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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME ENTEND LES DECLARATIONS DE ONZE HAUTS DIGNITAIRES

Compte rendu de séance
Il ouvre ainsi son débat de haut niveau

Le Conseil des droits de l’homme a ouvert, ce matin, son débat de haut niveau en entendant les déclarations de onze dignitaires, venus partager, notamment, leur vision à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne.

Le Président de l’Autriche, M. Alexander van der Bellen, a souligné que l’année 2018 offrait une remarquable occasion de procéder à une réflexion ouverte et honnête de ce qui a été fait et de ce qui peut être amélioré. Il a fait observer qu’au cours des 70 dernières années, une architecture pour la promotion et la protection des droits de l'homme a été mise en place, basée sur les principes de l’inaliénabilité de la dignité de l’être humain, de la justice et de l’égalité.

Aucun mot ne peut décrire les horreurs et le nombre inconcevable de victimes civiles de la guerre ces dernières semaines, a confié le Président autrichien. A ce propos, nombre d’intervenants de ce débat de haut niveau ont salué l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2401 (2018) demandant un cessez-le-feu d’au moins 30 jours dans la Ghouta orientale, en Syrie, afin de permettre de porter secours aux populations assiégées. Les dignitaires ont exhorté à l’application rapide et concrète de cette résolution.

Le Président du Mozambique, M. Filipe Jacinto Nyusi, a centré son allocution sur le droit humain à la vie, rappelant que tous les « êtres humains sont nés libres et égaux en dignité et en droits » et défendant en particulier la liberté de circulation et de mouvement ainsi que le droit des migrants.

Le Président de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, M. Dragan Čović, a rappelé que son pays avait connu dans un passé récent une série de violations des droits de l’homme parmi les plus graves. Un travail essentiel de rétablissement de la confiance est actuellement effectué dans le pays et La coopération avec les organes des droits de l’homme est essentielle à cet égard, a-t-il souligné.

M. Peter Cosgrove, Gouverneur général du Commonwealth de l’Australie, a indiqué que son pays serait guidé par les engagements qu’il pris dans le cadre de sa candidature en tant que membre du Conseil, notamment pour défendre l’égalité entre les sexes, promouvoir la liberté d'expression, renforcer les droits des peuples autochtones et soutenir les institutions nationales des droits de l'homme conformes aux Principes de Paris. L’Australie reste attachée à apporter son ferme soutien aux efforts menés pour lutter contre la discrimination et la violence, à l’encontre en particulier des personnes LGBTI, a-t-il ajouté.

Le Qatar, par la voix de son Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, a attiré l’attention sur l’impact préjudiciable de l’embargo unilatéralement imposé à son pays par d’autres nations, dont certaines siègent au sein du Conseil. Il a en conséquence appelé le Conseil, et toutes ses procédures spéciales, à assumer leur responsabilité en veillant à la prise de sanctions contre les auteurs de mesures coercitives unilatérales.

Plusieurs intervenants, à l’instar du Ministre des affaires étrangères de l’Islande et de la Secrétaire d’état aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, ont rendu un vibrant hommage au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Ont également pris part à ce débat de haut niveau les Ministres des affaires étrangères de la Norvège et de l’Angola, ainsi que le Ministre de la justice de l’Ouzbékistan, le Vice-Ministre des affaires politiques et multilatérales du Brésil et la Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal.


Le Conseil poursuit, ce midi, son débat de haut niveau.


APERÇU DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. AKEXANDER VAN DER BELLEN, Président de l’Autriche, a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme avait été adoptée il y a 70 ans, et la Déclaration et le programme d’action de Vienne il y a 25 ans. L’année 2018 offre donc une « remarquable occasion de mener une réflexion ouverte et honnête de ce qui a été fait et de ce qui peut être amélioré. » Au cours des 70 dernières années, une architecture pour la promotion et la protection des droits de l'homme a été mise en place, basée sur les principes de l’inaliénabilité de la dignité de l’être humain, de la justice et de l’égalité. Cette architecture a apporté des droits et des libertés jusque-là inconnus à des millions de personnes à travers le monde. Les dirigeants politiques doivent s’en souvenir, en particulier ceux qui remettent en cause l’universalité des droits de l'homme et menacent de se retirer des organes et traités internationaux qui défendent ces droits, que ce soit en Europe ou ailleurs dans le monde.

