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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT UN DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LES VIOLATIONS DES DROITS DES ENFANTS EN SYRIE

Compte rendu de séance
Près des deux tiers des enfants de Syrie ont besoin d’assistance humanitaire et le recrutement d’enfants par toutes les parties ne cesse de croître, est-il souligné

Le Conseil des droits de l'homme a tenu ce matin un débat de haut niveau sur les violations des droits des enfants en République arabe syrienne. Après avoir entendu des déclarations liminaires de la Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Kate Gilmore, et du Coordonnateur humanitaire régional des Nations Unies pour la crise syrienne, M. Panos Moumtzis, le Conseil a entendu les exposés de trois panélistes représentants d’organisations non gouvernementales : M. Alaa Zaza, du réseau syrien de protection de l’enfance Hurras ; M. Haysam Osman, Directeur de Children of One World ; et M. Ibrahim Alkasem, de l’organisation Urnammu for Justice and Human Rights. Le débat, auquel ont pris part de nombreuses délégations*, était animé par Mme Gunilla von Hall, journaliste suédoise qui s’est rendue en Syrie pour couvrir les événements.

Près des deux tiers des enfants de Syrie ont besoin d’assistance humanitaire, plus d’un million vivent dans des zones difficiles d’accès, et la moitié des personnes déplacées internes sont des enfants, a indiqué Mme Gilmore dans sa déclaration liminaire. Elle a précisé que les violations des droits des enfants dans le pays sont commises par les autorités syriennes et par des groupes armés et a souligné que la situation avait encore empiré en 2017, avec une escalade du conflit. Mme Gilmore a exhorté le Conseil à renouveler le mandat de la Commission d’enquête indépendante en Syrie et l’a encouragé à renvoyer la situation devant la Cour pénale internationale.

Dans la Ghouta orientale assiégée, les enfants subissent un niveau élevé et sans précédent de violence indiscriminée : attaques aériennes, bombes barils, tirs à l’artillerie lourde et famine sont leur lot quotidien, a pour sa part souligné M. Moumtzis. Il a en outre fait observer que le recrutement d’enfants par toutes les parties ne cesse de croître.

M. Zaza a lui aussi souligné que dans la Ghouta orientale, là où vivent encore plus de 350 000 civils, l’accès à l’aide humanitaire est refusé et il en résulte une situation proche de la famine. Après des années de combats, le réseau Hurras avait réussi à faire en sorte que les enfants reprennent le chemin de l’école, mais les attaques récentes du « régime syrien » ont réduit ces efforts à néant, a expliqué M. Zaza. M. Osman a notamment dénoncé, pour sa part, l’utilisation d’armes chimiques contre les civils, notamment contre les enfants, avant d’appeler la communauté internationale et le Conseil de sécurité à fournir une protection et à prendre toutes les mesures légales pour poursuivre les auteurs de ces crimes. M. Alkasem a quant à lui ajouté que le « régime » se rend coupable de détention arbitraire contre ses opposants, mais aussi contre des enfants. Les organisations terroristes, comme Daech, pratiquent la même politique de détention d’enfants, qu’ils utilisent comme monnaie d’échange, boucliers humains, ou comme combattants, tout en les soumettant à des violences, dont l’esclavage sexuel, a-t-il poursuivi, faisant observer que ces faits sont moins documentés. De l’avis de M. Alkasem, toutes ces violences sont aussi de la responsabilité de ceux qui n’interviennent pas pour les faire cesser.

Nombre d’intervenants qui se sont exprimés dans le cadre du débat qui a suivi ces exposés ont déploré les attaques dont les enfants sont victimes et la situation humanitaire épouvantable dans laquelle ils se trouvent, notamment le manque de nourriture et d’accès aux soins, en particulier dans la Ghouta orientale. Il a été maintes fois souligné que les survivants porteront des séquelles physiques et psychologiques toute leur vie, certains orateurs évoquant une génération perdue. A également été particulièrement dénoncé l’enrôlement forcé et croissant d’enfants dans le cadre du conflit.


En fin de matinée, le Conseil poursuivait ses travaux en tenant son dialogue interactif avec la Commission d’enquête internationale et indépendante sur la Syrie.


