Aller au contenu principal

La Conférence du désarmement accepte les demandes de participation à ses travaux en tant qu’observateurs émanant de plusieurs pays

Compte rendu de séance

 

La Conférence du désarmement a tenu ce matin, sous la présidence de l’Ambassadeur Li Song de la Chine, une séance plénière publique durant laquelle elle a accepté les demandes de participation à ses travaux en tant qu’observateurs émanant de près d’une quarantaine de pays. Elle a également entendu plusieurs délégations faire des déclarations générales.

En début de séance, l’Ambassadeur Li a souhaité une bonne année à tous ceux qui célèbrent l’année lunaire et a formulé l’espoir que cette nouvelle année du Tigre, symbole du courage contre les forces du mal, inspirerait la Conférence. Il a également formulé l’espoir que les Jeux Olympiques qui vont débuter demain favoriseraient la paix dans le monde.

La Conférence a ensuite procédé à l’approbation par consensus de l’ensemble des demandes de participation à ses travaux en qualité d'observateurs, pour la session de 2022, émanant des États suivants : Albanie, Angola, Arménie, Bahreïn, Bosnie-Herzégovine, Côte d’Ivoire, Croatie, Chypre, République tchèque, Danemark, République dominicaine, Estonie, Géorgie, Ghana, Grèce, Guatemala, Haïti, Saint-Siège, Jordanie, Koweït, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Monténégro, Macédoine du Nord, Panama, Philippines, Portugal, Qatar, République de Moldova, Arabie saoudite, Serbie, Slovénie, Thaïlande, Emirats arabes unis.

L’Iran est alors intervenue pour souligner l’importance qu’elle accorde à l’intégrité, à l’efficacité et à l’inclusivité de la Conférence et pour souhaiter la bienvenue à tous les Etats qui ont demandé à participer aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs pour cette session de 2022. Le multilatéralisme sélectif n’est pas une approche que soutient l’Iran, a souligné la délégation iranienne.

M. Li a pour sa part estimé que la Conférence avait fait des progrès encourageants s’agissant de la participation des Etats non membres [de la Conférence] à ses travaux en tant qu’observateurs, grâce à des efforts conjoints de tous les Etats membres – ce qui témoigne de la pratique d’un vrai multilatéralisme, a-t-il souligné.

La Nouvelle-Zélande, l’Allemagne, la Suisse, le Zimbabwe, le Brésil, le Mexique et l’Algérie ont ensuite fait des déclarations générales.

En fin de séance, la Fédération de Russie a exercé son droit de réponse.

S’agissant du programme de travail de la Conférence, M. Li a indiqué que son idée était de se concentrer sur certains éléments essentiels qui permettront de reprendre un travail de fond, c’est-à-dire l’établissement d’organes subsidiaires conformément aux points inscrits à l’ordre du jour. Il a précisé qu’il travaillait avec les « P6 » [ndlr : les six Présidents de la Conférence de cette année] sur un projet de texte qui devrait être distribué dès que possible pour examen par la Conférence la semaine prochaine.

 

La prochaine séance plénière publique de la Conférence aura lieu mardi 8 février, à 10 heures, en salle XVII du Palais des Nations.

 

Aperçu des déclarations

La Nouvelle Zélande a déclaré qu’en ce début d’année 2022, le monde devient un endroit plus imprévisible et dangereux. Cette situation ne fait que rendre plus urgente la mission qui est confiée à la Conférence, à savoir la conclusion d’accords de maîtrise des armements et de désarmement. Il faut dès lors convenir rapidement d’un programme de travail, a souligné la délégation néo-zélandaise.

La Nouvelle-Zélande reste profondément préoccupée par les tensions persistantes entre la Fédération de Russie et l’Ukraine, y compris le renforcement continu et sans précédent des forces militaires de la Fédération de Russie à sa frontière avec l’Ukraine. La Nouvelle-Zélande appelle la Fédération de Russie à prendre des mesures pour réduire les tensions et le risque d’une grave erreur de calcul. La Nouvelle-Zélande a expliqué avoir toujours soutenu la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a dit espérer que les discussions en cours entre les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Ukraine et d’autres partenaires entraîneront une désescalade urgente des tensions.

