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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Il entend dix-neuf hauts dignitaires

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi ce matin son débat de haut niveau, entamé hier matin, en entendant les déclarations de hauts dignitaires des dix-sept pays suivants : Slovénie, Croatie, Tchéquie, Espagne, Maroc, Maldives, Philippines, Azerbaïdjan, Myanmar, Zimbabwe, Afrique du Sud, Royaume-Uni, Slovaquie, Mexique, Éthiopie, Émirats arabes unis, Lituanie. Se sont également exprimés le Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et la Commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine

Au cours de cette séance matinale, un grand nombre d’intervenants ont remercié le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, pour son travail et pour ses efforts en faveur du renforcement des droits de l’homme partout dans le monde. De nombreux hauts-dignitaires ont souhaité que l’occasion que fournit la célébration du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme soit saisie pour rappeler l’importance de cette Déclaration, ainsi que l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l'homme.

Les interventions des hauts dignitaires qui se sont exprimés ce matin ont également porté sur les situations de droits de l'homme dans divers pays, en particulier au Myanmar et en Syrie. S’agissant de la Syrie, le Ministre d’Etat pour le Commonwealth et les Nations Unies au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni a rappelé que les droits de l’homme et le droit international humanitaire sont violés quotidiennement dans ce pays et a déclaré que ceux qui peuvent influencer le régime doivent agir maintenant. À l’instar d’autres hauts dignitaires, il a ensuite affirmé que les violences dans l’État de Rakhine et les persécutions à l’encontre de la minorité musulmane relèvent d’un nettoyage ethnique et a indiqué que le Royaume-Uni étudiait la possibilité de poursuivre les auteurs de ces crimes. Le Secrétaire général de l’Organisation de coopération islamique a pour sa part déclaré que l’une des pires formes d’islamophobie est le traitement subi par les Rohingya au Myanmar et a dénoncé le nettoyage ethnique et le déplacement forcé dont ils sont victimes.

Le Ministre de la coopération internationale du Myanmar a affirmé que la situation dans l’État de Rakhine ne relève en rien d’un conflit religieux, mais bien d’un conflit politique et économique impliquant aussi des questions migratoires et la compétition pour des ressources limitées, ainsi que la pauvreté et l’absence d’état de droit. Il a ensuite affirmé que quelques heures seulement après la publication du rapport de la commission consultative présidée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, la prétendue Armée de libération des Rohingya de l’Arakan (ARSA) a lancé une attaque orchestrée contre 30 postes de police, laissant derrière elle de multiples blessés et morts parmi la population civile. Les forces de sécurité du Myanmar n’ont d’autres choix que de supprimer le terrorisme et de restaurer la loi et l’ordre et protéger les innocents, a alors souligné le Ministre.

Le rôle du Conseil a également fait l'objet d'un certain nombre de commentaires. Soulignant les « immenses progrès » faits par le Conseil, le Vice-Premier Ministre slovène a affirmé que cet organe « peut et doit faire plus », eu égard à son immense responsabilité. Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne a indiqué qu’en tant que membre de cet organe, l’Espagne pousserait le Conseil à accorder une attention particulière aux situations les plus graves, en insistant sur le rôle de prévention et d’assistance aux Etats dans l’accomplissement de leurs engagements.


Le Conseil poursuit, en milieu de journée, son débat de haut niveau.


SUITE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. KARL ERJAVEC, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République de Slovénie, a félicité son compatriote Vojislav Suc pour son élection à la présidence du Conseil et a rappelé que depuis la création de cet organe en 2006, la Slovénie a activement contribué à ses travaux. Il a ensuite loué le Haut-Commissaire et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, les remerciant pour leurs efforts et contributions en faveur de la promotion et de la protection des droits de l’homme dans le monde. Il a reconnu le rôle essentiel que les représentants de la société civile jouent dans les travaux du Conseil ainsi que la contribution importante des défenseurs des droits de l’homme. La Slovénie est fermement convaincue qu’il existe une forte interdépendance entre la paix et la sécurité, le développement durable et les droits de l’homme, a poursuivi M. Erjavec, avant de recommander de continuellement rechercher les moyens de renforcer les liens entre les différentes parties du système onusien et au-delà.

Soulignant les « immenses progrès » faits par le Conseil, le Vice-Premier Ministre slovène a ajouté que cet organe « peut et doit faire plus », eu égard à son immense responsabilité qui est de réagir de manière efficace et effective aux défis concernant les droits de l’homme et la dignité humaine dans le monde entier. M. Erjavec a insisté sur le rôle préventif du Conseil et sur sa responsabilité de protéger. Il a ensuite condamné la poursuite des violations des droits de l’homme « généralisées, systématiques et flagrantes » en Syrie et a déploré l’incapacité des parties impliquées dans ce conflit à respecter le droit international. Il a en outre dit suivre de près l’évolution en République démocratique du Congo et a exprimé son inquiétude concernant la persistance de violations graves des droits de l’homme au Soudan du Sud.

La Slovénie reste vigilante en ce qui concerne la situation en Ukraine, a par ailleurs déclaré M. Erjavec, demandant à toutes les parties au conflit de respecter le cessez-le-feu et toutes les obligations prévues dans les accords de Minsk. La situation humanitaire, dramatique, et la poursuite des violations dans les zones touchées par le conflit demeurent un sujet de grave préoccupation, a-t-il affirmé, avant de réitérer l’appel de son pays en faveur d’un accès libre et sans restriction des mécanismes internationaux à la péninsule de Crimée illégalement annexée ainsi qu’aux régions de Donetsk et Louhansk.

La situation humanitaire de la population rohingya au Myanmar et des réfugiés de cette communauté au Bangladesh est également un sujet de préoccupation. Le Gouvernement du Myanmar doit respecter ses obligations en vertu du droit international et protéger les civils sans discrimination contre les violations de droits de l’homme, a souligné le Vice-Premier Ministre de la Slovénie.

M. Erjavec a ensuite rappelé qu’il y a près d’un mois, son pays, en collaboration avec l’OCDE, a organisé une conférence de haut niveau sur les politiques pour l’égalité face au vieillissement, qui a été une plateforme de discussions approfondies. Il a aussi fait état d’une initiative sur les droits des personnes appartenant à des minorités, qui s’appuiera sur les recommandations de la dixième session du Forum des questions relatives aux minorités. Une autre initiative traite de la question des obligations en matière de droits de l’homme relatives à un environnement sûr, propre, sain et durable, et vise à la prorogation du mandat du Rapporteur spécial sur ce thème. Enfin, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères a souligné que le 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme présente une opportunité pour tous de confirmer une nouvelle fois les principes universels et les normes des droits de l’homme, soumis aujourd’hui à de fortes pressions dans différentes parties du globe. Nous pouvons apporter une contribution fondamentale à l’application de tous les droits de l’homme dans toutes les sociétés et partout dans le monde à travers une promotion active de l’éducation et de la formation aux droits de l’homme, a-t-il déclaré.