Débat de haut niveau sur les violations des droits des enfants en République arabe syrienne

Déclarations liminaires

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a d’emblée rappelé que le conflit en Syrie va entrer dans sa huitième année et qu’il avait été déclenché par une révolte face au sort tragique d’un enfant de 13 ans détenu et maltraité par les autorités. Ce conflit a tué 400 000 personnes, en a blessé plus de 1 million et la situation humanitaire catastrophique démontre l’échec de la communauté internationale dans la protection des civils, et en particulier des enfants. Ce conflit a non seulement nié les droits humains fondamentaux des enfants, mais il leur a également volé leur enfance, a souligné Mme Gilmore.

Aujourd’hui, près des deux tiers des enfants de Syrie ont besoin d’assistance humanitaire, plus d’un million vivent dans des zones difficiles d’accès et la moitié des personnes déplacées internes sont des enfants, a poursuivi la Haut-Commissaire adjointe. Ces enfants vivent dans la crainte permanente, privés de tout, de leur droit à l’éducation, de leur droit à la santé et de leur droit de jouer. En 2017, la situation a empiré ; le conflit a connu une escalade et le nombre de violations vérifiées des droits des enfants a été le plus élevé depuis 2012. Ces violations sont commises par les autorités syriennes et par des groupes armés, a rappelé Mme Gilmore. Les enfants sont arrêtés et détenus pour l’association supposée de leur famille avec les groupes armés, a-t-elle expliqué. Les filles sont soumises à des violences sexuelles, à des mariages forcés ou à l’esclavage sexuel par les groupes armés, a-t-elle ajouté. En outre, la prise pour cible des écoles est devenue l’une des tendances les plus vicieuses du conflit syrien, a-t-elle rappelé.

Combien d’enfants syriens devront encoure mourir cette année de la violence, a demandé Mme Gilmore ? Combien de temps la communauté internationale pourra encore tolérer cette violence intolérable contre des enfants ? Nous devons placer les enfants au-dessus de tout, alors que 125 000 d’entre eux sont encore piégés dans la Ghouta orientale, a rappelé la Haut-Commissaire adjointe. Les enfants syriens risquent d’être victimes de crimes de guerre, potentiellement de crimes contre l’humanité ; ceux qui infligent ces souffrances ont-ils encore des mots pour expliquer ces actes barbares, a demandé Mme Gilmore ?

Mme Gilmore a exhorté le Conseil à renouveler le mandat de la Commission d’enquête indépendante sur la Syrie et l’a encouragé à renvoyer la situation devant la Cour pénale internationale. Les auteurs de ces actes doivent savoir qu’ils seront identifiés : des éléments de preuve sont en train d’être recueillis, a-t-elle conclu.

M. PANOS MOUMTZIS, Coordonnateur humanitaire régional des Nations Unies pour la crise syrienne, a déclaré que le dialogue de ce matin offre l’unique occasion d’aborder les questions les plus pressantes en ce qui concerne la protection des enfants dans le conflit syrien. Alors qu’aujourd'hui 13,1 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire qui sauve des vies, les enfants comptent pour 40% de ce chiffre et ont des besoins spécifiques. Dans la Ghouta orientale assiégée, ils subissent un niveau élevé et sans précédent de violence indiscriminée: attaques aériennes, bombes barils, tirs à l’artillerie lourde et famine sont leur lot quotidien. Ils vivent dans des caves surpeuplées avec leurs familles, ne sachant pas s’ils vivront un autre jour. Ce traumatisme psychologique durera toute leur vie, a souligné le Coordonnateur humanitaire régional des Nations Unies pour la crise syrienne.

Citant diverses sources onusiennes, dont la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie, il a également affirmé que pour la seule année 2017, au moins 910 enfants ont été tués et 361 autres blessés, la vaste majorité dans les violences survenues à Idleb, Alep et Deir-ez-Zor. Les attaques contre les hôpitaux, comme celles qui se produisent actuellement dans la Ghouta orientale et dans le gouvernorat d’Idleb menacent de manière critique la fourniture de services médicaux et ont des conséquences disproportionnées sur les enfants. L’an dernier, 108 attaques contre des hôpitaux et contre des personnels médicaux ont été vérifiées, dont 81 raids aériens, a précisé M. Moumtzis, affirmant que dans n’importe quel pays, une attaque contre un hôpital provoquerait un tollé.

