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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME OUVRE SA SESSION PRINCIPALE DE 2010 ET ENTAME SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a ouvert ce matin sa principale session annuelle, qui se tient au Palais des Nations à Genève jusqu'au 26 mars. Le Conseil a entendu les déclarations d'ouverture de son Président et de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme avant de commencer son débat de haut niveau. Plusieurs dignitaires qui se sont exprimés ce matin ont présenté les mesures prises par leurs pays en faveur des droits de l'homme et souligné l'importance de l'évaluation à laquelle procédera l'an prochain le Conseil, cinq ans après sa création.

M. Alex van Meeuwen, Président du Conseil des droits de l'homme, a rappelé qu'en six ans, le Conseil avait parcouru beaucoup de chemin et a estimé qu'il jouissait aujourd'hui d'une assise institutionnelle solide et reconnue. Insistant sur la responsabilité du Conseil, il a rappelé que la défense et la promotion des droits de l'homme «par tous, partout dans le monde, sans aucune forme de distinction et de façon juste et équitable» est l'essence même du mandat du Conseil. Les débats n'empêchent pas de passer à l'action, a ajouté M. Van der Meeuwen, qui a estimé que cette session donne au Conseil l'occasion de réaliser cet objectif.

La Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a pour sa part déclaré que ces derniers mois, l'aggravation de la crise économique et financière avait exacerbé les violations des droits de l'homme et augmenté le nombre des personnes victimes d'abus, tandis que le tremblement de terre qui a frappé Haïti, et ses conséquences, illustrent de manière tragique les vulnérabilités qui laissent tant de personnes démunies. La Haut-Commissaire a rappelé que le Conseil est doté d'un mandat fort l'autorisant en particulier à examiner périodiquement le bilan des États membres en matière de droits de l'homme. Cela étant, le Conseil pourrait améliorer son fonctionnement. Il devrait notamment prendre en compte non seulement des situations urgentes, comme il le fait déjà, mais aussi des situations moins médiatisées de violations chroniques des droits de l'homme.

Parmi les hauts dignitaires qui ont ouvert le débat de haut niveau, le Conseil a entendu M. Francisco Santos Calderón, Vice-Président de la Colombie, qui a notamment déclaré que si des problèmes graves subsistent dans son pays, des résultats sans précédent ont été obtenus en matière de protection des syndicalistes, de diminution du nombre de crimes par des membres de la fonction publique et de démobilisation de forces armées. Il a aussi attiré l'attention sur le taux d'élucidation des cas de meurtres, de massacres, de recrutement de mineurs de disparitions forcées, de déplacements forcés, de torture, de violences sexuelles et d'enlèvements commis par les groupes paramilitaires, et sur les mesures de réparation des familles de victimes. Le Gouvernement a établi une relation constructive avec la société civile, dont certains membres continuent cependant à ressasser le passé, a déploré le Vice-président.

Mme Teresa Fernández de la Vega, Première Vice-Présidente et Ministre de la présidence de l'Espagne, est intervenue au nom de l'Union européenne pour souligner que le monde avait rapidement évolué pendant les quatre premières années du Conseil des droits de l'homme, qui devra absolument s'adapter à cette nouvelle réalité. C'est dire l'importance de la procédure de révision de ses activités qui va s'engager à l'occasion de sa cinquième année d'activité, en 2011. L'indépendance des procédures spéciales et du Haut Commissariat aux droits de l'homme, la capacité de réagir aux violations graves des droits de l'homme, ou encore la participation des organisations non gouvernementales sont autant d'aspects qui devront être maintenus à tout prix dans ce contexte, a dit la Vice-Présidente espagnole.

Le Conseil a également entendu les Ministres des affaires étrangères de la Belgique, des Maldives, du Bangladesh, de la Thaïlande, de l'Algérie, de l'Iran et du Sénégal, ainsi que le Ministre de la justice de la Croatie, le Vice-Premier Ministre aux affaires sociales et des droits de l'homme de la Guinée équatoriale, le Président de la Commission nationale des droits de l'homme de l'Arabie saoudite, la Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine et la Sous-Secrétaire d'État pour la démocratie et les questions internationales des États-Unis. La Commissaire aux affaires politiques de l'Union africaine a également pris la parole.

Le Conseil poursuit cet après-midi son débat de haut niveau avec les déclarations de hauts dignitaires du Népal, de l'Afrique du Sud, de la Palestine, du Portugal, du Secrétariat du Commonwealth et de l'Organisation de la Conférence islamique. Dès 16 heures, le Conseil tiendra une réunion-débat pour examiner et évaluer les répercussions des crises financière et économique sur la réalisation de tous les droits de l'homme dans le monde entier, ainsi qu'il s'y était engagé par une résolution adoptée lors de sa douzième session.


Séance d'ouverture

M. ALEX VAN MEEUWEN, Président du Conseil des droits de l'homme, a invité le Conseil à observer une minute de silence en signe de solidarité avec les pays affectés récemment par diverses catastrophes.

Le Président a rappelé qu'en six ans, le Conseil avait parcouru beaucoup de chemin et a estimé qu'il jouissait aujourd'hui d'une assise institutionnelle solide et reconnue. Il a souhaité que la treizième session du Conseil soit placée sous le triple signe de l'action, de la responsabilité et du dialogue, afin que le Conseil se montre à la hauteur des attentes que sa création a suscitées, notamment celles des victimes des atteintes aux droits de l'homme. Il faut mettre à profit les mécanismes élaborés collégialement afin de répondre aux attentes que la création du Conseil des droits de l'homme a suscitées, notamment celles des victimes des atteintes aux droits de l'homme, a déclaré M. Van der Meeuwen. Insistant sur la responsabilité du Conseil, il a rappelé que la défense et la promotion des droits de l'homme «par tous, partout dans le monde, sans aucune forme de distinction et de façon juste et équitable» étaient l'essence même du mandat du Conseil. Il a ensuite plaidé en faveur du dialogue, estimant qu'il fallait débattre de tous les sujets de manière constructive et sans tabou. Il ne faut pas avoir peur de discuter de sujets sur les lesquels il y a des divergences, a-t-il affirmé, estimant qu'il faudrait au contraire «s'inquiéter dès lors que nous tenterions d'éviter les sujets qui fâchent».

