Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU
En milieu de journée, le Conseil des droits de l'homme a poursuivi son débat de haut niveau, entamé hier, en entendant les déclarations de ministres ou ministres adjoints de seize pays - Belgique, Luxembourg, Slovaquie, Algérie, Pays-Bas, Pakistan, Espagne, Pologne, Bahamas, Burkina Faso, Azerbaïdjan, Tanzanie, Angola, Libye, Slovénie et Portugal – ainsi que du Secrétaire exécutif de la Communauté des pays de langue portugaise.
De nombreux intervenants – parmi lesquels les chefs de la diplomatie de l’Espagne, de la Slovaquie, du Luxembourg et de l’Angola, ou encore le Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas et la Ministre adjointe aux affaires étrangères de la Slovénie – ont réaffirmé leur attachement au multilatéralisme. Plusieurs hauts dignitaires ont également insisté sur l’importance qu’ils accordent aux mécanismes dont dispose le Conseil qui, a-t-il été souligné, peuvent faire la différence sur le terrain.
La Ministre pour le commerce extérieur et la coopération au développement des Pays-Bas a, quant à elle, observé une courbe déclinante, depuis plusieurs années, en matière de liberté, de droits de l’homme et de démocratie, ainsi qu’une crise générale de la coopération multilatérale. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise s’est pour sa part dit « préoccupé par la résurgence de discours de haine et de politiques autoritaires. Pour le chef de la diplomatie polonaise – qui s’est dit particulièrement préoccupé par la discrimination et la persécution croissantes à l’encontre des chrétiens, ainsi que d’autres minorités religieuses, dans de nombreuses régions du monde –, la promotion et la protection des droits de l’homme doivent être la clé de la prévention des conflits.
Après la réunion-débat tenue ce matin sur le thème de la peine de mort, le chef de la diplomatie belge a rappelé que son pays accueille cette semaine à Bruxelles le septième Congrès mondial contre la peine de mort. De son côté, la Ministre des droits de l'homme du Pakistan a notamment justifié la levée du moratoire sur la peine de mort dans son pays par les attentats terroristes contre des écoles. Elle a ajouté que la montée de l’islamophobie et le traitement réservé aux réfugiés fuyant la guerre et la pauvreté pour gagner l’Europe inquiétaient son pays.
Les attaques répétées contre les défenseurs des droits de l’homme, l’utilisation des violences sexuelles et sexistes comme arme de guerre et de terreur, la discrimination et la persécution croissantes des minorités religieuses ou le changement climatique font partie des sujets qui ont également suscité des inquiétudes parmi les hauts dignitaires.
Ont en outre été évoquées un certain nombre de situations méritant, de l’avis des intervenants, l’attention du Conseil, à savoir celles de l’Afghanistan, du Yémen, de la Syrie, du Nicaragua, du Venezuela, du Myanmar, de l’Ukraine, des Territoires palestiniens occupés, du Sahara occidental, du Jammu-et-Cachemire, ou encore l’Azerbaïdjan.
Le Conseil poursuivait, cet après-midi, son débat de haut niveau.
SUITE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU
M. DIDIER REYNDERS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes, et de la défense, chargé de Beliris et des institutions culturelles fédérales de la Belgique, a déclaré que son pays – en tant que membre du Groupe d’ami du Protocole au Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui vise à l’abolition de la peine de mort – s’efforce de promouvoir la ratification de ce Protocole et de stimuler la discussion au sujet de la peine de mort. La Belgique va continuer à s’engager sans relâche pour l’abolition universelle de la peine de mort, a-t-il indiqué, rappelant que le pays accueille le septième Congrès mondial contre la peine de mort qui se déroule cette semaine à Bruxelles.
Depuis le 1er janvier dernier, la Belgique siège au Conseil de sécurité avec l’ambition de « bâtir le consensus et d’agir pour la paix », a poursuivi le Ministre. Les droits humains jouent un rôle crucial dans cette approche, a-t-il expliqué. Durant son mandat au Conseil de sécurité, la Belgique va s’efforcer de renforcer le lien entre New York et Genève et d’encourager la création de synergies au sujet de la protection des enfants dans les conflits armés. Par ailleurs, le Conseil doit continuer de s’acquitter de son rôle de protecteur des droits et libertés fondamentaux, a déclaré M. Reynders. Il a indiqué que la Belgique avait décidé de présenter sa candidature pour devenir membre du Conseil pour la période 2023-2025.
