Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME ENTAME SA JOURNÉE ANNUELLE DE DISCUSSION SUR LES DROITS DE L'ENFANT
Le Conseil des droits de l'homme a entamé, ce matin, sa journée annuelle de discussion sur les droits de l'enfant, dont la première partie est consacrée au thème de la protection des droits de l’enfant dans les situations de crise humanitaire.
Dans une déclaration liminaire, Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a indiqué qu’en 2016, pas moins de 43 millions d’enfants, répartis dans 63 pays avaient besoin d’assistance humanitaire. Aujourd'hui, un enfant sur six, soit 357 millions d’enfants dans le monde, vit dans les zones de conflit, un chiffre en augmentation de 75% par rapport au siècle dernier, a-t-elle souligné. Par ailleurs, la vaste majorité des personnes victimes de conflits, affectées par la pauvreté ou exposées aux effets des changements climatiques sont des enfants. Par le fait des adultes, les enfants sont victimes d’exploitation, d’abus sexuels, de travail forcé, de trafic, de négligence, de détention, de xénophobie ou d’absence de soins de santé mentale et physique, a-t-elle poursuivi. Cet échec est également celui des Nations Unies, a déclaré Mme Gilmore.
L’intérêt supérieur de l’enfant doit être au cœur de tous les processus de décision, partout et en tout temps, a insisté la Haut-Commissaire adjointe; pour que tel soit le cas, il faut que les enfants puissent participer et prendre part à tous les processus d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi des activités d’assistance humanitaire, a-t-elle souligné.
Les panélistes participant au débat de ce matin étaient Mme Helen Durham, Directrice de la politique et du droit international au Comité international de la Croix-Rouge, M. Sikander Khan, Directeur du Bureau des programmes d’urgence du Fonds des Nations Unies pour l’enfance à Genève; M. Alejandro Gamboa, Directeur de Plan International-Colombie; et Mme Monica Ferro, Directrice du Bureau du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à Genève.
Mme Durham a fait observer que de nos jours, les enfants représentent plus de la moitié des réfugiés et que pour la seule année 2016, plus de 8000 enfants ont été tués ou mutilés dans des situations de conflit, ce qui montre bien qu’ils continuent à être affectés de manière disproportionnée en temps de guerre. Mme Durham a mis l’accent sur le droit international humanitaire qui énonce des obligations juridiques à toutes les parties, notamment concernant le respect des systèmes de santé.
M. Khan a présenté trois domaines d’intervention de l’UNICEF pour les enfants dans les situations de crise humanitaire : la libération et la réinsertion des enfants, la détention et la criminalisation des enfants et les violences sexuelles et sexistes à l’encontre des enfants.
M. Gamboa a souligné que Plan international intervient en Colombie et au Nigéria notamment pour renforcer les systèmes éducatifs et les systèmes de subsistance avec l’appui des gouvernements locaux, des communautés et organisations. L’ONG suggère de faire participer les enfants et de rendre cette participation visible; de promouvoir la résilience; de dénaturaliser la violence; ou encore de lutter contre les inégalités et les stéréotypes de genre.
Traumatisées, contraintes par la tradition, déchirées entre les structures familiales et scolaires, les jeunes filles peuvent être perdues au milieu de la foule dans un camp de réfugiés ou au sein d’une communauté éclatée, a pour sa part souligné Mme Ferro, exhortant à inclure les filles âgées de 10 à19 ans dans les programmes ou les plans d’intervention visant à leur faire retrouver santé et espoir.
Le débat était animé par M. Carl Hallergard, Ambassadeur et Chef adjoint de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies à Genève. Les intervenants* qui ont participé au débat ont insisté sur la nécessité d’accorder la priorité à la promotion et à la protection des enfants dans les contextes de crise humanitaire. Plusieurs délégations ont souligné que c’était dans le domaine de l’éducation qu’il fallait redoubler d’efforts afin de permettre à tous les enfants, même en situation de crise humanitaire, d’avoir accès à une éducation de qualité. Il faut en effet veiller à ce qu’il n’y ait pas de génération perdue, ont insisté certains intervenants. L’accent a également été mis sur la nécessité de permettre aux enfants, et en particulier aux jeunes filles, d’avoir accès à la santé sexuelle et reproductive. Plusieurs délégations ont présenté leurs propres initiatives afin de protéger et promouvoir les droits des enfants en situation de crise humanitaire.
