Fil d'Ariane
LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU
Elle entend des hauts dignitaires et représentants des pays suivants : Zimbabwe, République de Corée, Arabie saoudite, États-Unis, Brésil, Équateur, France, Nigeria, Iraq, Inde, Chili, Bélarus, Venezuela, Belgique et Yémen
La Conférence du désarmement a poursuivi, cet après-midi, son débat annuel de haut niveau avec les interventions des Ministres des affaires étrangères du Zimbabwe, de l’Arabie saoudite, de l’Équateur et de la France, ainsi que de représentants de la République de Corée, des États-Unis, du Brésil, du Nigeria, de l’Iraq, de l’Inde, du Chili, du Bélarus, du Venezuela, de la Belgique et du Yémen.
Les interventions de dignitaires de plusieurs pays ont souligné la menace que fait peser sur la paix et la sécurité dans le monde l'intervention armée de la Fédération de Russie en Ukraine. La Sous-Secrétaire d’État pour le contrôle des armes et la sécurité internationale des États-Unis, Mme Bonnie Jenkins, a déclaré que, cette année, une «ombre plane sur la Conférence du désarmement par l’attaque préméditée, non provoquée et injustifiée des forces militaires russes contre l’Ukraine». Pour le Ministre français des affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, le respect du droit international s'impose à tous et «nous ne pouvons tolérer que le règne de la force prenne le pas sur le règne du droit». Le ministre français a dénoncé la «politique obscurantiste» systématique de la Fédération de Russie afin d'empêcher les États de parvenir à l'adoption de décisions essentielles pour le renforcement des instruments dans le domaine du désarmement. Le représentant du Bélarus a pour sa part estimé que la situation actuelle en Ukraine était une conséquence des agissements des États occidentaux, et fait valoir les efforts que déploie son pays pour faciliter un règlement de la crise en Ukraine.
La Conférence du désarmement poursuivra demain matin son débat de haut niveau, à partir de 10 heures.
Déclarations
M. F. M. SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a souligné que la Conférence du désarmement avait été un élément essentiel pour la limitation des armements et la non-prolifération des armes nucléaires. Il a regretté que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur, ce qui entraîne un retard dans l’élimination des armes qui menacent la vie et l’environnement. Il a repris à son compte l’appel lancé en faveur d’un instrument juridiquement contraignant universel visant à garantir des États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi de telles armes. Le ministre a relevé que la liste de ces armes devient plus longue et plus complexe, notamment dans le contexte de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. Le Zimbabwe appuie l’établissement de zones exemples d’armes nucléaires dans toutes les régions du monde.
Le ministre zimbabwéen a déploré que la politisation des travaux de la Conférence ne faisait que renforcer son inaction. Remettre la Conférence sur les rails pour passer d’un forum délibératif à un forum de négociation devrait être une priorité majeure, a-t-il affirmé. Il a rendu hommage à la présidence chinoise qui a géré les négociations consultatives des travaux de main de maître.
M. JONG-MOON CHOI, deuxième Vice-Ministre aux affaires étrangères de la République de Corée, a condamné l’invasion russe en Ukraine. La souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Ukraine doivent être respectées, a-t-il insisté. Il a encouragé à des efforts sur le long terme pour une désescalade de la situation, et souligné que les cinq membres permanents du Conseil de sécurité devaient se lancer dans des discussions bilatérales et multilatérales en vue de l’élaboration d'un socle solide du désarmement mondial. La Conférence du désarmement doit moderniser son approche, être plus pratique, souple et réaliste, pour prouver sa raison d’être. Il a salué la mise en place de cinq organes subsidiaires au sein de la Conférence cette année. Une interdiction des matières fissiles doit aussi contribuer au désarmement nucléaire, a-t-il encore estimé. Il a exhorté tous les États à ne pas s'adonner à des tests dans l’espace extra-atmosphérique.
De son côté, la République populaire démocratique de Corée a procédé hier au lancement d'un missile balistique, a rappelé M. Choi. Il a appelé de ses vœux une complète dénucléarisation dans la péninsule de Corée, ce à quoi Pyongyang s'était engagé. La perte de pertinence de la Conférence du désarmement alors que la communauté internationale vit un moment essentiel pour la paix et la sécurité internationales serait un coup fatal pour le désarmement.
