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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance
Il entend les déclarations d’une quinzaine de hauts dignitaires

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, en milieu de journée, son débat de haut niveau, entamé hier, en entendant les déclarations de quatorze hauts dignitaires des pays suivants : Guinée équatoriale, Lesotho, Malte, Bulgarie, Luxembourg, Costa Rica, ex-République yougoslave de Macédoine, Ukraine, Mauritanie, Canada, Kazakhstan, Irlande, Chili et Estonie. La Secrétaire générale du Commonwealth s’est également exprimée.

Le Troisième Vice-Premier Ministre chargé des droits de l’homme de la Guinée équatoriale a expliqué que son pays avait été victime, le 24 décembre dernier, d’une agression terroriste et mercenaire financée de l’extérieur. Le Ministre de la justice et des affaires constitutionnelles du Lesotho a quant à lui indiqué que les autorités du Royaume sont confrontées à de nombreux problèmes, dont un taux élevé du VIH/sida et la baisse des revenus agricoles ; il a toutefois fait part de l’ambition de son pays d’avancer rapidement vers les meilleures pratiques dans le domaine des droits de l’homme.

Le Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine a rappelé que le pays avait surmonté l’an dernier une crise politique ayant culminé avec l’attaque contre le Parlement. Les « terribles événements » du 27 avril 2017 ont constitué un tournant qui a marqué la naissance de « la nouvelle République de Macédoine, plus mature, plus juste et plus déterminée », a-t-il déclaré.

Le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine a rappelé qu’il y a quatre ans, la Fédération de Russie a lancé une agression armée contre l’Ukraine, ce qui a donné lieu à des crimes qui ont provoqué de nombreuses pertes humaines et des violations graves et de grande envergure des droits de l’homme. En dépit des difficultés, l’Ukraine s’efforce de recourir à des moyens pacifiques pour résoudre ce problème, mais la Fédération de Russie, pour sa part, utilise dans la région du Donbass des mercenaires dont les exactions sont exacerbées par l’absence d’institutions de recours, a-t-il déclaré. Certains Etats sabotent l’ordre basé sur les règles internationales, a pour sa part déploré la Ministre canadienne des affaires étrangères, avant de dénoncer l’occupation illégale et l’annexion d’une partie du territoire ukrainien par la Fédération de Russie.

Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de Malte a pour sa part indiqué que son pays avait fait des droits de l’homme, notamment des droits civils et politiques, une priorité absolue autant sur le plan national que dans ses relations étrangères. Il a en outre souligné que Malte avait adopté en 2017 sa première stratégie en faveur des migrants, qui s’accompagne d’un plan d’action.

De nombreuses autres situations de droits de l'homme à travers le monde ont été évoquées par les intervenants qui ont en outre exposé la vision et les priorités de leurs pays respectifs s’agissant de la promotion et de la protection des droits de l'homme et du rôle du Conseil dans ce contexte.


Le Conseil poursuit cet après-midi son débat de haut niveau.


SUITE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. ALFONSO NSUE MOKUY, Troisième Vice-Premier Ministre chargé des droits de l’homme de la Guinée équatoriale, a affirmé que le Conseil était l’enceinte multilatérale par excellence en vue de la construction d’un dialogue à même de favoriser une coopération accrue entre les États ainsi que la paix et la sécurité internationales. Le Gouvernement équato-guinéen est conscient non seulement du fait que les droits de l’homme sont à la base de la réalisation des Objectifs de développement durable, mais aussi de la nécessité de donner la priorité aux cibles nationales et d’élaborer des indicateurs pertinents et viables en termes de suivi et d’examen, a assuré le Vice-Premier Ministre.

Dans ce but, a poursuivi M. Mokuy, la Guinée équatoriale accorde une importance particulière aux mécanismes de protection du système multilatéral des droits de l’homme. Au niveau national, les institutions publiques se sont engagées à prévenir et pénaliser les violations des droits de l’homme. D’autre part, une « amnistie provisoire » a été adoptée sur la peine de mort, de même qu’un plan d’action de lutte contre la traite des personnes. Le Parlement des enfants a aussi été lancé, tandis que la qualité de l’enseignement a subi des améliorations dans toutes ses modalités et que le travail des enfants a été totalement aboli. M. Mokuy a aussi fait état de l’approbation par le Parlement bicaméral d’une série de recommandations acceptées par la Guinée équatoriale suite à l’Examen périodique, notamment la ratification de la convention des Nations Unies contre la corruption.

