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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND LES DÉCLARATIONS DE VINGT-DEUX HAUTS DIGNITAIRES

Compte rendu de séance
Il poursuit ainsi son débat de haut niveau, qui doit s’achever demain

Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi, cet après-midi, son débat de haut niveau, en entendant les déclarations de hauts dignitaires de l’Égypte, de l’Italie, de la Macédoine du Nord, de l’État de Palestine, de la Malaisie, de la Lettonie, du Népal, de l’Iraq, de l’Indonésie, de Malte, du Myanmar, de l’Allemagne, de la Suède, de l’Estonie, du Mexique, du Guatemala, du Japon et du Bélarus. Ont également fait des déclarations le Commissaire à l’aide humanitaire et à la gestion des crises de l’Union européenne, le Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Secrétaire général du Commonwealth et le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).

Les intervenants ont massivement appuyé les travaux du Conseil et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et exprimé leur soutien à la promotion et la protection des droits de l’homme. Le chef de la diplomatie égyptienne a toutefois souligné que le moment est venu de réfléchir à l’évolution des choses pour corriger certaines pratiques qui se sont éloignées des objectifs du Conseil, devenu parfois un lieu d’échanges d’invectives et de divisions.

L’Union européenne, par la voix de son Commissaire à l’aide humanitaire et à la gestion des crises, s’est dite inquiète face à la tendance de certains États à vouloir relativiser les droits de l'homme et leur caractère universel, en les qualifiant notamment de valeurs occidentales. S’inquiétant d’un déclin de la démocratie dans le monde, la Ministre suédoise des affaires étrangères a indiqué que son pays avait fait de la promotion de la démocratie dans le monde une priorité de sa politique étrangère.

Plusieurs hauts dignitaires se sont exprimés sur la situation des droits de l’homme dans certains pays, en particulier dans l’État Rakhine au Myanmar, en Syrie, ou encore au Yémen. Le Ministre de l’Union pour la coopération internationale du Myanmar a affirmé que la situation dans le nord de l’État Rakhine avait de manière infondée été qualifiée de persécutions de minorités religieuses et a déclaré qu’il s’agissait plutôt là d’un problème politique et économique impliquant des migrations illégales prolongées depuis la colonisation.

À l’instar du chef de la diplomatie malaisienne, plusieurs intervenants ont évoqué la situation dans les territoires palestiniens occupés. Le chef de la diplomatie palestinienne a souligné que colonisation et droits de l'homme ne peuvent aller de pair.


Le Conseil poursuivra demain matin, à partir de 9 heures, son débat de haut niveau, qui doit s’achever dans la journée.


SUITE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. PETER MAURER, Président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que la violence dans le monde entier et les conflits ébranlent les communautés et que l’exclusion marque les gens à différents niveaux. Les survivants et les personnes handicapées ne peuvent pas faire entendre leurs voix; ils sont exclus des services de base, a-t-il rappelé. Il a en outre attiré l’attention sur le sort des personnes accusées de terrorisme qui sont détenues sans procès. Le CICR ne juge pas les motifs des conflits et ne fait pas de discrimination entre ceux qu’il protège, a-t-il rappelé.

M. Maurer a également rappelé que les Conventions de Genève ont été signées après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où des millions de civils n’avaient encore aucune protection; ainsi, grâce à ces Conventions, des obligations de protection des civils ont pour la première fois été consacrées en droit international. L’esprit humanitaire était alors si fort que les négociations de 1949 (en vue de l’adoption des Conventions de Genève) n’ont duré que quatre mois, a fait observer le Président du CICR. Aujourd’hui, en 2019, il faut s’engager de manière plus décidée sur la manière d’appliquer le droit international humanitaire dans des conflits devenus plus complexes, dans des zones densément peuplées et avec des combats de plus en plus asymétriques, a-t-il poursuivi. Ce n’est pas un débat facile; les impératifs sécuritaires doivent être respectés, mais le dialogue et l’action doivent viser la protection du plus grand nombre de civils possible, a-t-il indiqué. Le CICR fait en sorte que personne ne puisse rester en marge de la protection de la loi ni être maltraité dans l’impunité. Le droit international humanitaire peut aider les communautés à revivre ensemble plutôt que de jeter de l’huile sur le feu de la vengeance. Il faut un droit qui soit appliqué sans discrimination, a insisté M. Maurer, soulignant que si l’action humanitaire est incriminée ou politisée, elle ne peut être menée à bien. Il faut que l’aide humanitaire soit plus inclusive, a-t-il ajouté.

Avec le Secrétaire général des Nations Unies, le CICR vient de lancer un appel contre la violence sexuelle, souvent cachée et stigmatisée, a poursuivi le Président du Comité. Il faut davantage prendre en charge les victimes des violences sexuelles; il faut un nouveau consensus autour de ces questions, a-t-il insisté. Le monde a avancé depuis 1949 et il faut prendre en compte cette situation; le monde ne peut plus attendre des horreurs à grande échelle pour s’engager de nouveau, a conclu M. Maurer.

M. SAMEH HASSAN SHOKRY SELIM, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a mis en avant la « noble philosophie » sur laquelle est fondée le Conseil, qui est de permettre un meilleur respect des droits de l'homme et de renforcer les capacités des États à cette fin. Le moment est venu de réfléchir à l’évolution des choses pour corriger certaines pratiques qui se sont éloignées des objectifs du Conseil, devenu parfois un lieu d’échanges d’invectives et de divisions, a-t-il affirmé. Le pluralisme doit être renforcé, a ajouté le Ministre.