MME MARIJA PEJČINOVIĆ BURIĆ, Vice-Première Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a tout d’abord salué le Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour son intégrité et son indépendance. La Croatie va continuer à promouvoir les normes de droits pour tous les peuples et lutter contre toutes les discriminations aux niveaux national et international, a-t-elle indiqué. Le 70ème anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme fournit une bonne occasion de rappeler que les droits de l’homme sont à la base de la paix et de la sécurité dans le monde ; les deux Pactes et la Déclaration constituent le socle des droits de l’homme, a-t-elle précisé. Pour sa part, la Croatie applique les normes les plus élevées du droit international relatif aux droits de l’homme. La Constitution a d’ailleurs fixé les normes les plus élevées en matière de promotion et de protection du droit des minorités, a souligné Mme Pejčinović Burić.

La communauté internationale est toujours confrontée à de graves violations des droits de l’homme ; le monde est bien loin de l’idéal de la pleine jouissance des droits de l’homme pour tous, a regretté la Ministre croate des affaires étrangères. Il est crucial de lutter contre l’origine de la violence au sein des groupes terroristes qui nient toutes les valeurs universelles en matière des droits de l’homme. La Croatie soutient pleinement le Conseil dans sa lutte contre les violences barbares partout dans le monde, a insisté Mme Pejčinović Burić. La Croatie condamne les violations des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, au Myanmar, au Soudan du Sud, au Burundi, au Yémen, en Erythrée, en Libye, en République démocratique du Congo et en Ukraine, pour ne citer que ces pays, a-t-elle précisé. La Croatie est particulièrement préoccupée par l’escalade de la violence en Syrie, a-t-elle ajouté. Il faut traduire les auteurs des crimes devant la justice pour prévenir ce type d’exactions à l’avenir, a-t-elle souligné.

Le Conseil doit poursuivre ses efforts pour mener à bien son mandat, qui est extrêmement important, et pour ce faire, il faut éviter tout isolement, la sélectivité et les approches unilatérales, a d’autre part indiqué Mme Pejčinović Burić. Les différences d’opinions existent, mais il faut dialoguer pour surmonter ces divergences et arriver à des décisions valables, a-t-elle expliqué. La Croatie, pour sa part, a accueilli différentes procédures spéciales, a-t-elle rappelé, avant de souligner que ces procédures permettent de renforcer la protection des droits de l’homme dans les différents pays. Il faut renforcer le vrai multilatéralisme et obtenir le consensus dès que cela est possible, a insisté la Vice-Première Ministre.

La politique étrangère en matière des droits de l’homme se focalise sur les droits des populations les plus socialement vulnérables: les pauvres, les personnes handicapées et les migrants, notamment, a poursuivi Mme Pejčinović Burić. Une attention internationale doit être portée à l’autonomisation des femmes, à leur implication égale au processus de décision et à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, a-t-elle indiqué, avant de rappeler que les enfants sont menacés par les conflits, la pauvreté et toutes les autres formes de violence. Le droit à la liberté de conscience et de religion devrait être renforcé alors que les minorités religieuses sont persécutées un peu partout dans le monde, a ajouté la Ministre. Elle a en outre plaidé pour l’abolition de la peine de mort. La Croatie reconnaît le travail de la société civile dans la surveillance de la mise en œuvre des droits de l’homme ; il faut à cet égard renforcer les liens avec les ONG et les défenseurs des droits de l’homme, a expliqué Mme Burić. Mais le défi le plus pressant est la crise des réfugiés et des migrants, a conclu Mme Pejčinović Burić; il faut aborder ensemble cette question en trouvant des nouvelles solutions possibles. La protection des réfugiés est une obligation morale et juridique de tous les Etats membres et le Pacte mondial sur les migrations sera dans ce domaine un outil précieux.

M. MARTIN STROPNICKÝ, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a déclaré qu’avec la célébration du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la communauté internationale entière est confrontée à la question de savoir comment appliquer de manière universelle les droits qui y sont contenus. Cependant, un regard en arrière montre que l’on peut être fier des succès enregistrés, même s’il reste encore des défis à surmonter, dont certains sont prééminents, a-t-il ajouté.

La République tchèque a également un anniversaire heureux à célébrer, en l’occurrence le 100e anniversaire de la naissance de son État moderne, créé au lendemain de la Première Guerre mondiale et basé sur les principes d’humanité et d’égalité. Elle célèbre également et malheureusement de plus sombres anniversaires, c’est-à-dire des périodes de sévères violations des droits de l'homme et de persécution, a ajouté le Vice-Premier Ministre, citant le 80e anniversaire de l’Accord de Munich (1938), le 70e anniversaire de la tombée du rideau de fer (1948) et le 50e anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie (1968).

M. Stropnický a ensuite dit partager les vues et les préoccupations du Haut-Commissaire aux droits de l'homme concernant les situations relatives aux droits de l'homme dans le monde. Comment peut-on célébrer des anniversaires de droits de l'homme lorsque le droit international humanitaire est ignoré, lorsque de nombreux civils meurent sous le coup d’horribles attaques ? Comment les libertés sont-elles protégées quand les défenseurs des droits de l'homme, les avocats et autres activistes sont accusés de menacer des États pour le simple fait de s’être exprimés ? Comment les droits de l'homme sont-ils protégés lorsque les personnes sont persécutées ou discriminées sur la simple base de leur genre, couleur de peau, croyances ou orientation sexuelle, a-t-il demandé ?

Au plan national, le Ministre tchèque des affaires étrangères a assuré que son pays est très attaché aux droits de l'homme et en particulier aux droit de l’enfant. La République tchèque, qui a passé son Examen périodique universel en novembre dernier, apprécie toutes les recommandations qui lui ont été adressées et accorde une grande attention au dialogue avec les États. Enfin, la République tchèque est candidate pour devenir membre du Conseil des droits de l'homme pour la période 2019-2021, a indiqué M. Stropnický, demandant aux autres pays de soutenir cette candidature.

