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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ACHÈVE SOUS PRÉSIDENCE IRAQUIENNE LA DEUXIÈME PARTIE DE SA SESSION DE 2013

Compte rendu de séance
Elle entend le Ministre iraquien des affaires étrangères, la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement et la Vice-Secrétaire d'État adjointe des États-Unis

La Conférence du désarmement a achevé, hier matin, sous présidence iraquienne, la deuxième partie de sa session de 2013, en entendant des déclarations du Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, M. Hoshyar Zebari, de la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Angela Kane, et de la Vice-Secrétaire d'Etat adjointe principale des États-Unis, Mme Anita Friedt. Elle a également entendu les Ambassadeurs Oyarce du Chili, Hoffmann de l'Allemagne, Mehta de l'Inde et van den Ijsel des Pays-Bas – qui quittent tous les quatre la Conférence – faire leurs discours d'adieu. La Fédération de Russie, l'Inde, le Bélarus et la République islamique d'Iran ont commenté la section consacrée au désarmement du projet de budget-programme pour l'exercice biennal 2014-2015, s'agissant notamment de la proposition visant à modifier le nom de l'actuel Service du secrétariat de la Conférence du désarmement et de l'appui à la Conférence, qui deviendrait le «Service de Genève du Bureau des affaires de désarmement».

Dans son intervention devant la Conférence, le Ministre iraquien des affaires étrangères a indiqué que l'Iraq a adhéré à tous les traités en matière de désarmement et réitère ici son engagement à les respecter. Le désarmement nucléaire doit être notre priorité absolue au sein de la Conférence, a ensuite déclaré M. Zebari, avant de réaffirmer le droit inaliénable des États membres, et en particulier des pays en développement, à élaborer des technologies nucléaires à des fins pacifiques, à condition que ces activités soient placées sous le contrôle efficace de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et respectent les exigences en matière de non-prolifération. La conservation d'arsenaux nucléaires et l'élaboration d'armes et de vecteurs nucléaires de types nouveaux sont sources de préoccupations, a par ailleurs souligné le Ministre iraquien.

La Haut-Représentante pour les affaires de désarmement a pour sa part souligné que si l'élaboration de lois dans un domaine aussi difficile que celui du désarmement est un processus qui prend du temps, il n'en reste pas moins que la frustration qui s'exprime face à l'échec de la Conférence à s'acquitter de son mandat est justifiée. Au fil des ans, l'impasse à laquelle est confrontée la Conférence a amené certains à proposer la mise en place d'instances alternatives de négociations, a fait observer Mme Kane, soulignant que plus l'impasse durera, plus grande sera la tentation de suivre ces options alternatives. «Personnellement, je ne me réjouirais pas d'une telle évolution», a-t-elle déclaré, insistant sur l'importance qu'elle accorde à la dimension multilatérale des normes de désarmement et à l'objectif visant à assurer que ces normes soient de portée réellement universelle. Le résultat de l'impasse actuelle est la ratification du statu quo que la plus grande partie du monde considère comme simplement inacceptable, a-t-elle fait observer.

La Vice-Secrétaire d'Etat adjointe principale des États-Unis a quant à elle rappelé les annonces faites le 19 juin dernier par le Président Obama devant la porte de Brandebourg, à Berlin, et a demandé à ce que la brochure publiée le 19 juin par la Maison Blanche sous le titre "Nuclear Weapons Employment Strategy of the United States" (Stratégie d'emploi des armes nucléaires des États-Unis) soit distribuée en tant que document officiel de la Conférence. La Conférence continue de ne pas s'acquitter de son mandat clair visant à engager des négociations immédiates sur un traité cut-off concernant les matières fissiles, a-t-elle par ailleurs fait observer, affirmant que ce traité est attendu depuis longtemps et nécessaire pour jeter les bases de nouvelles actions sur le long chemin du désarmement.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Mohammad Sabir Ismail de l'Iraq, a relevé que toutes les parties concernées cherchent et souhaitent un programme de travail complet et équilibré pour la Conférence; d'un autre côté, chaque partie à sa propre interprétation de la manière de parvenir à un tel programme, a-t-il ajouté. Il convient donc de faire preuve de créativité, a-t-il souligné, avant de lancer un appel à tous les États membres afin qu'ils fassent preuve de souplesse pour sortir la Conférence de l'impasse. Le Président de la Conférence a en outre indiqué avoir l'intention de discuter, lors des consultations qu'il mènera avec les délégations, des propositions qu'a faites le Secrétaire général de la Conférence, M. Kassym-Jomart Tokayev, le 18 juin dernier. En fonction des résultats de ces consultations, il pourrait être envisagé de consacrer une séance plénière à la discussion de ces propositions, a-t-il indiqué.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 13 août, à 10 heures. La Conférence entamera alors la troisième et dernière partie de sa session de 2013, qui se déroulera jusqu'au 13 septembre 2013.