Le droit à la vie est le droit le plus sacré et la pierre angulaire des autres droits; malheureusement, ce droit est mis à mal, notamment par le terrorisme, a poursuivi M. Shokry Selim. Le Conseil des droits de l'homme a un rôle fondamental sur le plan international et les États Membres doivent s’écarter de toute proposition encourageant la polarisation. La promotion des droits de l'homme est un processus cumulatif, constant, dans lequel aucun pays ne peut atteindre la perfection, a fait observer le chef de la diplomatie égyptienne. Le monde d’aujourd’hui fait face à de nombreuses difficultés, s’est ensuite inquiété le Ministre, citant le populisme et la droite extrême dans plusieurs pays développés et jugeant que le recours disproportionné à la force, le racisme et la xénophobie menacent les droits de l'homme. Il a appelé à lutter contre le terrorisme en luttant contre tous ceux qui le soutiennent et le financent. Il a en outre demandé de trouver des solutions aux crises dans les Territoires palestiniens occupés, en Syrie, au Yémen et au Soudan du Sud.

Quant à l’Égypte, elle veut construire un État nation moderne dans lequel les jeunes puissent réaliser un avenir qui leur convient. L’Égypte est d’avis que le bien-être humain est la base du développement et travaille notamment à l’autonomisation des femmes et des filles, s’opposant à des pratiques traditionnelles négatives. L’Égypte a aussi adopté un plan national pour la santé et une loi sur l’assurance sociale représentant un grand pas en avant pour fournir des soins à toute la population, a indiqué le Ministre.

M. CHRISTOS STYLIANIDES, Commissaire à l’aide humanitaire et à la gestion des crises de l’Union européenne, a souligné que l’Union européenne soutenait le système des Nations Unies et le multilatéralisme, dans lequel elle entend jouer un rôle de premier plan. L’Union européenne défend les droits de l'homme et se tiendra aux côtés de tous ceux qui se battent pour ces droits et cherchent la justice; elle fournira assistance et protection à ceux qui risquent leurs vies et leur liberté personnelle pour défendre les droits de l'homme et la démocratie. Pour ces raisons, l’Union européenne est un fort soutien du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Dans ce cadre, elle salue la réflexion actuelle sur les meilleurs moyens de répondre aux abus des droits de l'homme et apportera tout son soutien à Mme Bachelet, à titre personnel. Pour ces raisons aussi, l’Union européenne est inquiète face à la tendance de certains États à vouloir relativiser les droits de l'homme, ainsi que leur caractère universel, en les qualifiant notamment de valeurs occidentales, a indiqué M. Stylianides.

Le Commissaire européen a ensuite indiqué que l’Union européenne allait, au cours de la présente session du Conseil, soutenir quatre initiatives en particulier, en plus des autres auxquelles elle participera. Parmi ces initiatives, il y aura les projets de résolution sur la République populaire démocratique de Corée et sur le Myanmar, qui inviteront le Conseil à reconduire les mandats des Rapporteurs spéciaux. L’Union européenne présentera en outre un projet de résolution sur la liberté de conviction et de religion, dans un contexte où l’intolérance, la discrimination et la violence à l’encontre des minorités religieuses sont répandues dans le monde; cette résolution visera elle aussi le renouvellement du mandat du Rapporteur spécial sur cette question. Enfin, avec le GRULAC, l’Union européenne présentera aussi un projet de résolution sur l’autonomisation des enfants en situation de handicap, a indiqué le Commissaire.

Par ailleurs, l’Union européenne continue de plaider pour que les titulaires de mandats aient accès aux régions qu’ils souhaitent visiter. A ce titre, elle demande à la Chine de permettre que des observateurs indépendants, notamment du Haut-Commissariat, puissent visiter la région du Xinjiang. Elle demande aussi un accès à la République autonome de Crimée et à la ville de Sébastopol, « illégalement annexées par la Fédération de Russie », a conclu M. Stylianides.

Mme Emanuela Claudia Del Re, Ministre adjointe des affaires étrangères de l’Italie, a apporté le soutien de son pays au travail de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme. L’Italie est attachée à renforcer le Conseil et ses activités en reconnaissant le rôle unique de cet organe, a-t-elle ajouté. Rappelant que le respect des droits de l’homme est essentiel pour la promotion de la paix, elle a souligné qu’une intervention opportune et efficace lors de violations des droits de l’homme est essentielle pour prévenir les conflits.

L’Italie est préoccupée par les violations des droits de l’homme et du droit internationale humanitaire en Syrie; toutes les parties – et surtout les autorités syriennes – doivent permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et les auteurs de violations doivent être poursuivis devant la justice, a poursuivi la Ministre adjointe. Le conflit et les conditions humanitaires au Yémen sont une source grave de préoccupation pour l’Italie, a-t-elle également indiqué. L’Italie est en outre particulièrement préoccupée par la situation des droits de l’homme dans l’État Rakhine. Le Gouvernement du Myanmar doit veiller à ce que tous les auteurs de crimes et d’abus soient poursuivis devant la justice et les conditions pour le retour des réfugiés doivent être mises en place au plus tôt, a ajouté la Ministre adjointe. L’Italie espère d’autre part que le dialogue en cours sur la situation dans la péninsule coréenne aboutira à une amélioration des droits de l’homme dans la région.

