Fil d'Ariane
LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DÉBAT DE L'IMPORTANCE D'UNE APPROCHE FONDÉE SUR LES DROITS DE L'HOMME APRÈS LE SÉISME EN HAÏTI
eLe Conseil des droits de l'homme a ouvert, ce matin, sa treizième session extraordinaire, convoquée à la demande du Brésil avec l'appui de trente-six autres membres du Conseil et consacrée au «Soutien du Conseil des droits de l'homme dans le processus de redressement en Haïti après le tremblement de terre du 12 janvier 2010: une approche fondée sur les droits de l'homme».
À l'ouverture de cette session extraordinaire, le Président du Conseil des droits de l'homme a rappelé qu'Haïti payait aujourd'hui le lourd tribut d'une terrible catastrophe qui a dévasté le pays tout entier et fait de nombreuses victimes. Il a demandé à l'assistance d'observer une minute de silence à la mémoire des victimes.
La Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Kyung-wha Kang, a souligné que le Conseil se montrait aujourd'hui solidaire des victimes du séisme, l'une des pires tragédies de l'hémisphère occidental. Alors que la communauté internationale s'engage, Mme Kang a souhaité que le niveau des ressources engagées pour la reconstruction d'Haïti soit maintenu dans les années à venir afin d'assurer des politiques de développement durables.
Le représentant d'Haïti a remercié le Conseil de tenir cette session spéciale et a exprimé sa gratitude à la communauté internationale qui s'est empressée de se rendre au chevet du peuple haïtien. Il a par ailleurs demandé un report de l'examen du rapport qu'Haïti devait présenter bientôt au Conseil dans le cadre de l'Examen périodique universel.
Le Conseil a également entendu des déclarations des Ministres des affaires étrangères du Brésil et du Bangladesh. Le Ministre brésilien, M. Celso Amorim, a invité la communauté internationale à aider Haïti à se reconstruire d'une manière qui préserve sa souveraineté tout en favorisant le développement durable, davantage de sécurité, la démocratie et la réalisation des droits de l'homme. La Ministre du Bangladesh, Mme Dipu Moni, a pour sa part noté qu'en dépit de tous les efforts déployés, trop de personnes n'ont pas reçu l'aide dont elles ont besoin, plaidant pour une assistance adéquate et aussi rapide que possible.
Des experts des droits de l'homme et des représentants d'instituions et programmes des Nations Unies travaillant sur le terrain ont ensuite pris la parole. L'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Haïti a notamment plaidé pour que la question des droits de l'homme ne disparaisse pas derrière la catastrophe humanitaire. Il a souhaité que le Conseil mette en place un mécanisme permettant d'assurer une véritable prise en compte des droits de l'homme dans le processus de reconstruction à venir. Le Représentant du Secrétaire général pour les personnes déplacées dans leur propre pays, ainsi que des représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance sont également intervenus.
Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique); Jamaïque (au nom de la Communauté des Caraïbes); Espagne (au nom de l'Union européenne); Colombie (au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes); Nigéria (au nom du Groupe africain); Égypte (au nom du Mouvement des pays non alignés); Cuba; Indonésie; France; Norvège; Nicaragua; Bahreïn; Chili; Qatar; Inde; Maurice; Mexique; Italie; Arabie Saoudite; Japon; Uruguay; Bolivie; Chine; Fédération de Russie; Argentine; Pays-Bas; et Ukraine.
Plusieurs intervenants ont insisté sur l'importance d'impliquer le peuple et le Gouvernement haïtiens dans la fourniture et la coordination de l'aide internationale et dans le processus de reconstruction du pays. Le rôle central que doit jouer l'Organisation des Nations Unies dans la coordination des secours a aussi été souligné. Il est crucial que l'engagement de la communauté internationale s'inscrive sur le long terme et que la solidarité perdure, même «après le départ des équipes de télévision», ont souligné les membres du Conseil. L'attention a en outre été portée sur la nécessité de veiller au respect des droits des groupes vulnérables, en particulier les femmes, les enfants, les personnes déplacées et les personnes handicapées. Plusieurs délégations se sont inquiétées d'informations faisant état d'enlèvement d'enfants non accompagnés.
Le Conseil des droits de l'homme doit poursuivre son débat dans le cadre de sa session extraordinaire cet après-midi, à partir de 15 heures. Il est maintenant prévu que la session se termine demain matin.
Présentation
Déclarations liminaires
MME KYUNG-WHA KANG, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, a souligné que le Conseil des droits de l'homme se montre aujourd'hui solidaire des victimes du tremblement de terre qui a frappé Haïti le 12 janvier dernier. Elle a rappelé que le Gouvernement haïtien a annoncé la mort de 150 000 personnes. En outre, des milliers de personnes se trouvent encore sous les décombres et un nombre important sont sans abri, sans accès à l'eau. Le séisme a aussi frappé la famille des Nations Unies, a souligné Mme Kang. Il s'agit d'une des pires tragédies de l'hémisphère occidental, une tragédie qui a beaucoup coûté en vies humaines, mais a aussi ravagé les hôpitaux, les écoles et les monuments. Les effets du séisme ont été exacerbés par les conditions de pauvreté et d'instabilité qui prévalaient en Haïti avant la catastrophe, a souligné la Haut-Commissaire adjointe, rappelant s'y être rendue et avoir pu constater la situation sur le terrain, deux mois après sa prise de fonctions.
Chaque jour, davantage de travailleurs humanitaires se déploient sur le terrain pour aider la population, a poursuivi Mme Kang. Elle s'est félicitée des résultats de la Conférence de Montréal qui s'est tenue cette semaine, où les donateurs internationaux et les organisations internationales se sont engagés à aider Haïti au-delà de la situation d'urgence qui prévaut aujourd'hui. Le niveau des ressources engagées doit être maintenu dans les années à venir pour mettre en œuvre des politiques de développement durables, encourager la bonne gouvernance et améliorer l'accès à des services comme l'éducation et la santé, a plaidé la Haut-Commissaire adjointe. Pour elle, une approche fondée sur les droits de l'homme doit aider à s'attaquer à la cause même des vulnérabilités. Une vigilance particulière doit être accordée aux personnes vulnérables. Et il faut rétablir l'état de droit le plus rapidement possible, a-t-elle averti.