Les discussions n'empêchent pas de passer à l'action, a ajouté M. Van der Meeuwen, qui a estimé que cette treizième session fournissait au Conseil l'occasion de réaliser cet objectif. Il a rappelé que le Conseil se saisira notamment de rapports préparés par le Secrétaire général des Nations Unies, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme mais aussi ses propres organes subsidiaires, qu'il tiendra des dialogue interactifs avec une vingtaine de titulaires de mandats de ses procédures spéciales, accueillera des délégations nationales du monde entier lors de l'examen de 16 rapports au titre de l'examen universel et assurera le suivi de ses sessions extraordinaires. Le Conseil doit se saisir de l'occasion de cette session pour renforcer les droits de l'homme en tant que l'un des trois principaux piliers des Nations Unies, a conclu le Président du Conseil des droits de l'homme, en adressant aux délégations ses vœux de succès.

MME NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que l'aggravation de la crise économique et financière avait exacerbé les violations des droits de l'homme et augmenté le nombre des personnes victimes d'abus. Certains pays ont dépassé le stade le plus grave de la crise, mais en Afrique, la crise aurait entraîné de 7 à 10 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et l'on craint qu'elle n'ait entraîné le décès de cinquante mille enfants. La crise financière et économique, associée aux pénuries alimentaires, aux catastrophes climatiques et à la violence – a entièrement remis en cause l'idée d'une prospérité de mieux en mieux partagée, d'une amélioration constante de la sécurité et de l'emploi et de la jouissante par chacun de tous les droits de l'homme, tandis que le tremblement de terre qui a frappé Haïti, et ses conséquences, illustre de manière tragique les vulnérabilités qui laissent tant de personnes démunies.

La Haut-Commissaire a rappelé que la résolution portant création du Conseil des droits de l'homme a doté cet organe d'un mandat fort, l'autorisant en particulier à examiner périodiquement le bilan des États membres en matière de droits de l'homme, grâce à l'Examen périodique universel. La même résolution prévoit une révision générale des activités du Conseil après cinq ans. Cette révision permettra à la communauté internationale d'évaluer la manière dont le Conseil des droits de l'homme aura rempli son mandat. Le processus ne doit pas être inutilement compliqué et il faut remarquer à cet égard que les mécanismes de fonctionnement du Conseil lui permettent à la fois d'agir de manière approfondie et de se doter des moyens méthodologiques de remplir son mandat, a fait valoir la Haut-Commissaire. Cela étant, le Conseil pourrait améliorer son fonctionnement dans quatre domaines. D'abord, il devrait prendre en compte non seulement des situations urgentes, comme il le fait déjà, mais aussi des situations moins médiatisées de violations chroniques des droits de l'homme. Le Conseil devrait en outre améliorer la coordination entre ses différents mécanismes, en s'efforçant d'éliminer la duplication des recommandations aux États, qui risque d'en inciter certains à ne pas les appliquer toutes. En outre, l'autorité du Conseil des droits de l'homme dépend de l'opérationnalisation de ses débats entraînant une amélioration perceptible des droits de l'homme; cependant, le Conseil ne peut changer à lui seul les réalités sur le terrain: l'action des États est en effet décisive à cet égard, en partenariat avec la société civile. Enfin, il est indispensable que l'autorité et la crédibilité du Conseil soient appuyées par des ressources suffisantes: Mme Pillay a engagé la communauté internationale à assurer l'allocation des ressources humaines et matérielles indispensables à l'accomplissement de ses mandats.

Pour sa part, le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme continuera d'apporter son appui au Conseil pour lui permettre de remplir sa mission, a assuré Mme Pillay. Dans ce contexte, le Haut Commissariat a désigné six domaines d'action prioritaires ces deux prochaines années: la lutte contre la discrimination et contre la pauvreté; la protection des droits de l'homme des personnes migrantes; la lutte contre l'impunité et le renforcement des mécanismes judiciaires; la protection des droits de l'homme dans les situations de conflit armé, de violence et d'insécurité; et enfin le renforcement des mécanismes de droits de l'homme et l'extension progressive du droit international humanitaire.


Débat de haut niveau

M. FRANCISCO SANTOS CALDERÓN, Vice-Président de la Colombie, a déclaré que son gouvernement avait fait des droits de l'homme la priorité de son mandat. Le pays est ouvert à la coopération internationale dans le domaine des droits de l'homme. Il a montré que les acquis du Gouvernement étaient nombreux en la matière: il a notamment cité le renforcement de l'État de droit. Des mesures claires ont été mises en œuvre afin de prévenir les violations des droits de l'homme. Les droits de l'homme sont au cœur des institutions qui élaborent des politiques. La Colombie est confrontée depuis longtemps à des violences dues au trafic de drogue, et l'État avait perdu le contrôle d'une grande partie du territoire. Une lutte contre la violence a été mise en place, sur la base des principes d'un État démocratique. Ainsi, les groupes para militaires qui avaient ravagé campagnes et villes ont vu leurs chefs envoyés en prison et des enquêtes ont été lancées de manière systématique. Il a ajouté que la Colombie avait lancé une invitation ouverte à tous les mécanismes du système des droits de l'homme en 2003. La Colombie s'est soumise à l'Examen périodique universel et a assuré le suivi de ses recommandations. M. Santos Calderón a ajouté qu'un groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés a vu le jour.

Des problèmes très graves dans le domaine des droits de l'homme subsistent en Colombie , a reconnu son Vice-Président, mais des résultats sans précédents ont été obtenus sur la protection des syndicalistes, la diminution du nombre de crimes par des agents de l'État et la démobilisation de groupes armés. Plus de 600 millions de dollars ont été consacrés à la protection des populations déplacées. Le pays a connu la réduction la plus importante des violations au cours de l'histoire récente de la Colombie. Mais des défis restent à relever: il faut notamment mettre fin à l'impunité; l'État doit mieux protéger les populations autochtones et rendre les terres prises par la force. La Colombie appuie l'action du Haut Commissariat aux droits de l'homme. La Colombie considère que l'ouverture de l'État à la communauté internationale doit avoir pour pendant une analyse objective et impartiale. Or il y a encore un recours à deux poids, deux mesures, a regretté le Vice-Président, évoquant à cet égard la loi de justice et paix, critiquée dans les rapports comme ne se conformant pas aux normes internationales, n'a pas permis de condamner les auteurs de violations des droits de l'homme, ne reconnaît pas le droit des victimes à la vérité. Pourtant, dans le cadre de cette loi, les cas de meurtres, de massacres, de recrutement de mineurs de disparitions forcées, de déplacements forcés, de torture, de violences sexuelles et d'enlèvements par les groupes paramilitaires sont en cours de vérification. Plus de 17 000 de l'ensemble de ces cas ont été élucidés et les coupables trouvés. La communauté internationale devrait reconnaître l'expérience colombienne comme un exemple à suivre, a estimé le Vice-Président, qui a attiré l'attention sur les charges qui ont été portées contre 90% des commandants paramilitaires accusés de 16 776 crimes. En 2009, 100 millions de dollars de réparations ont été attribués à plus de 10 000 familles de victimes, un chiffre qui sera porté à 150 000 dollars en 2010. Il ne veut pas retomber dans les défauts de sélectivité du passé, a conclu le Vice-Président colombien.

