Fil d'Ariane
« J’espère sincèrement que ce sera la dernière fois que nous avons besoin d’une telle session extraordinaire », déclare Mme Bachelet à l’ouverture de la huitième session extraordinaire que le Conseil des droits de l’homme consacre à la situation dans le Territoire palestinien occupé
« J’espère sincèrement que ce sera la dernière fois que nous avons besoin d’une telle session extraordinaire », a déclaré ce matin la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, alors que le Conseil des droits de l’homme ouvrait sa trentième session extraordinaire, consacrée à "la grave situation des droits de l'homme dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est". Il s’agit de la huitième session extraordinaire que le Conseil consacre au conflit israélo-palestinien.
La Haute-Commissaire a salué le cessez-le-feu du 21 mai dernier, tout en soulignant qu’il convient de résoudre les causes profondes de cette violence, faute de quoi il y aura un nouveau cycle de violences. Elle a appelé à un processus de paix sincère et inclusif pour mettre fin à l’occupation. Pour tout processus de ce type et pour tout accord qui en résulterait, le respect et la protection des droits de l’homme doivent être fondamentaux, y compris pour ce qui est de la redevabilité pour les violations des droits de l’homme et les abus antérieurs, a souligné Mme Bachelet.
Evoquant les principes qui, selon lui, devraient guider les travaux futurs du Conseil des droits de l’homme concernant l’occupation israélienne, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, M. Michael Lynk, a tout d’abord expliqué que « le cadre diplomatique pour mettre complètement fin à l'occupation se trouve dans le cadre du droit international et des droits de l'homme, et non dans la Realpolitik ». Il a ensuite insisté sur la nécessité d’imposer des mesures significatives de reddition de comptes, étant donné qu’Israël a été « un occupant de mauvaise foi ». Il a enfin estimé qu’en raison des différences de puissance largement asymétriques entre Israël et les Palestiniens, « une intervention internationale active est indispensable ».
Ce matin, le Conseil a également entendu les déclarations de M. Issam Younis, Directeur du Centre Al-Mezan pour les droits de l'homme à Gaza et chef de la Commission indépendante des droits de l'homme de Palestine, de M. Mohammad Barakeh, ancien membre de la Knesset et Président du Haut Comité arabe en Israël, et de Mme Munal el Kurd, journaliste et résidente [du quartier] de Sheikh Jarrah à Jérusalem.
Israël et l’Etat de Palestine ont ensuite fait une déclaration en tant que pays concernés.
De nombreuses délégations* ont ensuite pris part au débat.
Le Conseil poursuivra cet après-midi, à 15 heures, les travaux de cette trentième session extraordinaire.
Déclarations d’ouverture
MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droit de l’homme, a souligné que la convocation de la présente session extraordinaire du Conseil avait été dictée par la plus sérieuse escalade de violence à Gaza et dans le Territoire palestinien occupé depuis les hostilités de 2014. Elle a précisé que, selon les chiffres vérifiés par son Bureau, 242 Palestiniens, dont 63 enfants, avaient été tués par les assauts des Forces de sécurité israéliennes (ISF). Des milliers d’autres ont été blessés alors que l’on estime à plus de 74 000 le nombre de Palestiniens déplacés. A la date du 24 mai, 28 Palestiniens, dont cinq enfants, avaient été tués en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est. Parallèlement, les roquettes ont été lancées par le Hamas et par d’autres groupes palestiniens armés, tuant dix citoyens et résidents israéliens, dont deux enfants, et forçant des milliers de personnes à s’abriter dans des refuges.
La Haute-Commissaire a souligné que cette récente escalade était directement liée aux manifestations et à la violente riposte des forces de sécurité israéliennes, d’abord à Jérusalem-Est, avant de s’embraser dans tout le Territoire palestinien occupé. Mme Bachelet a aussi rappelé les deux principales raisons de l’escalade des tensions : les évictions imminentes de familles palestiniennes et leur déplacement forcé dans la quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est occupé, pour faire place à des colons ; et les restrictions d’accès à des milliers de fidèles au cours des derniers jours du ramadan. Elle a rappelé qu’à plusieurs reprises, les forces israéliennes avaient fait usage de la force contre des manifestants pacifiques et des personnes qui priaient à l’intérieur de la mosquée Al Aqsa. Ces mêmes forces ont eu recours à des moyens de contrôle de la foule reposant sur un usage excessif de la force, notamment de la violence physique, ce qui n’a fait qu’exacerber les tensions.
