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Le Conseil des droits de l’homme achève son débat de haut niveau
Le Conseil des droits de l’homme a achevé, à la mi-journée, son débat de haut niveau, entamé avant-hier, en entendant les déclarations de près d’une trentaine de hauts dignitaires, ainsi que les interventions d’une douzaine de délégations et de représentants de la société civile.
Les intervenants ont notamment fait part des mesures qu’ils ont prises dans le contexte actuel de pandémie et ont souligné que cette crise sanitaire a non seulement révélé mais exacerbé nombre d’inégalités.
Ont par ailleurs été largement dénoncées les violations des droits de l’homme perpétrées en maints endroits du monde, un Ministre faisant état à cet égard de « régressions considérables » pour les droits de l’homme qui sont d’autant plus regrettables qu’elles s’accompagnent, selon lui, d’une vague de remise en cause de l’universalité des droits de l’homme et du système multilatéral. Des inquiétudes ont été exprimées s’agissant des « pressions inacceptables » subies par la société civile dans le monde entier, notamment les défenseurs des droits de l'homme, les défenseurs des droits des LGBTI, les journalistes et les travailleurs des médias.
Ont fait des déclarations aujourd’hui dans le cadre de ce débat de haut niveau : les Ministres des affaires étrangères de la Bulgarie, de l’Éthiopie, de l'Irlande, de la Fédération de Russie, de la Grèce, des États-Unis (Secrétaire d’Etat), des Bahamas, du Canada, des Îles Marshall, du Cameroun, du Mali, de la Libye, de la France, et de l'Italie ; la Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Panama ; les Ministres de la justice du Malawi, de la Namibie, du Gabon et des Philippines ; la Secrétaire d’Etat chargée des droits de l’homme de la Côte d’Ivoire ; ainsi que le Chargé des affaires internationales du pouvoir judiciaire et Secrétaire du Haut Conseil pour les droits de l’homme de l’Iran.
Sont en outre intervenus d’autres hauts dignitaires représentant l'Organisation internationale de droit du développement, la Commission interaméricaine des droits de l’homme, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Forum des îles du Pacifique et l’Union interparlementaire.
Ont aussi fait des déclarations : le Soudan, la Somalie, l’Algérie, les Émirats arabes unis, le Botswana, le Mozambique, le Cambodge, la République démocratique populaire lao, l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme, ainsi que quatre représentants de la société civile.
À la fin de la séance, plusieurs pays ont exercé leur droit de réponse à la suite de déclarations faites pendant le débat de haut niveau : Chypre, Syrie, Turquie, Azerbaïdjan, Venezuela, Arménie, Inde, République populaire démocratique de Corée, Chine, Japon, Royaume-Uni, Cuba, Iran, Colombie, Indonésie, Pakistan, République de Corée, Maurice et Arabie saoudite.
Cet après-midi, le Conseil poursuit ses travaux en tenant un dialogue sur le rapport de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme intitulé « Faire en sorte que les responsabilités soient établies et que justice soit faite pour toutes les violations du droit international dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ».
Suite du débat de haut niveau
MME EKATERINA ZAHARIEVA, Vice-Première Ministre pour la réforme judiciaire et Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a déclaré que le respect des droits de l'homme devait rester au cœur des efforts pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et s'en relever. Le Gouvernement bulgare a pris des mesures d'urgence en riposte à la COVID-19, y compris des mesures visant à soutenir le système de santé et les groupes vulnérables et à introduire d'autres formes d'assistance sociale, a-t-elle indiqué.
La tolérance et la promotion de la liberté de religion sont des valeurs démocratiques fondamentales, a poursuivi Mme Zaharieva. C’est pourquoi la Bulgarie lutte contre les signes de racisme, d'antisémitisme et de xénophobie, y compris contre le néonazisme. Les jeunes générations devraient apprendre à s'engager contre la discrimination et la Bulgarie prend des mesures dans ce sens, a assuré la Ministre bulgare des affaires étrangères. La Bulgarie a consacré du temps et consenti des efforts pour placer le thème des enfants handicapés en tête de l'ordre du jour du Conseil des droits de l'homme, a-t-elle par ailleurs indiqué. En ces temps difficiles, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, sous la direction de Mme Michelle Bachelet, joue un rôle clef dans le système des Nations Unies, a souligné la Ministre.
M. DEMEKE MEKONNEN HASSEN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Ethiopie, a déclaré que son pays avait réalisé d’importants progrès et relevé de nombreux défis ces trois dernières années. Cela dit, a-t-il ajouté, le Gouvernement éthiopien a toujours su qu’il y aurait des difficultés à gérer la transition, à cause d’actes perpétrés par des personnes opposées à celle-ci. Des groupes et personnes se livrent à des sabotages économiques et à des campagnes de désinformation, attisent la haine ethnique et commettent des attaques, a-t-il indiqué. Les auteurs de ces actes appartiennent au Front populaire de libération du Tigré (FPLT), ce parti qui a dominé le pouvoir pendant trente ans, qui rejette toute tentative de discussion et contribue par les mots et les actes à la violence, a-t-il affirmé.
Le FPLT a notamment attaqué un bataillon des forces armées fédérales stationnées dans le Tigré, avec à la clef de nombreux morts, a indiqué le Ministre éthiopien des affaires étrangères. Les assaillants ont fait des prisonniers, saisi de nombreuses armes et annoncé sans vergogne leur volonté d’attaquer la capitale, Addis-Abeba, a-t-il poursuivi, ajoutant que le pouvoir n’a eu d’autre choix que de réagir pour récupérer les armes et libérer les personnes détenues. Aujourd’hui, la priorité du Gouvernement est de rétablir la stabilité dans le Tigré et de fournir une aide humanitaire aux réfugiés, a-t-il indiqué. De nombreux élément du FPLT ont été arrêtés, d’autres se sont rendus et connaîtront un procès, a précisé le Ministre éthiopien. D’autres, encore dans la nature, continuent de menacer la stabilité du pays. Ils attaquent les convois humanitaires et ont libéré des milliers de prisonniers, dont de dangereux criminels, a-t-il ajouté, avant d’affirmer que la propagande à laquelle se livre le FPLT et ses soutiens dans la diaspora, notamment à travers les réseaux sociaux, ne reflète en rien la réalité.