L’Italie suit avec grande attention la situation au Venezuela et appelle à un processus qui vise à une réconciliation nationale; il faut organiser au plus vite de nouvelles élections présidentielles, a par ailleurs déclaré la Ministre adjointe. L’Italie est aussi préoccupée par la situation des droits de l’homme au Nicaragua, s’agissant des violations à l’encontre des journalistes et de l’opposition politique, a-t-elle poursuivi. La priorité de l’Italie durant son mandat au Conseil des droits de l’homme sera de lutter contre toutes les formes de discrimination, a-t-elle indiqué. L’Italie a ensuite félicité les pays qui ont aboli la peine de mort l’année dernière, notamment le Burkina Faso. Il faut réaffirmer le droit à la liberté de religion et de conviction et préserver les droits des personnes qui appartiennent à des minorités, a aussi indiqué la Ministre adjointe. La lutte contre la traite des personnes est une autre priorité pour l’Italie; il convient de remédier à ce fléau grâce à une approche basée sur une coopération entre les États concernés, a-t-elle ajouté. Elle a en outre appuyé les efforts des autorités libyennes pour améliorer la situation des migrants dans les camps de migration. Enfin, l’Italie reconnait le rôle joué par la société civile et s’engage à protéger l’ensemble des défenseurs des droits de l’homme.

M. ANDREJ ZERNOVSKI, Ministre adjoint des affaires étrangères de la République de Macédoine du Nord, a jugé essentiel que le Conseil des droits de l'homme ne ménage aucun effort pour prévenir toute violation des droits de l’homme et agir contre l’impunité. « Le silence individuel et collectif n’a jamais fait gagner de droits », a-t-il souligné. Tout en relevant une évolution positive dans certains pays, il a regretté la détérioration dans la majeure partie du monde, signalant la guerre en Syrie comme l’un des pires conflits de l’histoire moderne. Il s’est également dit préoccupé par les persécutions à l’encontre des défenseurs des droits de l'homme en Iran. Il a en outre exprimé l’espoir que le bureau des personnes disparues à Sri Lanka donnerait des réponses aux familles. Il a par ailleurs soutenu le travail de la mission d’établissement des faits au Myanmar, estimant que ceux qui ont violé les droits des Rohyngya doivent rendre des comptes. Le Ministre adjoint a d’autre part dénoncé les violations des droits économiques, sociaux, civils et politiques, les arrestations arbitraires et les restrictions à la liberté d’expression au Venezuela.

Évoquant les thèmes que son pays juge prioritaires, le Ministre adjoint a cité l’élimination de torture, la promotion des droits des femmes et des enfants, les droits des minorités, la protection des journalistes, la liberté de religion et de croyance, et la protection des personnes handicapées. La Macédoine du Nord a en outre décidé de faire entendre sa voix contre le racisme, a-t-il ajouté. Aucun pays ne peut relever seul les défis, a rappelé M. Zernovski, estimant que c’est la raison pour laquelle il est nécessaire de travailler côte à côte et de bâtir la confiance mutuelle. « Le Conseil est la plateforme appropriée pour relever ces défis », a-t-il déclaré. En Macédoine du Nord, le Gouvernement a concentré son attention sur la réforme de la justice, a enfin indiqué le Ministre adjoint, avant de faire état de la résolution du différend de longue date avec la Grèce, ce qui ouvre la voie de l’adhésion de la Macédoine du Nord à l’Union européenne et à l’OTAN.

M. RIAD AL-MALKI, Ministre des affaires étrangères de l’État de Palestine, a déclaré que les Palestiniens subissaient quotidiennement les menaces proférées par « les colons terroristes israéliens ». A côté de ces menaces, il y a les « actes de violence racistes » perpétrés par ces mêmes colons, dans tous les territoires palestiniens occupés, sous la protection de l’armée israélienne et ce sont ces faits que les orateurs d’hier ont tenté de cacher en qualifiant de démocratie le « gouvernement fasciste » d’Israël, a-t-il déclaré.

Il a aussi déclaré que plus d’un demi-siècle après la Nakba, « la catastrophe imposée aux Palestiniens par Israël », la communauté internationale doit faire en sorte de protéger les droits des Palestiniens qui souffrent de cette occupation et doit chercher à créer un monde meilleur pour eux, et non pour les criminels. Alors que les Palestiniens commémorent les 25 ans du massacre d’Hébron (au cours duquel Baruch Kappel Goldstein, un médecin israélo-américain, venu de New York, avait abattu 29 Palestiniens et blessé 125 autres avec une arme à feu automatique, alors qu’ils priaient au Caveau des Patriarches à Hébron), Israël viole la résolution 904 (1994) du Conseil de sécurité, portant sur les mesures visant à garantir la sécurité et la protection des civils palestiniens dans les territoires occupés: des Palestiniens sont chassés de leurs maisons pour que s’installent des colons. Le Parlement israélien, la Knesset, a adopté plus de 180 lois racistes, dont celle sur l’État nation, dont on ne peut dire qu’elle émane d’un pays démocratique, a insisté le chef de la diplomatie palestinienne.

En outre, Israël a détourné 140 millions de dollars de recettes fiscales appartenant à l’État de Palestine; cette « confiscation » n’est rien d’autre qu’une autre manière de saper le Gouvernement palestinien et d’empêcher que des services sociaux de base ne puissent être délivrés aux populations palestiniennes, a poursuivi le Ministre. La communauté internationale doit dénoncer ces détournements, a-t-il insisté.

Colonisation et droits de l'homme ne sauraient aller de pair, a souligné le Ministre. Ceux qui parlent de paix et la veulent doivent promouvoir les droits de l'homme; cela implique de combattre la colonisation et de défendre les droits des Palestiniens. Pour ce faire, il est crucial de maintenir à l’ordre du jour de ce Conseil le point consacré à la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés; de dresser la liste des entreprises impliquées dans le processus de colonisation et de boycotter les produits israéliens issus des territoires palestiniens occupés, a conclu le Ministre.