La Haute-Commissaire a ensuite décrit les étapes de l’escalade des violences entre Israël et les groupes palestiniens armés depuis le 10 mai, lorsque le Hamas, autorités de facto de la bande de Gaza, a demandé aux forces israéliennes de se retirer de l’enceinte d’Al Aqsa et de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est et qu’Israël a opposé son refus, conduisant ainsi à une salve de roquettes du Hamas vers Israël, sans distinction entre cibles militaires et civiles, ce qui – a souligné Mme Bachelet – constitue une violation flagrante du droit international humanitaire. Durant onze jours d’hostilités avant le cessez-le-feu, de nombreuses roquettes ont tué ou blessé des civils et occasionné de sérieux dégâts aux infrastructures et biens civils telles les installations publiques, les maisons, les usines ou autres structures civiles, a rappelé la Haute-Commissaire. Israël a alors répondu par d’intenses frappes aériennes et par des attaques de missiles lancés par des avions de combat et par la mer. Mme Bachelet a toutefois signalé qu’Israël avait parfois pris un certain nombre de précautions en lançant des alertes avant les attaques ; mais les frappes aériennes, dans une zone densément peuplée, ont fait de nombreux morts et blessés et causé de vastes destructions. De telles frappes soulèvent de sérieuses préoccupations quant au respect par Israël des principes de distinction et de proportionnalité en vertu du droit humanitaire international. Si elles s’avèrent aveugles (utilisées sans discernement) et disproportionnées quant à leur impact sur les civils et sur les biens civils, de telles attaques peuvent constituer des crimes de guerre, a rappelé Mme Bachelet. La Haute-Commissaire a cependant déclaré que le fait d’avoir des moyens militaires dans des zones à forte densité ou de lancer des attaques depuis de telles zones constituait une violation du droit international humanitaire. Quoi qu’il en soit, les agissements d’une partie n’absolvent pas l’autre partie de ses obligations au regard du droit international, a-t-elle souligné.
Mme Bachelet a signalé qu’à l’inverse des civils israéliens – qui bénéficient du Dôme de fer et des forces militaires chargées de leur protection – les civils palestiniens, eux, n’ont virtuellement aucune protection contre les frappes aériennes et les opérations militaires dans des zones fortement peuplées. Ils n’ont nulle part où se cacher, en raison du blocus israélien par terre, air et mer en place depuis 14 ans, a-t-elle rappelé.
La Haute-Commissaire a salué le cessez-le-feu du 21 mai dernier, tout en soulignant qu’il convient de résoudre les causes profondes de cette violence, faute de quoi il y aura un nouveau cycle de violences. Elle a appelé à un processus de paix sincère et inclusif pour mettre fin à l’occupation. Pour tout processus de ce type et pour tout accord qui en résulterait, le respect et la protection des droits de l’homme doivent être fondamentaux, y compris pour ce qui est de la redevabilité pour les violations des droits de l’homme et les abus antérieurs.
Mme Bachelet a réitéré son appel auamasHama Hamas et à tous les groupes armés pour qu’ils s’abstiennent de tout usage indiscriminé de roquettes et de mortiers, [usage] pour lequel elle a exigé une reddition de comptes. Elle a également de nouveau exhorté Israël à assurer la reddition de comptes conformément à ses obligations en vertu du droit international humanitaire et relatif aux droits de l’homme, ce qui – a-t-elle précisé – inclut de mener des enquêtes impartiales et indépendantes sur les mesures prises durant cette escalade. En tant que puissance occupante au regard du droit international, Israël se doit de protéger la population de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de Gaza, et de garantir son bien-être, a rappelé la Haute-Commissaire. Les droits à la vie, à la sécurité et à la liberté de réunion et d’expression des Palestiniens doivent être respectés, a-t-elle souligné. Elle a enfin mis l’accent sur l’importance de la reconstruction de Gaza, en cette année où le maître-mot est la reconstruction en raison de la pandémie de COVID-19.
« J’espère sincèrement que ce sera la dernière fois que nous avons besoin d’une telle session extraordinaire », a conclu la Haute-Commissaire.
