Aller au contenu principal

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT SA JOURNÉE ANNUELLE DE DISCUSSION SUR LES DROITS HUMAINS DES FEMMES

Compte rendu de séance
La seconde partie de cette journée est consacrée aux droits des femmes et au Programme de développement durable à l'horizon 2030

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, sa journée annuelle de débat sur les droits humains des femmes en tenant – après celle consacrée ce matin à la question de la violence contre les femmes et les fillettes autochtones – une seconde réunion-débat consacrée au thème: «Droits des femmes et Programme de développement durable à l'horizon 2030»

Dans sa déclaration liminaire, Mme Kate Gilmore, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a souligné qu'en dépit des engagements des États et des progrès accomplis, les chiffres de la violence ou des discriminations envers les femmes restaient alarmants. Ce défi peut uniquement être résolu par des politiques publiques volontaristes, a-t-elle déclaré. Il faut commencer par lutter contre les notions, cultures, traditions et pratiques qui légitiment les violences, a-t-elle indiqué, se félicitant que dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, des villageois se soient levés pour dire «non» aux mutilations génitales féminines, des pratiques qu'ils soutenaient auparavant au nom de la culture et des traditions.

Les panélistes étaient Mme Natasha Stott Despoja, Ambassadrice de l'Australie pour les femmes et les filles; Mme Arancha González, Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC); Mme Jayati Ghosh, Professeure d'économie au Centre d'études économiques et de planification de l'Université Jawaharlal Nehru (New Delhi); et Mme Vanessa Anyoti, coordinatrice de World Young Women's Christian Association. Le débat était animé par M. Paul Ladd, Directeur exécutif de l'Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), qui a rappelé que les États avaient pris des engagements fermes. Le respect des droits des femmes et des filles est absolument fondamental et ces droits doivent être considérés comme un investissement pour la réalisation de l'ensemble des Objectifs de développement durable, a-t-il souligné.

Mme Stott Despoja a rappelé que l'égalité entre les sexes constituait à elle seule un objectif du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et qu'elle était, en même temps, prise en compte dans tous les autres objectifs. Les Objectifs de développement durable traitent des fondements structurels de l'inégalité entre les femmes et les hommes, a-t-elle relevé. Mme González a fait observer que certains pays limitent le type d'emploi occupés par les femmes et que dans une quinzaine d'entre eux, l'épouse doit obtenir l'accord de son mari pour pouvoir travailler. La responsabilisation économique des femmes est cruciale pour parvenir à une croissance plus durable, a-t-elle souligné. Mme Ghosh a pour sa part énuméré les questions à résoudre afin de développer le travail et la mobilité des femmes, dans le cadre des Objectifs de développement durable. Enfin, Mme Anyoti a estimé que l'on ne parviendra pas à réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030 dans son intégralité sans prendre en compte les problématiques et les points de vue de la jeunesse.

Dans le cadre du débat qui a suivi ces présentations, un certain nombre de délégations et de groupes régionaux* ont fait état des progrès atteints dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Le Groupe arabe a dit miser sur la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 pour donner plein effet aux droits des femmes. Plusieurs délégations ont souligné l'importance d'œuvrer à la réduction du taux de mortalité maternelle et infantile, ainsi que celle de la promotion des soins de santé sexuelle et procréative pour tous. Le Groupe africain a rappelé que les femmes étaient compétentes dans tous les domaines de la vie et qu'elles étaient même les agents du changement.

Parmi les institutions nationales des droits de l'homme et les organisations non gouvernementales à s'être exprimées**, une ONG a relevé que les objectifs du Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne seraient jamais atteints si l'on n'éliminait pas les lois, politiques et pratiques discriminatoires à l'encontre des femmes. Une autre ONG a appelé à en finir avec l'injustice régnant dans certaines pays qui conduit à châtier les victimes de viol plutôt que les violeurs.


En fin de journée, le Conseil devait achever son débat interactif portant sur les rapports du Groupe de travail sur les sociétés transnationales et du Rapporteur spécial sur la liberté d'expression.


