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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ACHÈVE SA JOURNÉE ANNUELLE DE DISCUSSION SUR LES DROITS HUMAINS DES FEMMES

Compte rendu de séance
Il se penche sur la manière de faire avancer ces droits dans la sphère économique par l’accès et la participation des femmes aux TIC

Le Conseil des droits de l'homme a achevé, ce matin, sa journée annuelle de discussion sur les droits humains des femmes, entamée hier après-midi, par une seconde table ronde thématique consacrée à la promotion des droits humains des femmes dans le domaine économique par le biais des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Dans une déclaration liminaire, Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a notamment souligné que les TIC sont susceptibles d’améliorer l’autonomisation économique des femmes, notamment les femmes rurales, puisqu’elles sont à même de les émanciper et de les aider à bâtir de larges réseaux entre elles et avec les parties prenantes.

M. Gilmore a ensuite souligné que l’écart numérique entre les sexes est passé de 11% en 2013 à 12% en 2016 et est davantage creusé encore dans les pays à revenus faibles et moyens, même s’il persiste aussi bien dans les pays développés qu’en développement. En règle générale, les individus qui subissent des discriminations hors ligne ont aussi un accès limité à Internet. « La population hors ligne est pauvre, rurale, féminine et plus âgée », a précisé la Haut-Commissaire adjointe. Elle a évoqué certains des facteurs qui empêchent les femmes et les filles d’avoir un plein accès aux TIC, par rapport aux hommes et aux garçons: moins de ressources financières; stéréotypes de genre; manque d’alphabétisme numérique, de formation et de confiance; absence de sécurité physique en ligne; absence de produits et services répondant aux besoins des filles; et fardeau des tâches domestiques et de soins à autrui.

Mme Eva Kjer Hansen, Ministre de la pêche et de l’égalité des chances et Ministre de la coopération nordique du Danemark, a fait observer qu’il y a 200 millions de femmes de moins que les hommes sur Internet. Selon elle, les pouvoirs publics et les entreprises doivent être plus volontaristes pour augmenter l’engagement des filles dans les études en science, en technologie et en mathématiques. De son côté, le Gouvernement danois a lancé une nouvelle initiative centrée sur les opportunités et les défis de la quatrième révolution industrielle, appelée TechPlomacy, a précisé la Ministre.

Le débat était animé par Mme Anna Mori, chargée de programme et responsable des partenariats au Centre du commerce international– SheTrades Initiative, qui a elle aussi fait observer que la pénétration des femmes dans l’Internet était 10% inférieure à celle des hommes. Cet écart se rétrécit dans les pays développés mais s’élargit encore dans les moins développés, a-t-elle ajouté, avant de souligner que ’Initiative SheTrades s’efforce de travailler avec les femmes pour améliorer leurs compétences en ligne afin d’accroître leurs revenus.

Parmi les trois panélistes qui ont alimenté ce débat, Mme Chena Chair, chercheuse et responsable de la communication et des évaluations à Research ICT Africa, s’est posée la question de savoir si dans les faits les nouvelles technologies ne répliquaient pas les discriminations à l’encontre des femmes présentes dans les autres secteurs de l’économie et de la société. Répondant à cette interrogation par l’affirmative, elle a prôné des recherches sur les difficultés d’accès aux nouvelles technologies pour les femmes. M. Basheerhamad Shadrach, Coordonnateur de l’Alliance for Affordable Internet, World Wide Web Foundation, a relevé que les mêmes stéréotypes à l’égard des femmes se manifestent hors ligne et en ligne et a expliqué que sa Fondation cherche à pallier l’immense écart numérique entre hommes et femmes car Internet ne saurait servir d’outil de progrès et développement si les femmes en sont exclues ou sont victimes de discrimination lorsqu’elles l’utilisent. Mme Rokhaya Solange Ndir, responsable des relations avec l'écosystème numérique à Sonatel (Sénégal), a expliqué que la transformation numérique représente de nouvelles opportunités de développement économique et social, de transformation des métiers et d’offres d’emplois pour l’Afrique. Elle a insisté sur le potentiel d’autonomisation de millions de personnes que recèle le numérique et a souligné que les femmes ont pleinement leur rôle à jouer dans cette transformation. Les femmes entrepreneures qui ont accès au numérique augmentent sensiblement leurs performances, a-t-elle fait valoir.

