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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE SES TRAVAUX DE 2005

Compte rendu de séance
Pour le Secrétaire général de l'ONU, le désarmement est un élément essentiel de la prévention des conflits, du renforcement de la paix et de la réalisation des Objectifs du millénaire

La Conférence du désarmement a tenu ce matin la première séance de sa session de 2005 en entendant un message du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, qui a été lu par le Secrétaire général adjoint, M. Sergei Ordzhonikidze, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève.

Dans son message, le Secrétaire général souligne que la Conférence du désarmement ouvre cette année ses travaux avec de nouveaux espoirs de sortir de l'impasse qui a entravé ses travaux depuis si longtemps. Le désarmement est un élément essentiel de la prévention des conflits, du renforcement de la paix et de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. La Conférence a engagé, l'an dernier, l'examen de questions figurant à son ordre du jour mais aussi d'autres questions telles les moyens de renforcer le respect des accords dans le domaine de la limitation des armements et du désarmement, et la menace que pose le risque que des armes de destruction massive et de leurs vecteurs tombent entre les mains de terroristes. À cet égard, le Secrétaire général demande à la Conférence du désarmement à porter toute son attention aux recommandations du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement.

Le Président de la Conférence du désarmement, M. Chris Sanders, des Pays-Bas, a souligné que, si les difficultés qu'elle a connues ces dernières années devaient persister, la Conférence pourrait perdre de sa pertinence. Il a indiqué qu'il avait distribué un document officieux sur la base des consultation qu'il a pu mener jusqu'ici et a espéré pouvoir examiner ce document mardi prochain avec la Conférence. M. Sanders a assuré qu'au cours de son mandat de quatre semaines en tant que Président, il s'attachera à «remettre la Conférence du désarmement au travail» et surmonter les divergences actuelles, dans l'intérêt de tous.

Au nom de la Conférence du désarmement, le Président a exprimé ses condoléances les plus sincères aux gouvernements et aux peuples touchés, le 26 décembre dernier, par le raz de marée dans l'Océan indien, et a demandé à la Conférence d'observer une minute de silence en mémoire des victimes de cette catastrophe.

Le Sri Lanka, l'Inde et l'Indonésie ont remercié la Conférence pour les condoléances adressées aux pays et populations victimes du raz de marée et pour la solidarité manifestée par la communauté internationale envers les victimes du raz de marée.

Des déclarations ont également été faites par d'autres délégations. Les interventions de la Fédération de Russie et du Kenya ont porté sur les mines terrestres antipersonnel et celles du Pérou et de la France ont porté plus particulièrement sur les travaux de la session de cette année de la Conférence du désarmement. La Pologne et l'Allemagne ont pour leur part fait des déclarations dans le cadre du soixantième anniversaire de la libération de Auschwitz-Birkenau.

En fin de séance, la Conférence du désarmement a décidé d'accepter les demandes de participation à ses travaux présentées par les 33 États non-membres suivants : Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Costa Rica, Croatie, Chypre, Danemark, Estonie, ex-République yougoslave de Macédoine, Ghana, Grèce, Guatemala, Islande, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Koweït, Lettonie, Liban, Lithuanie, Luxembourg, Madagascar, Malte, Oman, Philippines, Portugal, Qatar, République tchèque, Saint-Marin, Saint Siège, Serbie-et-Monténégro, Singapour, Slovénie, Thaïlande et Uruguay.

Avant l'adoption de cette décision, la Turquie a déclaré qu'elle acceptait les demandes de participation des États non membres, en tenant compte des lettres adressés par la Turquie au Secrétaire général de la Conférence et figurant dans les documents CD/1438 et CD/1738 (concernant la question de l'élargissement de l'Union européenne, l'adhésion de «Chypre» et la situation et les circonstances politiques et juridiques qui découlent du rejet, par les Chypriotes grecs, du plan de règlement global).


La prochaine séance publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 1er février à 10 heures.

Message du Secrétaire général des Nations Unies à la Conférence du désarmement

M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Secrétaire général adjoint, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a donné lecture du message adressé à la Conférence par M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies.