La Haut-Commissaire adjointe a rappelé que le Haut-Commissariat, en partenariat avec le Haut-Commissariat pour les réfugiés, avait envoyé une équipe de cinq personnes à Haïti pour participer à la coordination de l'assistance humanitaire. Il faut qu'Haïti soit reconstruit, mieux qu'avant, a souligné Mme Kang, en référence à l'appel du Secrétaire général, ajoutant que la reconstruction doit passer par un renforcement des systèmes nationaux de droits de l'homme.
M. JEAN-CLAUDE PIERRE (Haïti) a remercié le Conseil pour l'organisation de cette session extraordinaire consacrée à la situation en Haïti suite au violent séisme qui a dévasté Port-au-Prince et plusieurs villes du pays. Haïti remercie également la délégation brésilienne d'avoir pris l'initiative de convoquer cette session, ainsi que les autres délégations qui ont appuyé cette initiative. Selon un bilan officiel en date du 26 janvier, le séisme a fait plus de 150 000 morts, 200 000 blessés et quelque 1,5 million de sinistrés, a-t-il indiqué. Haïti exprime dans ces circonstances sa gratitude à la communauté internationale qui, en voyant l'ampleur de la catastrophe, s'est empressée de se rendre au chevet du peuple haïtien. Haïti exprime également ses sincères condoléances à l'ONU et à tous les pays qui ont subi des pertes humaines et matérielles suite à cette catastrophe. Aujourd'hui, le pays est meurtri, mais le peuple puise du réconfort dans le concert de générosité manifestée par la communauté internationale, qui restera longtemps gravé dans sa mémoire. Maintenant que se pose la question de la reconstruction, il est opportun pour la communauté internationale de porter un autre regard sur Haïti et d'élaborer, en concertation avec les autorités haïtiennes, un plan susceptible d'aider le pays à faire face à de futures catastrophes naturelles, tout en améliorant le niveau de vie du peuple et en l'aidant à sortir du carcan de la pauvreté. Haïti se félicite de la tenue de la conférence des donateurs qui vient de se tenir au Canada et accueille favorablement l'idée d'une conférence internationale d'aide à Haïti présentée par le Président français.
La catastrophe du 12 janvier a porté le coup de grâce aux droits économiques, sociaux et culturels déjà précaires du peuple haïtien, a souligné le représentant haïtien. Elle a fauché la vie de nombreux fonctionnaires qui étaient impliqués dans la préparation du rapport national que le pays devait bientôt présenter au titre de l'Examen périodique universel et a détruit bon nombre de bâtiments administratifs où se trouvaient des documents devant former l'ossature du rapport national d'Haïti. De ce fait, Haïti se trouve dans l'impossibilité de présenter son rapport en mai prochain dans le cadre de l'Examen périodique universel, comme cela était initialement prévu. Aussi, le pays sollicite-t-il le report de cet examen à une date ultérieure, a indiqué le représentant haïtien.
M. CELSO AMORIM, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a précisé que sa présence aujourd'hui témoignait de l'importance que le Brésil attache au Conseil des droits de l'homme, en général, et à la reconstruction d'Haïti en particulier. Haïti constitue l'un des défis les plus importants que doit relever la communauté internationale, a-t-il souligné. Elle doit aujourd'hui l'aider à se reconstruire d'une manière qui préserve sa souveraineté tout en mettant en place un développement durable, davantage de sécurité, la démocratie et la réalisation des droits de l'homme. La sécurité, l'aide humanitaire et le développement économique et social sont les éléments centraux et indispensables pour une aide internationale efficace.
Pour le Ministre Brésilien, il est important de ne pas se substituer au Gouvernement haïtien pour décider de ce qui est important, nécessaire et prioritaire. Il a qualifié cette attitude de respect du Gouvernement combiné à la détermination d'aider ceux qui en ont le plus besoin de «non-indifférence». Il a rappelé qu'Haïti a pu, ces dernières années, tenir des élections libres et démocratiques. Les autorités sont légitimes, a-t-il insisté, et en dépit de ces circonstances difficiles, elles ont travaillé d'arrache-pied pour venir en aide à la population.
M. Amorim s'est ensuite félicité des résultats obtenus à la Conférence de Montréal où plus de vingt pays et organisations internationales se sont engagés dans un partenariat avec le Gouvernement haïtien, sur le long terme. Il a rappelé qu'une Conférence internationale de suivi se tiendra au siège des Nations Unies en mars prochain. Le Ministre a conclu son intervention en soulignant que la convocation de cette session extraordinaire montre la volonté collective internationale d'aider Haïti dans ces moments difficiles. Cette session souligne que la communauté internationale est là non seulement pour protéger les droits de l'homme, mais aussi pour les promouvoir. Le Conseil des droits de l'homme peut fournir une aide dans l'accès à la nourriture, pour la réalisation du droit à la santé et pour la protection des enfants, sur la base de l'expertise et des connaissances des titulaires de mandat, a-t-il conclu.
MME DIPU MONI, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, a fait part de ses sincères condoléances pour les nombreuses pertes de vies et les nombreux dégâts matériels causés par le tremblement de terre qui s'est produit en Haïti. Elle a également rendu hommage au personnel des Nations Unies et des forces de maintien de la paix qui ont sacrifié leurs vies dans l'exercice de leurs fonctions. Alors que le bilan s'alourdit, la communauté internationale commence à réaliser l'ampleur de la destruction. Nous devons nous tenir aux côtés du Gouvernement et du peuple d'Haïti en ces moments cruciaux, a souligné Mme Moni. Elle a précisé que le Bangladesh, en ce qui le concerne, a décidé d'envoyer une équipe médicale composée de trente personnes, ainsi que des fournitures médicales; cette équipe serait déjà sur le terrain n'étaient les difficultés actuelles pour atteindre le pays. En réponse à l'appel de l'ONU, le Bangladesh offre également deux unités de police dûment formées pour appuyer les efforts de maintien de la paix et de la sécurité dans les zones touchées, a ajouté Mme Moni.