De nombreux intervenants* ont pris part au débat. La plupart ont reconnu que les TIC pouvaient améliorer l’autonomisation des femmes et leur accès à l’éducation. Certains ont cependant déploré le nombre important de personnes exclues des bénéfices des TIC, en particulier les femmes des pays pauvres et les femmes rurales, soulignant que l’écart entre les sexes dans l’accès aux TIC constituait un obstacle à l’égalité pour les femmes et les filles. Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d’éliminer, entre autres, les stéréotypes de genre, qui entravent l’accès des femmes aux TIC.


Le Conseil poursuit ses travaux à la mi-journée en engageant son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme et avec la Rapporteuse spéciale sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays.


Suite de la Journée annelle de débat consacrée aux droits humains des femmes

Table ronde 2: « Faire avancer les droits de la personne des femmes dans la sphère économique par l’accès et la participation aux technologies de l’information et de la communication »

Déclarations liminaires

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a fourni des éléments de réflexion sur le potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier Internet, pour accélérer la promotion des droits des femmes dans la sphère économique, en faisant tout d’abord observer que les TIC avaient radicalement changé la façon dont la société opère. Les forces et les faiblesses du monde y sont également reflétées, d’où le caractère inévitable de leur influence sur la jouissance des droits. Les TIC ont en outre une influence avérée sur les droits des femmes et des filles, comme l’a montré le débat d’hier sur la violence en ligne à leur encontre.

Pour la Haut-Commissaire adjointe, alors que le monde comprend davantage qu’il y a beaucoup plus de jeunes aujourd’hui que jamais auparavant, il est dorénavant possible d’ouvrir de nouvelles fenêtres d’opportunités pour l’éducation des filles lorsque la pauvreté et la discrimination contre les femmes désavantagent les filles. Il est essentiel d’admettre que les TIC peuvent contribuer à la réalisation des droits à la santé, par la facilitation de l’accès à des informations et conseils essentiels en ligne, surtout s’agissant des questions les plus intimes qui soient, dans le respect de la vie privée et la confidentialité, a ajouté Mme Gilmore. Quotidiennement, quelque 20 000 jeunes filles de moins de 18 ans accouchent, et environ 800 femmes et filles meurent de complications évitables de la grossesse et en couches. D’autre part, les TIC sont susceptibles d’améliorer l’autonomisation économique des femmes, notamment les femmes rurales, puisqu’elles sont à même de les émanciper et de les aider à bâtir de larges réseaux entre elles et avec les parties prenantes.

M. Gilmore a ensuite souligné que l’écart numérique entre les sexes est passé de 11% en 2013 à 12% en 2016 et est davantage creusé encore dans les pays à revenus faibles et moyens, même s’il persiste aussi bien dans les pays développés qu’en développement. En règle générale, les individus qui subissent des discriminations hors ligne ont aussi un accès limité à Internet. « La population hors ligne est pauvre, rurale, féminine et plus âgée », a précisé la Haut-Commissaire adjointe. Elle a évoqué certains des facteurs qui empêchent les femmes et les filles d’avoir un plein accès aux TIC, par rapport aux hommes et aux garçons: moins de ressources financières; stéréotypes de genre; manque d’alphabétisme numérique, de formation et de confiance; absence de sécurité physique en ligne; absence de produits et services répondant aux besoins des filles; et fardeau des tâches domestiques et de soins à autrui.