M. ALFONSO MARIA DASTIS QUECEDO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a réitéré qu’il était plus que jamais nécessaire de réaffirmer, comme proclamé dans la Charte des Nations Unies, notre « foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes ». Alors que l’on célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne, M. Dastis Quecedo a affirmé que la Déclaration universelle est un document en vigueur qu’il faut entendre comme un « document vivant » et qui doit être assumé et revécu par chaque génération.

M. Dastis Quecedo s’est ensuite réjoui de l’élection de l’Espagne à un siège de membre du Conseil en octobre dernier, élection qu’il a interprétée comme une reconnaissance de l’engagement des pouvoirs publics et de la société espagnols en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme et comme une expression de la confiance en l’Espagne. Il a précisé qu’en tant que membre de cet organe, son pays pousserait le Conseil à accorder une attention particulière aux situations les plus graves, en insistant sur le rôle de prévention et d’assistance aux Etats dans l’accomplissement de leurs engagements. Il a aussi assuré de son appui au Conseil en ce qui concerne les résolutions de pays et a insisté sur le devoir de tous les Etats de coopérer avec les mécanismes créés par le Conseil. Il a ensuite félicité la présidence slovène du Conseil pour ses efforts visant à améliorer l’efficacité de cet organe et a fait valoir que l’Espagne promeut traditionnellement des résolutions sur les droits de l’homme, l’eau potable et l’assainissement et sur la contribution des parlementaires nationaux aux travaux du Conseil et à l’Examen périodique universel. Il a aussi annoncé que son pays maintiendrait sa position ferme concernant l’abolition de la peine de mort et la mise en place de moratoires sur cette peine. Il a en outre prôné la lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, et a plaidé pour l’égalité entre les sexes, le rejet de discrimination fondée sur l’orientation et l’identité sexuelles ou encore la défense des droits des personnes handicapées. Il a par ailleurs insisté sur l’établissement d’une société civile libre et dynamique, qui renforce les démocraties.

Le Ministre espagnol a ensuite insisté sur l’importance que son pays accorde au développement durable et sur les efforts qu’il consent en faveur de la promotion des droits économiques, sociaux et culturels, ainsi que dans le domaine des droits de l’homme et des entreprises. M. Dastis Quecedo a préconisé un dialogue efficace au sein du Conseil et a souhaité que l’accent soit mis sur la coopération et l’assistance pour aider les pays à s’acquitter de leurs obligations.

M. MOSTAPHA RAMID, Ministre d'État chargé des droits de l'homme du Maroc, a remercié le Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour ses efforts en faveur du renforcement des droits de l’homme partout dans le monde. Il a ensuite indiqué que le Maroc avait nommé les membres de sa Cour constitutionnelle afin de renforcer le rôle de la justice dans la promotion et la protection des droits de l’homme dans ce pays. Le Maroc a par ailleurs adopté une loi concernant la création de l’institution nationale des droits de l’homme et a mis sur pied différents mécanismes nationaux de prévention de la torture, de protection des personnes handicapées et de dépôt de plaintes pour les enfants. Le Ministre a ensuite dressé une liste de nouvelles législations et de projets de loi qui visent à renforcer les droits de l’homme dans le pays.

Le Maroc a pris différentes mesures pour faciliter la vie des migrants dans le pays, a poursuivi M. Ramid. Le pays va accueillir cette année le 11e Sommet du Forum mondial sur la migration et le développement, en vue de parvenir au Pacte mondial sur les migrations, a-t-il ajouté. Le Maroc a par ailleurs lancé une initiative régionale : le plan africain pour la migration, a-t-il indiqué. Le pays essaie de faire de la migration un levier du développement et un pilier du développement économique, a insisté M. Ramid.

Le Ministre marocain a ensuite rappelé que son pays avait accueilli en octobre dernier le Sous-Comité pour la prévention de la torture, dont les autorités ont tout fait pour faciliter le travail sur le terrain. Le pays est en outre prêt à accueillir différents rapporteurs spéciaux cette année, a-t-il ajouté.

Le Ministre marocain a ensuite expliqué que le Plan d’autonomie pour le Sahara a pour but de mettre un terme à un conflit monté de toute pièce au Sahara marocain. Les résolutions de Conseil de sécurité sont claires et saluent la volonté du Maroc de permettre l’autonomie de ces provinces, a affirmé le Ministre. Le nouveau modèle de développement des provinces du Sud du Maroc ambitionne de poursuivre le processus de développement économique et social ; il place la population de ces régions au cœur des politiques. Les Nations Unies ont salué les élections organisées dans ces provinces, a ajouté M. Ramid. Il a ensuite regretté que les citoyens marocains détenus à Tindouf voient l’ensemble de leurs droits bafoués ; il relève de la responsabilité de l’Algérie de recenser les personnes détenues dans les camps, alors que ces personnes sont privées d’assistance humanitaire car les fonds qui leur sont destinés sont détournés par les Algériens, a déclaré le Ministre marocain. L’Algérie se doit de prendre ses responsabilités et de participer au processus qui vise à aboutir à une solution politique sur la Sahara marocain, a-t-il insisté.

Le Ministre a par ailleurs rappelé que Sa Majesté le Roi du Maroc a fait part de son refus de toute résolution qui pourrait toucher au statut juridique et politique de Jérusalem, afin de préserver l’identité palestinienne de Jérusalem. Les Palestiniens ont le droit d’avoir leur État avec Jérusalem-Est comme capitale, a insisté M. Ramid. En conclusion, le Ministre marocain a indiqué que son pays avait lancé un processus pour mettre au point un plan national pour la démocratie : ce plan est réaliste et englobe 435 mesures qui recouvrent l’ensemble des droits sociaux, économiques, culturels, civils et politiques. Ce mécanisme sera mis en œuvre très bientôt, a assuré le Ministre.