Journée annuelle de discussion sur les droits humains des femmes: droits des femmes et Programme de développement durable à l'horizon 2030

Déclarations liminaires

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a souligné que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 a une ambition de changement. C'est une «occasion en or, un cadeau à l'occasion du dixième anniversaire du Conseil des droits de l'homme», a-t-elle déclaré. Il s'adresse à tous les acteurs, aux États, au secteur privé, à la société civile, mais également à tout le système des Nations Unies, a-t-elle rappelé. Mme Gilmore a rappelé qu'à l'horizon 2030, la population mondiale aura augmenté d'un milliard de personnes, soit un chiffre record dans l'histoire de l'humanité, avec de grandes disparités en termes d'âges entre les régions. Aujourd'hui par exemple, a-t-elle indiqué, l'âge médian est de 16 ans en Ouganda et de 44 ans en Allemagne.

La Haut-Commissaire adjointe s'est ensuite réjouie que 189 États se soient engagés dans des processus de transformation après avoir ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. En dépit de cela, les chiffres de la violence ou des discriminations restent alarmants s'agissant des femmes, a toutefois souligné Mme Gilmore. Selon l'Organisation mondiale de la santé, une femme sur trois a été victime de violence sexuelle de la part de son partenaire, a-t-elle rappelé. Pas moins de 830 femmes meurent chaque jour des suites d'un accouchement, alors que la plupart de ces décès sont évitables, a-t-elle ajouté. Les statistiques pour les filles sont tout aussi dramatiques: une fille sur 9 est mariée avant l'âge de 15 ans, tandis que les taux de prévalence du VIH/sida ne cessent de croitre chez les adolescents, alors qu'ils baissent de 30% pour les autres catégories de populations. En outre, seuls 22% des parlementaires dans le monde sont des femmes, a poursuivi la Haut-Commissaire adjointe, soulignant combien l'égalité entre les sexes reste un défi.

Tous les défis ainsi posés ne peuvent résolus que par des politiques publiques volontaristes, a rappelé Mme Gilmore. Il faut commencer par lutter contre les notions, cultures, traditions et pratiques qui légitiment les violences, a-t-elle indiqué, se félicitant que dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, des villageois se soient levés pour dire «non» aux mutilations génitales féminines, des pratiques qu'ils soutenaient auparavant au nom de la culture et des traditions. Il faut aussi établir des mécanismes qui non seulement puissent collecter des données mais aussi analyser quoi en faire. Toutes ces démarches exigent une approche soucieuse des droits de l'homme, avec pour objectif la transformation promise par le Programme de développement durable à l'horizon 2030, a conclu la Haut-Commissaire adjointe.

Animant ce débat, M. PAUL LADD, Directeur exécutif de l'Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), a rappelé que les gouvernements ont pris des engagements fermes, dans le cadre d'un ensemble ambitieux et crucial d'objectifs pour le développement. Les Objectifs de développement durable (ODD) sont différents des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il poursuivi, estimant que les derniers en date illustrent mieux la réalité complexe du développement. M. Ladd s'est dit convaincu que le respect des droits des femmes et des filles est absolument fondamental afin que personne ne soit laissé pour compte, ce qui est l'objectif affirmé du Programme de développement durable à l'horizon 2030. Il s'agit là d'un investissement pour la réalisation de l'ensemble des ODD, a-t-il insisté.

Exposés des panélistes

MME NATASHA STOTT DESPOJA, Ambassadrice de l'Australie pour les femmes et les filles, a fait observer que l'égalité entre les sexes constitue à elle seule un objectif du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et est, en même temps, intégrée dans tous les autres objectifs. Les Objectifs de développement durable (ODD) traitent des fondements structurels de l'inégalité entre les femmes et les hommes, a-t-elle poursuivi, citant notamment leur appel à assurer l'accès à la propriété pour les femmes, à leur offrir des possibilités de leadership, à reconnaître leur rôle fondamental pour la paix, à éliminer la violence à leur encontre et à mettre un terme aux mutilations génitales féminines. Mme Stott Despoja a toutefois fait observer que toute cela reste des mots tant qu'aucune action concrète n'a été entreprise. Selon l'Ambassadrice, pour avancer dans la réalisation du Programme de développement durable d'ici 2030, il faut impliquer davantage les femmes dans les prises de décisions; reconnaître le rôle des femmes et des fillettes comme agentes actives du changement; et réduire le fossé des inégalités dans le marché du travail, l'éducation et la santé. Or, dans plus de 90% des pays du monde, les opportunités des femmes sont explicitement limitées par des législations qui consacrent une inégalité de traitement, a-t-elle déploré. Selon Mme Stott Despoja, des efforts concertés, coordonnés et durables sont nécessaires si l'on veut réaliser l'égalité entre les sexes. L'appropriation nationale est fondamentale; il faut également construire des partenariats forts entre tous les segments de la société, en intégrant le secteur privé et la société civile; des données fiables sont également nécessaires; enfin, les efforts de suivi et de surveillance de la mise en œuvre du Programme à l'horizon 2030 doivent être réguliers et consistants.

