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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTAME SA JOURNÉE ANNUELLE DE DÉBAT SUR LES DROITS DE L’ENFANT

Compte rendu de séance
Il examine comment les enfants handicapés peuvent être autonomisés en exerçant leurs droits, y compris le droit à l’éducation

Dans le cadre de sa journée annuelle de discussion consacrée aux droits de l’enfant, le Conseil des droits de l'homme a entamé, ce matin, son débat annuel d’une journée sur les droits de l'enfant, consacré cette année à l’autonomisation des enfants handicapés aux fins de la réalisation de leurs droits de l’homme, y compris par l’éducation inclusive. Le panel de ce matin portait sur la question de savoir comment les enfants handicapés peuvent être autonomisés en exerçant leurs droits, y compris le droit à l’éducation.

La Haute-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Michelle Bachelet, a prononcé une déclaration liminaire, ouvrant ainsi cette réunion qui était animée par M. Ricardo González Arenas, Représentant permanent de l’Uruguay auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.

Les panélistes étaient: M. Jorge Cardona, ancien membre du Comité des droits de l’enfant, Mme Catalina Devandas, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, et Mme Dumitrita Cropivnitchi, militante des droits de l’enfant.

Dans ses remarques introductives, la Haute-Commissaire a déclaré que même si de nombreux progrès avaient été accomplis depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1989, des vérités dérangeantes demeurent: quelque 93 millions d’enfants handicapés dans le monde voient leurs droits bafoués dès la naissance; ils restent par ailleurs particulièrement vulnérables en cas de conflit et de crise humanitaire. La Haute-Commissaire a souligné qu’au cœur de l’indispensable autonomisation des enfants handicapés résidait l’éducation inclusive, qui ne consiste pas seulement à leur inculquer des connaissances, mais sert aussi d’effet démultiplicateur: c’est une façon de leur donner les moyens de faire entendre leur voix, participer à la vie de leurs communautés, sortir de la pauvreté et être protégés contre l’exploitation.

Or, a constaté la Haute-Commissaire, plusieurs des obstacles s’opposent à l’éducation inclusive, notamment l’inadaptation des équipements scolaires et des méthodes d’enseignement, mais aussi la stigmatisation et tout type de discrimination dont sont victimes les enfants handicapés. Tous ces obstacles requièrent l’attention urgente des pouvoirs publics, a souligné Mme Bachelet.

En tant que panéliste, M. Cardona Llorens a défendu trois idées qui selon lui doivent être au cœur de la réflexion sur le thème du jour: les enfants porteurs de handicap sont avant tout des enfants et ont à ce titre les mêmes droits que tous les autres enfants tels que reconnus par la Convention relative des droits de l’enfant; ils sont doublement vulnérables, en tant qu’enfants et en tant que personnes handicapées; et la réalisation de leurs droits, dont celui à la participation, est la condition de leur autonomisation.

Mme Devandas Aguilar a souligné que la stigmatisation, la discrimination, les préjugés et autres barrières associés au handicap, ajouté à la pitié, l’abandon, la négligence, l’exclusion sociale, la ségrégation, la surprotection, le manque d’accessibilité et le manque de services et de soutien, réduisaient fortement les opportunités dont peuvent bénéficier les enfants handicapés. En moyenne, un tiers des enfants handicapés en âge scolaire ne vont pas à l’école primaire, a-t-il rappelé.

Mme Cropivnitchi a partagé son expérience d’enfant handicapée placée pendant cinq ans dans une institution à une époque où il n’existait pas d’école inclusive dans son pays, la République de Moldova. Elle a également estimé que trop d’enfants handicapés étaient encore placés dans des institutions par manque de services et de soutien aux familles. Elle a aussi déploré que le droit d’expression des enfants handicapés ne soit pas toujours respecté, qu’ils soient séparés de leur famille et que, dans certains cas, ils ne soient même pas inscrits à l’état civil, et restent donc invisibles.