Aperçu des déclarations

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur MOHAMMAD SABIR ISMAIL de l'Iraq, a déclaré que c'est un grand honneur pour son pays que d'assumer la présidence de la Conférence. Il s'est dit conscient de l'énorme responsabilité qui est la sienne à l'égard de la Conférence en cette période critique que traverse cette instance. En dépit de l'impasse qui a empêché la Conférence de parvenir à un programme de travail complet et équilibré depuis plus de seize ans, nous sommes engagés à explorer toutes les options et alternatives disponibles susceptibles d'aboutir à des solutions acceptables pour tous les États membres – des solutions qui puissent permettre à la Conférence de reprendre le travail pour lequel elle a été mandatée, a-t-il indiqué.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, M. HOSHYAR ZEBARI, s'est dit honoré d'être le premier Ministre iraquien des affaires étrangères à s'adresser à la Conférence depuis l'entrée de l'Iraq à la Conférence (en tant que membre de cette instance) en 1997. L'Iraq aspire à être un élément de stabilité tant dans la région qu'au plan international et tient à se distancier de tout ce qui peut promouvoir l'instabilité à travers le monde. Le Gouvernement iraquien est fermement attaché aux traités en matière de désarmement et de non-prolifération et est convaincu que l'adhésion de tous à ces traités et leur respect constitue l'un des piliers essentiels permettant de préserver la communauté internationale de l'utilisation ou de la menace d'utilisation d'armes de destruction massive. C'est dans cet esprit que l'Iraq a adhéré à tous les traités en matière de désarmement et réitère ici son engagement à les respecter, a indiqué le Ministre. L'Iraq respecte et applique toutes les dispositions convenues en matière de non-prolifération et de désarmement, a-t-il insisté.

M. Zebari a ensuite réitéré l'attachement que son pays accorde à la Conférence en tant qu'unique instance multilatérale dans le domaine du désarmement. Malheureusement, cette instance traverse une période complexe, compte tenu des crises internationales exacerbées, de la menace terroriste et de la situation en matière d'armes de destruction massive. Depuis près de 17 ans, la Conférence n'a pas pu assumer son rôle du fait qu'elle n'est pas parvenue à adopter un programme de travail ; il convient donc qu'elle adopte un programme de travail complet et équilibré, a poursuivi le Ministre iraquien. Au cours de sa présidence de la Conférence, l'Iraq entend donc ne ménager aucun effort pour parvenir à un accord sur un tel programme, a-t-il indiqué. Le désarmement nucléaire doit être notre priorité absolue au sein de la Conférence, compte tenu de la place qui lui est accordée dans le document final adopté à l'issue de la première session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée aux questions de désarmement en 1978 et de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1996, a déclaré M. Zebari. Le désarmement nucléaire complet doit être notre première priorité, eu égard au pouvoir destructeur de ces armes, a-t-il insisté. Il a réaffirmé le droit inaliénable des États membres, et en particulier des pays en développement, à élaborer des technologies nucléaires à des fins pacifiques, à condition que ces activités soient placées sous le contrôle efficace de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et respectent les exigences en matière de non-prolifération. La conservation d'arsenaux nucléaires et l'élaboration d'armes et de vecteurs nucléaires de types nouveaux sont sources de préoccupations, a par ailleurs souligné M. Zebari, ajoutant que l'Iraq encourage tout effort visant à obtenir une réduction sérieuse des armes nucléaires.