MME AISHATH SHIHAM, Ministre de l’éducation des Maldives, a déclaré que le Conseil des droits de l'homme, « bastion d’idéaux », est destiné à renforcer les systèmes de garanties des droits inaliénables et à promouvoir les mécanismes de bonne gouvernance et des institutions créées par les peuples pour les peuples. La Constitution de la République des Maldives a été écrite par les Maldiviens pour les Maldiviens, a-t-elle affirmé. Or, le 1er février de cette année, une conspiration financée à coups de millions de dollars a été mise en place : deux juges de la Cour suprême des Maldives ont rendu des arrêtes politiques, outrepassant leurs compétences et leur mandat, en plus de violer deux articles de la Constitution. Ces arrêts avaient pour but de libérer des individus en détention et de réinstaller des membres du Parlement afin d’organiser une procédure de destitution du Président. Une telle démarche, outre son inconstitutionnalité, faisait courir un risque pour la sécurité et la démocratie du pays. Sur proposition du cabinet de sécurité, le Président de la République, pour préserver l’intégrité de la Constitution et protéger la sécurité, s’est résolu, sans légèreté, à proclamer l’état d’urgence dans la capitale et uniquement à l’encontre des personnes impliquées dans les événement du 1er février, a expliqué la Ministre maldivienne, avant d’assurer que son Gouvernement met tout en place pour préserver les droits de l'homme partout sur le territoire, y compris dans le contexte des prochaines élections présidentielles qui doivent se tenir dans quelques mois.

Mme Shiham a souligné que respecter ce programme électoral est primordial pour assurer le bon fonctionnement du Gouvernement. Améliorer la vie de la population et assurer ses droits économiques, sociaux et culturels est une haute priorité pour les autorités maldiviennes, comme en témoigne le lancement du projet de construction de logements qui devrait fournir à 38% de la population des logements convenables. Mme Shiham a par ailleurs fait valoir les progrès et succès enregistrés par l’archipel en matière d’éducation et d’alphabétisation. En outre, 76 000 emplois nouveaux ont été créés ces quatre dernières années et, sur la même période, la criminalité a été réduite de 35%, a-t-elle indiqué.

En ce 70e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il faut aussi se rappeler que depuis plus de 70 ans, la Palestine est occupée et que des générations entières en sont affectées. Le moment pour la communauté internationale de prendre la parole en faveur d’un État de Palestine est venu, a insisté la Ministre maldivienne. C’est une honte pour la communauté internationale de ne pas avoir été capable de résoudre la question palestinienne et elle échoue par ailleurs en Syrie, où, après six ans de guerre, on compte des millions de personnes déplacées et réfugiées, a souligné Mme Shiham.

M. ALAN PETER S. CAYETANO, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a expliqué qu’en tant que peuple très spirituel, les Philippins sont convaincus de la nécessité de prendre soin les uns des autres, indépendamment de toute considération de race ou d’origine. D’où l’obligation de protéger chacun du terrorisme, des réseaux de trafic de stupéfiants et du trafic d’armes, a-t-il indiqué. Avec le Président Duterte, a-t-il poursuivi, les Philippines font tout pour sauver la famille et créer une société progressiste. Le Ministre philippin des affaires étrangères a justifié la campagne tendant à éviter que le pays tombe sous la coupe du commerce des stupéfiants.

Parallèlement, les Philippines intègrent les Objectifs de développement durable, avec un changement de paradigme suite à l’expression de la volonté populaire de protection de la société et de la famille, a poursuivi M. Cayetano. Il a ensuite souligné que les migrants philippins méritent de travailler et de vivre dans la dignité lorsqu’ils se trouvent à l’étranger. La sécurité et les droits de l’homme ne sont nullement incompatibles, a par ailleurs rappelé le Ministre, invitant à ne jamais tolérer les mensonges, les « fake news » et l’instrumentalisation du Conseil comme outil politique. Dans ce contexte, il a réclamé l’équité et que nul ne fasse l’objet de préjugés. Il a notamment prié les titulaires de mandats (au titre des procédures spéciales du Conseil) de strictement respecter le Code de conduite qui leur est applicable et de se garder de colporter des préjugés.

Revenant sur la question de la drogue, M. Cayetano a critiqué tous ceux qui ont politisé ce sujet, notamment les ONG qui ont jugé et condamné la campagne de lutte du Gouvernement contre le fléau de la drogue, avant de dénoncer ceux qui gardent le silence sur ceux qui violent des enfants, assassinent et dénaturent les valeurs des Philippines. Les drogues ont fait 10 000 victimes dans le pays, a-t-il rappelé. Il a défié quiconque à trouver une nation plus libre que les Philippines. En ce soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il a réaffirmé l’engagement constructif de son pays en faveur du multilatéralisme et a invité toutes les nations à trouver les moyens de mieux promouvoir et protéger les droits de l’homme de tous. « Il faut nous entre-aider les uns les autres », a-t-il conseillé.

M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a souligné que le renforcement de la démocratie et la promotion des droits de l’homme sont une priorité pour le Gouvernement d’Azerbaïdjan. L’éducation est la priorité de premier niveau car une société éduquée est un préalable à une développement durable réussi, a affirmé le Ministre.

L’Azerbaïdjan a été le premier pays du monde musulman à autoriser le droit de vote aux femmes en 1918, a rappelé M. Mammadyarov. Les femmes d’Azerbaïdjan ont aujourd’hui accès aux fonctions les plus hautes. En outre, la justice pénale a été réformée pour se conformer entièrement aux normes internationales des droits de l’homme. L’Azerbaïdjan est un centre reconnu du multiculturalisme. Le pays a accueilli de nombreux événements internationaux qui visent à renforcer le dialogue multiculturel ; l’Azerbaïdjan a par ailleurs lancé le processus de Bakou dans ce domaine.

L’Azerbaïdjan reconnaît que les droits de de l’homme et le développement durable sont complémentaires, a expliqué le Ministre, avant de préciser que son pays allait présenter un projet de résolution dans le domaine de la promotion des droits de l’homme en lien avec les Objectifs de développement durable et de demander au Conseil de soutenir cette résolution par consensus. M. Mammadyarov a ensuite affirmé qu’il fallait faire avancer les activités du Conseil en renforçant son autorité en tant qu’organe crédible et créatif plutôt qu’en tant qu’organe pointant du doigt tel ou tel pays.

Le Ministre a ensuite dénoncé la violation dont fait l’objet l’Azerbaïdjan depuis plus de 25 ans, à savoir l’occupation de 20% de son territoire par l’Arménie. Plus d’un million d’Azerbaidjanais ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique. L’Azerbaïdjan accueille aujourd’hui le plus grand nombre de réfugiés par habitant dans le monde, a insisté le Ministre. L’Arménie continue son occupation en dépit des résolutions du Conseil de sécurité qui exigent un retrait des forces arméniennes du territoire occupé, a-t-il poursuivi. Un génocide a été commis en 1992, a ajouté M. Mammadyarov ; il ne s’agissait pas d’un acte isolé mais bien d’une entreprise systématique de nettoyage ethnique perpétrée par l’Arménie depuis 1988. Aucun auteur de ces crimes n’a été poursuivi par la justice, a regretté le Ministre. Le Conseil doit veiller à trouver des solutions pour les réfugiés et les populations déplacées, a-t-il conclu.