M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a indiqué que le nouveau Gouvernement du Grand-Duché avait confirmé en décembre son attachement à un système multilatéral efficace avec, en son centre, le système des Nations Unies. « Le multilatéralisme est indispensable pour préserver la paix et la sécurité internationales », a-t-il souligné. Il a relevé que l’on était confronté, « partout dans le monde, à une vague de contestation qui touche directement au respect et à l’universalité des droits humains, en premier lieu – mais pas seulement – dans les situations de conflit ».
C’est « avec consternation » que le Luxembourg observe des attaques répétées contre les défenseurs des droits de l’homme: « Le langage ‘tout sécuritaire’ est utilisé à tout bout de champ pour réduire l’espace civique », a poursuivi le Ministre. Au nom de son pays, il s’est dit « tout aussi préoccupé par la résurgence de discours de haine et de politiques autoritaires qui remettent en question le consensus qui devrait nous unir tous, à savoir l’universalité des droits humains ». Il s’est également dit révolté par un « autre phénomène destructeur », à savoir l’utilisation des violences sexuelles et sexistes comme arme de guerre, de terreur et de soumission.
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a ensuite abordé plusieurs situations méritant selon lui l’attention du Conseil, évoquant l’Afghanistan, le Yémen, la Syrie, le Nicaragua, le Venezuela, le Myanmar, ainsi que « le sort du peuple palestinien ». Il a confié s’être rendu récemment en Éthiopie et en Érythrée « à un moment qui suscite l’espoir » de par la récente réconciliation historique entre ces deux pays. M. Asselborn a enfin évoqué « la migration et les déplacements forcés [qui] sont en partie la conséquence de la pauvreté, de la violence et de l’insécurité ». Il s’est dit fier d’avoir pu endosser le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières en décembre à Marrakech. Il a enfin indiqué que le Luxembourg était candidat pour être élu, pour la première fois de son histoire, en tant que membre à part entière du Conseil des droits de l’homme pour le mandat 2022-2024.
M. MIROSLAV LAJČÁK, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a déclaré que son pays était fier d’être membre de ce Conseil ; c’est là une des manières pour lui de contribuer au système multilatéral. La Slovaquie, qui préside en outre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), défend dans ces cadres trois notions prioritaires: la prévention, la crédibilité et le multilatéralisme. En ce qui concerne la prévention, la communauté internationale a souvent agi trop tard, a fait observer le Ministre slovaque. Or, il faut assurer la prévention des conflits et repérer les signes avant-coureurs, a-t-il souligné. Cela se fait par une observation des droits de l'homme à travers le monde et le Conseil est l’organe qu’il faut pour ce faire, a-t-il plaidé. Pour ce qui est de la seconde priorité – à savoir la crédibilité –, il faut des organes et des organisations crédibles, a souligné M. Lajčák. Il ne s’agit pas seulement de critiquer, de dénoncer ou de montrer du doigt ; il faut des critiques crédibles, a-t-il précisé. Pour ce faire, il faut aussi que toutes les questions problématiques soient mises à l’ordre du jour du Conseil, notamment pour ce qui concerne l’Ukraine ou le Venezuela, a-t-il plaidé.
Quant au multilatéralisme, il ne faut pas laisser tomber les piliers érigés par nos prédécesseurs, a souligné le chef de la diplomatie slovaque, assurant que le Conseil des droits de l'homme dispose de mécanismes qui peuvent faire la différence sur le terrain. Parmi ceux-ci, figurent les commissions d’enquête et les missions d’établissement des faits. Promouvoir les droits de l'homme n’est pas qu’une affaire de discours et c’est aussi une obligation morale, a conclu M. Lajčák.
M. NOURREDINE AYADI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a expliqué que le Conseil doit rester l’espace de dialogue et de concertation à l’écoute des plus faibles ou des sans-voix. Il doit traiter en toute équité les situations qui requièrent son attention. La politisation sape sa crédibilité. Le discours et l’action sur les droits de l’homme doivent réunir et non diviser, a insisté le Vice-Ministre.