Ce dont nous avons été témoins à Gaza ces dernières semaines hante la conscience mondiale, a pour sa part déclaré M. MICHAEL LYNK, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, au nom également du Comité de coordination des procédures spéciales. Environ 240 Palestiniens ont été tués, dont la majorité étaient des civils et au moins 66 des enfants, et près de 2000 blessés, a-t-il précisé. Il y a eu des destructions massives de propriétés, a-t-il ajouté. Tout cela aux mains de l'une des armées les mieux équipées du monde moderne. Quant aux roquettes des groupes armés palestiniens, elles ont tué 12 civils en Israël. De nombreux civils israéliens ont vécu un état de peur et ont subi des dommages à leurs propriétés.
Parmi les morts à Gaza, a-t-il rappelé, il y a le Dr Ayman Abu Alouf, qui était le chef de la médecine interne à l’hôpital Al-Shifa, le plus grand centre médical de Gaza ; il a été tué la semaine dernière par un tir de missile israélien sur son immeuble avec 12 membres de sa famille élargie, dont ses parents, sa femme, ainsi que son fils de 17 ans et sa fille de 13 ans. Le Dr Abu Alouf était en charge de la réponse à la pandémie de COVID-19 qui a frappé Gaza au cours des derniers mois. Le personnel de santé de l’hôpital, qui doit faire face à un sous-équipement, a promis de redoubler d’efforts pour lutter contre la pandémie en l’honneur de sa mémoire.
Gaza est un petit morceau de terre, avec plus de deux millions de personnes sous occupation, qui est coupé du monde extérieur par un blocus aérien, maritime et terrestre complet et illégal, a poursuivi le Rapporteur spécial. Les Palestiniens y vivent dans une situation tout à fait désastreuse – que l’ONU a qualifiée d’insoutenable, d’invivable et de forme de punition collective. Gaza a souvent été appelée « la plus grande prison en plein air du monde », a ajouté M. Lynk, rappelant que la puissance occupante exerce une autorité complète pour déterminer qui et quoi entre et sort du territoire. Il n’y a pas d’autre situation comparable dans le monde moderne, a-t-il insisté.
Ce dont nous avons été témoins à Jérusalem-Est occupée ces dernières semaines - avec d'intenses affrontements autour de l'exercice des droits religieux sur le Harem al-Sharif et une campagne soutenue des organisations de colons israéliens pour continuer à expulser les familles palestiniennes de leurs maisons à Silwan et Sheikh Jarrar – a été l’étincelle qui a déclenché les dernières violences, a rappelé le Rapporteur spécial. Mais la braise couvait depuis de nombreuses années ; le Gouvernement israélien et la municipalité de Jérusalem ont mené une ingénierie démographique de création de colonies israéliennes dans tout Jérusalem-Est annexée depuis 1967, afin de garantir que les faits sur le terrain établissent une revendication de souveraineté permanente et [néanmoins] illégale.
Les Nations Unies ont exigé à plusieurs reprises ces dernières années qu’Israël respecte ses obligations juridiques internationales et mette un terme à son programme de colonisation, aux expulsions, à l’annexion illégale, aux démolitions et au renvoi forcé des Palestiniens de leurs maisons à Jérusalem-Est, a rappelé le Rapporteur spécial.
Ce que nous avons vu en Cisjordanie ces dernières semaines, ce sont des manifestations à grande échelle de Palestiniens pour protester contre le carnage à Gaza et la répression des droits à Jérusalem-Est, a poursuivi M. Lynk, précisant que 27 Palestiniens avaient été tués depuis le 10 mai par les forces israéliennes et 6800 blessés.
Les quelque 2,7 millions de Palestiniens en Cisjordanie vivent dans un territoire fragmenté, séparés du monde et les uns des autres par des points de contrôle (checkpoints) israéliens, par des murs, par des colonies et par des routes uniquement destinées aux colons, a-t-il rappelé.
M. Lynk a réitéré l’appel lancé la semaine dernière par plusieurs Rapporteurs spéciaux qui ont demandé que les violences de ces dernières semaines en Palestine soient examinées par la Cour pénale internationale. Le monde n’a-t-il pas suffisamment de preuves aujourd’hui, et ne dispose-t-il pas de suffisamment de rapports, pour conclure qu’Israël ne mettra pas fin à son occupation sans une action internationale décisive, fondée sur le droit, a demandé le Rapporteur spécial ? Maintenant que les derniers missiles et roquettes ont été tirés, et que les larmes des dernières funérailles sèchent lentement, la responsabilité doit se hisser au sommet de l’ordre du jour international et de ce Conseil, a-t-il déclaré.
