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Conférence du désarmement : la Fédération de Russie fait une déclaration sur la situation en Ukraine, tout comme de nombreuses autres délégations

Compte rendu de séance

 

La Conférence du désarmement a entendu, aujourd'hui, une déclaration de la Fédération de Russie qui a présenté le contexte et la situation s'agissant de l'opération militaire spéciale qu'elle mène actuellement en Ukraine. De très nombreuses délégations sont également intervenues sur la situation en Ukraine résultant de cette opération.

La Fédération de Russie a déclaré que l'opération militaire spéciale menée sur le territoire ukrainien était une mesure nécessaire avec des objectifs concrets : la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, ainsi que sa neutralité. L'opération est menée par des méthodes et moyens qui garantissent des dommages minimums pour la population et les infrastructures civiles. La Russie dénonce certains nationalistes et bataillons ukrainiens qui s'installent à proximité d'infrastructures civiles. L'Occident est resté sourd, muet et aveugle aux crimes perpétrés par Kiev dans le sud du pays. La Russie attribue aux Occidentaux la dégradation de la situation sécuritaire en Ukraine.

S'agissant des armes nucléaires, la Russie reste attachée à ses obligations internationales et à la déclaration des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de janvier 2022 affirmant qu'une guerre nucléaire ne doit jamais être menée.

La France a constaté que la Russie accepte, pour la première fois, de débattre de la situation en Ukraine, mais également que la délégation russe soulève un très grand nombre de points « pour justifier le massacre de civils innocents en Ukraine ».

En début de séance, le Pakistan a déploré l'incident du 9 mars dernier au cours duquel un missile en provenance de l'Inde s'est écrasé sur son territoire. La délégation indienne a répondu que son pays avait déjà qualifié l'incident de regrettable, l'attribuant à un dysfonctionnement technique.

Outre les trois pays susmentionnés (Pakistan, Inde, Russie, France) les délégations suivantes ont également pris la parole : États-Unis, Syrie, Bélarus, Pays-Bas, Venezuela, Canada, Allemagne, Royaume-Uni, Japon, Pologne, Italie, Argentine, Suisse, République de Corée, Brésil, République populaire démocratique de Corée, Mexique, Nigeria, Iran, Pérou, Union européenne,

Équateur, Cuba et Chine.

La présidente sortante, Mme Alicia Victoria Arango Olmos de Colombie a remercié les membres de la Conférence du désarmement pour leur soutien dans un environnement international complexe. Elle a en particulier salué tous les efforts consentis par les délégations ayant abouti à l'adoption de la décision sur la création des organes subsidiaires, qui permet d'avoir les discussions de fond, si nécessaire, pour sortir de la paralysie. Les efforts réalisés cette année doivent porter fruit, a-t-elle encouragé.

Cuba, qui présidera la Conférence du désarmement à partir de la semaine prochaine, a annoncé que la prochaine séance publique se tiendrait le mardi 22 mars prochain avec la participation du premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, M. Gerardo Peñalver Portal.

La prochaine séance plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendra le mardi 22 mars prochain à 10 heures. La séance sera présidée par le Représentant permanent de Cuba, M. Juan Antonio Quintanilla Román.

Déclarations

Le Pakistan a attiré l'attention de la Conférence sur des actions inconsidérées de l'Inde qui menace la paix et la sécurité. Il a cité des essais d'armes antisatellites et indiqué que, le 9 mars dernier, un missile indien a pénétré l'espace aérien pakistanais, s'écrasant à l'intérieur des frontières du Pakistan, causant des dommages aux infrastructures civiles et mettant en danger la vie des habitants. Il a vivement condamné la violation flagrante de son espace aérien et des règles internationales. Il a pris note du communiqué du Ministère indien de la défense attribuant l'incident à une erreur technique. Il a aussi demandé des explications à l'Inde en exigeant des précisions sur les mécanismes d'autodestruction du missile ayant atterri sur son territoire. Le missile était-il réellement contrôlé par les autorités indiennes ou non? Le fait d'organiser une enquête interne est insuffisant, a ajouté le Pakistan, qui a requis une enquête conjointe car toute erreur d'interprétation d'une partie ou de l'autre aurait des conséquences graves pour la région, en particulier dans le « contexte nucléarisé actuel ». La communauté internationale a un rôle important à jouer et devrait ouvrir les yeux sur le comportement irresponsable de l'Inde. Il a appelé ce pays à s'abstenir d'actes inconsidérés et à revoir la fiabilité de ses structures de commandement.

