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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME TIENT SON DÉBAT ANNUEL SUR LES DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, ce matin, son débat annuel sur les droits des peuples autochtones, dans le cadre d'un échange avec des experts internationaux chargés de ces questions. Cette année marque le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (13 septembre 2007).

Les débats ont été ouverts par Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme qui a notamment souligné que la Déclaration sur les droits des personnes autochtones est aujourd’hui une norme mondiale commune: elle a influencé des constitutions nationales, des statuts et des lois nationales ainsi que la Déclaration américaine sur les droits des personnes autochtones. Mme Gilmore s’est demandée comment un jeune garçon ou une jeune fille pouvait envisager la mise en œuvre, aujourd’hui, de la promesse que représente cette Déclaration. Cette question doit être la principale préoccupation du Conseil alors que la Déclaration entame sa seconde décennie.

Les Objectifs de développement durable font explicitement référence aux droits des personnes autochtones, a en outre rappelé la Haut-Commissaire adjointe. Les preuves ont été récoltées, les préoccupations sont exprimées, des recommandations ont été émises et le chemin à suivre est donc connu: il faut appliquer les mesures envisagées avec la participation des peuples autochtones, y compris les jeunes autochtones, a indiqué Mme Gilmore. Le nouveau mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones met clairement l’accent sur le suivi des mesures prises par les États membres pour appliquer les recommandations faites par les organes des droits de l’homme, a-t-elle rappelé, estimant qu’il ne fallait pas manquer cette occasion.

Les panélistes étaient Mme Dalí Angel, Coordonnatrice du réseau des jeunes autochtones d’Amérique latine et Mme Karla General, avocate à l’Indian Law Ressource Center. Le débat était animé par M. Albert Kwokwo Barume, Président-Rapporteur du Mécanisme d'experts des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

Mme Dali Angel a notamment expliqué son réseau s’intéresse d’abord aux progrès réalisés et aux problèmes rencontrés dans le domaine de la défense des droits des peuples autochtones, dix ans après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies. Elle a ensuite fait part des difficultés qui se posent aujourd’hui pour les jeunes autochtones.

Mme General a notamment fait observer que l’an dernier, pas moins de 281 défenseurs des droits des peuples autochtones ont été tués dans 25 pays, soit deux fois plus qu’en 2014. La plupart défendaient les droits fonciers des peuples autochtones. Si les peuples autochtones pouvaient se faire entendre au sein des Nations Unies, ils diraient que leur situation ne s’est que peu améliorée, a-t-elle assuré.

Une trentaine de pays ont pris part au débat qui a suivi. À cette occasion, bon nombre ont fait part des mesures qu’ils ont prises au niveau national pour promouvoir et protéger les droits des peuples autochtones, certains soulignant avoir repris dans leur Constitution les dispositions de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance d’engager un véritable dialogue avec les peuples autochtones et de les inclure dans les processus décisionnels.

Certaines organisations non gouvernementales ont indiqué que les droits des peuples autochtones incluaient le droit à l’autodétermination. Il a été maintes fois déploré que les peuples autochtones dans de nombreux pays continuent d’être victimes de discriminations et que des défenseurs des droits des peuples autochtones soient menacés, tués, enlevés ou victimes de représailles partout dans le monde.

Le Conseil devait achever ce midi son débat général sur les situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention, avant d’entamer son débat interactif avec les titulaires de mandats relatifs aux droits des peuples autochtones.

Réunion-débat annuelle sur les droits des peuples autochtones

Déclaration liminaire

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe des Nations Unies aux droits de l'homme, a relaté qu’en 1923, le Chef Deskaheh des Cayuga – un des peuples de la nation iroquoise –, témoin du cruel déni des droits des peuples autochtones, était venu à Genève faire part de ses griefs à la Société des Nations, pour en recevoir un accueil qu’il devait qualifier plus tard de « cruellement indifférent ». Près d’un siècle plus tard, et une décennie après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, la petite-fille du Chef Deskaheh est présente pour ce débat, s’est réjouie Mme Gilmore.

La Déclaration sur les droits des personnes autochtones est aujourd’hui une norme mondiale commune : elle a influencé des constitutions nationales, des statuts et des lois nationales ainsi que la Déclaration interaméricaine relative aux droits des personnes autochtones. Mme Gilmore s’est demandé comment un jeune garçon ou une jeune fille pouvait envisager la mise en œuvre, aujourd’hui, de la promesse que représente cette Déclaration. Cette question doit être la principale préoccupation du Conseil alors que la Déclaration entame sa seconde décennie.