MME TERESA FERNÁNDEZ DE LA VEGA, Première Vice-Présidente, Ministre de la Présidence et porte parole de l'Espagne, au nom de l'Union européenne, a rappelé que le Conseil des droits de l'homme avait été créé pour réaffirmer l'idée que le dialogue et la coopération doivent présider aux efforts de lutte contre la violence, la persécution et la discrimination. Le monde a rapidement évolué pendant les quatre dernières courtes années de la vie du Conseil, a observé Mme Fernández de la Vega, estimant que cet organe devra absolument s'adapter à cette nouvelle réalité. C'est dire l'importance de la procédure de révision de ses activités qui va s'engager à l'occasion de sa cinquième année d'activité, en 2011. L'indépendance des procédures spéciales et du Haut Commissariat aux droits de l'homme, la capacité de réagir aux violations graves des droits de l'homme, ou encore la participation des organisations non gouvernementales sont autant d'aspects qui devront être maintenus à tout prix dans ce contexte. Les États membres doivent en outre veiller à ce que cette procédure n'entraîne de lacune de protection au détriment des populations devant être protégées.

La Vice-Ministre a par ailleurs promu une démarche intégrée, passant notamment par une action dans l'éducation aux droits de l'homme, visant à une meilleure tolérance et une meilleure compréhension. L'Union européenne tient également à dépasser le débat stérile autour de la diffamation de la religion. À cet égard, l'initiative de l'Alliance des civilisations, lancée par les Gouvernements de la Turquie et de l'Espagne, va dans le bon sens et vient en appui à l'action de l'Union européenne. L'Union européenne appuiera par ailleurs l'initiative conjointe du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes autour du thème important des droits de l'enfant, une initiative centrée, cette année, sur la lutte contre la violence sexuelle à l'encontre des mineurs, et qui, il faut l'espérer, se traduira en une résolution. L'Union européenne appuie également les efforts menés dans la lutte contre les violences sexuelles. L'Espagne lancera enfin des négociations autour de l'adoption d'une résolution portant sur l'instauration d'un moratoire sur l'application de la peine de mort, a indiqué Mme Fernández de la Vega.

M. STEVEN VANACKERE, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a déclaré que son pays s'était engagé à soutenir pleinement le Conseil des droits de l'homme, actuellement présidé par le représentant de la Belgique. Soulignant l'universalité des droits de l'homme, il a rappelé que tous les États-membres des Nations Unies se sont engagés à respecter, protéger et promouvoir ces droits. Cet engagement doit aller au-delà des paroles et des engagements solennels, a souligné le ministre, qui a demandé qu'il se traduise en actes. La création du Conseil des droits de l'homme a été en ce sens une étape importante, a-t-il affirmé, ajoutant qu'il fallait faire un examen impartial des institutions existantes et des moyens de les rendre plus efficaces. Saluant le mécanisme d'examen périodique universel, il a jugé important de faire en sorte que les recommandations suivant cet examen soient mieux mises en œuvre et suivies d'effet. Il a en outre estimé que les rapporteurs spéciaux sont «les yeux et les oreilles» du Conseil. Enfin, le succès du Conseil des droits de l'homme dépend de sa capacité à se pencher sur toutes les questions et toutes les situations concernant les droits de l'homme, d'où qu'elles viennent dans le monde, a affirmé M. Vanackere. Nous ne devons pas perdre de vue l'universalité des droits de l'homme, a-t-il ajouté, estimant que tout plaidoyer en faveur de cette universalité perd de sa crédibilité si nous agissons sélectivement. Rappelant en outre que la haut-Commissaire a mis en garde contre le risque d'un recul sur les questions des droits de l'homme au niveau régional, M. Vanackere que la crédibilité du Conseil sera menacée s'il ne parvient pas à traiter de questions thématiques ou qui concernent certains de ses membres.

M. Vanackere a confirmé l'engagement de son pays à lutter contre toutes les formes de discrimination et a dit soutenir pleinement l'action de la Haut-commissaire en ce domaine. Il a prôné la vigilance face à des évolutions dans lesquelles il a vu des reculs, citant la tendance de certains pays à criminaliser l'orientation sexuelle des personnes. Il a en outre souhaité un équilibre qui assure aussi bien le droit à la liberté d'expression que la liberté religieuse. Déclarant que l'une des orientation de la politique étrangère de son pays concerne les questions de genre, le ministre a rappelé que 2010 sera marquée par le dixième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité concernant les femmes et la paix et il a souhaité que les diverses manifestations qui auront lieu à cette occasion se concentrent sur les droits piliers de cette résolution que sont la protection, la promotion et la participation des femmes. Rappelant que 2010 verrait aussi le 30e anniversaire de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, il a souhaité que les États parties lèvent l'ensemble des réserves qu'ils pourraient encore avoir. Enfin, il a dit attendre avec intérêt les résultats des travaux sur un projet de protocole additionnel à la Convention des droits de l'enfant pour lutter contre les nombreuses injustices dont ils restent victimes. Abordant la question de la lutte contre le terrorisme, le ministre a affirmé que liberté et sécurité ne sont pas opposées mais complémentaires. C'est en luttant efficacement contre le terrorisme dans le plein respect des droits de l'homme qu'un État peut renforcer sa sécurité interne et externe, a affirmé M. Vanackere, qui a conclu en saluant l'engagement de la société civile dans le réalisation des objectifs de promotion et de respect des droits de l'homme. Les États doivent les considérer comme des partenaires, a-t-il affirmé, estimant que le Conseil des droits de l'homme ne sera efficace que s'il écoute les ONG et les implique dans ses travaux.

