Fil d'Ariane
LE CONSEIL ACHÈVE SES DÉBATS SUR LA PROTECTION DES DROITS DE L'HOMME DANS LA LUTTE ANTITERRORISTE ET SUR LES DROITS CULTURELS
Le Conseil des droits de l'homme a achevé, en milieu de journée, ses débats interactifs croisés, entamés en fin de semaine dernière, avec les Rapporteurs spéciaux sur la protection des droits de l'homme dans la lutte antiterroriste et sur les droits culturels, ainsi qu'avec la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées et l'Experte indépendante sur l'exercice des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme.
S'agissant des rapports – examinés le 3 mars dernier – de la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, Mme Farida Shaheed, et du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, M. Ben Emmerson, de nombreux orateurs ont regretté la multiplication des discours de haine encourageant les violations des droits de l'homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cette lutte doit être menée dans le respect des droits de l'homme, sous peine d'être contre-productive, a-t-il été souligné à plusieurs reprises. Les intervenants ont également dénoncé la destruction de sites culturels, notamment par des groupes terroristes et particulièrement au Moyen-Orient. À cet égard, de très nombreuses délégations ont reconnu le danger que l'extrémisme faisait peser sur les droits culturels. Enfin, plusieurs délégations ont rappelé que la lutte contre le terrorisme concernait tous les États et pas seulement ceux qui sont directement touchés par ce fléau.
Dans le cadre du débat sur les rapports – également examinés le 3 mars – de la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Catalina Devandas Aguilar, et de l'Experte indépendante sur l'exercice des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme, Mme Ikponwosa Ero, de nombreuses délégations ont déploré les violations répétées des droits des personnes handicapées, notamment des personnes particulièrement vulnérables que sont les femmes et les enfants handicapés. Il a été souligné que les personnes handicapées étaient plus souvent frappées par la pauvreté. De nombreux orateurs ont condamné les discriminations à l'encontre des personnes atteintes d'albinisme, attirant en outre l'attention sur le rôle de la sorcellerie dans les violences, y compris la traite d'organes, dont sont victimes ces personnes et appelant à mettre fin à ces pratiques.
De nombreuses délégations* et représentants de la société civile** ont pris la parole à l'occasion de ces débats interactifs.
Dans le cadre de la journée annuelle de débat sur les droits de l'enfant, le Soudan a souligné la nécessité de mettre l'accent sur les droits de l'enfant pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Le Soudan a demandé à la communauté internationale d'en faire davantage pour les pays les moins avancés.
En fin de séance, Chypre, l'Arménie, la Chine, la Turquie, l'Azerbaïdjan et la Grèce ont exercé leur droit de réponse.
Le Conseil des droits de l'homme poursuit cet après-midi sa journée annuelle de débat sur les droits de l'enfant, consacrée à la mise en œuvre des droits de l'enfant dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
Fin du débat interactif croisé sur le terrorisme et sur les droits culturels
S'agissant du rapport présenté vendredi dernier par la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, la Turquie a souligné que la protection du patrimoine culturel devait jouer un rôle central dans la cohabitation des communautés à Chypre. La Turquie déplore que nombre de mosquées aient été détruites ou soient abandonnées dans la partie grecque de l'île. L'Arménie a dit prendre note des recommandations de la Rapporteuse spéciale sur la protection de la mosaïque religieuse. L'Arménie souligne la nécessité de préserver le monastère arménien de Sourp Makar (Aghios Makarios), dans le nord de Chypre et regrette que la communauté arménienne n'ait pas le droit d'accéder librement à l'église de Sainte-Marie, à Famagouste. Chypre a réaffirmé son engagement ferme pour la protection des droits culturels, un engagement qu'il applique au sein du Conseil de l'Europe.
La République islamique d'Iran s'est interrogée sur la manière d'intégrer les droits culturels au cadre du droit au développement. La Malaisie a voulu connaître les éléments essentiels des principes directeurs proposés par la Rapporteuse spéciale à la toute fin de son rapport (NDLR: «Élaborer un ensemble de principes directeurs visant à lutter efficacement contre le fondamentalisme et l'extrémisme conformément au droit international». L'Estonie a remercié la Rapporteuse spéciale d'avoir insisté sur la menace que les extrémistes font peser sur la jouissance des droits culturels. L'Arabie saoudite a souligné que le concept d'extrémisme décrit dans le rapport n'est pas limité à une seule région. L'Iraq a pour sa part condamné la destruction de son patrimoine culturel et religieux par Daech.
