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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTEND LES DÉCLARATIONS DE DIX-SEPT HAUTS DIGNITAIRES

Compte rendu de séance
Le chef de la diplomatie vénézuélienne dénonce une tentative d’agression contre son pays

Le Conseil des droits de l’homme a poursuivi, ce matin, son débat de haut niveau, en entendant les déclarations de hauts dignitaires de la Namibie, du Zimbabwe, du Mozambique, de Bahreïn, de la Colombie, de Chypre, de l’Ukraine, de la Bulgarie, des Émirats arabes Unis, de l’Arabie saoudite, de la Lituanie, de la Finlande, de la Bosnie-Herzégovine, de Cuba, du Venezuela, de la Roumanie et de l’Albanie.

Le Ministre du pouvoir populaire pour les affaires étrangères du Venezuela a dénoncé l’agression contre son pays, essentiellement de la part du Gouvernement des États-Unis. Le Conseil doit élever la voix pour dire que le blocus contre le Venezuela, tout comme celui contre Cuba, viole la Charte des Nations Unies et les principes de coexistence civilisée entre peuples du monde, a affirmé M. Arreaza Montserrat.

Le chef de la diplomatie vénézuélienne a dénoncé une tentative d’agression contre son pays depuis la Colombie samedi dernier, en précisant que son Gouvernement accepte l’aide humanitaire, mais pas par la force. L’armée a réagi avec prudence, en toute proportionnalité, afin d’éviter une tragédie, a-t-il souligné, ajoutant que l’objectif des États-Unis était de provoquer des morts pour mieux pouvoir accuser le Président Maduro. Quant au député Juan Guaidó, qui s’est autoproclamé président, il veut une invasion militaire et cela ne peut pas être accepté par les Nations Unies, a déclaré le Ministre vénézuélien, avant de renouveler l’invitation de son Gouvernement à la Haute-Commissaire aux droits de l'homme.

Le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba a réitéré la confiance de son pays envers le Président Maduro et a dénoncé l’escalade des pressions exercées sur le Venezuela – qui n’ont d’autre but que de légitimer un faux président créé de toutes pièces à Washington, a-t-il affirmé. Le Conseiller présidentiel pour les droits de l'homme de la Colombie a appelé à rejeter fermement « la dictature de l’usurpateur Nicolas Maduro » et son « régime de terreur », dont « la caractéristique principale est la violation des droits de l'homme »; il a ajouté que la Colombie souscrit au point 16 du communiqué du Groupe de Lima pour une sortie politique et diplomatique de la crise au Venezuela, sans usage de la force.

Nombre de hauts dignitaires qui se sont exprimés ce matin ont dressé le bilan de leur pays en matière de droits de l'homme et, comme depuis le début de ce débat de haut niveau il y a deux jours, leurs interventions ont souvent aussi tourné autour du Conseil des droits de l'homme et de son rôle. Dans ce contexte, plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité pour ce Conseil de se réformer, afin de mieux répondre aux défis qu’il doit affronter.


Le Conseil poursuivra cet après-midi, à 15 heures, son débat de haut niveau.


SUITE DU DEBAT DE HAUT NIVEAU

M. SAKEUS SHANGHALA, Ministre de la justice de la Namibie, a rappelé que le Conseil des droits de l'homme avait été créé suite à la dissolution de l’organe qui l’avait précédé, la Commission des droits de l'homme. Ladite Commission avait échoué à cause de sa tendance à politiser les questions relatives aux droits de l'homme, a-t-il affirmé, avant de mettre en garde le Conseil contre cette tentation (de politisation). Le Ministre namibien a ensuite déclaré que 70 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le défi actuel consiste à concrétiser les droits qui y sont inscrits. Or, selon les prévisions météorologiques, la Namibie va encore connaître de dures sécheresses, qui vont avoir des conséquences sur l’environnement et les populations. Dans ce contexte, a souligné M. Shanghala, il est essentiel que les conséquences des changements climatiques soient prises en compte et que soit reconnu leur lien avec la jouissance des droits de l'homme, ceci afin d’agir de façon responsable. A cet égard, la Namibie est inquiète de voir des États se retirer des accords internationaux portant sur le climat, a-t-il déclaré.

Le Ministre a ensuite indiqué que la Namibie soutenait toutes les initiatives visant à réaliser le droit au développement. Elle soutient également le droit à l'autodétermination des peuples palestinien et sahraoui, tel qu’il est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Enfin, en tant que Président de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), la Namibie demande la levée des sanctions contre le Zimbabwe, qui pèsent sur les populations, a conclu le Ministre.