M. SALOMON NGUEMA OWONO, Vice-Premier Ministre aux affaires sociales et des droits de l'homme de la Guinée équatoriale, a affirmé la volonté de son pays de renforcer les droits de l'homme aussi bien en Guinée équatoriale que dans le monde. Il a rappelé la volonté de son gouvernement de collaborer avec le système des droits de l'homme des Nations Unies. Il a rappelé qu'indépendant depuis 1968, ce n'est qu'à partir de 1979 que la Guinée équatoriale a traité les questions des droits de l'homme après 11 ans de régime dictatorial. De nombreux changements ont été introduits depuis lors. Une Commission constituante a été mise en place en 1982 pour élaborer une nouvelle constitution, la loi fondamentale. Cette dernière a été adoptée par référendum: son préambule mentionne la Déclaration universelle des droits de l'homme. La loi fondamentale affirme que le peuple est souverain et elle liste des libertés à valoir devant un tribunal. Le tribunal constitutionnel joue un rôle important, il encadre les actions du Gouvernement et du Parlement. Par la suite, les réformes constitutionnelles de 1991 ont constitué un jalon très important. Le développement législatif de la loi fondamentale a permis de développer les lois et la ratification des instruments internationaux des droits de l'homme a renforcé les droits de l'homme. Le Vice-Premier Ministre équatoguinéen a reconnu qu'il restait beaucoup à faire, mais a mis en valeur une série de lois conformes à un système de protection des citoyens. Parmi elles, figurent la loi relative à la liberté de réunion, la loi sur les partis politiques, la loi sur les associations générales, la loi sur la prévention de la torture, les lois créant la figure du juge de la détention. La responsabilité de l'État est engagée s'il y a un fonctionnement anormal de l'État, notamment dans les cas où les agents de l'État abusent de leur pouvoir. Les recours en matière de droits de l'homme sont divers: Habeas Corpus, option de porter plainte face à une autorité administrative, recours en cassation face aux sentences de la puissance militaire.

Au niveau de la justice sociale, son pays a mis fin au monopole d'État en matière d'éducation et a lancé un programme national en 2003 pour un enseignement de qualité. En outre, la santé est devenue une question prioritaire: diverses initiatives ont été mises en place en matière de diagnostic du VIH/sida notamment. De plus, une couverture de santé est assurée désormais aux personnes souffrant d'un handicap. Concernant le droit au développement: la Guinée équatoriale fera bientôt partie des pays émergents et a adopté des orientations pour réduire la pauvreté. Il s'agit de mettre en place une gouvernance de qualité, de garantir un climat social apaisé, d'évaluer régulièrement le taux de pauvreté. Des programmes sont mis en place pour diversifier les sources de croissance: développer la pêche, mieux exploiter le pétrole, développer le tourisme, renforcer les attitudes et valeurs pour fournir de meilleurs services. M. Nguema Owono a terminé en indiquant que la volonté de son pays à coopérer avec le système des Nations Unies s'illustre par l'élaboration de programmes avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et le Programme des Nations Unies pour le développement, qui vont être mis en place cette année et l'année prochaine.

M. AHMED SHAHEED, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a déclaré que le Conseil des droits de l'homme avait une répercussion sur la vie quotidienne des gens ordinaires aux Maldives. L'examen des activités du Conseil en 2011 sera l'occasion de montrer au grand jour le rôle constructif du Conseil des droits de l'homme aux Maldives. L'année de la naissance du Conseil, le Gouvernement des Maldives prenait, sur les recommandations du Conseil et en coopération avec lui, des mesures concrètes pour remédier à ses difficultés en matière de droits de l'homme. Ainsi, le Président démocratiquement élu en 2008 est-il un ancien prisonnier politique; le système judiciaire a été réformé dans le sens du respect des principes de l'État de droit, tandis que la presse est désormais libre, s'est félicité M. Shaheed. Plusieurs organes indépendants de surveillance des institutions ont été créés, tandis que de nombreuses organisations non gouvernementales exercent désormais une action résolue. Ces modifications n'auraient pas été possibles sans la relation de coopération des Maldives avec le Conseil des droits de l'homme, dont quatre titulaires de mandats ont visité le pays. Les Maldives ont d'autre part su améliorer leurs compétences en matière de présentation de rapports, avec l'aide technique du Haut Commissariat des droits de l'homme, qui a ouvert un bureau national. Du temps et des efforts devront encore être consacrés à l'introduction, dans le droit national, de textes portant sur la lutte contre la drogue ou encore la protection des droits des personnes handicapées. Les Maldives s'apprêtent en outre à lever leurs réserves émises à l'égard de dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, a fait savoir le Ministre.

Compte tenu du changement radical qu'a connu le pays depuis cinq ans en matière de droits de l'homme, les Maldives présenteront leur candidature au Conseil des droits de l'homme en mai prochain à New York. Les Maldives, petit pays insulaire indépendant et entretenant des bonnes relations avec tous les pays, pourront ainsi contribuer à la manière dont le Conseil peut améliorer son fonctionnement, au profit notamment des petits pays, a indiqué enfin le Ministre.

MME DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh a rappelé qu'elle avait représenté son pays en février 2009 lors de son premier examen dans le cadre de l'Examen périodique universel. Cet examen c'est déroulé après les élections dans son pays et elle a souligné à cet égard que l'objectif du manifeste électoral auquel ont souscrit les partis à cette occasion était d'avoir une société dénuée d'exploitation. Selon elle, tous les droits humains sont égaux, indivisibles et se renforcent mutuellement. Il est important que la communauté internationale crée un environnement favorable aux droits sociaux. Elle a affirmé que l'éducation était un droit fondamental. De plus, l'éradication de la pauvreté et l'émancipation des femmes est à même de favoriser la jouissance des droits de l'homme pour tous. L'éradication de la pauvreté figure au sommet des priorités de son pays. L'éradication de la pauvreté signifie l'accès de tous à égalité des chances. Le Bangladesh a mené un examen de la situation de pauvreté dans le pays qui se concentre sur les parties les plus vulnérables de la société, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées. Le Bangladesh est souvent cité pour ses meilleures pratiques en matière de programmes sociaux.