Le Maroc a souligné qu'il partageait la vision de la Rapporteuse spéciale quant au fait que l'extrémisme est dangereux pour la culture des droits de l'homme. Pour preuve de sa défense des droits culturels, le Maroc a expliqué qu'il avait reconnu la langue amazighe et la langue arabe dans sa Constitution.
La République arabe syrienne, tout comme l'Albanie, ont expliqué que l'éducation était la priorité dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. L'Albanie considère que des investissements supplémentaires dans le domaine de la culture sont primordiaux pour combattre l'extrémisme. La Serbie a, elle, souligné l'importance des dimensions religieuses dans le dialogue interculturel visant à lutter contre le fondamentalisme et l'extrémisme
La Bolivie a défendu la multiculturalité contre la vision monoculturelle du capitalisme qui contribue au mythe de l'homogénéité, d'une supériorité raciale et à l'abandon du pluralisme. Les lois du marché se basent sur une vision unique de la culture, a fait observer la délégation bolivienne. L'Azerbaïdjan a, lui aussi, défendu sa politique de protection de la multiculturalité pour assurer la stabilité du pays. Le pays a en outre dénoncé le pillage et la destruction du patrimoine culturel du pays par l'Arménie depuis les années 90.
L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Mali, la Norvège et l'Australie ont dénoncé les conséquences négatives du terrorisme et de l'extrémisme sur les droits culturels. L'UNESCO a expliqué qu'il était déplorable que la culture soit visée par les ennemis des droits de l'homme. L'UNESCO salue tous les efforts pour que la culture soit au cœur des stratégies pour combatte l'extrémisme.
Le Mali a souligné que les biens culturels dans le nord du Mali ont été les victimes du terrorisme, notamment dans la ville de Tombouctou. Le pays a rappelé avoir porté plainte auprès de a Cour de Justice internationale et a souligné que, pour la première fois, une condamnation a eu lieu dans ce domaine
La Norvège a dénoncé les multiples agressions qui touchent les artistes partout dans le monde. Chaque année des personnes sont agressées parce qu'elles participent à la culture. Les hommes et les femmes et les artistes ont besoin d'être protégés contre les violences. La culture sert à combattre les extrémismes, a insisté la Norvège.
L'Australie a expliqué que la destruction délibérée de sites culturels fait partie de la liste d'atrocités commises par Daesh. Les biens pillés restent une source de revenus financiers pour les terroristes, a-t-elle rappelé. Le pillage et la destruction de sites culturels constituent un crime grave, a insisté la délégation australienne, avant de rappeler que le Moyen-Orient est le berceau de la civilisation. Il faut faire cesser ces destructions, a insisté l'Australie.
Parmi les organisations de la société civile qui se sont exprimées, l'European Union of Public Relations a rappelé que les droits culturels ne peuvent s'exercer qu'en l'absence de discrimination, avant de dénoncer le Pakistan comme l'un des pays où les droits culturels sont violés, pays dont la liste s'étend aussi à la Syrie, l'Iran et l'Iraq. Iraqi Development Organization a constaté que les gouvernements des pays du Golfe perpétuent des violations des droits culturels au motif de lutter contre l'extrémisme et le fondamentalisme, dénonçant plus particulièrement la situation à Bahreïn. L'ONG a demandé aux panélistes de préciser quels sont les mécanismes de supervision juridiques pour empêcher de telles violations des droits.
Pour sa part, Freemuse - The World Forum on Music and Censorship, au nom également de Center for Inquiry International, a fait cinq recommandations: les États devraient respecter l'exercice des droits culturels; les États devraient veiller à ce que les acteurs non étatiques attaquant les droits culturels soient condamnés; les États ne devraient pas profiter d'une législation antiterroriste pour attaquer la liberté d'expression artistique; la communauté internationale des donateurs devrait soutenir les artistes victimes du terrorisme; et la communauté internationale devrait mettre en place un système d'alerte culturelle rapide.