KYAW TIN, Ministre de la coopération internationale du Myanmar, a déclaré que le Gouvernement actuel de son pays, depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans, n’a cessé de prêter une grande attention à la promotion et à la protection des droits de l'homme. Il a pris des mesures prioritaires pour la réconciliation nationale, avec pour but de parvenir à établir une union fédérale démocratique et d’assurer la paix, la sécurité et le développement pour tous. Il est donc ironique que le Myanmar se trouve au centre des préoccupations de la communauté internationale pour diverses raisons, y compris des questions relatives aux droits de l'homme, a déploré le Ministre, avant de rappeler qu’il y a quelques jours, deux groupes armés, le Parti de l’Etat Môn et l’Union démocratique Lahu ont signé un accord national de cessez-le-feu le 18 février dernier, portant à dix le nombre de signataires de cet accord.

Le Myanmar est en transition vers une démocratie, après près d’un demi-siècle de gouvernement militaire, a poursuivi le Ministre. La situation du Myanmar est donc complexe et va au-delà de la compréhension de beaucoup d’étrangers. De plus, le Gouvernement a hérité de situations complexes, y compris des contraintes constitutionnelles, des conflits ethniques enracinés, une faiblesse des institutions et un manque de moyens humains. En dépit de cela, le Gouvernement est attentif à la situation dans l’État de Rakhine ; mais il tient à affirmer que la situation qui prévaut dans cette région ne relève en rien d’un conflit religieux, mais bien d’un conflit politique et économique impliquant aussi des questions migratoires et la compétition pour des ressources limitées, la pauvreté et l’absence d’état de droit. La situation n’a jamais été un problème de discrimination religieuse ou de conflit entre différentes fois, d’autant qu’une majorité de musulmans vit en harmonie avec le reste de la population dans les autres parties multiconfessionnelles du pays, a assuré le Ministre.

Le Ministre a ensuite affirmé que quelques heures seulement après la publication du rapport de la commission consultative présidée par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, la prétendue Armée de libération des Rohingya de l’Arakan (ARSA) a lancé une attaque orchestrée contre 30 postes de police, laissant derrière elle de multiples blessés et morts parmi la population civile. Les forces de sécurité du Myanmar n’ont d’autres choix que de supprimer le terrorisme et de restaurer la loi et l’ordre et protéger les innocents, a souligné le Ministre, déplorant que la presse ne fasse jamais mention des Daing-net, des Mro, Thet, Mramagyi et d’autres minorités, comme les Hindus, victimes de la violence de ce groupe armé. Pour ce qui est de la question des personnes déplacées et des rapatriements, le Ministre de la coopération internationale a assuré que c’est une des priorités de son Gouvernement, comme le montre l’accord sur le retour des personnes déplacées de l’Etat de Rakine, signé entre le Myanmar et le Bangladesh le 23 novembre 2017. Les aspects logistiques de ce rapatriement ont été mis en place depuis le 23 janvier dernier, notamment des processus de vérification, avec l’ouverture de deux centres d’accueil et de transit dans la ville de Maungdaw. Dans cette optique, le Myanmar a fourni au Bangladesh une liste de 1200 personnes, dont les identités ont été vérifiées. Un processus de vérification de 8000 personnes, à la demande du Bangladesh, est en cours, a ajouté le Ministre, indiquant en outre que son Gouvernement a invité les Nations Unies à participer à la mise en œuvre de cet accord et précisant qu’une réunion entre les autorités et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) avait eu lieu le 25 février dernier.

En ce qui concerne la lutte contre les terroristes qui recrutent des civils, le Ministre a dit admettre qu’il puisse y avoir de la violence et des dommages collatéraux parmi les civils. Mais à cet égard, le Gouvernement a toujours dit qu’il ne tolèrerait pas l’impunité et a pris des mesures à cette fin, comme le montrent les mesures prises à l’encontre de 16 individus, policiers, militaires et villageois impliqués dans des actes condamnables. Pour toutes ces raisons, le Myanmar rejette l’usage de termes tels que « nettoyage ethnique » ou encore « génocide » en référence à l’Etat de Rakhine. Il estime aussi que des informations exactes doivent être considérées avant toute prise de décision politique et dans le but de mener des analyses justes et équilibrées. Le Myanmar attend de la communauté internationale qu’elle intervienne dans bien des domaines et appelle à une compréhension de la complexité de la situation dans cet État de Rakhine, a indiqué le Ministre, affirmant que son pays traverse une des plus périodes les plus dures de sa transition.

M. ZIYAMBI ZIYAMBI, Ministre de la justice et des affaires juridiques et parlementaires du Zimbabwe, a évoqué la trajectoire de développement et de croissance de la jeune démocratie de son pays ainsi que la transition pacifique à l’issue de la démission de l’ancien Président et le processus constitutionnel de succession, qui a suscité l’espoir du peuple. Des élections auront lieu cette année, et le Président a promis qu’elles seront libres, justes et crédibles, a-t-il ajouté, invitant la communauté internationale à en observer le bon déroulement.

Le Zimbabwe poursuit également la mise en place du Programme pour une transformation socioéconomique durable, qui vise à encourager un développement équitable et la prospérité pour tous les Zimbabwéens, a poursuivi le Ministre. Parallèlement à ces efforts, le pays continue de s’efforcer de s’acquitter de ses obligations en vertu du droit international dans l’objectif de promouvoir et de protéger les droits de l'homme. Un programme vise notamment à renforcer la participation aux processus démocratiques conformément aux dispositions de la Constitution et aux normes internationales pertinentes et à améliorer et étendre les capacités de la justice et les droits de l’homme pour fournir des services de qualité et faire respecter l’état de droit. En outre, des mesures sont prises pour mettre le droit national en conformité avec les instruments internationaux des droits de l'homme. Enfin, M. Ziyambi a remercié l’équipe pays de l’ONU au Zimbabwe, qui a fourni une assistance financière et technique dans la mise en place des programmes de droits de l'homme, ainsi que le Haut-Commissariat pour son soutien.