Les organes de droits de l’homme ont un rôle essentiel à jouer dans ce domaine, a dit Mme Gilmore. La Convention relative aux droits de l’enfant est la première à faire référence aux peuples autochtones. Lors de l’examen d’un État cette année, le Comité a dénoncé l’impact de l’exploitation des enfants autochtones qui travaillent pour les industries extractives, ainsi que les conséquences délétères de ces industries sur les terres, les écosystèmes et l’existence des familles. Le Protocol facultatif à la Convention permet aujourd’hui aux enfants autochtones de déposer une plainte individuelle pour de tels motifs.

De nombreuses recommandations émanant des mécanismes des droits de l’homme sont en train de porter leurs fruits, a ajouté Mme Gilmore. Par exemple, le Comité des droits de l’homme a évalué les mesures prises par un État partie pour faciliter l’éducation de tous les enfants sámi dans leur propre langue. Mais il faut en faire davantage pour respecter et protéger tous les droits des populations autochtones.

Aujourd’hui, les peuples autochtones souffrent encore de leur assimilation forcée. Le taux de suicide chez les jeunes autochtones est très élevé. Il faut réfléchir à ces questions difficiles et se demander comment faire pour que les femmes, les hommes et les jeunes autochtones puissent exercer leurs droits et vivre en harmonie avec leur culture. Certaines mesures pratiques peuvent être prises, a observé la Haut-Commissaire adjointe, et il faut établir un dialogue avec ces peuples et les autonomiser. Les jeunes doivent participer activement à la mise en œuvre de plans d’action nationaux. Et à eux de nous dire comment nous pouvons les aider au mieux, a expliqué Mme Gilmore.

En plus de faire entendre la voix des peuples autochtones, il faut recueillir des données suffisantes au sujet des peuples autochtones pour que les politiques en leur faveur soient élaborées sur des bases solides et tangibles. Lorsque ces données sont disponibles, on s’aperçoit que la situation des peuples autochtones est assez sombre – mais au moins cette situation est-elle connue, a fait remarquer Mme Gilmore.

Les Objectifs de développement durable font explicitement référence aux droits des personnes autochtones. Les preuves ont été récoltées, les préoccupations sont exprimées, des recommandations ont été émises, a déclaré Mme Gilmore, et le chemin à suivre est donc connu : il faut appliquer les mesures envisagées avec la participation des peuples autochtones, y compris les jeunes autochtones. Le nouveau mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones met clairement l’accent sur le suivi des mesures prises par les États membres pour appliquer les recommandations faites par les organes des droits de l’homme, a rappelé la Haut-Commissaire adjointe, estimant qu’il ne fallait pas manquer cette occasion.

Présentations des panélistes

MME DALÍ ANGEL, Coordonnatrice du réseau des jeunes autochtones d’Amérique latine, a expliqué que son réseau est composé d’organisations de jeunes et d’organisations mixtes de peuples autochtones d’Amérique latine. Le réseau s’intéresse d’abord aux progrès réalisés et aux problèmes rencontrés dans le domaine de la défense des droits des peuples autochtones, dix ans après l’adoption de la Déclaration des Nations Unies. La première difficulté rencontrée par le réseau a été de définir ce qu’est être « un jeune autochtone », étant donné que la conception de la jeunesse diverge selon les groupes autochtones : par exemple, pour certains, la jeunesse cesse au mariage.

L’autre élément important a consisté à définir en quoi consiste l’appartenance à un peuple autochtone. Sur ce point, il est apparu que les jeunes avaient du mal à s’identifier en tant qu’appartenant à un peuple autochtone, en raison des discriminations que subissent les membres de ces communautés – or, les jeunes ne veulent pas s’identifier à des victimes. Le réseau s’est aussi penché sur d’autres questions liées à la culture, à l’éducation ou aux droits sexuels et procréatifs des peuples autochtones. Il a constaté que les jeunes réclament une éducation de qualité qui tiennent compte de leurs origines, langues et culture. Les jeunes sont également demandeurs de politiques basées sur une approche centrée sur les droits de l'homme, a rapporté Mme Angel.