En dépit de tous les efforts déployés, trop de personnes n'ont pas reçu l'aide dont elles ont besoin de toute urgence, a poursuivi la Ministre des affaires étrangères bangladaise. Aussi, a-t-elle appelé la communauté internationale à apporter une assistance adéquate le plus rapidement possible. Il faut prioritairement se concentrer sur l'assistance médicale, l'eau, l'assainissement, la nourriture et la mise à disposition d'abris, a souligné la Ministre. Il convient de travailler étroitement avec les autorités haïtiennes à cette fin, a-t-elle ajouté. Il serait également nécessaire de se concentrer sur l'avenir, tant il est vrai que les semaines et les mois à venir devront donner lieu à une transition de la réponse d'urgence vers la reconstruction à long terme. Les Nations Unies devraient accroître leur soutien au renforcement des capacités d'Haïti en matière de préparation aux catastrophes, a en outre souligné Mme Moni. Des efforts devraient être consentis pour mettre en place un mécanisme de soutien à la reconstruction économique à long terme dans le pays, a-t-elle également indiqué. Les Haïtiens, comme toutes les autres nations du monde, méritent un avenir offrant stabilité, dignité et espoir, a conclu la Ministre des affaires étrangères du Bangladesh.
Présentations d'experts
M. MICHEL FORST, expert indépendant nommé par le Secrétaire général sur la situation des droits de l'homme en Haïti, tout en reconnaissant que la priorité pour le moment reste bien sûr la question humanitaire, a souhaité que la question des droits de l'homme ne disparaisse pas derrière la catastrophe humanitaire. Les personnes les plus vulnérables sont les plus exposées et les plus fragiles. Cette catastrophe humanitaire pose des questions évidentes en matière de droits de l'homme, a fait observer l'expert indépendant, précisant que c'est le sens de cette session extraordinaire. Il a en effet estimé important de mettre dès maintenant la question des droits de l'homme au centre des discussions. D'évidence, le Conseil est la meilleure enceinte pour délivrer une série de recommandations pour l'avenir d'Haïti dans ce domaine, a-t-il souligné.
Pour l'expert indépendant, quelles que soient les propositions examinées par le Conseil aujourd'hui ou dans les semaines à venir, rien ne peut se faire, rien ne doit être décidé sans la participation du Gouvernement haïtien. Il a également plaidé pour une plus grande participation des pouvoirs locaux, estimant que ces derniers devraient être associés aux réflexions et décisions sur l'avenir du pays. M. Frost a par ailleurs fait remarquer que l'élan que connaissait le pays depuis quelques mois n'a été qu'interrompu et non brisé. Il a rappelé avoir fait état, en juin dernier, des progrès sensibles réalisés dans le domaine des droits civils et politiques et au niveau sécuritaire. L'expert a aussi attiré l'attention sur la nécessité de penser la reconstruction en ayant la vision d'une approche fondée sur les droits. L'urgence de la reconstruction, le pragmatisme de la planification ne doivent pas nous écarter de cette approche, a-t-il averti. Il est possible de faire de l'assainissement avec une approche du point de vue de l'accès aux droits. Il en va ainsi de la construction des écoles, des lycées et des hôpitaux: en gardant en tête le droit à l'éducation ou à l'accès aux soins. Pour l'expert, il serait souhaitable que le Conseil mette en place un mécanisme permettant d'assurer un véritable mainstreaming (ou «prise en compte») des droits de l'homme dans le processus à venir.
M. WALTER KÄLIN, Représentant du Secrétaire général pour les personnes déplacées dans leur propre pays, a souligné que les catastrophes exacerbent les vulnérabilités et les préoccupations existantes en matière de droits de l'homme, a-t-il poursuivi; elles aggravent les cadres existants de discrimination et de déséquilibre du pouvoir au sein de la société touchée. Dans des situations de catastrophes, les femmes et les enfants sont encore plus vulnérables à la violence sexuelle et à d'autres formes d'exploitation, a insisté M. Kälin, ajoutant à cet égard que les orphelins, les enfants non accompagnés et les enfants séparés sont particulièrement vulnérables. Il convient de souligner que le non-respect des droits de l'homme des personnes touchées par des catastrophes naturelles n'est pas toujours intentionnel; il résulte plutôt de politiques inappropriées, d'un manque de capacité à répondre de manière adéquate à la catastrophe et aux défis de la reconstruction ou simplement d'une négligence, a poursuivi M. Kälin. Cela ne fait que souligner la nécessité de recourir à une approche des secours d'urgence et de la reconstruction fondée sur les droits de l'homme et de la renforcer. Une telle approche devrait appréhender les personnes touchées comme des acteurs autonomes et des détenteurs de droits devant être consultés sur toutes les décisions les concernant, a insisté M. Kälin. Les évacuations et les réinstallations de personnes doivent être fondées sur une évaluation fiable des risques par des experts qualifiés et être menées sans discrimination aucune, a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, après une catastrophe, l'aide d'urgence ne suffit pas, a rappelé M. Kälin; l'expérience montre que souvent, les gens se trouvent dans les pires situations de vie six à douze mois après la date de la catastrophe, alors que les financements d'urgence ont cessé. Par ailleurs, eu égard au grand nombre de personnes déplacées qui cherchent refuge auprès de familles et d'amis à travers le pays, il est important de veiller à ce que les mesures d'assistance ne négligent pas les communautés et familles d'accueil au niveau local dont les maigres ressources sont rapidement absorbées lorsqu'elles sont venues en aide aux personnes directement touchées par la catastrophe, a rappelé M. Kälin.
M. STEPHEN TULL (Bureau de la coordination des affaires humanitaires - BCAH) a indiqué que la phase de recherche et de secours en Haïti est terminée et s'est avérée très fructueuse en comparaison avec de précédentes expériences, puisque 130 personnes ont été secourues par une cinquantaine d'équipes internationales et un grand nombre d'autres par des personnes elles-mêmes touchées. Nous sommes encore confrontés à une crise sanitaire dont l'urgence est grande pour toutes les personnes ayant besoin d'être opérées ou nécessitant des soins post-opératoires ainsi que pour toutes celles ayant besoin de soins intensifs et de médicaments salvateurs. Au moins 150 organisations sanitaires se trouvent désormais sur le terrain et des systèmes d'alerte précoce sont en train d'être mis en place afin de détecter et de contrôler toute apparition de maladies transmissibles.