M. LUWELLYN LANDERS, Ministre adjoint aux relations internationales et à la coopération de l’Afrique du sud, a rendu hommage au leadership du Haut-Commissaire aux droits de l’homme au terme de son mandat, reconnaissant que celui-ci a été confronté à de nombreux défis auxquels il a répondu comme il se doit. Aux anniversaires de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne, il a ajouté celui du centième anniversaire de la naissance de l’ex-Président sud-africain, Nelson Mandela qui, selon lui, personnifie tous ces documents ainsi que les neuf principales conventions relatives aux droits de l’homme. Ainsi, la Fondation Mandela a-t-elle choisi pour thème « Soyez l’héritage » pour marquer ce centenaire et M. Landers a-t-il proposé au Conseil de le faire sien aux fins de rendre hommage à Mandela.

Le Conseil doit adopter une approche équilibrée pour répondre à sa mission historique, a ajouté par ailleurs M. Landers, l’invitant donc à agir de manière à refléter l’esprit de Vienne d’indivisibilité et d’interdépendance de tous les droits de l’homme. « Il nous faut prévenir une utilisation à mauvais escient des droits de l’homme en tant qu’instrument pour faire avancer des agendas politiques de pays individuels », a souligné le Ministre adjoint. Il a noté qu’il reste beaucoup à faire dans des domaines comme le leg du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, ainsi que la pauvreté et l’inégalité, qu’il ne sera possible d’éliminer que par des efforts collectifs et une coopération. Relevant une résurgence récente du racisme, M. Landers a estimé qu’en tant que chef de file moral de la promotion et de la protection des droits de l’homme, le Conseil ne devait pas fermer les yeux sur ce défi majeur de notre temps. Il a aussi rappelé l’impératif de joindre les forces contre la pauvreté. Mettant l’accent sur le droit au développement et le caractère indivisible de tous les droits, il a affirmé que l’Afrique du Sud est l’exemple même d’une telle symbiose dans le contexte d’un pays qui, jadis, était racialement polarisé, avec des inégalités ancrées. Le Ministre adjoint a espéré que le Conseil convoquerait « une session extraordinaire sur Nelson Mandela et les droits de l’homme dans le contexte du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme ». Il a souhaité que cette session se tienne le jour où Mandela (alors âgé de 76 ans), Mama Sisulu et des millions d’Africains du sud ont voté pour la première fois de leur vie le 27 avril 1994.

M. Landers a aussi rappelé l’attachement de l’ancien président au droit à l’autodétermination et a souligné que du fait de l’apartheid (qu’ils ont vécu), les Sud-africains offrent un appui sans faille aux peuples de la Palestine et du Sahara occidental ; nous ne serons pas libres tant qu’ils ne le seront pas, a-t-il déclaré. En conclusion, si bien il a reconnu tous les progrès accomplis dans le système normatif international des droits de l’homme, le Ministre adjoint n’en a pas moins estimé qu’il reste beaucoup à faire pour combler les lacunes en matière de promotion et de protection.

LORD AHMAD OF WIMBLEDON, Ministre d’État pour le Commonwealth et les Nations Unies au Ministère des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a expliqué qu’en ce 70ème anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il ne s’agit pas de fêter de manière nostalgique et oisive cet anniversaire mais bien d’agir davantage afin de promouvoir et de protéger les droits de l’homme partout dans le monde. En Syrie, les droits de l’homme et le droit international humanitaire sont violés quotidiennement, a-t-il rappelé; des armes chimiques ont été utilisées, les forces favorables au régime bombardent les hôpitaux et les écoles et utilisent le siège pour affamer les populations et les inciter à se rendre. Il s’agit d’un enfer sur terre. Les attaques aériennes du régime continuent en dépit des résolutions des Nations Unies. Ceux qui peuvent influencer le régime doivent agir maintenant, a-t-il ajouté.

Évoquant l’impact dévastateur de la crise sur les réfugiés Rohingya du Myanmar, le Ministre d’État a ensuite souligné que les violences dans l’État de Rakhine et les persécutions à l’encontre de la minorité musulmane préoccupent le Royaume-Uni. Il s’agit d’un nettoyage ethnique, a-t-il déclaré, ajoutant que le Royaume-Uni étudie la possibilité de poursuivre les auteurs de ces crimes. Il faut travailler à plus long terme et appuyer une transition démocratique au Myanmar pour édifier une paix durable, a expliqué Lord Ahmad of Wimbledon. Il ne faut pas oublier la situation catastrophique des droits de l’homme en « Corée du Nord », a-t-il poursuivi, ajoutant que le pays est en dernière position en termes de liberté de la presse. Le Royaume-Uni exhorte la « Corée du Nord » à mettre fin à son programme nucléaire.

Pour ce qui est de l’Iran, le Royaume-Uni se félicite de la nouvelle loi sur les stupéfiants, mais juge toujours préoccupants les rapports faisant état de tortures et de morts en prison et tient à rappeler qu’imposer la peine de mort à des mineurs est contraire au droit international. Le Royaume-Uni est par ailleurs choqué par l’érosion de l’état de droit et de la démocratie aux Maldives. Ailleurs en Asie, le Ministre d’État a salué l’engagement constructif de Sri Lanka à coopérer avec le système des Nations Unies. La croissance économique impressionnante en Asie du Sud-Est est néanmoins mise en danger par un espace public et démocratique de plus en plus étroit, a-t-il fait observer.

Il y a d’autres défis sur d’autres continents notamment au Soudan du Sud, en Afrique, avec une situation très tendue des droits de l’homme depuis le début du conflit, a poursuivi le Ministre d’État, ajoutant que tous les pays contributeurs de contingents devraient protéger les civils et tout mettre en œuvre pour mettre fin au conflit. Il est extrêmement choquant et inacceptable qu’il y ait encore des cas d’abus et d’exploitation sexuels dans le monde au XXIe siècle, a en outre souligné Lord Ahmad of Wimbledon. Les pays et les ONG doivent prendre des mesures dans ce domaine et le Royaume-Uni pour sa part va réviser ses normes de financement sur base de ces mesures. Le Royaume-Uni estime par ailleurs qu’appuyer l’éducation des fillettes est une mesure intelligente pour l’avenir. Le Royaume-Uni attache par ailleurs une grande importance à la liberté de religion et de conscience ; aussi, la communauté internationale doit-elle permettre à tous les individus de pratiquer leur religion partout dans le monde.