La Ministre des affaires étrangères du Bangladesh a souligné que l'éducation était devenue une priorité notamment pour les filles: l'éducation primaire est gratuite et obligatoire et des bourses pour les filles dans les écoles secondaires rurales sont prévues. Des progrès ont été relevés dans la scolarisation des filles. L'autonomisation des femmes est essentielle, a souligné Mme Moni. Les femmes sont présentes dans tous les segments de la société bengalaise, que ce soit la fonction publique ou le monde des affaires. Des mesures de discrimination positive ont été prises ainsi que des lois pour faire face à la violence contre les femmes. De plus, la prévention du trafic d'enfants est une priorité pour le Gouvernement. La santé est considérée comme un droit fondamental: le Bangladesh connaît des progrès comme des services pré et post-natals et des programme pour créer un centre de santé communautaire. Mme Moni a exprimé le souhait de son gouvernement que les services de santé soient rapprochés de la population. Elle a aussi rappelé l'importance accordée à la sécurité alimentaire. Elle a rappelé que la population de son pays a souffert de la crise alimentaire et des carburants. C'est pourquoi des mesures ont été prises pour diminuer le prix des denrées alimentaires de base en diminuant le coût des entrants agricoles tels que les engrais et les semences et en renforçant la capacité de stockage. Une stratégie alimentaire nationale a été mise en place mais ces efforts ont été sapés par les changements climatiques constants que connaît son pays. En outre, Mme Moni a rappelé le non respect des engagements à respecter les objectifs du Millénaire pour le développement pris par ses partenaires du consensus de Monterrey: «plus d'un milliard de la population souffre de la faim. Il faut remédier à cette honte collective» a-t-elle déclaré.

La Ministre bangladaise a assuré le Conseil que son pays maintiendrait le dialogue avec les mécanismes des droits de l'homme. Le Gouvernement a renforcé la Commission nationale des droits de l'homme conformément aux Principes de Paris. Cela améliorera la gouvernance de l'institution. Mme Moni a ajouté que le Gouvernement actuel était déterminé à mettre terme à impunité au Bangladesh. Il agit avec prudence pour que les procès sur les criminels de guerre de la guerre de libération en 1971 obéissent aux normes en matière de droits de l'homme. Elle a précisé que son pays ne voulait pas seulement la justice des victorieux mais un processus de guérison pour la nation. Le gouvernement actuel dispose de la légitimité nécessaire pour traduire en justice tous ceux qui ont utilisé des méthodes extrajudiciaires. Le Premier ministre a déclaré une tolérance zéro pour de telles pratiques. Le Gouvernement croit en un Bangladesh inclusif; toute violation des accords de paix l'amènera à prendre des mesures pour traduire en justice ceux qui en sont coupables. Mme Moni a par ailleurs exprimé sa préoccupation devant le nombre croissant de stéréotypes dans certaines sociétés. Le Bangladesh continue à croire au droit de tous à pratiquer et propager leur religion où qu'ils vivent. Concernant le Conseil des droits de l'homme à proprement parler, elle a dit que ce dernier pouvait progresser si chacun de ses membres reconnaît les sensibilités des autres. «Nous devon établir un consensus sur nos points communs, nous devons rendre le Conseil plus réactif. Nous devons faire preuve d'une détermination commune» a-t-elle afFirmé.

M. BANDAR BIN MOHAMMED AL-AIBAN, Ministre et Président de la Commission nationale des droits de l'homme de l'Arabie saoudite, a déclaré que l'adoption par le Conseil du rapport de son pays dans le cadre de l'Examen périodique universel était une réalisation à mettre au crédit de son pays en matière de droits de l'homme. Cette adoption encourage le Gouvernement à poursuivre la politique menée jusqu'à ce jour, consistant à jeter les bases d'une nouvelle approche, basée sur le dialogue entre peuples et civilisations, des relations entre droits de l'homme et religion. L'Arabie saoudite a adopté un plan quadriennal de promotion et de diffusion des droits de l'homme, ainsi que de renforcement des capacités institutionnelles publiques et privées. Le pays a également adopté une loi et un comité permanent destinés à prévenir la traite des personnes et à en protéger les victimes. Cette loi s'intègre aux nombreuses initiatives prises pour protéger et réglementer l'exercice des droits de l'homme.

La crise économique mondiale et ses effets néfastes sur le développement et la santé doivent faire l'objet de mesures de redressement, a ajouté le Ministre saoudien, précisant que son pays avait décidé dans ce contexte d'annuler des créances pour un montant de six milliards de dollars, une mesure favorisant plusieurs pays parmi les moins développés; de faire un don de 500 millions de dollars au Programme alimentaire mondial; un autre demi-milliard de dollars sera consacré à un certain nombre de projets éducatifs dans des pays en voie de développement; l'Arabie saoudite a en outre accordé 50 millions de dollars d'aide humanitaire à Haïti et un milliard au Yémen, a annoncé M. bin Mohammed.

Le Ministre saoudien a enfin dénoncé l'annexion des lieux saints par Israël dans la ville d'Hébron, en violation flagrante du droit international. Il a appelé la communauté internationale à faire siennes les conclusions et recommandations du rapport du juge Goldstone, mandaté par le Conseil, pour prévenir la récurrence des violations inhumaines de leurs droits dont sont victimes les Palestiniens et mettre un terme aux injustices, aux souffrances et aux persécutions qui accompagnent l'occupation imposée par Israël. Le Ministre a enfin dénoncé les campagnes par lesquelles certains tentent de diffamer les religions, de même que l'escalade des violences et discriminations à l'encontre des minorités en fonction de leur race et de leur religion.

M. KASIT PIROMYA, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a estimé que le défi commun de la communauté internationale était de faire du Conseil des droits de l'homme un outil efficace. Il s'est dit convaincu que c'est dans les pays eux-mêmes que l'on peut au mieux défendre les droits de l'homme, et que les États ont donc le devoir d'informer leurs peuples sur les droits de l'homme, qui sont des droits inhérents de la personne. Il a rappelé que les droits de l'homme font partie des priorités du programme de son gouvernement. La Thaïlande jouit d'une longue tradition de diversité et de tolérance, a-t-il affirmé, rappelant que son pays avait été l'un des premiers à adhérer à la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il a ensuite présenté le deuxième plan national pour les droits de l'homme de son pays, dont la mise en œuvre se poursuit jusqu'en 2013.

La mondialisation peut peser sur le plein exercice des droits de l'homme, a fait observer M. Piromya, pour qui la communauté internationale dans son ensemble doit donc se préoccuper des droits de l'homme. Il a déclaré que son pays milite depuis plus de 15 ans en faveur de la création d'un organe régional de protection et de promotion des droits de l'homme, et a rappelé que de tels mécanismes ont été créés au sein de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE). Les États membres du Conseil des droits de l'homme ont reconnu qu'il leur fallait coopérer pour éviter de tomber dans les vieux travers de la Commission des droits de l'homme, a souligné M. Piromya. Il a souhaité que les pays dialoguent de manière constructive et, sans accepter les violations des droits de l'homme, que les États ne recourent par à la dénonciation et à l'opprobre. Rappelant que son pays est observateur auprès du Conseil des droits de l'homme depuis quatre ans, le ministre a déclaré que la Thaïlande souhaitait être élue membre du Conseil en 2010, et qu'elle s'engage à œuvrer au sein du Conseil pour une meilleure promotion des droits de l'homme.