Le Conseil poursuivra sa journée annuelle de débat sur les droits de l'enfant cet après-midi, à 15 heures, après avoir achevé, à la mi-journée, son débat interactif croisé avec Le Rapporteur spécial sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition et le Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide; après quoi, le Conseil doit entamer son débat interactif croisé avec le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme et l'environnement et le Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, qui présenteront tous deux leurs rapports.
JOURNÉE ANNUELLE DE DISCUSSION SUR LES DROITS DE L’ENFANT : PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT DANS LES SITUATIONS DE CRISE HUMANITAIRE
Déclarations liminaires
MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme a déclaré qu’en 2016, pas moins de 43 millions d’enfants, répartis dans 63 pays avaient besoin d’assistance humanitaire. Aujourd'hui, un enfant sur six, soit 357 millions d’enfants dans le monde, vit dans les zones de conflit, un chiffre en augmentation de 75% par rapport au siècle dernier. Par ailleurs, la vaste majorité des personnes victimes de conflits, affectées par la pauvreté ou exposées aux effets des changements climatiques sont des enfants. Par le fait des adultes, les enfants sont victimes d’exploitation, d’abus sexuels, de travail forcé, de trafic, de négligence, de détention, de xénophobie ou d’absence de soins de santé mentale et physique, a-t-elle poursuivi, ajoutant que ce n’est pas à ces enfants d’avoir honte, mais bien aux adultes.
Cet échec est également celui des Nations Unies, a déclaré Mme Gilmore. Pourquoi est-il nécessaire qu’en 2018, le Secrétaire général réaffirme sa politique de tolérance zéro concernant les abus et l’exploitation sexuelle, s’est-elle interrogée, avant de rappeler que le droit international des droits de l'homme doit être appliqué en toutes circonstances, car les droits de l’enfant sont des droits humains à part entière? L’intérêt supérieur de l’enfant doit être au cœur de tous les processus de décision, partout et en tout temps, a-t-elle insisté; pour que tel soit le cas, il faut que les enfants puissent participer et prendre part à tous les processus d’élaboration, de mise en œuvre et de suivi des activités d’assistance humanitaire, a souligné la Haut-Commissaire adjointe.
Animant ce débat, M. CARL HALLERGARD, Ambassadeur et Chef adjoint de la délégation de l’Union européenne auprès des Nations Unies à Genève, a souligné que les discussions comme celle d’aujourd’hui permettent de progresser dans la prévention des crises humanitaires et donc dans la protection des enfants dans de telles situations. Il a ensuite présenté les panélistes.
Exposés des panélistes
MME HELEN DURHAM, Directrice de la politique et du droit international au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), s’est concentrée sur les voies et moyens de répondre aux besoins et de respecter les droits des enfants dans les situations de crises humanitaires. Elle a attiré l’attention sur la complémentarité des cadres juridiques applicables. La Convention relative aux droits de l’enfant exige des Etats qu’ils privilégient les droits et l’intérêt supérieur de l’enfant; les dispositions de cet instrument ainsi que d’autres obligations juridiques mentionnent spécifiquement l’obligation liée à la protection (des enfants) dans les situations de conflit. De nos jours, les enfants représentent plus de la moitié des réfugiés et pour la seule année 2016, plus de 8000 enfants ont été tués ou mutilés dans des situations de conflit, ce qui montre bien qu’ils continuent d’être affectés de manière disproportionnée en temps de guerre, a souligné Mme Durham. Le droit international humanitaire énonce des obligations juridiques qui incombent à toutes les parties, s’agissant notamment du respect des systèmes de santé, a-t-elle précisé.