La Nouvelle-Zélande s’est réjouie que les cinq États dotés d’armes nucléaires reconnus comme tels au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) aient publié, il y a un peu plus d’un mois, une déclaration commune soulignant leur volonté de travailler avec tous les États pour créer un environnement de sécurité plus propice aux progrès en matière de désarmement dans le but ultime d’un monde sans armes nucléaires avec une sécurité non diminuée pour tous. La Nouvelle-Zélande a tout particulièrement salué le fait que cette déclaration commune affirme qu'« une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée » – ce qui est une première pour les cinq pays et représente un signal important. La Nouvelle-Zélande s’est par ailleurs réjouie de la montée en puissance du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), qu’elle soutient fermement.

S’agissant des travaux de la Conférence, la Nouvelle-Zélande a dit appuyer fermement le principe du libre accès aux travaux de la Conférence pour tous les États qui souhaitent être observateurs auprès de cette instance. Elle a aussi plaidé en faveur de l’adoption par la Conférence d’un langage non sexiste dans son Règlement intérieur.

L’Allemagne a lu une déclaration au nom de l’Initiative de Stockholm, dans laquelle l’Initiative se dit encouragée par la « Déclaration commune pour prévenir une guerre nucléaire et éviter les courses aux armements » adoptée le 3 janvier dernier par la Chine, la France, la Fédération de Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui affirme qu’« une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Cette déclaration est une évolution bienvenue, que l’Initiative de Stockholm soutient fermement et dont elle espère qu’elle contribuera au renforcement du régime du TNP. Aujourd’hui, le dialogue et la coopération entre les « P5 » [ndlr : les cinq États dotés d’armes nucléaires reconnus comme tels au titre du TNP] sont plus importants que jamais pour réduire les tensions et le risque d’escalade mais aussi pour se rapprocher de l’objectif commun d’un monde exempt d’armes nucléaires, poursuit l’Initiative dans sa déclaration, avant d’ajouter que des mesures concrètes en faveur du désarmement nucléaire sont également urgentes.

La Suisse a dans un premier temps salué l’intervention faite la semaine dernière par la Secrétaire générale de la Conférence, Mme Tatiana Valovaya, à l’ouverture de la session de la Conférence, soulignant notamment l’importance du multilatéralisme face aux défis sécuritaires complexes auxquels le monde est confronté. Ce constat s’applique tout particulièrement au désarmement nucléaire, a déclaré la délégation suisse. La Suisse espère que la dixième Conférence d’examen du TNP pourra se tenir dans les meilleurs délais, et surtout que cet événement débouchera sur un résultat probant. La Suisse a relevé avec grand intérêt la déclaration conjointe des Etats dotés de l’arme nucléaire reconnus comme tels au titre du TNP « pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements », en saluant tout particulièrement l’affirmation contenue dans la déclaration selon laquelle « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ».

La Conférence est censée jouer un rôle central dans la formulation de réponses multilatérales aux défis de nature sécuritaire, a poursuivi la Suisse. Le fait qu’elle soit dans l’incapacité de remplir son mandat depuis maintenant plus de 25 ans soulève des questions fondamentales et de plus en plus pressantes, a-t-elle souligné. Une possibilité de sortir de l’impasse serait de revenir à un programme de travail simplifié, un programme de travail servant simplement à structurer nos travaux et le dissociant de l’adoption d’un mandat de négociation, a proposé la Suisse. Une autre possibilité serait de s’appuyer sur l’approche suivie lors de la session de 2018, c’est-à-dire d’établir des organes subsidiaires portant sur les différents points à l’ordre du jour, avec pour mandat de faire avancer les questions de fonds dans l’optique du lancement de négociations. L’approche qui prévaut actuellement, qui consiste en un « tout ou rien » et qui interdit quasiment tout travail en l’absence de l’adoption d’un mandat de négociation, doit être repensée. Une paralysie dépassant un quart de siècle le requiert, a insisté la Suisse.