M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l'Algérie, a déclaré que depuis sa mise en place en 2006, le Conseil des droits de l'homme a fait des progrès dans l'exercice de son mandat, la dynamique est enclenchée dans la bonne direction. L'Algérie qui a participé activement à l'édification institutionnelle du Conseil en tant que Coordonnatrice du Groupe africain, se sent également interpellée par l'examen auquel le Conseil est convié aujourd'hui par le paragraphe 16 du dispositif de la résolution 60/251 de l'Assemblée générale des Nations Unies. C'est à ce titre que son pays a accueilli à Alger la semaine dernière 103 Chefs de Mission permanentes accrédités auprès des Nations Unies à Genève. Le but était de donner à tous les pays représentés la possibilité de participer au même titre à cette réflexion informelle. Les participants ont nommé «Esprit d'Alger» l'esprit d'inclusion, d'ouverture et de transparence qui s'est manifesté à cette occasion. C'est cet Esprit d'Alger que M. Medelci souhaite apporter comme contribution au succès de l'examen quinquennal du fonctionnement du Conseil qui s'effectuera l'an prochain. Mais «la poursuite de notre réflexion institutionnelle ne doit pas détourner l'attention du Conseil de l'urgence des tâches qui constituent sa raison d'être: la prévention des violations des droits de l'homme sur le terrain et la protection des victimes» a-t-il déclaré. Il a rappelé que le Pacte relatif aux droits civils et politiques, le Pacte relatif aux droits économiques sociaux et culturels ainsi que la Charte de l'ONU réservent la place d'honneur au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. La seule limite à ce droit est celle de la souveraineté reconnue par l'ONU. Toutefois, un sérieux examen de conscience s'impose sur ce que le Conseil a pu faire pour améliorer le sort dramatique des populations victimes de l'occupation étrangère qui sont pourchassées par les forces d'occupation pour avoir simplement revendiqué ce droit à l'autodétermination, a souligné M. Medelci.

Le Ministre algérien des affaires étrangères a rappelé que le bilan du Conseil était consistant quand il s'est agi de riposter aux atteintes aux droits fondamentaux résultants des récentes crises alimentaires et financières mondiales. Il a invité le Conseil à approfondir sa réflexion sur le vécu inhumain engendré par l'insatisfaction des droits économiques, sociaux et culturels et sur l'impact de la problématique des changements climatiques sur la jouissance des droits fondamentaux. Orientant sa déclaration sur son pays, le Ministre a rappelé que l'Algérie avait été l'un des premiers pays soumis à l'Examen périodique universel en avril 2008 et il a trouvé dans les recommandations une source d'inspiration dans la poursuite de son action. Il a été recommandé à l'Algérie de promouvoir les droits des femmes et des dispositions nationales ont été prises sur ce thème. Cela a également été le cas au sujet du moratoire sur la peine de mort, la pénalisation de la traite des personnes et la protection accrue des enfants. En outre, M. Medelci a souligné que la crise financière mondiale avait affecté l'indice de développement humain de son pays. Cependant, il a noté des évolutions prometteuses qui sont appelées à s'améliorer dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement 2010-2014 élaboré conformément aux engagements pris en avril 2009 par Abdelaziz Bouteflika. Il a dit que son pays avait repris le dialogue avec le Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires avec la ferme volonté de rechercher, de trouver et de communiquer des réponses s'agissant des cas demeurés en suspens suite à la vague de terrorisme qu'a vécu l'Algérie dans les années 90. Il a terminé son intervention en invitant sept rapporteurs spéciaux à effectuer une visite dans son pays.

M. MANOUCHEHR MOTTAKI, Ministre des affaires étrangères de l'Iran, a rappelé qu'il y a deux semaines, son propre pays se soumettait à l'Examen périodique universel, au cours duquel de nombreuses délégations ont participé à un échange constructif et interactif autour de la manière dont l'Iran s'engage en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme. Le Ministre a indiqué qu'à cette occasion les approches novatrices de l'Iran pour améliorer la situation dans le pays et répondre aux aspirations du peuple dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel ont été saluées. C'est dans cet esprit que mérite d'être mené l'Examen périodique universel, a estimé le Ministre, relevant que la majorité des membres du groupe de travail et des observateurs ont soutenu les principes d'un engagement constructif et positif. La République islamique d'Iran est un pays démocratique ayant organisé trente-deux scrutins, la dernière fois en juin 2009, moment où 40 millions d'électeurs ont choisi leur nouveau président parmi quatre candidats, a ajouté M. Mottaki. Cette élection est une manifestation exemplaire de démocratie et de liberté, de même qu'un témoignage de la volonté du peuple de s'opposer aux interventions étrangères subversives, a assuré le Ministre.

Le Ministre a encore fait valoir que, dans le contexte de la révision prochaine de ses activités, le Conseil devra tenir compte d'un certain nombre de facteurs. D'abord, il faut déplorer que la discrimination basée sur la religion et l'origine ethnique se soit poursuivie ces dernières années. Les musulmans et certaines minorités ethniques sont victimes d'agressions, de discrimination dans l'emploi et le logement, et parfois interdits de pratiquer leur religion et d'en respecter les codes vestimentaires. Par ailleurs, la manipulation et les abus des mécanismes des Nations Unies sont devenus quasiment des traditions, à tel point que la crédibilité et l'efficacité de ces mécanismes et désormais remise en cause. Il faut en outre déplorer la partialité de plus en plus marquée des pays occidentaux en ce qui concerne la liberté d'expression et d'opinion. Les musulmans en général, ceux vivant dans les pays occidentaux en particulier, ne sont pas seulement victimes de campagnes de propagande massives, mais bien de discrimination sociale et de violence ouverte – tout cela au prétexte de la liberté d'expression. Enfin, les droits de l'homme sont régulièrement bafoués dans certains pays occidentaux, où les peuples autochtones, les migrants et les réfugiés, notamment, sont particulièrement désavantagés en matière d'emploi et de santé.

