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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TERMINE SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU ET TIENT SON DÉBAT GÉNÉRAL

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a achevé, cet après-midi, son débat de haut niveau, entamé à l’ouverture de la session avant-hier, en entendant des hauts dignitaires du Soudan du Sud, de l’Ouzbékistan, du Burundi, du Chili, des Philippines, du Nicaragua, ainsi que de la Commission interaméricaine des droits de l'homme. Le Conseil a ensuite tenu son débat général en entendant les déclarations de plusieurs délégations*.

« Un monde de la pensée unique n’est plus possible. Les peuples veulent dessiner eux-mêmes leur destin sans ingérence extérieure », a notamment déclaré cet après-midi le Ministre burundais des droits de l'homme, ajoutant avoir l’impression qu’une partie de l’humanité veut dicter sa volonté et estimant que pour remédier à cette situation, il était temps de réformer les mécanismes du Conseil. L’esprit du multilatéralisme représenté par les Nations Unies, y compris le Conseil, doit être préservé en veillant à éviter toute politisation des droits de l’homme, a pour sa part affirmé le Sous-Secrétaire du Secrétariat de la Commission présidentielle des droits de l’homme des Philippines. Le Premier Directeur adjoint du Centre des droits de l’homme de l’Ouzbékistan a quant à lui insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale pour mettre en œuvre les Objectifs de développement durable.

Dans le cadre de son débat général, en fin d’après-midi, le Conseil a notamment entendu la délégation de l’Inde remercier les États qui ont condamné les « attaques lâches » perpétrées au Cachemire par un groupe terroriste basé au Pakistan. Plusieurs délégations ont en outre plaidé pour le respect des principes d’objectivité, de non-sélectivité et de non-ingérence dans les affaires internes des États.


Demain, le Conseil reprendra ses travaux à partir de 9 heures pour entendre un certain nombre de délégations exercer leur droit de réponse, avant d’entamer ensuite l’examen du point 3 de son ordre du jour, consacré à la promotion et à la protection de tous les droits de l’homme. Il tiendra dans ce cadre un dialogue interactif groupé avec l’Expert indépendant sur les effets de la dette extérieure et la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation.


SUITE ET FIN DU DEBAT DE HAUT NIVEAU

M. NHIAL DENG NHIAL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Soudan du Sud, a rappelé que le Gouvernement de transition d’unité nationale a signé l’accord de paix revitalisé avec les groupes d’opposition en septembre 2018, ce qui a réveillé de nouveaux espoirs pour une solution pacifique et durable au conflit. La période de transition va commencer en mai 2019 avec la mise en place d’un gouvernement revitalisé de transition d’unité nationale, a précisé le Ministre, avant de lancer un appel en faveur de contributions au financement nécessaire à la paix.

L’économie se stabilise et Juba est à nouveau peuplée, ce qui est un signe de retour à la normalité, a poursuivi le Ministre. Un autre signe est la réunification du parti au pouvoir, le SPLM, dont la scission avait déclenché le conflit en 2013, a-t-il ajouté. Depuis 2005, le Soudan du Sud a ouvert ses portes à la communauté internationale, mais certains cercles, dont des ONG, n’ont pas saisi ce geste de coopération et l’ont utilisé pour lancer des campagnes d’accusation contre le Gouvernement, a déploré le Ministre. Il s’est notamment insurgé contre les accusations de viols qui auraient été rapportées à Médecins sans frontières (MSF) à Bentiu, ajoutant que les agissements de MSF laissent clairement entendre les intentions politiques de cette organisation. Il a ensuite affirmé que le récent rapport de la Commission de l’ONU sur les droits de l'homme au Soudan du Sud ne reflète pas la situation dans le pays. Les mécanismes des droits de l'homme chargés de suivre la situation projettent du Soudan du Sud la vision d’un pays où la dignité ne serait pas respectée, a-t-il déploré. En outre, les trois mécanismes créés concernant ce pays ont des mandats similaires, ce qui entraîne des chevauchements et des malentendus ne favorisant pas une atmosphère de coopération dans le travail avec les autorités. Le Ministre a demandé au Conseil de transférer l’examen de la situation au Soudan du Sud du point 4 au point 10 de l’ordre du jour du Conseil, afin que le pays puisse se concentrer sur les questions d’assistance technique et de renforcement des capacités.