En ce qui concerne les garanties négatives de sécurité, a poursuivi le Ministre iraquien des affaires étrangères, il convient de se mettre d'accord sur un instrument juridiquement contraignant par lequel les États dotés d'armes nucléaires donneront à ceux qui n'en sont pas dotés des garanties de non-utilisation de ces armes. Cependant, ces garanties de sécurité négatives ne sauraient remplacer un désarmement nucléaire complet, a souligné M. Zebari. S'agissant de la production de matières fissiles, la continuation de la production de matières fissiles sape, en fait, le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a par ailleurs fait observer le Ministre iraquien, avant de se dire favorable à la création d'un mandat de négociation visant à interdire la production de matières fissiles. Quant à l'espace extra-atmosphérique, il ne devrait être exploré qu'à des fins pacifiques, a souligné M. Zebari, ajoutant que la Conférence doit envisager l'adoption d'un instrument international empêchant la militarisation de l'espace.

La communauté internationale doit donner effet à la résolution sur le Moyen-Orient adoptée à l'issue de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1995, a d'autre part souligné M. Zebari. L'échec des efforts visant à établir une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient va à l'encontre des résultats du document final de la Conférence d'examen du TNP de 2010, ce qui ne peut que porter préjudice au TNP, a-t-il affirmé.

MME ANGELA KANE, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a assuré que l'institution que représente la Conférence du désarmement reste toujours aussi importante. «Nous qui travaillons aux Nations Unies continuons de respecter le rôle primordial que joue cette instance dans la négociation d'obligations juridiques multilatérales en matière de désarmement», a-t-elle déclaré. Lorsque l'on parle de renforcer la primauté du droit en matière de désarmement, il est difficile de ne pas penser à cette institution, a-t-elle insisté. Par ailleurs, a-t-elle poursuivi, élaborer des lois dans un domaine aussi difficile que celui du désarmement est un processus qui prend du temps. Il n'en reste pas moins que la frustration qu'expriment le public et de nombreux États membres de la Conférence et des Nations Unies au regard de l'échec de la Conférence à s'acquitter de son mandat est justifiée, a souligné Mme Kane. Ces frustrations ont suscité des doutes réels quant à la capacité de la Conférence de continuer à s'acquitter de ses fonctions en tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, au regard de l'impasse dans laquelle elle se trouve et dont elle n'arrive pas à sortir en raison de différences chroniques quant aux priorités de chacun et quant au champ d'application de la règle du consensus. Au fil des ans, cette impasse a amené certains à proposer la mise en place d'instances alternatives de négociations, a fait observer la Haut-Représentante, soulignant que plus l'impasse durera, plus grande sera la tentation de suivre ces options alternatives. «Personnellement, je ne me réjouirais pas d'une telle évolution», a indiqué Mme Kane, insistant sur l'importance qu'elle accorde à la dimension multilatérale des normes de désarmement et à l'objectif visant à assurer que ces normes soient de portée réellement universelle. Lorsque l'on parle de l'élimination de certains types d'armes, on parle bien de les éliminer partout et non pas seulement quelque part, a-t-elle rappelé. Il en découle que le consentement et le consensus ne sont pas juste des inconvénients mais bien des éléments essentiels pour forger une norme de désarmement dont la portée soit véritablement universelle, a-t-elle expliqué.

Pour autant, a poursuivi la Haut-Représentante, ce à quoi nous assistons aujourd'hui va bien au-delà de la question de parvenir au consensus sur une norme universelle; ce à quoi nous assistons, c'est à une institution qui est paralysée par une approche de la diplomatie que l'on pourrait qualifier de «mes priorités en premier» et qui, si elle n'est pas modifiée, risque de porter atteinte à l'existence même de cette instance en tant que composante essentielle du mécanisme de désarmement des Nations Unies. Au lieu de la souplesse et du compromis qui seraient nécessaires, nous sommes confrontés à l'intransigeance et à la transformation de positions nationales de négociation en objets immuables, a insisté Mme Kane, précisant ne pas viser ici un Etat particulier puisque «le différend quant aux priorités est désormais devenu quasiment endémique au sein de la Conférence». Le résultat de l'impasse actuelle est la ratification du statu quo que la plus grande partie du monde considère comme simplement inacceptable, a-t-elle fait observer. Le désarmement est une politique de sécurité, a souligné Mme Kane, rappelant que la véritable insécurité découle du manque de désarmement. Aussi, a-t-elle imploré tous les membres de la Conférence à reprendre le travail productif de cette honorable instance. L'histoire doit se faire par des actes et le moment est venu d'agir, a conclu la Haut-Représentante.