Le Vice-Premier Ministre a ensuite dit que son pays avait été victime, le 24 décembre dernier, d’une agression terroriste et mercenaire, au cours de laquelle 200 mercenaires armés et financés par le terrorisme international sont entrés par la frontière avec le Cameroun dans l’objectif avoué d’assassiner le Président de la République et sa famille, déchoir par les armes le Gouvernement constitutionnel établi et massacrer la population du pays. Il s’est félicité que les forces de sécurité, qui sont en contact permanent avec celles des pays voisins, ont permis de faire avorter cet attentat mercenaire dont certains auteurs sont en passe d’être jugés avec toutes les garanties des lois nationales et du droit international. Le Ministre a exhorté les États membres à interdire la vente d’armes à des mercenaires et à d’autres organisations qui violent les droits de l’homme.

M. LEBOHANG HLAELE, Ministre de la justice et des affaires constitutionnelles du Lesotho, a indiqué que son pays s’était doté d’un plan pour créer une institution nationale des droits de l’homme. Le Ministre a souligné l’importance d’instaurer une culture des droits de l’homme par le biais de l’éducation. Il a aussi affirmé que le Lesotho avait commencé à appliquer les recommandations de la Commission Phumaphi, chargée par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) de faire la lumière sur le décès du brigadier Maaparankoe Mahao. La SADC a déployé d’autres efforts pour faire en sorte que le Gouvernement parvienne à la stabilité politique, s’est réjoui M. Hlaele.

Le Lesotho est conscient de l’importance de se doter des mécanismes qui lui permettront de présenter des rapports reflétant la situation interne en matière de droits de l’homme, a expliqué le Ministre. Il a indiqué également que le Lesotho était en train de mettre en œuvre les recommandations qui lui ont été adressées à l’occasion de l’EPU. Attaché à ses obligations internationales, le Gouvernement a pris des mesures concrètes pour mettre en œuvre des mécanismes qui font avancer les droits de l’homme, a assuré M. Hlaele.

Le Lesotho fait face à de nombreux problèmes, notamment un taux élevé du VIH/sida et la baisse des revenus agricoles. Il a néanmoins l’ambition d’avancer rapidement vers les meilleures pratiques dans le domaine des droits de l’homme. Pour conclure, M. Hlaele a réaffirmé l’engagement du Lesotho à l’égard de la coopération avec le Conseil pour parvenir à un monde exempt de violations des droits de l’homme, un monde où prévalent la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme.

M. CARMELO ABELA, Ministre des affaires étrangères et du commerce de Malte, a observant que la lutte pour protéger et promouvoir les droits de l’homme n’était pas terminée, a rappelé que, depuis douze ans, le Conseil des droits de l’homme représentait un organe vital dans l’architecture des Nations Unis. À ce titre, le travail et la réforme du Conseil des droits de l’homme doivent se poursuivre, a estimé M. Abela.

Le Ministre a indiqué d’autre part que son pays avait fait des droits de l’homme, notamment des droits civils et politiques, une priorité absolue autant sur le plan national que dans ses relations étrangères. Il a ajouté que Malte avait également pour priorité de promouvoir les droits des jeunes et des femmes, ainsi que d’assurer l’intégration des minorités, garante de la stabilité de la société. À cet effet, Malte a adopté en 2017 sa première stratégie en faveur des migrants, qui s’accompagne d’un plan d’action. Partisan de l’intégration des migrants, Malte a lancé sur cette base une plate-forme internationale pour la paix et pour lutter contre les discriminations, le racisme, l’extrémiste sectaire et ethnique, tout en promouvant le respect du droit international.

La défense des droits des LGTBI est une autre question primordiale pour Malte, a indiqué le Ministre, de même que la lutte contre la peine capitale, les formes modernes d’esclavage et la traite des êtres humains. Concluant son propos, M. Abela a assuré que la liberté de la presse et sa protection étaient des questions fondamentales pour Malte. En 2017, a-t-il rappelé, une bloggeuse a été la victime d’une attaque brutale : Malte fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire la lumière sur cet acte, a assuré M. Abela.