M. ZIYAMBI ZIYAMBI, Ministre de la justice et des affaires juridiques et parlementaires du Zimbabwe, a indiqué que son Gouvernement commençait à mettre en œuvre les recommandations acceptées à l’issue de son dernier Examen périodique universel (EPU). Le pays a notamment aboli deux lois: l’une sur l’ordre et la sécurité publique et l’autre sur l’accès à l’information et la protection de la confidentialité. Le Zimbabwe a ouvert l’espace démocratique et veille au respect des droits consacrés, a ajouté M. Ziyambi.

Le Ministre a ensuite évoqué les élections générales tenues l’an dernier dans le pays, soulignant qu’elles ont été jugées justes et libres par la plupart des observateurs et qu’elles ont enregistré le plus grand nombre de candidats de l’histoire du pays. Il a toutefois déploré les perturbations violentes incitées par le principal parti de l’opposition et a indiqué que le Gouvernement avait nommé une commission d’enquête à ce sujet. Par ailleurs, le Gouvernement zimbabwéen a adopté le programme de stabilisation et de transition qui doit être mis en œuvre d’ici à 2020, a poursuivi M. Ziyambi. Ce programme vise la stabilisation macroéconomique et celle du secteur financier afin de jeter les bases d’une croissance économique stable et partagée, a-t-il précisé. Le Ministre est ensuite revenu sur les nouvelles perturbations violentes provoquées en janvier 2019, accusant ses auteurs de vouloir saper l’image du Zimbabwe. Il a réitéré que le pays reste attaché à la pleine promotion et à la protection des droits fondamentaux de tous ses citoyens.

M. Joaquim Verissimo, Ministre de la justice et des affaires constitutionnelles et religieuses du Mozambique, a déclaré que le Conseil était l’enceinte la plus viable de négociations afin de traiter des questions des droits de l’homme et de promouvoir ces droits qui sont au cœur de la politique interne et internationale du Mozambique. Le pays a tenu avec succès ses cinquième élections municipales l’année dernière et ce processus électoral a été jugé pacifique et juste par l’ensemble des observateurs, a poursuivi le Ministre. Cette année, se dérouleront en octobre des élections générales pour lesquelles le pays a fait appel à nouveau à des observateurs internationaux, a-t-il précisé.

Le Mozambique a pris des mesures pour promouvoir la protection des enfants qui sont menacés par les conflits, la pauvreté et toute autre forme de violence, a ensuite indiqué M. Verissimo. Le Gouvernement a mis en œuvre des mesures ciblées pour les enfants les plus vulnérables, notamment les enfants handicapés, a-t-il ajouté. Il a adopté une stratégie nationale pour les enfants, en particulier pour les plus vulnérables, qui vise entre autres à lutter contre l’abandon d’enfants. Le Mozambique accorde une grande importance à la mise en œuvre de politiques stratégiques et de plans liés à l’égalité entre les sexes, un principe inscrit dans la Constitution du pays, a également fait valoir le Ministre. Faisant observer que la promesse des droits pour tous n’est pas toujours tenue, il a insisté sur le caractère essentiel de la mise en œuvre réelle des Objectifs de développement durable. Ces Objectifs sont une priorité pour le Mozambique en tant que cadre directeur guidant le monde vers une nouvelle approche des problèmes socioéconomiques au niveau mondial, a-t-il insisté. Les citoyens sont au cœur de ces Objectifs, avec le principe de ne laisser personne de côté.

Insistant en outre sur le rôle important joué par le Conseil pour la promotion et la protection des droits de l’homme pour tous, M. Verissimo a affirmé que l’Examen périodique universel est un phare de la coopération internationale dans le domaine des droits de l’homme. Le Mozambique met en œuvre les recommandations issues de ce mécanisme grâce à un plan d’action national de l’EPU intégrant la participation de toutes les parties prenantes. Le Mozambique est engagé à travailler avec les organes des droits de l’homme et les mécanismes pertinents. Consolider la capacité nationale est la priorité du pays, a souligné le Ministre, assurant que l’institution nationale des droits de l’homme du Mozambique, qui a vu ses capacités renforcées, respecte les Principes de Paris et se prépare maintenant à demander son accréditation à ce titre.