Le Secrétaire général souligne que la Conférence du désarmement ouvre cette année ses travaux avec de nouveaux espoirs de sortir de l'impasse qui a entravé ses travaux depuis si longtemps. L'an dernier, la Conférence a malgré tout engagé, bien que de façon informelle, un débat de fond sur des questions figurant à son ordre du jour et d'autres questions qui concernent la situation internationale en matière de sécurité, notamment s'agissant des moyens de renforcer le respect des accords dans le domaine de la limitation des armements et du désarmement, ainsi que du risque que des armes de destruction massive et de leurs vecteurs tombent entre les mains de terroristes.

Mais la Conférence reste confrontée à la tâche exigeante de trouver les moyens d'aller de l'avant, souligne dans son message le Secrétaire général qui rappelle que le désarmement est un élément essentiel de la prévention des conflits, du renforcement de la paix et de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. Il appelle les membres de la Conférence du désarmement à porter toute leur attention aux recommandations du Groupe de personnalités de haut niveau sur les menaces, les défis et le changement. Face à l'importance des enjeux, le Secrétaire général engage les membres de la Conférence du désarmement à faire tout en leur pouvoir pour donner à cette instance de négociation sur la limitation des armements et le désarmement la possibilité de jouer le rôle pour lequel elle a été créée et de mettre les connaissances et l'expérience accumulées au service de tous les peuples.

Déclarations

M. LEONID SKOTNIKOV (Fédération de Russie) a informé la Conférence que le 7 décembre dernier, le Président de la Fédération de Russie a signé la loi portant ratification du Protocole II amendé à la Convention sur les armes classiques. La Fédération de Russie témoigne ainsi de son plein engagement en faveur de la résolution du problème des mines terrestres antipersonnel, a souligné M. Skotnikov. La Fédération de Russie considère que ce Protocole constitue un mécanisme effectif assurant, s'agissant de différents types de mines antipersonnel, un équilibre adéquat entre intérêts militaires et préoccupations humanitaires. Ce Protocole permet d'unir les partisans d'une interdiction immédiate des mines antipersonnel et ceux qui plaident pour une approche progressive afin d'atteindre cet objectif. Il n'a pas perdu sa valeur unique après la signature de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction complète des mines terrestres antipersonnel, a par ailleurs assuré M. Skotnikov.

Pour la Fédération de Russie, l'une des principales tâches à laquelle doit s'activer la communauté internationale consiste à prendre de nouvelles mesures en vue de l'universalisation du Protocole II amendé. En effet, un grand nombre de pays, qui sont actuellement confrontés à une situation politique et militaire compliquée, restent en dehors du Protocole. Le représentant russe a en outre fait valoir qu'avant même d'avoir ratifié ce Protocole, la Fédération de Russie en respectait totalement les dispositions. Il a notamment précisé que plus de sept millions de mines antipersonnel avaient été détruites dans le pays et que ce travail se poursuit. Une formation spéciale sur les exigences du Protocole II amendé est dispensée dans les écoles militaires russes, a-t-il également fait valoir. La Fédération de Russie partage la préoccupation de la communauté internationale s'agissant de l'utilisation irresponsable des mines antipersonnel; un monde exempt de mines reste notre objectif, a déclaré M. Skotnikov.

M. Skotnikov a par ailleurs indiqué qu'il partageait l'avis du Secrétaire général quant au rôle de la Conférence du désarmement en matière de prévention des conflits et de promotion de la paix et de la sécurité internationales. Relevant néanmoins que le lancement du travail de fond au sein de la Conférence est une question qui n'est toujours pas réglée, il a mis l'accent sur la nécessité d'œuvrer en vue de dégager un compromis sur le programme de travail de cette instance. À cet égard, la Conférence dispose d'un bon compromis de base avec la proposition dite des cinq Ambassadeurs, a estimé M. Stoknikov. Chacun doit donc désormais faire preuve de volonté et de souplesse, a-t-il conclu.