Evoquant les principes qui, selon lui, devraient guider les travaux futurs du Conseil des droits de l’homme concernant l’occupation israélienne, M. Lynk a tout d’abord expliqué que « le cadre diplomatique pour mettre complètement fin à l'occupation se trouve dans le cadre du droit international et des droits de l'homme, et non dans la Realpolitik ». Il a ensuite insisté sur la nécessité d’imposer des mesures significatives de reddition de comptes, étant donné qu’Israël a été « un occupant de mauvaise foi ». Il a enfin estimé qu’en raison des différences de puissance largement asymétriques entre Israël et les Palestiniens, « une intervention internationale active est indispensable ».
Indiquant qu'il vit dans la ville de Gaza avec sa famille, M. ISSAM YOUNIS, Directeur du Centre Al-Mezan pour les droits de l'homme à Gaza et chef de la Commission indépendante des droits de l'homme de Palestine, a déploré que les gouvernements accordent une impunité systématique à Israël, qui a utilisé sa puissance pour attaquer délibérément des civils, tuant 253 Palestiniens, dont des enfants, pendant leur sommeil. Dans toute la bande de Gaza, pendant 11 jours, des familles entières se sont serrées les unes contre les autres et ont vécu sur le sol des cuisines, car cela semblait être l'endroit le plus sûr, alors qu’aucun lieu n'était sûr à Gaza. Le bouclage illégal de Gaza par Israël, une punition collective infligée depuis plus de 14 ans, a été renforcé, a poursuivi M. Younis. Il a fait observer que l'effondrement du bâtiment abritant notamment [l’antenne de l’agence] Associated Press a rendu plus difficile la diffusion des informations |sur ce qui se passait à Gaza]. Les événements récents ne sont qu'un symptôme : depuis 73 ans, des efforts systématiques et institutionnalisés sont déployés pour imposer un « régime colonial de domination et d'oppression raciales » des deux côtés de la ligne verte.
M. MOHAMMAD BARAKEH, ancien membre de la Knesset et Président du Haut Comité arabe en Israël, a dénoncé les différentes formes de discrimination que constituent la confiscation de terres, l’imposition de lois d'urgence ou encore les restrictions d’accès à l'emploi. Il a ajouté qu’au cours des dernières semaines, les Palestiniens ont vu les soldats israéliens prendre d'assaut l’esplanade des mosquées et attaquer des fidèles pacifiques qui étaient descendus dans la rue pour protester contre l'escalade de l'agression israélienne, entamant une grève générale le 18 mai. Quelque 1700 personnes ont été arrêtées et beaucoup se trouvent toujours en détention, a poursuivi M. Barakeh. Après le cessez-le-feu, l'État israélien a poursuivi sa politique de harcèlement et de répression des Palestiniens, a-t-il ajouté, dénonçant une forme évidente de punition collective.
Mme Muna El Kurd, journaliste et résidente [du quartier] de Sheikh Jarrah à Jérusalem, a expliqué qu’en 1971, les colons [israéliens] avaient lancé des accusations fallacieuses en affirmant que les Palestiniens n’étaient pas des occupants légaux de leur logement, alors que les associations de colons n’ont aucun document justifiant leurs accusations. Elle a dénoncé un « régime d’apartheid », avec des colons qui, contrairement aux Palestiniens qui ne peuvent entrer dans le quartier qu’avec des papiers d’identité, peuvent, eux, circuler librement et armés. Les Palestiniens manifestent de manière pacifique pour garder leur droit sur leur terre, a poursuivi la journaliste. Les sentences des tribunaux sont toujours favorables aux colons, notamment à Jérusalem-Est, a dénoncé Mme El Kurd. Les Palestiniens souffrent de racisme et de ségrégation raciale, a-t-elle insisté. Les Palestiniens ont été la cible de tirs de balles en caoutchouc, y compris dans leurs maisons ; ce qui se passe en Palestine s'apparente à des crimes de guerre, a affirmé Mme El Kurd. Selon le droit international, Israël n'a aucune souveraineté sur Jérusalem-Est et les organisations de colons qui tentent de s'emparer de Sheikh Jarrah n'ont aucun droit de propriété, a-t-elle rappelé.