La Fédération de Russie a présenté des observations sur l'état des travaux sous la présidence colombienne, soulignant qu'il fallait respecter le règlement intérieur et rappelant que son article 18 prévoyait – très clairement et sans aucune place au doute – la règle du consensus. Ce principe fondamental a été ignoré, « voire violé par la présidence colombienne ». La Russie a constaté que, malgré les objections sans équivoque d'une délégation, la Présidente a pris la décision unilatérale de tenir une plénière à laquelle ladite délégation était opposée. La Russie a réitéré son objection catégorique à toute atteinte au règlement intérieur, surtout si l'interprétation est faite individuellement ou par un groupe d'États. Il s'agit d'un détournement du règlement intérieur. La Russie s'est indignée que la Présidente ait choisi d'agir de cette façon lors de la « séance illégitime » du 3 mars 2022, et considéré nul et non avenu le contenu de cette réunion qu'il ne faut pas inclure dans le rapport de la présente session.

Les États-Unis ont pour leur part beaucoup apprécié le leadership de la présidence, notamment pour permettre le lancement effectif des travaux des organes subsidiaires. Les États-Unis saluent aussi les déclarations distribuées par la France concernant l'application du règlement intérieur. Les États-Unis ont rappelé avoir déjà fait part de leur position concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les actions de la Russie sont condamnables et contraires aux règles communes liant les membres de la communauté internationale. En voulant changer l'Ukraine, on cherche à changer tout l'ordre international, et ce qui se passe dans ce pays n'est pas justifiable. Nous ne saurions laisser un autocrate semer le trouble, estiment les États-Unis, ajoutant que cela s'appliquait aussi à tous les autres autocrates. Les États-Unis prônent, au contraire, le dialogue et la confiance.

La France a remercié la présidence colombienne sortante, qui a su conduire les travaux avec grand professionnalisme, avec calme et avec autorité. La délégation française souhaite dire à quel point elle a été satisfaite de cette présidence qui a coïncidé avec un « moment de basculement historique », au moment où se déroulait le débat annuel de haut niveau de la Conférence. La Présidente fait honneur au multilatéralisme et à la diplomatie colombienne. La France s'est dite en désaccord avec la déclaration que vient de faire ce matin la délégation de la Fédération de Russie au sujet de l'application du règlement intérieur de la Conférence et a rappelé que de nombreuses séances plénières ont été organisées sans qu'un thème précis ait été convenu. La France regrette la volonté de la Russie de remettre en cause le règlement intérieur de la Conférence. La réunion du 3 mars avait eu lieu de façon tout à fait régulière, ce qui fait qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle ne soit pas incluse dans le rapport de la Conférence du désarmement.

La France a ensuite félicité la délégation cubaine pour son accession prochaine à la présidence, ajoutant qu'alors que l'environnement de sécurité européenne est profondément dégradé du fait de l'invasion militaire non-justifiée et non provoquée de l'Ukraine par la Russie, la tenue de réunions plénières hebdomadaires sont plus que jamais nécessaires. Cette invasion de l'Ukraine en violation de toutes les règles de base du droit international, à laquelle cette enceinte participe de l'élaboration, a un impact considérable sur les travaux. Le retour du règlement des différends pas l'exercice de la force est une terrible régression et une attaque contre le droit international. Quand elle se conjugue avec le massacre d'innocents, nous savons qu'il ne s'agit plus d'une affaire limitée au territoire européen mais qu'il s'agit d'une attaque contre l'humanité tout entière. Un refus de s'engager dans ce dialogue serait bien entendu le signe supplémentaire de cette régression historique que nous pouvons encore prévenir. C'est pourquoi la délégation française espère que la présidence cubaine fera droit à sa demande.