M. TITUS SONGISO MVALO, Ministre de la justice du Malawi, a expliqué que la pandémie actuelle de COVID-19, qui n’a épargné aucun peuple, aucune nation ni aucun continent, nous rappelle que nous sommes des êtres humains avec des fragilités communes. Pour vaincre ce fléau, nous avons besoin d'efforts unis et de partage d'expertise, de connaissances et de ressources, a-t-il indiqué. Un accès juste et équitable aux vaccins et aux ressources est important au niveau mondial, a-t-il plaidé. Dans sa lutte contre la pandémie, a-t-il ajouté, le Malawi a adopté des mesures restrictives afin de protéger les droits de l'homme et la santé humaine et le pays a déclaré, le 12 janvier 2021, l’état de catastrophe nationale en raison de COVID-19.
Le Malawi a démontré qu'une volonté ferme de la population est suffisante pour contrecarrer tout projet visant à faire dérailler la démocratie et la volonté du peuple, a poursuivi le Ministre de la justice. L'administration du Président Lazarus McCarthy Chakwera est née en juin 2020 sur les ailes du désir du peuple de créer un Malawi rêvé depuis l’indépendance en 1964 - un Malawi non seulement politiquement libre et indépendant, mais également engagé sur la voie du développement social et économique, sans pauvreté, sans tribalisme, sans népotisme ni corruption, a déclaré le Ministre.
M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et Ministre de la défense de l'Irlande, a regretté les pressions exercées, dans toutes les régions du monde, pour limiter les libertés les plus fondamentales, parfois sous prétexte de répondre aux problèmes posés par la pandémie de COVID-19. Championne de longue date de l'espace civique, l’Irlande est très préoccupée par les pressions inacceptables subies dans le monde entier par la société civile, notamment par les défenseurs des droits de l'homme, les défenseurs des droits des personnes LGBTI, les journalistes et les travailleurs des médias, a indiqué le Ministre.
Après avoir lutté il y a cent ans pour sa propre indépendance, le peuple irlandais est profondément troublé par les tentatives d'interférence dans les résultats d’élections démocratiques, a poursuivi M. Coveney. L'Irlande considère donc comme essentiel que le Conseil se prononce, ce mois-ci, sur le coup d'État au Myanmar et qu’il condamne la détention illégale de prisonniers politiques, de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes. L’Irlande juge tout aussi important que la situation des droits de l'homme au Bélarus figure à l'ordre du jour de cette session du Conseil. Le Conseil des droits de l'homme et ses mécanismes sont indispensables à l'effort de construction d'un monde meilleur, a souligné le Ministre irlandais.
M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré qu’avec le retour de son pays en tant que « membre à part entière » du Conseil, la Fédération de Russie a l'intention de faire un « usage actif » de son mandat afin de renforcer le potentiel et l’autorité du Conseil et promouvoir un programme unificateur. Ceci est particulièrement important dans le contexte de la pandémie de COVID-19, a-t-il affirmé. Malheureusement, malgré la pandémie et la nécessité évidente de consolider les efforts, « certains collègues occidentaux » n'ont toujours pas l'intention de reconsidérer leur politique intéressée et d'abandonner les méthodes illégitimes de chantage et de pression, a-t-il déploré. M. Lavrov a ensuite déclaré que l'espace médiatique mondial devient un lieu « d'étroitesse d'esprit géopolitique.» Selon lui, des campagnes médiatiques fausses et agressives sapent la stabilité politique intérieure des États souverains et incitent aux émeutes et à la violence. La facilité avec laquelle « les partisans de la pseudo-démocratie » utilisent de manière irresponsable des adolescents et des enfants à des fins politiques est particulièrement préoccupante et cela est inacceptable, a-t-il ajouté.
Le Ministre russe des affaires étrangères s’est ensuite alarmé des discriminations que subit, a-t-il dit, la population russophone dans les États baltes et en Ukraine. Depuis septembre 2020, l'Ukraine a commencé à exclure les langues minoritaires de la sphère publique et éducative, a-t-il poursuivi. Le 16 janvier 2021, une autre disposition de « l'odieuse loi ukrainienne » instaurant la langue ukrainienne en tant que langue d'État est entrée en vigueur et a réduit de plus de 80% les possibilités de suivre un enseignement secondaire en russe, alors que 30 à 50 % de la population concernée a le russe comme langue maternelle. Cela est « de plus en plus préoccupant » et la Fédération de Russie regrette que le Conseil et ses procédures spéciales restent silencieux sur les violations flagrantes des droits de millions de personnes, a déploré M. Lavrov.
M. NIKOS DENDIAS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que la pandémie constitue une menace non seulement pour la santé publique, mais aussi pour les fondements de la démocratie. Il a ensuite affirmé que les situations des droits de l'homme en Libye, en Syrie et au Myanmar méritent la constante attention du Conseil. S’agissant de la Libye, la Grèce se félicite de la tenue du Forum de dialogue politique libyen à Genève au début du mois et de ses résultats. La Grèce attend maintenant le rétablissement de l'état de droit dans tout le pays par le nouveau Gouvernement de transition, a indiqué le Ministre. Quant à la Syrie, la Grèce condamne les violations continues des droits de l’homme et les abus du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit, des violations qui, dans certains cas, peuvent constituer des crimes de guerre selon les conclusions de la Commission d'enquête, a souligné M. Dendias.
La Grèce exprime par ailleurs ses vives préoccupations concernant les conséquences de la crise au Myanmar sur les droits de l'homme, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. La Grèce estime que le récent coup d'État militaire dans le pays aggravera la situation des droits de l'homme et perpétuera également les abus contre les Rohingyas et d’autres minorités, a-t-il indiqué.