Le Conseil a visionné une vidéo, réalisée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), présentant des témoignages de deux enfants porteurs de handicap qui ont également posé des questions au Conseil, avant que ne s’engage le débat au cours duquel de nombreuses délégations* ont pris la parole. De nombreux pays ont présenté les mesures qu’ils ont prises en faveur des enfants handicapés et de leurs droits.

Mais avec plus de 32 millions d’enfants handicapés en âge scolaire qui ne vont pas à l’école, et seulement 5% d’enfants handicapés qui sortiront diplômés dans le monde, il est plus qu’urgent d’instaurer un environnement propice au développement des qualités de chaque enfant handicapé pour aider ces enfants à s’intégrer dans la société, a-t-il été souligné.


Le Conseil poursuivait ses travaux à la mi-journée en engageant son débat interactif croisé avec le Rapporteur spécial sur le droit à l’environnement et celui sur le logement convenable.


Réunion annuelle consacrée aux droits de l’enfant: « Autonomiser les enfants handicapés aux fins de la réalisation de leurs droits de l’homme, y compris par l’éducation inclusive »

Documentation

Le rapport de la Haute-Commissaire intitulé « Autonomiser les enfants handicapés aux fins de la réalisation de leurs droits de l’homme, y compris par l’éducation inclusive » (A/HRC/40/27) donne un aperçu du cadre juridique et des mesures pratiques permettant d’autonomiser les enfants handicapés.

Déclarations liminaires

MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que de nombreux progrès avaient été accomplis depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant en 1989, laquelle est l’instrument international le plus ratifié de tous les traités des droits de l’homme. Cependant, des vérités dérangeantes demeurent: en particulier, le fait que les quelque 93 millions d’enfants handicapés dans le monde voient leurs droits bafoués dès la naissance. Ces enfants sont trop souvent privés d’identité, placés en institution et victimes de violence; en outre, leurs voix ne sont pas entendues et ils sont particulièrement vulnérables en cas de conflit et de crise humanitaire, a mis en garde Mme Bachelet.

Au cœur de l’indispensable autonomisation des enfants handicapés réside l’éducation inclusive, a poursuivi la Haute-Commissaire. Elle a précisé qu’il s’agissait de bien plus que de leur inculquer des connaissances, car le droit à l’éducation a un effet démultiplicateur, au bénéfice de tous les droits de l’homme. L’autonomisation des enfants handicapés consiste à leur donner les moyens de faire entendre leur voix pour participer à la vie de leurs communautés, sortir de la pauvreté et être protégés contre l’exploitation, a insisté Mme Bachelet.

Le Comité des droits des personnes handicapées a bien montré que l’éducation inclusive implique un changement dans la culture, dans la pratique et les politiques publiques afin d’accommoder la diversité et l’identité de tous les écoliers et étudiants. L’éducation inclusive est un droit pour tous les apprenants et un avantage pour toute la société, a ajouté la Haute-Commissaire.

Mme Bachelet a ensuite cité plusieurs des obstacles qui s’opposent à l’éducation inclusive, notamment le manque d’équipement des établissements scolaires et l’inadaptation des méthodes d’enseignement, ainsi que la stigmatisation et la croyance que les enfants handicapés sont incapables d’apprendre. La Haute-Commissaire a aussi relevé que les filles handicapées étaient confrontées à des discriminations multiples et croisées qui demandent l’attention urgente des pouvoirs publics.

Mme Bachelet a enfin souligné que l’engagement à l’autonomisation des enfants handicapés ne devait pas s’arrêter à l’éducation inclusive: ces enfants doivent avoir leur mot à dire dans toutes les décisions qui affectent leur existence, a-t-elle insisté.

Intervenant en tant que modérateur du débat, M. RICARDO GONZALES ARENAS, Représentant permanent de l’Uruguay auprès des Nations Unies à Genève, a déclaré que l’objectif de cette réunion annuelle était de promouvoir les droits de l’enfant handicapé, dans le cadre du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui jouit d’une ratification quasi-universelle. Il a estimé que les droits inscrits dans cette Convention devaient également bénéficier aux enfants handicapés, notamment pour permettre leur autonomisation.