MME KARLA GENERAL, avocate à l’Indian Law Ressource Center, a déclaré que l’adoption de la Déclaration des Nations Unies avait été une étape majeure dans la défense des droits des peuples autochtones, mais que la représentation de ces peuples au sein des mécanismes des Nations Unies était toujours insuffisante. Or, sans la pleine participation de leurs représentants, les peuples autochtones ne pourront faire entre leur voix et leurs droits ne seront pas garantis. Et les assassinats et les vols des terres ancestrales continueront, a mis en garde Mme General, affirmant que, l’an dernier, pas moins de 281 défenseurs des droits des peuples autochtones ont été tués dans 25 pays, soit deux fois plus qu’en 2014. La plupart défendaient les droits fonciers des peuples autochtones. Si les peuples autochtones pouvaient se faire entendre au sein des Nations Unies, ils diraient que leur situation ne s’est que peu améliorée, a-t-elle dit.

Mme General s’est toutefois félicitée de la création par le Conseil des droits de l'homme du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones (EMRIP), avec cette réserve qu’il reste encore à le rendre opérationnel et efficace. Ce mécanisme est à même de faire des rapports sur les violations des droits de l'homme commises à l’encontre des peuples autochtones et d’émettre des recommandations aux États et au Conseil. Le mécanisme devra toutefois être suffisamment doté sur les plans technique et financier et bénéficier du soutien des États, du Conseil des droits de l'homme et des peuples autochtones eux-mêmes, y compris les jeunes autochtones, a conclu Mme General.

Résumant les interventions des précédents panélistes, M. ALBERT KWOKWO BARUME, Président-Rapporteur du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones et animateur de la réunion-débat, a souligné que les jeunes autochtones continuent à être confrontés à un problème identitaire à cause des stéréotypes qui les frappent encore. Ils se voient ainsi tentés d’occulter leur identité. Ces défis sont rendus encore plus difficiles par l’exode vers les villes où ils se heurtent à de nouvelles discriminations, souvent pires que celles vécues dans leur région. L’éducation des jeunes autochtones est cruciale si l’on entend qu’ils dirigent les travaux de mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. M. Kwokwo Barume a invité à réfléchir davantage au rôle moteur que les jeunes pourront jouer compte tenu qu’il a fallu plus de 23 années de négociations autour du texte de la Déclaration avant qu’elle puisse être adoptée. En conséquence, si l’on prend en considération les torts multiples causés depuis des siècles aux peuples autochtones, il convient de réfléchir aux moyens de remédier à des discriminations systémiques qui ont laissé des traces profondes mais pas toujours clairement visibles, a-t-il préconisé.

Débat interactif

Le Danemark, au nom d’un groupe de pays, a fait état de la mise en œuvre du Parlement sâme et de la défense des droits de ce peuple grâce à l’adoption de la Convention sâme. Il a encouragé les États à inclure le suivi de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans l’Examen périodique universel.

L’Union européenne a déclaré que les rapports du Haut-Commissaire sur les peuples autochtones et du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones brossent un tableau complet des résultats tangibles sur le terrain et de l’espace chaque fois plus restreint de la participation des peuples autochtones s’agissant de leurs droits. Partant de ce constat, l’Union européenne a appelé à nourrir un dialogue entre ces peuples et les États Membres. Comment les panélistes envisagent-ils de protéger davantage les groupes vulnérables parmi les autochtones comme les femmes, les personnes handicapées et celles en conflit avec la loi, s’est enquise l’Union européenne? Mettant en garde contre les dialogues à sens unique, la Grèce a affirmé que les peuples autochtones ne sauraient être forcés à quoi que ce fût et que leur développement économique, social et culturel devrait devenir une priorité tant ils sont confrontés aux discriminations et continuent à être les plus pauvres parmi les pauvres.

L’Australie s’est « ralliée au monde » pour célébrer le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, avant d’indiquer qu’elle œuvrait de concert avec les peuples autochtones, reconnaissant cependant les lacunes qu’il reste à combler dans ce domaine. Forte de ses expériences depuis dix années, l’Australie a assuré que l’ordre du jour des affaires autochtones est en harmonie avec la Déclaration et qu’elle entend poursuivre le dialogue avec le Congrès national des premières nations pour affiner ses politiques en faveur des autochtones. Elle a demandé comment formuler et appliquer des politiques nationales solides à cet effet ?

Le Brésil a mis en exergue « l’immense victoire » que fut l’adoption, il y a dix ans à New York, de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Le Brésil a rappelé avoir introduit dans le recensement de 1991 la prise en compte de l’origine de ses populations, ainsi que des politiques spécifiques d’éducation et de santé (à l’intention des autochtones).