M. ANTONY J. BLINKEN, Secrétaire d'État des États-Unis d’Amérique, a déclaré que c’était un honneur pour lui de se joindre aux délégations alors que son pays renoue avec le Conseil des droits de l'homme et d'autres organisations internationales importantes. « Le Conseil a joué un rôle important dans la protection des libertés fondamentales », notamment en « documentant les atrocités afin d’en tenir les auteurs responsables », a relevé le Secrétaire d’État. Cependant, si les États-Unis se réengagent auprès du Conseil, ils lui demandent instamment de se pencher « sur la manière dont il mène ses activités », en particulier en ce qui concerne « l'attention disproportionnée qu'il porte à Israël », a déclaré M. Blinken. Il a en outre estimé que « ceux qui ont le plus mauvais bilan en matière de droits de l'homme ne devraient pas être membres de ce Conseil ». M. Blinken a admis que la promesse de lutter pour les droits de l'homme dans le monde devait commencer par la promesse de lutter pour les droits de l'homme chez soi. Aux États-Unis, les personnes de couleur sont confrontées chaque jour aux conséquences du racisme systémique et de l'injustice économique, a poursuivi le Secrétaire d’État. Dès la première semaine de son mandat, a-t-il souligné, le Président Biden a pris des mesures pour s'attaquer aux causes profondes de ces inégalités, notamment en matière de logement, de réforme des prisons, d'amélioration des conditions des populations autochtones et de lutte contre la discrimination à l'égard des Américains d'origine asiatique.
Les États-Unis continueront à dénoncer les violations dans des pays comme le Venezuela, le Nicaragua, Cuba et l'Iran, a par ailleurs indiqué M. Blinken. Il a en outre appelé le Gouvernement russe à libérer immédiatement Alexeï Navalny. Les États-Unis défendront aussi les valeurs universelles « lorsque des atrocités sont commises au Xinjiang » ou lorsque « les libertés fondamentales sont mises à mal à Hong Kong », a poursuivi le Secrétaire d’État. Il s’est en outre dit alarmé par « le recul de la démocratie en Birmanie ». Il a encouragé le Conseil à soutenir les résolutions de cette session portant sur les violations des droits de l'homme en Syrie et en République populaire démocratique de Corée, sur l'absence de responsabilité pour les atrocités passées au Sri Lanka et sur la nécessité d'une enquête plus approfondie concernant la situation au Soudan du Sud.
M. DARREN ALLAN HENFIELD, Ministre des affaires étrangères du Commonwealth des Bahamas, a souligné qu’en tant qu’archipel vulnérable aux ouragans et aux catastrophes naturelles, les tempêtes ne sont pas étrangères aux Bahamas. En 2019, l'ouragan Dorian est devenu l'ouragan le plus violent à avoir jamais frappé les Bahamas et a entrainé la pire catastrophe naturelle de l'histoire du pays, a-t-il rappelé. Il reste l'un des ouragans les plus puissants jamais enregistrés dans l'océan Atlantique, a-t-il insisté. La pandémie de COVID-19 est une tempête d’une tout autre catégorie : elle a balayé les frontières, tiré vers le bas les économies, mis à mal les systèmes de soins de santé, dévasté les vies et les moyens d’existence et mis à nu les inégalités, a souligné le Ministre. Néanmoins, a-t-il poursuivi, soucieuses de répondre rapidement à cette pandémie, les Bahamas ont progressé dans la lutte contre la propagation du virus au niveau national tout en continuant à respecter les droits et libertés fondamentaux. Le pays a ainsi notamment renforcé les programmes de protection sociale pour les groupes vulnérables et augmenté l'aide au chômage en faveur des travailleurs indépendants dans le secteur du tourisme.
Pour les Bahamas, comme pour l’ensemble de la sous-région des Caraïbes, la COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités inhérentes auxquelles elles sont confrontées en tant que Petit état insulaire en développement, aggravant encore les défis déjà posés par le changement climatique et la fréquence accrue des catastrophes naturelles, par la vulnérabilité aux chocs exogènes et par le lourd endettement, a en outre souligné le Ministre.
MME YVONNE DAUSAB, Ministre de la justice de la Namibie, s’est dite reconnaissante au Haut-Commissariat aux droits de l'homme, aux États membres et aux autres parties prenantes de leurs efforts pour maintenir leur engagement en faveur de la réalisation de tous les droits de l'homme pendant la pandémie de COVID-19. La Ministre a ensuite réitéré l’appel de son pays en faveur d'une représentation régionale équitable dans les structures du Haut-Commissariat.
Mme Dausab a par ailleurs regretté les événements récents dans le monde qui illustrent les lacunes dans la réalisation de la Déclaration de Durban : elle a condamné l'inégalité systématique, ainsi que les pratiques racistes et extrémistes qui divisent les gens sur la base de la couleur et de l'origine ethnique. La Ministre a également indiqué que son pays rejoignait le Secrétaire général des Nations Unies dans son appel à un plus grand engagement pour l’application des objectifs de développement durable et de l'Accord de Paris sur le climat. Mme Dausab a ajouté que le droit au développement était essentiel à la promotion des droits de l'homme et était une priorité pour la Namibie.
MME AIMÉE GBAKREHONON ZEBEYOUX, Secrétaire d’État auprès du Garde des Sceaux, Ministre de la justice et des droits de l’homme , chargée des droits de l’homme de la Côte d’Ivoire, a déclaré que le retour de son pays au Conseil pour la période 2021-2023 témoignait de l’engagement de son Gouvernement en faveur la protection des droits de l’homme. Elle a précisé que le Conseil national des droits de l’homme créé en 2018 venait d’être accrédité [auprès de la GANHRI] au bénéfice du statut « A » des institutions nationales des droits de l’homme pleinement conformes aux Principes de Paris. Mme Zebeyoux a en outre indiqué que la Côte d’Ivoire, engagée dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, avait déployé un contingent de Casques bleus au Mali pour contribuer aux efforts visant à y rétablir la sécurité et la paix.
D’autre part, a poursuivi la Secrétaire d’Etat chargée des droits de l’homme, face à la COVID-19, la Côte d’Ivoire a mis en place une politique de relance économique axée sur les droits de l’homme, avec des mécanismes destinés à accompagner les populations les plus vulnérables. Mme Zebeyoux a ensuite constaté qu’en dépit des efforts considérables de sensibilisation à la paix menés par le Gouvernement ivoirien et certaines organisations de la société civile, l’on a déploré des atteintes aux droits de l’homme découlant des actes de violences qui ont émaillé le processus de l’élection présidentielle du mois d’octobre 2020. Toutefois, a-t-elle assuré, les incidents constatés n’ont pas été de nature à entacher la crédibilité du scrutin.