M. IVAN KORČOK, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, s’est dit heureux de prendre la parole devant de Conseil alors que son pays en est membre cette année pour la seconde fois de son histoire. Il a estimé que le Conseil devrait renforcer ses capacités préventives s’agissant des questions dont il est saisi ; il faut transformer les outils dont il dispose en matière d’alerte précoce afin de prévenir les conflits. M. Korčok a également plaidé pour l’indépendance et l’intégrité du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, afin qu’il puisse s’acquitter de son indispensable travail en toute impartialité, objectivité et efficacité ; il a en outre rendu hommage au Haut-Commissaire, M. Zeid, pour son engagement actif et sa détermination.

Le Secrétaire d’Etat a ensuite exprimé sa préoccupation face aux cas de xénophobie, de racisme et d’intolérance dans les sociétés, pointant la nécessité urgente d’éducation dès l’enfance sur ces questions. Il a également déclaré que son pays est vivement préoccupé par la situation en Ukraine et notamment par le fait que le Haut-Commissariat ne puisse toujours pas avoir accès à toutes les parties occupées du pays. Du point de vue de la Slovaquie, cette crise ne peut se résoudre que dans le respect de l’intégrité et de la souveraineté territoriales de l’Ukraine, a conclu M. Korčok.

M. MIGUEL RUIZ CABAÑAS, Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme du Mexique, a dit ne pas venir devant le Conseil en tant qu’ami ou ennemi de qui que ce soit mais a assuré qu’il s’emploierait par contre sans relâche à promouvoir les droits des groupes vulnérables, et à plaider, encore et encore, pour les droits de la femme, ainsi que pour la lutte contre le terrorisme. Il a regretté la violence générée par les organisations de la criminalité organisée, notamment dans le cadre du trafic de stupéfiants et d’armes. Le Mexique a adopté une série de mesures visant à la protection des hommes et des femmes vivant sur son territoire, a précisé M. Cabañas. Il a rappelé que le Mexique avait accueilli un grand nombre de titulaires de mandats, qu’il a remerciés pour leur coopération, et a souligné que toutes les recommandations adressées au pays sont méticuleusement analysées. Le Mexique est déterminé à mettre en place un système humain pour une société pleinement démocratique et égalitaire, a assuré le Sous-Secrétaire.

Le Mexique entend continuer à participer au mécanisme de l’EPU en toute transparence et dans un esprit d’ouverture, a poursuivi le Sous-Secrétaire. Par ailleurs, partant du fait qu’il existe aujourd’hui 258 millions de migrants dans le monde qui sont souvent montrés du doigt alors qu’ils contribuent à la croissance économique, il a appelé à une pleine reconnaissance des migrants dans le développement local, national et international. Avant de conclure, il a rejeté la stigmatisation, l’antisémitisme, les appels à la violence et à la haine antimusulmane et le racisme institutionnalisé, et a incité à éliminer les doctrines prônant ces énormes inégalités.

M. YOUSEF A. AL OTHAIMEEN, Secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a demandé au Conseil d’agir car de l’Asie à l’Afrique, les pays et les communautés musulmans continuent de souffrir des pires formes de violations des droits de l’homme. Les Palestiniens et les Cachemiris questionnent la conscience de la communauté internationale car ils continuent de subir les plus longues occupations étrangères, qui nient leurs droits fondamentaux et leur droit à l’autodétermination, a-t-il souligné. Le Moyen-Orient reste le théâtre de guerres et de violences et les populations sont plongées dans la misère en raison de ces conflits. Le nettoyage ethnique des Rohingya au Myanmar se fait sous les yeux de la communauté internationale. La montée du racisme et de ses manifestations contemporaines que sont la xénophobie et l’islamophobie sont une menace pour les progrès enregistrés depuis 70 dans la construction d’un ordre international basé sur les droits de l’homme et le multiculturalisme, a souligné le Secrétaire général de l’OCI. Les personnes se dressent les unes contre les autres et le rêve de multiculturalisme est remplacé par le populisme et l’unilatéralisme au nom de la sécurité, a-t-il déploré.

La Déclaration universelle des droits de l’homme a permis la reconnaissance universelle de l’importance de protéger les droits de l’homme. Cette Déclaration a sensibilisé plusieurs milliards d’habitants sur l’importance de revendiquer ses droits. Le combat n’est cependant pas encore gagné. Il y a de nombreux défis à relever dans ce domaine, a insisté M. Al Othaimeen. La haine fondée sur la religion est un défi à relever, a-t-il rappelé, soulignant que l’islamophobie est une atteinte aux droits de l’homme des musulmans. Il faut promouvoir une mise en œuvre pleine et entière de la résolution sur la discrimination religieuse, a-t-il insisté. L’une des pires formes d’islamophobie est le traitement réservé aux Rohingya, à savoir le nettoyage ethnique et le déplacement forcé dont ils sont victimes. Il faut mettre en œuvre les recommandations issues de la commission menée par M. Kofi Annan, ainsi que toutes les résolutions pertinentes sur cette question.

L’OCI est en outre préoccupée par le sort des Palestiniens. Elle lance par ailleurs un appel pour une solution pérenne et durable au Cachemire, conformément aux résolutions des Nations Unies. Les trois piliers du système des Nations unies sont indivisibles, tout comme les droits de l'homme, et se renforcent mutuellement, sans hiérarchie aucune, a déclaré le Secrétaire général de l’OCI. Les violations des droits de l’homme font partie du problème et le développement fait partie de la solution, a-t-il souligné.

MME HIRUT ZEMENE KASSA, Ministre d’État aux affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré que depuis sa dernière prise de parole devant de Conseil en mars 2017, son pays s’est évertué à mettre en œuvre les recommandations issues du second cycle de l’Examen périodique universel et a mis en œuvre son second plan national des droits de l'homme. Mais aucune avancée ne sera possible si le pays ne parvient pas à rétablir la sécurité et à assurer la paix ; il est important pour tous, y compris pour tous les Ethiopiens, de bien le comprendre, a-t-elle dit.

La Ministre a ensuite présenté le dernières mesures prises par son Gouvernement et par le parti au pouvoir pour instaurer un climat politique démocratique. Ainsi, avec les partis d’opposition, a-t-il été convenu d’amender la loi électorale afin d’assurer la possibilité pour chaque citoyen de faire reconnaître sa voix au Parlement. Le Gouvernement a également accepté d’amener la loi antiterroriste ; dans ce cadre, le Procureur a renoncé aux poursuites contre les personnes inculpées au titre de cette loi et le Gouvernement a accordé son pardon aux personnes soupçonnées d’actes de terrorisme ou d’incitation à la haine. Mais alors que la situation sécuritaire n’est pas rétablie, la loi sur l’état d’urgence est encore nécessaire, dans le but de préserver la paix et la sécurité dans le pays, a expliqué Mme Kassa.