MME EVA KJER HANSEN, Ministre de la pêche, de l’égalité des chances et Ministre de la coopération nordique du Danemark, a évoqué les progrès accomplis pour les droits des femmes depuis trois cents ans, jusqu’au récent choix de l’Irlande de légaliser l’avortement. Si les droits des femmes ont néanmoins évolué lentement, le développement des TIC évolue bien plus rapidement que ce que l’homme peut réellement imaginer. En ce domaine, les nouvelles opportunités s’accompagnent de nouveaux dangers, y compris en termes d’égalité: il y a 200 millions de femmes de moins que les hommes sur Internet. Élargir l’accès des femmes et des filles aux TIC peut contribuer à réduire l’écart numérique entre les sexes et permettre aux femmes de vivre leur vie comme elles l’entendent et de réclamer leurs droits, a souligné la Ministre. Le Forum économique mondial estime que pas moins de 90% des emplois futurs demanderont des compétences numériques.

Pour Mme Hansen, les pouvoirs publics et les entreprises doivent être plus volontaristes pour augmenter l’engagement des filles dans les études en science, en technologie et en mathématiques. De son côté, le Gouvernement danois a lancé une nouvelle initiative centrée sur les opportunités et les défis de la quatrième révolution industrielle, appelée TechPlomacy, a précisé la Ministre. Il entend établir un dialogue avec les partenaires de développement, l’objectif étant d’agir comme catalyseur pour réduire la fracture numérique. Cette année, le Gouvernement a aussi lancé l’initiative « les jeunes filles africaines peuvent coder » avec ONU-Femmes, l’Union internationale des télécommunications et l’Union africaine; l’un des objectifs est de mettre en place des camps de formation partout en Afrique afin d’apprendre aux filles à coder. Quant à l’Université de Copenhague, elle a triplé le nombre d’étudiantes en développement de logiciels en deux ans, simplement en revoyant son matériel de publicité et d’information.

En conclusion, la Ministre a assuré que combler le fossé numérique entre les sexes permettra aux femmes d’avoir un meilleur avenir partout dans le monde. « Le futur commence aujourd’hui, pas demain », a-t-elle ajouté.

Animant le débat en tant que modératrice, MME ANNA MORI, chargée de programme et responsable des partenariats au Centre du commerce international– SheTrades Initiative, a relevé que la pénétration des femmes dans l’Internet était 10% inférieure à celle des hommes. Cet écart se rétrécit dans les pays développés mais s’élargit encore dans les moins développés. L’Initiative SheTrades s’efforce de travailler avec les femmes pour améliorer leurs compétences en ligne afin d’accroître leurs revenus, a précisé Mme Mori. La question qui se pose est notamment celle des recherches et collectes de données qui s’avèrent nécessaires pour promouvoir des politiques de prévention de la discrimination contre les femmes dans l’utilisation des technologies dans la sphère économique, a indiqué la modératrice. Se pose également la question des défis et cadres de discrimination touchant les femmes en rapport avec leurs activités économiques en ligne, a-t-elle ajouté.

Exposés des panélistes

MME CHENA CHAIR, chercheuse et responsable de la communication et des évaluations à Research ICT Africa, a donné des pistes de réflexions et de recherches dans le domaine des nouvelles technologies afin de rendre ces dernières plus inclusives pour les femmes. Elle a expliqué qu’il fallait se poser la question de la raison pour laquelle les femmes opèrent en périphérie de cette économie. Elle a expliqué que des femmes entrepreneures utilisent les TIC pour leurs entreprises mais que ces instruments n’ont pas été conçus en fonction de leurs besoins particuliers. Mme Chair a indiqué se réjouir que l’intelligence artificielle puisse avoir des effets positifs sur l’éducation ou améliorer la participation des femmes, tout en se posant la question de savoir si dans les faits les nouvelles technologies ne répliquaient pas les discriminations à l’encontre des femmes présentes dans les autres secteurs de l’économie et de la société. Elle a répondu à cette interrogation par l’affirmative, tout en prônant des recherches sur les difficultés d’accès aux nouvelles technologies pour les femmes. De même, Mme Chair a souhaité voir davantage d’études réalisées sur le type de tâches qui sont aujourd’hui automatisés par l’intelligence artificielle et sur les bénéficiaires de ces nouvelles technologies. Elle a ajouté qu’il fallait mener d’autres recherches afin de rendre l’intelligence artificielle plus inclusive. Si l’on espère assurer que l’intelligence artificielle améliore les droits des femmes en ligne, il faut comprendre comment les femmes interviennent dans ce domaine, afin de prendre les bonnes décisions les concernant, a conclu Mme Chair.