La promotion et la protection des droits de l’homme est une priorité des autorités algériennes, a poursuivi M. Ayadi, assurant que le pays assure la pleine jouissance des droits. Pour honorer ses engagements, l’Algérie a présenté son rapport initial devant le Comité des droits des personnes handicapées. L’Algérie a par ailleurs organisé une conférence internationale durant laquelle elle a partagé son expérience en matière de représentation des femmes dans le domaine politique. Le 18 avril prochain sera un temps fort démocratique s’agissant des élections présidentielles en Algérie, a ajouté M. Ayadi. Cette année, pour la première fois, la Haute instance indépendante de surveillance des élections va pouvoir contrôler le bon déroulement de ces élections, a-t-il fait valoir, ajoutant qu’une nouvelle loi d’août 2016 donne aux candidats la possibilité de suivre les opérations de dépouillement et de dresser des procès-verbaux.
La centralité de la question palestinienne n’est plus à démontrer, a d’autre part affirmé le Vice-Ministre algérien des affaires étrangères, ajoutant que le Conseil doit continuer à se préoccuper de cette question. Quant au peuple du territoire non autonome du Sahara occidental, il attend toujours le referendum prévu depuis plus de quatre décennies par les Nations Unies ; le peuple sahraoui croit toujours au triomphe du droit sur la force et sur le fait accompli, a déclaré M. Ayadi. L’Algérie s’est toujours montrée solidaire pour secourir les personnes déplacées et leur venir en aide ; elle coordonne le rapatriement des personnes en coopération avec les pays d’origine, a d’autre part indiqué le Vice-Ministre, avant de mentionner les personnes qui ne sont pas éligibles à la protection internationale ou celles qui par leurs comportements ont abusé de l’hospitalité algérienne.
MME SIGRID KAAG, Ministre du commerce extérieur et pour la coopération au développement des Pays-Bas, a annoncé la candidature de son pays au Conseil des droits de l'homme pour l’exercice 2020-2022 et expliqué ce qui la motivait. La période actuelle est, en effet, le bon moment pour rappeler le pouvoir des principes sur les principes du pouvoir, a-t-elle déclaré. Les Pays-Bas sont partisans d’un monde dans lequel le droit et non la puissance a le dernier mot ; un monde dans lequel le droit répond lorsque l’humanité plaide. En tant que puissance commerciale moyenne, les Pays-Bas ont tout intérêt à ce que le monde soit fondé sur le droit. Les droits de l’homme sont en effet le fondement de la stabilité, de la croissance, des échanges et du bien-être, comme le confirment d’innombrables études et rapports, a observé Mme Kaag. Le choix entre intérêts et valeurs est une dichotomie trompeuse ; on n’a pas à choisir entre les deux car ils se renforcent mutuellement, a-t-elle ajouté.
Mme Kaag a souligné que l’on ne devait pas prendre pour acquis le système de protections mis en place après la Seconde Guerre mondiale. On constate, en effet, depuis plusieurs années, une courbe déclinante en matière de liberté, de droits de l’homme et de démocratie. On est confronté à une crise générale de la coopération multilatérale, qui va du climat au désarmement en passant par les échanges commerciaux et les droits de l’homme. Cette situation doit conduire à une réflexion approfondie, a insisté la Ministre néerlandaise. Les Pays-Bas, à l’instar de la grande majorité des États Membres, sont déterminés à améliorer le système et à le renforcer, a-t-elle affirmé. Lorsque des violations des droits fondamentaux sont commises, il est de notre devoir de réagir. Il est essentiel par ailleurs que toutes les parties prenantes soient représentées au Conseil ; les Pays-Bas sont favorables à ce qu’il soit plus représentatif, ce qui implique une participation qui soit la plus universelle possible. Si le Conseil fait déjà du bon travail, il y a néanmoins encore de la marge pour qu’il s’améliore encore et les Pays-Bas sont disponibles pour contribuer à le rendre plus fort, a indiqué la Ministre. Enfin, il convient de faire preuve de transparence s’agissant des principes: les droits de l’homme ne sont en rien servis par les doubles agendas, a-t-elle affirmé. Enfin, la Ministre a mentionné le soutien apporté par son pays à la promotion et la protection des droits de l’homme, en incitant notamment les sociétés néerlandaises à respecter les droits fondamentaux.
MME SHIREEN M. MAZARI, Ministre des droits de l'homme du Pakistan, a rappelé qu’en tant que membre fondateur du Conseil des droits de l'homme, le Pakistan a joué un rôle actif en contribuant à tous les processus associés à cet organe. Elle a en outre affirmé que les droits de l'homme sont l’un des piliers centraux de son Gouvernement. Elle a précisé que son Ministère avait rédigé des lois très progressistes, notamment sur la justice des mineurs et sur les personnes transgenres, qui permet d’intégrer ces communautés conformément aux principes de la dignité humaine. Des commissions nationale et provinciales sur les droits des femmes sont également en place, a-t-elle ajouté.