S'agissant du rapport présenté vendredi dernier par le Rapporteur spécial sur la protection des droits de l'homme dans la lutte antiterroriste, l'Afrique du Sud s'est dite d'accord avec le Rapporteur spécial pour constater que les mesures antiterroristes qui bafouent les droits de l'homme ne font qu'alimenter le terrorisme. Les États doivent mettre un terme aux interventions mal avisées qui n'ont d'autres justification que politiques, a ajouté l'Afrique du Sud. La Malaisie s'est dite préoccupée par les discours de haine et extrémistes qui accompagnent la lutte contre le terrorisme. Elle a recommandé que la lutte contre le terrorisme s'attaque aux causes profondes de ce phénomène. Les Maldives ont, elles aussi, plaidé pour le respect par les États de leurs obligations en matière de droits de l'homme dans le cadre de la lutte antiterroriste.
La République islamique d'Iran a dénoncé les violations des droits de l'homme très graves commises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme: ce problème doit être traité dans le strict respect des droits de l'homme, s'agissant notamment des droits des réfugiés.
Le Pakistan a déclaré que son peuple souffrait directement des conséquences du terrorisme, qui a fait des milliers de victimes parmi les civils et les policiers. Le Pakistan a adopté une stratégie antiterroriste complète, impliquant les forces de sécurité et l'armée, dans le cadre d'un plan d'action national contre le terrorisme et l'extrémisme. Des mesures concrètes sont prises contre les discours de haine, les organisations interdites, la criminalité sur Internet et le financement des activités terroristes. L'Afghanistan a souligné que sa lutte contre le terrorisme ne le concerne pas lui seulement car elle sert l'ensemble de la communauté internationale. Rien ne justifie le terrorisme et il n'y a pas de «bons terroristes», a souligné l'Afghanistan. La délégation afghane a ajouté que la lutte antiterroriste était rendue très difficile par le parrainage du terrorisme par certains États.
La Géorgie a condamné les atrocités commises par les groupes terroristes, estimant que le recul de cette menace dépend d'une action résolue de la part de la communauté internationale. Au plan national, la Géorgie a notamment adopté des mécanismes de lutte contre le financement des activités terroristes. Mais au-delà de l'action de police, la lutte antiterroriste doit tenir compte des droits de l'homme des populations, des impératifs humanitaires et de la bonne gouvernance, a souligné la Géorgie.
Le Botswana a esquissé les mesures qu'il a prises depuis plusieurs années pour renforcer son arsenal juridique et policier contre les activités terroristes. Le Botswana demande aux États de promouvoir, en tant que stratégie de lutte contre le terrorisme, la promotion et la protection des droits de l'homme.
L'Arabie saoudite s'est dite attachée au respect des droits de l'homme dans la lutte contre le terrorisme, comme en témoignent ses initiatives politiques aux plans international et national, ainsi que la visite effectuée récemment dans le pays par le Rapporteur spécial. L'Iraq a dénoncé les crimes commis par Daech contre les Yézidis – crimes qui sont assimilables à un génocide, a affirmé la délégation iraquienne.
À l'instar de l'Azerbaïdjan, la majorité des délégations se sont accordées pour souligner que le terrorisme était l'une des plus graves menaces de notre temps et ont condamné ce type d'actes. Le Kenya a expliqué que la lutte contre ce phénomène était compliquée, en raison de l'absence d'une définition universellement acceptée du terrorisme.
Plusieurs délégations, à l'instar de la Tunisie et du Mali, se sont montrées favorables à un renforcement de la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. L'Ukraine et la Norvège ont défendu l'approche du Rapporteur spécial qui a prôné une réforme de l'architecture du dispositif onusien pour lutter contre le terrorisme, avec notamment la désignation d'un secrétaire général adjoint sur le terrorisme.