M. BASHEERHAMAD SHADRACH, Coordonnateur de l’Alliance for Affordable Internet, World Wide Web Foundation, a confirmé que les mêmes stéréotypes à l’égard des femmes se manifestent hors ligne et en ligne. Il a expliqué que la World Wide Web Foundation cherche à pallier l’immense écart numérique hommes-femmes car Internet ne saurait servir d’outil de progrès et développement si les femmes en sont exclues ou sont victimes de discrimination lorsqu’elles l’utilisent. Les femmes ont montré qu’elles peuvent exceller dans les métiers liés aux TIC, a poursuivi M. Shadrach. Il a suggéré de promouvoir le financement de mesures visant à ce que les femmes deviennent chefs d’entreprises en ligne et soient formées pour mieux s’approprier l’expertise dans ce domaine. Par ailleurs, un rapport publié par Alliance for Affordable Internet (Alliance pour un Internet abordable), révèle que les femmes n’ont pas toujours les moyens d’accéder aux appareils électroniques ou à la connexion. Dans ce contexte, M. Shadrach a plaidé pour soient fixés des objectifs plus réalistes et ambitieux en la matière dans le cadre des politiques nationales. Les gouvernements, avec l’appui de la société civile et du secteur privé, pourraient faire bien davantage pour relever ces défis, a-t-il insisté, indiquant que WWWF avait avancé des idées sur la manière dont les banques multilatérales de développement seraient susceptibles de contribuer à l’inclusion numérique alors que jusqu’à présent, elles réservent aux TIC moins d’1% de leur engagement total (qui s’élève entre 100 à 200 milliards de dollars).

MME ROKHAYA SOLANGE NDIR, responsable des relations avec l'écosystème numérique à Sonatel (Sénégal), a expliqué que la transformation numérique représente de nouvelles opportunités de développement économique et social, de transformation des métiers et d’offres d’emplois pour l’Afrique. Le numérique a par ailleurs le potentiel d’autonomiser des millions de personnes et les femmes ont pleinement leur rôle à jouer dans cette transformation, a expliqué Mme Ndir. Elle a souligné que les femmes entrepreneures qui ont accès au numérique augmentent sensiblement leurs performances.
La panéliste a ensuite estimé que les entreprises du secteur privé doivent avoir une politique de discrimination positive vis-à-vis des femmes, notamment, car en Afrique, les femmes ne se sentent pas encore concernées lorsqu’on ne s’adresse pas à elles directement, et certaines pensent qu’il faut avoir fait de hautes études pour utiliser le numérique ou entreprendre dans ce secteur.

S’agissant des efforts développés par Sonatel pour promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes, Mme Ndir a fait valoir que le Directeur général de l’entreprise a notamment signé l’initiative « Heforshe » d’ONU-Femmes et qu’il y a aujourd’hui 40% de femmes au sein du comité directeur de l’entreprise. Au Sénégal, les femmes ont aussi aujourd’hui la possibilité d’avoir le statut légal de chef de famille et donc de percevoir les allocations familiales, a en outre souligné Mme Ndir. Elle a ajouté que le pays avait mis en œuvre une démarche appelée « Mwoman »: femme et numérique. Il s’agit de récompenser des femmes entrepreneures dans le domaine du numérique et d’organiser des programmes d’éducation au numérique.