M. ABDULLA FAISAL AL-DOSERI, Ministre adjoint des affaires étrangères du Royaume de Bahreïn, a déclaré que son pays était très attaché à la coopération avec les Nations Unies, à la démocratie et aux droits de l'homme. Cela se manifeste par l’action « très vigoureuse » du Roi Hamad ben Issa Al Khalifa, et par l’adoption de la Charte nationale d’action. Cette dernière consacre la démocratie et les droits de l'homme dans le Royaume. Les dernières élections législatives ont connu un taux de participation de 67%, soit la plus forte participation électorale de l’histoire du pays, a également fait valoir le Ministre adjoint.

M. Al-Doseri s’est ensuite attaché à citer les initiatives prises par son Gouvernement dans le domaine de la coopération avec les Nations Unies et pour la mise en œuvre des Objectifs de développement durable. Il a cité nombre de programmes, institutions et plans stratégiques mis en place pour les droits de la femme, de l’enfant et des jeunes. Il s’est par exemple félicité du classement attribué à son pays par le Département d’État des États-Unis s’agissant de la lutte contre la traite d’êtres humains. Le Ministre adjoint a en outre affirmé que son pays respectait la légitimité internationale, qui seule peut résoudre les crises internationales; mais cela n’est pas possible sans la coopération, celle-là même qui peut aider à mettre fin aux crises dans le monde, notamment en Syrie et au Yémen, au Myanmar et en Palestine. Cette même coopération peut également aider à lutter contre les discours de haine et d’intolérance religieuse qui se propagent non seulement sur Internet, mais aussi dans les discours politiques, a souligné M. Al-Doseri.

M. FRANCISCO BARBOSA DELGADO, Conseiller présidentiel pour les droits de l'homme de la Colombie, a rappelé que les droits de l'homme ne sont respectés que lorsque la liberté existe pleinement, permettant de multiplier la richesse et de la redistribuer à ceux qui ne peuvent satisfaire leurs besoins de base. Entraver la liberté d’entreprise ouvre la voie à l’utopie et à la misère, a-t-il ajouté. La Colombie fonde son action sur le multilatéralisme, ce qui explique qu’elle n’ait jamais agi de façon unilatérale au cours de son histoire, a en outre fait observer le Conseiller présidentiel pour les droits de l'homme.

La Colombie rejette et condamne fermement les agressions, menaces et homicides dont les leaders sociaux et les défenseurs des droits de l'homme ont été les victimes dans le pays, a ensuite fait savoir le Conseiller. Il a précisé que l’État avait identifié que ces faits étaient en particulier liés à l’intensification de la concurrence pour le contrôle des activités criminelles. Depuis que le Président Iván Duque est entré en fonction, le Gouvernement colombien a mis en place une politique d’intervention intégrale dans les territoires, non seulement en renforçant l’action des forces militaires et de police mais aussi par la fourniture de services publics dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux.

Le Conseiller a ensuite rappelé l’engagement de la Colombie envers la paix et a réitéré la volonté du Gouvernement de mettre en œuvre l’accord souscrit par le précédent gouvernement avec les FARC, en garantissant les droits des victimes et de la société en général à la vérité, à la justice, aux réparations et à la non-répétition. Il a également rappelé l’engagement à mettre en œuvre cet accord sous le contrôle de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie. Il a en outre condamné les assassinats, les enlèvements, les mesures d’extorsion et d’écocide menés par « le groupe terroriste » Armée de libération nationale (ELN en espagnol), ajoutant que les agissements de ce groupe sans aucune idéologie n’impliquent pas l’existence d’un conflit armé interne.

M. Barbosa Delgado a enfin évoqué le défi de la crise migratoire à laquelle la Colombie est confrontée et a attiré l’attention sur la situation au Venezuela, plaidant pour une action internationale face à la crise humanitaire. Il a rappelé que la Colombie a mis en place toute la logistique et la sécurité nécessaires à l’acheminement de l’aide à sa frontière avec le Venezuela. Il a aussi souligné que la Colombie avait répondu de manière solidaire à ses voisins et qu’elle accueille 1,2 million de Vénézuéliens et n’a jamais coupé les routes migratoires. Il a ensuite appelé à rejeter fermement « la dictature de l’usurpateur Nicolas Maduro » et son « régime de terreur », dont « la caractéristique principale est la violation des droits de l'homme ». La Colombie a souscrit au point 16 du communiqué du Groupe de Lima pour une sortie politique et diplomatique de la crise au Venezuela, sans usage de la force. Le Conseiller présidentiel a réitéré l’appel à la Haute-Commissaire à répondre rapidement à la situation au Venezuela.