MME ELIZABETH ASTETE RODRÍGUEZ (Pérou) a exprimé sa préoccupation face à l'incapacité de la Conférence du désarmement, depuis huit ans, de se mettre d'accord sur un programme de travail. Elle a rappelé que la négociation est la base de l'existence de la Conférence, et que toute négociation exige de la bonne volonté et de la souplesse de la part de toutes les parties concernées. Il faut donc que tous les membres de la Conférence cèdent quelque chose pour parvenir à l'objectif que, selon la représentante péruvienne, tous cherchent à atteindre, à savoir, reprendre les travaux de fond de la Conférence, unique instance de négociation multilatérale sur les questions de limitation des armements et de désarmement. À cet égard, la représentante péruvienne a appelé à la recherche d'un compromis qui permette à la Conférence de faire des progrès sur les questions de fond sur la base d'un programme de travail équilibré.

Mme Astete Rodríguez a souligné que le Pérou, pays en développement, appuie pleinement tous les instruments régionaux et internationaux de désarmement, de limitation des armements et de non-prolifération, non seulement pour assurer la paix et la sécurité internationales, mais comme moyen de lutter plus efficacement contre la pauvreté. Elle a attiré l'attention sur les initiatives dans ce domaine appuyées par son pays dans le cadre régional. Ainsi, le Pérou et ses deux voisins, le Chili et l'Équateur, ont engagé un processus pour adopter des méthodologies qui permettent d'homologuer et de normaliser les dépenses militaires. De telles mesures de renforcement de la confiance s'inscrivent dans le cadre d'un objectif plus large de renforcement d'un «cadre régional à basse tension». Cette approche de la défense externe non offensive vise à éviter les risques que représentent une course aux armements, contraire aux objectifs prioritaires des pays concernés, c'est à dire parvenir au développement durable et lutter contre la pauvreté. La représentante péruvienne a aussi souligné l'importance accordée par son pays à la coopération internationale pour prévenir, combattre et éliminer le trafic d'armes légères et d'armes de petit calibre.

M. PHILIP OWADE (Kenya) a rappelé que la capitale kenyane a accueilli, du 29 novembre au 3 décembre dernier, le Sommet pour un monde sans mines. Cette conférence entrera sans aucun doute dans les annales de l'histoire comme une étape marquante sur la voie de l'élimination totale de la menace des mines antipersonnel et de l'aide aux victimes. Pour la première fois depuis 1997, la communauté internationale s'est réunie à cette occasion à un haut niveau politique afin d'examiner les problèmes humanitaires causés par les mines antipersonnel et les mesures prises pour y remédier. Plus de 350 représentants d'organisations non gouvernementales provenant de dizaines de pays ont participé au Sommet de Nairobi, a fait valoir M. Owade.

Le représentant kényan a souligné qu'au premier jour du Sommet, l'Éthiopie a annoncé qu'elle avait ratifié la Convention d'Ottawa. Des signes positifs d'acceptation croissante de la Convention ont en outre été perçus en provenance d'États qui restent à ce jour en dehors de cet instrument, comme la Chine, l'Indonésie et la Somalie. Tout en appréciant ces gestes positifs, le Kenya encourage la Chine et les autres États qui ne sont pas parties à la Convention à prendre des mesures concrètes pour rejoindre cet instrument de manière à ce que puisse être atteint l'objectif d'universalité. M. Owade a par ailleurs rappelé que la Conférence d'examen a adopté le Plan d'action de Nairobi pour la période 2005-2009, qui vise à mettre un terme aux souffrances causées par les mines antipersonnel. Il a remercié le Gouvernement de la Croatie pour s'être offert d'accueillir, du 28 novembre au 2 décembre 2005, la prochaine réunion des États parties.

M. FRANÇOIS RIVASSEAU (France) a relevé des développements très positifs au cours de l'année écoulée, notamment le lancement de sessions informelles dont une consacrée exclusivement à l'ordre du jour, et une seconde aux «sujets nouveaux additionnels». Il y a ensuite l'adoption du rapport 2004 de la Conférence dans lequel, par consensus, elle a reconnu l'importance des nouveaux sujets pertinents dans le nouvel environnement de sécurité. Il y a eu enfin, en première commission de l'Assemblée générale, l'adoption, toujours par consensus, d'une résolution se félicitant des discussions de fond entreprises au sein de la Conférence sur la situation qui règne actuellement en matière de sécurité internationale.