Pour conclure, la panéliste a expliqué que le Sénégal était pionnier dans l’adoption d’une loi sur la parité et est aujourd’hui cité en exemple. Elle a affirmé que huit ans après la mise en œuvre de cette disposition, la gent féminine du Sénégal se réjouit des acquis considérables enregistrés. Les femmes ont, elles-mêmes, un rôle primordial à jouer; il faut qu’elles fassent entendre leurs voix et portent leurs plaidoyers, car personne ne peut mieux les défendre qu’elles-mêmes, a conclu Mme Ndir.

Débat

L’Australie, au nom d’un groupe de nations du Pacifique, a reconnu que la participation des femmes à la vie publique reste faible dans certaines régions du Pacifique et que davantage d’efforts sont nécessaires pour lever les obstacles auxquels elles sont confrontées. Les TIC peuvent y contribuer, à condition de s’assurer qu’elles n’exacerbent pas les inégalités et l’exclusion. La délégation australienne a demandé le point de vue des panélistes sur la façon d’utiliser les TIC pour mettre un terme à la discrimination contre les femmes et fournir un accès à l’information et aux services pour que ces dernières ne soient pas laissées de côté. Le Chili, au nom d’un groupe de pays d’Amérique latine, a également noté qu’un nombre important de personnes sont exclues des bénéfices des TIC, dont Internet, en particulier les femmes des pays pauvres. Le pays a souligné que l’écart entre les sexes dans la propriété et l’accès aux TIC constitue un obstacle à l’égalité pour les femmes et les filles. La délégation chilienne a affirmé que les gouvernements doivent être capables d’offrir aux filles et aux femmes la formation aux compétences numérique et technologiques, qui favorise leur insertion économique.

L’Union européenne a rappelé que les médias sociaux ont permis à des mouvements comme #bringbackourgirls, #metoo et #MyDressMyChoice d’être plus visibles, plus audibles et plus influents. L’Union européenne a indiqué qu’elle continuerait à se mobiliser contre la discrimination et à agir pour l’égalité entre les sexes et la pleine jouissance des droits fondamentaux des femmes et des filles. La Slovénie, s’exprimant également au nom de l’Autriche et de la Croatie, s’est dite préoccupée par l’élargissement du fossé numérique entre hommes et femmes, en particulier dans les pays les moins développés, raison pour laquelle elle a jugé important d’adopter une approche basée sur les droits de l'homme. Elle a demandé aux panélistes comment accroître la visibilité de l’importance qu’il y a à réduire l’écart numérique entre hommes et femmes.

Le Togo, au nom du Groupe africain, a déploré que la population féminine en Afrique soit celle qui a le moins accès aux TIC, alors même que l’accès et la participation significative des femmes à ces technologies sont essentiels pour faire progresser les droits des femmes et des filles. Le Togo a demandé aux panélistes de suggérer des bonnes pratiques et des stratégies novatrices sur la manière dont les pays africains peuvent promouvoir l’usage des TIC, notamment celui des applications mobiles, chez les femmes, afin d’assurer leur meilleure participation au développement économique. L’Estonie, au nom des pays nordiques et baltes, a souligné que le fossé numérique est à la fois une conséquence et une cause des violations des droits des femmes. Elle a souligné que l’accès égal des femmes à une éducation de qualité constitue un facteur important pour l’utilisation des TIC et que des efforts sont nécessaires dans ce domaine, en particulier dans les zones rurales, avec l’assistance des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. L’Estonie s’est enquise auprès des panélistes de leurs recommandations pratiques sur la manière d’accroître l’accès et la participation des femmes aux TIC.