MME ANITA FRIEDT, Vice-Secrétaire d'Etat adjointe principale des États-Unis, a assuré que les États-Unis sont du côté de ceux qui recherchent des progrès réels et rapides en matière de contrôle des armements et de désarmement. Elle a rappelé que devant la porte de Brandebourg, le 19 juin dernier, le Président Obama avait annoncé de nouvelles mesures visant à aligner la politique nucléaire des États-Unis sur l'environnement sécuritaire du XXIème siècle. La nouvelle orientation que le Président Obama a donnée au Département de la Défense se traduira par une nouvelle réduction du rôle des armes nucléaires dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis, a souligné Mme Friedt. Après examen complet des forces nucléaires du pays, a rappelé Mme Friedt, le Président Obama est parvenu à la conclusion qu'il est possible d'assurer la sécurité des États-Unis et de leurs alliés et partenaires et de maintenir une dissuasion stratégique forte et crédible tout en recherchant une réduction, pouvant aller jusqu'à un tiers, des armes nucléaires stratégiques déployées par les États-Unis, par rapport au niveau établi par le nouveau Traité START. L'intention des États-Unis est de chercher à négocier des réductions avec la Fédération de Russie, afin de pouvoir continuer à se départir des postures de l'époque de la guerre froide. Pour davantage de précisions quant à la nouvelle orientation du Président Obama relativement aux armes nucléaires, Mme Friedt a renvoyé à la brochure publiée le 19 juin par la Maison Blanche sous le titre "Nuclear Weapons Employment Strategy of the United States" (Stratégie d'emploi des armes nucléaires des États-Unis) et a demandé que ce document soit distribué en tant que document officiel de la Conférence.

À Berlin, a par ailleurs rappelé Mme Friedt, le Président Obama s'est engagé à œuvrer avec ses partenaires de l'OTAN à rechercher des réductions substantielles des armes nucléaires tactiques des États-Unis et de la Fédération de Russie en Europe. Il a en outre annoncé que les États-Unis accueilleront en 2016 un sommet visant à poursuivre les efforts destinés à sécuriser les matériels nucléaires à travers le monde. Le Président Obama a par ailleurs réaffirmé l'engagement de son Administration à œuvrer à l'obtention d'un soutien, aux États-Unis, en faveur de la ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires; il a aussi appelé toutes les nations à engager des négociations sur un traité cut-off sur les matières fissiles.

Rappelant que la Conférence avait été créée pour être un organe de négociation, Mme Friedt a déploré que, pour quasiment toute une génération, cette instance ne soit pas parvenue à produire le moindre accord concret en matière de contrôle multilatéral des armements; en particulier, la Conférence continue de ne pas s'acquitter de son mandat clair visant à engager des négociations immédiates sur un traité cut-off concernant les matières fissiles, a-t-elle insisté, affirmant que ce traité est attendu depuis longtemps et nécessaire pour jeter les bases de nouvelles actions sur le long chemin du désarmement.

Le Président de la Conférence, M. MOHAMMAD SABIR ISMAIL, a souligné combien il est regrettable que la Conférence ne soit pas parvenue à adopter un programme de travail, ce qui lui aurait permis de s'acquitter de son rôle et de s'atteler à son travail de fond, conformément à son mandat. Le fait que la Conférence ne progresse plus depuis des années transmet un message négatif lorsqu'il s'agit d'évaluer cette instance et son travail, alors que la communauté internationale attend des résultats tangibles, notamment l'adoption d'un programme de travail, susceptibles de contribuer à la paix et à la sécurité internationales. Toutes les parties concernées cherchent et souhaitent un programme de travail complet et équilibré, a fait observer le Président de la Conférence ; d'un autre côté, chaque partie à sa propre interprétation de la manière de parvenir à un tel programme, a-t-il ajouté. Il convient donc de faire preuve de créativité, a-t-il souligné, avant de lancer un appel à tous les États membres afin qu'ils fassent preuve de souplesse pour sortir la Conférence de l'impasse.