MME LILYANA PAVLOVA, Ministre pour la présidence de la Bulgarie au Conseil de l’Union européenne, a indiqué que son pays, candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021, entendait continuer d’intégrer plus systématiquement les droits de l’homme dans toutes ses politiques nationales. Mme Pavlova a mis un accent particulier sur la promotion et la protection des droits sociaux, économiques et culturels à travers l’éducation, la technologie et l’innovation. Par ailleurs, le Gouvernement bulgare s’évertue à garantir la protection des droits de l’enfant, avec une attention particulière aux enfants désavantagés, aux mineurs migrants et aux enfants handicapés, a dit la Ministre.

Dans le cadre de la présidence du Conseil de l’Union européenne, la Bulgarie compte se concentrer sur le développement de la petite enfance et réduire la pauvreté infantile. Pour ce faire, la Bulgarie œuvre avec le Haut-Commissariat, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Comité des droits des personnes handicapées et le Comité des droits de l’enfant, ainsi qu’avec des organisations non gouvernementales, sur le thème « Autonomiser les enfants handicapés par une éducation inclusive ». D’autre part, la Bulgarie, continuera à faire preuve d’ambition pour montrer ce qu’il est possible de réaliser lorsqu’on travaille ensemble, en se servant de la Conférence des États parties à la Convention relative aux droits des personnes handicapées comme plate-forme pour créer des partenariats fructueux avec la société civile et les organisations des personnes handicapées.

Mme Pavlova a ajouté que la Bulgarie occupait le premier rang de l’Union européenne en termes de participation des femmes dans le secteur de la technologie de l’information. En effet, 30% des spécialistes dans ce secteur sont des femmes, contre 16% en moyenne dans l’Union européenne, d’après une étude de l’Institut européen pour l’égalité des sexes. La Ministre a enfin mis l’accent sur l’importance de l’indépendance du Haut-Commissariat aux droits de l’homme et d’une bonne coordination de tous les organes chargés des droits de l’homme.

Pour M. FELIX BRAZ, Ministre de la Justice du Luxembourg, il faut se rendre à l’évidence: l’universalité des droits de l’homme est contestée dans une grande partie du monde, notamment dans les situations de conflit armé. Nombreux sont les rapports qui relatent des attaques généralisées et systématiques contre des civils au Myanmar, faisant état de violences sexuelles, d’arrestations arbitraires, de tortures, de disparitions forcées et de tueries à grande échelle. M. Braz a demandé aux autorités de ce pays de garantir l’accès immédiat et sans entraves à tous les mandataires des procédures spéciales, notamment la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Myanmar. Il a également exhorté les autorités à reconnaître la compétence de la Cour pénale internationale pour enquêter sur les crimes commis dans l’Etat Rakhine.

M. Braz s’est félicité d’autre part de la nomination du Groupe d’éminents experts internationaux et régionaux connaissant le droit relatif aux droits de l'homme et le contexte du Yémen. Il a jugé inacceptable que la famine soit utilisée comme arme de guerre par les belligérants, en violation flagrante du droit international humanitaire. En Syrie, le Ministre a appelé au respect immédiat du cessez-le-feu de trente jours au moins décidé par le Conseil de sécurité. Le Luxembourg figurant parmi les pays ayant fourni, dès le départ, leur soutien politique et financier au Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011, M. Braz a souhaité que ce mécanisme puisse progresser rapidement dans son travail. M. Braz s’est aussi dit choqué par l’emploi répété d’armes chimiques dans ce conflit.

Le Ministre a enfin appelé les parties au conflit au Proche-Orient à créer un cadre pouvant enfin aboutir à un règlement durable du conflit israélo-palestinien. M. Braz a observé que « personne ne peut croire à la reprise et, de surcroît, à l’aboutissement des efforts de paix, tant que les activités de colonisation menées par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem perdurent en s’amplifiant ».

M. ALEJANDRO SOLANO ORTIZ, Vice-Ministre des affaires étrangères et du culte du Costa Rica, a déclaré que le principe fondamental sur lequel repose l’humanité est que tous les êtres humains naissent libre et égaux en dignité et en droits ; c’est d’ailleurs la base (article premier) de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée il y a soixante-dix ans. Les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030 représentent l’éthique universelle de tous les êtres humains, a-t-il poursuivi. La devise de ces Objectifs est de ne laisser personne de côté. Il est temps que le Conseil prenne des mesures pour assurer la paix, le dialogue, la liberté, la justice et le progrès, a affirmé le Vice-Ministre costaricien. Dans ce contexte, il est indispensable de s’interroger sur l’action du Conseil, qui doit être énergique et suivre les principes fondamentaux de la Charte de l’ONU ; le Conseil ne doit pas devenir une entité abstraite, mais agir de manière appropriée dans le cadre d’une coopération claire et étroite avec d’autres mécanismes des droits de l’homme. Il ne sera pertinent que s’il respecte le mandat qui lui a été confié.