Plusieurs pays, comme le Kenya, le Maroc et le Mali, ont assuré que leurs plans de lutte contre le terrorisme se faisaient en conformité avec les principes des droits de l'homme. Le Nigéria a expliqué, dans ce cadre, que son Gouvernement avait mis en place un bureau des droits de l'homme pour renforcer le respect des droits de l'homme dans les opérations de lutte contre le terrorisme.
L'Albanie a expliqué que la priorité dans la lutte contre le terrorisme devait être accordée à la prévention. L'Albanie a par ailleurs encouragé les États à donner une réponse positive aux demandes de visites du Rapporteur spécial.
La Serbie a souligné que l'accomplissement des mandats des rapporteurs spéciaux devait respecter la souveraineté nationale. Les propositions pour une meilleure coordination de la lutte contre le terrorisme demandent une attention sérieuse, a ajouté la délégation serbe. La République arabe syrienne a souligné que la lutte contre le terrorisme devait se faire dans le respect du droit international et dans le cadre d'un processus consensuel – et non pas sous le diktat d'un groupe de pays. Elle a souligné que la coalition menée par les États-Unis intervenait sans mandat. La délégation syrienne a plaidé en faveur de davantage de transparence dans la lutte contre le terrorisme.
Parmi les organisations de la société civile qui se sont exprimées, American Civil Liberties Union a estimé que les politiques migratoires du Président des États-Unis Donald Trump violaient la Constitution des États-Unis et les droits de l'homme, de nombreux ressortissants étrangers ayant été expulsés ou interdits d'entrée sur le territoire des États-Unis alors qu'ils disposaient de visas.
Allied Rainbow Communities International a attiré l'attention sur la flambée de discours de haine contre les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenre aux États-Unis depuis l'élection présidentielle de novembre 2016. L'ONG rejette de façon catégorique toute mesure visant à justifier la violation des droits des LGBTI par la lutte contre le fondamentalisme. L'Association pour la participation des femmes au développement, au nom également de l'Union internationale humaniste et laïque et Center for Inquiry International, s'est inquiétée que la lutte contre le fondamentalisme se traduise par une hausse de la violence contre les femmes et contre les minorités ethniques, religieuses ou sexuelles. Elle a demandé aux Nations Unies d'interpeller les États qui cherchent à nier ces violations des droits de l'homme dans le contexte de la lutte contre le fondamentalisme.
The Charitable Institute for Protecting Social Victims a souligné que le terrorisme a eu de nombreuses conséquences négatives sur la liberté d'opinion et d'expression. L'ONG a demandé que les droits à la réparation, à la vérité et à la justice pour les victimes d'attentat soient respectés. L'ONG a également plaidé pour le respect de la liberté de religion.
Helsinki Foundation for Human Rights a qualifié la nouvelle loi antiterroriste des autorités chinoises de menace pour les droits de l'homme, en particulier pour les Ouïghours et les Tibétains. L'ONG a exhorté le Conseil des droits de l'homme à demander à la Chine d'abroger cette loi ou de la mettre en conformité avec le droit international. Pour sa part, China Association for Preservation and Development of Tibetian Culture a affirmé que les coutumes, la religion, la culture et la langue tibétaines sont protégées en Chine.
Action Canada pour la population et le développement s'est félicitée des recommandations de la Rapporteuse spéciale visant l'élimination des effets négatifs du fondamentalisme sur les droits des femmes. L'ONG a condamné le recours aux valeurs culturelles pour dénier leurs droits aux femmes. Les États doivent protéger les droits culturels de tout un chacun et obliger les auteurs de violations de ces droits à en rendre compte.
L'African Regional Agricultural Credit Association a dénoncé les violations des droits culturels des Kurdes en Syrie et des chrétiens et des hindous au Pakistan.
Espace Afrique international a demandé aux États qui ne l'ont pas encore fait de ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et son Protocole facultatif. «Les différences culturelles ne sont pas un handicap mais une richesse pour les sociétés», a souligné le représentant.
Le Service international des droits de l'homme s'est dit très préoccupé par la banalisation des discours et idéologies extrémistes et fondamentalistes. Le Service a mis en garde contre la tendance à criminaliser les activités des organisations de la société civile qui sont opposées à ces deux phénomènes.