MME ARANCHA GONZALEZ, Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC), a souligné que ce n'était pas sans raison que l'on mettait l'accent sur la nécessaire place des femmes. De nombreuses inégalités subsistent en effet, notamment sur le plan du droit au travail, a-t-elle rappelé. Les femmes sont plus fréquemment pauvres que les hommes, alors qu'elles représentent les deux tiers des travailleurs dans le monde et qu'elles cultivent la moitié des produits de l'agriculture, a-t-elle fait observer. Certains pays limitent le type d'emplois occupés par les femmes et dans une quinzaine d'entre eux, l'épouse doit obtenir l'accord de son mari pour pouvoir travailler, celui-ci pouvant opposer son veto. La responsabilisation économique des femmes est cruciale pour parvenir à une croissance plus durable, a insisté Mme González; on estime qu'il serait ainsi possible d'accroître d'un tiers la production agricole et d'aller vers l'éradication de la faim, a-t-elle fait valoir. Les femmes doivent être plus présentes dans le commerce international, a poursuivi la Directrice exécutive du Centre du commerce international. Elle a indiqué que le Centre avait lancé l'opération «She Trades» à cette fin (shetrades.com). L'accès aux droits de propriété permet l'accès au crédit et sans accès au crédit, le développement est entravé, a-t-elle en outre rappelé.

MME JAYATHI GHOSH, Professeure d'économie au Centre d'études économiques et de planification de l'Université Jawaharlal Nehru (New Delhi), a énuméré les questions à résoudre afin de développer le travail et la mobilité des femmes dans le cadre des Objectifs de développement durable. Elle a souligné que l'émergence d'un environnement mondial favorable et des politiques nationales proactives sont essentielles si les États entendent mettre en œuvre ces Objectifs. Or, il existe un lien entre le rôle d'une finance dérégulée dans l'irruption de crises affectant l'emploi et les conditions de vie et l'impact de l'austérité fiscale. Cette dernière accroît les besoins en termes de travail non payé au sein des familles, une spécificité féminine. Dans le même temps, les États désireux de s'industrialiser et de diversifier leur économie sont confrontés à des contraintes imposées par les règles internationales et les régimes régissant le commerce. Mme Ghosh a par ailleurs évoqué les discriminations juridiques et politiques affectant la mobilité des femmes et leur situation. L'architecture internationale contredit incontestablement certains Objectifs de développement durable, le dixième en particulier (relatif à la réduction des inégalités).

Pour MME VANESSA ANYOTI, Coordinatrice de World Young Women's Christina Association, on ne parviendra pas à réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030 dans son intégralité sans prendre en compte les problématiques et les points de vue de la jeunesse. Pour ce faire, il faut faire connaître aux jeunes les instruments, méthodes de travail, processus et conclusions relatifs au nouveau Programme de développement et aux droits de l'homme en général, a souligné Mme Anyoti. Les jeunes ont besoin de connaître les instruments contraignants afin de pouvoir contrôler leur application sur le terrain. Dans ce contexte, il faut renforcer les capacités des jeunes et améliorer leur participation, y compris par le biais de la consultation. Il faut aussi allouer des ressources aux programmes et organisations qui concernent la jeunesse; il faut également protéger et promouvoir la diversité au sein de la jeunesse, a ajouté Mme Anyoti.