Le Koweït, au nom du Conseil de coopération du Golfe, a dit accorder une grande importance à la défense des droits des femmes et prendre des mesures pour les démarginaliser, y compris dans les centres de décision. L’accès aux TIC est un outil majeur pour l’autonomisation des femmes et il passe par l’éducation, a souligné le pays.

La Belgique, au nom d’un groupe de pays, a souligné que l’accès des femmes au numérique permet d’avoir accès à d’autres services, de s’informer et de s’éduquer, notamment sur leur santé sexuelle et génésique. Considérant que le secteur privé a une responsabilité importante dans la mise à disposition de technologies innovantes, la délégation belge a demandé aux panélistes comment s’assurer que les entreprises de ce secteur puissent travailler ensemble pour faire avancer droits des femmes et des filles.

La République centrafricaine, au nom du groupe des pays francophones membres et observateurs de l’Organisation internationale de la Francophonie, a rappelé l’engagement pris dans le cadre d’un appel lancé à Bucarest en novembre 2017 en conclusion de la Deuxième Conférence des femmes de la Francophonie, sur le thème « Création, innovation, entrepreneuriat, croissance et développement: les femmes s’imposent ». Les participants ont notamment préconisé des mesures telles que la valorisation du potentiel d’autoformation offert aux femmes par les TIC ou la promotion de l’utilisation des TIC par les femmes pour qu’elles puissent saisir les opportunités de développement économique qui en résultent.

L’Australie a reconnu que les TIC peuvent offrir des opportunités pour faire progresser les droits des femmes, mais a souligné la nécessité de se pencher sur les stéréotypes de genre, qui empêchent l’accès des femmes aux TIC. Le pays a demandé aux panélistes comment la communauté internationale peut atténuer ces stéréotypes. Le Danemark s’est focalisé sur les jeunes et les obstacles à l’accès des filles aux TIC, proposant aux États de coopérer avec les conseils de jeunes pour tenter de lever ces obstacles. La délégation danoise s’est interrogée sur la manière d’assurer l’engagement systématique des jeunes dans tous les pays. Le Canada s’est lui aussi dit préoccupé par le fait que les femmes sont considérablement sous-représentées dans les domaines liés aux TIC, en grande partie en raison des stéréotypes négatifs, de mauvais traitements, et du harcèlement fondés sur le sexe qui les découragent de se lancer et de rester dans ce domaine. Le Canada s’est enquis d’exemples de bonnes pratiques de pays ayant accru la participation des femmes et des filles dans le secteur des TIC.

Au Viet Nam, le paysage numérique change et aujourd’hui, 53% de la population, soit environ 50 millions d’habitants, utilisent Internet. Les femmes vietnamiennes s’investissent de plus en plus dans ce secteur, car il est devenu aisé de gérer une entreprise en ligne à travers des plates-formes en ligne ou sociales locales comme Zalo, a fait valoir le pays. À présent, plus de cent mille femmes rurales ont choisi l’apprentissage électronique, a-t-il ajouté, avant d’interroger les panélistes sur la meilleure manière de réduire le fossé numérique dans les zones rurales.

La Stratégie nationale de développement durable (2020-2030) de la Roumanie comporte une importante perspective d’autonomisation des femmes, partant du fait que la réduction du fossé entre hommes et femmes est la promesse énoncée dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les 17 Objectifs qui l’accompagnent. Par ailleurs, l’amélioration des compétences est une occasion unique d’améliorer l’inclusion des filles et des femmes, d’où l’importance d’accroître le nombre de femmes dans le secteur des technologiques de l’information et de la communication – qui est un des secteurs assurant les rémunérations les plus élevées, a souligné la délégation roumaine.