Or, à ce jour, a-t-il constaté, les enfants handicapés sont parmi ceux qui ont le moins d’opportunités de recevoir une éducation, en raison de politiques défaillantes ou simplement de manque de matériel adapté à leur handicap. La discussion de ce jour permettra donc d’examiner les manières de dépasser ces écueils et de travailler en faveur de l’autonomisation des enfants porteurs de handicaps, a-t-il résumé.

Exposés des panélistes

M. JORGE CARDONA LLORENS, ancien membre du Comité des droits de l’enfant, a dit vouloir défendre trois idées: la première est que les enfants porteurs de handicap sont avant tout des enfants. Ils ont les mêmes droits que tous les autres, au titre de la Convention relative des droits de l’enfant. Cela implique donc de défendre les principes de la non-discrimination; de l’intérêt supérieur de l’enfant; du droit à la participation; et du droit de l’enfant à la vie, à la survie et au développement. Les droits de l’enfant handicapé doivent ainsi aussi intégrés aux politiques de développement afin de lutter contre les inégalités existant entre les enfants porteurs de handicap et les autres.

La seconde idée est qu’il faut reconnaître que ces enfants se trouvent en situation de double vulnérabilité, non seulement en raison de leur statut d’enfant, mais aussi de personne handicapée. Cela implique donc d’adopter des processus spécifiques pour eux, une démarche régie par la Convention relative aux droits de l'homme de l’enfant et par la Convention sur les droits des personnes handicapées. Troisième idée importante, la réalisation du droit des enfants handicapés d’être écoutés et de participer à tous les processus les affectant est la condition de leur autonomisation, a dit M. Cardona Llorens.

MME CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, a rappelé qu’outre leurs problèmes au quotidien, les enfants handicapés font face à la stigmatisation, à la discrimination, aux préjugés et aux barrières associés au handicap: la pitié, l’abandon, la négligence, l’exclusion sociale et la ségrégation, la surprotection, le manque d’accessibilité et le manque de services et de soutien. Cela réduit nettement leurs opportunités dans la vie et, en moyenne, un enfant handicapé sur trois en âge scolaire ne va pas à l’école primaire. En outre, leurs risques de souffrir de pauvreté, d’être séparés de leur famille pour être placés en institution ou d’être victimes d’abus et d’exploitation sont plus élevés que pour les enfants non handicapés.

Tous ces problèmes ne sont pas la conséquence des capacités physiques, sensorielles, intellectuelles ou mentales de l’enfant, a insisté Mme Devandas Aguilar, mais plutôt de l’effet cumulé des multiples obstacles qu’il doit affronter.

La Rapporteuse spéciale a rappelé qu’il existe deux instruments internationaux largement ratifiés pour traiter de cette inacceptable réalité: la Convention sur les droits de l’enfant et la Convention sur les droits des personnes handicapées. Ces instruments imposent une approche fondée sur les droits de l'homme pour aborder le handicap. Les États ont l’obligation d’éliminer les obstacles pour que tous les enfants handicapés puissent jouir des droits de l'homme dans les mêmes conditions que les autres, a souligné Mme Devandas Aguilar.

D’autre part, ces instruments obligent à penser à partir d’une logique d’inclusion des enfants handicapés dans leur famille et dans leur communauté. Le principe d’inclusion va au-delà du principe d’intégration, a expliqué la Rapporteuse spéciale: il ne s’agit pas pour les enfants handicapés de s’adapter aux normes établies, mais bien de transformer les réponses sociales pour inclure les personnes handicapées.

Troisièmement, ces instruments exigent de prêter attention à ce que disent les enfants handicapés qui, comme les autres, ont le droit d’exprimer librement leur opinion pour qu’elle soit prise en compte sur tous les sujets qui les touchent. Pour ce faire, les États doivent créer un contexte favorable à la participation des enfants handicapés, tant pour les décisions quotidiennes que pour celles qui concernent les lois et politiques publiques. Mme Devandas Aguilar a indiqué que certains pays disposent déjà de cadres institutionnels et juridiques en ce sens.