Les deux autres priorités les plus urgentes ont trait à l'eau et à la nourriture, a poursuivi le représentant du Bureau de coordination des affaires humanitaires. À ce stade, quelque 200 000 personnes ont déjà reçu de l'eau potable, mais un long chemin reste à parcourir pour assurer de nouveau une fourniture prévisible en eau potable aux quelque 500 000 personnes dont on estime qu'elles en ont actuellement besoin, a-t-il poursuivi. À cet égard, afin de contourner certaines difficultés logistiques en matière de transport de l'eau, on s'efforce désormais d'acheminer in situ des unités de purification de l'eau, a-t-il précisé. L'acheminement de la nourriture constitue un défi logistique particulièrement aigu en raison, notamment, des besoins massifs en la matière d'environ deux millions de personnes. Avec l'assistance de la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) et des forces militaires des États-Unis et du Canada, quelque 500 000 personnes ont jusqu'ici reçu une aide alimentaire. Le Programme alimentaire mondial a déjà distribué plus de cinq millions de repas, auxquels s'ajoutent les contributions des organisations non gouvernementales et de la Croix-Rouge. De la nourriture est également disponible sur les marchés qui reprennent vie, mais les prix pratiqués sont hors de portée pour de nombreuses personnes et c'est pour cela que s'avèrent si cruciaux les programmes «travail contre rémunération», dont l'objectif est d'injecter de l'argent liquide, ainsi que la restauration du système bancaire. L'opération humanitaire a désormais grandement besoin de repas prêts à consommer, a souligné le représentant du BCAH, appelant les États qui disposent de tels repas et peuvent en faire don à prendre contact avec le groupe du Programme alimentaire mondial chargé de la distribution de nourriture. La deuxième priorité a trait à la nécessité de fournir des abris aux personnes touchées. Les besoins de tentes sont massifs étant donné que l'on estime à un million de personnes le nombre des sans-abri, a poursuivi le représentant du BCAH. En collaboration avec les autorités haïtiennes, un camp pour 30 000 personnes est en cours d'établissement et dix autres sites sont en préparation, a-t-il précisé. On compte environ un demi millier de sites à Port-au-Prince enregistrés comme établissements humains spontanés, a-t-il ajouté.
Du côté logistique, il convient de rappeler que ces deux dernières semaines, on s'efforce d'apporter eau et nourriture à une ville de trois millions de personnes en utilisant une seule voie routière d'acheminement, a souligné le représentant du BCAH. Quant à la coordination, qui relève naturellement avant tout de la responsabilité du Gouvernement d'Haïti, elle reste un défi compte tenu du grand nombre d'acteurs impliqués – plus de 500 organisations à ce jour. L'appel d'urgence lancé par le BCAH il y a moins de trois jours (à hauteur de 575 millions de dollars) a désormais été financé à 66%, a indiqué le représentant. En conclusion, il s'est dit préoccupé que les défis et les vulnérabilités déjà existants en Haïti en matière de droits de l'homme ne soient inévitablement exacerbés par le tremblement de terre qui a frappé le pays.
M. DERMOT CARTY (Fonds des Nations Unies pour l'enfance - UNICEF) a fait remarquer que l'ampleur du séisme à Haïti a eu un impact extrêmement important sur les enfants haïtiens, dans un contexte où la réalisation des droits de l'enfant était déjà compliquée. Ces enfants font aujourd'hui face à des risques accrus de malnutrition et de maladie, ils sont vulnérables à la traite et à l'exploitation sexuelle. Le représentant de l'UNICEF a attiré l'attention sur la situation particulière d'enfants qui se retrouvent aujourd'hui sans parents, sans famille, des enfants qui sont plus que jamais vulnérables au trafic ou à l'adoption illégale. Avant le séisme, un nombre alarmant d'enfants étaient orphelins ou abandonnés, surtout pour des raisons économiques, a-t-il rappelé. Les enfants des rues, ainsi que ceux travaillant comme domestiques, étaient également nombreux. La vente et le trafic d'enfants faisaient malheureusement partie de la réalité. Avec le séisme, les préoccupations d'UNICEF pour tous ces enfants se sont accrues.
Le représentant de l'UNICEF a souligné l'importance de répondre rapidement à cette situation. Il faut enregistrer ces enfants et promouvoir la réunification avec leur famille. Il est impératif d'interdire que des enfants haïtiens soient sortis illégalement du pays. Cette préoccupation, déjà soulevée par l'UNICEF avant la catastrophe, est aujourd'hui plus forte que jamais. Il faut empêcher les séparations non nécessaires avec les familles. Il faut nourrir les enfants, les loger et leur offrir un soutien émotionnel. L'UNICEF s'engage dans ces efforts.
Débat
Groupes régionaux
M. ZAMIR AKRAM (Pakistan au nom de l'Organisation de la Conférence islamique – OCI) a exprimé l'espoir que la coopération et l'assistance, en coordination avec le reste de la communauté internationale, permettront une rapide récupération dans le pays selon les besoins et priorités exprimés par le Gouvernement d'Haïti. L'OCI espère que la résolution qui sera adoptée à l'issue de cette session extraordinaire répondra de manière adéquate à son objectifs, à savoir, soutenir la communauté internationale et le Gouvernement d'Haïti dans leurs efforts de reconstruction en tenant compte de l'importance d'une perspective tenant également compte des droits de l'homme, a poursuivi le représentant pakistanais. Cette session doit souligner que la fourniture de l'assistance humanitaire est une obligation de droits de l'homme, a-t-il affirmé. L'OCI tient à souligner que l'assistance humanitaire apportée devrait respecter pleinement les principes d'humanité, d'impartialité, de souveraineté et d'intégrité territoriale de l'État concerné. Le pays concerné doit se voir confier le premier rôle et s'approprier le processus de reconstruction.
MME ANDREA DUBIDAD-DIXON (Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes - CARICOM) a indiqué que la CARICOM, par le biais de son agence de gestion des situations d'urgence et des catastrophes, a coordonné l'intervention régionale en faveur d'Haïti. Elle a précisé que cette intervention cible quatre domaines prioritaires: la recherche et les secours; l'aide d'urgence; la fourniture d'abris; et les communications. La CARICOM concentre son aide principalement dans le domaine de la santé et a placé des équipes médicales sur le terrain. En outre, huit gouvernements de la CARICOM ont apporté une contribution de 4 millions de dollars pour les efforts de relèvement. La représentante a assuré le Conseil de l'engagement de la CARICOM dans le processus de réhabilitation et reconstruction d'Haïti, sur le moyen et long terme, et a appelé la communauté internationale à faire de même.