Les deux premières décennies du XXIème siècle ont débuté dans les violences, les violations systématiques des droits de l’homme, les crises humanitaires, le terrorisme et des actes déplorables. Ces derniers ne doivent pas rester impunis. C’est le travail du Conseil de contribuer à prévenir ces violations des droits de l’homme. Nous devons commencer à agir, a conclu le Vice-Ministre.

M. VIKTOR DIMOVSKI, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a souligné qu’alors qu’est célébré cette année le 70ème anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, les principes inscrits dans cet important document sont repris dans les constitutions de nombreux pays et ont inspiré de nombreux textes internationaux et contribué significativement à la réalisation des droits de l'homme. Mais, il faut aussi se souvenir que beaucoup reste à faire en la matière, car les promesses faites dans ce document restent encore à réaliser, a-t-il ajouté, affirmant que ce n’est pas la Déclaration qui a échoué, mais ceux qui n’en respectent pas les principes, ceux qui ne reconnaissent pas que les droits de l'homme sont inhérents à tous les êtres humains.

M. Dimovski s’est ensuite dit préoccupé par les situations qui prévalent dans un certain nombre de pays, dont la Syrie qui est caractérisée par « une des crises humanitaires les plus lamentables de l’histoire récente ». Pour cette raison, l’ex-République yougoslave de Macédoine appelle à la pleine mise en œuvre de la récente résolution du Conseil de sécurité sur un cessez-le-feu. La situation au Myanmar, avec le déplacement forcé de plus de 650 000 musulmans rohingya depuis août 2017, figure également au nombre des préoccupations du Gouvernement de Skopje. En conséquence, M. Dimovski a demandé au Myanmar de mettre en œuvre la résolution adoptée par le Conseil des droits de l'homme en décembre dernier lors de sa session spéciale consacrée à la situation dans ce pays et, en particulier, de permettre un accès à la mission d’établissement des faits et aux autres mécanismes des droits de l'homme.

Abordant la situation dans son propre pays, M. Dimovski a rappelé que le pays avait surmonté l’an dernier une crise politique ayant culminé avec l’attaque contre le Parlement. Les « terribles événements » du 27 avril 2017 ont constitué un tournant qui a marqué la naissance de « la nouvelle République de Macédoine, plus mature, plus juste et plus déterminée », a-t-il déclaré. Après ces événements, l’environnement public s’est considérablement amélioré, avec une presse et une société civile plus libres et ouvertes. Même si tout ne peut se faire du jour au lendemain, le Gouvernement reste engagé à œuvrer en ce sens, en faveur de la promotion d’une société où règne l’état de droit et qui est gouvernée par le principe d’«une société pour tous», a indiqué le Secrétaire d’État.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a indiqué que durant sa présence au Conseil, son pays privilégierait la prévention des conflits. Il y a quatre ans, a-t-il rappelé, la Fédération de Russie a lancé une agression armée contre l’Ukraine, ce qui a donné lieu à des crimes qui ont provoqué de nombreuses pertes humaines et des violations graves et de grande envergure des droits de l’homme. En dépit des difficultés, l’Ukraine s’efforce de recourir à des moyens pacifiques pour résoudre ce problème, mais la Fédération de Russie, pour sa part, utilise dans la région du Donbass des mercenaires dont les exactions sont exacerbées par l’absence d’institutions de recours.

M. Kyslytsya a assuré que l’Ukraine poursuivrait sa coopération avec tous les mécanismes des droits de l’homme et a prié le Conseil d’exhorter la Fédération de Russie, en tant que puissance occupante, à ouvrir la Crimée aux mécanismes du Conseil. Il a ensuite précisé qu’il était venu à Genève avec le chef du Parlement tatar de Crimée, qui vient d’être relaxé. Soixante responsables criméens sont encore emprisonnés, a-t-il rappelé. Le Ministre adjoint a mis en garde contre les nombreux « points chauds » dans le monde qui risquent de déboucher sur « un tsunami de violence » si le Conseil n’y prête pas toute l’attention voulue.