La Suisse s’est par ailleurs réjouie que la Conférence ait invité l’ensemble des Etats non membres qui en ont fait la demande à participer à ses travaux en tant qu’observateurs. Enfin, la Suisse a regretté que la Conférence n’ait pas été en mesure l’année dernière de s’accorder sur une mise à jour de son Règlement intérieur afin de placer sur un pied d’égalité les délégués femmes et hommes.

Le Zimbabwe a souligné qu’il fallait trouver une voie pour que la Conférence revienne à son mandat qui est de négocier des traités. Le Zimbabwe s’est ensuite dit déçu que la dixième Conférence d’examen du TNP soit de nouveau reportée. Le pays s’est en revanche réjoui de la déclaration des « P5 » visant à prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements, soulignant qu’il s’agit là d’un message puissant qui vient à point nommé. Il incombe à la communauté internationale de régénérer le TNP, a déclaré le Zimbabwe.

Depuis deux décennies, pendant que la Conférence marquait le pas, des nouvelles technologies ont été élaborées et déployées, a poursuivi le Zimbabwe. Le pays a souligné que la possibilité de voir apparaître des bombes sales entre les mains des extrémistes de divers bords demeure réelle. Durant la dernière décennie, a rappelé le Zimbabwe, le monde a assisté à la montée alarmante de cet extrémisme sur le continent africain, qui vient s’ajouter à de nouveaux défis comme le réchauffement climatique ou la pandémie de COVID-19.

Le Zimbabwe a indiqué vouloir jouer un rôle important au sein de la Conférence pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires. Il faut éviter de s’enliser dans des questions de procédures, a affirmé la délégation zimbabwéenne, avant d’ajouter qu’il faut pouvoir traiter de questions importantes comme les matières fissiles ou des assurances négatives de sécurité contraignantes. S’agissant enfin de la question des demandes de participation aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs émanant des États non membres de cette instance, le Zimbabwe estime que la Conférence doit avoir l’approche la plus inclusive possible.

Le Brésil a regretté que la suspicion et la méfiance soient à l’ordre du jour de la Conférence alors que les signes d’instabilité et de belligérance augmentent. Le Brésil reste pleinement attaché à la tâche confiée à la Conférence du désarmement, qui est de négocier des instruments de désarmement. Le pays s’est par ailleurs félicité de la prolongation du Traité « New Start » par les États-Unis et la Fédération de Russie.

La Brésil a par ailleurs fait part de son soutien aux travaux du Groupe de travail à composition non limitée créé par la résolution 76/231 de l’Assemblée générale sur la réduction des menaces dans l’espace, qui tiendra sa première réunion à Genève dans les prochaines semaines ; de même qu’aux travaux du Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner plus avant les questions de vérification du désarmement nucléaire. Parmi les principales questions que la communauté du désarmement doit aborder à Genève cette année figure aussi le processus de suivi du Groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létales autonomes, a rappelé le Brésil.

Le Mexique a salué l’esprit positif des premières séances de cette session de 2022 de la Conférence du désarmement, ainsi que la collaboration entre les « P6+2 » [ndlr : les six présidences de la Conférence de cette année, la dernière de l’an dernier et la première de l’an prochain]. La Conférence se trouve à la croisée des chemins dans le domaine de la sécurité et de la paix internationales, a affirmé le Mexique, soulignant que les tensions s’accroissent entre les grandes puissances et que le monde observe une érosion de l’architecture du désarmement, avec notamment les prémices d’un conflit armé en Europe, ou encore l’accroissement des armements en Asie du Sud, au Moyen-Orient et dans d’autres zones.

Au vu de la situation, la Conférence doit reprendre sa mission de principal organe de négociation de traités dans le domaine du désarmement, a souligné le Mexique. Il faut sortir de 25 années d’immobilisme, a insisté le pays. Pour ce faire, a-t-il indiqué, il faut plus d’inclusion, notamment au travers de la participation de la société civile et des jeunes ; il faut revoir la règle rigide du consensus, qui fait obstacle aux questions tant de fond que de procédure ; il faut permettre la participation de tous les Etats qui le souhaitent aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs ; et il faut avoir un Règlement intérieur neutre sur la question du genre.