Pays concernés
Mme Meirav Eilon Shahar, Représentante permanente d’Israël auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré que le Hamas a appelé à tuer tous les juifs et que cette organisation terroriste a tiré, notamment depuis des hôpitaux ou des écoles, des milliers de roquettes sur des victimes civiles et innocentes en Israël. Chacune de ces roquettes constitue un crime de guerre, a-t-elle ajouté. La résolution présentée aujourd’hui au Conseil est « immorale », alors que l’on a d’un côté Israël – une démocratie qui recherche la paix et qui respecte le droit international – et, de l’autre, le Hamas – une organisation terroriste, extrémiste et meurtrière, a-t-elle déclaré. Israël a le devoir de protéger toutes les vies innocentes et a pris toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, a-t-elle assuré.
La Représentante permanente d’Israël a dénoncé le mépris du Hamas – qui se cache derrière des mosquées ou des écoles – pour les vies palestiniennes, ainsi que l’inaction de la communauté internationale pour assurer le démantèlement de l’arsenal du Hamas. Instrumentaliser Jérusalem pour expliquer les actions du Hamas ne fait que légitimer l’utilisation de la terreur, a-t-elle déploré. Depuis la fondation du Conseil, près d’un tiers des sessions extraordinaires de cet organe ont ciblé Israël, a-t-elle rappelé ; ainsi, le monde est témoin d’un rituel où Israël est pris pour cible ou montré du doigt, peu importe que la réalité des faits soit autre.
Ne pas condamner le Hamas ne fera que renforcer les organisations terroristes qui utilisent des innocents comme boucliers humains, a insisté la Représentante permanente. Les Etats doivent décider s’ils sont pro-israéliens ou pro-Hamas ; il n’est pas possible d’être les deux, a-t-elle déclaré. Le Secrétaire général du Fatah s’est félicité des actions du Hamas, a-t-elle également déploré. Les Etats Membres doivent faire un choix : ils peuvent choisir d’encourager le Hamas et d’être proches des activités terroristes ou bien de défendre un État démocratique. En convoquant cette session extraordinaire aujourd’hui, l’Autorité palestinienne a décidé d’encourager le Hamas, a affirmé la Représentante permanente d’Israël. Les Etats doivent choisir aujourd’hui entre soutenir le Hamas ou soutenir une démocratie qui chérit la vie, a-t-elle conclu.
M. RIAD MALIKI, Ministre des affaires étrangères et de la diaspora de l’Etat de Palestine, a déploré de « revenir » devant le Conseil en cette session extraordinaire alors que les Palestiniens enterrent leurs martyrs, soignent les blessés et rejettent une nouvelle agression sauvage à l’encontre du peuple, des femmes et des enfants palestiniens. Il a dénoncé un « ciblage » des enfants, rappelant qu’une soixantaine des 260 « martyrs » des dernières attaques israéliennes étaient des enfants, et 39 des femmes, sans compter la destruction tous azimuts de milliers d’immeubles et de logements. Il a tenu à dénoncer les politiques qui favorisent l’impunité d’un « régime raciste couard » qui tue des enfants et bafoue les principes les plus élémentaires du droit international. Il a également déploré le « laxisme » de la communauté internationale face aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis depuis 54 ans. Ce laxisme a encouragé Israël à poursuivre ses politiques, à élargir son emprise sur les terres et à mettre en place « un régime de discrimination raciale et d’apartheid » appliqué partout où se trouve le peuple palestinien.
Le chef de la diplomatie palestinienne a vivement remercié les Etats ayant facilité la convocation et la tenue de la présente session extraordinaire, au moment même où le peuple palestinien subit une nouvelle naqba (catastrophe), après de nombreuses autres depuis celle de 1948 et l’occupation de 1967.
M. Maliki a dénoncé la politique de colonisation visant à expulser les Palestiniens, habitants légitimes, pour implanter des colonies de peuplement à Jérusalem occupée pendant une période de fête religieuse, ajoutant qu’il ne s’agit pas là [pour Israël] de se défendre mais bien d’assoir son occupation. Dès lors, l’occupation israélienne est bien la cause profonde des événements et des flambées de violence, et cela ne pourra être résolu que par la reconnaissance du droit des Palestiniens à l’autodétermination, sans condition préalable, par l’établissement d’un Etat indépendant et le retour des réfugiés – uniques moyens de mettre fin à « cet enfer » et ce, par le truchement d’une véritable volonté internationale fondée sur le droit international et les résolutions antérieures, notamment celles du Conseil des droits de l’homme.