Le PRINCE FAISAL BIN FARHAN AL SAUD, Ministre des affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a salué la revitalisation du processus de négociation au sein de la Conférence du désarmement sous l’égide de la Chine et espéré que les travaux de cette année permettront de dynamiser la Conférence du désarmement en vue d’arriver à un programme de travail précis. La Conférence reste la seule instance de négociation mais n’a toujours pas pu adopter un programme clair pour s’acquitter de son mandat. Il a en conséquence lancé un appel à tous les États pour que cela devienne une réalité dans les meilleurs délais.
Le ministre saoudien a réaffirmé l'attachement de son pays à la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité en matière de désarmement, ajoutant que l'Arabie saoudite avait pris les mesures qui s’imposent pour l’interdiction des armes chimiques et biologiques, conformément aux conventions existantes. D’autre part, l’Arabie saoudite s’emploie à encourager tous les États, notamment de sa région, pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires et de destruction massive.
MME BONNIE D. JENKINS, Sous-Secrétaire d’État pour le contrôle des armes et la sécurité internationale des États-Unis, a déclaré que, cette année, une ombre a été jetée sur la Conférence du désarmement par l’attaque préméditée, non provoquée et injustifiée des forces militaires russes contre l’Ukraine, qui a engendré des pertes catastrophiques en vie et des souffrances humaines. Elle a condamné l’invasion de l’Ukraine, qui viole le droit international et les normes internationales que la communauté internationale s’est engagée à respecter : souveraineté nationale, intégrité territoriale et droit des États à prendre leurs propres décisions en matière de politique sécuritaire et étrangère. La sécurité européenne et la sécurité mondiale sont menacées, de même que la croissance de l’économie mondiale. Elle a appelé la Russie à cesser immédiatement ses opérations militaires, à retirer ses troupes et leur équipement en Russie, et à cesser toute future agression contre l’Ukraine. Mme Jenkins a fortement exhorté la Russie, dans les termes les plus forts, à choisir la voie de la diplomatie. Les institutions multilatérales et internationales, telle la Conférence du désarmement, offrent un espace pour œuvrer collectivement, par le dialogue et une action concertée, pour faire face aux défis mondiaux complexes, même aux heures les plus sombres.
La Sous-Secrétaire d’État américaine a souligné, tout en reconnaissant la difficulté de mettre en œuvre, dans le contexte de l’agression russe, la politique de son gouvernement fondée sur la responsabilité morale et l’impératif sécuritaire national de gérer, voire d’éliminer la menace posée par les armes de destruction massive, que les États-Unis continueront de déployer des efforts concertés pour atteindre cet objectif, notamment en vue d’entamer les négociations autour d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, un mandat qui traîne depuis trop longtemps. Elle a également dénoncé les essais menés par la Russie, en novembre 2021, de systèmes de destruction de satellites ayant créé des débris spatiaux qui constituent un risque important et a réitéré son appel à un comportement responsable concernant l’espace extra-atmosphérique. Mme Jenkins a enfin demandé que la Conférence inclue des femmes dans tous ses processus et a reconnu les efforts de toutes les femmes courageuses qui ont pris les armes pour défendre l’intégrité de l’Ukraine.
M. PAULIN0 FRANCO DE CARVALHO NETO, Secrétaire à la souveraineté nationale et à la citoyenneté du Brésil, a salué les membres du P6 (les six ambassadeurs qui doivent présider la session de 2022 de la Conférence du désarmement) et l’action exemplaire menée en début d'année, en particulier la création d'organes subsidiaires. Après avoir évoqué les tendances menaçantes actuelles, il a regretté que le climat autour de la dixième conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires prévue cette année ne soit pas favorable. Le Brésil a émis un communiqué dans lequel il a pris note de la déclaration conjointe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et espéré qu’elle sera suivie d’un changement de politique concret sur la prolifération des armes nucléaires. Pour sa part, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires demeure dans les «limbes juridiques» depuis 25 ans, a regretté M. Neto, appelant les pays qui ne l’ont pas ratifié de le faire sans plus de retard. Il a rappelé la proposition du Brésil de 2010 sur un cadre concernant l’interdiction des matières fissiles, qui est en fait une tentative visant à arriver à une entente sur les négociations.