L’Algérie s’est elle aussi réjouie de l’approbation de toutes les demandes de participation aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs émanant d’États non membres de cette instance – témoignant de l’ouverture de la Conférence.

Dans un droit de réponse, la Fédération de Russie a regretté que les représentants de certains États aient incriminé devant la Conférence la Fédération de Russie, l’accusant d’accroître les tensions et lui prêtant des intentions agressives. Selon la Fédération de Russie, ces déclarations ne contiennent pas une analyse objective de la situation, s’agissant de la situation sécuritaire en Europe et des raisons de sa dégradation. Cette situation est le résultat de plusieurs années de mesures destructives entreprises en toute conscience par l’OTAN et certains de ses membres. La prétendue politique de dissuasion face à la Fédération de Russie n’est en fait rien d’autre qu’une pression politique et militaire constante et sans précédent exercée sur la Fédération de Russie sous diverses formes, qui constitue une guerre hybride contre elle et qui ignore les préoccupations légitimes de sécurité de ce pays et son droit de protéger son territoire, a déclaré la délégation russe. L’inquiétante situation sécuritaire actuelle en Europe est le résultat d’une politique antirusse menée délibérément depuis plusieurs années par l’OTAN, en contraste frappant avec la politique russe visant à établir des dialogues constructifs avec tous les pays, a insisté la délégation russe.

Au sein de la Conférence, a poursuivi la délégation russe, l’Ukraine s’est permise de présenter une série d’allégations infondées, qu’elle répète dans divers fora multilatéraux. Ces déclarations ne font que confirmer le peu de capacité de l’Ukraine de mener à bien une analyse autour de ce qui se passe en Ukraine et dans la région et visent à cacher le manque de volonté des autorités ukrainiennes pour ce qui est de régler les problèmes internes et de prendre de vraies mesures pour résoudre la situation dans le sud-est du pays. L’Ukraine essaie de façon maladroite de se décharger de toute responsabilité pour tout ce qui se passe en Ukraine depuis 2014, a insisté la Fédération de Russie.

En réponse à cette intervention de la Fédération de Russie, l’ Ukraine a indiqué qu’elle exercerait son droit de réponse lors de la prochaine séance de la Conférence.

Pour conclure, le Président de la Conférence a remercié toutes les délégations pour le soutien qu’elles ont exprimé à la présidence, y compris dans le contexte de l’examen des demandes de participation aux travaux de la Conférence en tant qu’observateurs. Il a dit espérer que cet esprit de multilatéralisme « authentique » continuerait d’accompagner la Conférence dans l’exercice de son mandat et de régner durant les travaux tant à Genève, qu’à New York ou ailleurs.

Au terme de cette séance, la Chine aura fait la moitié du chemin de sa présidence, a souligné M. Li. Il a indiqué avoir noté qu’au sein de la Conférence, promouvoir des progrès substantiels dans les travaux de cette instance était un souhait commun de tous les membres et que tous avaient reconnu le rôle important joué par les organes subsidiaires à cet égard. Le Président a indiqué que son idée était de se concentrer sur certains éléments essentiels qui permettront de reprendre un travail de fond, c’est-à-dire l’établissement d’organes subsidiaires conformément aux points inscrits à l’ordre du jour, a-t-il précisé. Il a ajouté qu’il travaillait avec les « P6 » [ndlr : les six Présidents de la Conférence de cette année] sur un projet de texte qui devrait être distribué dès que possible pour examen par la Conférence la semaine prochaine.

S’agissant de la question du [respect du] genre [dans le Règlement intérieur de la Conférence], que de nombreuses délégations ont mentionnée dans leurs déclarations, le Président a rappelé que la Conférence avait eu à ce sujet une discussion approfondie l’an dernier et qu’il n’estimait donc pas nécessaire de consacrer une séance plénière à une discussion de cette question ; il a ajouté que tout le travail qu’il entreprendrait à ce sujet en tant que Président se déroulerait sous la forme de consultations informelles.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

DC22.005F