La République arabe syrienne a également salué la Colombie pour le bon déroulement des travaux et invité au respect de toutes les opinions. Elle s'est toutefois alarmée de la manière dont la plénière du 3 mars a été menée et mis l'accent sur la nécessité du consensus dans la prise de décision de la Conférence. La Syrie avait demandé une motion d'ordre à l'occasion de cette plénière mais celle-ci a été ignorée, la présidence ayant insisté pour poursuivre les travaux sans tenir compte de la règle du consensus. Elle a jugé cette séance « illégale » et rappelé que sa délégation avait quitté la salle. Elle a rejeté toutes les conclusions de la séance, avant d'espérer que la présidence cubaine soit plus objective, tout en tenant compte des avis de tous les membres de la Conférence.

Le Bélarus a partagé l'avis de la Russie et de la Syrie sur le caractère illégitime de la séance du 3 mars 2022.

Les Pays-Bas ont déploré que l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité ait déclenché une guerre illégale, sans justification aucune, rappelant l'ordonnance formulée hier par la Cour internationale de justice de La Haye, demandant à la Fédération de Russie de suspendre immédiatement les opérations militaires qu'elle a commencées le 24 février 2022 sur le territoire de l'Ukraine. Le Secrétaire général de l'ONU s'est prononcé dans le même sens. S'agissant de la déclaration de la Russie concernant le règlement intérieur de la Conférence, les Pays-Bas estiment qu'il est limpide et que la présidence avait pleinement le droit d'attirer l'attention des États sur une question d'importance. Peut-être que certains États réduisent au silence leur population mais cela ne peut se faire dans l'enceinte de la Conférence. Il importe également de se demander qui respecte les traités et conventions.

La Venezuela a partagé les préoccupations de la Russie, de la Syrie et du Bélarus, et réitéré ses inquiétudes exprimées lors de la réunion du 3 mars qui, selon le Venezuela, a été menée en flagrante violation du règlement intérieur, alors que la Conférence avait pu trouver un élan positif et faire beaucoup de progrès sous la présidence chinoise. Il convient pour la Conférence de s'acquitter de son mandat en tant qu'organe de négociation sur le désarmement. D'autre part, le Venezuela a regretté que le communiqué de presse produit par le service de presse de l'ONU à Genève concernant la séance du 3 mars dernier n'était pas conforme à ce qui s'est produit au cours de cette séance.

L'Inde a renvoyé les membres de la Conférence du désarmement à la déclaration de son ministère de la défense sur le dysfonctionnement technique qui a mené à un lancement involontaire d'un missile ayant atterri dans une zone située sur le territoire du Pakistan, ce qui est regrettable. Il n'y a pas eu de pertes de vies humaines. La plus haute priorité est accordée à la sûreté et à la sécurité du système d'armes, a assuré l'Inde.

Le Canada a exprimé son plein soutien à la présidence colombienne de la Conférence du désarmement dans le contexte de la sécurité internationale. Il s'est érigé en faux contre les tentatives de certains au sein de la Conférence du désarmement de « balayer sous le tapis la guerre d'agression de M. Poutine et son impact sur notre travail dans le domaine du désarmement », notamment en empêchant les débats et leur diffusion publique, ou encore en s'efforçant de supprimer les communiqués de presse, lesquels ne sont pas des documents négociés. Le lien important qui existe entre la situation sécuritaire internationale et le désarmement a été dûment reconnu par les présidences chinoise et colombienne en tant que question méritant d'être discutée. Il s'est rangé derrière l'analyse de la France, des États-Unis et des Pays-Bas concernant l'agression de la Russie contre l'Ukraine et s'est érigé contre la violation flagrante du droit international par M. Poutine, ainsi que les apparentes violations du droit humanitaire international par les forces armées russes.