Rappelant que la Conférence avait fait l'an dernier, à la suggestion de la France, une courte pause pour réfléchir sur le sens de son ordre du jour qui lui a permis de relancer la dynamique de discussion au sein de la Conférence, le représentant français a déclaré que sa délégation souhaite également cette année, avant toute décision, un débat qui permette de faire le point sur le contenu de l'ordre du jour. Celui-ci mérite, au minimum, une mise à jour suivant les lignes consensuelles agréées en 2004. Pourquoi par exemple ne pas lui ajouter tout simplement un nouveau point qui s'intitulerait «thèmes nouveaux et additionnels» selon la formule désormais agréée par tous, a suggéré M. Rivasseau.

M. ZDZISLAW RAPACKI (Pologne) a rappelé que le monde commémore aujourd'hui le soixantième anniversaire de la libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau. Bien que ce ne soit que l'un des nombreux camps de la mort, Auschwitz est devenu pour le monde entier un symbole de terreur, de génocide et d'holocauste, a souligné M. Rapacki. Ce camp fut établi par les nazis en 1940 dans les faubourgs de la ville d'Oswiecim qui, comme tant d'autres parties de la Pologne, était occupée par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Les occupants ont alors changé le nom de la ville d'Oswiecim en Auschwitz, a-t-il rappelé. Le site d'Auschwitz fut un véritable complexe composé d'un camp de concentration, d'extermination et de travail forcé et de 39 camps annexes. Au fil des années qui suivirent sa création, le camp s'étendit. Au début, seuls les Polonais y étaient emprisonnés et tués. Puis les rejoignirent les prisonniers de guerre soviétiques, les Roms et près de trente nationalités: Tchèques, Slovaques, Belges, Danois, Français, Grecs, Hollandais, ainsi que des prisonniers politiques allemands, pour ne citer que quelques-unes des nations qui ont souffert dans les camps.

À partir de 1942, le camp d'Auschwitz devint le site de l'un des plus grands massacres de masse de l'histoire de l'humanité, perpétré contre les juifs d'Europe dans le cadre d'un plan d'Hitler visant la destruction totale de ce peuple: l'Holocauste. Dès leur arrivée, la majorité des juifs déportés à Auschwitz ont été envoyés à la mort dans les chambres à gaz de Birkenau. À la fin de la guerre, désireux d'effacer les traces des crimes qu'ils avaient commis, les nazis commencèrent à démanteler et à raser les chambres à gaz, les crématoriums et autres constructions et forcèrent les prisonniers capables de marcher à s'enfoncer à l'intérieur de l'Allemagne dans de véritables «marches de la mort» au cours desquelles des milliers d'entre eux périrent. Ceux qui avaient été laissés dans les camps furent libérés par les soldats de l'Armée rouge le 27 janvier 1945. On estime qu'au moins 1,1 million de juifs et plus de 140 000 Polonais figuraient parmi les 1 600 000 personnes qui furent transportées à Auschwitz. Environ 1,5 million de personnes périrent à Auschwitz.

Aujourd'hui, nous vivons dans un monde différent, a poursuivi M. Rapacki. Quelles que soient les nouvelles menaces pesant sur l'humanité, nous devons retenir la leçon d'Auschwitz et faire preuve de suffisamment de courage pour agir, a-t-il affirmé. N'ayons pas peur d'entreprendre la tâche qui consiste à rendre le monde plus sûr pour les générations futures, a-t-il conclu.

M. VOLKER HEINSBERG (Allemagne) a déclaré que la libération du camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau, il y a soixante ans, et de tous les autres nombreux camps de concentration et d'extermination incitent à saluer la mémoire des millions de victimes du génocide nazi contre les juifs tout d'abord et avant tout, mais aussi des Sintis et des Roms, des homosexuels, des handicapés, des prisonniers de guerre, des dissidents et de nombreuses autres personnes dans l'ensemble de l'Europe. Nous rendons hommage à toutes les victimes du régime de terreur national-socialiste et nous nous inclinons en signe de profond deuil. Auschwitz restera à jamais gravé dans l'histoire de l'humanité comme symbole du plus haut mépris de l'humanité et symbole du génocide. Auschwitz a été l'expression la plus horrible d'un système aveuglé par la folie raciste et a provoqué d'indicibles souffrances aux peuples. Ce crime barbare fera à tout jamais partie de l'histoire allemande. Pour mon pays, a poursuivi le représentant allemand, cela représente l'abomination absolue, le déni de tout ce qui est civilisé. La nouvelle Allemagne démocratique en a tiré des conclusions : la responsabilité historique et morale pour Auschwitz a laissé des traces indélébiles.