Enfin, a conclu la Rapporteuse spéciale, les États doivent promouvoir l’autonomisation de tous les enfants porteurs de handicap. Il faut en finir avec l’isolement de ces enfants et leur donner la possibilité de vivre libres, heureux, avec des modèles positifs et en étant fiers de ce qu’ils sont.

MME DUMITRITA CROPIVNITCHI, défenseur des droits de l'enfant, Fondation Lumos, a raconté son expérience d’enfant handicapée placée pendant cinq ans dans une institution à une époque où il n’existait pas d’école inclusive dans son pays, la République de Moldova. Après avoir décrit ses conditions de vie difficiles, peu propices au respect de ses droits fondamentaux, dans un pensionnat pour enfants handicapés, MmeCropivnitchi a insisté sur l’importance que les enfants handicapés puissent accéder à des établissements scolaires adaptés à leurs besoins et situés près de leurs communautés. Elle a aussi précisé en quoi consistait « l’inclusion » à son avis: pouvoir faire partie d’un groupe, même en étant différente.

Trop d’enfants handicapés sont encore placés dans des institutions par manque de services et de soutien aux familles, a poursuivi la jeune défenseuse des droits des enfants. Bénévole dans son école secondaire inclusive, elle a assuré y constater de grands changements dans les enfants après leur intégration dans cet établissement: plus ouverts et plus communicatifs, ils n’ont plus peur d’interagir avec leurs congénères; plus indépendants, ils apprennent aussi à prendre des décisions simples; et ils sourient davantage.

Mme Cropivnitchi a regretté que le droit d’expression des enfants handicapés ne soit pas respecté, qu’ils soient séparés de leur famille et, dans certains cas, ne soient même pas inscrits à l’état civil, et donc invisibles.

Débat

Le Conseil a visionné une vidéo, réalisée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), présentant des témoignages de deux enfants porteurs de handicap qui ont également posé des questions au Conseil, notamment pour savoir ce qu’il faisait pour que les enfants handicapés aient accès à une égalité de chances et ce qui peut être fait pour améliorer l’accès des enfants en fauteuil roulant aux aires de jeux.

Dans le cadre du débat interactif qui a suivi, l’Islande, au nom des États nordiques et baltes, a dit que la Convention relative aux droits de l’enfant et la Convention relative aux droits des personnes handicapées étaient les cadres pertinents pour réaliser les droits des enfants handicapés. L’État, les gouvernements, la société civile et tous les autres acteurs ont le devoir de travailler à l’autonomisation des personnes handicapées, a rappelé le pays, avant de s’enquérir des bonnes pratiques en matière d’appui à l’autonomisation des enfants handicapés.

La Barbade, au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a affirmé que les pays de cette région sont engagés à la réalisation des droits de l’enfant, sans discrimination. En témoigne l’adoption d’une Stratégie régionale sur le développement humain à l’horizon 2030 qui intègre les droits des enfants, y compris handicapés. Il existe également un Cadre régional d’action pour l’enfant, qui a permis l’élaboration de législations dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux. Tous ces engagements ont été réaffirmé dans la Déclaration de Pétion Ville, a précisé la Barbade.

La Thaïlande, au nom de lAssociation des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a pour sa part fait état d’un Plan-cadre 2025 de l’ANASE visant à réaliser les droits des personnes handicapées, y compris en termes de participation et d’inclusion. La Commission régionale intergouvernementale sur les droits de l'homme a par ailleurs tenu un débat sur l’intégration des droits des personnes handicapées dans les politiques régionales, en plus du dialogue sur la Convention relative aux droits de l’enfant dans la région et de l’atelier sur l’accès à l’éducation pour les enfants handicapés, a indiqué la Thaïlande.