M. Dato' Saifuddin bin Abdullah, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a expliqué qu’en mai dernier, le pays avait gagné une deuxième indépendance avec un nouveau Gouvernement qui a permis des changements de grandes ampleurs. L’accent est mis aujourd’hui sur la promotion et la protection des droits de l’homme, a-t-il souligné. Le pays a pris des mesures pour protéger les personnes LGBTI, a-t-il notamment fait valoir. De nouvelles politiques sont en cours pour promouvoir tous les aspects liés aux droits de l’homme, comme la liberté d’expression, les droits des enfants, les droits des peuples autochtones ou le droit à l’eau potable, entre autres, a-t-il ajouté. L’âge de la majorité pour les électeurs va passer de 21 à 18 ans et la Malaisie a adopté un moratoire sur la peine de mort, a fait valoir le chef de la diplomatie malaisienne. Le Gouvernement malaisien a par ailleurs renforcé sa collaboration avec l’institution nationale des droits de l’homme et les organisations de la société civile, a-t-il ajouté. Il a précisé qu’il y aurait une annonce lundi prochain s’agissant d’une grande avancée dans le domaine des droits de l’homme en Malaisie.

Le Ministre a ensuite expliqué que son pays restait très préoccupé par le sort des Rohingya au Myanmar. La Malaisie va accueillir plus de 100 000 ressortissants de cette communauté, a-t-il indiqué. Il a aussi fait part des préoccupations de la Malaisie s’agissant de la situation en Palestine. Le Conseil des droits de l’homme ne doit pas voir son attention détournée du sort des Palestiniens par l’opiniâtreté d’Israël, a-t-il souligné. La « nouvelle Malaisie » va agir davantage pour la promotion des droits de l’homme, a conclu le Ministre.

M. EDGARS RINKEVICS, Ministre des affaires étrangères de Lettonie, s’est inquiété du refus de certains pays de coopérer avec le Haut-Commissariat et de donner accès aux mécanismes internationaux des droits de l'homme. Il a dénoncé les violations des droits de l'homme de la communauté LGBTI en Tchétchénie. La libre circulation de l’information est au cœur de toute société démocratique, a poursuivi le Ministre, jugeant inacceptable que des journalistes soient poursuivis voire assassinés en raison de leur travail. Il a en particulier condamné l’assassinat de Jamal Khashoggi, espérant que ses auteurs seront traduits en justice. Le Ministre s’est dit troublé de constater que l’espace laissé à la société civile se réduit comme peau de chagrin et s’est dit choqué que des militants souffrent de mesures de représailles pour avoir coopéré avec le Conseil.

En venant à l’égalité des sexes, à laquelle la Lettonie est particulièrement attachée, il a déploré que des millions de femmes continuent de souffrir de discrimination, estimant que le Conseil devrait promouvoir une politique de tolérance zéro s’agissant notamment des violences fondées sur le genre.

M. PRADEEP KUMAR GYAWALI, Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré qu’en tant que membre du Conseil des droits de l'homme et fervent partisan du multilatéralisme, son pays continuerait de jouer son rôle afin que cet organe remplisse son mandat. Le Népal soutient l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l'homme; il pense que la réalisation des droits de l'homme ne peut se faire que si tous les droits sont opérationnalisés. A cet égard, il est d’avis que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières peut permettre de réaliser tous ces droits.

Le chef de la diplomatie népalaise a plaidé pour que soit promu l’esprit de coopération aux fins de l’amélioration de la situation des droits de l'homme, notamment dans le cade de l’Examen périodique universel. Le Népal, qui s’attache à mettre en œuvre les recommandations issues de l’EPU, est partie sept des neuf principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. Le pays présente également tous ses rapports nationaux aux organes de traités et accueille les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales. Sur le plan social et sur celui de la représentativité, 45% des effectifs du secteur public sont réservés aux segments les plus fragiles de la société, a poursuivi le Ministre, avant de faire valoir la place accordée aux femmes dans les organes élus et de rappeler que Mme Bidya Devi Bhandari est Présidente du Népal. Le Népal est une « jeune démocratie » qui cherche à apprendre du reste du monde; son expérience au sein du Conseil lui a donné davantage de confiance pour consolider cette démocratie, a conclu le Ministre, ajoutant que c’est pour cette raison que le pays sollicitera un nouveau mandat de membre du Conseil pour la période 2021-2023.

M. Mohamed Ali Alhakim, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a rappelé que l’Iraq a payé un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme. Grace aux sacrifices, l’état de droit a pu être rétabli, a-t-il ajouté, avant de remercier tous les États ayant participé à la reconstruction du pays. Le Gouvernement iraquien a adopté un plan quadriennal qui place le citoyen au cœur des priorités, a poursuivi le chef de la diplomatie iraquienne. Le pays espère répondre aux besoins des citoyens, réduire la pauvreté et aboutir à l’égalité entre hommes et femmes, notamment. Des projets d’assainissements en cours doivent permettre d’apporter l’eau potable à tous les citoyens, ce qui permettra de sauvegarder la dignité des tous les Iraquiens, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères. Le Gouvernement a aussi mise en œuvre des plans de construction d’écoles et de voies ferrées.

L’Iraq coopère avec les mécanismes des Nations Unies chargés de protéger les droits de l’homme. Le pays va présenter, dans ce cadre, quatre rapports officiels cette année. Tous ces rapports comporteront des informations détaillées sur les efforts déployés par les autorités iraquiennes pour protéger et promouvoir les droits de l’homme. L’autonomisation de la femme est une priorité du Gouvernement. L’Iraq protège par ailleurs les minorités religieuses dans le pays, afin de créer l’environnement nécessaire à une coexistence pacifique entre les communautés.