L'Allemagne a salué le professionnalisme de la Présidente, « même face à des intimidations ». Après avoir entendu la Russie, il a souscrit à la réponse très claire de la France, rappelant que la Conférence du désarmement ne menait pas ses travaux dans le vide. Il a souligné que la Russie, avec l'assistance du Bélarus, poursuit sa guerre contre l'Ukraine, tuant des civils et détruisant les infrastructures du pays, donnant lieu à ce qui est déjà devenu la catastrophe humanitaire la plus grave en Europe depuis des décennies. Il est indéniable que cela a un impact sur les travaux de la Conférence. Ce n'est pas la séance du 3 mars qui est illégale mais bien l'agression russe. La Russie a montré qu'elle a le pouvoir d'attaquer et de torturer une nation européenne et son peuple, mais certainement pas qu'elle peut faire taire le monde entier. L'Allemagne continuera d'appeler par leur nom les actes illégaux et injustifiables de la Russie, appuyée par le Bélarus.

Le Royaume-Uni a jugé totalement inacceptable la mise en cause personnelle de la Présidente de la Conférence. Il a rappelé que le règlement intérieur ne prévoit pas la motion d'ordre et on ne peut donc y avoir recours pour empêcher un membre de la Conférence de prendre la parole. Les membres sont libres de soulever toute question qu'ils jugent pertinente. La guerre de Poutine est aussi pertinente dans le cadre de l'ordre du jour. On ne peut parler de désarmement sans évoquer le fait qu'un membre de cette conférence ait envahi l'Ukraine sans aucune raison. La Russie doit chercher à réduire les sanctions et amorcer une désescalade en mettant fin à ses assauts contre l'Ukraine. Il a cité le Secrétaire général des Nations Unies qui a déclaré hier soir que « cette guerre doit cesser ».

Le Japon a salué l'adoption d'une décision sur le déroulement des travaux de la Conférence du désarmement. Il a apprécié la souplesse de la présidence colombienne lors du débat de haut niveau. Il a réitéré que l'invasion de l'Ukraine était absolument inacceptable et l'a condamnée de la façon la plus ferme. Il a attiré l'attention sur le fait que la Russie avait relevé son niveau d'alerte nucléaire, ce qui est hautement dangereux et peut mener à une grave déstabilisation. Le Japon est parfaitement conscient des conséquences dévastatrices d'une explosion nucléaire, et il importe que cela ne se reproduise jamais.

La Pologne a, elle aussi, salué le professionnalisme de la Présidente sortante. L'agression de la Russie – accompagnée par le Bélarus – contre l'Ukraine, est en violation de nombreux instruments, règles et engagements internationaux. Il s'agit d'une attaque directe contre l'ordre international, nos valeurs fondamentales et nos principes. Combien faut-il détruire de théâtres en tuant des milliers de personnes innocentes qui s'y étaient réfugiées pour comprendre que l'agression russe, accompagnée par le Bélarus, contre l'Ukraine, a des incidences sur les débats menés dans de nombreuses instances multinationales, notamment la Conférence du désarmement.

L'Italie est revenue sur la séance du 3 mars en s'inquiétant que l'on puisse être empêché de formuler ses opinions sur un thème aussi important. Il a regretté qu'il y ait un effort pour saper la la confiance dans les travaux de la Conférence, ajoutant que ce n'est le fait ni de la présidence, ni du secrétariat, mais bien de la décision de la Russie de lancer une agression injustifiable, illégitime et inacceptable contre un pays souverain, l'Ukraine. L'utilisation d'armes sans discrimination contre des populations civiles, le déplacement forcé de plus de 3 millions de personnes sont également des facteurs qui sapent la confiance.

L'Argentine a repris à son compte les préoccupations exprimées par le Venezuela concernant les « communiqués de presse » produits à Genève et portant sur les débats de la Conférence du désarmement, regrettant que sa déclaration à l'occasion du débat de haut niveau n'ait pas été pleinement reproduite lors des séances du 28 février et du 2 mars. Il a espéré que cela soit une erreur et non un acte délibéré, car cela risque de donner aux médias une vision incomplète de la position de l'Argentine.