M. Mirzatillo Tillabaev, Premier Directeur adjoint du Centre des droits de l’homme de l’Ouzbékistan, a insisté sur la nécessité, dans le monde actuel, de renforcer la coopération internationale pour mettre en œuvre les Objectifs de développement durable (ODD). L’Ouzbékistan va planter 50 000 hectares de verdure sur les fonds asséchés de la mer d’Aral, dans le cadre de sa politique contre les changements climatiques, a-t-il ensuite indiqué. Le pays sera toujours attaché aux principes de l’entente et de la tolérance religieuses, raison pour laquelle il a entrepris plusieurs actions dans ce domaine aux niveaux national et international, a-t-il également fait valoir. Le Président ouzbèke a adopté un décret visant à améliorer le mécanisme chargé du suivi des recommandations issues des mécanismes de droits de l’homme des Nations Unies et de la rédaction des rapports dus dans ce contexte. L’Ombudsman a vu ses capacités renforcées. Les autorités souhaitent par ailleurs créer un ombudsman pour les enfants en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Cette année est une année électorale en Ouzbékistan, a par ailleurs rappelé M. Tillabaev. Dans ce contexte, a-t-il précisé, les autorités vont éliminer les limites à la participation au scrutin pour les personnes condamnées à des crimes mineurs. L’Ouzbékistan est par ailleurs candidat pour être membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2021-2023, a indiqué M. Tillabaev.

M. MARTIN NIVYABANDI, Ministre des droits de l'homme, des affaires sociales et du genre du Burundi, a déclaré que depuis l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le débat n’a jamais été aussi fort qu’aujourd'hui, dans un monde changeant caractérisé par des crises de toute sorte. L’heure est venue pour tous les acteurs de changer d’approche pour promouvoir un monde respectueux et protecteur des droits de l'homme, a-t-il ajouté. « Un monde de la pensée unique n’est plus possible. Les peuples veulent dessiner eux-mêmes leur destin sans ingérence extérieure », a poursuivi le Ministre, ajoutant avoir l’impression qu’une partie de l’humanité veut dicter sa volonté que l’autre doit exécuter. Pour remédier à cette situation, il a estimé qu’il était temps de réformer les mécanismes du Conseil des droits de l'homme. Le principe de la majorité simple lors de votes doit être repensé, a proposé le Ministre burundais. Il faut par ailleurs privilégier les mécanismes nationaux de promotion et protection des droits de l'homme.

Les mécanismes nationaux du Burundi, comme par exemple la Commission indépendante des droits de l'homme, la Commission vérité et réconciliation, le Conseil national pour l’unité et la réconciliation, ou encore l’observatoire national pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, font un travail « spectaculaire », avec peu de moyens. Les violences sexuelles basées sur le genre ont chuté; les meurtres ont diminué; les procès ont été accélérés et des milliers de prisonniers ont été libérés, dont 3000 le seront bientôt, a fait valoir le Ministre.

M. Nivyabandi a également déclaré que les sanctions imposées par l’Union européenne contre son pays, en plus d’être contraires à l’Accord de Cotonou, signé entre l’Union européenne et les pays africains et du Pacifique, sont contre-productives et touchent le quotidien des populations. Pourquoi l’aide au développement devrait-elle être liée à des conditions qui n’ont rien à voir avec le développement, a-t-il demandé ? Il a assuré que le Burundi, qui a été déchiré par un demi-siècle de colonisation et qui a connu une dictature militaire de quarante ans et une guerre civile, reste pour sa part engagé à promouvoir et défendre les droits de l'homme et à privilégier le partenariat au lieu du paternalisme. En conclusion, le Ministre des droits de l'homme du Burundi a déclaré que son pays ne considèrera pas les conclusions du rapport de la Commission d’enquête sur le Burundi qui sera présenté au cours de cette session et qui ne vise – selon lui – qu’à ternir l’image de son pays.