M. Moumtzis a également affirmé que le recrutement d’enfants par toutes les parties ne cesse de croître. En 2017, les chiffres montrent que 25% des cas impliquaient des garçons et filles de moins de 15 ans. Sur ce nombre, neuf enfants sur dix sont directement envoyés au combat, après avoir reçu un uniforme et une formation militaire. En outre, dans les régions assiégées, la moitié des 400 000 personnes qui y vivent sont des enfants, alors que le Gouvernement syrien continue de refuser un accès humanitaire à ces zones. Si rien ne change, nous verrons tôt ou tard davantage de personnes mourir de la faim que des bombardements, a conclu le Coordonnateur humanitaire.

MME GUNILLA VON HALL, Journaliste suédoise et modératrice du débat, a expliqué avoir été en Syrie pour y couvrir les événements. Elle a raconté l’histoire de certains enfants qui ont survécu à la guerre mais ont été gravement blessés et qui, par rapport à beaucoup d’autres, ont cependant la chance d’être toujours en vie. Mme von Hall a expliqué que les citoyens de la Ghouta n’ont pas uniquement besoin de nourriture ; ce qu’ils veulent c’est la fin de la guerre.

Exposés des panélistes

M. ALAA ZAZA, Membre fondateur du réseau Hurras, un réseau syrien de protection de l’enfance, a expliqué qu’il était difficile de décrire les événements dans la Ghouta orientale, là où vivent encore plus de 350 000 civils. L’accès à l’aide humanitaire est refusé et il en résulte une situation proche de la famine. Plus de 100 000 enfants sont pris pour cibles par diverses armes. Après des années de combats, le réseau Hurras avait réussi à faire en sorte que les enfants reprennent le chemin de l’école, mais les attaques récentes du « régime syrien » ont réduit ces efforts à néant, a expliqué M. Zaza. Une école de filles a été détruite, mais même après les attaques chimiques, les jeunes filles – certaines amputées – continuaient à jouer sur les ruines pourtant encore contaminées. Ces enfants demandent pourquoi le monde ne fait rien. Il semble ironique de voir que plus la crise est exacerbée, plus la communauté internationale semble immobilisée. Les enfants vont continuer de mourir si rien n’est fait. Pourtant, ce sont toujours les mêmes mesures qui vont être présentées, des résolutions et des rapports ; mais les véritables actions à prendre vont être passées sous silence car certains vont estimer qu’elles ne sont pas réalisables. La compassion envers les enfants s’éteint très vite, a regretté M. Zaza. Ce qui peut sauver les enfants, c’est réparer le système qui ne fonctionne pas et rebâtir un autre système de justice qui traduira véritablement les auteurs des violations au regard du droit international. M. Zaza a repris le cri de désespoir d’une de ses amies qui se trouve à la Ghouta orientale et qui demande d’éliminer au plus vite le véto du Conseil de sécurité, car il permet aux pires criminels de l’histoire de ne pas rendre des comptes et à certains privilégiés de décider du sort de l’ensemble de la population mondiale. M. Zaza a demandé quelles mesures allaient être prises pour protéger la Ghouta orientale des attaques chimiques, des attaques contre les écoles, des horreurs qui sont perpétrées dans le nouveau charnier de la Syrie.

M. HAYSAM OSMAN, Directeur de Children of One World, a souligné que les violences à l’égard des enfants représentent une catastrophe. Il a qualifié le blocus de sanction collective et a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques contre les civils, notamment contre les enfants. Les enfants sont aussi privés d’enregistrement à l’état civil, ce qui les prive notamment de l’accès à l’école et ce qui a poussé des filles au mariage précoce, a-t-il ajouté. M. Osman a donné l’exemple d’une fillette de 10 ans, qui est réfugiée dans un pays voisin et qui ne comprend pas pourquoi c’est sa famille qui a dû quitter sa maison et non pas les oppresseurs. Près de 1,5 million d’enfants sont privés d’école, en raison de la peur de s’y rendre ou du manque d’infrastructures.

M. Osman a dénoncé une situation honteuse et a rappelé qu’il n’y a rien de plus important que de protéger les droits des enfants – et avant tout leur droit à la vie. Tous les efforts se sont jusqu’à présent soldés par un échec et n’ont pu mettre un terme aux souffrances des enfants ; mais il existe encore aujourd’hui une opportunité pour arrêter l’hémorragie, a-t-il assuré. Il a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à fournir une protection, à activer la Commission d’enquête et à prendre toutes les mesures légales pour poursuivre les auteurs de ces crimes.