CHEICK TOURAD OULD ABDEL MALICK, Commissaire aux droits de l'homme et à l’action humanitaire de la Mauritanie, a déclaré que le trafic de migrants, le trafic de drogues, le terrorisme, le commerce illicite des armes, entre autres, sont autant de défis que la communauté internationale doit affronter dans son ensemble. C’est ce qu’essaie de faire la Mauritanie, notamment au sein du G5 Sahel, un groupe régional composé de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, cinq pays associés dans la lutte contre le terrorisme dans cette région. Au plan national, a poursuivi le Commissaire, le Gouvernement mauritanien a pris des initiatives en matière des droits de l'homme, comme en témoignent les visites du Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage et du Sous-Comité pour la prévention de la torture. Le pays prépare en outre des rapports qui seront prochainement envoyés à divers organes de traité. Un plan de lutte contre l’esclavage a été adopté en 2014 et la Mauritanie a ratifié la Charte arabe des droits de l'homme, a ajouté le Commissaire.

La Mauritanie est par ailleurs engagée avec le groupe arabe dans la promotion d’un État palestinien ayant Jérusalem-Est pour capitale, a poursuivi le Commissaire aux droits de l'homme et à l’action humanitaire. Le pays accueillera en outre la 62e session de la Commission africaine des droits de l'homme, du 25 avril au 9 mai prochain, ainsi que le 30e Sommet de l’Union africaine en juillet prochain. A cette occasion un hommage sera rendu à Nelson Mandela, symbole de lutte et de modération en Afrique, a précisé le Commissaire.

MME CHRYSTIA FREELAND, Ministre des affaires étrangères du Canada, a indiqué que peu de questions étaient plus importantes pour son pays que celles qui ont trait aux droits et aux libertés des personnes. Il y a 70 ans, des représentants de nombreux pays se sont réunis pour rédiger la Déclaration universelle des droits de l’homme ; les idées qui étaient alors présentées étaient révolutionnaires, a-t-elle rappelé. L’humanité, a-t-elle poursuivi, a appris grâce à ses expériences et à ses erreurs ; l’humanité a passé un demi-siècle à lutter et à comprendre qu’une véritable communauté basée sur des aspirations communes était indispensable à sa survie. Le Canada, a poursuivi la Ministre, est attaché à un processus qui vise à améliorer les droits de l’homme aux niveaux national et international et reconnaît que l’héritage du colonialisme a entraîné une mauvaise relation avec les communautés autochtones. Pour réaliser la réconciliation nationale, le Canada a fait évoluer les anciennes structures ; les nouvelles structures doivent respecter le droit des autochtones à l’auto-gouvernance.

Mme Freeland a ensuite fait part de ses préoccupations relativement aux persécutions contre la population rohynga, indiquant qu’il s’agissait là d’un crime contre l’humanité et que les responsables de ces crimes devraient rendre des comptes. Sans le respect des droits de l’homme et des libertés, il ne saurait y avoir de véritable démocratie, a-t-elle souligné ; aussi, les libertés fondamentales, et notamment la liberté de la presse, doivent être respectées. Mme Freeland a dénoncé l’arrestation des deux journalistes de Reuters au Myanmar, ainsi que la détention d’un journaliste canadien en Iran. En Syrie, le Gouvernement d’Assad s’est retourné contre son propre peuple et cherche à déstabiliser la région, a poursuivi la Ministre canadienne des affaires étrangères ; la Fédération de Russie et l’Iran, en tant qu’alliés de la Syrie, doivent quant à elles être tenues responsables des atrocités commises en Syrie. Certains Etats sabotent l’ordre basé sur les règles internationales, a déploré Mme Freeland. L’occupation illégale et l’annexion d’une partie du territoire ukrainien par la Fédération de Russie constitue une première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; c’est en effet la première fois qu’une puissance européenne annexe par la force le territoire d’un autre pays européen et ce n’est pas quelque chose que nous devrions accepter ou ignorer, a insisté la Ministre canadienne. Elle a ensuite dénoncé la crise humanitaire qui se déroule au Venezuela et le mépris dont fait preuve la « Corée du Nord » en provoquant d’énormes souffrances humaines.