Mme Durham a ensuite insisté sur l’importance de l’accès à l’éducation et de la protection des sites civils, y compris des structures éducatives, contre toute attaque. Or, dans les conflits actuels, le nombre d’enfants non scolarisés a atteint des records du fait de la tendance à s’en prendre chaque fois davantage aux installations éducatives et sanitaires dans ces situations de conflit, a-t-elle fait observer. Le CICR s’inquiète d’une mise en œuvre sélective des droits de l’homme, les catégories d’enfants étant étiquetées en « enfants migrants », « enfants à risque », « enfants soldats », etc... A cet égard, on assiste de plus en plus à une catégorisation spécifique des enfants membres de groupes rebelles, ou encore sur la base, arbitraire, du groupe d’âge auquel ils appartiennent; ainsi, des enfants sont-ils poursuivis et condamnés par des Etats à un âge bien inférieur à celui prévu dans le droit international. Quels que soient leur âge, leur sexe, leur appartenance, tous les enfants qui sont dans des groupes rebelles ont droit à une protection, sans distinction aucune, a insisté Mme DurhaM.
M. SIKANDER KHAN, Directeur du Bureau des programmes d'urgence du Fonds des Nations Unis pour l’enfance (UNICEF) à Genève, a rappelé qu’aujourd’hui, quelque 535 millions d’enfants, soit pratiquement un sur quatre, vivent dans des pays touchés par des crises humanitaires. Plus de dix millions d’enfants sont des réfugiés et dix-sept millions sont déplacés internes. Les droits à l’éducation, à la santé, à grandir dans un environnement sûr ne leurs sont pas garantis. Des enfants sont aujourd’hui blessés, tués, recrutés par des forces armés, retenus, victimes de traite, exploités économiquement ou soumis à des violences sexuelles. Pour dévastatrices qu’elles soient, les situations humanitaires n’en sont pas moins une occasion de travailler avec les gouvernements en vue de mieux reconstruire et renforcer les systèmes, notamment judiciaires, a expliqué le Directeur. M. Khan a ensuite présenté trois domaines d’intervention de l’UNICEF en faveur des enfants se trouvant dans les situations de crises humanitaires.
Le premier domaine est la libération et la réinsertion des enfants, a précisé le Directeur du Bureau des programmes d’urgence de l’UNICEF. Il a expliqué qu’il fallait déployer des efforts à long terme pour libérer les enfants et veiller à leur réinsertion au sein de la société, notamment par le biais de l’éducation. L’UNICEF a ainsi participé à la libération de dix mille enfants depuis 2016, a-t-il précisé, avant de mentionner également la réinsertion de 20 000 enfants, notamment par le voie du regroupement familial.
Le deuxième domaine d’intervention du Fonds se rapporte à la détention et à la criminalisation des enfants, a poursuivi M. Khan. Il a fait observer que des gouvernements placent de plus en plus d’enfants en détention pour des chefs d’accusation concernant la sûreté nationale ou le terrorisme. Les Etats ne respectent souvent pas le droit international relatif aux droits de l’homme et les normes de la justice pour mineurs; or, les enfants doivent être traités comme des victimes, en vue d’une réinsertion, a souligné M. Khan. Il faut remettre les enfants détenus entre les mains des services sociaux en vue de leur réinsertion, a-t-il insisté.
Le troisième domaine d’intervention de l’UNICEF a trait aux violences sexuelles, a ajouté M. Khan. Il faut que les enfants victimes de violences sexuelles dans des situations de conflits soient les bénéficiaires d’un soutien centré sur la victime. Il faut combattre les attitudes de discrimination et prévenir les violences sexuelles et sexistes, a expliqué M. Khan, avant de préciser que l’UNICEF contribue à élaborer des normes dans ce domaine et vise à renforcer la redevabilité.
M. ALEJANDRO GAMBOA, Directeur national de Plan International-Colombie, a indiqué que son organisation est indépendante et travaille dans plus de 70 pays; sa mission est de promouvoir les droits de l’enfant et l’égalité entre les filles et les garçons dans le contexte humanitaire et du développement. Plan international intervient notamment dans les contextes de conflits, de catastrophes naturelles ou des situations d’urgence. L’ONG mène par ailleurs des actions préventives dans le but de faire changer les attitudes et comportements liés aux questions de genre.