Débat

L'Ukraine s'est dite particulièrement préoccupée par la violence sexuelle contre les femmes et les filles dans le cadre des conflits armés, un crime particulièrement odieux. L'Ukraine rappelle que l'adhésion à la Convention d'Istanbul, qui traite de la violence à l'égard des femmes et en particulier de la violence domestique, est ouverte non seulement aux membres du Conseil de l'Europe mais également à tous les autres États.

Le Pakistan, au nom de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), a reconnu que les femmes sont souvent durement touchées par la pauvreté, la violence, les changements climatiques, l'insécurité alimentaire et le manque de soins de santé. Les membres de l'OCI, engagés en faveur de l'autonomisation des femmes et des filles, entendent éliminer toutes les formes de violence et de discrimination à leur encontre; leur offrir une éducation de qualité; assurer l'égalité entre les sexes dans l'accès au travail; et garantir la participation des femmes aux prises de décision.

Le Qatar, au nom du Groupe arabe, compte sur la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 pour donner un plein effet aux droits des femmes et des filles. Le Groupe arabe reconnaît que les États ont la responsabilité de lutter contre les discriminations qui affectent les femmes et garantir leur participation dans les décisions publiques. Ce rôle incombe aussi aux membres de la société civile, a ajouté la délégation.

Les Philippines, au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), ont indiqué que les États de la région ont fait des progrès significatifs dans la lutte contre la violence faite aux femmes par le biais de politiques concertées au niveau national et régional. Le plan d'action régional de l'ANASE sur l'élimination de la violence à l'encontre des femmes a été adopté au 27e Sommet de l'ANASE en novembre dernier.

La Nouvelle-Zélande, au nom d'un groupe de pays, a attiré l'attention sur l'objectif 3.1 du Programme de développement durable, portant sur la réduction du taux de mortalité maternelle, ainsi que sur les objectifs 3.7 et 5.6, relatifs à l'accès de tous aux soins de santé sexuelle et procréative. Elle a salué à cet égard l'adoption par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, au début de cette année, d'une observation générale sur cette question. Ces différentes initiatives montrent l'obligation des États à respecter les droits sexuels et procréatifs, a souligné la délégation.

L'Union européenne a fait remarquer qu'aucun pays n'est, à ce jour, parvenu à l'égalité complète entre les hommes et les femmes. Elle rappelle que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Déclaration et le Programme d'action de Beijing sont essentiels pour la réalisation des droits des femmes. Enfin, l'Union européenne constate que la réalisation de la plupart des objectifs du développement durable dépend directement de l'égalité hommes-femmes.

L'Afrique du Sud a réaffirmé l'engagement du Groupe africain en faveur de l'égalité entre les sexes. Le Groupe africain déplore que les femmes soient encore aujourd'hui confrontées à des discriminations injustifiées, à tous les niveaux et dans toutes les sphères de la vie. Il rappelle que les femmes sont compétentes dans tous les domaines de la vie et qu'elles sont des agents du changement. Il faut leur permettre de jouer pleinement ces rôles.

L'Inde, au nom du Brésil, de la Fédération de Russie, de la Chine et de l'Afrique du Sud, a reconnu que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 fournit une occasion en or pour inscrire la réalisation des droits des femmes soit au cœur de l'action de la communauté internationale. Les BRICS appellent la communauté internationale à mettre en œuvre ce programme parallèlement à la Déclaration et au Programme d'action de Beijing.

La Suède, au nom d'un groupe de pays, a fait remarquer que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 est clair quant à la nécessité d'autonomiser les femmes. Avec l'adoption du cinquième objectif, sur l'égalité des sexes, les États ont pris l'engagement ferme de mettre en œuvre les droits des femmes.

La République dominicaine, au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes, a relevé que le caractère transversal du cinquième objectif du Programme doit être présent à l'esprit au moment d'adopter des politiques en faveur du développement durable. S'adressant aux panélistes, la délégation a souhaité avoir leur avis s'agissant des moyens de garantir la participation effective des femmes à la prise de décision.

La Fédération de Russie a expliqué que la démarche de son Gouvernement est déterminée par sa volonté d'assurer l'égalité entre les sexes et l'indépendance des femmes. La délégation a fait part de l'organisation en septembre dernier, à Saint-Pétersbourg, d'un forum féminin eurasiatique. Vu le succès de cette première édition, cette manifestation sera organisée régulièrement.