La Malaisie a fait valoir que les femmes et les hommes ont dans ce pays les mêmes chances d’accès au TIC, à tel point qu’on assiste à un essor considérable de l’utilisation des moyens électroniques et du numérique par les femmes; 25 000 d’entre elles sont inscrites en tant que propriétaires d’une entreprise en ligne et ce chiffre est en augmentation. La Malaisie s’est interrogée sur la manière d’œuvrer avec les partenaires pour que les femmes puissent protéger leurs entreprises en ligne? Le Qatar a lui aussi mis en exergue l’explosion de l’utilisation des TIC au niveau national, qui a permis à la femme de devenir un partenaire très qualifié et influent. Le Ministère des télécommunications du pays met à disposition un portail de formation et a veillé à fournir une série de cycles de formation ciblant la population féminine dans plusieurs secteurs de la vie, a ajouté la délégation qatarienne. Cette formation a habilité les bénéficiaires à occuper des emplois de pointe tout en travaillant à domicile et a favorisé leur participation dans la création d’entreprises commerciales.

Le Pakistan a pour sa part encouragé la communauté internationale et les gouvernements à fournir une éducation de qualité aux filles et aux femmes par le biais d’une assistance financière et technique et de programmes de bourses, tout en promouvant des investissements dans l’infrastructure numérique et le secteur des TIC. Le Pakistan a indiqué avoir lancé un programme de formation aux logiciels qui a bénéficié à un million de Pakistanaises.

La République tchèque a estimé que la participation doit demeurer au centre des efforts visant à faire avancer la promotion des droits des femmes en ligne et hors ligne. Rappelant qu’il est de la responsabilité des États de réduire le fossé numérique entre les sexes, la République tchèque a fait savoir que cette année, elle révisait sa stratégie d’éducation numérique en vue du renforcement de la perspective paritaire. Le Royaume-Uni a rappelé que les femmes ont façonné le monde moderne en jetant les bases de certaines avancées technologiques. Néanmoins, les femmes et les filles ont beaucoup moins de chances d’avoir accès à l’Internet que les hommes et sont souvent victimes de violences en ligne, a regretté la délégation britannique, soulignant que les chances qu’offrent les nouvelles technologies doivent être disponibles à tous. La Bulgarie a salué les avancées dans le domaine de la participation des femmes dans le secteur technologique, tout en reconnaissant que ce secteur bénéficie davantage aux hommes qu’aux femmes. Il faut surmonter les stéréotypes sexistes dans le domaine des nouvelles technologies, a ajouté la délégation bulgare, avant de faire part de l’engagement de la Bulgarie à réduire les écarts dans les carrières liées à la recherche scientifique et aux nouvelles technologies.

Madagascar a fait observer que les femmes utilisent les TIC pour renforcer leurs associations et leurs mouvements aux niveaux local, régional ou international. Toutefois, la disparité entre les femmes des pays développés et celles des pays en développement est immense et flagrante, les femmes vivant en milieu rural ne profitant en rien des avantages économiques, sociaux et politiques que procure l’utilisation des TIC, a regretté la délégation malgache. Madagascar reste convaincue que les TIC jouent un rôle prépondérant dans le développement économique du pays.

L’Italie a dit reconnaitre l’importance des TIC pour l’amélioration de l’autonomisation des femmes dans tous les domaines de la vie. Les TIC peuvent fournir aux femmes et aux filles l’éducation, l’emploi voire l’accès à la vie politique, a souligné l’Italie. Le pays a ajouté prendre des initiatives afin de promouvoir l’accès des femmes à l’enseignement scientifique et aux nouvelles technologies. La Thaïlande a indiqué avoir créé le Fonds de développement des femmes afin qu’elles puissent développer leurs activités. La Thaïlande reconnaît le potentiel des nouvelles technologies pour contribuer à la promotion de l’autonomisation des femmes. Les femmes dans les zones rurales sont en Thaïlande les bénéficiaires d’un programme qui vise à améliorer l’accès à l’information dans le secteur agricole.