Le Guatemala a rappelé avoir été le premier pays à appuyer le projet de déclaration et a indiqué qu’au plan national, le pays s’était attaché à intégrer les droits des peuples autochtones dans ses institutions publiques, notamment avec la création du Fonds de développement autochtone et de l’Académie maya, lesquels intègrent le respect des droits des peuples autochtones dans leurs travaux et activités. Dans un acte historique, le 18 juillet dernier, un Guide opérationnel (des opérations) a été adopté conformément à la Convention n°169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), a fait valoir la délégation.

Les Philippines ont mis en avant leur loi relative aux droits des peuples autochtones, qui promeut notamment la représentation de ces peuples et la cartographie des terres ancestrales. L’archipel a en outre attiré l’attention sur le programme d’éducation des peuples autochtones qu’il a mis en place depuis 2013.

Le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a insisté sur l’importance de lutter contre les discriminations dans l’accès aux services. Ainsi, des groupes de femmes et de jeunes ont-ils été formés pour favoriser les soins de santé primaire et génésique et garantir que les points de vue et les coutumes des peuples autochtones, notamment afro-descendants, soient pris en considération. Le FNUAP a en outre incorporé le principe du « consentement préalable et éclairé » dans toutes ses activités.

La République populaire de Chine a invité à partager avec les peuples autochtones les dividendes du développement par une mise en œuvre équilibrée de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et par un effort spécial d’intégration de ces peuples. Le droit au développement et à la vie est fondamental et il convient de veiller à sa préservation s’agissant des autochtones, a insisté la délégation chinoise. La situation de ces peuples est le résultat de l’ère coloniale, a-t-elle rappelé, encourageant à trouver des solutions durables à travers un consensus au sein de l’Assemblée générale.

Le Canada a considéré que s’il faut certes traiter du passé, il importe davantage de se tourner vers un partenariat à long terme, sur la base du document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones de 2014. Dans le cadre d’un partenariat respectueux, la jeunesse doit occuper une place de choix, a proposé le Canada, qui a indiqué avoir désigné des jeunes dirigeants autochtones chargés de sonder les Inuits et d’autres peuples sur les programmes les concernant, surtout ceux fondés sur la réconciliation.

Le Paraguay a également fait part de ses pratiques nationales, qui reposent sur des plans nationaux orientés vers l’application des dispositions de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. En 2016, une équipe interdisciplinaire a préparé les grandes lignes des politiques et directives sur le développement des peuples autochtones, a précisé la délégation paraguayenne; le plan qui en a découlé a ensuite été soumis aux peuples autochtones pour consultation et approbation.

Le Mexique a remercié l’audience pour les messages de sympathie suite aux deux tremblements de terre qui ont frappé ce pays ce mois-ci. À cet égard, la participation de la société civile, notamment des groupes autochtones et même de migrants qui traversaient le pays dans les heures ayant suivi ces événements, a été cruciale, en particulier dans le sud du Mexique, a indiqué la délégation mexicaine. Elle a ensuite souligné que le Mexique avait mis en place une politique complète s’inspirant de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, mais également d’autres instruments, notamment interaméricains. Le Mexique s’est enquis auprès des panélistes de la manière dont la bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 pourrait contribuer à la lutte contre la discrimination systémique et l’invisibilité structurelle des autochtones et de leurs communautés.

Plusieurs délégations ont fait part de leurs engagements en faveur des droits des peoples autochtones. L’Espagne s’est dite fermement engagée à défendre les peuples autochtones et a rappelé qu’en 1992, le pays s’était déjà engagé dans des politiques de coopération spécifiques avec les peuples autochtones. L’Espagne a ajouté être l’un des rares pays à avoir défini un cadre stratégique spécifique sur cette question. La Fédération de Russie a expliqué qu’en son sein, le statut des populations autochtones est consacré dans la Constitution. Différents mécanismes ont été mis en œuvre au sein de la Fédération pour faire participer les populations autochtones aux processus décisionnels. Le Chili a pour sa part indiqué avoir introduit des politiques publiques visant à reconnaître les droits des autochtones de manière complète. Un processus de consultation a été lancé avec les neuf peuples autochtones avec pour objectif de faire en sorte que la nouvelle Constitution du pays tienne compte de leurs droits. Il reste néanmoins encore un certain nombre de défis à relever, comme de mettre fin à l’application de la loi antiterroriste contre le peuple mapuche, a reconnu le Chili. La Malaisie a pour sa part mis en place plusieurs programmes visant à améliorer les conditions de vie des populations autochtones, dans le domaine du micro-entreprenariat. Un programme a spécialement été conçu pour tenir compte des populations autochtones dans le secteur de l’éducation. Le Saint-Siège a quant à lui indiqué promouvoir des partenariats avec les peuples autochtones, notamment en établissant des programmes de promotion des langues de ces peuples. Il est essentiel que la voix de ces peuples soit entendue pour avoir une compréhension plus large du développement humain dans son intégralité, a expliqué le Saint-Siège. En Équateur, plusieurs mesures prises récemment vont dans le sens de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones ; tel est notamment le cas du Plan global pour l’égalité et contre la discrimination. Ces mesures ont permis notamment de renforcer les capacités des membres des communautés autochtones. La Bolivie a souligné avoir élevé au rang de loi nationale les articles de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. La Bolivie accorde de l’importance aux jeunes autochtones, raison pour laquelle elle a inauguré deux universités pour les peuples autochtones ; en outre, un quota de 20% a été instauré pour les jeunes des populations autochtones dans les écoles supérieures.