Les Pays-Bas ont relevé l'importance d'appliquer une perspective sexospécifique de manière transversale dans la réalisation de tous les autres objectifs du Programme. La délégation a demandé aux panélistes comment une approche fondée sur les droits humains pourra faciliter la réalisation du Programme.

Le Honduras estime que même s'il revient aux États de faire respecter les droits de l'homme sur leur territoire, la participation de la communauté internationale et du secteur privé est nécessaire pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Il faut en effet un élan général de la communauté internationale pour aider les pays en développement à atteindre les objectifs du développement durable, a ajouté El Salvador. L'Estonie a insisté sur la responsabilité des États de lutter contre les pratiques discriminatoires.

Pour l'Autriche, le succès du Programme dépend du renforcement des cadres institutionnels et démocratiques. Cela exigera des moyens considérables, a dit le représentant. Comment la communauté internationale et le Conseil en particulier peuvent-ils renforcer leur rôle en matière de vérification de la réalisation du Programme, a demandé la délégation.

Pour le Chili, il faut aller au-delà des discours et passer à l'action en créant des sociétés vraiment inclusives. Le Chili estime que le Conseil peut aider les États à réaliser l'objectif 5. Le Paraguay a demandé aux États de «libérer les forces de chaque femme pour construire un monde meilleur».

La Sierra Leone a dit avoir nommé plusieurs femmes à des postes ministériels en matière de santé et d'éducation. La Sierra Leone accorde aussi des bourses d'études à des milliers de filles. L'Équateur s'est investi dans la sensibilisation des populations aux discriminations et aux violences dont sont victimes les femmes. Le Gouvernement des Émirats arabes unis a créé un Conseil de l'égalité entre les sexes dont le rôle est de promouvoir les droits des femmes.

Israël a lancé, par le biais de son Agence pour la coopération internationale Mashav et en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement et ONU-Femmes, une série de conférences avec des femmes leaders au niveau international, afin de permettre un échange d'expériences et de pratiques pour l'amélioration de l'égalité entre les sexes.

L'Irlande a dit avoir parrainé le programme Evidence and data for Gender Equality . Elle a demandé aux panélistes comment la communauté internationale pourrait contribuer à la récolte de données et à leur exploitation au profit du Programme.

L'Égypte a demandé aux panélistes d'analyser l'objectif 5 du développement durable et de dire quels moyens seront nécessaires pour l'atteindre.

Le Népal a dit avoir d'ores et déjà préparé une évaluation de ses politiques nationales et de son environnement institutionnel, dans le cadre de l'application prochaine des objectifs du développement durable qui visent à «ne laisser personne de côté».

Les Bahamas ont recommandé aux pays de faire le point sur les objectifs du Millénaire pour le développement pour mieux s'attaquer aux nouveaux objectifs du développement durable. Le Gouvernement des Bahamas a présenté un projet de loi sur l'égalité entre les sexes qui a été refusé par le Parlement: mais ce revers ne dissuadera pas le Gouvernement d'aller de l'avant sur cette question, a assuré la délégation.

La Géorgie a dit appliquer actuellement un cadre juridique pertinent et une série de plans d'action nationaux dans divers domaines relatifs à l'égalité entre les sexes et à l'autonomisation des femmes. Elle a attiré l'attention du Conseil sur la vulnérabilité accrue des femmes et des filles dans les conflits armés.

Singapour est en treizième place de l'indice de parité entre les sexes, a fait valoir sa délégation. Les politiques nationales sont axées sur la conciliation de la vie professionnelle et privée, notamment en offrant des moyens incitatifs pour encourager les hommes à participer davantage aux tâches familiales.

L'Australie a mis l'accent sur les opportunités économiques pour les femmes. L'égalité entre les sexes est non seulement juste mais également intelligente, estime l'Australie.

Les États-Unis se sont dits favorables à l'objectif du développement durable 5, qui concerne de fait l'ensemble des dix-sept objectifs du Programme du développement durable à l'horizon 2030. Il n'y a pas d'excuse aux violences sexuelles et aux mutilations génitales féminines dans une société civilisée. Le nombre sans précédent des crises humanitaires actuelles ne doit en aucun cas détourner l'attention sur la nécessité de réaliser l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes, a insisté la délégation.