Au nom du Groupe africain, l’Angola a fait observer que 65 millions d’enfants en âge d’aller à l’école n’y vont pas et que la moitié de ces enfants sont des enfants handicapés. On estime par ailleurs que moins de 5% des enfants handicapés seront diplômés. Sur le continent africain, les chiffres suggèrent que moins de 10% des enfants handicapés vont à l’école et que ces les enfants handicapés ont trois fois moins de chance de terminer leur cursus. Conscient de cette réalité, les États du continent ont adopté la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants, a rappelé la délégation.

Bahreïn, au nom du Groupe arabe, a insisté sur l’importance d’instaurer un environnement propice au développement des qualités de chaque enfant handicapé pour l’aider à s’intégrer dans la société. La Charte arabe des droits de l’homme, entre autres, oblige les États membres à protéger le droit des enfants handicapés, a précisé Bahreïn.

La France a appelé les États à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre en place des systèmes d’éducation qui prennent en compte les handicaps des enfants et besoins y afférents, afin de garantir à tous un accès égal aux opportunités de développement personnel, social et professionnel.

Les Seychelles ont indiqué qu’elles offraient aux enfants handicapés une éducation dans les établissements traditionnels aussi bien que dans des institutions spécialisées. Elle a demandé aux panélistes des conseils sur la manière d’appliquer une approche tenant vraiment compte des besoins des enfants handicapés, au-delà de la seule éducation inclusive.

L’Autriche a déclaré que l’inclusion était un élément essentiel de l’autonomisation des enfants, au même titre que leur participation à toutes les questions qui les concernent. Elle a attiré l’attention des États sur les Lignes directrices des Nations Unies relatives à la protection de remplacement pour les enfants. L’Union européenne a attiré l’attention des délégations sur les Orientations de l’Union européenne concernant les droits de l’enfant, qui traitent notamment de la nécessité de prévoir une prise en charge alternative.

Le Botswana a indiqué avoir adopté une politique nationale inclusive sur l’éducation, afin de veiller à ce que tous les enfants puissent suivre 10 ans d’éducation de base, ce qui est considéré comme un droit fondamental. L’un des objectifs est d’améliorer l’accessibilité dans les écoles et de répondre aux besoins des enfants en tenant compte de leurs déficiences. Le Lesotho a souligné qu’il a adopté une loi sur la protection et le bien-être des enfants et une loi sur l’éducation qui sont des exemples de législation sauvegardant les droits des enfants handicapés.

La Roumanie a indiqué qu’en tant que Présidente du Conseil de l’Union européenne, elle a placé au cœur de ses priorités les droits de l'enfant, en particulier ceux des enfants handicapés. Sur le plan national, le pays a fermé de nombreuses institutions spécialisées et mis en place des alternatives se concentrant sur le maintien des enfants dans les familles.

Plusieurs pays ont expliqué au Conseil leurs politiques et les mesures qu’ils ont prises pour permettre l’égalité et l’inclusion des enfants handicapés. Ainsi, le Myanmar a déclaré que son projet de loi sur les droits de l’enfant vise l’inclusion des enfants handicapés au sein de l’école, aux niveaux primaire et secondaire. Les droits des enfants handicapés sont protégés grâce à cette loi, a insisté le pays. L’Iraq a indiqué qu’il veillait à amender sa législation afin de la rendre conforme à ses engagements internationaux de manière à permettre aux enfants handicapés d’avoir accès à l’éducation et à la santé. Le Japon a dit avoir pris plusieurs mesures en faveur des enfants handicapés, notamment dans le domaine scolaire afin de mettre en place un système d’éducation inclusif. Le Japon a créé un environnement d’apprentissage varié avec des classes normales, des classes pour enfants ayant des besoins spéciaux et des classes spécialisés, de manière à permettre à tous les enfants handicapés d’avoir accès à l’éducation. La Bulgarie a indiqué mettre en place un système d’éducation inclusive qui permet le développement personnel des élèves ayant des besoins spécifiques. Israël est fermement engagé en faveur des droits des enfants handicapés afin qu’ils soient intégrés dans la société grâce, notamment, à l’éducation. Tous les enfants reçoivent une éducation gratuite jusqu’à l’âge de 18 ans et la loi sur l’égalité des droits a prévu que les enfants ayant un handicap aient le droit de se retrouver dans des écoles intégrées. Le Monténégro développe quant à lui une approche multisectorielle pour permettre l’inclusion des enfants handicapés. Des programmes de soutien pour parents et enfants sont organisés à cette fin et une stratégie exhaustive d’inclusion est appliquée, qui court jusqu’à 2025. Le Monténégro s’engage ainsi à relever le défi de la sortie des enfants des institutions spécialisées.