La communauté internationale doit redoubler d’efforts pour protéger la population palestinienne qui vit toujours sous le joug de l’occupation israélienne, a poursuivi le Ministre. L’Iraq appuie les efforts internationaux vivant à créer un environnement propice au dialogue entre les différentes parties en Syrie, a-t-il ajouté, précisant que le pays œuvre en faveur du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Il faut aider le peuple syrien à aboutir à une paix durable dans le pays, a insisté le Ministre iraquien. Il a ajouté que l’Iraq était très préoccupé par la situation humanitaire au Yémen et a invité la communauté internationale à soutenir le travail de l’ONU dans la recherche de la paix.

MME RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a noté que la situation des droits de l'homme dans le monde est complexe et que l’instabilité et les conflits ont donné lieu à une diversité croissante de violations. En Palestine, les droits humains et les libertés fondamentales sont toujours bafoués, a-t-elle déploré, rappelant que toutes les nations sans exception doivent relever le défi de contribuer à une meilleure condition des droits de l'homme dans le monde.

La Ministre a ensuite plaidé pour une amélioration sur trois points. Tout d’abord, le Conseil doit se réaffirmer en tant qu’instance principale dans le domaine des droits de l'homme, sans aucune politisation, la sélectivité ne faisant qu’entraver les efforts. Il faut aussi renforcer les mécanismes du Conseil ainsi que la coopération régionale. Par exemple, l’Indonésie travaille avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui n’a ménagé aucun effort pour prendre des actions concrètes dans l’État Rakhine. Enfin, une interaction constructive et efficace entre les gouvernements, les institutions nationales des droits de l'homme et la société civile doit être renforcée. En conclusion, la cheffe de la diplomatie indonésienne a réitéré l’engagement de son pays en faveur des droits de l'homme et espéré que la candidature de l’Indonésie pour être membre du Conseil pour la période 2020-2022 serait retenue.

M. CARMELO ABELA, Ministre des affaires étrangères et de la promotion du commerce de Malte, a salué le travail accompli en douze ans par le Conseil, « cet organe vital du système des Nations Unies », ajoutant apprécier les progrès faits en matière d’efficacité et d’effectivité des réformes. Il a ensuite rappelé que Malte avait subi en novembre dernier son Examen périodique universel, dans le cadre du troisième cycle de l’EPU, et a ajouté que depuis 2013, le pays avait beaucoup avancé dans l’adoption et la mise en œuvre de législations couvrant divers domaines et secteurs de la société maltaise. A titre d’exemple, la loi sur les droits de la femme a permis la création en 2017 du Conseil pour les droits de la femme, qui vise à renforcer le dialogue entre le Gouvernement et la société civile sur cette question, a-t-il indiqué. Malte a également ratifié la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul. Sur le plan de l’emploi, le taux de représentativité des femmes est passé de 47% en 2014 à 60% en 2018.

S’agissant des droits des personnes LGBTI, Malte a adopté une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe et a introduit des marqueurs de neutralité de genre, à tel point que le pays est classé parmi les meilleurs élèves des 49 États européens en la matière par le Rainbow Index de l’International Lesbian and Gay Association (ILGA), avec un score de 94%, a poursuivi le chef de la diplomatie maltaise. Malte est également exemplaire en matière d’accueil de migrants; en raison de sa position centrale en Méditerranée, le petit État a accueilli des nombres de migrants irréguliers et de demandeurs d’asile qui, à titre de comparaison en tenant compte de la taille du pays et de la densité de sa population, correspondraient à l’arrivée de 1,5 million de migrants en France et de 2,25 millions en Allemagne en un an, a fait observer M. Abela.

M. Kyaw Tin, Ministre de l'Union pour la coopération internationale du Myanmar, a déclaré que le Conseil était un forum de dialogue sur les droits de l’homme, lesquels ne pourront devenir une réalité que par la coopération et non par des condamnations qui sont toujours contre-productives et mènent à la division. Il faut éviter la sélectivité et la politisation du Conseil, a insisté le Ministre. Tous les titulaires de mandats doivent respecter les principes d’intégrité et de souveraineté et chacun doit être responsable des informations qu’il rapporte, a-t-il poursuivi. Il faut tenir compte des circonstances particulières de chaque nation, notamment de son histoire et de sa culture, a-t-il ajouté.

Le Ministre a ensuite souhaité faire un rapport qui reflète la vraie réalité du Myanmar. Le Myanmar a commencé à profiter de davantage de liberté depuis la mise en place d’un nouveau Gouvernement issu de la société civile, a-t-il souligné. Le pays rencontre de nombreuses difficultés, en raison des conflits armés qui se poursuivent, notamment dans l’État Rakhine, a-t-il ajouté. Les flambées de violence récentes dans l’État Rakhine compliquent la situation et le Myanmar reste confronté à de nombreux défis dans la construction d’un État démocratique. La situation dans le nord de l’État Rakhine a de manière infondée été qualifiée de persécution de minorités religieuses, alors qu’il s’agit d’un problème politique et économique impliquant des migrations illégales prolongées depuis la colonisation, a déclaré le Ministre. Malgré les événements dans le nord de l’État Rakhine, le Myanmar est un État qui respecte les communautés religieuses et les minorités, a-t-il assuré. Le Gouvernement a mis en œuvre une grande partie des recommandations de la Commission consultative menée par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a-t-il fait valoir. Afin d’accélérer le processus de mise en œuvre, différentes actions sont prévues, notamment des plans devant permettre le rapatriement des réfugiés, a-t-il indiqué. Le Myanmar est prêt à accueillir les réfugiés souhaitant rentrer volontairement et de manière sûre dans leur foyer, a-t-il ajouté, précisant que le Myanmar et l’ANASE collaborent au programme de rapatriement des réfugiés.