Le Brésil accorde la plus grande importance à la préservation de l’espace extra-atmosphérique et jugé essentiels les travaux du groupe d’experts sur les mesures de transparence et de confiance relatives aux activités spatiales. Par ailleurs, au regard de la vulnérabilité des sociétés mise en lumière par la pandémie, le représentant brésilien a souligné la nécessité d’appuyer la neuvième conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines.
M. JUAN CARLOS HOLGUÍN MALDONADO, Ministre des affaires étrangères et de la mobilité humaine de l’Équateur, a tenu à envoyer un message en faveur de la revitalisation de toute l’architecture du désarmement international. Le teravail de la CD ne saurait se limiter à des débats sur son programme de travail et exige une volonté claire de la part des États. L’Équateur n’aura de cesse de préconiser le désarmement au sein de toutes les instances internationales, y compris du Conseil de sécurité. Il a estimé que l’année 2022 devrait constituer un point d’inflexion dans tous les domaines du désarmement. Il a également évoqué la déclaration des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et son souci de mettre en place les moyens de progresser vers le désarmement nucléaire.
L'intervention du Ministre ayant été enregistrée avant les événements d'Ukraine, le Représentant permanent de l’Équateur est ensuite intervenu pour indiquer que l’agression armée de la Fédération de Russie en Ukraine remettait en question les buts et principes de la Charte des Nations Unies et exigé la protection des Équatoriens qui se trouvent dans les zones de conflit. Il a réitéré que tous les pays ont le droit de vivre en paix et en toute sécurité.
M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre des affaires étrangères de la France, a déploré une brutale dégradation de la situation sécuritaire en Europe avec l'agression de la Russie cintre l'Ukraine et la France condamne dans les termes les plus fermes cet acte qui aura des conséquences majeures, y compris sur le long terme. Dans ce contexte de remise en en cause du droit international et des principes fondateurs de la sécurité européenne, il est plus que jamais crucial de préserver l'intégrité des normes existantes dans le domaine de la sécurité. Le respect du droit international s'impose à tous et «nous ne pouvons tolérer que le règne de la force prenne le pas sur le règne du droit». La Conférence du désarmement a joué un rôle central dans l'architecture de sécurité, mais comment renouer un dialogue multilatéral de bonne foi, comment progresser ensemble sur un agenda de désarmement qui respecte les intérêts de sécurité de tous quand un seul pays, la Russie, en décide autrement.
L’attitude et les actes de la Russie méprisent les décisions prises dans des instances internationales telle la Conférence du désarmement, a dénoncé le ministre français. La Russie a maintes fois tenté de remettre en question les accords agréés. En violation flagrante du principe du multilatéralisme, la Russie mène dans les enceintes internationales une politique «obscurantiste» systématique afin d'empêcher les États de parvenir à l'adoption de décisions essentielles pour le renforcement des instruments dans le domaine du désarmement. La Russie mène en outre des activités de «cyber-malveillance» qui remettent en question la sécurité internationale du cyberespace, avec des effets potentiellement graves sur les infrasctructures. La France condamne fermement la violation par la Russie de ses engagements au titre du Mémorandum de Budapest. Elle dénonce également la complicité du régime de Bélarus. Toutes ces actions ne sont pas dignes d’un État nucléaire responsable, a estimé le Chef de la diplomatie française. Dans la perspective de la dixième conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, M. Le Drian a déclaré qu'un tel examen demeurait crucial, cet instrument étant la clef de voûte du désarmement nucléaire. La France n’a eu de cesse de plaider pour une attitude responsable des États dotés d'armes nucléaires, a souligné M. Le Drian.
M. ABIODUN RICHARDS ADEJOLA, Représentant permanent du Nigeria auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a appelé au dialogue et l’élimination de l’option de la violence. Il a en particulier insisté sur les conséquences civiles et humanitaires dans le conflit en Ukraine. Il a mis l’accent sur des mesures concrètes pour avancer dans la transparence dans les activités dans l’espace, tout en appuyant le Groupe à composition non limitée sur la cybersécurité. Le représentant du Nigeria a encouragé à des mesures pragmatiques pour arriver à des assurances de sécurité négatives dans le cadre de l’armement nucléaire; avant de réaffirmer son appui à l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, exhortant les États à le ratifier sur la base de considérations humanitaires. La pandémie de COVID-19 rappelle encore la nécessité de travailler collectivement pour relever les défis mondiaux, a-t-il signalé, en invitant les États qui ont encore comme priorité la modernisation et l’amélioration de leur arsenal militaire à réévaluer la situation actuelle et la réalité. Il a souhaité rappeler l’adoption récente d’un programme de travail pour la Conférence, qu’il a voulu percevoir comme une nouvel état d’esprit. Il a exhorté les États membres à un dialogue fondé sur la confiance pour faire un travail productif.