M. van der Bellen a déclaré que la protection des droits de l'homme au plan national et international était au centre de l’action de l’Autriche, ce que le gouvernement actuel n’a eu de cesse d’affirmer. L’humanité d’une société se mesure à la façon dont elle traite ses membres vulnérables, notamment les minorités ethniques et religieuses. Du fait de son histoire, l’Autriche en a fait une priorité.

La situation en Syrie, en particulier les attaques contre les populations civiles dans la Ghouta orientale laissent le Président autrichien « sans voix ». Aucun mot ne peut décrire les horreurs et le nombre inconcevable de victimes civiles de la guerre ces dernières semaines. L’Autriche appelle à une cessation immédiate des hostilités, à un respect du droit international humanitaire et à un accès de l’aide humanitaire, a déclaré son président.

Le Conseil des droits de l'homme est un «allié inestimable» dans le suivi de la mise en œuvre des obligations internationales des États, qui doivent renouveler leurs engagements et conformer leurs actions avec les recommandations du Conseil et de ses mécanismes. C’est d’autant plus important qu’aucun État n’est parfait en matière de droits de l'homme et ne le sera probablement jamais. Ce qui est essentiel, c’est la crédibilité et le bon fonctionnement des institutions, l’indépendance de la justice, des médias libres et pluralistes, un parlement et une société civile dynamiques.

L’Autriche souhaite renforcer son engagement actif en faveur des droits de l'homme. C’est pour cette raison qu’elle est candidate à être membre à part entière du Conseil des droits de l'homme pour la période 2019-2021.

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a centré son allocution sur le droit humain à la vie, rappelant que tous les « êtres humains sont nés libres et égaux en dignité et en droits ». Indépendamment des différences qui nous caractérisent en tant qu’êtres humains, nous avons tous le droit à la vie, a-t-il insisté, défendant aussi le droit d’exprimer et de défendre une opinion et le droit de choisir ses représentants, le droit d’aller et de venir, de quitter un pays et d’y retourner, de professer, ou non, une religion.

En dépit de progrès remarquables enregistrés dans le monde, les conflits armés et les migrations illégales continuent de décimer de nombreuses vies humaines, des vies de femmes et d’enfants qui auraient pu apporter à la planète une précieuse contribution. Il a aussi attiré l’attention sur les milliers de personnes, notamment des jeunes de pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, qui ont été forcées de migrer à cause de conflits armés ou de la pauvreté. Le Président mozambicain a jugé que les États membres ne pouvaient se permettre de garder le silence et d’être complaisants face à ce fléau. Il a encouragé à l’établissement d’une société plus juste, équitable et fraternelle où les droits de l’individu sont pleinement respectés. En particulier, il faut considérer le droit humain à la vie comme une « valeur suprême », défendable et défendue par tous, sans exception aucune.

Conscient des défis qui sapent la sécurité et la stabilité du Mozambique, son président a fait valoir qu’il avait résolument voué ses efforts à la recherche d’une paix effective et durable à travers un dialogue permanent, la tolérance, l’esprit de réconciliation, la mise en confiance et l’humilité, ce qui a permis de réduire l’incidence des violations des droits de l’homme. La Constitution a aussi été consolidée par des textes et lois sur la violence domestique, le droit à l’information, la protection des travailleurs et des demandeurs d’emploi vivant avec le VIH/sida, la prévention et la lutte contre la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, et la loi sur la famille, notamment.

Le Président du Mozambique a encouragé la communauté internationale à la prise en compte de la richesse que représente la diversité, et à se garder, à tout prix, d’appliquer deux poids deux mesures, la sélectivité et le « rituel, nullement nécessaire, de la confrontation et de la diffamation ». Il s’agit au contraire de focaliser sur la coopération, la négociation, la prévention et la priorisation pour atteindre des résultats positifs, a conclu M. Nyusi.

M. DRAGAN ČOVIĆ, Président de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, a expliqué qu’alors que nous célébrons les 70 ans de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, de graves violations des droits de l’homme se poursuivent dans différentes parties du monde. Cela exige de consacrer davantage d’efforts à la prévention, qui est une priorité du Conseil, a estimé M. Čović. Il est important de coopérer pleinement avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, d’appliquer les normes en matière de droits de l’homme et de renforcer la coopération avec les procédures spéciales du Conseil. La Bosnie-Herzégovine a pour sa part lancé une invitation au Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte contre le terrorisme en 2018.

Le Président de la Présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine a rappelé que son pays avait connu dans un passé récent une série de violations parmi les plus graves des droits de l’homme. Un travail essentiel de rétablissement de la confiance est effectué actuellement dans le pays. La coopération avec les organes des droits de l’homme est essentielle à cet égard.