M. MARC GARNEAU, Ministre des affaires étrangères du Canada, a insisté sur le fait que les droits de l'homme sont essentiels pour lutter contre la COVID-19. Alors que le monde tente de protéger la santé publique, notamment par le développement et la distribution de vaccins, il est de notre responsabilité de veiller à ce qu'aucune communauté vulnérable ne soit laissée pour compte, a-t-il souligné. M. Garneau a ajouté que son pays s’était engagé dans un effort mondial vigoureux pour garantir que chacun, partout, ait accès aux tests, aux traitements et aux vaccins contre la COVID-19. Il a regretté que la pandémie soit utilisée comme prétexte par certains gouvernements pour miner les droits de l'homme qu'ils sont chargés de faire respecter.
M. Garneau a ensuite fait part de la préoccupation du Canada face à la détérioration de la situation des droits de l'homme à Sri Lanka, aux crimes contre l’humanité commis au Venezuela, aux violations des droits de l’homme en Iran, de même que face à l’érosion des droits et libertés à Hong Kong et aux violations des droits des Ouïghours et autres minorités au Xinjiang. Le Ministre a également indiqué que le Canada condamnait le coup d’État au Myanmar. Il a assuré que son pays soutenait les efforts internationaux pour venir en aide aux Rohingyas. M. Garneau a en outre demandé que les auteurs de violations des droits de l’homme au Bélarus rendent compte de leurs actes.
M. ZEYNI MOULAYE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a déclaré que le changement survenu à la tête du Mali depuis la transition politique du 18 août dernier n’entame en rien les engagements de son pays faveur des droits de l'homme. Mais force est de constater que le Mali reste confronté à des défis pour protéger les droits de l’homme sur l’ensemble de son territoire – des défis qui résultent des « vicissitudes » de l’histoire, a-t-il poursuivi. C’est là un grand défi que nous nous devons de relever avec l’aide de tous les partenaires, en particulier celle des membres du Conseil, a déclaré le Ministre malien. Cela dit, le Gouvernement reconnaît toute la pertinence et l’opportunité de la présence actuelle de la communauté internationale au Mali afin de répondre plus efficacement à la réalité sur le terrain, a-t-il ajouté.
Le Ministre a ensuite assuré que le Gouvernement malien maintient les engagements pris par le passé, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord de paix et le programme de désarmement, démobilisation et réintégration. Le Mali apprécie l’apport apporté par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et les autres partenaires dans ce processus , a-t-il ajouté. Cela dit, le processus politique à lui seul ne pourra venir à bout des défis que connaît le pays, a-t-il souligné. C’est aussi le sens de l’appel lancé par le Président aux forces de sécurité afin que soient respectés les droits de l'homme. La lutte contre le terrorisme ne saurait être un blanc-seing pour se livrer à des actes répréhensibles, a insisté le Ministre.
MME ERLYNE ANTONELA NDEMBET DAMAS, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux et chargée des droits de l'homme du Gabon, a déclaré qu’en tant que nouveau membre du Conseil, son pays entend renforcer ses efforts de promotion et d’accompagnement de toutes les initiatives en matière de droits de l’homme tant au niveau national qu’au niveau international dans le contexte la pandémie actuelle. Elle a ensuite mis l’accent sur les mesures nationales prises dans le domaine des droits de l’homme par le Gabon. Ces mesures portent sur la protection des groupes vulnérables, plus particulièrement les enfants, les femmes et les détenues, et sur la garantie d’une meilleure santé pour l’ensemble de la population, a-t-elle précisé. La Ministre a ainsi expliqué que des mesures importantes avaient été prises contre les violences à l’encontre des enfants, mais aussi pour les mineurs en conflit avec la loi.
Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, une stratégie de réduction des inégalités entre les hommes et les femmes a été mise en œuvre en 2020 pour une durée de trois ans, a poursuivi la Ministre de la justice. Le Gabon s’est en outre engagé dans une réforme du corpus juridique pour lutter contre toutes les violences faites aux femmes, a-t-elle indiqué.
M. CASTEN N. NEMRA, Ministre des affaires étrangères et du commerce des Iles Marshall, a souligné que son pays, petit État insulaire, estime que l’inclusivité est fondamentale pour réaliser et sécuriser les droits de l'homme. Il a rappelé que les Iles Marshall ont positivement accueilli les recommandations issues du troisième cycle de l’Examen périodique universel qui leur ont été adressées. Le Gouvernement marshallais est engagé à modifier la Constitution afin de créer un bureau de l’Ombudsman qui jouera un rôle dans la surveillance, le suivi et les rapports sur la situation des droits de l'homme dans le pays, a-t-il indiqué. Par ailleurs, en tant que société de culture matrilinéaire, les Iles Marshall sont convaincues que les droits de l'homme ne sont assurés que lorsque tous les droits des femmes et filles sont protégés, y compris les droits sexuels et reproductifs, a souligné le Ministre.
Le Ministre a par ailleurs rappelé qu’eu égard à la basse altitude du pays, le changement climatique est la plus grande menace pour les Iles Marshall. L'élévation du niveau de la mer menace la capacité du pays à déterminer son avenir politique et met en danger sa culture et son territoire. De ce fait, les grands émetteurs de gaz à effet de serre ont une responsabilité non seulement envers leur propre population, mais aussi envers la population des autres nations dont les droits sont également affectés, a-t-il souligné, ajoutant qu’il est de la responsabilité de tous les États d'adhérer à l'objectif de l'Accord de Paris de maintenir la hausse des températures en dessous de 1,5 degré Celsius.