M. ABDULKARIM HASHIM MOSTAFA, Représentant permanent de l’Iraq auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a déploré la persistance de conflits et les comportements qui les exacerbent et incitent à une course à l’armement. Il a encouragé à rechercher les voies et moyens en vue d’un consensus pour que la Conférence du désarmement sorte de l’impasse où elle se trouve depuis plus de 20 ans, en espérant qu’un programme de travail pourra être adopté par consensus au cours de cette année. L’objectif principal de la Conférence reste la négociation d’instruments contraignants dans le domaine du désarmement, a-t-il rappelé. Certains membres n’ont pas fait preuve de suffisamment de souplesse ; c'est pourquoi l’effort doit être soutenu en 2022, notamment par la préparation de la dixième conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Les progrès technologiques vont rendre la course aux armements plus dangereuse, a poursuivi le représentant, qui a appelé de ses vœux l’entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et appelant les États figurant à l’annexe 2 de ce traité à le ratifier. L'Iraq estime aussi qu'il faudrait arriver à un accord sur un instrument relatif aux garanties de sécurité pour les États non dotés d'armes nucléaires. Il a d'autre part encouragé à créer un mandat pour interdire la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires. L’ambassadeur iraquien a aussi appuyé l’interdiction de l’arsenalisation de l’espace extra-atmosphérique. Il a lancé un appel aux États dotés de l’arme nucléaire à respecter les engagements pris lors des conférences d’examen antérieures du TNP, et salué la convocation et la tenue, en 2021, de la deuxième conférence pour la création d’une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient.
M. ANUPAM RAY, Représentant permanent de l’Inde auprès de la Conférence du désarmement, a rappelé que la pandémie de COVID-19 n’avait pas disparu et que, face aux difficultés actuelles, il n’existe pas d’autre voie que celle du dialogue. L’Inde appuie le multilatéralisme, est membre non permanent du Conseil de sécurité et a apporté sa contribution à la COP26 sur le changement climatique, entre autres. Il a souligné le rôle et l'importance de la Conférence du désarmement dans les circonstances actuelles, appuyant un programme d’action équilibré conduisant au renforcement de la non-prolifération. L'Inde est un État nucléaire responsable, a-t-il assuré, soulignant que son pays n’utilisera jamais son arme contre des États non dotés d'armes nucléaires. L’Inde a partagé les préoccupations quant aux transferts illicites des armes légères et de petit calibre et a pris part aux travaux du groupe de travail sur ce type d’armes. Le pays a aussi un programme de bourses pour sensibiliser les jeunes diplomates au désarmement.
M. FRANK TRESSLER, Représentant permanent du Chili auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a souligné que ce n’était que par le biais des travaux de la Conférence du désarmement et de ses résultats constructifs que l’on arrivera à réduire les escalades et les conflits. La conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est cruciale car le Traité est la pierre angulaire du régime de désarmement mondial. Aucun État nucléaire ne doit être en mesure de menacer ses voisins, d’où la nécessité d’appliquer les assurances prévues. Le Chili continue donc de travailler avec d’autres pays pour le maintien de l’état d’alerte contre l’utilisation des armes nucléaires. Il a aussi jugé essentiel que les négociations sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace ne se fassent pas en vase clos. Il a appuyé les priorités fixées par le Secrétaire général dans le domaine du désarmement, feuille de route plus pertinente que jamais pour la réalisation concrète des Objectifs de développement durable. Il a aussi plaidé pour l’inclusion de la perspective du genre et de la participation des femmes dans tous les processus de décision. Le Chili a aussi travaillé sur une déclaration politique visant au renforcement de la protection humanitaire, et s’est impliqué dans plusieurs groupes de travail liés à un aspect ou un autre du désarmement. Optimiste, M. Tressler a relevé une volonté politique en vue d’un règlement politique des différends.