Prahar a dénoncé les violations des droits de l'homme commises par l'armée indienne lors d'opérations dans l'État du Manipur, au nord-est du pays. L'Inde doit traduire en justice les responsables militaires responsables de ces actes, a demandé l'ONG, avant de demander aussi aux autorités indiennes d'abroger les lois qui accordent aux forces armées des pouvoirs d'exception.
Réponses et conclusions des Rapporteurs spéciaux
M. AHMED SHAHEED, Rapporteur spécial sur la liberté de religion, a lu une déclaration de la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, MME KARIMA BENNOUNE, dans laquelle cette dernière fait notamment valoir que «si les mots sont importants, ils ne trouvent cependant leur sens que s'ils sont suivis d'actions efficaces» contre l'extrémisme et contre le terrorisme. Dans cette déclaration, la Rapporteuse spéciale appelle notamment la communauté internationale à mettre en place des programmes d'aide pour les journalistes victimes de la terreur.
Fin du débat interactif croisé sur les droits de l'homme des personnes handicapées et sur l'exercice des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme
MME CATALINA DAVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, a présenté une plainte officielle quant au manque d'accessibilité pour les personnes handicapées au Conseil, regrettant notamment l'absence d'interprète en langue des signes. Elle a prié le Conseil et les États Membres d'accorder toute l'attention nécessaire à ce problème.
S'agissant des personnes handicapées, l'Albanie a indiqué qu'une attention particulière devait être portée aux personnes handicapées particulièrement vulnérables, comme les femmes et les enfants.
Pour le Paraguay, les personnes handicapées doivent avoir le choix et le contrôle sur les décisions qui les concernent. Le Paraguay travaille à l'établissement d'indicateurs concernant les personnes handicapées. Il recommande d'intégrer les personnes handicapées par le biais de l'activité professionnelle. Le Nigéria a également souscrit à l'appel lancé aux États pour qu'ils adoptent des lois en faveur de la participation des personnes handicapées aux décisions qui les concernent. Le Japon a dit mettre en place, dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, des mesures d'insertion au profit des personnes handicapées. Le Japon organisera en outre les Jeux paralympiques en 2020.
L'Azerbaïdjan a dit avoir donné effet à ses obligations internationales relatives aux personnes handicapées. Le Gouvernement encourage le libre accès des personnes handicapées aux structures sociales. En outre, les pensions allouées aux personnes handicapées ont été augmentées.
La Pologne a déclaré que l'accès aux mesures de soutien était une garantie essentielle de la jouissance des droits des personnes handicapées. Le Gouvernement polonais est déterminé à fournir des logements adaptés aux besoins des personnes handicapées. Une aide supplémentaire est accordée aux familles qui prennent en charge une personne handicapée. Quant à l'Allemagne, elle a dit être en train de mettre à jour la loi sur l'égalité des chances des personnes handicapées. L'accès des personnes handicapées à l'administration fédérale a été facilité. Le refus d'accès à un logement raisonnable est désormais considéré comme une forme de discrimination à l'encontre des personnes handicapées.
Haïti a rappelé que le soutien aux personnes handicapées était une de ses préoccupations de longue date. En accédant à la Convention relative aux droits des personnes handicapées et à son Protocole facultatif en 2009, Haïti a démontré sa volonté de protéger les droits des personnes handicapées, a fait valoir la délégation.
Le Bangladesh a rappelé que la vulnérabilité des personnes handicapées se conjuguait souvent avec la pauvreté. La loi sur la protection des personnes handicapées de 2013 a été amendée pour assurer l'accès de ces personnes à la justice. Le Pakistan a rappelé que les États sont obligés de fournir aux enfants handicapés l'aide dont ils ont besoin et que «le manque de moyens ne devrait pas constituer un obstacle pour ce faire».
Le Burundi a dit avoir ouvert des écoles publiques pour les enfants handicapés et adopté des mesures pour les personnes souffrant d'albinisme, notamment une aide à l'association les soutenant et des campagnes de sensibilisation. De son côté, la Somalie a estimé que la déshumanisation est la pire agression à l'encontre des personnes atteintes de handicap. Des campagnes de sensibilisation peuvent combattre les superstitions au sujet des personnes atteintes d'albinisme.