Le Venezuela a indiqué avoir développé un cadre normatif complet pour solder toute la dette historique que le pays et en particulier les colons ont envers les peuples originels. En tant qu’initiatrice de plus de 70 résolutions portant sur les peuples autochtones adoptées par l’Assemblée générale, la Mongolie a souligné qu’elle observe un décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait dans ce domaine. Elle se réjouit néanmoins de l’aide apportée par le Haut-Commissariat, par le biais du Fonds de contributions volontaires en faveur de la participation des représentants des peuples autochtones aux travaux du Conseil. Elle se réjouit aussi de le résolution présentée devant l’Assemblée générale visant la participation des autochtones à tous les travaux des organes des Nations Unies.

La République islamique d'Iran s’est réjouie que des pays comme l’Équateur, le Kenya et la Bolivie aient intégré la Déclaration sur les droits des peuples autochtones dans leur Constitution. Les communautés autochtones continuent de voir leurs droits de l’homme violés, a ensuite ajouté la délégation iranienne ; tel est le cas des Sioux dans le Dakota du Nord aux États-Unis, qui voient leur droit à la terre bafoué.

Le Lesotho a salué l’appui technique apporté par le Haut-Commissariat des droits de l’homme en faveur des peuples autochtones. Les États ont pour première responsabilité de protéger les droits des peuples autochtones, sur un pied d’égalité avec les autres citoyens. Le Haut-Commissaire devrait partager les bonnes pratiques dans ce domaine et il convient d’apporter réparation aux victimes de discrimination en la matière, a ajouté le Lesotho.

Les États-Unis ont indiqué appuyer le processus entamé à l’Assemblée générale pour accroître la participation des peuples autochtones dans ses travaux. La délégation des États-Unis espère donc que la résolution qui y a trait sera adoptée par consensus.

Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a assuré de sa disponibilité à travailler dans le cadre de plans d’action tournés vers les peuples autochtones et s’est dit prêt à tisser de nouveaux partenariats à cette fin.

Le Fonds international de développement agricole (FIDA) a dit se tenir auprès des peuples autochtones et a souligné que le développement qui les concerne ne pourra pas se faire sans eux.

Le Défenseur du Peuple de l’Équateur a présenté les activités menées par cette institution nationale de droits de l'homme, notamment les formations dispensées à des représentants de peuples autochtones et dles activités visant la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droit des peuples autochtones.

La Commission australienne des droits de l'homme a déclaré que ce dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones offre une occasion à tous les gouvernements de tisser des liens avec et pour la participation des peuples autochtones s’agissant des questions et décisions qui les concernent.

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont ensuite pris la parole. Conselho Indigenista Missionário a dit que la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones implique l’exercice du droit à l'autodétermination de ces peuples. L’ONG a ensuite invité le Brésil à intégrer plus avant 300 groupes autochtone qui vivent isolés dans la forêt amazonienne. Amnesty International observe pour sa part que les populations autochtones continuent d’être victimes de discriminations. En Australie, ces personnes sont surreprésentées dans le milieu carcéral. En Inde ou au Kenya, leurs terres sont spoliées et vendues à des entreprises multinationales, sans leur consentement. Ailleurs dans le monde, ces personnes continuent d’être harcelées voire assassinées.