Le Pakistan a souffert de grandes pertes humaines en combattant le terrorisme, a ensuite rappelé la Ministre. Le pays a appliqué un moratoire sur la peine capitale mais, après des attentats contre des écoles, le Parlement l’a levé, a-t-elle également rappelé. Ceci dit, la peine capitale n’est prononcée que dans le cas des crimes les plus graves, a-t-elle assuré. Quant aux minorités, elles ont droit à la liberté de religion et le Gouvernement s’est engagé à assurer la protection de ce droit, a poursuivi Mme Mazari. Au contraire de certains pays européens qui interdisent les mosquées, le Pakistan a permis la construction d’églises, a-t-elle fait valoir, estimant que les accusations à l’encontre du Pakistan ne sont donc pas fondées. Par ailleurs, le Ministère des droits de l'homme a présenté au Parlement un projet de loi sur l’abolition de la torture, a ajouté la Ministre.
Le Pakistan a ratifié sept des neuf conventions principales sur les droits de l'homme et s’est soumis à trois examens périodiques universels (EPU), a poursuivi la Ministre, avant de se dire préoccupée par la montée de l’islamophobie et par le traitement réservé aux réfugiés fuyant la guerre et la pauvreté pour gagner l’Europe. Si l’on s’engage pour les droits de l'homme, cela doit s’accompagner d’actions, a-t-elle ajouté.
S’agissant de la question du Cachemire, Mme Mazari a dénoncé « l’occupation indienne brutale » au Jammu-et-Cachemire, les détentions et les exécutions arbitraires, ainsi que les viols et les violences de masse. La communauté internationale est restée honteusement silencieuse sur les exactions commises contre les femmes au Jammu-et-Cachemire, a-t-elle dénoncé. Elle s’est félicitée de la proposition du Haut-Commissariat de mettre en place une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l'homme dans ce contexte. Lorsqu’on laisse les conflits internationaux se développer hors de tout contrôle, des violations sont commises, a insisté la Ministre pakistanaise des droits de l'homme. Elle a déploré que l’Inde se dédouane souvent de toute responsabilité s’agissant des exactions commises au Jammu-et-Cachemire sous prétexte qu’il s’agit d’un territoire disputé.
M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que son pays appuyait le multilatéralisme, seule voie pour affronter les défis auxquelles la communauté internationale est confrontée. Parmi ces défis, le Ministre a cité l’égalité entre les genres: c’est non seulement un impératif éthique, mais aussi une nécessité pratique, car aucun pays ne peut se permettre de ne pas apprécier la valeur de la moitié de ses talents, a-t-il souligné. M. Fontelles a également cité les nouvelles technologies, qui offrent des opportunités exceptionnelles tout en constituant des défis pour les droits de l'homme, notamment en ce qui concerne la liberté d'expression, le droit à l’information ou la violence contre les personnes en situation de vulnérabilité.
Le troisième défi pour lequel le multilatéralisme est la voie idoine est celui des changements climatiques, qui supposent de nouveaux niveaux de protection des droits de l'homme et de développement, a poursuivi le Ministre espagnol. Le dernier défi porte sur l’essor des discours identitaires, de la xénophobie, des nationalismes et des populismes, a-t-il ajouté.
M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a affirmé qu’il existait un lien incontestable entre les droits de l’homme et la sécurité du monde et a souligné que la promotion et la protection des droits de l’homme devaient être la clé de la prévention des conflits. Confirmant son implication active dans le système des Nations Unies, la Pologne souhaite rejoindre le Conseil des droits de l’homme pour la période 2020-2022, a indiqué le Ministre. Dans cette perspective éventuelle, le Ministre a souhaité faire part des priorités de son pays, précisant que la promotion et la protection des droits des fidèles de minorités religieuses figurent au premier rang de celles-ci. La Pologne est particulièrement préoccupée, en effet, par la discrimination et la persécution croissantes à l’encontre des chrétiens, ainsi que d’autres minorités religieuses, dans de nombreuses régions du monde. Cela exige une réponse sans tarder. Dans cet esprit, la Pologne promeut le dialogue interreligieux.