L'Argentine applique, depuis 2010, une loi intégrale sur la violence à l'égard des femmes. Le Gouvernement œuvre également à l'autonomisation économique des femmes à travers le programme «Elles font» (Ellas realizan) qui aide les femmes à créer leur propre entreprise.

L'Italie demeure convaincue que l'élimination de la discrimination et de la violence à l'égard des femmes, ainsi que l'amélioration de la participation féminine dans toutes les sphères de la vie, sont des enjeux déterminants. Elle a demandé aux panélistes quel pourrait être le rôle des organes de traités, des procédures spéciales et de l'Examen périodique universel dans la mise en œuvre du postulat «Ne laisser personne de côté».

La France a fait remarquer que le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes était constitutif des sociétés démocratiques et pacifiées et la condition de leur développement durable. La France s'est dite pleinement engagée dans la mise en œuvre de l'objectif de développement durable qui vise à parvenir à l'égalité de sexes et à autonomiser les femmes et les filles. Au plan national, la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes, adoptée en 2014, aborde le sujet des inégalités dans toutes ses dimensions. Cette loi prend des mesures fortes pour améliorer le quotidien des femmes, faire progresser leurs droits et changer les mentalités. Au plan international, la France s'est dotée d'une stratégie «Genre et développement», tandis que le principe d'égalité est au cœur de son dispositif d'aide au développement.

La Slovénie s'est dite prête à développer le plein potentiel des femmes envisagé par le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Elle élabore, dans cette perspective, une nouvelle résolution nationale sur la coopération internationale pour le développement, premier document stratégique en son genre. Le pays s'apprête également à adopter des directives spécifiques au sujet de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes.

Dans une déclaration enregistrée, la Commission des droits de l'homme et de l'égalité du Royaume-Uni a demandé au Gouvernement du Royaume-Uni de prendre des mesures pour que les femmes enceintes qui s'estiment victimes de discrimination au travail puissent saisir les tribunaux jusqu'à six mois après le délit, et non plus trois mois comme c'est le cas actuellement. Le Conseil national des droits de l'homme du Maroc a présenté les recommandations qu'il a faites au Gouvernement marocain s'agissant de la promotion des droits des femmes, dont une attention accrue envers les femmes vivant en milieu rural. Outre ces deux institutions nationales de droits de l'homme, plusieurs organisations non gouvernementales sont intervenues. United Nations Watch a cité des cas de viols et de violences sexuelles en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar qui ont abouti à l'emprisonnement des plaignantes. L'ONG a demandé comment réaliser au cinquième objectif de développement durable, visant à mettre un terme à la violence contre les femmes, aussi longtemps que les États peuvent se permettre d'arrêter, d'emprisonner et de sanctionner des femmes victimes de viol.

Action Canada pour la population et le développement a relevé que les cibles du Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne seront jamais atteintes si l'on n'élimine pas les lois, politiques et pratiques discriminatoires à l'encontre des femmes.

Plan international a demandé aux États de traduire le Programme de développement durable à l'horizon 2030 en plans d'actions et en programmes bien financés, et d'en évaluer les résultats de manière périodique.

Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights a déploré que les personnes LGBTI ne soient pas spécifiquement ciblées dans le Programme, avec le risque de voir ces populations marginalisées.

Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain Inc a dénoncé la vassalisation des femmes dans les pays arabes du Golfe. Dans ce pays, les femmes qui restent en justice doivent être accompagnées par un parent du sexe masculin – même si c'est pour demander le divorce.

Remarques de conclusion

MME STOTT DESPOJA a noté que la moitié des femmes ou des mères de retour d'un congé maternité étaient confrontées à des discriminations au travail. Les femmes vivant dans des pays en crise doivent être protégées de la violence. Leurs droits à la santé sexuelle et procréative doivent être respectés, ce qui implique au préalable qu'ils soient connus. La Finlande a créé des postes «d'ambassadrice pour les femmes et les jeunes filles», a relevé Mme Stott Despoja, pour qui cette initiative mériterait d'être reprise ailleurs.