M. IBRAHIM ALKASEM, Membre fondateur de l’organisation Urnammu for Justice and Human Rights, a déclaré qu’en Syrie, le « régime » se rend coupable de détention arbitraire contre ses opposants, mais aussi contre des enfants. Il a indiqué que son organisation avait documenté des cas de détention d’enfants par le Gouvernement syrien. Selon les données recueillies, les enfants sont victimes de torture, utilisés contre leurs parents, accusés d’espionnage, affamés. La majorité de ces prisonniers sont âgé de 13 à 18 ans et sont détenus avec ou sans leurs parents ; certains enfants naissent même dans ces centres de détention, a indiqué le panéliste. Les organisations terroristes, comme Daech, pratiquent la même politique de détention d’enfants, qu’ils utilisent comme monnaie d’échange, boucliers humains, ou comme combattants, tout en les soumettant à des violences, dont l’esclavage sexuel, a-t-il poursuivi. Mais ces faits sont moins documentés, a-t-il indiqué.

De l’avis de M. Alkasem, toutes ces violences sont aussi de la responsabilité de ceux qui n’interviennent pas pour les faire cesser, y compris la communauté internationale et les parties au conflit. Dans ce contexte, il a lancé un appel afin que les droits de ces enfants soient protégés et que tous les auteurs de ces actes soient traduits en justice et tenus pour responsables.

Débat

L’Islande, au nom des pays nordiques, a expliqué que la situation humanitaire était épouvantable dans la Ghouta orientale, causant la mort de milliers d’enfants. Il n’y a aucun groupe aussi vulnérable que les enfants ; ils sont souvent séparés de leur famille et contraint de quitter leur foyer. Il est inacceptable que les écoles soient la cible des attaques, a ajouté l’Islande. Le Royaume-Uni, au nom d’un groupe de pays, a expliqué que des millions d’enfants n’ont jamais connu que la guerre en Syrie et porteront des séquelles physiques et psychologiques toute leur vie. La Syrie est le pays le plus dangereux du monde pour les enfants. Les écoles de la Ghouta ont été détruites et le personnel de santé arrêté. Les enfants sont enrôlés de force et sont confrontés à des violences extrêmes, a ajouté la délégation britannique. L’Union européenne a dénoncé l’enrôlement d’enfants par les forces armées, assurant que ce nombre avait augmenté de manière significative. L’Union européenne a exigé que les autorités syriennes assurent l’accès de l’aide humanitaire et que ceux qui sont responsables des violations à l’encontre des enfants aient à rendre des comptes.

La Croatie, au nom d’un groupe de pays, a expliqué que 1000 enfants ont été assassinés depuis le début de l’année, les enfants étant notamment victimes des attaques dans la Ghouta orientale. Des millions d’enfants continuent de voir leurs droits violés et cette situation aura des conséquences sur le long terme ; c’est une génération perdue, a regretté la Croatie. L’Irlande a souligné qu’en Syrie, les enfants ont été visés de manière répétée par des attaques contre les logements, les hôpitaux et les écoles. Ils meurent de maladies graves et souffrent de malnutrition ; ils porteront les marques psychologiques et physiques de ce qu’ils ont vécu.

Israël a expliqué que les voix des enfants méritent d’être entendues. Il ne faut pas oublier les hôpitaux et les écoles bombardés ; ni le fait que des mineurs sont enrôlés et les pratiques du Hezbollah et de l’Iran en la matière. La France a expliqué que la situation des enfants est critique dans la Ghouta orientale. Des centaines d’enfants souffrent de malnutrition aiguë. La situation des civils se dégrade de jour en jour. Les attaques contre le personnel de santé constituent une violation grave du droit international humanitaire, a rappelé la France. La France a exigé la libération des personnes détenues arbitrairement, s’agissant en particulier des femmes et des mineurs.