La Pologne attache de même la plus haute importance aux droits de l’enfant, a poursuivi le Ministre, rappelant que son pays avait été activement impliqué dans la rédaction de la Convention qui définit ces droits. Le Ministre a rendu hommage à la mémoire de Janusz Korczak, un juif polonais ayant dévoué sa vie aux enfants qui s’est battu pour sauver les enfants du ghetto de Varsovie et est mort avec ses élèves dans un camp d’extermination nazi.
Le Ministre a ensuite mentionné l’implication de son pays en tant qu’hôte du sommet de la COP24 sur le climat, tenu en décembre dernier à Katowice. Il s’est dit convaincu que cette réunion avait constitué une étape importante pour renforcer l’action climatique à travers le monde. Le rôle de premier plan du Conseil des droits de l’homme dans la promotion, la protection et le renforcement des droits de l’homme est incontestable, a souligné le Ministre ; pour autant, a-t-il ajouté, cela n’empêche pas d’être conscient de ses faiblesses, notamment en matière de représentativité. Enfin, le chef de la diplomatie polonaise a réitéré le soutien déterminé de son pays à l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières reconnues. La Pologne demeure profondément préoccupée par la poursuite du conflit dans l’est de l’Ukraine, ainsi que par les violations des droits de l’homme en Crimée et dans les autres territoires occupés.
M. FRANKIE A. CAMPBELL, Ministre des services sociaux et du développement urbain des Bahamas, a indiqué que l’archipel s’est engagé à un être un membre actif et responsable du Conseil des droits de l'homme et s’est félicité que les Bahamas aient été le premier pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) élu au Conseil. En tant que petit État insulaire en développement, les Bahamas apportent un point de vue unique sur les problèmes internationaux, au premier rang desquels le changement climatique, qui représente une menace existentielle, a poursuivi le Ministre. Il faut que la communauté internationale se concentre sur le renforcement de la résilience et aussi sur l’assistance humanitaire et la reconstruction, a-t-il fait valoir.
Il ne peut y avoir de développement économique et social sans égalité des sexes et sans autonomisation des femmes, a poursuivi le Ministre, indiquant que son Gouvernement avait élaboré un plan pour mettre un terme à la violence domestique par le biais de la prévention, de la protection et de la reddition de comptes. Le Ministre a ensuite évoqué le récent naufrage de migrants haïtiens à l’approche des côtes des Bahamas, pour s’inquiéter des implications complexes pour les droits de l'homme des migrations non sûres. Quant au chômage des jeunes et au trafic d’armes à feu, ce sont d’autres défis auxquels les Bahamas essaient de remédier, a-t-il indiqué.
Le Conseil fait face à une montée de défis mondiaux complexes, a d’autre part relevé le Ministre, affirmant y voir des menaces croissantes contre l’état de droit et le système multilatéral dans son ensemble. Le Conseil devra renforcer le dialogue pour assurer une approche équitable, la non-politisation et la non-sélectivité dans ses travaux, a déclaré M. Campbell. Pour lui, un Conseil fort avec une charge de travail raisonnable peut faire une différence sur le terrain. Le Conseil a été créé en tant que forum multilatéral pour les droits de l'homme et le monde en attend des résultats, a conclu le Ministre bahamien.
Mme Maminata Ouattara, Ministre des droits humains et de la promotion civique du Burkina Faso, a déclaré que son pays demeurait préoccupé par l’actualité des conflits armés qui occasionnent de graves violations et atteintes aux droits humains, ainsi que des déplacements massifs de populations. La Ministre a expliqué que son pays, pour avoir été régulièrement la cible d’actes terroristes depuis 2015, mesure leurs conséquences multidimensionnelles, en particulier sur l’effectivité des droits humains.
Même si l’état d’urgence a été instauré le 1er janvier dernier dans 14 provinces sur les 45 que compte le Burkina Faso, Mme Ouattara a souhaité rassurer le Conseil sur le fait que les mesures prises dans ce cadre sont conformes aux engagements internationaux du Burkina Faso, notamment ceux résultant du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le Burkina Faso, qui assure en 2019 la Présidence du G5 Sahel, veille au respect des droits humains par les éléments des forces armées déployées dans ce cadre, a ajouté Mme Ouattara. La Ministre a lancé un appel pour une mutualisation des efforts en vue de renforcer la lutte contre les groupes terroristes.
Par ailleurs, Mme Ouattara a expliqué que le Burkina Faso poursuivait ses efforts de mise en œuvre du Plan national de développement économique et social. De plus, la Commission nationale des droits humains et l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption ont vu leur mandat renforcé. En vue de renforcer le cadre juridique de promotion et de protection des droits humains, une loi concernant les défenseurs des droits humains a été adoptée en 2017, leur permettant de mener librement et efficacement leurs activités, tout en leur assurant des droits spécifiques et des garanties appropriées, a dit la Ministre.