M. PERE MARZÁBAL MARTÍNEZ (Espagne au nom de l'Union européenne et autres pays) a appuyé le rôle de coordination joué par les Nations Unies dans le cadre des efforts de secours internationaux en faveur d'Haïti. L'Union européenne espère que le Conseil réagira dans d'autres cas d'urgence concernant des situations de droits de l'homme avec la même promptitude que cette fois, a-t-il indiqué. L'Union européenne comprend parfaitement qu'il convient de reporter l'Examen périodique universel dans le cas d'Haïti qui était prévu pour ce printemps. L'Union européenne est prête à aider le Gouvernement haïtien à s'acquitter de ses responsabilités pour ce qui est d'assurer la jouissance des droits de l'homme de tous en Haïti. À cet égard, l'Union européenne est particulièrement inquiète de la situation critique des personnes déplacées, des enfants et des membres d'autres groupes vulnérables. Elle est alarmée par des informations émanant d'organismes tels que l'UNICEF concernant des enfants non accompagnés qui seraient enlevés.
M. ANGELINO GARZÓN (Colombie, au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes - GRULAC) a fait observer que la dimension de la tragédie qui a frappé Haïti a eu d'énormes conséquences. Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, plus de 112 000 personnes ont perdu la vie, 194 000 ont été blessées et plus de 235 000 ont été déplacées. Selon le rapport du Secrétaire général, trois millions de personnes seraient gravement frappées par la catastrophe. Parmi eux, deux millions auraient besoin d'une assistance alimentaire et un million se retrouverait sans logement. Alors que la communauté internationale se mobilise, le représentant colombien a relevé l'importance que les efforts internationaux de relèvement se fassent en pleine coopération et coordination avec les autorités haïtiennes, en conformité avec les priorités définies par ces dernières. Il a précisé que des actions importantes ont été entreprises au niveau régional pour appuyer les efforts de reconstruction du Gouvernement haïtien. Il s'est fait l'écho de l'appel urgent lancé par les Nations Unies en vue de réunir les 575 millions de dollars nécessaires pour répondre aux urgences des six prochains mois. Enfin, il s'est dit persuadé que le Conseil des droits de l'homme et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme ont un rôle fondamental à jouer dans les efforts de reconstruction d'Haïti.
M. MOHAMMED HAIDARA (Nigéria au nom du Groupe africain) a relevé que les effets dévastateurs du tremblement de terre en Haïti donnent tout son sens à l'affirmation selon laquelle les droits économiques, sociaux et culturels sont la mère de tous les droits. Bien que les dimensions prises par cette catastrophe puissent s'expliquer par des défis passés, le Groupe africain estime que ce n'est pas le moment d'échanger des blâmes mais rassembler toutes les forces. Le besoin de sécurité physique est urgent pour protéger les Haïtiens contre la violence et répondre à leurs besoins de base, a souligné le représentant africain. Un besoin urgent se fait également sentir de protéger les groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants, a-t-il poursuivi. Il a rappelé la nécessité de veiller à ce que l'aide humanitaire apportée à Haïti respecte les principes énoncés dans la résolution 46/182 de l'Assemblée générale. Dans les circonstances actuelles, il est impératif pour le Conseil des droits de l'homme de se prononcer en s'affirmant comme le principal organe des Nations Unies chargé de la promotion et de la protection des droits de l'homme.
M. HISHAM BADR (Égypte au nom du Mouvement des pays non alignés) a estimé important que le Conseil des droits de l'homme se concentre sur les moyens de renforcer une coopération authentique dans les efforts de relèvement d'Haïti. Il s'est félicité que cette session extraordinaire ait été convoquée avec l'accord d'Haïti. Le représentant égyptien a attiré l'attention sur la situation difficile sur le terrain et souligné l'importance d'accorder une attention particulière aux personnes les plus vulnérables et les victimes potentielles de la traite. Il faut permettre à Haïti de reconstruire, non seulement ses bâtiments, mais aussi ses institutions, a-t-il estimé. Il a invité la communauté internationale à aider le Gouvernement dans le processus de reconstruction, tout en assurant un suivi efficace et en respectant les promesses faites. Le Mouvement des pays non alignés appelle en outre le Conseil à transmettre un message politique de solidarité avec Haïti. Le Haut-Commissariat et les procédures spéciales doivent prendre une part active dans les activités en cours, a-t-il ajouté. Il a également tenu à rappeler les principes à appliquer en matière d'assistance humanitaire: humanité, neutralité, impartialité, souveraineté et intégrité territoriale.
États membres
M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que le droit du peuple haïtien à la solidarité internationale doit être réalisé. Lorsque le tremblement de terre s'est produit en Haïti, Cuba n'a pas eu à se rendre dans le pays; Cuba y était déjà depuis longtemps, a souligné le représentant, qui a rappelé que depuis décembre 1998, la coopération cubaine s'est manifestée à travers le travail de quelque 6940 collaborateurs qui ont pris soin de 13 millions d'Haïtiens, réalisant quelque 207 000 actes chirurgicaux et sauvant des centaines de vies. La collaboration cubaine s'étend à d'autres domaines tels que ceux de l'agriculture, de l'énergie, de la pêche, des communications et de l'éducation, a insisté le représentant cubain. À l'heure actuelle, quelque 500 médecins et personnels de santé cubains se trouvent en Haïti, a-t-il précisé. C'est aux Nations Unies qu'incombe le rôle central en matière de coordination de tous les efforts de la communauté internationale en faveur d'Haïti, a-t-il poursuivi, rappelant que le peuple haïtien avait été victime du colonialisme et souffert des séquelles de l'impérialisme et de l'iniquité de l'ordre mondial capitaliste.
M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s'est dit d'avis que la session extraordinaire convoquée aujourd'hui par le Conseil doit mettre en évidence les besoins de la population haïtienne de sorte à assurer la réalisation de ses droits fondamentaux, dont le droit à l'alimentation et celui à l'accès aux soins médicaux. Le Conseil devrait aussi s'intéresser à la situation des groupes vulnérables, comme les enfants, les femmes, les personnes handicapées, les minorités et les personnes déplacées. Le représentant indonésien a espéré que cette session saura contribuer aux opérations humanitaires déployées sur le terrain. D'autre part, il a souligné que son pays, familier des catastrophes naturelles, sait combien il est difficile pour les pays en développement d'apporter un soutien rapide aux victimes, ainsi que de mettre en œuvre des programmes de relèvement. L'aide de la communauté internationale est, par conséquent, cruciale à cet égard, non seulement dans les premières étapes, mais également sur le long terme. L'orateur a estimé que, d'une manière générale, des progrès pourraient être faits dans le domaine de la coopération internationale en matière de gestion des catastrophes. L'expérience indonésienne face aux catastrophes a montré au pays que les bonnes intentions ne sont pas suffisantes, a-t-il conclu.