M. JUAN PABLO CRISÓSTOMO, Directeur pour les droits de l'homme au Ministère des affaires étrangères du Chili, a rappelé que son pays s’est soumis à son troisième EPU en janvier dernier et a manifesté son attachement sans réserve aux droits de l'homme. Comme son histoire le lui rappelle, le Chili sait qu’aucune raison ni aucun contexte politique ne justifient les violations de droits de l'homme, a-t-il souligné. Le Chili a toujours accordé une attention particulière à la coopération avec le système des droits de l'homme, qui lui permet de bénéficier de diagnostics et d’outils supplémentaires pour garantir la pleine jouissance des droits de l'homme. Le Chili estime que l’universalité des droits exige de promouvoir des contextes vertueux, qui sont liés à la démocratie, à l’état de droit et au développement intégral et durable des personnes. Dans une authentique démocratie, les personnes peuvent s’exprimer librement, dénoncer les abus, contrôler leurs autorités et évaluer leur action en matière de droits de l'homme par le biais d’élections régulières, libres et transparentes, a souligné M. Crisóstomo.

Depuis son retour à la démocratie en 1990, le Chili est particulièrement attentif aux droits de l'homme en Amérique latine, a poursuivi le Directeur, avant de faire part de la préoccupation de son pays face aux situations au Venezuela et au Nicaragua. Il a condamné les violations des droits de l'homme commises par Nicolas Maduro contre son propre peuple et le refus d’accès que ce dernier a opposé ces derniers jours à l’aide humanitaire. Le Chili reste confiant dans la capacité du Venezuela de retrouver la démocratie grâce à Juan Guaidó et apporte tout son soutien à une sortie de crise pacifique et politique, a déclaré M. Crisostomo. Au sujet du Nicaragua, a-t-il ajouté, le Chili appelle la communauté internationale à promouvoir une action coordonnée pour préserver la démocratie, l’état de droit et les droits de l'homme.

M. Severo S. Catura, Sous-Secrétaire du Secrétariat de la Commission présidentielle des droits de l’homme des Philippines, a affirmé que le multilatéralisme continue de rassembler les nations, comme en témoigne sa dernière réalisation, qui est le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. L’esprit du multilatéralisme représenté par les Nations Unies, y compris le Conseil, doit être préservé en veillant à éviter toute politisation des droits de l’homme. La responsabilité de l’État de protéger signifie qu’il faut protéger les citoyens qui protègent la loi contre ceux qui la violent, a ajouté M. Catura.

Les Philippines ont lutté durant des siècles pour être une démocratie, a poursuivi M. Catura. La Constitution philippine protège la dignité de chaque être humain et l’archipel a toujours plaidé en faveur des droits de l’homme dans la région, notamment au sein de l’ANASE, a-t-il fait valoir. Les Philippines sont fières de leurs réalisations en matière de l’égalité des sexes et de mise en œuvre d’un statut pour les migrants. Cette année, l’ONU commémore le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, a en outre rappelé M. Catura, avant d’attirer l’attention sur les lois adoptées par son pays pour protéger les enfants contre les violences et contre les catastrophes naturelles. Les enfants sont essentiels pour l’avenir des Philippines et c’est l’une des raisons pour laquelle le pays a décidé de lutter de manière forte contre la drogue, a-t-il par ailleurs déclaré. Protéger les enfants est une responsabilité des Philippines, a-t-il insisté. Aujourd’hui, a-t-il ajouté, les rues sont plus sûres et le taux de criminalité a baissé. Les Philippines regrettent que les critiques contre cette politique se fondent sur des allégations infondées propagées par certains cercles qui, faisant preuve de peu de sens des responsabilités, semblent plus inquiets pour les trafiquants que pour la population.

