bas), Président de la Conférence, a fait part des sentiments mitigés qui l'animent lorsqu'il se penche sur le bilan de ses quatre semaines de mandat à la présidence de la Conférence, qui n'est pas une tâche aisée, a-t-il déclaré. Il a indiqué avoir décelé, parmi ses membres, un profond désir de voir la Conférence reprendre ses activités. Toutefois, il a également discerné un certain degré de crainte face au changement. Or, toute organisation qui n'innove pas se met en danger, a souligné M. Sanders. Pour promouvoir la sécurité à l'échelle mondiale, l'innovation est cruciale et il faut pour cela se fonder sur une nouvelle approche intégrée de la sécurité, a-t-il poursuivi, rappelant les recommandations du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement. Certes, tout changement, toute innovation peut comporter des risques. Mais en ne prenant pas de risque, on s'expose à l'immobilisme, ce qui, dans un monde dynamique et globalisé, signifie régression, a souligné le Président. La Conférence doit relever les défis du monde actuel et, pour cela, faire preuve du courage nécessaire en commençant à naviguer dans des eaux inconnues, a-t-il poursuivi.

Relevant que jusqu'à présent, la Conférence du désarmement n'a pas été affectée par la réforme des Nations Unies, M. Sanders a exprimé l'espoir que l'esprit du rapport du Groupe de personnalités de haut niveau puisse imprégner la Conférence et faire en sorte qu'elle fonctionne mieux. Le fond du problème est politique, a rappelé le Président. Un petit nombre de pays n'est toujours pas prêt à accepter des solutions de compromis équilibrées sur des questions de fond, a-t-il déclaré. Avec un peu plus de souplesse, il serait possible de remettre la Conférence au travail, a-t-il estimé. Il a affirmé ne pas comprendre en quoi des discussions sur les garanties de sécurité, l'espace extra-atmosphérique ou le désarmement nucléaire pourraient menacer les intérêts de quiconque en matière de sécurité. «Je suis convaincu qu'élaborer un traité sur la matière fissile améliorerait la sécurité pour chacun d'entre nous», a déclaré M. Sanders. «Je pense également que les États non dotés d'armes nucléaires ont un droit légitime d'avancer la question des garanties négatives de sécurité», a-t-il ajouté. «En bref, je ne vois tout simplement pas où est le véritable problème, même si je sais qu'il existe», a-t-il affirmé. Le multilatéralisme effectif suppose une réelle aptitude à considérer avec sérieux les propositions des autres, a poursuivi M. Sanders. En outre, «vous ne pouvez tout simplement pas continuer à dire non ou à faire des propositions dont vous savez pertinemment qu'elles n'ont aucune chance de recueillir le moindre soutien», a-t-il déclaré.

Affirmant qu'il avait reçu un large soutien, parmi les membres de la Conférence, pour procéder à l'identification de coordonnateurs spéciaux, M. Sanders a expliqué qu'il avait finalement préféré éviter une situation de confrontation qui aurait pu rendre la situation au sein de cette instance encore pire que ce qu'elle est actuellement. M. Sanders a indiqué qu'il a donc choisi d'en revenir à l'essentiel, offrant alors son évaluation personnelle de ce qu'il faudrait essayer de faire pour rapprocher les points de vues au sujet d'un programme de travail. Il ne s'agissait pas là d'une alternative à une quelconque proposition existante; il s'agissait tout simplement de faire réfléchir les capitales, a précisé le Président de la Conférence. Il a ajouté avoir totalement confiance en son successeur, l'ambassadeur de Nouvelle-Zélande, avec lequel il a travaillé en étroite collaboration tout au long de ses quatre semaines de mandat, n'engageant aucune mesure sans son consentement.

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