M. ELMAR MAHARRAM OGLU MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a souligné le rôle essentiel du Haut-Commissariat aux droits de l’homme alors que persistent les défis en matière de droits fondamentaux, tels que le déplacement forcé de millions de personnes, et que sévissent diverses formes de discrimination. L’Azerbaïdjan attache une grande importance à son rôle en matière d’assistance technique et de renforcement des capacités aux États membres qui en font la demande, et continuera d’apporter des contributions volontaires afin de soutenir le Haut-Commissariat, a assuré le Ministre.
Tout en étant observateur des activités du Conseil, l’Azerbaïdjan contribue activement à son travail, en participant notamment à l’élaboration de projets de résolution. En outre, cette année, en coopération avec le Haut-Commissariat, Bakou accueillera une conférence internationale sur les services publics au cours de laquelle les États participants pourront exposer leurs meilleures pratiques. Par ailleurs, le Gouvernement azerbaïdjanais promeut des programmes à grande échelle visant à faire en sorte que ses citoyens jouissent pleinement de leurs droits et libertés fondamentaux.
Le Ministre a évoqué le conflit opposant son pays à l’Arménie qui continue, selon lui, de représenter « une menace majeure à la paix et la sécurité régionales et internationales, aux droits de l’homme et au développement ». Il a rappelé que vingt-sept ans après l’éclatement du conflit en 1992, vingt pour cent du territoire de son pays demeurait occupé par son voisin et que plus d’un million d’Azerbaïdjanais victimes de nettoyage ethnique avaient été déplacés par la force de leur terre natale. Cette situation fait de l’Azerbaïdjan, qui compte dix millions d’habitants, l’un des pays les plus durement touchés par le problème des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Encouragée par le silence de la communauté internationale, l’Arménie continue de violer les droits fondamentaux des déplacés et réfugiés, a déploré M. Mammadyarov. Il a appelé le Conseil, ses titulaires de mandat et le Haut-Commissariat à affirmer une position de principe et à entreprendre des actions afin de remédier à cette situation.
M. Palamagamba Kabudi, Ministre des affaires juridiques et constitutionnelles de la Tanzanie, a déclaré que l’objectif de son pays était le bien-être de la population. Dans ce cadre, des transformations socioéconomiques sont mises en œuvre par le biais d’un plan de développement à l’horizon 2025. Le Gouvernement de la Tanzanie s’attache à faire passer le pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire. Un vaste de plan d’accès à l’eau potable pour tous les citoyens a par ailleurs été lancé. Le taux de scolarisation a augmenté de plus de 30% ces dernières années dans le primaire et de 20% dans le secondaire.
Le Gouvernement a par ailleurs augmenté sensiblement le budget alloué à la santé: le but est que les médicaments et les soins de santé soient accessibles dans les villages. On compte 696 centres de santé en Tanzanie, financés par le budget de l’État. D’autre part, le Gouvernement de la Tanzanie continue à mettre en œuvre son plan pour éradiquer la violence à l’encontre des femmes et des enfants. D’autres mesures sont prises pour l’autonomisation des femmes, des enfants et des personnes handicapées. Une loi a par ailleurs été adoptée sur l’assistance juridique qui élargit considérablement les domaines pour lesquels les personnes indigentes peuvent obtenir un avocat dans les matières civiles.
Le Ministre a également fait savoir qu’il n’y avait aucune tolérance envers la corruption en Tanzanie, et que la Commission nationale des droits de l’homme avait vu son budget et ses pouvoirs élargis. La Tanzanie est très attachée à la liberté de la presse, a poursuivi le Ministre, soulignant que l’on recense de nombreux médias privés dans le pays. Le Gouvernement entend que les droits sociaux, économiques et culturels soient une réalité pour tous les Tanzaniens, a conclu le Ministre.
M. FRANCISCO RIBEIRO TELLES, Secrétaire exécutif de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), a fait savoir que la défense et la promotion des droits de l'homme figuraient dans tous les domaines d’intervention de son organisation. La CPLP s’efforce de renforcer les excellentes relations qu’elle entretient avec l’ONU ainsi que la coopération dans différents domaines, par exemple dans les travaux du Conseil des droits de l'homme. M. Ribeiro Telles a mis en avant l’organisation de séminaires consacrés à l’examen périodique universel (EPU) au Brésil en 2015 et au Cap Vert en 2018. La CPLP a aussi déclaré 2019 comme « l’année pour la jeunesse », estimant qu’il faut continuer à garantir la participation des jeunes dans la définition des politiques qui les concernent.