L’Estonie a jugé particulièrement choquantes les attaques brutales contre les écoles dans la Ghouta orientale. Les enfants deviennent participants directs aux hostilités, a-t-elle en outre souligné. L’Estonie a exigé que le Gouvernement syrien respecte le Protocole facultatif à la Convention aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

La Belgique a expliqué que les enfants sont victimes de manière disproportionnée des violations des droits de l’homme ; les enfants en Syrie ne connaissent que la violence et la peur et cela va prendre des générations pour surmonter ces traumatismes. La Suisse a souligné que la Syrie était le pays le plus dangereux du monde pour les enfants ; le recrutement d’enfants soldats y a doublé et La Suisse s’inquiète de l’augmentation d’attaques délibérés contre les enfants. La Suisse a elle réitéré son appel en faveur de la mise en œuvre immédiate de la résolution 2401 du Conseil de sécurité (demandant l’arrêt immédiat des combats et l’établissement d’une trêve humanitaire d’au moins 30 jours en Syrie).

L’Arabie saoudite a expliqué que depuis le début du conflit, les enfants ont été privés de leurs droits fondamentaux et victimes de torture et de mauvais traitements de la part des autorités syriennes. L’Arabie saoudite a déclaré que la situation des enfants implique que la communauté internationale agisse pour les sauver ; il est nécessaire de faire davantage pour protéger les enfants en Syrie et pour que les auteurs de violations rendent des comptes.

La Slovaquie a déploré que la souffrance d’enfants innocents se poursuive en Syrie. Les enfants ont payé le plus lourd tribut au conflit et la violence à leur encontre a atteint des niveaux sans précédent ; il faut les sauver pour qu’il n’y ait pas de génération perdue. Les autorités syriennes doivent permettre un accès libre à l’aide humanitaire dans le pays, a ajouté la Slovaquie.

Les Maldives ont jugé « alarmants » les chiffres faisant état de 1,75 million d’enfants privés d’école et de 2,8 millions vivant comme réfugiés. Répondre à ces signaux d’alarme est une responsabilité collective des Nations Unies, a souligné la délégation maldivienne.

S’alarmant des chiffres faisant état de 26 00 enfants tués depuis le début du conflit, de 4000 autres arbitrairement détenus ou portés disparus et du fait que 40% de l’aide humanitaire approuvée par les Nations Unies n’est pas délivrée, les États-Unis ont affirmé que la situation dans la Ghouta orientale montre que le Gouvernement syrien n’hésite pas à tuer le plus de civils possible, y compris des enfants, pour se maintenir au pouvoir. Ces chiffres sont en effet « effarants », a poursuivi Bahreïn, avant de préciser qu’il avait ouvert des écoles dans les camps de réfugiés. Pour la délégation bahreïnite, la première étape pour la protection des enfants est la mise en œuvre de la résolution 2401 du Conseil de sécurité.

L’Australie a dit que la responsabilité de la situation doit être portée par le Gouvernement syrien. Pour sa part, le Gouvernement australien fournit une aide à hauteur de 433 millions de dollars pour les enfants accueillis en Jordanie ou ailleurs.

La République islamique d’Iran estime pour sa part que compte tenu de la présence de groupes terroristes en Syrie et de leurs actions, la communauté internationale doit concentrer ses efforts sur leur éradication pour protéger les enfants.

Plusieurs organisations non gouvernementales se sont également exprimées. La Commission des églises pour les affaires internationales du conseil œcuménique des églises s’est dite choquée par les bombardements contre les civils, ainsi que par les taux de malnutrition des enfants, attirant en outre l’attention sur les problèmes psychologiques induits par les traumatismes liés au conflit. L’ONG a appelé les pays qui ont une influence sur le terrain à mettre fin à la tragédie.

United Nations Watch a évoqué la population assiégée dans la Ghouta orientale, qui subit des frappes quotidiennes de l’aviation russe, et s’est dit choqué que des États membres se soient opposés à un débat urgent sur les massacres en Syrie. L’ONG s’est demandée comment il est possible que les Nations Unies puissent échouer encore une fois à agir pour protéger les enfants.

L’Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale a rappelé que les enfants sont les plus vulnérables et ont besoin d’une protection particulière. L’effondrement des infrastructures médicales n’est pas le seul élément mettant leur vie en péril et un nombre croissant d’enfants souffrent de malnutrition et de problèmes de santé mentale, a souligné l’ONG, ajoutant que les enfants sont aussi victimes de violences excessives et de recrutements forcés. L’ONG a exhorté toutes les parties au conflit à respecter le droit international relatif aux droits de l'homme et le droit international humanitaire, et à mettre fin aux bombardements contre la population civile.