M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a indiqué que son pays s’efforcera de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 malgré les difficultés qu’il traverse actuellement. Le Cameroun ne ménage aucun effort pour coopérer avec les mécanismes des droits de l’homme et son Gouvernement a toujours mis un point d’honneur à respecter les traités internationaux en la matière, a-t-il poursuivi. Le pays a maintenu la coopération avec un grand nombre d’organisations non gouvernementales, mais certaines, au lieu de promouvoir les droits de l’homme, déforment les faits, a-t-il ajouté. Il a assuré que le Cameroun a toujours respecté l’état de droit.
Le Ministre camerounais a ensuite dénoncé les violences des « adeptes de l’obscurantisme », les attaques de Boko Haram et les velléités sécessionnistes. Le pouvoir doit s’obtenir par les urnes et non par la négation de l’autre, a-t-il souligné. Le Cameroun a néanmoins entamé un processus de décentralisation et le retour à la paix est perceptible, a déclaré le Ministre. La mise en place d’un plan d’assistance humanitaire et l’élaboration d’un plan présidentiel de reconstruction sont autant de mesures qui contribuent à ramener progressivement un sentiment de « vivre ensemble », a-t-il insisté.
M. MOHAMED T. H. SIALA, Ministre des affaires étrangères de la Libye, a assuré du plein soutien de son Gouvernement au nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général en Lybie, M. Jan Kubis et, à travers ce dernier, à la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL). Mais le Gouvernement libyen réitère auprès du Conseil des droits de l'homme sa demande de création d’une commission d’enquête sur les violations des droits de l'homme Libye. Cette commission devrait être mise sur pied au plus vite, car tout retard a un impact sur la situation des droit de l'homme en Libye, a insisté le Ministre libyen. Il s’est ensuite félicité des « efforts récents » enregistrés avec le soutien de la MANUL et de la Suisse, qui a accueilli les discussions entre les parties. Il est maintenant temps que cela se traduise sur le plan militaire, car le stabilité de la Libye a un impact sur la stabilité de toute la région, a souligné le Ministre.
M. Siala a également évoqué la question du retour des avoirs illégaux et des antiquités volées – qui appartiennent au peuple libyen et doivent lui revenir, y compris pour assurer son développement. Il a également évoqué la question des migrations illégales et s’est dit convaincu que la seule façon de régler ce problème était de favoriser le développement des pays d’origine.
M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a estimé que 2020 n’aura pas seulement été l’année qui a bouleversé la vie des nations, mais aussi celle qui a marqué une série de régressions considérables pour les droits de l’Homme. En « Biélorussie », l’aspiration démocratique a été balayée par la violence, a-t-il déclaré. Après avoir frôlé la mort, Alexeï Navalny est aujourd’hui en prison, a-t-il ajouté. De la région chinoise du Xinjiang, des témoignages et des documents concordants font état de pratiques injustifiables à l’encontre des Ouïghours et « d’un système de surveillance et de répression institutionnalisé », a par ailleurs déclaré le Ministre français. Quant à Bachar el-Assad, il continue de faire la guerre à son peuple, avec le concours de ses alliés, a-t-il poursuivi. Au Yémen, la population est aujourd’hui menacée par la famine, a en outre rappelé le Ministre. Dans de trop nombreuses régions, a-t-il ajouté, les possibilités d’expression de la société civile se réduisent en raison des mesures prises par des régimes autoritaires ou qui ne comprennent pas qu’il ne saurait y avoir de stabilité et de développement sans respect des libertés fondamentales et de l’aspiration des sociétés, et notamment de la jeunesse, à vivre librement. Quant au coup d’état militaire survenu au début du mois en « Birmanie », il n’augure guère mieux pour l’année qui vient de commencer, a déclaré le Ministre français.
M. Le Drian a ensuite déploré que ces « régressions » s’accompagnent d’une « vague » de remise en cause de l’universalité des droits de l’homme et du système multilatéral. Or, a-t-il dit, nous ne saurions nous y résigner. Ensemble, nous devons faire vivre un multilatéralisme des droits humains exigeant et soucieux de résultats tangibles, a-t-il déclaré. En ce qui la concerne, la France, membre de ce Conseil, y portera, comme dans ses relations bilatérales, une exigence de vérité et d’action, a indiqué le Ministre. Aucun pays ne sera exempt de notre attention, a-t-il prévenu, assurant aussi que la France allait se mobiliser en faveur du respect universel des droits de l’homme, des droits fondamentaux, en plus de travailler à la promotion de l’état de droit et de la démocratie, ainsi qu’à la lutte contre la corruption et l’impunité. M. Le Drian a en outre attiré l’attention sur un certain nombre de priorités de son pays, parmi lesquelles la défense des droits fondamentaux des femmes et des filles et la protection des défenseurs des droits.
M. LUIGI DI MAIO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale d'Italie, a déclaré que le monde actuel, marqué par les catastrophes, ne pouvait être considéré comme durable sans la mise en œuvre des droits de l’homme. Alors que la communauté internationale s’efforce de lutter contre la pandémie de COVID-19, le virus touche particulièrement les populations les plus vulnérables, a-t-il fait observer. La reconstruction doit être solide et durable, a-t-il insisté. Partout dans le monde, les femmes, les enfants et les personnes âgées ont fait preuve de courage alors qu’ils étaient les plus durement frappés, a-t-il souligné.
Rappelant que 2021 a été décrétée Année internationale de l’élimination du travail des enfants, le Ministre italien a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour protéger les droits des enfants. De nombreux enfants fuyant des contextes de guerre deviennent des victimes de la traite, a-t-il fait observer. Par ailleurs, le travail de la société civile et des défenseurs des droits de l’homme ne peut pas être efficace si les journalistes ne peuvent pas travailler librement, a poursuivi le Ministre. Il s’est dit préoccupé par les situations des droits de l’homme en Egypte, en Libye, au Bélarus, à Hong Kong, au Myanmar, au Yémen et dans le Tigré.
M. MENARDO I. GUEVARRA, Ministre de la justice des Philippines, a indiqué qu’en réponse à la pandémie de COVID-19, les Philippines ont lancé le plus grand programme de subventions d'urgence de leur histoire pour soutenir les secteurs vulnérables, notamment les ménages à faible revenu, les personnes âgées, les femmes et les enfants, les travailleurs migrants déplacés et leurs familles, les peuples autochtones et les personnes handicapées. Il a par ailleurs salué l'approche constructive de la résolution 45/33 du Conseil des droits de l'homme, adoptée le 7 octobre 2020. Depuis l’adoption de cette résolution, le pays s’est engagé activement et ouvertement avec les Nations Unies pour soutenir le développement du programme de coopération technique mentionné dans la résolution, a fait valoir le Ministre de la justice.