M. JOEL HERNÁNDEZ, Premier Vice-Président de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, a rappelé que la Commission contribue, depuis soixante ans, à la promotion et à la protection des droits de l'homme dans les Amériques. M. Hernández a fait observer que certains pays du continent américain connaissent des situations combinant des systèmes démocratiques fragiles, des discours autoritaires et nationalistes ainsi que la répression contre certaines catégories de la population, comme les défenseurs des droits de l'homme et les peuples autochtones. Parmi ces pays, la Commission porte une attention particulière au Nicaragua et au Venezuela, a dit M. Hernández.

Au Nicaragua, la Commission est préoccupée par la violence et par les excès de la force publique exercés pour faire taire, depuis plus de dix mois maintenant, les opposants au gouvernement. La Commission déplore aussi la censure qui s’exerce contre les moyens de communication et la détention de journalistes et d’opposants. Face à cette situation, marquée également par l’impunité, le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants mis en place par la Commission a rendu un premier rapport, qui a été transmis au Gouvernement nicaraguayen. Le rapport recommande, entre autres, une réforme intégrale des institutions afin d’apporter des garanties de non-répétition, a expliqué M. Hernández.

Dans le cas du Venezuela, la crise actuelle est née d’une altération de l’ordre constitutionnel et est caractérisée par une grave crise économique, alimentaire et sanitaire. La Commission, qui est d’avis que seule la restauration de l’ordre constitutionnel peut résoudre cette crise, réaffirme sa disposition à collaborer à cette fin pour permettre le respect des droits de l'homme au Venezuela, a conclu M. Hernández.

M. ADOLFO JARQUÍN ORTEL, Vice-Commissaire aux droits de l'homme du Nicaragua, a mis en avant le changement de perspective, de philosophie et de travail dans la promotion et la défense des droits de l'homme qui est à l’œuvre dans son pays. La restitution des droits de l'homme est devenue une politique d’État, dans laquelle l’être humain est le centre et l’axe des programme et projets. Cette politique a débouché sur une sécurité citoyenne exemplaire, un dynamisme économique et la réduction de la pauvreté, a assuré M. Jarquín Ortel. Il a également vanté les bons résultats de son pays pour réduire la faim, la mortalité infantile et l’analphabétisme.

En revanche, il a dénoncé de terribles actes de violence commis au Nicaragua depuis l’année dernière, notamment des actes de terrorisme et des crimes de haine. Ces actes ont posé les bases pour perpétrer un coup d’État qui détruirait l’ordre démocratique et constitutionnel du Nicaragua, a précisé M. Jarquín Ortel. Il a assuré qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Nicaragua et que les personnes incarcérées à la suite des faits de violence sont poursuivies pour des actes de droit commun et seront soumises à un procès conforme et dans le respect des droits de l'homme. Il a précisé que la Constitution stipule que les citoyens ont droit à une information exacte, et s’est dit surpris que certains médias aient choisi une ligne de confrontation avec le Gouvernement.

Par ailleurs, M. Jarquín Ortel a dénoncé devant le Conseil une « faiblesse méthodologique » dans les enquêtes réalisées par les mécanismes de l’Organisation des États américains, entre autres organisations, au sujet de la crise au Nicaragua. Ces enquêtes omettent de manière intentionnelle les nombreuses preuves de l’usage d’armes de guerre durant les manifestations qui ont causé la mort de 198 personnes, a-t-il précisé. Il a salué les efforts du Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale pour rétablir l’ordre public et a annoncé que la « table de dialogue national » avait repris ses travaux en ce 27 février 2019: tous les secteurs de la société y participent, l’église catholique étant médiatrice. Enfin, M. Jarquín Ortel a assuré que le Gouvernement travaille avec le système universel et régional des droits de l'homme, et qu’il est faux de prétendre que le Gouvernement a expulsé la mission de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme.

DÉBAT GÉNÉRAL

L’Autriche a fait observer que, les droits n’étant pas acquis une fois pour toutes, il faut être vigilant et veiller à leur mise en œuvre durable. Aucun État n’a de bilan parfait en matière de droits de l’homme. L’objectif n’est pas la perfection mais le progrès. L’Autriche a beaucoup progressé en matière des droits de l’homme ces dernières années. L’État de droit est essentiel pour faire des droits de l’homme une réalité. L’Autriche s’intéresse en particulier au respect des droits de l’homme dans l’espace numérique. Elle est aussi attachée à promouvoir la coopération inter-régionale pour rétablir la confiance entre les membres du Conseil. L’Autriche continuera de promouvoir ses initiatives pour la défense des droits des minorités, entre autres domaines.