Le Ministre a ensuite expliqué que le rapport de la Mission d’établissement des faits était partial, raison pour laquelle les autorités du Myanmar ne coopèrent pas avec ce mécanisme; ce rapport est basé sur les récits des personnes déplacées musulmanes, sans prendre en compte les éléments de preuve contraires. De plus, le rapport ne prend pas en compte les actions terroristes de l’ARSA. Une commission indépendante d’enquête va devoir faire la lumière sur les allégations en récoltant des preuves et non pas uniquement en se basant sur des récits, a indiqué le Ministre. Le Gouvernement du Myanmar est prêt dans ce cadre à participer à la reddition de comptes, a-t-il affirmé. Le Myanmar a toujours favorisé ces dernières années les visites des titulaires de mandats des Nations Unies, même s’il a été obligé d’arrêter sa coopération avec l’actuel Rapporteur spécial (sur la situation des droits de l'homme au Myanmar) suite à son manque d’impartialité. Le pays a hâte de pouvoir coopérer avec le prochain Rapporteur spécial, a assuré le Ministre. Il a par ailleurs estimé que les récentes résolutions sur le Myanmar ne visent pas à trouver une solution pacifique au conflit, mais plutôt à prendre des mesures restrictives. L’établissement programmé d’un mécanisme d’enquête indépendant est une autre étape dans la réalisation d'une série de contrôles discriminatoires sans précédent sur un État Membre qui mettent à mal la souveraineté du Myanmar; ces actions peuvent uniquement aggraver la situation et ne contribueront pas à résoudre les défis humanitaires du moment, a conclu le Ministre.

MME BARBEL KOFLER, Commissaire du Gouvernement fédéral pour la politique des droits de l'homme et l’aide humanitaire de l’Allemagne, a fait part de la candidature de son pays à un nouveau mandat en tant que membre de plein droit au sein du Conseil pour l’année prochaine. L’Allemagne serait alors à la fois membre du Conseil des droits de l'homme et membre du Conseil de sécurité et elle aimerait à cette occasion faire entendre sa voix pour progresser vers une approche en matière de sécurité qui soit fondée sur la conviction que les violations des droits de l'homme sont un indicateur et une cause de l’instabilité et qu’une paix durable ne peut être atteinte tant que les droits humains ne sont pas respectés.

La situation actuelle demande beaucoup d’énergie pour maintenir le statu quo dans la protection des droits de l'homme, et l’espace pour la société civile rétrécit dans de nombreuses parties du monde, a fait observer Mme Kofler. Les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et les ONG sont intimidés et harcelés, a-t-elle insisté. En outre, les femmes et les enfants sont confrontés à la violence et aux inégalités. Selon la Commissaire, défendre le statu quo n’est pas suffisant et les politiques de défense des droits de l'homme ne peuvent être seulement défensives.

Pour ce qui la concerne, l’Allemagne sait faire preuve d’autocritique et accepte de devoir faire des progrès dans certains cas, en particulier dans la lutte contre le racisme et pour l’intégration des personnes d’ascendance étrangère, a poursuivi Mme Kofler. Parmi les priorités, a-t-elle ajouté, figurent également le renforcement des droits des LGBTI, le renforcement des droits en ligne à l’ère numérique et la protection des victimes du changement climatique et des catastrophes naturelles. En ce qui concerne le renforcement des institutions compétentes dans le domaine des droits de l'homme, l’Allemagne souhaite contribuer à une réforme de l’ensemble des organes conventionnels chargés des droits de l’homme afin de les rendre plus efficaces, a ajouté Mme Kofler. Le développement socioéconomique et la prospérité ne sont pas durables quand les droits de l'homme ne sont pas respectés, a-t-elle conclu.

MME MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que pour la première fois de l’histoire, plus de personnes vivent dans des pays ayant des tendances autoritaires, que dans les démocraties. Des chercheurs ont même montré que la démocratie décline à travers le monde: seuls 135 pays connaissent les droits de l'homme, la démocratie et l’état de droit. Des journalistes, défenseurs des droits de l'homme, artistes sont appelés ennemis, voire tués, tandis que des pouvoirs centraux autoritaires vont taire les voix dissidentes et minoritaires. Beaucoup de citoyens suédois ont été arrêtés et emprisonnés dans ces pays, a indiqué la cheffe de la diplomatie suédoise, ajoutant que son pays ne l’accepterait jamais et continuerait de travailler à leur libération.

La Ministre a également assuré que son Gouvernement avait fait de la promotion de la démocratie dans le monde une priorité de sa politique étrangère. Cela signifie, a-t-elle expliqué, que la Suède soutiendra la démocratie où qu’elle pousse et sera la voix de la démocratie lorsque celle-ci est menacée. Cela signifie aussi se lever pour la liberté d'expression, la liberté d’opinion ou encore la liberté de conviction. Aujourd'hui, les femmes et les filles à travers le monde ne jouissent pas de tous leurs droits et libertés, en matière d’éducation, d’emploi ou encore de droit de se marier et de divorcer librement, a ajouté la Ministre.