M. Čović a fait valoir que le principe de non-discrimination était inscrit dans la loi générale contre les discriminations et a assuré que les autorités combattent toute forme d’intolérance au sein de ce pays multiculturel. L’objectif est de promouvoir l’unité dans la diversité. La Bosnie-Herzégovine insiste sur le respect des droits de l’homme dans une société post-conflit. Le pays souhaite par ailleurs parvenir aux Objectifs de développement durable grâce à de nouveaux moyens de développement novateur. L’ensemble des droits de l’homme sont définis comme des droits constitutionnels. Le pays rencontre toutefois certaines difficultés, a reconnu le Président, qui a regretté que la loi actuelle empêchait certaines populations d’avoir accès à certaines fonctions politiques. Les droits de l’homme doivent être suivis de plus près dans le contexte électoral pour les groupes spécifiques et il faut réduire les possibilités de discrimination. Cela n’est possible que dans le cadre d’élections libres et justes. Il faut aborder cette question par une approche droits de l’homme. Il est particulièrement important de comprendre et de respecter ces dispositions dans les pays multiethniques comme la Bosnie-Herzégovine, en raison du risque que les membres des communautés minoritaires soient définitivement exclus de la vie publique et politique. Une autre préoccupation pour la Bosnie-Herzégovine est la lutte contre l'extrémisme et la prévention du terrorisme. Le pays soutient les efforts de prévention du terrorisme et visant à empêcher le recrutement.

La Bosnie-Herzégovine se trouve par ailleurs sur une route qu’empruntent les migrants. Il faut mobiliser toutes les forces pour adopter le Pacte mondial sur les migrations et mettre fin aux dangers auxquels sont confrontées ces populations. La Bosnie-Herzégovine croit au rôle du Conseil en tant qu’organe fondamental de construction de la paix partout dans le monde, a conclu M. Čović.

M. PETER COSGROVE, Gouverneur général du Commonwealth de l’Australie, a déclaré que depuis la création de l’Organisation des Nations Unies en 1945, son pays avait toujours soutenu le système multilatéral, dans lequel les relations entre États sont gouvernées par le droit international et ses normes. Son pays est par ailleurs fier d’avoir participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont on célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire et pour laquelle l’Australie reste très engagée. Le pays est également honoré d’occuper un siège de membre du Conseil des droits de l'homme. L’Australie, a affirmé M. Cosgrove, est l’une des sociétés les plus ouvertes au monde, sur le plan culturel, ethnique, linguistique ou religieux. Cette particularité lui donne la possibilité de comprendre de manière globale les questions liées aux droits de l'homme, y compris du point de vue de sa région d’appartenance. Ainsi, l’Australie a accueilli sept millions de migrants, dont 800 000 réfugiés venus par vagues depuis la Deuxième Guerre mondiale.

L’Australie ne cherche pas non plus à se définir par une race ou une religion et se considère comme une démocratie libérale moderne où tous les points de vues sont entendus et respectés. L’État de droit est en outre fondamental dans le système judiciaire australien.

Le Gouvernement australien croit en outre en un système multilatéral dans lequel participent tous les États. C’est pourquoi, en tant que membre du Conseil des droits de l'homme, l’Australie travaillera avec tous les groupes régionaux et transrégionaux. Sa délégation sera guidée par les engagements pris dans le cadre de sa candidature, notamment pour défendre l’égalité entre les sexes – qui est un droit et non un privilège –, promouvoir la liberté d'expression, renforcer les droits des peuples autochtones et soutenir les institutions nationales des droits de l'homme conformes aux principes de Paris. L’Australie reste enfin attachée à apporter son ferme soutien aux efforts menés pour lutter contre la discrimination et la violence, à l’encontre en particulier des personnes LGBTI.

SHEIKH MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, s’est réjoui que son pays figure parmi les nouveaux membres élus du Conseil alors que le monde est confronté à des défis sans précédent comme les conflits, le terrorisme et les mesures coercitives, qui privent les communautés de leurs droits et libertés fondamentales. Il a regretté la persistance de « violations graves et systématiques » dans nombre de régions. Il a en particulier rappelé l’impact préjudiciable de l’embargo et des mesures unilatérales prises à l’encontre du Qatar, impact que le Haut-Commissariat a d’ailleurs évalué. M. Al-Thani a appelé le Conseil et toutes les procédures spéciales à assumer leur responsabilité en veillant à prendre des sanctions contre les auteurs de mesures coercitives unilatérales qui sont le fait de pays siégeant au Conseil, ce qui met en péril la réputation et la crédibilité de cet organe lui-même.