M. JEAN-BAPTISTE MATTÉI (France) a fait valoir que la France est particulièrement mobilisée pour porter assistance aux autorités et au peuple haïtiens, auxquels l'unissent une longue histoire, une langue commune et l'appartenance à une même communauté de valeurs. Outre les actions de l'Union européenne, plus de 1100 humanitaires français se sont déployés sur le terrain pour venir en aide aux victimes, a poursuivi le représentant français. Une aide d'urgence de 25 millions d'euros a également été débloquée. La réaction de la communauté internationale ne saurait cependant s'arrêter là; il faut préparer la reconstruction d'Haïti sur les moyen et long termes. Tel est le sens de la conférence qui vient de se tenir à Montréal. La France a appuyé la convocation de cette session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme afin de pouvoir dresser la liste des problèmes auxquels est confronté Haïti en matière de droits de l'homme et de déterminer les moyens d'y remédier. La résolution présentée aujourd'hui permet de prendre en compte cette dimension et c'est pourquoi nous espérons vivement qu'elle pourra être adoptée par consensus, a déclaré le représentant de la France. Sa délégation souhaite que la résolution comporte une référence à l'ensemble des instruments dont le Conseil dispose, y compris bien sûr une référence au rôle essentiel de l'expert indépendant, en particulier en matière d'assistance technique, a-t-il conclu.
MME BENTE ANGELL-HANSEN (Norvège) a relevé l'importance de soutenir les stratégies nationales et locales déployées en Haïti. Les besoins d'Haïti sont énormes, a-t-elle souligné. Ils le seront encore dans les semaines et mois à venir. La communauté internationale doit dès lors soutenir le travail effectué sur le terrain. Il faut également que la solidarité perdure, même après le départ des équipes de télévision. La représentante norvégienne a fait valoir que son pays avait jusqu'ici apporté une contribution de 35 millions de dollars par le biais de l'ONU, de la Croix-Rouge, d'autres acteurs humanitaires et dans le cadre d'un partenariat bilatéral avec Cuba dans le domaine de la santé. Elle a salué la tenue de cette session extraordinaire, se disant persuadée que le Conseil avait la responsabilité de faire en sorte qu'une attention particulière soit accordée à la promotion et la protection des droits de l'homme dans la réponse au séisme. Elle a estimé que l'expertise du Haut-Commissariat, des procédures spéciales et des organes conventionnels doit être sollicitée dans ce but. La représentante norvégienne a conclu son intervention en attirant l'attention sur les besoins particuliers des personnes vulnérables, dont les enfants et les femmes.
M. CARLOS ROBELO RAFFONE (Nicaragua) a jugé réconfortante l'immédiate réponse de la communauté internationale pour faire face efficacement à une tragédie aussi grave que celle qui vient de frapper Haïti. Il convient toutefois de rappeler que la situation de marginalisation d'Haïti est le produit du système colonial, capitaliste et impérialiste imposé de l'extérieur et surtout par ceux qui essaient aujourd'hui plus que d'autres d'être appréciés pour leur conduite humanitaire et compatissante, a poursuivi le représentant. Il a insisté pour que l'ONU joue plus que jamais un rôle prépondérant dans la difficile tâche de reconstruction en Haïti. Personne ne doit s'octroyer le droit de guider le destin d'un peuple qui souffre, a insisté le représentant. À cet égard, il a jugé lamentable que certaines puissances étrangères profitent de la situation pour prendre le contrôle d'un pays frère ensanglanté, à travers l'occupation par des troupes militaires.
M. AMMAR EBRAHIM RAJAB (Bahreïn) a souligné que le séisme qui a frappé Haïti a causé une détérioration dramatique de la situation humanitaire dans le pays. Le Conseil a un rôle important à jouer dans la réponse à cette catastrophe, comme face à d'autres situations d'urgence. Le représentant bahreïnien a salué l'aide apportée par la communauté internationale, les organisations internationales, le secteur privé comme civil, afin de soutenir la reconstruction d'Haïti. Le représentant du Bahreïn a à cet égard indiqué que son pays avait décidé d'octroyer un million de dollars à Haïti pour alléger ses souffrances. Enfin, il a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour aider les Haïtiens.
M. CARLOS PORTALES (Chili) a exprimé sa solidarité et ses condoléances au peuple haïtien et aux proches des membres du personnel des Nations Unies disparus en Haïti. Il a par ailleurs insisté sur l'obligation de protéger les droits des enfants dans la situation difficile que connaît le pays. Il a jugé prioritaires la recherche de survivants, la fourniture de soins aux blessés et lutte contre les maladies et pour l'alimentation. La réponse de la communauté internationale face à cette catastrophe doit se faire avec une participation adéquate du peuple et des autorités haïtiens, a ajouté le représentant chilien, qui a souligné aussi fait valoir l'expérience que peut apporter son pays s'agissant de répondre aux conséquences des séismes. Pour sa part, le Conseil doit intervenir de manière constructive pour garantir le respect des droits de l'homme de toutes les victimes et survivants. Il était indispensable et opportun que la communauté internationale réaffirme son engagement à coopérer avec Haïti dans la protection et la promotion des droits civils et politiques et des droits économiques, sociaux et culturels de toutes les personnes touchées, en particulier les femmes et les enfants, et à veiller à ce que cette tragédie ne signifie pas un recul dans la protection et la promotion des droits de l'homme. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme et le système des Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer pour assurer que la reconstruction d'Haïti se fasse selon une approche respectueuse des droits de l'homme.
M. KHALID FAHAD AL-HAJRI (Qatar) s'est félicité de la tenue de cette session extraordinaire et a remercié le Brésil d'en avoir pris l'initiative. Il a estimé nécessaire aujourd'hui d'examiner la situation de ce pays, ce dont témoigne le nombre de délégations qui se sont jointes à l'appel pour la convocation de cette session extraordinaire. Le représentant du Qatar a ensuite expliqué que son pays avait envoyé une équipe technique qui a participé aux efforts de recherche et de secours. Il s'est félicité de la rapidité avec laquelle la communauté internationale a réagi et l'a invitée à poursuivre ses efforts d'aide à Haïti sur le long terme. Le représentant qatarien a conclu son intervention en réitérant l'engagement de son pays à poursuivre l'aide qu'il fournit pour venir en aide à Haïti.