Le Pakistan a pour sa part indiqué avoir amendé sa Constitution afin de garantir une éducation à tous les enfants, y compris aux enfants handicapés, lesquels sont intégrés dans les écoles et peuvent participer à des activités sportives grâce au soutien de l’État. Le pays tente d’échanger les bonnes pratiques dans ce domaine. L’Uruguay a souligné avoir adopté une approche du handicap fondée sur les droits. La loi générale sur l’éducation impose de garantir l’égalité de chances aux enfants handicapés. L’Uruguay a créé un réseau de crèches Mandela qui intègre les enfants handicapés dans les crèches publiques et est prêt à partager cette bonne pratique. El Salvador a souligné que l’éducation inclusive implique un travail coordonné de tous les acteurs sociaux et a précisé mettre en œuvre l’éducation inclusive en adaptant ses écoles aux besoins des élèves souffrant de handicap.

L’Australie est engagée à inclure les enfants handicapés au sein de l’école afin de promouvoir leur autonomisation et de leur permettre de jouir de tous leurs droits. Il faut une approche intégrée dans ce domaine, a insisté le pays, ajoutant avoir prévu des aménagements raisonnables afin de relever ce défi. Au niveau de la coopération internationale, l’Australie a précisé qu’elle finance plusieurs dizaines de projets dans le domaine de l’inclusion des enfants handicapés. Le Royaume-Uni a notamment rappelé avoir accueilli à Londres en juillet 2018 premier Sommet mondial sur le handicap qui s’efforce de faire remonter cette thématique dans l’agenda mondial. Le pays a en outre attiré l’attention sur le programme inclusif à l’intention des personnes handicapées, d’un montant de plusieurs millions de livres sterling, dont l’objectif est d’améliorer la vie des personnes ayant un handicap. La campagne de 2018, qui veille à ne laisser aucune fille de côté, a permis de mettre en place un programme de soutien aux jeunes filles handicapées.

Le Brésil, au nom des pays lusophones, a expliqué que les enfants sont particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles ou aux conflits et que cette vulnérabilité est accrue pour les enfants en situation de handicap. Il faut garantir à tous les enfants l’accès au moyens adaptés pour leur développement, a ajouté la délégation brésilienne.

Plusieurs institutions nationales des droits de l'homme et organisations non gouvernementales (ONG) sont également intervenues. La Commission des droits de l'homme de l'Australie a rappelé que l’éducation inclusive permet aux enfants de réaliser leurs droits et a salué le programme mis en place en ce sens par le Gouvernement australien afin de garantir un système d’éducation de haute qualité pour tous. Toutefois, les attitudes doivent évoluer dans les écoles, a ajouté la Commission, indiquant qu’elle entendait travailler à l’autonomisation des enfants handicapés en Australie.

La Commission nationale des droits de l'homme d’Indonesie (Komnas HAM)a affirmé que le Gouvernement indonésien avait beaucoup fait en faveur de la réalisation des droits de l’enfant, que ce soit en termes législatif ou institutionnel, avec l’adoption de la loi sur la protection de l’enfant et la mise en place de la commission de protection de l’enfant. Ces efforts s’inscrivent dans le cadre des stratégies régionales de l’ANASE. Cependant, l’institution nationale des droits de l'homme espère que l’Indonésie ratifiera le troisième Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant qui institue une procédure de plaintes individuelles.