Enfin, la communauté internationale est toujours témoin des violations incessantes des droits de l'homme et des normes du droit international humanitaire au détriment du peuple palestinien, du fait de l'occupation de la Palestine par Israël, a déploré le Ministre. L'Iran condamne fermement tous les crimes commis contre le peuple palestinien innocent, tout en regrettant la détérioration de la situation dans les territoires occupés et l'impunité d'Israël pour ses violations massives des droits de l'homme, malgré les résolutions et décisions adoptées par le Conseil à ce sujet. Un attentat a été commis à Dubaï dont il convient maintenant de déterminer les responsabilités, a poursuivi M. Mottaki. Comment les pays occidentaux dont des passeports ont été utilisés réagiront-ils ? Dans le monde actuel, la terreur est considérée comme une mesure de protection des droits de l'homme, violer les droits de l'homme revenant à lutter contre le terrorisme en Afghanistan ou en Iraq, où sont commis des crimes contre des civils. Si aucune décision n'est prise, il sera trop tard pour éviter l'affaiblissement du système onusien dans le monde par des initiatives unilatérales d'États violant systématiquement les droits de l'homme, a enfin mis en garde le Ministre iranien.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ, Ministre de la justice de Croatie, a estime que la Haut-Commissaire aux droits de l'homme constituait à elle seule un «quatrième pilier» des Nations Unies en raison de son action. Il a apporté le soutien de son pays au mécanisme d'examen périodique universel et estimé que les recommandations qui en résultent devraient être faites dans le respect d'une vision à long terme. Quinze ans après la fin du conflit dans son pays, plusieurs cas de personnes disparues n'étaient pas encore réglés, a rappelé le Ministre, qui a précisé que la Croatie avait été l'un des premiers pays à ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Faisant référence à la crise mondiale, il a insisté sur la protection des droits de l'homme des plus vulnérables. Rappelant que 2010 verra le dixième anniversaire de l'adoption du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés et du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant, concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, il a constaté que partout dans le monde des enfants demeuraient privés de liberté. L'année 2010 verra aussi le dixième anniversaire de l'adoption de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, a ajouté M. Šimonoviæ, qui a estimé qu'il restait beaucoup à faire pour que les droits des femmes soient pleinement réalisés.

Rappelant que la Croatie se trouvait dans les dernières étapes de l'adhésion à l'Union européenne, le Ministre s'est associé au discours prononcé par la représentante de l'Espagne au nom de l'Union européenne. Il a plaidée en faveur de la protection des minorités nationales et a rappelé que la Croatie avait ratifié l'ensemble des instruments pertinents, y compris les conventions européennes. Il a expliqué que la loi antidiscrimination croate entrée en vigueur l'an dernier renforçait considérablement la lutte contre la discrimination. Il y a toujours eu des problèmes des droits de l'homme et il y en aura sans doute toujours, a estimé en conclusion M. Šimonoviæ, qui a ajouté que la responsabilité du Conseil des droits de l'homme était de contrecarrer ces violations.

M. MADICKÉ NIANG, Ministre des affaires étrangères du Sénégal, a déclaré que son pays était préoccupé par les humiliations et autres atteintes que les migrants subissent au quotidien dans le monde. Il a lancé un appel en faveur d'une bonne préparation du dixième anniversaire de la Convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille et, surtout, en faveur d'une ratification universelle de cet instrument. Il a rappelé que son pays avait reçu, durant la seule année 2009, les visites successives des Rapporteurs spéciaux sur les migrants et sur la vente d'enfants ainsi que celle du Groupe de travail sur la détention arbitraire, confirmant ainsi son engagement à soutenir le travail du Conseil et de ses mécanismes, y compris l'Examen périodique universel. Il a aussi rappelé l'acceptation de son pays d'accueillir un Bureau régional des droits de l'homme pour l'Afrique de l'Ouest à Dakar en décembre 2007.

Abordant la question du mécanisme d'examen périodique universel, le Ministre sénégalais a souligné la nécessité de maintenir sa crédibilité car celle-ci est étroitement liée à l'efficacité du Conseil. Si la prochaine évaluation du fonctionnement de cette institution et de ses activités est bien préparée et menée de façon inclusive, elle pourrait susciter une plus forte mobilisation en faveur du renforcement de sa noble mission. M. Niang a aussi déclaré que l'efficacité du Conseil sera mesurée en fonction du degré d'application des résolutions adoptées en son sein. «Ces dernières doivent produire un effet positif sur la situation des victimes de l'inobservation des Droits de l'homme» a-t-il dit. Rappelant l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il a souligné que cet article gardait toute sa pertinence dans le cadre de la promotion de la tolérance et du dialogue interculturel, au lendemain de la Conférence d'examen de Durban tenue à Genève en avril 2009. Il a rappelé que le constat était unanime, lors de cette Conférence, autour de l'idée que des efforts devaient être encore faits pour permettre de mieux luter contre les pratiques discriminantes et l'exclusion qu'elles entraînent. «Il s'agit d'un défi qui interpelle tous les pays et le Sénégal nourrit l'espoir que le Conseil des droits de l'homme saura se montrer plus actif dans ce domaine. Des perspectives heureuses sont ouvertes, à cet égard, par le projet d'élaboration d'une Déclaration des Nations Unies pour l'éducation et la formation aux droits de l'homme, a-t-il affirmé. Il a dit que l'aboutissement de cette initiative devrait contribuer à la promotion d'une culture des droits de l'homme dans les différentes sociétés dans la mesure où l'amélioration de la situation des droits de l'homme dépend, en partie, de l'aptitude des personnes titulaires de ces droits à les comprendre, à les revendiquer et à les défendre. Par ailleurs, l'appropriation des instruments relatifs aux droits de l'homme par les populations facilite la mise en œuvre des obligations souscrites par les États.

MME ANA TRIŠIĆ BABIĆ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a déclaré que son pays était fortement attaché au Conseil des droits de l'homme et à son travail, ayant pour sa part déployé de nombreux instruments propices au respect des droits de l'homme et à l'éradication de la discrimination sur son territoire. La Bosnie-Herzégovine travaille par ailleurs à l'harmonisation de son droit interne avec le droit international, notamment dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels et de la protection des personnes handicapées. Elle collabore avec des organes des droits de l'homme des Nations Unies, soumettant ses rapports aux organes conventionnels et envoyant des invitations ouvertes aux procédures spéciales du Conseil. Mme Trišiæ-Babiæ a rappelé l'importance de l'Examen périodique universel, dont l'efficacité demande des États qu'ils consentent d'importants efforts. La Bosnie-Herzégovine ne s'est pas dérobée à cet exercice, qui aura pour effet d'améliorer les droits de toutes les catégories de la population, estime-t-elle.