M. GEORGE CHACALLI, Ministre adjoint des affaires étrangères de Chypre, a déclaré que la paix n’était possible que si les droits de l’homme étaient respectés partout dans le monde. L’inégalité entre les sexes est la plus grande violation des droits de l’homme, car elle touche la moitié de la population mondiale, a-t-il souligné, précisant que Chypre a ainsi intégré le principe de l’égalité de genre dans l’ensemble de sa politique étrangère. Le pays est particulièrement sensible à la protection des droits de l’enfant, a-t-il ajouté. Chypre a subi les conséquences du flux de migrants qui est arrivé en Europe en raison de la guerre en Syrie, a poursuivi M. Chacalli, ajoutant que le pays a été particulièrement sensible à la souffrance de ceux qui avaient besoin d’une protection internationale. Ainsi, Chypre soutient-elle toutes les politiques qui protègent les droits des réfugiés.

La structure démographique de l’île de Chypre est toujours modifiée en raison de la puissance occupante sur cette île, a poursuivi le Ministre adjoint. Le Gouvernement chypriote reste attaché et déterminé à arriver à une solution juste et viable pour tous les Chypriotes sur base d’une fédération bizonale et bicommunautaire avec une égalité politique, comme le prévoient les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin d’assurer un avenir juste et prospère. La division qui subsiste a des conséquences sur la jouissance des droits de l’homme pour tous les citoyens de l’île, a affirmé le Ministre adjoint, en émettant l’espoir que l’île pourrait être bientôt réunie.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a souligné que préserver la paix, la sécurité et la démocratie n’est pas possible sans les droits de l'homme. Or, on assiste, au sein du Conseil des droits de l'homme, à des tentatives de reléguer les droits de l'homme, sous prétexte de politisation. Après avoir retracé l’histoire des mécanismes onusiens des droits de l'homme, M. Kyslytsya a déclaré que « nous sommes aujourd'hui confrontés à un dilemme: soit nous abandonnons nos enfants à des parents d’accueil, auteurs de violations des droits de l'homme certifiés par l’Assemblée générale, soit nous devenons des parents responsables et décidons de nous en occuper pour qu’ils réussissent ».

Le Ministre adjoint a ensuite mis en cause l’action du Conseil qui, selon lui, a échoué à cause de ses sempiternels débats et procédures. En dépit du nombre de décisions adoptées, son action préventive a échoué, a insisté M. Kyslytsya. « Quelle a été l’action du Conseil dans des cas d’agression extérieure comme en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014, si ce n’est de tenir des débats académiques à répétition, a-t-il interrogé ? C’est cette inaction qui pousse des États à quitter le Conseil des droits de l'homme, a-t-il affirmé. L’impunité pour les graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire paie, comme ne l’ont que trop constaté ses concitoyens du Donbass et de la Crimée, a-t-il fait observer, décrivant les persécutions et autres restrictions subies par les Tatars de Crimée, les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme, les blogueurs et les membres de communautés religieuses de la part des « nationalistes du Kremlin ». Sans surprise, a-t-il poursuivi, la mission de surveillance créée par les Nations Unies n’a pas eu accès à la Crimée et son accès aux « territoires occupés du Donbass » a été « sévèrement restreint ». C’est pour cette raison que l’Ukraine a besoin d’un Conseil des droits de l'homme fort et efficace, qui prévienne les conflits, a conclu le Ministre adjoint.

M. YURI STERK, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Bulgarie, a rappelé que son pays est membre du Conseil des droits de l'homme pour la première fois et a dit espérer que le Conseil sera plus fort et plus efficace dans trois ans. La Bulgarie s’efforcera d’encourager un dialogue sincère et concentré sur des résultats, a indiqué le Ministre adjoint, exprimant le souhait que les décisions du Conseil aient un impact direct sur le terrain. M. Sterk s’est dit convaincu que les principes d’égalité et de non-discrimination devraient étayer les décisions et les actions du Conseil.