L’Inde a remercié les États qui ont condamné les attaques lâches perpétrées au Cachemire par un groupe terroriste basé au Pakistan. Bien que le terrorisme soit reconnu depuis longtemps comme une menace mondiale, certains tentent de saper les initiatives qui visent à adopter une tolérance zéro dans ce domaine, a regretté l’Inde. Elle a exhorté le Pakistan à prendre des mesures contre le groupe terroriste incriminé. En janvier 2005, le Pakistan avait pris l’engagement public de ne pas permettre à des groupes terroristes de se livrer à leurs activités sur son territoire, a rappelé l’Inde: elle a demandé au Pakistan d’honorer cet engagement.

Le Nigéria a remercié les délégations qui ont participé à l’Examen périodique de son pays, avant de les assurer de la détermination de son Gouvernement de mettre en œuvre toutes les recommandations émises. Au titre des progrès déjà réalisés, le Nigéria a cité la loi sur les personnes handicapées et la loi abaissant l’âge minimum d’éligibilité aux fonctions législatives et présidentielle, ayant pour objet d’accroître la participation des jeunes à la vie politique. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Nigéria continue de sensibiliser ses forces de sécurité aux droits de l'homme, a ajouté le représentant, avant d’ajouter que son pays avait également progressé dans la lutte contre la corruption.

Le Sénégal a, lui aussi, réaffirmé son attachement aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales. Alors qu’il préside le Conseil des droits de l'homme, le Sénégal souhaite que cet organe soit plus actif dans la prévention des conflits et qu’il instaure un dialogue et une coopération avec les États, a dit le représentant.

La Chine a demandé que les droits de l'homme ne servent pas de prétexte pour s’ingérer dans les affaires internes des États. Le représentant chinois a déploré qu’au cours du débat de haut niveau, des orateurs aient fait allusion à la région au Xinjiang. Selon le représentant, ces déclarations étaient basées sur des préjugés. La Chine lutte contre le terrorisme au Xinjiang tout en fournissant les services sociaux de base aux populations. Plusieurs journalistes et diplomates étrangers ont pu visiter cette région sur invitation du Gouvernement: ils y ont vu une autre réalité, différente de ce que renvoient les médias, a assuré le représentant chinois.

Israël s’est dit fier de représenter la seule démocratie au Moyen-Orient, une démocratie où les droits de l'homme sont promus. Le pays s’est en revanche plaint de discrimination et de préjugés dans l’enceinte du Conseil. Israël fait face à des défis dans une région où les organisations terroristes prolifèrent, sponsorisées par des États comme l’Iran, a poursuivi la délégation israélienne. Tant que le « point 7 » figurera à l’ordre du jour du Conseil, cet organe perdra sa crédibilité, a-t-elle ajouté.

Le Timor-Leste a salué le Conseil comme forum de dialogue constructif. Le pays a indiqué avoir récemment adopté une loi contre la traite de personnes et une loi sur l’immigration et l’asile. Bien qu’étant encore une jeune démocratie, le pays n’en a pas moins déjà mis en place de nombreux programmes de défense les droits de l'homme et encourageant la participation des femmes. Le Timor-Leste dispose d’un système de santé universel; il a fait baisser de moitié la mortalité infantile et a presque éradiqué le paludisme.

Oman a exprimé son soutien aux efforts du Conseil visant à protéger les droits de l’homme partout dans le monde, y compris le droit au développement. Oman présente ses rapports dus périodiquement et travaille à la mise en place des recommandations qui lui sont adressées, a ajouté la délégation omanaise, faisant observer que l’Examen périodique universel auquel sera soumis le pays l’an prochain permettra de voir les avancées qu’il a réalisées. Il ne suffit pas de brandir la Déclaration universelle des droits de l'homme pour contenir les guerres ou les conflits armés, a poursuivi la délégation, avant de plaider pour une reprise des négociations entre la Palestine et Israël. Oman a en outre demandé à la communauté internationale d’éviter toute politisation des débats.