Au chapitre de la protection, a poursuivi la Vice-Ministre bosniaque, une stratégie complète de protection des enfants a été définie et devrait être entérinée par le Parlement sous peu. Par ailleurs, une stratégie d'amélioration de la situation des femmes est mise sur pied par une équipe interministérielle. La Bosnie-Herzégovine vise en outre l'adoption d'une stratégie de protection sociale de la population rom, notamment au niveau de l'intégration scolaire. De grands progrès ont été réalisés en matière de ratification des instruments internationaux des droits de l'homme, a ajouté la Vice-Ministre, indiquant que les lacunes constatées font l'objet de mesures correctives.

MME MARÍA OTERO, Sous-Secrétaire d'État pour la démocratie et les questions internationales des États-Unis, a rappelé que trois principes guident la participation de son pays au Conseil des droits de l'homme. Le premier est celui d'un engagement de principe. Cela signifie que les États-Unis soutiennent ce qui va bien au Conseil et souhaitent travailler de manière constructive, en transcendant les clivages géographiques traditionnels, sur les questions sur lesquelles ils estiment qu'un changement fondamental est nécessaire. Le deuxième est celui de l'engagement en faveur du respect du droit international des droits de l'homme et les États-Unis, qui feront l'objet en octobre l'objet d'un apport au titre de l'Examen périodique universel, se sont engagés dans un vaste processus national de consultation en vue de la rédaction de leur rapport. Enfin, les États-Unis se veulent respectueux de la vérité et n'hésiteront pas à contester les résolutions et autres actes du Conseil des droits de l'homme dont ils estiment qu'ils sapent l'efficacité du Conseil et de son mandat. Les États-Unis sont ainsi préoccupés par les efforts de certains États membres du Conseil pour affaiblir voire éliminer les mandats spécifiques par pays. Concernant l'évaluation des cinq premières années du Conseil des droits de l'homme, Mme Otero a estimé que le Conseil devait d'abord collecter des informations, ce qui suppose des rapporteurs indépendants, dotés de ressources appropriées et bénéficiant de l'appui des États-Membres. Il doit ensuite évaluer correctement les informations collectées, ce qui signifie que les membres du Conseil ne doivent pas politiser les débats ni minimiser les problèmes de droits de l'homme. Enfin, le Conseil doit ensuite agir et doit alors se montrer souple et créatif dans son action, pour être efficace.

Parmi les défis aux droits de l'homme auxquels le Conseil des droits de l'homme est confronté figure l'intolérance religieuse, a déclaré Mme Otero, qui s'est dite sérieusement préoccupée par le recours à un langage qui renforce les stéréotypes négatifs fondés sur la religion. En même temps, a-t-elle ajouté, les États-Unis ne soutiennent pas le concept de diffamation religieuse tel que proposé au Conseil, pas plus que les appels à la criminalisation et à l'interdiction des propos injurieux pour des traditions religieuses. En revanche, les États-Unis soutiennent les efforts destinés à lutter concrètement contre la discrimination, l'intolérance et les actes haineux. Mme Otero a par ailleurs déclaré que les États-Unis sont préoccupés de l'attention accordée par le Conseil des droits de l'homme à Israël. Réitérant les réserves de son pays sur le rapport Goldstone, elle a rappelé que le gouvernement israélien avait engagé des enquêtes sur les allégations de violations des droits de l'homme lors de l'opération israélienne dans la bande de Gaza en décembre 2008 - janvier 2009, tout comme, récemment l'Autorité palestinienne. Elle a défendu une approche de complémentarité, estimant que la meilleure manière de traiter de cette question était de laisser aux deux parties le soin de mener leurs propres enquêtes et de définir les meilleurs moyens de remédier aux problèmes. Ajoutant que les défis aux droits de l'homme vont évidemment bien au-delà des frontières de la Palestine et d'Israël, elle a estimé que le Conseil peut et doit agir en accompagnant la Guinée dans sa transition actuelle et se préoccuper de la situation en République démocratique du Congo. Elle s'est prononcée pour le renouvellement des mandats des rapporteurs sur la Birmanie et la République populaire démocratique de Corée, jugeant très mauvaise la situation des droits de l'homme dans ses deux pays.

MME JULIA DOLLY JOINER, Commissaire aux affaires politiques de l'Union africaine, a déclaré que les crises économiques et environnementales sont de plus en plus reconnues comme une crise des droits de l'homme. Elle a relevé que le monde était marqué par des différences de conception des droits de l'homme. L'Union africaine soutient le Haut Commissariat aux droits de l'homme, instance qui présente un intérêt évident et avec lequel l'Union africaine coopère en partenariat. Elle a cité un exemple de ce partenariat, qui consiste en un travail visant à renforcer la stratégie africaine des droits de l'homme. Elle a relevé la nécessité de mettre en place une synergie entre l'examen périodique universel et les mécanismes de revue africains: cela mettra en valeur l'importance des mécanismes régionaux en matière de droits de l'homme. Elle a ensuite attiré l'attention de l'assemblée sur le plan stratégique 2009-2012 adopté par la Commission de l'Union africaine. Selon elle, ce plan marque une volonté d'assurer une continuité tout en épousant le principe du changement dans l'action. La Commission a mis l'accent sur la promotion et la protection des droits économiques et sociaux. Le message de la Commission est clair et consiste à agir rapidement en faveur des plus pauvres. Il faut relever les liens entre l'exercice des droits de l'homme et les engagements mondiaux s'agissant des relations commerciales injustes, de l'iniquité en matière de fardeau environnemental et le système injuste de paix et de sécurité. Concernant les domaines traités par le Conseil, l'Union africaine est particulièrement concernée par les questions touchant au racisme, à la xénophobie, au retrait de nationalité et aux femmes et enfants. L'Union africaine estime qu'il faut centrer sur ce qu'il est possible de faire et pas sur des généralités. Enfin, concernant spécifiquement les droits de l'homme en Afrique, elle pense que les efforts doivent se déployer selon deux axes. En premier lieu, un effort collectif et coordonné est nécessaire. En second lieu, on ne peut ignorer la relation entre les questions sociales et les troubles économiques.
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La documentation relative à la présente session du Conseil, notamment l'ordre du jour annoté (A/HRC/13/1), est disponible sur la page Internet consacrée à la documentation de la treizième session du Conseil: http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/13session/reports.htm

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Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC10/008F