La Suisse a remarqué que la Conférence du désarmement avait été particulièrement productive sous la conduite colombienne. Les séances plénières hebdomadaires convoquées par la présidence n'ont pas à être motivées par une thématique spécifique, conformément à la pratique appliquée par la Conférence du désarmement depuis le début de la session de 2022. La Suisse, qui avait présidé en 2018, avait convoqué des séances sans fournir de thème particulier et personne n'y a vu de problème. Elle déplore que les déclarations de ce matin renforcent les blocages, ce qui ne serait ni opportun ni bienvenu.

La République de Corée a déclaré que chaque délégation devait avoir l'assurance de pouvoir soulever toute question qu'elle juge nécessaire, surtout en cette période d'invasion de l'Ukraine par la Russie. Elle a espéré que la même conduite des travaux sera assurée par la présidence cubaine.

La Fédération de Russie a déploré l'adoption, par les États occidentaux, de mesures visant à restructurer le système international selon leurs intérêts étroits. La liste est longue des prétendus succès de l'Occident sur la scène internationale, qui ont maintes fois porté des coups à la paix et la sécurité internationales. La Russie rappelle en outre le retrait des États-Unis du Traité ABM sans aucune justification, ce qui fait qu'un élément fondamental de la sécurité internationale a cessé de fonctionner. En outre, les contacts avec les partenaires de l'OTAN sur le Traité ABM n'ont pas été probants, les États-Unis ayant refusé de fournir des garanties quant au fait que leur système ne serait pas utilisé contre la Russie. Maintenant, nous assistons à l'étape finale de ce système, dont les bases sont en Roumanie et en Pologne. Il en est de même en Asie et dans le Pacifique. Dans les années 2000, la Russie a aussi tenté de proposer des solutions. Malheureusement, aucun des membres de l'OTAN n'a accepté de s'associer à un traité vital pour la sécurité en Europe.

À la mi-décembre 2021, la Russie a fait une ultime tentative, y compris quant à la possibilité d'offrir des garanties en matière de sécurité, ce qui a été rejeté, car toutes les initiatives russes destinées à réduire les tensions, renforcer la sécurité, appuyer la stabilité stratégique, renforcer le système du contrôle des armements, ont été soit ignorées soit rejetées par « nos opposants occidentaux ». S'agissant des armements nucléaires, la Russie reste attachée à ses obligations internationales. Elle reste tout aussi attachée à la déclaration des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de janvier 2022 quant au fait qu'une guerre nucléaire ne doit jamais être menée.

S'agissant des événements en Ukraine, la Fédération de Russie a déclaré que l'opération militaire spéciale menée sur le territoire ukrainien est une mesure nécessaire. Elle a des objectifs concrets : la dénazification et la démilitarisation de l'Ukraine, mais également obtenir pour ce pays le statut de neutralité. L'opération est menée par des méthodes et des moyens qui garantissent des dommages minimums pour la population civile et pour l'infrastructure civile. Depuis le début de l'opération, les forces armées russes et les « forces de Donetsk et Lougansk » mènent des frappes ciblées sur des installations exclusivement militaires des forces armées ukrainiennes et des groupes nationalistes ukrainiens. Or, certains nationalistes et bataillons s'installent à proximité d'infrastructures civiles. La Russie a déclaré que sont arrivés au pouvoir à Kiev, sous couvert des principes d'humanisme défendant les droits et libertés, un nouveau pouvoir « qui joue avec des éléments nationalistes » qui ont fourni la base de la politique nationale et extérieure de Kiev. Cette idéologie fondée sur le nationalisme et la propagande du régime hitlérien sont la raison même du déclenchement de cette guerre civile dans le sud du pays. La Russie condamne aussi la répression contre l'opposition, des citoyens refusant de se soumettre à ces néonazis. Si la communauté internationale avait réagi correctement face à de tels crimes, nous n'en serions pas là, a estimé la Russie, qui a déploré qu'aucune évaluation correcte de ces faits n'a été menée par la communauté internationale et encore moins par les pays occidentaux. Aucune mesure pratique n'a été prise pour exercer une pression sur Kiev pour respecter les Accords de Minsk. Au cours des huit dernières années l'Occident est resté sourd, muet et aveugle aux crimes perpétrés par Kiev dans le sud du pays, et les « régions de Donetsk et Lougansk ». La Russie attribue aux Occidentaux la dégradation de la situation sécuritaire en Ukraine.