MME KHEYA BAHATTACHARYA (Inde) a déclaré que l'assistance humanitaire demeure incontestablement la plus grande urgence en Haïti. Mais il y a un défi immédiat dont il convient de s'occuper et qui rend la situation actuelle en Haïti différente des autres situations de catastrophes que le monde a connues jusqu'ici; il s'agit de la dimension des droits de l'homme. Il est important que le processus d'aide en Haïti soit fondé sur la transparence et la non-discrimination, a ajouté la représentante indienne. Elle a en outre souligné que les enfants et les personnes handicapées figurent au nombre des personnes particulièrement vulnérables dans le contexte actuel. Pour l'action sur les moyen et long termes, il serait préférable d'attendre de disposer d'une analyse plus détaillée de la situation sur le terrain, a souligné la représentante indienne. Elle a pris note de la demande d'Haïti de reporter à l'an prochain l'Examen périodique universel le concernant et a indiqué que l'Inde appuyait cette demande.
M. SHREE BABOO CHEKITAN SERVANSING (Maurice) a attiré l'attention sur les conséquences du tremblement de terre et le défi humanitaire massif que doit aujourd'hui relever Haïti. Il a tout particulièrement relevé l'impact négatif de cette catastrophe sur la réalisation des droits de l'homme, dont le droit à l'alimentation, le droit à l'eau et le droit à un logement convenable. Dans le cadre de l'assistance apportée à Haïti, le représentant a plaidé pour des efforts sur le long terme et dans le plein respect des principes d'assistance humanitaire. Le représentant mauricien a précisé que dans un esprit de solidarité avec Haïti, son gouvernement avait décidé d'apporter 500 000 dollars pour la reconstruction du pays. Maurice a également organisé un «télédon» au niveau national pour récolter des fonds pour Haïti. Le représentant a conclu son intervention en relevant l'importance que la communauté internationale, dans ses efforts d'assistance, veille également à renforcer le développement durable d'Haïti, et en soulignant qu'Haïti doit en être le principal protagoniste.
M. JUAN JOSÉ GÓMEZ CAMACHO (Mexique) a indiqué que le Mexique maintiendra une présence active en Haïti pour contribuer à la reconstruction à long terme du pays. L'appui du Mexique se poursuivra jusqu'à ce qu'Haïti retrouve le chemin du développement. Le séisme qui s'est produit en Haïti empêche une réalisation et une protection adéquates des droits de l'homme dans le pays, a poursuivi le représentant mexicain. Il a souligné que les enfants, les personnes handicapées et les personnes déplacées internes figurent au nombre des groupes particulièrement vulnérables dans le contexte actuel en Haïti. Il a en outre apporté le soutien de son pays à la proposition du Secrétaire général des Nations Unies de renforcer la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) afin de garantir l'état de droit et la sécurité en Haïti. L'urgence en Haïti ne va pas prendre fin avec la fin des activités de secours, a souligné le représentant mexicain.
MME LAURA MIRACHIAN (Italie) s'est alarmée des informations faisant état de graves violations des droits de l'homme et d'abus commis à l'encontre des populations vulnérables. Elle s'est tout particulièrement inquiétée de l'enlèvement d'enfants. Un tremblement de terre est aussi un séisme pour les âmes, a fait observer la représentante italienne en référence à la mobilisation internationale. Elle a précisé que l'Italie a participé aux efforts à hauteurs de 6 millions d'euros. En outre, l'Italie a décidé d'annuler la dette haïtienne. L'oratrice a relevé l'importance, dans les efforts d'assistance, d'apporter non seulement une assistance immédiate, mais également d'œuvrer pour la reconstruction sur le long terme. Elle a par ailleurs souhaité que soit intégrée une approche fondée sur les droits de l'homme dans les efforts de reconstruction, en accordant une attention spéciale aux personnes déplacées et aux groupes vulnérables comme les enfants et les personnes âgées.
M. ABDULWAHAB ABDULSALAM ATTAR (Arabie saoudite) a exprimé ses condoléances et sa solidarité au peuple haïtien et à la communauté internationale suite à la catastrophe qui a frappé Haïti. Nous voulons apporter une assistance par le biais du Conseil qui est responsable de soulager les souffrances humaines là où elles surviennent, a-t-il rappelé. En dépit de l'aide humanitaire fournie, l'ampleur de la catastrophe exige que davantage encore soit fait, aux niveaux gouvernemental et non gouvernemental, a-t-il poursuivi. Il est important d'assurer la coopération et la coordination pour bien canaliser l'assistance et les secours, a-t-il ajouté. L'Arabie saoudite demande à tous les membres du Conseil d'adopter le projet de résolution qui leur est aujourd'hui soumis, a conclu le représentant.
M. KENICHI SUGANUMA (Japon) a estimé essentiel, face à la tragédie qui a frappé Haïti, que le Conseil, qui a déployé des efforts pour améliorer la situation des droits de l'homme dans ce pays, lance un message fort pour témoigner de la solidarité internationale avec le peuple haïtien. Il a précisé que son pays était activement engagé dans l'assistance à Haïti. Outre l'envoi d'aide d'urgence comme les services médicaux envoyés par le biais de l'équipe japonaise pour l'assistance post-catastrophe, le Japon a l'intention d'envoyer un corps d'ingénieurs à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH). En outre, le Japon entend contribuer à hauteur de 70 millions de dollars pour l'assistance. En tant que pays sujet aux tremblements de terre, le Japon mobilisera son expertise, en coopération avec la communauté internationale, pour la reconstruction d'Haïti et pour l'élaboration de prévention des catastrophes futures.