M. Maliki a invité à adopter le projet de résolution soumis à la présente session, qui vise à l’établissement d’urgence d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur toutes les violations des droits de l’homme, examiner les causes sous-jacentes et formuler des recommandations pour la reddition de comptes afin d’éviter l’impunité.
Aperçu du débat
De nombreuses délégation ont salué la tenue de cette session extraordinaire et ont souligné que le Conseil se devait de garantir la réalisation des droits fondamentaux des Palestiniens, notamment leur droit à la vie et à l’autodétermination.
La session d’aujourd’hui est bienvenue pour exiger des auteurs des crimes internationaux qui ont été commis qu’ils rendent des compte. Les responsables des meurtres indiscriminés de civils doivent rendre des comptes, ont insisté plusieurs délégations.
Ont ainsi été dénoncées les récentes violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme par la puissance occupante, suite aux manifestations contre les expulsions illicites de Palestiniens de leurs foyers. Le peuple palestinien est victime de violences alors qu’il manifeste pour son droit à l’autodétermination, a-t-il été souligné. Ont particulièrement été dénoncées les violences à l’encontre des victimes innocentes que sont les enfants.
S’agissant des événements de ce mois de mai, plusieurs intervenants ont condamné les destructions d’écoles, d’hôpitaux, de bâtiments publics, ainsi que les attaques contre des organes de presse et les incursions des forces israéliennes dans les lieux saints durant le ramadan.
La puissance occupante doit restaurer les maisons civiles et les infrastructures civiles à Gaza et mettre fin à l’implantation de colonies de peuplement, a-t-il été demandé.
L’agresseur et la victime ne sauraient être mis sur un pied d’égalité, a-t-il été souligné.
Plusieurs pays ont condamné les tirs de roquettes aveugles contre le territoire israélien, affirmant qu’il était du devoir d’Israël de défendre son territoire et que ce pays avait le droit d’invoquer la légitime défense.
Plusieurs intervenants ont salué la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur des crimes commis en Palestine. Certaines délégations ont encouragé la CPI à reconnaître dans ce contexte l’existence du « crime d’apartheid ». La communauté internationale doit dénoncer cette pratique qui opprime et maintient le peuple palestinien sous l’emprise de la puissance occupante, ont insisté plusieurs délégations.
Une délégation a estimé qu’une nouvelle commission d’enquête, telle que proposée par le projet de résolution soumis au Conseil aujourd’hui, ne permettrait pas, pour l’heure, d’atténuer les tensions.
Une délégation a appelé à la mise en place d’une présence internationale temporaire pour suivre la cessation des hostilités dans les territoires palestiniens occupés.
De nombreuses délégations ont déclaré qu’une paix durable ne pourra être atteinte qu’en respectant les droits légitimes des Palestiniens par la création de deux Etats conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies. Les Palestiniens comme les Israéliens méritent de vivre dans la paix et la sécurité, a souligné une délégation. Seule une solution politique permettra d’atteindre une paix durable, a-t-il été rappelé.
Pour l’heure, le cessez-le-feu obtenu pour mettre fin à la violence a été salué par de nombreux intervenants.
*Ont pris part au débat les hauts-dignitaires suivants : Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah, Vice-Première Ministre et Ministre des relations internationales et de la coopération de Namibie ; M. A.K. Abdul Momen, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh ; M. Shah Mahmood Qureshi, Ministre des affaires étrangères du Pakistan ; Mme Najla Elmangoush, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Gouvernement d'unité nationale de Libye ; M. Othman Jerandi, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens à l'étranger de la Tunisie ; et M. Ahmed Nasser Al-Mohammad Al-Saba, Ministre des affaires étrangères et Ministre d'Etat pour les affaires du Cabinet du Koweït.
Sont également intervenus : Egypte (au nom du Groupe des Etats arabes), Pakistan (au nom de l’Organisation de coopération islamique), Portugal (au nom de l’Union européenne), Suède (au nom des pays nordiques), Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des pays non alignés), Afrique du Sud (au nom du Groupe africain), Mauritanie, Indonésie, Japon, Brésil, Fédération de Russie, Bolivie, Bahreïn, Inde, Argentine, Cuba, Mexique, Chine, République de Corée, République tchèque, Venezuela, Soudan, Somalie, Danemark et Royaume-Uni.
HRC21.060F