Pour la délégation allemande, il est de notre responsabilité de lutter avec la plus grande détermination contre les dangers qui menacent nos pays, nos peuples, nos enfants, de promouvoir la coopération pacifique, l'édification de la confiance, avec en perspective un nouvel ordre mondial permettant de prévenir le génocide et autres dangers pour l'humanité. Selon le représentant, cela inclut la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, une prévention clairvoyante des conflits et la protection des droits de l'homme. Le multilatéralisme est à cet égard la façon la plus sûre d'atteindre cet objectif, a-t-il précisé. Le désarmement, la limitation des armements et les mesures de non-prolifération peuvent contribuer à prévenir les conflits, créer la stabilité et réduire le risque de la dissémination et de l'éventuelle utilisation des armes de destruction massive. Aussi, le représentant allemand en a-t-il appelé à tous pour que soient déployés des efforts renouvelés afin que la Conférence soit en mesure d'assumer ses responsabilités.

M. CHRIS SANDERS, Président de la Conférence, évoquant également le soixantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau, a rappelé que l'Organisation des Nations Unies a été créée pour épargner aux générations futures le fléau de la guerre. À cet égard, a-t-il souligné, le désarmement est crucial pour contribuer à améliorer les relations entre États et honorer les engagements pris par les fondateurs des Nations Unies.

M. IDRISS JAZAIRY (Algérie) a fait part de sa satisfaction face à l'adoption prochaine, par la Conférence du désarmement, de son ordre du jour. Il a fait observer que la Conférence entame cette année ses travaux dans une conjoncture internationale qui ne pousse guère à l'optimisme si l'on en juge par la croissance des stocks d'armes de destruction massive, par la militarisation de l'espace extra-atmosphérique, par le terrorisme international, par la hausse des dépenses militaires et par l'érosion du multilatéralisme. Jamais la communauté internationale n'a été confrontée à des menaces aussi grandes que celles à laquelle elle fait face aujourd'hui, a insisté l'Ambassadeur algérien. Seuls des accords multilatéraux inspirés du document final de la session spéciale de l'Assemblée générale de 1978 sur le désarmement permettraient à l'humanité de répondre à ces menaces, a-t-il affirmé. Il faut avant tout assurer l'universalité du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), a-t-il précisé. Le statut d'État nucléaire ne doit pas être interprété comme relevant d'un droit illimité dans le temps, a insisté l'Ambassadeur d'Algérie. Il a déploré l'échec qui a soldé le processus préparatoire de la septième Conférence d'examen du TNP quant à l'adoption de son ordre du jour.

L'Ambassadeur d'Algérie s'est félicité que certaines régions de la planète soient parvenues à instaurer par traité des zones exemptes d'armes nucléaires. Malheureusement, le Moyen-Orient reste en dehors d'un tel traité en raison du refus d'Israël de soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a-t-il déploré. Il a par ailleurs plaidé en faveur d'un instrument juridique international contraignant et non-discriminatoire interdisant la production de matières fissiles. Disposer d'un tel traité sans l'assortir d'un mécanisme de vérification reviendrait à se doter de normes sans se donner les moyens de les faire respecter, a-t-il souligné.

L'initiative dite des cinq Ambassadeurs bénéficie de l'appui de la majorité des délégations et fournit une base pour un programme de travail, a rappelé l'Ambassadeur algérien. Cette initiative, qui est équilibrée, prévoit la création de quatre comités ad hoc sur les questions qui préoccupent le plus les délégations, à savoir le désarmement nucléaire, les garanties négatives de sécurité, l'interdiction des matières fissiles, et la démilitarisation de l'espace extra-atmosphérique. En définitive, la menace la plus sérieuse contre la sécurité collective est la persistance de la pauvreté extrême et de la marginalisation des plus démunis. Il convient donc d'œuvrer en faveur d'un monde plus juste et plus stable, a conclu l'Ambassadeur.

DC05002F