MME LAURA DUPUY LASSERRE (Uruguay) a rappelé la nécessité d'évaluer les besoins et les possibilités de coopération en Haïti en se fondant sur les priorités décrétées par les autorités haïtiennes. À cet égard, elle a relevé qu'ont déjà été identifiés comme prioritaires les droits économiques, sociaux et culturels tels que le droit à l'alimentation et les droits à un logement adéquat, à la santé, à l'eau potable, à l'assainissement et à l'éducation – autant de droits fondamentaux pour la vie et le retour à une vie quotidienne normale des habitants. Pour répondre à ces besoins, l'Uruguay va envoyer deux unités de purification d'eau et cinq techniciens pour leur mise en service, a notamment indiqué la représentante. Il sera important, une fois passée l'urgence, de commencer à rétablir le registre d'état civil en Haïti, a-t-elle aussi souligné, rappelant que le droit à l'identité était essentiel pour la jouissance effective des autres droits.
MME ANGELICA NAVARRO (Bolivie) a estimé que face à la tragédie qui a frappé Haïti, la communauté internationale doit faire preuve de la solidarité la plus désintéressée, sans aucun calcul politique. Elle a plaidé pour que l'aide financière s'effectue sous forme de dons sans conditionnalité ni crédit. Pour la représentante bolivienne, le Conseil des droits de l'homme devrait trouver le moyen d'encourager la MINUSTAH à travailler en coordination avec le Gouvernement haïtien, pour renforcer les droits de l'homme dans toutes ses activités. Elle s'est également dite d'avis que le Haut-Commissariat et l'expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Haïti doivent coopérer avec le Gouvernement pour identifier les défis à relever. La représentante bolivienne a conclu son intervention en attirant l'attention sur l'aide apportée par son propre pays, dans le cadre de l'alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA – Alianza Bolivariana papa los Pueblos de Nuestra América), dans les domaines de la santé, de l'énergie, de l'éducation et de la migration.
M. QIAN BO (Chine) s'est félicité de l'esprit de coopération et de solidarité dont le Conseil fait preuve à l'égard d'Haïti. En tant que pays présidant actuellement le Conseil de sécurité, la Chine a été en contact étroit avec toutes les parties prenantes, en particulier aux fins de l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité renforçant le mandat de la MINUSTAH, a-t-il rappelé. La Chine est par ailleurs disposée à contribuer aux efforts de la communauté internationale pour aider le peuple haïtien à remettre le pays sur pied, a-t-il conclu.
M. VALERY LOSHCHININ (Fédération de Russie) a fait remarquer que le séisme du 12 janvier en Haïti, d'une force destructrice importante, aurait été une épreuve grave pour n'importe quel État. Or, cette catastrophe a touché l'un des pays les plus pauvres du monde, a souligné le représentant russe. Il a estimé que l'ONU devait jouer le rôle de chef de file dans les efforts de reconstruction. Le Conseil des droits de l'homme ne doit pour sa part pas rester en marge des efforts. M. Loshchinin a ensuite indiqué qu'un groupe de sauveteurs russes a été envoyé à Port-au-Prince. L'aviation de son pays a également participé aux efforts d'assistance. Le délégué a par ailleurs relevé l'importance de respecter les principes de base de l'action humanitaire; la souveraineté d'Haïti doit être respectée sans condition, a-t-il insisté. Enfin, le représentant a assuré le Conseil que la Fédération de Russie entendait poursuivre son assistance à Haïti.
M. ERNESTO S. MARTÍNEZ GONDRA (Argentine) a exprimé ses condoléances et sa solidarité au peuple haïtien affecté par le tremblement de terre du 12 janvier dernier ainsi qu'au Secrétaire général de l'ONU pour la perte de nombreux personnels des Nations Unies suite à cette catastrophe. Cela fait douze ans que l'Argentine coopère avec Haïti, a-t-il rappelé. Néanmoins, face à l'ampleur des événements qui ont frappé Port-au-Prince, l'Argentine a redoublé d'efforts pour faire face aux circonstances actuelles en Haïti, a-t-il poursuivi, attirant notamment l'attention sur l'hôpital militaire mobile argentin qui était déjà présent dans le pays et qui, depuis la catastrophe, a apporté une aide à des milliers de civils en situation d'urgence. Il a également souligné que l'Argentine avait envoyé en Haïti trois avions apportant du matériel de communication, une unité de purification d'eau, des médicaments divers et autres matériels nécessaires destinés à répondre aux besoins urgents de la population touchée. Il est nécessaire que le Conseil des droits de l'homme veille aux droits de l'homme de l'ensemble de la population et en particulier des groupes vulnérables que constituent les enfants, les femmes et les personnes déplacées internes. Les droits fondamentaux devront être assurés pour tous, au-delà de l'urgence, a souligné le représentant argentin. À cet égard, le représentant argentin a souligné l'utilité d'une évaluation de la situation sur le terrain par le Haut Commissariat aux droits de l'homme, comme il est envisagé dans le projet de résolution aujourd'hui soumis au Conseil.
M. BOUDEWIJN J. VAN EENENNAAM (Pays-Bas) a déploré les conséquences importantes du séisme, en vies humaines comme au niveau matériel. Il a assuré Haïti que son pays restera à ses côtés dans la phase de reconstruction. Jusqu'à aujourd'hui, les Pays-Bas ont donné 43,7 millions de dollars pour l'aide d'urgence et la reconstruction. D'autre part, le représentant néerlandais a félicité le Gouvernement brésilien pour cette session extraordinaire destinée à attirer l'attention de la communauté internationale sur la dimension «droits de l'homme» de cette catastrophe. Il a espéré que le peuple haïtien pourra s'engager sur la voie de la réalisation de tous les droits de l'homme. Selon lui, la Haut-Commissaire et l'Expert indépendant sur la situation des droits de l'homme en Haïti devraient aider le Gouvernement haïtien et la communauté internationale à identifier les réponses appropriées aux défis de droits de l'homme que le pays doit affronter.
M. MYKOLA MAIMESKUL (Ukraine) a déclaré que la situation humanitaire et la situation des droits de l'homme en Haïti étaient actuellement source de graves préoccupations, en particulier pour ce qui a trait aux enfants orphelins et aux enfants séparés de leurs familles. Le représentant ukrainien a ajouté que les femmes et les personnes déplacées internes figurent également au nombre des groupes particulièrement vulnérables dans le contexte actuel. En convoquant cette session, le Conseil a envoyé un signal fort à la communauté internationale pour souligner qu'il est essentiel de subvenir aux besoins essentiels et aux droits fondamentaux de la population haïtienne, mais aussi que, dans le processus de relèvement, il est d'une importance vitale que les efforts internationaux s'attachent à garantir des droits de l'homme.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
HRC10/002E