M. Gamboa a ensuite présenté les activités menées par son organisation en Colombie et au Nigéria. La Colombie sort de 50 ans de conflit; avec plus de huit millions de victimes, ce drame a surtout marqué les populations les plus marginalisées, à savoir les personnes vivant en milieu rural, les enfants, les personnes handicapées, les personnes d’ascendance africaine, les femmes ou les personnes LGBTI. Parmi ces victimes, 29% sont des enfants et adolescents, a-t-il précisé, ajoutant que l’Accord de paix de 2016 signé entre le Gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) est d’une importance vitale pour les victimes, tant il aide à la résilience. Plan International y intervient avec une stratégie innovante de promotion de l’égalité entre les sexes et pour prévenir la violence basée sur le genre. L’organisation a par exemple développé un programme avec seize communautés, dénommé « Utilise ton pouvoir pour construire la paix », qui vise à promouvoir des activités de lutte contre la violence et de renforcement de la confiance. Une centaine d’enfants et d’adultes profitent de ce programme depuis son lancement en 2016.
Au Nigéria, la violence induite par les actions du groupe Boko Haram affecte 26 millions de personnes et a provoqué le déplacement d’1,8 million d’individus, déstabilisant un système éducatif déjà fragile et altérant gravement les moyens de subsistance.
Dans ces deux pays, a souligné M. Gamboa, Plan international intervient pour renforcer les systèmes éducatifs et les systèmes de subsistance avec l’appui des gouvernements locaux, des communautés et des organisations. L’ONG y mène également des activités de prévention de la violence basée sur le genre. Sur la base de ces expériences, Plan international est à même de faire de recommandations quant aux actions possibles dans les situations de conflit. L’ONG suggère par exemple de faire participer les enfants et de rendre cette participation visible; de promouvoir la résilience; de dénaturaliser la violence; ou encore de rompre les inégalités et les stéréotypes fondés sur le genre.
MME MONICA FERRO, Directrice du Bureau du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à Genève, a présenté Hiba, une réfugiée syrienne de 14 ans qui vit dans un camp au Liban; mariée à un homme de 35 ans, Hiba est enceinte de sept mois et a déclaré : « Je suis enceinte car on m’a mariée. Je suis très enthousiaste d’avoir un bébé. Je vais avoir quelqu’un avec qui jouer ». Mme Ferro a aussi évoqué le cas de Chantal, qui a marché pendant quatre jours pour atteindre un camp de réfugiés après avoir fui le Burundi. « J’attendais le pire » mais j’ai pu accoucher dans une maternité, en toute sécurité. Il s’agit de deux cas bien concrets parmi les millions d’adolescentes auxquelles le FNUAP accorde la priorité car elles sont systématiquement négligées dans les périodes de troubles, de catastrophes et de conflit, a souligné Mme Ferro. Traumatisées, contraintes par la tradition, déchirées entre les structures familiales et scolaires, ces jeunes filles peuvent être perdues au milieu de la foule dans un camp de réfugiés ou dans une communauté éclatée, a-t-elle expliqué. Elle a exhorté à inclure les filles âgées de 10 à19 ans dans la programmation et les plans d’intervention visant à leur faire retrouver santé et espoir, à cet âge critique entre l’enfance et l’âge adulte.
Dans le cadre de la programmation humanitaire, le FNUAP fournit un appui opérationnel, programmatique et technique en faveur de la santé sexuelle et reproductive des adolescentes, a souligné Mme Ferro. Dans les pays en développement, 15 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont accouché en 2015 et 13 millions d’entre elles n’avaient pas accès à des contraceptifs. En 2017, le FNUAP a fourni des services axés sur la santé génésique et reproductive à 1,5 million d’adolescentes dans 36 pays, et a formé plus de 21 000 adolescentes et jeunes en tant que facilitateurs, pairs et bénévoles dans ce domaine dans 47 pays, a fait valoir Mme Ferro. Tirant des enseignements de l’expérience du Fonds, elle a insisté sur l’importance de la planification et de la programmation avant qu’une crise survienne ou en tout cas dès le début de la crise. Ces interventions se doivent d’être souples, sensibles du point de culturel et de comporter une double approche multisectorielle et intégrée, a-t-elle précisé. Elle a en outre insisté sur l’importance de fournir des lieux sûrs aux filles, de les former pour qu’elles soient à même de subvenir à leurs besoins le cas échéant, de leur prodiguer conseils et soutien psychologiques s’agissant de la violence fondée sur le sexe, et de leur donner accès à des informations sur la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à des services de suivi, notamment par des cliniques mobiles de proximité.