L’interrelation entre les droits de l'homme et les Objectifs de développement durable existe déjà au sein de la CPLP, a dit son Secrétaire exécutif, citant en exemples les programmes pour le droit à une alimentation adéquate, la lutte contre le travail des enfants, la lutte contre la traite des êtres humains, la défense et la promotion des droits des personnes handicapées, et la lutte contre la cybercriminalité. La CPLP est un pacte d’amitié fondé sur la solidarité dans le cadre de la diversité, a-t-il conclu.
M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a expliqué que le multilatéralisme constituait l’un des principaux principes de la politique étrangère de son pays. Parmi les sujets de préoccupation qui rendent le multilatéralisme particulièrement pertinent dans la période actuelle figurent la persistance de conflits armés, le changement climatique, le désarmement, l’extrême pauvreté et le chômage causé par le ralentissement de l’économie mondiale, a-t-il ajouté. Si l’on ne promeut pas le plein potentiel du multilatéralisme en renforçant la coopération et le partage des responsabilités, il sera particulièrement complexe d’assurer une action collective efficace susceptible de bénéficier à la communauté internationale, sans considération de la richesse, du degré de développement ou de la taille des pays. Sans le concept du multilatéralisme, il sera tout aussi ardu de parvenir aux objectifs de la Charte des Nations Unies, et de parvenir au progrès et au bien-être de la population mondiale, a averti le chef de la diplomatie angolaise.
Le multilatéralisme est incontournable si l’on entend relever les défis actuels et faire face aux nouvelles menaces à la paix et la sécurité internationale. Il y a urgence à réformer les organisations internationales, y compris ceux relatifs aux droits de l’homme du système multilatéral, a ajouté M. Augusto.
En conclusion, le Ministre a estimé que la communauté internationale était consciente, d’une part, qu’il était impossible de surmonter les crises actuelles par des initiatives unilatérales qui, contrairement à ce qui est attendu, affectent grandement la possibilité de solutions efficaces, rapides, collectives et durables. D’autre part, tous les pays sont importants, il n’y a pas de grandes et petites nations ; toutes sont égales, a-t-il conclu.
M. Mohammed Mohammed, Ministre de la justice de la Libye, a expliqué que la Libye a toujours apporté son soutien aux mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. L’engagement envers les droits de l’homme est une obligation constitutionnelle et cet engagement sera renforcé par l’adoption du projet de Constitution permanente, a-t-il souligné, précisant que cette nouvelle Constitution prévoit que les dispositions des instruments internationaux l’emportent sur les lois nationales.
Le Ministre a fait part de résolutions adoptées par la Libye concernant la situation des détenus. L’une d’elles prévoit la libération de plus de deux mille détenus ayant déjà purgé leur peine, alors que d’autres résolutions visent à faire libérer sur une base humanitaire des dizaines de personnes poursuivies au pénal sous l’ancien gouvernement. Le pays veille à améliorer la situation des détenus dans le pays, a insisté M. Mohammed. Des mesures sont prises pour améliorer la situation économique des citoyens et pour améliorer le pouvoir d’achat, a-t-il en outre indiqué. Il a en outre fait état de l’adoption d’une résolution visant à créer une unité dont l’objectif est d’autonomiser les femmes et garantir leurs droits sociaux, économiques, culturels et autres.
La Libye coopère avec le Conseil et l’ensemble des procédures spéciales y associées, auxquelles elle a adressé une invitation permanente, a ajouté le Ministre, avant d’inviter Mme Michelle Bachelet, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, à continuer la coopération (du Haut-Commissariat) avec la Libye. Le pays a accueilli plus de deux millions de migrants depuis 2011, a poursuivi M. Mohammed. Malheureusement, il n’est plus en mesure d’en accueillir davantage, a-t-il ajouté. La Libye craint que les migrants ne se retrouvent pris en otage par des groupes terroristes ou des organisations de traite des personnes, a-t-il indiqué. Dès que la situation sera stabilisée en Libye, le pays pourra accueillir un grand nombre de personnes venues d’Afrique légalement, a fait savoir M. Mohammed. Il a par ailleurs souligné que les Palestiniens devaient pouvoir rentrer chez eux et créer leur propre État avec Jérusalem-Est pour capitale. Une solution politique doit aussi être trouvée au Yémen, a déclaré le Ministre libyen.