La situation tragique en cours dans la Ghouta et les événements qui se déroulent sous les yeux du monde entier exigent une action plus robuste du Conseil pour obliger le régime syrien à répondre de ses actes devant la justice internationale, a poursuivi le Vice-Premier Ministre. La communauté internationale se doit quant à elle d’accélérer les concertations pour mettre fin à un conflit qui n’a que trop duré.

Israël continue de violer les droits de l’homme depuis des décennies et doit cesser, pour sa part, ses exactions permanentes, l’occupation illégale des territoires et le blocus de la ville de Gaza, a poursuivi M. Al-Thani. Il a ensuite demandé qu’il soit mis fin aux souffrances du peuple du Yémen et que soient mises en œuvre les résolutions à cet égard, appelant en particulier à faciliter l’accès humanitaire.

M. Al-Thani a par ailleurs souligné que son pays avait progressé dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable et avait grandement avancé dans l’application des nouvelles lois en matière d’emploi, dont ont ainsi pu bénéficier quelque 2,3 millions de travailleurs étrangers.

MME INE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a souligné que le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme fournit l’occasion de faire le point sur les succès de cette Déclaration partout dans le monde. Pour réaliser les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030, les États et les organisations de la société civile doivent travailler main dans la main. Un des grands progrès (à porter au crédit) de la Déclaration universelle des droits de l’homme est la protection et la promotion des droits des femmes, a estimé la Ministre. Il reste néanmoins des progrès à faire en termes d’accès au droit à la santé génésique. Des progrès importants ont aussi été faits dans le domaine de la peine de mort ; le monde est sur la voie de l’abolition totale de la peine capitale, s’est réjouie Mme Søreide.

La Ministre a ensuite invité chacun à travailler dur pour mettre en accord les paroles et les actes en comblant le fossé entre les normes et la réalité sur le terrain. Les droits de l‘homme sont actuellement sous pression, a-t-elle relevé. Le pilier des droits de l’homme ne se voit pas accorder l’importance qu’il mérite, alors que les droits de l’homme sont fondamentaux pour mettre en œuvre le développement durable. Il ne peut y avoir de complaisance dans ce domaine ; la Déclaration universelle nous a appris qu’il faut revendiquer les droits auxquels tout le monde a droit, a insisté Mme Søreide. À cet égard, les défenseurs des droits de l’homme ont un rôle indispensable ; les violences et menaces à leur encontre sont inacceptables, a souligné la Ministre norvégienne des affaires étrangères. Elle a ensuite fait part de ses préoccupations face aux exactions commises à l’encontre des minorités religieuses dans le monde. Les Gouvernements doivent permettre la tenue de débats libres et ouverts et le monde a besoin de se concentrer sur les situations graves, avant qu’elles ne s’aggravent encore, a indiqué la Ministre. Renforcer le Haut-Commissariat aux droits de l'homme est un investissement important pour les droits de l’homme, a ajouté Mme Søreide.

M. MANUEL DOMINGOS AUGUSTO, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a commencé par assurer le Président du Conseil des droits de l'homme du soutien de son pays, qui est membre du Conseil depuis le début de cette année. Il a ensuite attiré l’attention sur le grand nombre de défis et de confits qui minent le monde, avant d’insister sur la nécessité d’investir dans la résolution de ces conflits, y compris par le biais de la prévention. La préservation de la paix, de la stabilité et de la sécurité internationale est la condition essentielle pour la jouissance des droits de l'homme et la garantie des libertés fondamentales des citoyens et doit figurer au nombre des priorités du Conseil des droits de l'homme, a souligné le Ministre angolais. Aussi, la recherche de solutions politiques négociées et acceptées par toutes les parties impliquées constitue-t-elle une base solide pour la prévention des conflits qui prolifèrent dans diverses régions du monde, a-t-il indiqué.