Au niveau national, la Bulgarie met l’accent sur l’éducation, la technologie et l’innovation pour parvenir au développement durable, a poursuivi le Ministre adjoint. Elle essaie aussi de parvenir à une pleine égalité de genre en augmentant son soutien aux femmes et aux filles, a-t-il ajouté. La Bulgarie soutiendra également toutes les mesures visant à contrer les discours de haine et l’intolérance, notamment l’antisémitisme, afin d’éliminer toutes les formes de discrimination et de créer un monde sûr pour la diversité. La Bulgarie considère l’éducation inclusive comme un outil essentiel pour l’inclusion sociale des enfants et leur autonomisation, ainsi que pour lutter contre la pauvreté, a également indiqué M. Sterk.

M. Ahmad Abdulrahman Al-Jarman, Ministre adjoint pour les droits de l’homme et le droit international au Ministère des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a indiqué que cette année 2019 avait été déclarée « Année de la tolérance » aux Émirats arabes unis. Le pays veut devenir un espace de rencontre entre les cultures dans un environnement ouvert, a-t-il ajouté, précisant que cette année verrait donc l’organisation de projets et d’initiatives ayant pour thème la tolérance. La visite du Pape François (aux Émirats arabes unis, au début du mois) a abouti à la signature d’un document de la fraternité humaine pour une coexistence pacifique, a poursuivi le Ministre adjoint; il s’agit d’un vade-mecum pour davantage de paix entre les religions et les civilisations. Le pays soutient toute initiative qui vise au bien-être de l’humanité.

Les Émirats arabes unis ont fait de l’égalité entre les sexes une priorité en augmentant la représentation des femmes dans tous les secteurs de la société, notamment au Parlement, a poursuivi le Ministre adjoint. Une loi spéciale de protection de l’enfant a été adoptée qui vise à lutter contre le travail des enfants, a-t-il ajouté. Le pays a en outre réitéré sa position ferme en faveur de la cause palestinienne et de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Seule une solution politique est possible au Yémen, sur la base de l’initiative des pays du Golfe, a poursuivi le Ministre adjoint, déplorant que les Houthistes poursuivent leur politique de sape des accords. Les Nations Unies se doivent de faire pression sur les Houthistes afin de préserver les accords, a-t-il insisté. Les interférences régionales empêchent de trouver une solution politique en Syrie, a ensuite déploré le Ministre adjoint, soutenant les initiatives de l’ONU s’agissant de cette question. Pour permettre la reprise de discussions, les Émirats arabes unis ont décidé de rouvrir leur ambassade à Damas, a-t-il indiqué. Il a ajouté que les Émirats arabes unis allaient par ailleurs faire une contribution exceptionnelle au Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

M. ADEL BIN AHMED AL-JUBEIR, Ministre d’État pour les affaires étrangères de l’Arabie saoudite, a jugé crucial que le Conseil des droits de l'homme appuie ses travaux sur le respect des principes d’universalité, d’impartialité, d’objectivité et de non-politisation. Le Conseil doit également promouvoir le dialogue et respecter les différences culturelles; il doit aussi s’abstenir de chercher à imposer des chemins culturels qui ne correspondent pas aux valeurs des États, a-t-il ajouté. Le Ministre a ensuite indiqué que l’Arabie saoudite, sous la vision de son Roi, avait engagé une série de réformes visant notamment les femmes et les enfants; une loi a par exemple été promulguée qui les protège désormais de la violence et une autre vise à faire passer l’intégration des femmes dans le marché de l’emploi de 22% à 30% d’ici à 2030, a-t-il précisé.

Le Ministre a ensuite souligné que la position de son pays n’avait pas changé concernant certaines situations. Ainsi, l’Arabie saoudite attend-elle toujours que la communauté internationale restaure les Palestiniens dans leurs droits, y compris celui d’avoir leur État dans les frontières de 1967. Elle attend aussi que les droits des musulmans Rohingya soient préservés, y compris leur droit au retour au Myanmar. La position de l’Arabie saoudite est également la même concernant la Syrie; elle est conforme à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité. Concernant le Yémen, l’Arabie saoudite continue également de soutenir le Gouvernement légitime yéménite, « combattu par les milices houthistes soutenus par l’Iran ». L’Arabie saoudite a dans ce contexte versé plus d’un milliard de dollars d’aide au Yémen, en plus des 500 autres millions de dollars promis hier lors de la conférence (des donateurs) sur le Yémen (tenue à Genève). A cet égard, l’Arabie saoudite continue de demander à l’Iran de cesser son ingérence dans les affaires internes des États en soutenant des milices.