En juin de l’année dernière, le Ministre a rappelé qu’il avait annoncé la création d’un comité d’examen interinstitutions qui réexaminerait les cas d’opérations de lutte contre les drogues illégales dans lesquelles des décès sont survenus. Il a notamment été observé que dans plus de la moitié des dossiers examinés, les agents des forces de l'ordre impliqués ne respectaient pas les protocoles standard relatifs à la coordination avec d'autres organismes et au traitement de la scène du crime, a indiqué le Ministre. Les autorités ont transmis ces conclusions initiales aux autorités de police nationales et il incombe désormais au comité d’examen de s’assurer que ses recommandations ont été suivies d’actes et mises en œuvre par les autorités disciplinaires compétentes et que des mesures sont adoptées pour minimiser les pertes en vies humaines au cours d’opérations de répression légitimes contre les drogues illicites, a expliqué le Ministre.
M. ALI BAGHERI KANI, Chargé des affaires internationales du pouvoir judiciaire et Secrétaire du Haut Conseil pour les droits de l'homme de la République islamique d'Iran, a affirmé que son pays avait payé un prix très élevé pour défendre ses droits et avait été en première ligne des victimes du crime de terrorisme et des sanctions. Il a ainsi condamné l'assassinat par le « régime américain » du « plus grand défenseur des droits des nations de la région contre le terrorisme », le général Soleimani, ainsi que l'assassinat par le « régime sioniste usurpateur » de scientifiques iraniens du domaine de la science et de la technologie nucléaire pacifique. M. Bagheri Kani a condamné les pays qui cherchent à priver la nation iranienne de son droit à l'autodéfense.
M. Bagheri Kani a dénoncé les mesures coercitives unilatérales du « régime américain » et condamné la détention arbitraire et les mauvais traitements infligés à des citoyens iraniens « par des pays qui prétendent protéger les droits de l'homme », sous prétexte que ces personnes ont contourné des sanctions qui sont en fait illégales. Il a jugé scandaleux que les pays qui accusent l'Iran de violations des droits de l'homme soient les mêmes qui bafouent les droits du peuple iranien par des mesures coercitives unilatérales et des assassinats. M. Bagheri Kani a demandé au Conseil de se pencher sur les faits, sans approche politisée, pour préparer le terrain en vue de traduire les auteurs de crimes en justice et de lutter contre l'impunité.
MME ANA LUISA CASTRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Ministère des affaires étrangères du Panama, a indiqué que son pays rejette l’adoption de listes discriminatoires contre tout pays en pleine pandémie, car elles constituent une action incompatible avec le principe de solidarité et de coopération internationale qui devrait guider les actions communes. Le Conseil des droits de l'homme a montré sa capacité à répondre aux situations d’urgence, même dans le contexte d'une pandémie, en convoquant des sessions extraordinaires et des débats urgents, a-t-elle ensuite fait valoir. Il est donc impératif de renforcer le processus d'alerte précoce et de reconnaître le rôle de la prévention pour éviter de graves violations systématiques, a-t-elle souligné.
En ce qui concerne l'environnement, la République du Panama appuiera les résolutions visant à reconnaître le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable, ainsi que la mise en place d'une nouvelle procédure spéciale sur les droits de l'homme et le changement climatique, a indiqué la Vice-Ministre panaméenne.
MME GILLIAN TRIGGS, Haut-Commissaire assistante chargée de la protection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), a souligné que le HCR est bien placé pour observer les effets néfastes du racisme et de la discrimination raciale. Avec ses quelque 500 opérations d'urgence sur le terrain, il peut témoigner de l'impact de la xénophobie, de la stigmatisation et de la discrimination qui conduisent souvent au refus d'accès à la santé, à la nourriture, à l'eau, à l'éducation et aux services juridiques pour tous les groupes vulnérables et marginalisés, y compris les demandeurs d'asile, les réfugiés et les quelque 45 millions de personnes déplacées dans leur propre pays.
Beaucoup trop de pays ont complètement fermé leurs frontières aux demandeurs d'asile au nom de la santé publique, en leur refusant le droit de demander l'asile, en les repoussant et les renvoyant vers des lieux de violence et de persécution, a déploré Mme Triggs. Certains leur ont même refusé l'accès aux vaccins, a-t-elle ajouté, soulignant que ces politiques et pratiques de discrimination et d'exclusion fondées sur la race et l'ethnicité alimentent la crise humanitaire et sanitaire, en plus d’être contraires aux principes – reconnus depuis longtemps – du droit des réfugiés et des droits de l'homme. Cependant, malgré ces tendances alarmantes, il y a un élan croissant pour faire face et lutter contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, a poursuivi Mme Triggs, indiquant que le HCR espère soutenir cet élan avec ses directives récemment publiées sur le racisme et la xénophobie.
MME JAN BEAGLE, Directrice générale de l'Organisation internationale de droit du développement (IDLO), a relevé qu’avant même que la plupart d'entre nous n'aient entendu parler du coronavirus, nous vivions déjà dans un état de profonde fragilité et d'inégalité. La crise aggrave les inégalités structurelles préexistantes et les lignes de fracture dans les sociétés du monde entier, a-t-elle souligné, avant d’indiquer que cette crise peut être l’occasion de remédier aux inégalités flagrantes qui façonnent la vie d'un trop grand nombre de personnes et de renforcer l'architecture constitutionnelle et juridique des institutions gouvernementales.
Mme Beagle a affirmé que l’Organisation qu’elle dirige est déterminée à faire sa part à cet égard. Elle se concentre sur trois domaines prioritaires, a-t-elle précisé : aider les pays à renforcer leurs cadres juridiques et politiques, afin qu'ils puissent mieux gérer la pandémie, tout en respectant l'état de droit ; atténuer l'impact de la pandémie sur les systèmes judiciaires et les personnes en quête de justice ; et plaider pour la nécessité urgente d'une adhésion continue à l'état de droit, dans un contexte de montée de l'autoritarisme et de rétrécissement de l'espace civique.