Mme Stott Despoja a souligné le lien inextricable entre l'inégalité hommes-femmes et la violence à l'encontre des femmes. Sur le plan régional, elle a observé que la région Pacifique-Sud connaît l'un des taux les plus bas de représentation des femmes dans les parlements et, en même temps, l'un des taux les plus élevés de violence à l'encontre des femmes. Elle a préconisé de renforcer la coopération au niveau de cette région.

MME GONZÁLEZ a souligné que l'un des éléments essentiels concernait la collecte de données ventilées par sexe pour mesurer les progrès accomplis. Les chiffres concernant les progrès dans le domaine économique ne figurent pas dans les statistiques, même lorsque l'on dispose de données fiables. La présence de femmes dans les parlements est essentielle pour que les besoins de la population féminine soient dûment pris en compte, alors qu'ils sont souvent oubliés dans les assemblées presque exclusivement masculines.

Mme González a rappelé que plus un pays est pauvre, plus le défi est important. Dans ce contexte, la coopération au développement devrait davantage tenir compte de l'égalité hommes-femmes, a-t-elle préconisé. Quant au rôle du Conseil, la panéliste a estimé qu'il ne devrait pas se contenter d'être une enceinte pour le partage d'expériences, mais également permettre la mise en commun de solutions et l'évaluation des progrès.

MME GHOSH a souligné l'importance de ne pas recourir aux politiques d'austérité budgétaire, si l'on entend impulser de véritables changements. Il y a d'un côté les déclarations officielles, et de l'autre la perception qu'en ont les populations, a souligné la panéliste. La classe politique doit être consciente des effets désastreux que certaines prises de position peuvent avoir, a-t-elle observé.

MME ANYOTI a souligné l'importance d'inclure des jeunes dans le programme de développement durable à l'horizon 2030. Les jeunes doivent être consultés puisqu'ils sont des partenaires à part entière.

Mme Anyoti a relevé l'importance de renforcer les efforts des pays dans l'élaboration de statistiques: il faut des données ventilées à tous les niveaux pour évaluer la situation; une aide technique et financière peut être nécessaire aux pays qui ont du mal à rassembler ces données. Enfin, elle a attiré l'attention sur l'importance d'inclure les jeunes dans les discussions. Pour ce faire, Mme Anyoti a recommandé d'institutionnaliser les plateformes de participation des jeunes et d'assurer leur représentation dans les enceintes pertinentes.

Concluant ce débat, M. LADD a souligné que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 offre une formidable occasion de faire progresser les droits de l'homme dans le monde et en particulier les droits des femmes. Parmi les défis qu'il reste à relever, il a notamment évoqué la pauvreté des femmes; l'accès à l'emploi; le travail non rémunéré; l'accès aux services de santé, notamment en matière de santé sexuelle et procréative; les violences et les mauvais traitements; ainsi que les souffrances des femmes dans les conflits. Pour relever ces défis, M. Ladd a recommandé de renforcer la coopération multilatérale et régionale. En outre, la récolte et l'analyse de données sont cruciales pour mesurer les progrès effectués, a-t-il souligné.

___________

*Les délégations suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion- débat: Ukraine, Pakistan (au nom de Organisation de la coopération islamique), Qatar (au nom du Groupe arabe), Philippines (au nom de Association des nations de Asie du Sud-Est), Nouvelle-Zélande (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Afrique du Sud (au nom du Groupe africain), Inde (au nom du Brésil, de la Fédération de Russie, de la Chine et de l'Afrique du Sud), Suède (au nom d’un groupe de pays), République dominicaine (au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes), Fédération de Russie, Pays-Bas, Honduras, El Salvador, Estonie, Autriche, Chili, Paraguay, Sierra Leone, Équateur, Émirats arabes unis, Israël, Irlande, Égypte, Népal, Bahamas, Géorgie, Singapour, Australie, États-Unis, Argentine, Italie, France, Slovénie.

**Les institutions nationales et organisations non gouvernementales suivantes ont pris la parole dans le cadre de la réunion- débat: Commission des droits de l’homme et de l'égalité du Royaume-Uni; Conseil National des Droits de l'Homme du Maroc; United Nations Watch ; Action Canada pour la population et le développement Plan International, Inc.; Swedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights ; et Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain Inc.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC16074F