Aperçu du débat
Le Conseil est saisi du rapport du Haut-Commissaire sur la protection des droits de l’enfant dans les situations de crise humanitaire (A/HRC/37/33) dans lequel il formule un certain nombre de recommandations pour faire en sorte que les enfants soient placés au cœur des interventions et de l’aide humanitaires.
Dans le cadre de ce premier débat consacré à la protection des droits de l’enfant dans les situations de crise humanitaire, les Etats ont largement appuyé les recommandations figurant dans ce rapport, avant de décrire, succinctement, les changements qu’ils ont apportés à leur législation pour consolider leurs programmes et stratégies en matière de protection et d’assistance aux enfants dans de telles circonstances, sachant qu’un enfant sur quatre vit dans un contexte de crise humanitaire.
L’Irlande s’est dite alarmée que les enfants représentent près de la moitié des personnes déplacées dans le monde. Il faut que la coopération internationale accorde la priorité à la promotion et à la protection des droits dans les situations de crise humanitaire, a-t-elle indiqué. Le Royaume-Uni a expliqué que la priorité pour les enfants en situation de crise humanitaire est d’assurer la fourniture de nourriture, l’accueil d’urgence et l’accès à l’eau propre. Il faut en outre veiller à ce que les filles aient accès à l’éducation. Le Togo, au nom de l’Union africaine, a souligné qu’étant donné la vulnérabilité particulière des enfants en situation de crise humanitaire, il est nécessaire de veiller à ce que l’enfant ne soit pas séparé de sa famille, tout en garantissant son intérêt supérieur. Le Sénégal, au nom du groupe francophone, a fait observer que dans les contextes de guerre, les tortionnaires et les prédateurs opèrent dans des zones où les enfants sont vulnérables aux violences. L’impact des crises humanitaires sur les enfants est physique mais aussi psychologique, a souligné le pays.
La Jordanie, au nom du groupe arabe, a attiré l’attention sur les plus de 500 enfants palestiniens qui sont détenus dans les prisons israéliennes et sont soumis à la terreur psychologique et physique.
L’Union européenne a mis en évidence ses actions et ses politiques afin de veiller à la protection des enfants en situation de crise humanitaire. Ces actions visent à trouver des solutions à long terme pour les enfants, a-t-elle précisé. L’Union européenne est un acteur important dans le domaine de l’accès à l’éducation dans des zones de crise humanitaire. La Norvège, au nom d’un groupe d’États qui approuvent la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, a rappelé que l’éducation était fondamentale pour le développement. Refuser d’assurer le droit à l’éducation accroît le risque de recrutement d’enfants (dans les conflits) ainsi que le risque de violences, notamment sexuelles, à leur encontre, a souligné la Norvège. Le Qatar a insisté sur l’importance d’assurer l’accès à une éducation pour les enfants en situations de conflit. Le Qatar a accordé beaucoup d’importance à l’éducation des réfugiés, grâce à son fonds de développement. La Bulgarie a elle aussi expliqué avoir accordé la priorité à l’éducation pour l’intégration des enfants en situations de crise humanitaire.
L’Australie, au nom d’un groupe d’une trentaine d’États, a souligné que la promotion et la protection du droit à la santé reproductive et sexuelle est une nécessité pour les enfants en situations de crise humanitaire et de conflit. Cela sauve des vies, a insisté l’Australie, rappelant que 60% des décès maternels qui auraient pu être empêchés interviennent dans des situations telles que les situations de crise humanitaire. La Lettonie, au nom du groupe nordique-balte, a souligné que les crises humanitaires touchent différemment les garçons et les filles; aussi, les Etats doivent-ils concentrer leurs efforts sur les différents effets que les situations humanitaires ont sur les enfants – et plus particulièrement les filles.
La Slovénie a indiqué avoir déployé beaucoup d’efforts afin de promouvoir et de protéger les droits des enfants en situations de crise humanitaire, notamment ceux qui font partie des grands mouvements de réfugiés.
Israël a affirmé avoir apporté, dès le début du conflit en Syrie, une aide urgente, comme il fournit une assistance médicale aux femmes enceintes, ainsi qu’aux enfants malvoyants. Que faire pour garantir l’accès à des services de santé sexuelle dans un contexte de crise humanitaire, sachant que les Etats peuvent parfois limiter ce type de services, a demandé la délégation israélienne ?