La Lituanie a regretté les nombreuses discriminations auxquelles les personnes handicapées faisaient face et s'est enquise des mesures supplémentaires à prendre pour garantir la jouissance effective des droits de ces personnes.
Pour ce qui est des organisations non gouvernementales, Libération a fait part de sa préoccupation concernant la situation de villageois chrétiens pris pour cible par l'armée indienne dans l'État de Manipur, au nord-est de l'Inde, soulignant que de nombreux enfants handicapés ont été obligés de quitter l'école. L'ONG a exhorté le Conseil des droits de l'homme à engager l'Inde à prendre les mesures nécessaires pour protéger ces populations. International Association for Democracy in Africa a dénoncé les violations des droits de l'homme des personnes handicapées au Baloutchistan, où de nombreuses personnes handicapées courent un risque disproportionné d'être maltraitées et exclues; et en Syrie, où les personnes handicapées sont systématiquement prises pour cible. La Fédération internationale des écoles unies a rappelé que les personnes handicapées doivent être traitées comme des membres à part entière de la société. Au Pakistan, les personnes handicapées vivent dans des conditions très difficiles. L'organisation a regretté que le Gouvernement de ce pays ne prenne aucune initiative pour faire respecter les droits des personnes handicapées.
La Commission colombienne des juristes a dénoncé la stérilisation forcée de personnes handicapées en Colombie sous le prétexte de traitement médical d'urgence. Elle a également regretté le peu de progrès en faveur de la réintégration des victimes du conflit armé atteintes de handicap. Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII a expliqué que si la Zambie a réalisé beaucoup de progrès en matière de protection des personnes handicapées, le problème de l'accès des enfants handicapés à l'éducation n'était toujours pas résolu. Pour sa part, Action Canada pour la population et le développement a regretté que le rapport du Rapporteur spécial ne fasse pas état des nombreux cas des violences sexuelles commises au sein des familles à l'encontre des filles et des femmes handicapées.
Verein Südwind Entwicklungspolitik a jugé inacceptables l'amputation et l'aveuglement pratiqués en tant que châtiments judiciaires par des États parties à la Convention sur les droits des personnes handicapées – un exemple a été effectué en présence du président de la cour pénale de Téhéran, en novembre dernier. La Fondation Alsalam a dénoncé les discriminations et violences à l'encontre des personnes handicapées et notamment les détenus handicapés à Bahreïn, un État qui a pourtant adhéré à la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Dans d'autres pays, comme l'Arabie saoudite, exécutent des personnes atteintes de handicap mental. Enfin, Alliance defending freedom a regretté que certains pays favorisent le suicide assisté ou l'euthanasie: de plus en plus des pays en Europe permettent à des personnes souffrant de handicap psychologique d'avoir recours à cette pratique. «Le droit de mourir risque de devenir le devoir de mourir», a mis en garde l'Alliance.
L'Albanie s'est déclarée très préoccupée par les actes de sorcellerie que subissent les personnes atteintes d'albinisme, actes qui peuvent s'accompagner de trafic d'organes. Le Swaziland n'a enregistré récemment que trois meurtres de personnes atteintes d'albinisme, regrettant toutefois que cela soit déjà beaucoup trop. Que la victime soit une personne atteinte d'albinisme devrait être une circonstance aggravante. Les personnes pratiquant la médecine traditionnelle doivent rejeter les allégations concernant les pouvoirs dont seraient dotées les personnes atteintes d'albinisme.
Le Nigéria s'est déclaré préoccupé par les conséquences des violences perpétrées contre les personnes atteintes d'albinisme sur leur droit à l'éducation et à la vie. Il a regretté les stéréotypes issus de la sorcellerie sur les pouvoirs dont disposeraient les personnes atteintes d'albinisme. Le Japon s'est félicité du rôle de l'Experte indépendante sur les personnes atteintes d'albinisme et a déploré qu'elles se voient affublées de stéréotypes dangereux pour elles. En outre, le Japon s'est enquis de la situation des femmes atteintes d'albinisme.