M. AHMED ABDULRAHMAN AL-JARMAN, Ministre adjoint pour les droits de l’homme et le droit international des Emirats arabes unis, a rappelé que son pays s’était soumis au troisième cycle de l’Examen périodique universel, occasion d’annoncer la création prochaine, en 2018, d’une institution nationale indépendante des droits de l’homme conforme aux Principes de Paris. Le Gouvernement a également veillé à formuler des stratégies et plans nationaux d’éducation à la tolérance et d’interdiction de la discrimination et de l’incitation à la haine, ciblant les femmes, les jeunes, les personnes handicapées, entre autres. Dans le domaine de l’emploi, les efforts se poursuivent pour garantir les droits et la protection des travailleurs, notamment par une loi sur le travail domestique et par la création de centres de formation dans les pays d’origine des migrants afin que tous les travailleurs soient renseignés sur les implications et les conditions de leurs contrats et sur leurs droits. Convaincu de l’importance d’une pleine participation des femmes dans les prises de décisions politiques, sociales et économiques, le Gouvernement commence à recueillir le fruit de ses efforts dans ce domaine puisqu’aujourd’hui, les femmes représentent 43% de la main-d’œuvre et 66% dans la fonction publique – dont 30% à des postes de direction. D’autre part, huit portefeuilles ministériels étaient détenus par des femmes en 2016, soit un nombre record pour la région voire dans le monde, s’est réjoui le Ministre adjoint émirien.

S’agissant des conflits qui frappent la région, il a estimé que la solution politique est la seule voie envisageable pour faire cesser la guerre en Syrie, en Libye, au Yémen et en Palestine et garantir l’instauration de la paix, la sécurité et la stabilité. Il a insisté sur l’obligation de la communauté internationale de faire pression dans ce sens, d’alléger les souffrances et les crises humanitaires et de mettre fin aux violations des droits de l’homme liées aux guerres dans la région. S’agissant de l’engagement des Emirats arabes unis au sein de la coalition arabe au Yémen, M. Al-Jarman a reconnu les difficultés auxquelles cette coalition est confrontée dans ses efforts visant au retour du Gouvernement légitime au Yémen, avant de rappeler les sommes importantes offertes par les Etats de la coalition arabe pour résoudre la crise humanitaire.

M. Al-Jarman a ensuite apporté son soutien aux négociations inter-syriennes et avec les parties dans la crise politique en Syrie. Il a aussi appuyé le dialogue inter-libyen et l’accord qui en a résulté. Une contribution de 500 millions de dollars a été aussi annoncée pour la reconstruction de l’Iraq, a-t-il rappelé. Evoquant la menace qui pèse sur les sites musulmans et chrétiens de la ville de Jérusalem, il a jugé essentiel de parvenir à un règlement juste, avec la solution à deux Etats dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale de l’Etat palestinien.

M. DARIUS SKUSEVIĆIUS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a exprimé ses inquiétudes face à la tendance générale de détérioration du respect des droits de l’homme dans les conflits, dans les régions affectées par une crise et dans les pays gouvernés par des régimes autoritaires. Cette tendance est d’autant plus alarmante, a-t-il souligné, que les instruments établis pour faire respecter et faire progresser nos obligations – à savoir les procédures spéciales - sont pris en otage. Le Vice-Ministre a estimé que le Conseil avait de plus en plus besoin d’une réforme vigoureuse pour lui permettre de réaliser et d’améliorer concrètement le respect des droits de l’homme dans les différents pays et régions du monde. Il a plaidé pour un débat sérieux, au sein du Conseil et aux Nations Unies à New York, autour de la mise en place de mesures nécessaires en renforçant les instruments déjà établis et tout en entretenant un dialogue étroit avec la société civile.

La Lituanie a présenté sa candidature comme membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024, a en outre indiqué M. Skusevicius. S’il est élu, le pays portera notamment une attention particulière aux questions relatives à l’égalité entre les sexes, aux droits et à la protection des femmes et des filles, ou encore aux droits de l’enfant.

Le Vice-Ministre a ensuite déploré les conflits armés et la crise humanitaire qui sévissent, notamment, en Syrie et au Myanmar, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine ou encore au Burundi. Les preuves de meurtres, de violences sexuelles, de disparitions forcées, de privation de libertés, de torture et de persécution discriminatoire dans de nombreux endroits et régions du monde attestent d’un schéma politique répressif systématique qui détruit de nombreuses vies, a souligné M. Skusevićius. « Ces caractéristiques sont explicitement présentes dans la politique agressive continue de la Russie dans le territoire souverain des pays voisins », a-t-il affirmé. « Au cours de l’année écoulée, j’ai personnellement rencontré des centaines d’Ukrainiens et de Géorgiens qui sont constamment affectés par la violence et la répression de la part de la Russie ou de ses régimes séparatistes », a-t-il indiqué. La Mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine a souligné à plusieurs reprises que ses recommandations n’étaient pas mises en œuvre, notamment dans la Crimée ukrainienne qui continue d’être occupée illégalement par la Fédération de Russie. Concluant son propos, le Vice-Ministre lituanien des affaires étrangères a rappelé qu’il relevait de la responsabilité du Conseil et des autres organes de droits de l’homme de défendre les droits des individus.

MME MINATA SAMATE-CESSOUMA, Commissaire aux affaires politiques de l’Union africaine, s’est félicitée de la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Union africaine et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, qui a permis de garantir une meilleure protection et une meilleure promotion des droits de l'homme en Afrique. Cependant, plusieurs pays de la région sont toujours le théâtre de conflits violents, avec un nombre croissant d’apatrides, de demandeurs d’asile, de réfugiés et d’autres migrants irréguliers, sur le continent et en dehors. Ces conflits ont des répercussions négatives sur l’état de droit et la gouvernance démocratique participative, a déploré la Commissaire. Malgré ces difficultés, l’Afrique a fait de remarquables progrès pour imposer une culture des droits de l'homme et l’état de droit ces dernières décennies, a-t-elle fait valoir. Le premier pas en ce sens a été marqué par l’adoption de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et l’un des points essentiels pour imposer une culture des droits de l'homme a été le déploiement d’observateurs sur le continent, par exemple au Mali, a-t-elle ajouté.


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