La Géorgie a regretté que la violence à l’égard des enfants soit une réalité majeure des temps présents. Elle a appuyé les recommandations figurant dans le rapport du Haut-Commissaire. La Géorgie a en outre déploré l’absence totale d’appui aux enfants dans les zones de son territoire occupées.
Le Brésil a indiqué que d’après l’UNICEF, un enfant sur quatre dans le monde vit dans un pays touché par une forme ou une autre de crise humanitaire. Les enfants sont la proie facile de violences et d’abus préjudiciables à leur santé physique et mentale. Or, la communauté internationale n’a pas eu la volonté politique d’agir plus résolument face à cela. Les membres du Conseil et les Etats parties à la Convention relative aux droits de l'enfant ont l’obligation morale de régler ce problème, a insisté le Brésil.
Le Saint-Siège a attiré l’attention sur les centaines de millions d’enfants touchés par des catastrophes naturelles, pris au piège de situations de crise, victimes de traite, forcés à devenir soldats ou encore victimes du simple fait qu’ils appartiennent à des minorités ethniques ou religieuses, autant de situations qui affectent profondément leur bien-être et leur santé mentale et physique. La génération future, si elle reste dans cette situation de traumatisme, aura tout simplement été trahie par la communauté internationale, a mis en garde le Saint-Siège. La Belgique a appelé à éviter la tragédie de la « génération perdue » et ce, en assurant un enseignement de qualité aux enfants, y compris dans les situations de crise humanitaire. La Belgique va consacrer cette année deux fois plus d’investissements à l’intervention humanitaire, dont la principale priorité sera la protection de l’enfance.
L’Italie a indiqué adopter une approche globale pour traiter des besoins spéciaux des enfants migrants en situation de vulnérabilité. En Italie, une nouvelle législation est venue renforcer le statut juridique des mineurs accompagnés, non-accompagnés et séparés aux fins d’identifier leurs besoins de base et de les secourir immédiatement en leur offrant une assistance spécialisée.
L’Inde a souligné que la Convention relative aux droits de l’enfant est applicable aux enfants dans différentes situations, y compris dans les situations de crise humanitaire. L’Inde a souligné avoir adopté une politique accordant la priorité au droit à la vie et à d’autres droits fondamentaux.
Le Mexique a indiqué que le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant est inscrit à l’article 4 de sa Constitution et que le pays s’est doté d’un système national de protection intégrale des filles, des garçons et des adolescents. Le Mexique appuie la recommandation du Haut-Commissaire axée sur la participation active des enfants et adolescents aux programmes de reconstruction postérieurs à une catastrophe. La Mongolie a pour sa part souligné que son climat continental extrême la rend vulnérable à un large éventail de risques naturels, ce qui fait que plus des milliers de ménages sont considérés à risque. Cette situation a poussé la Mongolie à renforcer ses stratégies de préparation et de réduction des risques de catastrophe et à mettre sur pied, en 2011, une équipe humanitaire nationale ainsi qu’un programme de participation à la réduction de ces risques. Les Philippines ont quant à elle promulgué plusieurs lois visant la protection des enfants dans le contexte des catastrophes. L’une d’elles contient des normes de redevabilité en matière de protection et de fourniture d’assistance aux enfants avant, pendant et après une catastrophe naturelle. Ainsi, dans tous les centres d’évacuation, le pays compte désormais des espaces d’accueil pour femmes et enfants. Les Philippines se sont également dotées d’un système de traçage et de réunification des familles.
Les États-Unis ont souligné que chaque enfant est un moteur de liberté et de prospérité et ont regretté que près du quart des enfants dans le monde vivent dans des contextes de crises, ce qui les rend vulnérables au recrutement illégal par des groupes armés, aux réseaux de traite des personnes et à l’exploitation sexuelle. Les Etats-Unis s’efforcent d’œuvrer avec les partenaires chargés du bien-être des enfants et continuent d’attirer l’attention sur les horreurs commises à l’encontre des enfants, y compris dans le conflit en Syrie.
Le soutien et la compétence des Nations Unies et autres organisations intergouvernementales et de la société civile sont essentiels, a affirmé le Portugal, avant d’apporter son ferme soutien à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles. Le pays a ensuite plaidé pour la fourniture de services de santé génésique et a appelé à ne jamais condamner un enfant ou adolescent pour son statut migratoire ou son statut de réfugié.