The Centre for Reproductive Rights, Inc. a dénoncé le problème des stérilisations forcées d’enfants handicapés, sous autorité médicale et sans leur consentement, estimant que ces jeunes avaient le droit à une vie sexuelle. L’ONG a insisté sur la nécessité pour les États de veiller à ce que les enfants handicapés aient droit à une éducation sexuelle globale et dans des formats accessibles.

L’Organisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement (OIDEL) a souligné qu’une approche culturelle inadéquate peut exposer à une double discrimination les enfants handicapés qui ne font pas partie de la culture dominante - comme les enfants autochtones, migrants, réfugiés ou déplacés. Pour l’ONG, une vision holistique du droit à l’éducation est nécessaire afin que tous les enfants puissent en jouir. La Convention relative aux droits de l'enfant est le traité le plus universellement ratifié et, pourtant, la situation des enfants demeure critique, a déploré l’ONG, soulignant que « l’éducation de qualité est un outil essentiel pour l’apprentissage de la tolérance et du respect de son prochain ».

Volontariat international femmes éducation et développement, sur la base des témoignages d’enfants entendus par le Conseil à l’ouverture de ce débat, a invité les États à rendre prioritaire l’adoption de législations et de financements en faveur de l’éducation inclusive, à former des enseignants spécialisés et à équiper convenablement les écoles. Plan International a pour sa part invité le Conseil et les gouvernements à se pencher sur la question de l’intersection des problématiques de genre et de handicap dans l’éducation; à appuyer le secteur de l’enseignement par le biais de la formation et de la dotation en matériels adaptés; et à s’assurer de la disponibilité de cours spécifiques et de qualité, y compris d’éducation sexuelle, pour les filles handicapées.

Réponses et conclusions des panélistes

M. CARDONA LLORENS a déclaré que la réponse à la question de l’enfant qui avait en début de séance demandé comment améliorer l’accès des enfants handicapés aux aires de jeu était simplement qu’il fallait y mettre les moyens, y compris financiers. Par ailleurs, l’éducation doit être inclusive, a insisté M. Cardona Llorens.

MME DEVANDAS AGUILAR a dit que les enfants porteurs de handicap ne comprennent pas le regard que l’on porte sur eux, alors qu’ils sont également porteurs de potentiels. Il faut donc tout faire pour leur permettre de vivre au sein de leurs familles et les intégrer dans les écoles. L’idée que les enfants handicapés reçoivent des soins meilleurs dans les institutions est fausse, a insisté la panéliste.

MME CROPIVNITCHI a demandé à l’assistance de fermer les yeux et d’imaginer ne pas pouvoir marcher, voir, entendre ou parler. « Pensez-vous qu’il faut laisser les choses telles quelles ou faut-il les changer », a-t-elle interrogé ?



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*Ont participé au débat: Angola (au nom du Groupe africain), Australie, Autriche, Bahreïn (au nom du Groupe arabe), Barbade (au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM)), Botswana, Brésil, Bulgarie, El Salvador, Australie, France, Iraq, Islande (au nom des États nordiques et baltes), Israël, Japon, Lesotho, Monténégro, Myanmar, Pakistan, Roumanie, Royaume-Uni, Seychelles, Thaïlande (au nom de lAssociation des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE)), Union européenne et Uruguay.

Commission des droits de l'homme de l'Australie et Commission nationale des droits de l'homme d’Indonesie (Komnas HAM).

Center for Reproductive Rights, Inc., The; Organisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement (OIDEL); Volontariat international femmes éducation et développement; et Plan International, Inc (au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1).



1Déclaration conjointe: Plan International, Inc; Alliance internationale d'aide à l'enfance; Center for Reproductive Rights, Inc., The; Défense des enfants – international; et Fédération internationale pour la planification familiale.



Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC/19/15F