Plusieurs organisations non gouvernementales se sont aussi exprimées. Amnesty International a dit avoir réalisé une enquête au Malawi en 2016, qui a montré que de nombreuses agressions étaient commises contre des personnes souffrant d'albinisme. L'ONG a appelé les autorités à accorder la priorité aux mesures juridiques pour défendre les personnes handicapées. Évoquant le cas d'une personne atteinte d'albinisme assassinée au Malawi, l'International Bar Association a considéré qu'il fallait en faire davantage pour combler les lacunes juridiques qui permettent à ceux qui s'attaquent aux personnes atteintes d'albinisme de jouir d'impunité. Espace Afrique International a également évoqué le fléau de la sorcellerie à l'encontre des personnes atteintes d'albinisme et a encouragé les États et la société civile à les intégrer dans l'élaboration des programmes et projets les concernant.
La Fédération luthérienne mondiale a salué l'engagement de l'Experte indépendante sur l'exercice des droits de l'homme par les personnes atteintes d'albinisme. Les églises membres de la Fédération dans la région africaine constatent une multiplication des attaques contre les personnes atteintes d'albinisme. Des églises ont ouvert des centres pour protéger cette population et pour sensibiliser la population.
La Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO) a affirmé que des trafics d'organes de personnes albinos se passent avec la complicité de hauts cadres en quête de pouvoir, en toute impunité. Vu la faiblesse de la loi, il est nécessaire d'adopter un document directeur pour protéger les personnes atteintes d'albinisme contre les crimes rituels et de lancer une campagne mondiale pour dénoncer ces pratiques inhumaines, dangereuses pour les sociétés modernes.
Droit de réponse
Chypre a rejeté les allégations fallacieuses de la Turquie. Certaines églises dans le nord de l'île sont en très mauvais état, a souligné Chypre; elles ont été pillées et sont remplies d''excréments de pigeons. Le «régime d'occupation» a interdit l'accès aux églises dans la zone occupée, a insisté la délégation de Chypre. Les Chypriotes turcs qui ont un passeport chypriote peuvent jouir des mêmes droits que l'ensemble des citoyens européens, a-t-elle poursuivi, avant d'ajouter que Chypre étudie les mesures à prendre pour permettre aux Chypriotes turcs de bénéficier des meilleures possibilités d'éducation possibles.
L'Arménie a dénoncé les allégations infondées de l'Azerbaïdjan qui a fait état de crimes imaginaires pour camoufler ses propres crimes. Des centaines de sites sacrés ont en effet été détruits par l'Azerbaïdjan, a déclaré la délégation arménienne; maints documents attestent de l'anéantissement des croix de pierres dans les cimetières auquel a procédé l'armée azerbaïdjanaise avec du matériel lourd. L'Azerbaïdjan a refusé tout mécanisme d'investigation sur ces faits, a ajouté l'Arménie.
La Chine a répondu à la Fondation Helsinki pour les droits de l'homme en soulignant que la lutte contre le terrorisme était une priorité du pays. La Chine a indiqué avoir pris des mesures contre le terrorisme pour protéger sa population. Après plus de 60 ans depuis sa libération pacifique, le Tibet a enregistré des progrès remarquables dans tous les domaines, a en outre affirmé la Chine, ajoutant que les Tibétains jouissent de toutes les libertés.
La Turquie a regretté que les Chypriotes turcs ne puissent être présents pour répondre aux allégations de Chypre. Les Chypriotes turcs ont fait preuve d'efforts en matière de droits de l'homme, a souligné la Turquie. La seule occupation à Chypre est celle du siège du Gouvernement par les Chypriotes grecs, a ajouté la Turquie, avant de rappeler qu'elle est garante des traités sur Chypre.
L'Azerbaïdjan a expliqué qu'il était ironique que la délégation arménienne s'accorde le luxe et le droit d'évoquer les droits culturels pour condamner l'Azerbaïdjan alors que l'Arménie continue de pratiquer une politique d'anéantissement de la culture des Azerbaïdjanais de souche dans le pays.
Suite aux propos de la Turquie, la Grèce a souligné que les allégations de la Turquie ne correspondent pas aux faits historiques. Tout le monde sait qui sont les victimes et tout le monde connaît les faits historiques dans la région. Le République de Chypre est un membre à part entière de l'Union européenne. Les Chypriotes jouissent ainsi pleinement des droits de tous les citoyens européens.