C’est dans cette optique que l’Angola est engagé au niveau de la sous-région, en Afrique australe, Afrique centrale et région des Grands lacs, dans la recherche de solutions par la voie du dialogue. À titre d’exemple, le Président angolais, M. Jão Manuel Gonçalves Laurenço, a rencontré il y a deux semaines ses homologues de la République du Congo et de la République démocratique du Congo dans le but d’analyser la situation politique et sécuritaire dans ce dernier pays ; il a également, en tant que Président en exercice de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), été à la tête d’une mission de maintien de la paix au Lesotho, suite à l’instabilité dans ce royaume, a indiqué le Ministre des relations extérieures. Alors que nombre de questions débattues au sein du Conseil des droits de l'homme concernent des pays africains, il faut prendre en considération, chaque fois que cela est possible, les positions et recommandations des instances et mécanismes régionaux, a plaidé le Ministre. Sur le plan national, il a indiqué que son pays s’était engagé dans un certain nombre de réformes, visant notamment à appuyer la création, le développement et l’autonomisation des organisations de la société civile et à réformer l’État et assurer la bonne gouvernance. L’Angola est également engagé à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Mais en dépit des progrès accomplis, il reste encore un long chemin à parcourir, a conclu le Minsitre.

M. GUDLAUGUR THÓR THÓRDARSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande, a fait observer que tout est dit à l’Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il a cependant relevé que les membres des Nations unies ne respectent pas tous scrupuleusement les droits de leur population, alors que personne ne les avait forcés à souscrire à cette Déclaration. Il a salué le courage du Haut-Commissaire aux droits de l'homme, qui a pris la parole, haut et fort, pour défendre les droits de l’homme et mis le doigt sur « trop de fronts sur lesquels il faudrait déployer des efforts plus soutenus ». Le Ministre a ensuite rappelé la position de l’Islande quant à la manière dont le Gouvernement philippin traite la question de la lutte contre les stupéfiants et a lancé un appel à ce Gouvernement pour qu’il facilite une mission d’évaluation du Haut-Commissariat, en particulier concernant les exécutions extrajudiciaires. L’Arabie saoudite a des lois qui favorisent une violation généralisée des droits de l’homme dans le contexte des mesures de sécurité et de lutte contre le terrorisme. a ajouté le Ministre islandais. Des mesures répressives sont aussi imposées par le Gouvernement du Venezuela, a-t-il souligné, dénonçant notamment les exactions ciblant des membres de l’opposition et des défenseurs des droits de l’homme. Les souffrances sans fin des civils en Syrie, avec les derniers combats dans la Ghouta, sont chaque fois plus insoutenables et le cessez-le-feu demandé par la dernière résolution du Conseil de sécurité devrait ouvrir une fenêtre (d’opportunité) pour trouver une solution au conflit en Syrie.

Se targuant du bon classement de l’Islande en matière de droits de l’homme, le chef de la diplomatie islandaise a en outre apporté son soutien aux droits des LGBTI.

M. RUSLANBEK DAVLETOV, Ministre de la justice de l’Ouzbékistan, a souligné que 2017 avait été une année très productive en matière de protection des droits de l’homme pour le pays. L’Ouzbékistan a accueilli l’année passée le Secrétaire Général des Nations Unies et le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a-t-il rappelé. Le pays prévoit en outre cette année la tenue d’un grand forum des droits de l’homme pour commémorer le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le Gouvernement a par ailleurs entrepris des réformes en matière d’état de droit et de promotion et de protection des droits fondamentaux, a expliqué le Ministre. A notamment été adopté un plan stratégique qui met l’accent sur l’état de droit, la protection sociale ou encore une politique étrangère ouverte et amicale, entre autres. En outre, un mécanisme existe qui est chargé de recevoir les plaintes pour violation des droits de l’homme dans tout le pays ; ces plaintes sont transmises directement au bureau du Président, a indiqué M. Davletov.

Les médias ont connu de profondes modifications et grâce à cette réforme, la confiance dans les chaines de télévision locales a été multipliée par deux, a poursuivi le Ministre ouzbek de la justice. Il a en outre insisté sur la détermination des nouvelles autorités ouzbèkes à lutter contre la corruption. Par ailleurs, ont été réhabilités ou amnistiés plus de 2700 détenus. Des mesures ont été prises contre la recevabilité des preuves obtenues sous la torture et la définition de la torture a été mise en conformité avec le droit international. Tous les interrogatoires et les témoignages sont désormais enregistrés par vidéo. Enfin, une importante réforme administrative est en cours, qui vise à renforcer le fonctionnement des institutions publiques pour les rendre plus efficaces. Toutes ces transformations renforcent la confiance de la population envers l’État et envers les autorités, a insisté le Ministre de la justice. Il a néanmoins reconnu qu’il reste encore beaucoup à faire, raison pour laquelle l’Ouzbékistan compte sur ses partenaires pour faire face, ensemble, à ces difficultés.