Défense des enfants – international a dit que les mesures mises en place en Colombie, y compris après l’accord de paix avec les groupes armés, ne sont pas suffisantes pour permettre la pleine participation des peuples autochtones. CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, a fait observer que le nombre de défenseurs des droits environnementaux et du droit à la terre tués ne cesse d’augmenter dans le monde, en même temps que le nombre de pays où ils sont tués. L’ONG a à cet égard observé une collusion entre des gouvernements et des entreprises multinationales. Indian Council of South America a pour sa part observé des collusions d’intérêts similaires et a souligné que les peuples autochtones n’ont en outre pas pu exercer leur droit à l'autodétermination. L’ONG est d’avis que les droits des peuples autochtones seraient mieux protéger par une convention spécifique.

Réponses et conclusions des panélistes

MME DALÍ ANGEL a souligné combien encourager la présence et la participation des jeunes autochtones aux divers processus était essentiel. Les États devraient par exemple créer des conseils ou des comités consultatifs de jeunes autochtones, notamment pour recueillir leurs avis dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle dit.

Mme Dalí Angel a ensuite souligné que la manière dont les communautés autochtones ont réagi dans des situations de catastrophe naturelle a fourni un exemple à suivre. Il importe de se tourner vers les générations futures et de les appuyer, a-t-elle ajouté, appelant à soutenir l’ensemble des peuples autochtones.

MME KARLA GENERAL s’est pour sa part réjouie du projet de réforme du mandat du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones, afin qu’il puisse notamment travailler avec d’autres organes des Nations Unies, comme la Commission de la condition de la femme ou les organes conventionnels. Cela permettra en effet de trouver un équilibre entre les programmes élaborés en matière de droits de l'homme et la réalité sur le terrain, a-t-elle souligné. Elle s’est aussi réjouie de l’existence de la Cour interaméricaine des droits de l'homme et de la Déclaration américaine sur les droits des peuples autochtones, qui permettent justement aux membres de ces groupes de mieux défendre leurs droits. Alors que les États-Unis ne respectent pas les accords signés entre le Gouvernement fédéral et les représentants des peuples autochtones, de tels organes permettront aux représentants des peuples autochtones de saisir des organes internationaux, s’est-elle félicitée.
Mme General a ensuite exprimé l’espoir que les déclarations en faveur des droits des peuples autochtones seraient suivies de mesures favorables au développement et à la pleine maîtrise des ressources. Elle a formé le vœu que ces peuples puissent chasser, se déplacer et tirer profit de leurs terres et ressources sans faire l’objet d’exactions ni de discriminations. Elle a encouragé les États à poursuivre leur collaboration avec les peuples autochtones sans formuler de plans et de lois qui soient contraires aux droits de ces peuples. Il faudra accélérer les mesures respectueuses de ces droits pour pouvoir avancer sensiblement, a-t-elle souligné, ajoutant que les États ne le feront jamais sans y être poussés. Elle a notamment invité les États à s’inspirer de ce que les États-Unis ont fait avec la jeunesse autochtone.

Le Chef WILTON LITTLECHILD, Président de l’Instance permanente sur les questions autochtones, a insisté sur la nécessité vitale de réfléchir à la contribution des peuples autochtones à l’histoire de la famille humaine et de reconnaître les droits spirituels des peuples. Voici quelques années, l’on s’inquiétait de la terre et de la manière dont on pourrait la protéger en tant que ressource sacrée; face au changement climatique, le reste du monde est désormais conscient de ce qu’il doit à l’environnement, a-t-il poursuivi. Il a en outre salué le nouveau travail engagé à l’unisson pour mettre en valeur la jeunesse dans le cadre de la mise en oeuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, tout en regrettant un recul quant à la question de la participation pleine et effective dans les travaux des Nations Unies. Certains États, en effet, refusent que les autochtones prennent part aux processus décisionnels, a-t-il précisé. Du reste, la discussion de cette question a été reléguée, a-t-il observé. Il a exhorté les États n’ayant pas encore trouvé les modalités de reconnaissance des peuples autochtones à entamer cette marche vers la paix et l’harmonie.

M. ALBERT KWOKWO BARUME s’est dit surpris que tout le monde ait un avis au sujet de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, y compris les personnes qui n’ont pas pris connaissance de ce texte. Il s’est ensuite dit heureux d’entendre les délégations dire qu’il fallait œuvrer au renforcement des capacités. L’on se rend compte que la Déclaration est très populaire pour tous les types de parties prenantes car elle incarne le principe fondamental de la gouvernance inclusive visant à ce que toutes les voix soient entendues.



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HRC/17/136F