MME ASTA SKAISGIRYTE, Directrice politique au Ministère des Affaires étrangères de Lituanie, a estimé que les droits de l'homme représentent peut-être la partie la plus précieuse de l’histoire mondiale. Le respect des droits de l'homme est la condition préalable à la paix et à la sécurité et l’ONU a érigé ces droits comme l’un des trois piliers du système, a-t-elle rappelé, avant de déplorer que les droits de l'homme ne reçoivent que 3% du budget de l’Organisation.

Mme Skaisgiryte s’est ensuite dite alarmée de la situation des droits de l'homme dans le monde, notamment de la haine qui continue de faire rage, des États autoritaires qui remettent constamment en question les normes du droit international et des nouvelles formes de nationalisme et de populisme qui sont apparues. Elle a dénoncé les crimes de haine contre les LGBTI en Tchétchénie et la répression systématique des Tatars de la Crimée annexée illégalement par la Fédération de Russie. La situation des droits de l'homme dans les autres territoires de l’Ukraine et de la Géorgie occupés par la Fédération de Russie est également déplorable, a-t-elle ajouté.

L’expérience de la Lituanie au Conseil de sécurité en 2014-15 l’a aidée à redéfinir ses priorités et le pays a annoncé pour la première fois sa candidature au Conseil des droits de l'homme pour la période 2022-24, a poursuivi la Directrice politique. La Lituanie lutte pour faire progresser les droits de l'homme sur la question de la sécurité des journalistes et de la protection des défenseurs des droits, qui sont des éléments essentiels à la liberté d’expression. Ses priorités intègrent également la protection et la promotion des droits de l’enfant, des droits des personnes handicapées et du droit à la liberté de réunion et d’association, ainsi que les droits des femmes et des filles. D’ailleurs, la Lituanie s’enorgueillit d’accueillir l’Institut européen de l’égalité entre les sexes.

Mme Elina Kalkku, Ministre adjointe pour la coopération au développement de la Finlande, a rappelé que le système des droits de l'homme des Nations Unies est une pierre angulaire du droit international. La Finlande est très attachée à la démocratie et à l’état de droit. La confiance de la Finlande dans les droits de l’homme n’est pas naïve; elle s’appuie sur l’histoire, a ajouté Mme Kalkku. La Finlande, à l’époque un pays pauvre très divisé, est devenue l’un des pays les plus innovants et les plus égalitaires en raison de l’importance qu’elle a accordée aux droits de l’homme, qui permettent d’atteindre la prospérité. Le respect des droits de l’homme est au cœur des Objectifs de développement durable. L’objectif de la Finlande est d’atteindre rapidement le taux de 0,7% du PIB consacré à l’aide au développement, a précisé la Ministre adjointe.

Le Conseil des droits de l'homme doit prendre des mesures en faveur de la prévention des conflits, a poursuivi Mme Kalkku. Dans l’est de l’Ukraine, il faut mettre en œuvre un cessez-le-feu durable ainsi que les Accords de Minsk, a-t-elle indiqué; les associations des droits de l’homme doivent pouvoir se rendre sans restriction en Crimée et dans les territoires qui ne sont pas contrôlés par les autorités ukrainiennes, a-t-elle ajouté. La Finlande est préoccupée d’entendre des informations sur des arrestations arbitraires et des cas de torture au motif de l’identité de genre en Tchétchénie, a poursuivi Mme Kalkku. La Fédération de Russie doit engager des enquêtes sérieuses sur ces allégations, a-t-elle insisté. L’intelligence artificielle est une grande avancée pour l’humanité, mais elle doit être abordée sous l’angle des droits de l’homme, a d’autre part souligné la Ministre adjointe. Pour conclure, Mme Kalkku a expliqué qu’il ne fallait laisser personne de côté, comme le prévoient les Objectifs de développement durable.

M. JOSIP BRKIĆ, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a assuré que son pays accordait une haute priorité au respect des droits et libertés fondamentales, à travers le renforcement de la démocratie et du dialogue multiculturel, ainsi qu’à travers le respect des minorités ethniques et religieuses et par l’éradication de toutes les formes de discrimination et d’intolérance. Il a ensuite déploré qu’en dépit de la Charte de Nations Unies, on voie encore à travers le monde les droits de l'homme faire l’objet de graves menaces et violations, ainsi que des cas de violence brutale. La réaction du Conseil dans ces cas est cruciale, a-t-il souligné.