M. FERNANDO SIMAS MAGÃLHAES, Vice-Ministre des affaires politiques et multilatérales du Brésil, a déclaré que la communauté internationale avait de bonnes raisons d’être fière des progrès accomplis depuis l’adoption il y a 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme et, il y a 25 ans, de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne. Dans un monde divers et complexe, il est important de reconnaître ces progrès, a-t-il insisté, ajoutant que le défi pour les gouvernements est de donner corps à tous les engagements pris. Pour cela, il faut s’engager sur la voie du dialogue et du multilatéralisme afin d’être en mesure de construire des Nations Unies fortes et de tenir les promesses, la tâche ultime du Conseil des droits de l'homme étant d’entendre les aspirations des peuples et de contribuer à la réalisation des normes les plus élevées. Pour y parvenir, le Conseil a besoin plus que jamais d’un « aggiornamento » et de dépasser les questions procédurales pour s’attaquer aux questions de fond ; il devrait consacrer davantage d’énergie à la réalisation des conclusions des conférences du Caire, de Beijing, de Copenhague, de Durban et de Quito. Ces conclusions représentent des trésors, a affirmé le Vice-Ministre brésilien.

M. Magãlhes a également déclaré que le Conseil devrait prendre à cœur la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine ; avec d’autres délégations latino-américaines, le Brésil soutiendra une résolution sur ce sujet, visant notamment à élaborer une déclaration des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine. Le Vice-Ministre a invité toutes les parties prenantes à s’engager dans un dialogue, y compris avec le Groupe intergouvernemental sur la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban et en son sein. En attendant et au cours de cette session du Conseil, le Brésil, qui est très engagé dans la lutte contre les discriminations, organisera un évènement axé sur la discrimination zéro à l’encontre des personnes atteintes du VIH/sida, avec comme objectif de présenter une résolution sur le sujet à la prochaine session du Conseil (en juin 2018).

MME TERESA RIBEIRO, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et à la coopération du Portugal, a jugé que le Conseil était un organe fondamental dans le système multilatéral des droits de l’homme des Nations Unies et a indiqué avoir choisi de s’exprimer en langue portugaise car celle-ci est parlée par 280 millions de personnes qui souhaitent que, dans un futur proche, cette langue devienne langue officielle de l’ONU. En dépit des progrès accomplis, beaucoup reste à faire pour garantir le respect et l’universalité de tous les droits de l’homme, a poursuivi Mme Ribeiro, rendant hommage au discours courageux du Haut-Commissaire à cet égard et soulignant en outre l’importance du mandat du Haut-Commissaire.

L’adoption d’une résolution sur la santé mentale et les droits de l’homme, présentée pour la première fois par le Portugal et le Brésil en 2016 et 2017, montre à quel point le Conseil va dans le bon sens, a poursuivi la Secrétaire d’Etat. Bien que son mandat (en tant que membre du Conseil) ait pris fin, le Portugal continuera de s’activer à titre d’observateur pour faire progresser tous les droits sociaux, économiques, culturels, politiques et civils, dans le cadre d’un dialogue constructif et inclusif, et sans jamais renoncer à ses principes, a-t-elle indiqué, avant de mentionner la présentation d’une résolution inédite concernant la promotion des droits des femmes dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le rôle des droits économiques, sociaux et culturels pour construire des sociétés résilientes et durables sera mis en exergue dans une nouvelle résolution qui sera présentée par le Portugal, a également annoncé Mme Ribeiro.

S’agissant des migrants, Mme Ribeiro a jugé fondamental d’éviter toute approche sécuritaire des mouvements de personnes et affirmé que le Pacte mondial sur des migrations sûres et ordonnées fournissait une occasion unique de faire preuve de solidarité avec ceux qui sont dans le besoin. La Secrétaire d’Etat a fait valoir que le Portugal n’avait en détention aucun migrant ou réfugié et ne comptait pas en avoir. Le Portugal apporte une protection sociale à toutes les personnes, indépendamment de leur statut migratoire, a-t-elle ajouté. Elle a souligné que les enfants sont particulièrement protégés dans ce contexte, citant la Plateforme mondiale pour les étudiants syriens, créée à l’initiative du Président Sampaio. En 2017, le Portugal a célébré le 150e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, a rappelé Mme Ribeiro, avant d’inviter tous les Etats qui ne l’ont pas encore abolie à envisager un moratoire sur la peine capitale.


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HRC18/005F