Le Brésil a rendu hommage à la présidente pour son calme et sa persévérance, et s'est félicité du niveau élevé de coordination entre les six présidents de la session de 2022 depuis le début de cette session.

La République populaire démocratique de Corée est revenue sur la mise en cause de la plénière du 3 mars par la Russie, le Bélarus, la Syrie et le Venezuela, rappelant que sa propre délégation avait souligné la nécessité de respecter le Règlement intérieur et le principe du consensus, s'opposant également à toute politisation de la Conférence du désarmement par les visées mal intentionnées de certains pays.

Le Mexique a dit comprendre la complexité et les défis de la tenue de la présente session de la Conférence du désarmement dans des circonstances internationales sans précédent, et a salué le travail de la présidence colombienne à cet égard. Il a justifié la convocation de la plénière du 3 mars, qui s'est faite de manière « générique » et n'est pas contraire au règlement intérieur ou à ses pratiques. Il a regretté que la Conférence soit utilisée comme un organe de nature politique, ce qui risque de faire double emploi avec d'autres instances de l'ONU. Le Mexique dénonce par ailleurs la menace de relever le niveau d'alerte nucléaire, ainsi qu'un contexte politique qui perdure depuis 10 ans, ponctué de menace de recours à ce type d'arme. Le Mexique plaide en faveur du droit des États membres d'exprimer leurs objections ou positions. Dans le cas contraire, cela ne contribuerait qu'à favoriser la paralysie de la Conférence.

Le Nigeria a remercié la présidence pour le professionnalisme et la manière habile dont elle a convoqué une séance spéciale consacrée à la place des femmes dans le désarmement, et ce, à l'occasion de la Journée internationale des femmes. Il a réitéré sa préoccupation quant aux conséquences humanitaires des crises internationales, appelant à octroyer la priorité à des initiatives pacifiques. Il a assuré la présidence cubaine de tout son soutien.

La République islamique d'Iran a indiqué que le rôle, la nature et le mandat de la Conférence du désarmement doivent être maintenus car elle est la seule instance internationale chargée de ces questions. Elle a exprimé sa préoccupation concernant la séance plénière du 3 mars, qui n'a pas bénéficié d'un consensus, selon elle. Pendant que la Conférence discutait de procédure, certaines délégations, dont l'Iran, avaient demandé qu'il soit vérifié qu'il y avait consensus sur la tenue de cette séance. L'Iran a demandé de garder à l'esprit les termes de l'article 18. Il est clair que ce ne sont pas uniquement les décisions mais les travaux eux-mêmes qui exigent un consensus, sans quoi des interprétations obscures quant à la pratique établie risquent d'engendrer des conséquences funestes sur la conduite des travaux de la Conférence. L'Iran constate également que ses positions n'étaient pas dûment consignées dans les communiqués de presse.

Les États-Unis ont repris la parole pour répondre à la déclaration « ridicule » de la Russie, réaffirmant la déclaration de son pays au Conseil de sécurité : « Il n'y a qu'un agresseur ici et c'est la Russie ». Les États-Unis espèrent que la Russie trouvera dans sa conscience la volonté de cesser ses attaques et mettre fin aux souffrances du peuple ukrainien.