M. YURY AMBRAZEVICH, Représentant permanent du Bélarus auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a regretté qu’au cours des dernières années, les questions du désarmement aient été marquées par une sorte d’affirmation de soi qui a engendré une spirale dans la course aux armements. Face aux nouveaux défis auxquels la communauté internationale n’a pas encore trouvé de solutions, comme les guerres hybrides exploitant l’utilisation des messageries, des virus informatiques, de campagnes de propagande et de fausses informations. L’utilisation de la force devrait être un moyen de dernier ressort, uniquement justifiée dans deux cas : empêcher une escalade ou faire face à une menace imminente. La situation actuelle en Ukraine est précisément une conséquence politique des agissements des États occidentaux. Depuis 2014, le Belarus, par le biais des accords de Minsk, a montré qu’elle était du côté de la paix. Hier, le président du Bélarus a déployé tous ses efforts pour faciliter un règlement de la crise en Ukraine. Le représentant bélarussien a tenu à rejeter toutes les accusations à l’adresse de son pays, précisant que ses forces ne participent en aucune façon aux activités militaires au Donbass. Le Bélarus a lancé de nombreux appels pour jeter les bases de la sécurité internationale, appels qui n’ont pas encore été entendus, a-t-il déploré.
M. HECTOR CONSTANT ROSALES, Représentant permanent du Venezuela auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a rappelé que la Conférence du désarmement avait permis de réaliser de grandes avancées par le passé. Mais les négociations se sont vues paralysées en raison de l’absence de volonté politique des États, situation qu’il faut changer car il faut arriver à des résultats tangibles, en mettant le lien entre désarmement et développement. La pandémie a en effet montré le peu de préparation des États face à des défis mondiaux, notamment pour des pays qui avaient apparemment plus de moyens pour y faire face. Le Venezuela continuera par ailleurs à dénoncer les mesures coercitives unilatérales, qui constituent des crimes contre l’humanité, et justifient de manière macabre l’imposition de régimes politiques et la création de crises nationales et régionales. M. Constant a rappelé que son pays s’est rallié au consensus de la semaine dernière sur le programme de travail de sorte à faciliter une sortie de l’impasse dans laquelle la Conférence du désarmement se trouve depuis trop longtemps. Il a également cité une résolution du Conseil de sécurité sur la prévention de l’armement nucléaire et souligné l’importance des zones de paix exemptes d’armes nucléaires, comme l’Amérique latine et les Caraïbes. Il a regretté le nouveau report de la dixième conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et espéré que les États dotés de cette arme respectent leurs engagements au titre de l’article 6.
M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE, Représentant permanent de la Belgique auprès de l’ONUG, s’est référé d'emblée à la situation choquante en Ukraine, jugeant que cette attaque de la Russie était une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et des principes fondamentaux du droit international. Il a exigé le retrait immédiat des troupes russes et s’est alarmé les références à une possible dimension nucléaire dans ce conflit. Ceci démontre une fois de plus la résurgence de la menace nucléaire dans le discours international et les risques associés à cette évolution. Cette évolution illustre la courbe régressive, dangereuse, du désarmement nucléaire. Les États non signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires ne doivent pas échapper à leur responsabilité, a insisté le représentant belge, appelant Israël, l’Inde et le Pakistan à rejoindre le TNP sans délais et sans conditions. Par ailleurs, une forte volonté politique sera nécessaire pour sortir la Conférence du désarmement de l’impasse, à commencer par l’entame des négociations autour d’un traité juridiquement contraignant d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armement nucléaire. En conséquence, il a proposé de combiner la réduction des risques avec celle des stocks. Un monde sans arme nucléaire ne pourrait émerger dans un monde où des essais nucléaires sont encore conduits, a-t-il fait valoir. La Belgique a enfin encouragé la participation des femmes à la Conférence du désarmement et aux questions qu’elle aborde.
M. ALI MAJAWAR, Représentant permanent du Yémen auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, a déclaré que la guerre continuait de faire rage dans son pays à cause du groupe d’insurgés houthistes qui tentent de s’emparer d’armes, dont des drones, pour les utiliser dans la région. Il a exhorté les États à ne pas vendre ou exporter d'armes à ce groupe, conformément à la résolution 2216 du Conseil de sécurité. Le Gouvernement yéménite, avec l’aide de l’Arabie saoudite, a mené des opérations de déminage. Il a espéré que des progrès seront aussi enregistrés dans le projet d’une zone exempte d’arme nucléaire au Moyen-Orient.
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