La Fédération de Russie a affirmé que les femmes russes se distinguent par un haut degré d’éducation. Le taux d’activité des femmes en âge de travailler est de 78%; le pays a constitué une population active féminine, tout en conciliation carrière et obligations familiales, a fait valoir la délégation russe. Les technologies ont contribué à ce que les femmes deviennent compétitives sur le marché du travail, a-t-elle expliqué.

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) sont également intervenues. Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco a rappelé que les technologiques ne sont qu’un moyen et a appelé à conserver une vision critique à cet égard, tout en reconnaissant l’importance de la connaissance, de la numérisation et de l’inclusion pour les femmes.

Internet est essentiel à la réalisation des droits sociaux, économiques et culturels des femmes, a pour sa part déclaré l’Association pour la communication progressive, qui a appelé à ne pas perdre de vue les réalités et particularités des femmes dans toutes les régions du monde. L’ONG a insisté sur la nécessaire inclusion des femmes des groupes vulnérables, des lesbiennes, des femmes rurales et des femmes vivant dans les zones reculées.

Al Haq, Law in the Service of Man a remis en cause l’occupation étrangère d’Israël et a cité les innombrables attaques et menaces de mort en ligne ayant visé Nada Elia, une jeune palestinienne active sur Internet.

L’Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale s’est dite préoccupée par le manque d’accès des femmes à l’éducation et aux TIC. Plan International, Inc a souligné combien les TIC ont la capacité d’être un moteur de l’égalité hommes-femmes et du développement. Il est grand temps de combler le fossé dans ce domaine, en s’attaquant à la fracture numérique, en changeant les mentalités et en permettant l’accès à l’éducation des filles, a ajouté l’ONG. Action Canada pour la population et le développement a évoqué les violences en ligne et les persécutions de certains États. L’ONG a appelé les États et autres acteurs à s’assurer que les plates-formes numériques respectent les droits, notamment des jeunes.

Réponses et conclusions des panélistes

Interrogé par la modératrice sur les moyens d’assurer aux femmes l’accès aux TIC et de renforcer leurs opportunités, M. SHADRACH a indiqué qu’au Bangladesh, des centres permettent par exemple aux femmes d’acquérir des compétences en informatique et de vendre leur production.

Pour ce qui est des moyens d’éliminer les menaces en ligne contre les femmes, M. Shadrach a estimé qu’on pouvait intervenir sur le plan juridique, même si ce n’est pas la panacée. Un autre moyen est d’ouvrir par exemple un forum où il est possible d’échanger sur les risques, notamment économiques, sur Internet, a-t-il ajouté.

S’agissant de la façon de s’assurer que les femmes ne soient pas seulement usagères des TIC mais aussi productrices, MME CHAIR a souligné qu’il ne s’agit pas seulement d’offrir des solutions mais aussi de travailler avec les femmes; les jeunes doivent également participer.

Quant au rôle que pourraient jouer les organisations internationales pour réduire la fracture numérique entre les sexes, MME NDIR a évoqué des quotas pour les femmes dans les centres d’éducation et attiré l’attention sur le centre d’éducation ouvert récemment par la Francophonie (OIF).

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*Délégations ayant participé au débat: Australie (au nom d'un groupe de pays); Chili (au nom d'un groupe de pays); Union européenne; Slovénie (au nom d'un groupe de pays); Togo (au nom du Groupe africain); Estonie (au nom d'un groupe de pays); Koweït (au nom du Conseil de coopération du Golfe); Belgique (au nom d'un groupe de pays); République centrafricaine (au nom de l'Organisation internationale de la Francophonie); Australie; Danemark; Canada; Viet Nam; Roumanie; Malaisie; Qatar; Pakistan; République tchèque; Royaume-Uni; Bulgarie; Italie; Thaïlande; Russie; Madagascar; Istituto Internazionale Maria Ausiliatrice delle Salesiane di Don Bosco; Association pour la communication progressive; Al-Haq, Law in the Service of Man; Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale; Plan International, Inc et Action Canada pour la population et le développement.


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HRC18.087F