M. YERZHAN ASHIKBAYEV, Ministre adjoint des affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que le concept à long terme inspirant la stratégie nationale de développement « Kazakhstan 2050 » accorde la priorité à la garantie des droits de l’homme et des libertés fondamentales en tant que base du développement. D’autre part, de nouvelles normes de surveillance des droits de l’homme, qui reposent sur les indicateurs universels de droits de l’homme, sont en passe d’être créées, a-t-il fait savoir, ajoutant que le pays aspire à devenir l’un des trente pays les plus développés du monde.

Le Ministre adjoint a ensuite regretté l’escalade des conflits dans plusieurs régions du monde, qui a conduit à de graves crises humanitaires, et a plaidé en faveur de règlements pacifiques et de l’intensification urgente des efforts conjoints des membres du Conseil des droits de l’homme. Il a également appelé à soutenir les initiatives du Secrétaire général de l’ONU en vue de prévenir les conflits. Tout en se félicitant que le Conseil des droits de l'homme se soit positionné comme organe mondial dans le domaine des droits de l’homme, il a déploré l’atmosphère de résistance et la polarité croissante qui se manifestent progressivement en son sein, notamment par le truchement d’un nombre accru de résolutions et de propositions d’amendements. Le Kazakhstan coopère avec les procédures du Conseil et autres procédures de droits de l'homme dont il s’efforce d’appliquer les recommandations.

M. CIARÁN CANNON, Ministre d’Etat chargée de la diaspora et du développement international de l’Irlande, a expliqué que les droits de l’homme sont au cœur de la politique étrangère de son pays depuis sa fondation. L’Irlande accorde une grande importance au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, dirigé par M. Zeid, qui a été une lueur d’espoir pour les dépossédés, les marginalisés et les oubliés de ce monde, a-t-il déclaré. La Déclaration universelle des droits de l’homme est un énorme acquis et son 70ème anniversaire permet de réfléchir aux défis qui restent à relever dans le domaine des droits de l’homme, a poursuivi le Ministre d’État. L’Irlande est alarmée par les cas de représailles à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et de leur famille, tout particulièrement pour ce qui est de ceux qui coopèrent avec les Nations Unies, a déclaré M. Cannon. L’Irlande est également préoccupée par l’augmentation du nombre des cas de recours à la peine de mort dans certains pays et par le fait que de nouveaux pays ont désormais recours à cette peine. L’Irlande a été premier pays au monde à avoir reconnu le droit au mariage pour les personnes LGBTI, a fait valoir le Ministre, avant de faire part de ses préoccupations s’agissant des discriminations et des violences à l’encontre de ces personnes partout dans le monde.

L’Irlande est par ailleurs préoccupée par la situation des droits de l’homme au Yémen ; c’est la pire crise que connaît le monde aujourd’hui, a ajouté M. Cannon. L’Irlande est particulièrement alarmée par les informations faisant état de violations du droit international humanitaire et des attaques contre les écoles et les hôpitaux. Le Ministre d’État a d’autre part indiqué avoir l’impression, après plusieurs années de guerre en Syrie, que ce conflit ne mène nulle part et une fois de plus, l’Irlande condamne les attaques contre les civils, a-t-il ajouté, avant de plaider pour l’application de la résolution du Conseil de sécurité visant à assurer un accès humanitaire sans entrave aux zones assiégées, notamment à la Ghouta orientale. M. Cannon a en outre réitéré le soutien de son pays à la Commission d’enquête sur la Syrie. L’Irlande est aussi préoccupée par la situation des Palestiniens à Jérusalem-Est où la communauté historique palestinienne subit de graves pressions, a-t-il poursuivi. L’Irlande est également préoccupée par les graves violations des droits de l’homme dans l’État de Rakhine, au Myanmar, à l’encontre des Rohingya. En dépit des difficultés, il faut aller de l’avant et rester inspiré par la Déclaration universelle des droits de l’homme ; il faut faire du monde un monde meilleur pour les années à venir, a conclu M. Cannon.

M. HERNÁN QUEZADA, Directeur des droits de l'homme au Ministère des relations extérieures du Chili, a assuré que son pays joue son rôle au plan international en étant partie à de nombreux instruments internationaux des droits de l'homme ou encore en participant aux travaux du Conseil des droits de l'homme, dont il est membre cette année et jusqu’en 2020. Le Chili entend continuer à jouer ce rôle, comme en témoigne le projet de résolution présenté concernant l’articulation entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les droits de l'homme. Cependant, le Chili, tenant compte de son histoire, est d’avis que toutes les situations relatives des droits de l'homme doivent être dénoncées de la même manière, en même temps que les pays en transition doivent être accompagnés. C’est cette voie que le Chili soutiendra, comme sa délégation soutiendra le travail du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, a indiqué le Directeur des droits de l'homme.