Parallèlement, la Suède continuera de défendre le multilatéralisme et notamment les institutions multilatérales qui se penchent sur les violations graves des droits de l'homme et renforcent et protègent ces droits, comme le Conseil des droits de l'homme, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et les titulaires de mandats.

M. Paul Teesalu, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a annoncé la création, le 1er janvier dernier, d’une institution nationale des droits de l’homme en Estonie. Il faut reconnaître, a ajouté M. Teesalu, qu’il reste beaucoup à faire pour promouvoir et protéger les droits de l’homme en pratique dans le monde, et qu’il faut rester ferme sur l’engagement de s’acquitter des Objectifs de développement durable dans les temps.

L’autonomisation des femmes et des filles étant un prérequis pour aboutir à des sociétés pacifiques, a poursuivi le Vice-Ministre, l’Estonie salue l’accent croissant mis sur l’égalité des sexes dans les travaux des Nations Unies, notamment la lutte contre le harcèlement sexuel. Il a ensuite déploré que 1019 militants des droits de l’homme aient été assassinés ces dernières années dans le monde. Si l’Estonie partage avec l’Islande la première place en matière de liberté sur Internet, a dit M. Teesalu, il n’en reste pas moins que les tendances mondiales dans ce domaine sont inquiétantes, une sorte « d’autoritarisme numérique » tentant de s’imposer. L’Estonie déplore que de nombreux Gouvernements adoptent des lois pour restreindre la liberté de la société civile en ligne. L’Estonie est attachée à la protection des enfants et continue de se faire l’avocat de la lutte contre les châtiments corporels et contre le harcèlement en ligne des mineurs, a ajouté M. Teesalu. Il a par ailleurs dénoncé les violations du droit international des droits de l’homme et a plaidé pour une campagne de sensibilisation à la ratification des Statuts de Rome afin d’assurer la reddition de comptes.

MME MARTHA DELGADO PERALTA, Ministre adjointe pour les affaires multilatérales et les droits de l'homme du Mexique, a fait savoir que son pays s’orientait vers un nouveau paradigme de respect, de promotion et de protection des droits et libertés fondamentaux depuis l’entrée en fonction du Président Andrés Manuel Lopez Obrador, en décembre 2018. Ce paradigme place la personne au cœur de toute politique et promeut une société égalitaire, prospère et respectueuse des droits de l'homme. La Ministre adjointe a fait part de quelques éléments de cette transformation, basée sur le dialogue et la collaboration avec la Haute-Commissaire et avec les mécanismes spéciaux, considérés comme des outils utiles pour améliorer le respect des droits de l'homme.

Les axes essentiels en sont la promotion de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes et des filles – en particulier celles qui se trouvent en situation de vulnérabilité – et l’élimination de toute forme de violence. Avec six agences de l’ONU et la coopération de l’Union européenne, le Mexique va mettre en place l’Initiative Spotlight pour éliminer la violence contre les femmes et les filles. L’objectif du Gouvernement est de parvenir à une véritable transformation du tissu social du pays, a assuré Mme Delgado Peralta, afin qu’il respecte l’origine ethnique, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, la liberté d’expression et de religion, ainsi que la diversité culturelle. Entre autres exemples de mesures récemment adoptées, la Ministre adjointe a mentionné un décret présidentiel publié en décembre pour renforcer les droits à la vérité et l’accès à la justice des proches des victimes du massacre d’Ayotzinapa.

En conclusion, la Ministre adjointe a dit que le Mexique était conscient des défis auxquels il est confronté au niveau national et que son Gouvernement chercherait l’assistance et la collaboration des mécanismes internationaux des droits de l'homme, pour bénéficier des meilleures pratiques et mettre en place des stratégies adaptées.

MME PATRICIA SCOTLAND, Secrétaire générale du Commonwealth, a déclaré que onze pays membres de cette organisation avaient déjà servi au sein de ce Conseil, dont les Fidji et les Bahamas, deux petits États insulaires en développement actuellement membres. Elle a également insisté sur la longue coopération entre ces petits États et le Haut-Commissariat, à travers le fonds d’affectation spéciale qui leur est dédié.

La Secrétaire générale a ensuite présenté les divers domaines d’intervention de son organisation en matière de droits de l'homme. Ainsi, à travers le bureau des petits États insulaires en développement du Commonwealth, l’organisation assiste les États membres relevant de cette catégorie, ainsi que leur société civile. Le Commonwealth désignera prochainement, ici à Genève, un conseiller en droits de l'homme pour ses États membres ayant des représentations à Genève.

Le Commonwealth a en outre fait un travail de promotion portant sur des lignes directrices et principes, comparables aux Principes de Paris, mais pour les parlements. Un guide a été publié à cet effet, a-t-elle indiqué, se félicitant par ailleurs de l’adoption en juin dernier d’une résolution sur les parlements et les droits de l'homme. Le Commonwealth soutient en outre la société civile et les institutions nationales des droits de l'homme, notamment en organisant chaque année un forum du Commonwealth sur les institutions nationales des droits de l'homme.

Mme Scotland a déclaré que davantage devait être fait pour avancer sur les questions d’égalité et de dignité, car l’exclusion, les discriminations et l’intolérance restent parmi les plus grands défis. La marginalisation des communautés LGBTI, des groupes vulnérables, des personnes handicapées, des peuples autochtones ou des minorités ethniques et religieuses. Dans ce cadre, les défenseurs des droits de l'homme jouent un rôle crucial, a-t-elle dit, déplorant que leur espace se réduise à divers endroits du monde. Terminant son intervention, Mme Scotland a indiqué que le Commonwealth organisera ici à Genève, au cours de ce mois, un séminaire avec la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences; le séminaire portera sur la question du féminicide.