Le Président de la Conférence a en outre indiqué avoir l'intention de discuter, lors des consultations qu'il mènera avec les délégations, des propositions qu'a faites le Secrétaire général de la Conférence, M. Kassym-Jomart Tokayev, le 18 juin dernier. En fonction des résultats de ces consultations, il pourrait être envisagé de consacrer une séance plénière à la discussion de ces propositions, a-t-il indiqué.

L'Ambassadeur HELLMUT HOFFMANN de l'Allemagne a souligné que si l'on veut réussir en matière de désarmement, il convient d'avoir à l'esprit que la non-prolifération effective constitue l'autre face de la pièce ; en effet, toute disposition à ne serait-ce qu'envisager l'option zéro serait instantanément réduite à néant si un seul cas de prolifération nucléaire venait à pointer à l'horizon, a-t-il expliqué. Il a rappelé que selon les données de 2012 de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), neuf États possèdent un total de 19 000 armes nucléaires – dont 18 000 sont détenues par deux pays : la Fédération de Russie et les États-Unis. Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de l'annonce récente du Président Obama de réduire d'un tiers les armes nucléaires stratégiques déployées par son pays et de chercher à négocier avec la Fédération de Russie des réductions d'armes nucléaires. La Conférence court le risque de perdre de vue la toile de fond devant laquelle elle travaille si elle fait une fixation sur le programme de travail, sur les quatre questions essentielles et sur le règlement intérieur, a souligné l'Ambassadeur Hoffmann. Il a ensuite fait valoir qu'un traité interdisant la production de matières fissiles aurait deux avantages déterminants : il enverrait un signal clair quant à la détermination de la communauté internationale de mettre un terme à la course quantitative aux armements nucléaires ; et il établirait un système international de vérification qui ferait office de test pour un futur système de vérification accompagnant un monde exempt d'armes nucléaires. M. Hoffmann a rappelé que le Secrétaire général de la Conférence, M. Tokayev, avait fait des propositions pratiques, dont celle visant à créer un groupe de travail chargé de produire un programme de travail pour la Conférence. Il est effectivement grand temps que les États membres commencent à négocier le programme de travail directement entre eux, a souligné l'Ambassadeur de l'Allemagne.

L'Ambassadeur PEDRO OYARCE du Chili a indiqué ne pas penser que l'on puisse parler d'une « élite » du désarmement, mais n'en a pas moins soutenu l'idée que les États doivent cultiver une expertise en matière de désarmement, non seulement pour pouvoir défendre leurs propres intérêts, mais aussi pour être en mesure de contribuer à la cause générale de la paix et de la sécurité internationales. La Conférence n'est malheureusement pas parvenue à la souplesse nécessaire pour pouvoir approuver un programme de travail qui lui permette d'engager l'action collective que l'on attend d'une instance multilatérale qui fonctionne, a-t-il rappelé. Actuellement, a poursuivi M. Oyarce, la Conférence n'est pas suffisamment inclusive, ni assez productive, et cela a un impact sur sa légitimité et sur sa crédibilité. Après avoir rappelé que le Chili est favorable à des mesures pratiques visant à réduire l'état d'alerte opérationnelle des armes nucléaires et à accroître la transparence s'agissant de l'existence de ces armes, l'Ambassadeur a insisté sur la nécessité de réfléchir aux concepts de négociation et de consensus. La négociation est une obligation qui incombe à chacun des membres de la Conférence, a-t-il souligné ; en revanche, c'est une prérogative de chaque Etat souverain que de décider, conformément à ses intérêts nationaux légitimes, s'il adhère ou non à un accord résultant de quelque négociation que ce soit, a-t-il ajouté. M. Oyarce a ensuite jugé nécessaire de rechercher un moyen approprié permettant d'analyser les contributions de la société civile à la Conférence.

L'Ambassadrice SUJATA MEHTA de l'Inde a rappelé qu'elle avait eu la chance d'assumer la présidence de la Conférence cette année. Elle a ensuite estimé que les compétences diplomatiques et l'expérience qui sont rassemblées et disponibles dans cette Salle du Conseil fourniront certainement les bases de futurs progrès pour la Conférence.