Au plan national, le Chili s’est doté de mécanismes et d’organes tels que le Ministère des peuples autochtones et le Conseil des peuples autochtones, ainsi que d’un Ministère des droits de l'homme et de la justice ou d’un autre portant sur les femmes et l’égalité entre les sexes, a ajouté M. Quezada. En tant que membre actif du Conseil, le Chili s’activera à renforcer cet organe, de même qu’à promouvoir le dialogue mondial pour la paix, la sécurité et le bien-être de toutes les personnes, sans distinction, a-t-il indiqué.

MME PATRICIA SCOTLAND, Secrétaire générale du Commonwealth, a déclaré que la question des droits de l’homme était partagée par les pays qui forment le Commonwealth et qu’elle était au cœur de leurs actions collectives. Les États Membres du Commonwealth ont bénéficié d’une collaboration avec le Conseil des droits de l’homme et apportent beaucoup d’importance à cette relation, a-t-elle ajouté. Le Commonwealth encourage la coopération avec les petits États insulaires en développement et autres pays en développement, notamment le Guyana ou encore la Sierra Leone, et ce en vue de les aider à faire face aux défis qu’ils rencontrent.

La création et le renforcement des institutions nationales de droits de l’homme restent une priorité stratégique pour le Secrétariat du Commonwealth, a poursuivi Mme Scotland, avant d’insister sur l’engagement en faveur des personnes vulnérables. Un avenir plus prospère, plus juste, plus durable passe par l’inclusion de tous, a-t-elle souligné, appelant à respecter la dignité de chacun alors que persistent les discriminations fondées sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle. Le Commonwealth s’oppose à de telles inégalités de traitement, a-t-elle insisté. Mme Scotland a salué les discussions du Conseil sur les droits fondamentaux des femmes, tout en estimant que des progrès rapides en matière d’égalité entre les sexes et d’autonomisation de la femme devaient être réalisés. Les défenseurs des droits de l’homme ont également besoin de protection, a-t-elle conclu.

MME KARMEN LAUS, Directrice de la Division des organisations internationales au sein du Département politique du Ministère des affaires étrangères de l’Estonie, a fait part des préoccupations de son pays face aux pressions subies par les médias et aux attaques contre les journalistes à travers le monde. La réalisation des droits de l’homme ne peut être assurée sans un état de droit fort, a-t-elle souligné. L’Estonie est particulièrement préoccupée par les attaques et les intimidations visant les défenseurs des droits de l’homme et par le climat général de restriction des libertés dans l’espace public. L’Estonie appelle à éliminer les cadres juridiques, notamment les lois sur les agents étrangers, qui sont utilisés pour réprimer les activités des associations de défense des droits de l’homme.

Il faut renforcer le rôle des femmes, notamment dans le cadre de la prévention des conflits, a poursuivi Mme Laus. Les États doivent renforcer les cadres nationaux visant à promouvoir les capacités des femmes en matière de prise de décision, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, chaque enfant a le droit d’être protégé face aux abus et aux violences, notamment sexuels. Les enfants sont des enfants en toutes circonstances; il faut alléger leurs souffrances dans le cadre des conflits, a également déclaré Mme Laus. Elle a ensuite indiqué que l’Estonie soutenait les droits des populations autochtones et a appelé l’ensemble des États à soutenir l’Année internationale des langues autochtone, en 2019.

Le Conseil a permis d’améliorer la situation des droits de l’homme dans le monde entier, mais il faut faire plus, a souligné Mme Laus, rappelant le rôle essentiel de prévention joué par cet organe en termes d’intervention rapide face aux urgences. Le Conseil doit accorder la priorité à la prévention, a-t-elle insisté. Elle a en outre appelé à soutenir la ratification universelle du Statut du Rome de la Cour pénale internationale. Mme Laus a également félicité le Haut-commissaire aux droits de l’homme, M. Zeid, pour son travail. Enfin, Mme Laus a souligné qu’il fallait accélérer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable et prendre en compte le rôle crucial des droits de l’homme pour enregistrer des progrès dans ce domaine.


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HRC18/009F