La France a remercié la délégation russe pour la longue explication qu'elle a fournie ce matin. En effet, la Russie accepte, pour la première fois, de débattre de la situation en Ukraine. « C'est une bonne nouvelle pour le multilatéralisme », a estimé la France. La mauvaise nouvelle, c'est que la Russie a, de nouveau, déployé une rhétorique parfaitement mensongère, parfaitement inacceptable. Elle a parlé d'un très grand nombre de points, y compris la soi-disant présence de forces néonazies en Ukraine, pour justifier le massacre de civils innocents en Ukraine. Étant en désaccord avec certaines politiques occidentales, la Russie a décidé de massacrer des innocents en Ukraine. « Voilà ce qu'a expliqué la délégation russe », a relevé la délégation française, rappelant qu'hier, 1000 personnes avaient été tuées dans un théâtre à Marioupol par un bombardement russe.

Le Pérou a exprimé sa reconnaissance pour le travail accompli par la présidence sortante à un moment où le monde assiste à une offensive militaire que le Pérou condamne sans équivoque. Il s'est félicité de la séance sur l'importance de l'intégration des femmes dans le processus de désarmement.

Au nom de l'Union européenne, la France a lancé un appel à la Russie pour qu'elle cesse son agression contre l'Ukraine, et demandé à ses partenaires de se joindre à elle pour condamner les violations du droit international par la Russie. Elle a mis l'accent sur les principes de souveraineté et d'intégrité territoriale, avant de sommer la Russie de mettre immédiatement fin à ce conflit, de retirer ses troupes et de garantir la sécurité des couloirs humanitaires. Après le vote à l'Assemblée générale des Nations Unies, l'Union européenne a dit sa détermination à mettre un point final à cette agression car cette action irresponsable entraîne dans une guerre effroyable. Par ailleurs, les menaces irresponsables et allégations de la Russie concernant l'arme nucléaire sont contraires au droit international. Il est inquiétant que ce pays continue à affirmer à tort que l'Ukraine s'apprête à utiliser des armes nucléaires.

La Fédération de Russie a réitéré qu'elle menait une opération militaire spéciale sur le territoire ukrainien et déployait tous ses efforts pour protéger la population civile en créant des couloirs humanitaires et s'efforçant de protéger les infrastructures civiles. Ensuite, la Russie n'a pas accepté de discuter de cette question car elle est convaincue qu'il n'y aura pas d'objectivité. Enfin, elle a rappelé que l'Union européenne n'était pas membre de la Conférence du désarmement, donc sa déclaration n'est pas acceptable. À cet égard, elle a à nouveau cité le règlement intérieur.

L'Équateur a aussi salué la manière dont les travaux ont été conduits ainsi que l'initiative de convoquer la réunion sur les femmes et le désarmement, tout à fait opportune.

Cuba a félicité la présidence colombienne de la Conférence du désarmement et annoncé que Cuba entendait maintenir sa coopération avec tous les mécanismes pour garantir le succès de ses travaux. La Conférence a adopté un programme de travail large et exhaustif et il ne faut pas en faire un organe de délibérations sans fin, mais plutôt se concentrer sur le fond, en appliquant son mandat de négociation sur les instruments de désarmement et non une instance politique de délibération. Cuba déploiera des efforts avec les cinq coordonnateurs des organes subsidiaires. La présidence cubaine annonce que la prochaine plénière publique de la Conférence du désarmement se tiendrait le 22 mars à 10 heures en présence du premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, M. Gerardo Peñalver Portal.

La Chine a également salué les efforts de la présidence sortante, se félicitant que, depuis cette semaine, les organes subsidiaires ont entamé leurs travaux comme prévu. Elle a espéré que les coordonnateurs s'acquitteront pleinement de leurs mandats respectifs. Le travail de la Conférence du désarmement est étroitement lié, non seulement aux événements de ces dernières semaines, mais également à ceux survenus au cours de la dernière décennie. Elle a recommandé de respecter l'avis des États membres de la Conférence, avant de lancer un appel à toutes les délégations pour tout faire afin d'éviter que les questions de fond se retrouvent à nouveau dans l'impasse.

 

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