Le Conseil international pour le soutien à des procès équitables et aux droits de l’homme a expliqué que tous les États membres doivent comprendre qu’ils ne doivent pas jeter de l’huile sur le feu, ni inciter des groupes armés à pilonner des écoles et des hôpitaux. Il faut que le Conseil se saisisse de la question des souffrances des enfants victimes des groupes terroristes. De nombreux pays financent le terrorisme avec de l’argent sale, a dénoncé l’organisation.

International Human Rights Association of American Minorities (IHRAAM) a expliqué que les mots lui manquent pour qualifier la situation en Syrie. Rien ne change depuis sept ans, sauf le nombre d’enfants morts et blessés. La communauté internationale se doit de prendre une position sérieuse pour mettre fin aux souffrances, a insisté l’ONG.

Le Mouvement indien «Tupaj Amaru» a expliqué que dans la Ghouta orientale, se joue l’intérêt des puissances néo-occidentales face à l’indifférence du monde. La Syrie est victime d’une agression militaire et d’un complot terroriste financés par les pays occidentaux ainsi que par le Qatar et l’Arabie saoudite, a affirmé l’ONG. Elle a dénoncé la théorie du chaos préconisée par l’Amérique du Nord et par le sionisme international, qui se sont fixés comme objectif de se partager les réserves de gaz, de pétrole et d’eau douce du monde. Les terroristes utilisent les écoles et les hôpitaux pour se cacher, a ajouté l’ONG.

Réponses et conclusions des panélistes

M. ZAZA a dit que tout le monde constate aujourd'hui que le Conseil de sécurité et ses membres font partie du problème et non pas de la solution. Le Conseil de sécurité fonctionne sur des règles procédurales qui le paralysent, a-t-il insisté. « Si l’on fait confiance à la nature humaine, on est un imbécile et si on baisse les bras, on est lâche », a-t-il ajouté, assurant que les membres de son organisation (le réseau Hurras) ne sont, pour leur part, ni des imbéciles, ni des lâches et continueront sur le terrain de documenter les violations des droits de l'homme et de défendre les droits de l’enfant.

M. Zaza a ensuite souligné que les enfants n’attendent pas que de l’aide ; ils attendent que leurs droits soient protégés. Il a encouragé les États membres à repenser la riposte, notamment la réponse humanitaire. Alors que 219 attaques ont été dénombrées contre des écoles l’année dernière, provoquant la mort d’au moins 1000 enfants, il faut agir maintenant, a-t-il conclu.

M. OSMAN, a déclaré que la protection des travailleurs humanitaires est un impératif international sur lequel il faut se concentrer, car ce sont eux qui peuvent documenter les atrocités commises en Syrie. M. Osman a par la suite réitéré son appel en faveur de la justice et de la reddition de comptes, indiquant ne pas souhaiter politiser le débat au détriment des droits des enfants.

M. ALKASEM a déclaré que l’absence de la délégation syrienne (au présent débat) montre que le « régime » syrien ne fait aucun cas des enfants. Alors que nombre d’enfants sont détenus par toutes les parties au conflit, la communauté internationale doit tout faire pour libérer ces enfants, a-t-il ajouté.

M. Alkasem a ensuite insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts en faveur de la justice et de l’octroi de réparations. Les familles des personnes disparues ont le droit de savoir où sont leurs proches, a-t-il ajouté. L’État syrien se doit de respecter les instruments internationaux auxquels il est partie.

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* Délégations ayant participé au débat: Islande (au nom des pays nordiques); Royaume-Uni (au nom d’un groupe de pays); Union européenne; Croatie (au nom d'un groupe de pays); Irlande; Israël; France; Estonie; Belgique; Suisse; Arabie saoudite; Slovaquie; Australie; Iran ; Maldives; États-Unis et Bahreïn; Commission des églises pour les affaires internationales du conseil œcuménique des églises; United Nations Watch; Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale; Conseil International pour le soutien à des procès équitables et aux Droits de l'Homme; International Human Rights Association of American Minorities (IHRAAM); Mouvement indien «Tupaj Amaru».


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HRC18/039F