MME MEG TAYLOR, Secrétaire générale du Forum des îles du Pacifique, a rappelé que le rôle du Forum était de protéger les populations du « continent bleu » et a expliqué que la COVID-19 était une crise très importante pour sa communauté. Des mesures ont été prises rapidement pour répondre à la pandémie avec une approche commune de la communauté du Pacifique, ce qui a permis d’avoir un taux très faible de propagation du virus dans la région, a-t-elle fait valoir. Néanmoins, la crise de la COVID-19 a entraîné une grave crise économique avec une augmentation de la faim et de la malnutrition, a-t-elle souligné. Les dirigeants du Forum ont, dans ce contexte, appelé à la mise en place d’un plan de relance, soutenu notamment par un fonds de résilience du Pacifique qui doit permettre aux pays de faire face à l’urgence climatique et aux pandémies.
Les dirigeants du Forum ont également rappelé que la crise climatique est la menace la plus importante pour la région, avec des conséquences très importantes déjà constatées actuellement suite à une série de cyclones qui se sont abattus sur la région, a poursuivi la Secrétaire générale du Forum. Une déclaration conjointe a été signée en 2019 qui demande des mesures d’urgence audacieuses dans le domaine climatique de la part de la communauté internationale, a-t-elle indiqué. Mme Taylor a réitéré l’appel du Forum pour la création d’un mandat de rapporteur spécial sur les droits de l’homme et les changements climatiques. Elle a en outre dénoncé les violations graves des droits de l’homme en Papouasie occidentale.
M. JOEL HERNANDEZ, Président de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, un organe de l’Organisation des États américains (OEA), a déclaré que la Commission avait apporté d'importantes contributions aux normes interaméricaines en matière de droits de l'homme par l'adoption des résolutions sur la « Pandémie et les droits de l'homme dans les Amériques » et sur les « Directives interaméricaines sur les droits de l'homme des personnes atteintes de COVID-19 ». Récemment, la Commission a appelé les États de la région à donner la priorité à la santé publique et au respect de leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme lorsqu'ils prennent des décisions ou adoptent des politiques concernant, en matière de vaccins, l'approbation, l'achat, la distribution et l'accès.
La Commission continue par ailleurs de suivre avec une attention particulière la situation à Cuba, au Nicaragua, au Venezuela, en Haïti et en Bolivie, a indiqué M. Hernández. La Commission s’est en particulier rendue à la frontière entre la Colombie et le Venezuela pour y recueillir des témoignages, a-t-il précisé. De même, elle surveille les situations des droits de l'homme dans le cadre des manifestations sociales qui ont lieu dans les pays de la région depuis 2019, a-t-il ajouté.
M. MARTIN CHUNGONG, Secrétaire général de l’Union interparlementaire (UIP), a déclaré que la vigilance parlementaire et le contrôle des pouvoirs exécutifs étaient d'autant plus importants que de nombreux pays ont pris des mesures radicales pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et protéger leurs populations, mesures qui ont eu des conséquences importantes pour les droits de l'homme. Dans ce contexte, l'UIP a encouragé une action parlementaire vigoureuse pour contribuer à ce que les réponses nationales à la crise sanitaire respectent les droits de l'homme, a-t-il indiqué. Dans certains cas, malheureusement, les parlements ont été mis sur la touche, la pandémie servant de prétexte pour limiter ou exclure le contrôle parlementaire, a déploré M. Chungong. L'UIP considère qu'un tel « verrouillage » partiel ou total du parlement est inacceptable et que l'institution parlementaire devrait toujours être autorisée à jouer son rôle essentiel dans notre réponse collective à la pandémie.
M. Chungong a estimé que le leadership du Conseil des droits de l'homme était plus que jamais nécessaire, alors que montent les inégalités, l'extrémisme violent, les migrations forcées, le racisme, ainsi que les effets perturbateurs et pervers de la technologie.
Débat général
Le Soudan a fait état de nombreuses mesures prises par le pays, parmi lesquelles l’annulation de la peine de mort pour les mineurs. Hier, le Gouvernement soudanais a annoncé adhérer à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, et à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Même si beaucoup de chemin reste encore à faire, le Gouvernement est déterminé, a indiqué la délégation soudanaise, avant de faire part de la création d’un comité visant à réfléchir aux moyens de se conformer aux obligations internationales du pays. Le Gouvernement soudanais coopère également avec la Cour pénale internationale (CPI) concernant les questions relatives au transfèrement. De nombreux phénomènes ont cependant empêché le Soudan de progresser rapidement, notamment la situation économique et les rivalités tribales, a ajouté la délégation.
La Somalie a indiqué qu’elle avait veillé à avoir un certain quota de représentation de femmes à l’occasion des prochaines élections dans le pays. Des ministères sont à pied d’œuvre dans le domaine des droits de l’homme, a en outre souligné la délégation somalienne. Le Gouvernement fédéral demeure attaché à travailler à la mise en œuvre des conventions des Nations Unies relatives aux droits de l’homme dans le pays. La Somalie a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2019 et en janvier 2021, le Conseil des ministres a validé le projet de mettre en place une commission nationale pour les personnes handicapées.
L’Algérie a évoqué les mesures efficaces et préventives qui ont été prises par le Président de la République pour éviter une propagation de la pandémie de COVID-19. L’Algérie ne ménage aucun effort pour défendre les droits de l’homme, a assuré la délégation algérienne, avant de souligner que le Président algérien a lancé une série de réformes. Le pays cherche à renforcer son cadre constitutionnel et les amendements en ce sens ont été validés par le peuple en novembre dernier. L’Algérie s’efforce en outre de favoriser à la réconciliation en Libye et au Mali. L’Algérie soutient par ailleurs le peuple palestinien dans sa quête pour ses droits.