M. Luis Fernando Carranza Cifuentes, Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a expliqué que son Gouvernement allait renforcer les mécanismes nationaux des droits de l’homme en mettant l’accent sur la prévention. Le Gouvernement a fait de la lutte contre la corruption une priorité et a créé, à cette fin, une commission présidentielle de gestion publique et de transparence. Une autre priorité est de renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire. Au terme du mandat de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala, la CICIG, la Gouvernement vise à mettre en œuvre un plan de renforcement de la justice grâce à la coopération internationale.

Le Vice-Ministre a mis en évidence le fait que, depuis trois ans, le taux d’homicide au Guatemala avait baissé de 7% grâce aux efforts déployés en matière de prévention de la violence. Fin mars 2018, l’armée du Guatemala a cessé d’appuyer la police civile. Le secteur de la santé a par ailleurs été renforcé, ce qui a permis d’élargir la couverture des soins de santé.

Le Guatemala maintient une porte ouverte avec les mécanismes des Nations Unies des droits de l’homme. Il a mis en œuvre un mécanisme de suivi des recommandations faites par ces mécanismes. Le Guatemala a aussi lancé une consultation sur la protection des défenseurs des droits de l’homme en collaboration avec l’Union européenne. Le Vice-Ministre a enfin déclaré que des consultations avaient été menées avec les populations autochtones sur les projets de grande envergure dans le pays.

M. KIYOTO TSUJI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a assuré que le Gouvernement japonais était déterminé à organiser des consultations, en collaboration avec la communauté internationale et la société civile, afin de contribuer à la protection et à la promotion des droits de toutes les personnes, par le biais d’une aide au développement et d’un soutien accru en faveur du renforcement des institutions. Si chaque pays a ses propres problèmes, le Japon est d’avis que tous devraient partager les mêmes valeurs fondamentales et avancer dans la même direction.

M. Tsuji s’est dit très préoccupé par la situation actuelle dans l’État Rakhine, au Myanmar. Il a demandé au Gouvernement du Myanmar de créer, en coopération avec l’ONU, des conditions propices à un retour sûr, volontaire et digne des personnes déplacées. Quant aux résolutions sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée, elles démontrent que la communauté internationale a de graves préoccupations sur les violations des droits de l'homme dans ce pays, notamment l’enlèvement de citoyens japonais par les autorités nord-coréennes, a dit M. Tsuji.

Sur le plan national, le Japon met l’accent sur l’autonomisation des femmes, qui constitue l’un des trois piliers de son modèle pour atteindre les Objectifs de développement durable. Le Japon est également engagé dans la lutte contre les violences sexuelles envers les femmes; il compte parmi les principaux contributeurs du Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit. La protection des enfants et des personnes handicapées est également une des priorités du Japon, aux plans tant national qu’international.

M. ANDREI DAPKIUNAS, Ministre adjoint des affaires étrangères du Bélarus, a affirmé que les droits de l'homme n’ont de sens que si les humains peuvent en jouir. Or, les guerres actuelles restreignent les possibilités des populations de bénéficier de tous leurs droits. C’est pourquoi il est crucial de progresser vers un monde qui ne serait pas dominé par les questions de sécurité nationale et où tout le monde pourrait profiter de la paix et du développement durable, a-t-il dit, rappelant que le président bélarussien avait lancé l’idée d’un dialogue mondial sur la sécurité. Les droits de l'homme devraient faire partie d’un tel dialogue, a aussi dit M. Dapkiunas.

Le Ministre adjoint a ensuite constaté une tendance dangereuse par laquelle les droits de l'homme et le Conseil sont instrumentalisés pour susciter de nouvelles crises, comme en Syrie, au Nicaragua, au Venezuela, entre autres pays. Les membres du Conseil devraient être conscients des conséquences des décisions qu’ils prennent, a insisté M. Dapkiunas. De son point de vue, « le Conseil n’est pas à la hauteur des attentes de la majorité, ni dans son agenda, ni dans ses mécanismes, ni dans ses décisions ». Il est donc urgent que le Conseil se réforme, afin qu’il fasse prévaloir la force du droit dans le respect des priorités des gouvernements, tout en étant plus actif sur la question des droits économiques et sociaux et sur la défense des plus vulnérables: les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les victimes des conflits et les victimes de la traite des êtres humains, a conclu M. Dapkiunas

Enfin, M. YOUSSEF A. AL OTHAIMEEN, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), s’est dit convaincu de la nécessité de sauvegarder la diversité culturelle, seule garante de l’avenir de l’humanité. Il a indiqué que la Commission des droits de l'homme de l’OCI avait entrepris de réviser la Charte des droits de l’homme de l’OCI afin de la mettre en conformité avec le droit international en ce qui concerne les droits de l’enfant.

Face à la montée du racisme, de la discrimination fondée sur la religion et de l’islamophobie, l’OCI appelle à renforcer le dialogue entre les civilisations et entre les religions afin de mettre un terme à ces fléaux. Le Secrétaire général a demandé à la communauté internationale de tout faire pour mettre un terme à la crise que traversent les Rohingyas du Myanmar. Il a aussi dénoncé les violations des droits des Palestiniens et appelé à respecter leur droit à l’autodétermination. Le Secrétaire général a enfin regretté que le Conseil se concentre sur les droits politiques plutôt que sur les droits économiques et sociaux, précisant que même si l’on considère que la famille n’est pas la base de toute société, il faut néanmoins la protéger.



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HRC/19/8F