Le Viet Nam a dit être fermement convaincu que le respect des droits de l’homme est indispensable pour éviter les conflits. Il n’y a que par un travail commun que les engagements au niveau mondial pourront avoir un impact concret, a insisté le pays. Il faut cependant prendre en compte les différents niveaux de développement des pays, a poursuivi la délégation vietnamienne. Le Viet Nam accorde beaucoup d’importance au mécanisme de l’EPU et entend continuer à respecter scrupuleusement ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et à coopérer avec l’ensemble des mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies. Le pays accorde la priorité à l’éducation aux droits de l’homme, a conclu la délégation.

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a présenté des exemples de contribution du PNUD aux droits de l’homme. Le Programme a ainsi indiqué avoir publié des lignes directrices sur la protection des droits des personnes handicapées. Le PNUD appuie par ailleurs les États Membres afin qu’ils puissent concrétiser les engagements internationaux auxquels ils ont souscrit dans le domaine des droits de l’homme. Le Programme apporte également son soutien aux États Membres dans le cadre de l’EPU. Le PNUD accorde en outre la plus haute importance au soutien aux institutions nationales des droits de l’homme.

La Côte d’Ivoire a déclaré que le Conseil et le Haut-Commissariat doivent adopter une démarche plus proactive concernant les conflits, à travers les mécanismes à leur disposition, tout en veillant à ce que les principes fondateurs, notamment l’universalité, l’objectivité, la non-politisation et la non-sélectivité, demeurent toujours le leitmotiv de l’examen des questions de droits de l’homme. La Côte d’Ivoire continue de s’investir dans la promotion et la protection des droits de l'homme sur son territoire et les résultats des efforts consentis à cette fin se traduisent en substance par l’amélioration de la jouissance de tous les droits des populations, notamment les droits économiques, sociaux et culturels. Une attention particulière est en outre portée à la réconciliation nationale à travers l’adoption, en août 2018, d’une ordonnance d’amnistie en faveur de 800 prisonniers de la crise post-électorale, parmi lesquels figurent Mme Simone Gbagbo et de nombreux proches de l’ex-président Gbagbo.

L’Organisation internationale de droit du développement (OIDD-IDLO) a déclaré que les gouvernements progressent vers l’Objectif n°16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à la paix, à la justice et aux institutions efficaces. Cela met en lumière la nécessité de l’assistance technique et du renforcement des capacités, a souligné l’Organisation. Mais nombre de personne n’ont pas encore accès au système de justice formelle, et se tournent vers les systèmes coutumiers, qui souvent sont sources d’inégalités, a poursuivi l’OIDD, ajoutant que le Conseil devrait renforcer son rôle afin que l’accès à la justice et aux droits de l'homme soit une réalité pour tous.

La Grèce a déclaré qu’alors que le système des droits de l'homme est de plus en plus ou pression, les États doivent renforcer la résilience de leurs valeurs. Or, a fait observer la Grèce, les journalistes sont des porteurs de cette résilience; c’est pourquoi le pays appuie toute initiative en faveur de cette catégorie de personnes. Ces dernières années, la Grèce a connu un afflux massif de migrants et face à cet afflux, la priorité du pays est le bien-être de ces personnes, a en outre souligné la délégation grecque, estimant néanmoins que le « fardeau » devait être partagé.

La République islamique d’Iran a déclaré que les Iraniens venaient de célébrer les quarante ans d’une révolution populaire contre une dictature répressive et une domination extérieure de nature coloniale. Le peuple iranien seul assure la défense de ses droits, a ajouté la délégation iranienne. L’Iran a ensuite plaidé pour l’avènement d’un nouveau paradigme où les droits de l'homme ne seraient pas instrumentalisés; on sortirait alors des « clichés stéréotypés » que l’on a connus jusqu’ici. Déplorant par ailleurs l’attitude de certains pays « hypocrites », la délégation iranienne a dénoncé le Royaume-Uni et les États-Unis qui inondent sa région d’armes et devront répondre de leurs actes s’agissant des Palestiniens et des Yéménites. L’Iran a également déploré « l’addiction » des États-Unis aux mesures coercitives unilatérales, estimant qu’il s’agit là d’un « comportement génocidaire » qui devrait susciter l’inquiétude.