Intervenant de nouveau suite aux propos de la Turquie, Chypre a souligné que le seul problème à Chypre était l'occupation illégale d'un tiers de l'île par la Turquie. Les violations des droits de l'homme sont documentées dans la partie occupée de Chypre, a insisté la délégation chypriote.
L'Arménie a dénoncé la présentation biaisée des choses faite par l'Azerbaïdjan. Depuis le premier jour de la guerre, l'Arménie a pris soin des monuments sur son territoire, y compris ceux relevant du patrimoine culturel des Azerbaïdjanais. L'image que la machine de propagande de Bakou s'efforce de donner de l'Azerbaïdjan est contredite par les violations massives des droits de l'homme perpétrées par ce pays à l'encontre des membres de la société civile, a ajouté l'Arménie.
La Turquie a déclaré que les allégations non documentées ne peuvent pas changer l'Histoire, à savoir que Chypre a essayé d'annexer l'ile en 1963 et en 1974. Les violations des droits de l'homme commises contre les Chypriotes turcs sont récurrentes. La ligne verte qui divise l'ile a été mise en place en 1963 pour protéger les Chypriotes turcs des Chypriotes grecs. Ce n'est qu'une intervention turque légale et légitime qui a permis d'empêcher l'annexion de l'île par les Chypriotes grecs. Les Grecs ne peuvent rejeter leur responsabilité dans la crise de Chypre.
L'Azerbaïdjan est de nouveau intervenu pour dénoncer les pratiques de l'Arménie contre des tombes azerbaïdjanaises. De même, l'Arménie a procédé à des changements de toponymes qui vont à l'encontre de la Convention de La Haye de 1964, a ajouté l'Azerbaïdjan. L'Arménie n'est vraiment pas un exemple de respect de droits de l'homme et n'est pas en mesure de donner des leçons, a insisté l'Azerbaïdjan.
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*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat sur les droits de l'homme dans la lutte antiterroriste et sur les droits culturels: Afghanistan, Afrique du Sud, Albanie, Arabie saoudite, Arménie, Australie, Azerbaïdjan, Bolivie, Botswana, Chypre, Estonie, Géorgie, Iraq, Kenya, Malaisie, Maldives, Mali, Maroc, Nigéria, Norvège, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Pakistan, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, Serbie, Tunisie, Turquie, Ukraine.
*Les organisations non gouvernementales ont pris la parole dans le cadre du débat sur le terrorisme et les droits culturels: American Civil Liberties Union; The Charitable Institute for Protecting Social Victims; Helsinki Foundation for Human Rights; China Association for Preservation and Development of Tibetian Culture; Iraqi Development Organization; Freemuse - The World Forum on Music and Censorship (au nom également de Center for Inquiry International); Allied Rainbow Communities International; Association pour la participation des femmes au développement (au nom également de l'Union internationale humaniste et laïque et Center for Inquiry International); European Union of Public Relations; Service international pour les droits de l'homme; Action Canada pour la population et le développement; African Regional Agricultural Credit Association; Prahar; Espace Afrique International.
**Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre du débat sur les droits de l'homme des personnes handicapées et des personnes atteintes d’albinisme: Albanie, Paraguay, Nigéria, Japon , Azerbaïdjan, Pologne, Allemagne, Haïti , Bangladesh, Pakistan, Burundi , Somalie, Lituanie, Swaziland, Nigéria.
**Les organisations non gouvernementales ont pris la parole dans le cadre du débat sur les droits de l'homme des personnes handicapées et des personnes atteintes d’albinisme: Amnesty International; Libération; International Bar Association; Espace Afrique International; Fédération internationale des écoles unies; International Association for Democracy in Africa; Rencontre Africaine pour la défense des droits de l'homme; Commission colombienne de juristes ; Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII; Action Canada pour la population et le développement; Verein Südwind Entwicklungspolitik; Fondation Alsalam ; Alliance Defending Freedom; Fédération luthérienne mondiale.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
HRC17/019F