L'Ambassadeur PAUL VAN DEN IJSSEL des Pays-Bas a rappelé toute la frustration qu'inspire à son pays la stagnation des travaux de la Conférence. S'agissant de la question de savoir si cette situation est due à la manière dont elle travaille ou au manque de volonté politique, il a souligné que le dernier résultat dont peut se targuer la Conférence remonte à il y a 17 ans et qu'il est difficile d'imaginer une organisation – et a fortiori une entreprise – qui se trouverait dans une telle situation et pour laquelle on ne s'interrogerait pas de manière extrêmement critique sur la manière dont elle est organisée. Il n'en demeure pas moins vrai qu'il existe un manque de volonté politique et de courage pour faire le pas nécessaire – un pas souvent douloureux – afin de progresser réellement, a-t-il ajouté. Le succès rapide n'est pas la principale caractéristique du travail multilatéral, a-t-il fait observer, avant d'exhorter chacun à continuer néanmoins d'essayer d'y parvenir.

La Fédération de Russie a remercié le Ministre iraquien des affaires étrangères ainsi que Mme Kane pour leurs interventions ce matin devant la Conférence. Il a ensuite souhaité ses meilleurs vœux de succès aux quatre Ambassadeurs qui quittent aujourd'hui la Conférence. Le discours récemment prononcé par le Président Obama à Berlin mérite bien entendu un examen attentif, a poursuivi la Fédération de Russie, indiquant qu'elle fournirait le moment venu des réponses à ses collègues américains. Faisant observer que le processus de désarmement nucléaire devra passer du dialogue bilatéral américano-russe au format multilatéral, la Fédération de Russie a souligné que d'autres États sont donc appelés à jouer un rôle. Le processus de désarmement ne peut avancer que si on ne crée pas des potentiels compensatoires avec des armements de très grande précision ou des déséquilibres en matière d'armes classiques, a par ailleurs souligné la Fédération de Russie.

Commentant la section consacrée au désarmement du projet de budget-programme pour l'exercice biennal 2014-2015, qui sera étudié par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires des Nations Unies, la Fédération de Russie a déclaré que certaines propositions contenues dans ce projet ont un caractère non pas administratif mais politique. Elle a notamment souhaité savoir par quoi était motivée la proposition visant à modifier le nom de l'actuel Service du secrétariat de la Conférence du désarmement et de l'appui à la Conférence pour en faire un «Service de Genève du Bureau des affaires de désarmement». Par ailleurs, est envisagée la création d'un groupe de planification stratégique; or, si un tel groupe peut s'avérer utile, il convient de rappeler que la tâche de planification stratégique incombe en premier lieu aux États Membres, a souligné la Fédération de Russie.

L'Inde a elle aussi commenté la section du projet de budget-programme concernant le désarmement en faisant part de ses préoccupations concernant certaines propositions qui y figurent. Il faut espérer que les préoccupations des États membres seront prises en considération lors de l'examen ultérieur de ces propositions, a indiqué l'Inde, rappelant que dans certains domaines, la prérogative revient aux États membres.

La Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, MME ANGELA KANE a notamment indiqué qu'elle préconisait certains changements parce qu'elle s'est rendue compte que l'on pourrait fort bien procéder à un rééquilibrage, en premier lieu en modifiant le nom de l'actuel Service du secrétariat de la Conférence du désarmement et de l'appui à la Conférence, qui ne renvoie qu'à des fonctions de la Conférence alors que cette branche s'occupe aussi de fonctions autres que celles concernant uniquement la Conférence.

Le Bélarus a repris à son compte les préoccupations exprimées par la Fédération de Russie et l'Inde au sujet du document A/68/6 (Sect.4), contenant la section consacrée au désarmement du projet de budget-programme pour l'exercice biennal 2014-2015. Toute répartition nouvelle des tâches entre les unités ou branches de Genève et de New York entraînera la nécessité d'accroître ou de modifier les fonctions des missions diplomatiques des États membres dans ces deux villes, a fait observer le Bélarus.

La République islamique d'Iran s'est dite honorée de voir l'Iraq – un pays frère – accéder à la présidence de la Conférence et l'a assuré de tout son soutien. L'Iran reprend à son compte les sentiments exprimés ci-dessus par ses collègues de la Fédération de Russie, de l'Inde et du Bélarus. Il faut espérer que sera prise une décision qui soit de nature à réduire pour la Conférence les incidences des propositions contenues dans le document visé, a souligné l'Iran.


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DC13/026F