Plusieurs organisations non gouvernementales sont également intervenues. Conselho Indigenista Missionário CIMI a déclaré que les enfants de la communauté Guarani-Kaiowá courent six fois plus de risques d’être malades que les autres et que le taux de mortalité chez eux est particulièrement élevé. L’Alliance internationale d'aide à l'enfance, au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1, a souligné que pour assurer l’efficacité aux programmes et politiques dédiés à l’enfant, il fallait disposer de données ventilées; il faut également mettre l’accent sur l’éducation, sur la prévention et sur la participation des enfants. Plan International, Inc a également insisté sur l’importance des données ventilées, attirant toutefois l’attention sur les besoins spécifiques des adolescentes, qui le plus souvent courent des risques élevés de violences sexuelles et de travail forcé dans les situations de crise humanitaire. L’ONG a insisté pour que les besoins spécifiques de ce groupe soient dûment pris en compte par les acteurs humanitaires.
Human Rights Watch s’est alarmé de la situation des enfants pris dans les conflits en Syrie et au Yémen, avant de se féliciter que 73 États, soit un tiers des membres des Nations Unies, aient signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, appelant tous les autres États à faire de même. L’ONG a demandé au GRULAC d’introduire une résolution en ce sens.
Verein Südwind Entwicklungspolitik a déclaré que le tremblement de terre qui a frappé l’Iran en novembre 2017 a plongé des milliers d’enfants dans des situations catastrophiques; non seulement les autorités gouvernementales ne demandent pas d’aide internationale, mais l’aide qui arrive est détournée, a déploré l’ONG. Conseil mondial de l'environnement et des ressources a pour sa part exhorté le Pakistan à adopter des lois strictes pour punir les auteurs de violations des droits de l'enfant et, plus généralement, à adopter des politiques qui renforceraient la protection des enfants.
Remarques de conclusion
MME DURHAM a déclaré que la communauté internationale doit accorder toute l’attention voulue aux répercussions des atteintes au droit à la santé sexuelle et génésique, mais aussi au droit à l’éducation dans le contexte des crises humanitaires. Elle doit veiller à ce que les obligations des États en la matière soient respectées.
M. KHAN a souligné que l’un des moyens de préserver les droits de l’enfant est de les placer au centre de l’attention et des préoccupations; il faut les préserver physiquement et juridiquement.
M. GAMBOA a dit avoir constaté que dans le cas de conflits longs, il faut se fixer des objectifs humanitaires et faire en sorte de ne pas perdre une nouvelle génération; il faut s’assurer qu’elle acquiert une protection, une autonomie et promouvoir sa résilience. Il faut aussi que les droits spécifiques des enfants soient protégés, comme par exemple les droits en matière de santé génésique.
MME FERRO a elle aussi insisté sur l’importance de défendre les droits spécifiques des enfants, adolescents et adolescentes; il faut les écouter et ne pas appliquer des programmes et politiques sans les consulter, a-t-elle souligné.
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1Déclaration conjointe: Alliance internationale d'aide à l'enfance; Child Rights Connect; Défense des enfants – international; Foundation ECPAT International (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking in Children for Sexual Purposes); Bureau international catholique de l'enfance; Mouvement international ATD Quart Monde; Plan International, Inc; Stichting War Child; Fondation sommet mondial des femmes.
*Délégations ayant participé au débat interactif: Irlande; Royaume-Uni; Togo (au nom de l’Union africaine); Sénégal (au nom du groupe francophone); Jordanie (au nom du groupe arabe); Union européenne; Norvège (au nom d’un groupe d’États); Qatar; Bulgarie; Australie (au nom d’un groupe d’une trentaine d’États); Lettonie (au nom du groupe nordique-balte); Slovénie; Israël; Géorgie; Brésil; Saint-Siège; Belgique; Italie; Inde; Mexique; Mongolie; Philippines; États-Unis; Portugal; Conselho Indigenista Missionário CIMI; Alliance internationale d'aide à l'enfance1; Plan International; Human Rights Watch; Conseil mondial de l'environnement et des ressources.
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HRC18/022F