MME SIMONA LESKOVAR, Ministre adjointe des affaires étrangères de la Slovénie, a affirmé que le Conseil est un forum mondial essentiel pour protéger les droits de l'homme et les libertés fondamentales et a assuré que la Slovénie est un fervent défenseur du mandat et de l’indépendance de la Haute-Commissaire. Elle a rappelé que « le multilatéralisme est essentiel à la paix, à la sécurité et aux droits de l'homme ».
L’autonomisation des femmes et des filles est une priorité pour la Slovénie, a poursuivi la Ministre adjointe, soulignant qu’elles ont un énorme potentiel pour assurer la pleine jouissance des droits de l'homme. Par ailleurs, Mme Leskovar a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en faveur d’un environnement sûr et sain. Elle a ensuite attiré l’attention sur les droits des personnes âgées dans des sociétés vieillissantes et sur la nécessité de leur donner des opportunités. La Slovénie va également continuer à promouvoir les droits des minorités, pour des sociétés justes et pacifiques. Les violations des droits de l'homme peuvent donner lieu à des crimes atroces et générer des conflits, a ajouté la Ministre adjointe, appelant les États à protéger leurs populations. Mme Leskovar a dit accorder une grande importance aux mécanismes internationaux visant les allégations de violations des droits de l'homme et s’est dite préoccupée par la situation au Myanmar, au Venezuela, au Yémen, en Syrie et dans les zones occupées de l’Ukraine. Quant à l’EPU, elle l’a qualifié d’instrument clé pour renforcer le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
MME TERESA RIBEIRO, Ministre adjointe des affaires étrangères du Portugal, a fait observer que la réalisation universelle des droits de l'homme est une tâche inachevée, même si beaucoup a été fait depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. On constate cependant que dans de nombreuses régions du monde, l’universalité des droits de l'homme s’érode ; ils sont bafoués, niés, piétinés, a-t-elle déploré, insistant alors sur le rôle du Haut-Commissariat aux droits de l'homme pour en assurer la réalisation. Mme Ribeiro a ensuite indiqué que son pays, qui s’apprête à passer son prochain Examen périodique universel, reste attaché à ce mécanisme et aux droits de l'homme. Le Portugal a aussi établi des priorités, portant notamment sur les droits de l’enfant et sur la peine de mort – une peine dont le Portugal reste un ardent défenseur de l’abolition universelle. A ce titre, le Portugal regrette la tendance au retour de la peine capitale dans quelques pays. Il s’inquiète notamment de l’annonce de Sri Lanka de la rétablir et espère que Sri Lanka renoncera à cette éventualité.
La jeunesse est une autre priorité du Portugal, a poursuivi la Ministre adjointe, rappelant que son pays avait accueilli en 1998 la première conférence mondiale des ministres de la jeunesse. Cette rencontre avait abouti à l’adoption de la Déclaration de Lisbonne et servi de base à la proclamation par l’Assemblée générale de la Journée internationale de la Jeunesse, qui a lieu le 12 août de chaque année. Le Portugal organisera, les 22 et 23 juin prochain, la seconde conférence mondiale des ministres de la jeunesse, dénommée « Lisbonne + 21 », a indiqué Mme Ribeiro. Parmi les autres priorités du Portugal, figure la question migratoire, a-t-elle poursuivi, espérant dans ce contexte que tous les pays adhèreront au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le Portugal défend également le droit à l’éducation et a lancé dans ce cadre la plateforme mondiale de soutien pour les étudiants syriens, qui permet d’accueillir des dizaines d’étudiants syriens victimes de la guerre. La délégation portugaise présentera à la présente session un projet de résolution sur les droits économiques, sociaux et culturels.
Évoquant les sujets de préoccupation de son pays, Mme Ribeiro a cité le Venezuela. Elle a précisé que dans le cadre de l’Union européenne, le Portugal avait lancé un appel en faveur d’élections libres, crédibles et démocratiques, afin de clore la page du « processus électoral illégitime de mai dernier » et parvenir à une transition démocratique. Par ailleurs, a-t-elle ajouté, le Portugal continuera de rester attentif aux situations du Myanmar, de la Syrie, de la République populaire démocratique de Corée et du Soudan du Sud.
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HRC/19/07F