La République arabe syrienne a appelé à une réforme pour remédier à la perte de crédibilité du Conseil en raison des pressions sans précédent qu’exercent certains pays et de la politisation. La Syrie a dénoncé l’utilisation du Conseil et de ses mécanismes pour cibler des gouvernements légitimes et s’ingérer dans les affaires d’États souverains en prenant le prétexte des droits de l'homme. La Syrie a demandé au Conseil de ne pas avoir recours à la sélectivité. Le pays a ensuite fait part de sa préoccupation face à la recrudescence de la violence et de l’extrémisme dans de nombreux pays. Quant aux pressions exercées par les États-Unis pour supprimer le point 7 de l’ordre du jour, elles encouragent Israël à poursuivre son occupation de la Palestine et du Golan syrien occupé, a ajouté la délégation syrienne.

L’Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'homme (GANHRI, selon l’acronyme anglais) a attiré l’attention sur les violations des droits des femmes et a rappelé que les institutions nationales de droits de l'homme avaient adopté l’an dernier la Déclaration de Marrakech sur l’élargissement de l’espace civique et la promotion et la protection des droits des défenseurs des droits de l'homme, avec un accent particulier sur les femmes. Le but est de renforcer la coopération et les partenariats, de protéger davantage les défenseurs des droits de l'homme et de mettre en place des mécanismes d’alerte précoce.

Centre for Policy Alternatives a déploré la tendance du populisme de droite à se fonder sur les échecs de la mondialisation et de la politique libérale. Le rôle des femmes est au cœur du développement et une société dans laquelle les individus ne s’humilient pas les uns les autres devrait constituer un idéal, a souligné l’ONG.

Plan International a souligné que les filles font face aux violences et à la discrimination dans tous les pays du monde et notamment au Kenya, où la société patriarcale régit les normes sociales. Les filles sont notamment victimes de mariages précoces et forcés et sont vulnérables à toutes les formes de violences, a précisé l’ONG. Les filles doivent être entendues et pouvoir comprendre leurs droits; il reste beaucoup à faire dans ce domaine, a-t-elle expliqué. L’ONG a exhorté le Conseil à faire en sorte que la voix des jeunes filles et des jeunes garçons soit entendue.

Stop the Traffik a fait observer que la traite des êtres humains reste une réalité partout dans le monde. L’ONG a présenté une pétition de plus d’1,5 million de signatures en faveur de la lutte contre la traite d’êtres humains. Aucun signe n’atteste d’un ralentissement de ce phénomène, a souligné l’ONG, insistant sur la nécessité de changer l’environnement qui permet aux auteurs de la traite d’agir. Il faut partager les connaissances dans ce domaine; les mots ne sont pas suffisants et le moment est venu de coopérer ensemble pour mettre fin à ces trafics, a conclu l’ONG.

Graduate Women International (GWI) a insisté sur la nécessité de faire en sorte que les jeunes générations puissent atteindre les Objectifs de développement durable et, à cette fin, de tout mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique et de miser sur le potentiel des jeunes en termes de changements dans nos sociétés.


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*Délégations ayant participé au débat : Autriche, Chine, Côte d’Ivoire, Grèce, Inde, Iran (République islamique), Israël, Nigéria, Oman, Sénégal, Syrie (République arabe), Timor- Leste, Viet Nam, Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et Organisation internationale de droit du développement (OIDD-IDLO).

*Organisations de la société civile ayant participé au débat : Alliance mondiale des institutions nationales des droits de l'homme (GANHRI); Centre for Policy Alternatives; Plan International; Stop the Traffik; et Graduate Women International (GWI).



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HRC/19/10F