M. Brkić a ensuite déclaré que sur la base de l’expérience de son pays, qui a connu les « pires formes de violation des droits de l'homme durant une guerre pas si lointaine », le respect de la diversité et des droits de l'homme est crucial pour bâtir les fondations de la réconciliation et de la stabilité dans les sociétés post-conflit. M. Brkić a rappelé que son pays était partie à la plupart des principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et respectait ses obligations au regard des organes de traités. La Bosnie-Herzégovine a en outre adressé des invitations permanentes aux titulaires de mandats au titre des procédures spéciales. Alors qu’elle est située sur les routes migratoires et a reçu un flux important de migrants, la Bosnie-Herzégovine regarde avec attention toute initiative et réponse de la communauté internationale concernant les mouvements migratoires; elle observera donc les futurs développements suite à l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, a indiqué le Ministre adjoint. Il a exprimé son souhait de voir le Conseil accroître sa visibilité, y compris en améliorant sa coopération avec la Troisième Commission de l’Assemblée générale, avec les organisations sous-régionales et avec les autres agences et fonds des Nations Unies.

M. Marcelino Medina González, Premier Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, a indiqué que Cuba allait redoubler d’effort pour éviter la politisation des débats liés aux droits de l’homme. Il a ajouté que l’ordre international était injuste, avec le règne d’institutions financières non démocratiques. A elles seules, 26 personnes détiennent plus d’argent que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres de la planète, a-t-il rappelé. La plus grande puissance, les États-Unis, se soustrait de ses responsabilités en matière de climat, a-t-il ajouté. Les migrants sont aujourd’hui criminalisés, a-t-il poursuivi, jugeant alarmantes les images d’enfants migrants séparés de leurs parents aux États-Unis. La puissance la plus importante de la planète est responsable de graves violations des droits de l’homme, a insisté le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères; cette puissance transgresse le droit des peuples à l’autodétermination, au développement et à la paix. Les États-Unis, qui interviennent dans les affaires intérieures des États, recourent à la manipulation des droits de l’homme, a en outre fait observer M. Medina González. En témoigne l’exemple le plus évident qui est celui de l’escalade des pressions exercées sur le Venezuela qui n’ont d’autre but que de légitimer un faux président créé de toutes pièces à Washington. Les actions contre le Venezuela n’ont rien avoir avec les droits de l’homme, a insisté M. Medina González. Ces actions procèdent d’une application renouvelée de la « doctrine Monroe » par Washington afin de contrôler les ressources du Venezuela et de l’Amérique Latine, a-t-il affirmé. La politique d’hostilité envers le Venezuela n’est pas venue à bout de la population du Venezuela, a-t-il toutefois fait observer. Cuba réitère son appel à la défense de la paix au Venezuela et dans la région, dans le respect des droits de l’homme et de la Charte des Nations Unies, a-t-il indiqué. Cuba réitère sa confiance envers le Président Maduro, a-t-il insisté.

Cuba exprime par ailleurs sa solidarité avec le Nicaragua et rejette les menaces d’ingérence contre ce dernier pays. Les États-Unis poursuivent en outre leur politique de sanctions contre Cuba, a poursuivi M. Medina González, dénonçant le toujours plus sévère blocus criminel et génocidaire contre le peuple cubain. Des secteurs de tendance extrémiste américains ont réussi à imposer, aux Etats-Unis, une politique extérieure agressive. Cuba, néanmoins, avance dans le processus politique de renforcement des droits de l’homme dans le cadre de son plan de développement économique et social, a déclaré M. Medina González. Un vaste plan de consultation s’est déroulé en 2018 pour demander l’avis des Cubains sur la nouvelle Constitution; plus de 133 000 réunions ont été organisées pour débattre du projet. Cette grande participation populaire est le témoignage de soutien des Cubains à leur système politique. Le peuple cubain, il y a quelques jours, a approuvé par référendum la nouvelle Constitution avec une participation de 84% de la population. Dans le cadre de cette nouvelle Constitution, Cuba continuera de lutter pour faire régner la justice, a conclu M. Medina González.

M. JORGE ARREAZA MONTSERRAT, Ministre du pouvoir populaire pour les affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, a une nouvelle fois dénoncé l’agression contre son pays, essentiellement de la part du Gouvernement des États-Unis, qui s’est intensifiée sous l’administration Trump par l’imposition d’un blocus contre ses ressources. Le Conseil doit élever la voix pour dire que le blocus contre le Venezuela, tout comme celui contre Cuba, viole la Charte des Nations Unies et les principes de coexistence civilisée entre peuples du monde, a affirmé M. Arreaza Montserrat.