Les Émirats arabes unis ont indiqué être candidats à devenir membre du Conseil des droits de l'homme pour la période 2022-2024. Dans le cadre de la lutte contre la pandémie actuelle, les autorités ont mis à disposition cinq millions de doses de vaccin dans le pays et se sont engagées à distribuer deux milliards de doses aux pays les plus pauvres de la planète. Au plan national, a été créée une institution nationale des droits de l'homme, conforme aux Principes de Paris.
Le Botswana a relevé que l’année 2020 a engendré de nombreux défis. La situation des droits de l’homme à travers le monde continue d’être inquiétante, comme en témoigne notamment le débat urgent au sein du Conseil, il y a quelques semaines, concernant le Myanmar. Cette année 2021 marque le début d’une nouvelle décennie de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a poursuivi la délégation du Botswana, regrettant que les progrès dans sa mise en œuvre aient été ralentis voire inversés en raison de la pandémie, laquelle a révélé au grand jour de nombreuses inégalités. Le droits d’accès égal aux vaccins n’est pas seulement un droit de l’homme mais également la seule solution pour éradiquer ce virus. Le Botswana a plaidé pour améliorer les méthodes de travail du Conseil, afin de mieux utiliser les ressources et d’éviter les doublons. Enfin, le Botswana s’est réjoui que le Conseil célèbre le vingtième anniversaire de la Conférence de Durban et a insisté sur la nécessité d’apporter des voies de recours aux victimes de racisme et de discrimination.
Le Mozambique a indiqué que, comme la majorité des pays africains, il devrait recevoir les premières doses de vaccin contre la COVID-19 le mois prochain. Mais, alors que la situation climatique s'aggrave dans le monde entier, le Mozambique est également touché par des cyclones, des inondations et des sécheresses qui ont des effets négatifs sur la vie de la population. Le Mozambique s’inquiète aussi de l'instabilité politico-militaire dans la zone centrale du pays et d’attaques terroristes dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du pays, depuis 2017, qui provoquent des morts et des déplacements de population.
Israël a attiré l’attention du Conseil sur les « nouveaux développements » survenus au Moyen-Orient avec la signature des Accords d’Abraham et la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et de nombreux pays arabes (Maroc, Soudan, Émirats arabes unis, Bahreïn). Ces accords prouvent qu’Israël recherche la paix. Mais cela ne semble pas se refléter au plan international, notamment au regard du « biais institutionnel » qui frappe le Conseil avec son point de son ordre du jour relatif à la situation des droits de l'homme dans les territoire arabes occupés (point 7) – un point qui cible expressément Israël, a déploré la délégation israélienne. Pour cette raison, cette délégation demande aux membres du Conseil des droits de l'homme de ne pas participer à tout débat concernant cette question et de voter contre les résolutions visant Israël.
Le Cambodge a déclaré qu’en ces temps de pandémie, il fallait tout mettre en œuvre pour garantir le droit à la vie et lutter contre les inégalités que la pandémie engendre. Le Gouvernement du Cambodge s’est engagé rapidement pour faire face à la pandémie, ce qui a permis de ne pas avoir de décès dans le pays, a poursuivi la délégation cambodgienne. En signe de solidarité, le Cambodge a en outre distribué des millions de masques à plusieurs pays de la région, a-t-elle indiqué. Le vaccin contre la COVID-19 doit être reconnu comme un bien commun de l’humanité accessible à tous, a-t-elle plaidé. Le Cambodge a ajouté qu’il souhaitait être un champion dans la mise en œuvre du Pacte mondial sur les migrations.
La République démocratique populaire lao a dit attacher une grande importance aux mécanismes des droits de l'homme des Nations Unies, notamment au processus de l’Examen périodique universel, dont le pays a achevé le troisième cycle et d’ores et déjà engagé le processus interne visant à en appliquer les recommandations acceptées, en dépit des difficultés posés par la COVID-19. L'éradication de la pauvreté est une priorité absolue du Gouvernement lao, lequel prendra aussi les mesures nécessaires pour éradiquer la violence et la discrimination à l'égard des femmes et protéger les enfants contre l'exploitation, entre autres.
L’ Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l’homme (GANHRI) s’est réjouie du fait que l’Appel du Secrétaire général en faveur des droits de l'homme inclue un appel à soutenir les institutions nationales des droits de l'homme, tant il est vrai que ces dernières jouent un rôle important dans la promotion et la protection des droits de l'homme.
M. HISASHI SAITO, Représentant de la société civile, a rappelé l’importance de l’approche sexospécifique dans le cadre de la réponse à la COVID-19. Des mesures plus efficaces doivent être mises en œuvre pour protéger les femmes des violences dans le cadre de cette pandémie, a-t-il souligné. Il faut notamment offrir des cours d’autodéfense aux femmes. La violence faites aux femmes et aux filles découle des discriminations et il convient d’améliorer le système éducatif à cet égard.
MME SILVIA PEREL LEVIN, représentante de la société civile, a déclaré que les personnes âgées couraient un risque particulier de discrimination pendant la crise sanitaire actuelle, notamment le risque de ne pas recevoir les soins nécessaires. Les femmes âgées et handicapées sont particulièrement exposées aux risques de violence, a-t-elle ajouté, avant d’appeler les États à éliminer « l’âgisme ambiant », sous toutes ses formes, et à aider les personnes âgées à mener une vie autonome et indépendante.
MME ZINA JALAL, représentante de la société civile a attiré l’attention du Conseil sur les situations en Iran et au Myanmar où la société civile est réprimée en raison du manque de démocratie. Or, la démocratie est indispensable au respect des droits de l'homme, comme le rappelle l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
MME MARÍA JOSÉ ABAD, Représentante de la société civile, a relevé que dans le contexte actuel de pandémie, les nouvelles technologies permettent l’accès à l’enseignement. Néanmoins, le numérique est source de nombreuses inégalités, a-t-elle souligné. Les parents doivent en outre être formés à l’outil numérique pour protéger leurs enfants lorsqu’ils sont en ligne. Les inégalités croissantes sont une véritable menace pour les parents qui ne peuvent avoir accès à Internet ou n’ont pas les ressources nécessaires pour suivre la scolarisation de leur enfant, a insisté l’oratrice.
HRC21.013E