Photographies à l’appui, le chef de la diplomatie vénézuélienne a dénoncé une tentative d’agression contre son pays depuis la Colombie samedi dernier, en précisant que son Gouvernement accepte l’aide humanitaire, mais pas par la force. L’armée a réagi avec prudence, en toute proportionnalité, afin d’éviter une tragédie, a-t-il souligné, ajoutant que l’objectif des États-Unis était de provoquer des morts pour mieux pouvoir accuser le Président Maduro. Quant au député Juan Guaidó, qui s’est autoproclamé président, il veut une invasion militaire et cela ne peut pas être accepté par les Nations Unies, a déclaré le Ministre vénézuélien, avant de renouveler l’invitation de son Gouvernement à la Haute-Commissaire aux droits de l'homme afin qu’elle effectue une visite au Venezuela pour pouvoir y constater les effets des sanctions.

M. Arreaza Montserrat a indiqué que son pays, qui proposait le dialogue aux États-Unis, estime qu’il vaut mieux travailler sur les convergences plutôt que sur les divergences. Mais les États-Unis ne respectent pas la Charte des Nations Unies, ni le droit international, a-t-il ajouté. L’ONU peut faire beaucoup: il faut dénoncer les agressions contre le Venezuela pour empêcher une guerre, a-t-il conclu.

M. George Ciamba, Ministre des affaires européennes de la Roumanie, a déclaré que le moment était venu de passer à un nouveau discours dans le domaine des droits de l’homme et d’impliquer davantage les jeunes dans ce domaine; ils doivent pouvoir participer aux processus de prise de décision. Trop souvent, la violence et le conflit trouvent leur racine dans la discrimination, a poursuivi le Ministre. Ensemble, il faut prendre des mesures pour garantir l’égalité de traitement pour les femmes, les minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques, les personnes LGBTI et les personnes handicapées, a-t-il indiqué.

Les violations massives des droits de l’homme entraînent des conflits qui, eux-mêmes, ont un coût en termes de vies humaines perdues. Il faut agir en urgence pour éviter de telles pertes. Les droits de l’homme sont essentiels pour aboutir à un développement durable. Malheureusement, ces droits sont souvent les premiers à être violés durant les conflits, comme le prouve la situation en Syrie. La Roumanie appuie les efforts de l’ONU pour mettre fin au conflit en Syrie et estime que la négociation politique intra-syrienne devrait rester sous la houlette des Nations Unies. S’agissant de l’Ukraine, la Roumanie réitère sa condamnation de l’annexion illégale de la Crimée et déplore l’impunité systématique pour les violations des droits de l’homme commises, ce qui sape la recherche d’une solution pacifique. La Roumanie reste un fervent partisan du Conseil des droits de l’homme, a conclu M. Ciamba.

MME ARTEMIS DRALO, Ministre adjointe pour l’Europe et les affaires étrangères de l’Albanie, a noté les nouveaux défis qui se posent aux droits de l'homme avec la montée des discours de haine, la xénophobie et l’intolérance. Nous pouvons rester spectateurs, ou nous pouvons rendre le système meilleur et plus fort, rendre le Conseil plus efficace et plus représentatif, a-t-elle fait observer. Elle a insisté sur l’importance que l’Albanie accorde à la création de partenariats afin de protéger les droits humains.

L’Albanie passera son troisième Examen périodique universel (EPU) en mai prochain, a poursuivi la Ministre adjointe, ajoutant que l’EPU constituait un bon exercice pour intégrer les droits de l'homme plus fermement dans les politiques de développement et accorder plus d’attention à certaines questions. La mise en œuvre d’une réforme complète de la justice est en cours, afin d’obtenir un système juste et efficace adapté aux vulnérabilités des citoyens, a poursuivi Mme Dralo. Quant à la discrimination contre les femmes, elle a fait observer que le Gouvernement albanais, lui-même paritaire en termes de représentation des femmes, y est très sensible, a-t-elle ajouté. L’Albanie est également convaincue que la liberté de religion doit être respectée partout et s’inquiète de la rhétorique nationaliste croissante, a-t-elle poursuivi. La Ministre adjointe a affirmé que la situation grave des Rohyngya et d’autres minorités au Myanmar appelait une action rapide du Conseil.



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HRC/19/09F